Un violent choc me fit sortir de ma torpeur. Je n’eus même pas le temps de profiter d’un peu de sommeil. Je ne le savais pas encore, mais cette discutions improvisé que je m’apprêtai à tenir, allait rester gravée dans ma mémoire à jamais. Cependant, j’aurais l’impression de ne jamais l’avoir vécu. Vous vous demandez comment c’est possible ? C’est simple, demandez à Dieu, c’est lui qui a toutes les réponses. Et me faites pas chiez avec la chronologie ou la cohérence. Toujours est-il donc que je me réveillais sur un choc. L’empaffé que je venais de rencontrer m’avait bloqué l’air rentrant par les narines et la bouches et cela a forcément suscité une réaction. Que dire de plus sur une méthode si expéditive ? Mais là j’en parle avec le recul, il faudrait certainement mieux pour toi lecteur, que je me remette dans le bain et dans mon personnage à ce moment là, c’est donc ce que je vais faire.

J’ouvris les yeux et presque instantanément, je me redressai. J’avais perdu connaissance de manière incompréhensible et je ne commençai qu’à peine à me remémorer les évènements qui m’avaient conduis au sol. Au-dessus de moi, une montagne de muscle que je reconnu partiellement. Bien entendu, mon instinct de survie prit le dessus le premier. Je repoussai le sauveteur en arrière et me dressai sur mes deux jambes. Les poings proches des hanches, je reconnus enfin complètement cet individu. Goren, le golem de pierre. A sa vue, le souvenir de l’assaut ennemi me revint en tête. Une technique de paume. D’ordinaire, j’aurai aisément pu me défaire d’une telle attaque. Mais à cet instant précis où ce curieux moine mena l’assaut, une force étrange m’empêcha de me mouvoir. Je me remémore encore cet horrible moment : les yeux écarquillé sur la main spirituelle s’avançant vers moi.

Le Golem de pierre ne me laissa pas le temps de poser de questions. Il braya un peu sur le fait que me réveiller ne fut pas de la première facilité et enchaina tout de suite sur un autre sujet. Il était en soi curieux de remarquer comment le criminel changeait aisément d’assiette à conversation. Mais le plat qu’il présentait était autrement plus intéressant que de banales courtoisies que nous aurions pu échanger. Je fis très attention à ses mots et laissai mon esprit s’en imbiber. Je n’avais jamais pensé à gouverner. Pour moi, la réalité du monde ne pourrait s’observer que par un œil libre et impartial. Mais lorsque l’on gouverne, on perd cette liberté. On devient comme rattaché au lieu que l’on dirige. Je n’avais pas vraiment envie de ça mais la proposition en soi était trop alléchante et intrigante pour que j’exprime devant mon interlocuteur un refus catégorique.

« Tu soutiens des paroles qui m’intrigue Golem de pierre. Néanmoins je suis disposé à t’écouter. »

Oui, c’était ce que je désirai faire : en apprendre plus. Je venais de sortir d’une absence qui m’avait perturbé et me remettre dans le bain était une nécessité. Néanmoins, je ressentais comme une malveillance perfide émaner de mon interlocuteur. J’avais certes plus ou moins collaboré avec lui pendant l’affaire du moine, mais il n’était pas question de lui faire confiance pour autant. Seul un crédule aurait, pour si peu, laissé tomber toutes les barrières.
Mon regard se porta de lui-même vers la plaine d’où j’avais été projeté. Les images, d’elles-mêmes m’assaillirent l’esprit. Il était difficile de ne rien laisser transparaitre, mais je le fis quand même. Mes yeux de nouveaux orientés vers le golem, il fallait que je sache quelque chose avant qu’il ne se mette à parler.

« Homme de force, dit moi donc avant de t’exprimer : Qu’est-il arrivé à celui qui m’a mis dans cet état ? »

J’aurai voulu qu’il me dise qu’il était mort. J’avais besoin de l’entendre. Car s’il ne l’était pas, alors j’aurais été dans l’obligation de le poursuivre et de le tuer moi-même. Je ne pouvais laisser un tel affront impuni. Je n’étais ni un roi, ni un prince, mais on ne se permettait pas de m’humilier impunément. Comme tous les hommes, j’avais ma fierté, et malheureusement mon honneur. Je n’avais que ça en fait ; voilà pourquoi il fallait que je sache si oui, ou non, j’allais devoir me lancer dans une chasse à l’homme grandeur nature.

Mon cœur, indépendamment de ma volonté, commença à s’échauffer d’un feu nouveau. Un feu que je connaissais, que je maitrisais. Ce feu, c’était le feu de la colère ; le feu de la puissance.

Le moine qui m’avait mis dans cet état était donc toujours en vie. Goren ne chercha pas à me cacher la vérité, du moins pas à travers cette affirmation-ci. Néanmoins, lorsqu’il m’annonça que mon assaillant était toujours de ce monde, moi qui croyais m’envahir d’une haine violente et d’une colère bestiale, je ne pus que me rendre à l’évidence que je m’en fichai un peu. Mon honneur qui d’ordinaire me quémandait la mort de mes ennemis, se taisait et ne s’exprimait point. Bien au contraire, j’avais retrouvé un flegme olympien. Les bras le long du corps, j’avais beau être un peu plus petit que mon homologue, je lui jetai un regard sûr de moi et attentionné tandis que ce dernier, pressé sans doute par les évènements, enchainait sur ce qu’il avait à dire.

La fable qu’il me conta me fit quelque peu tressaillir. J’étais certes au courant des vices de mes frères, nous étions humains, c’était tout à fait normal. Mais jamais je n’aurais pu croire le grand patriarche capable de tels actes et larcins. Tout en l’écoutant, je me figurais la scène. Un homme pénétrant dans le temple du patriarche, le montrant du doigt, l’accusant de tous ces méfaits. Les ninjas rameutés des quatre coins du monde. Je m’imaginais en effet, comme le disait si bien mon interlocuteur, le gros bordel que ça devait être.

« C’est un drame politique que tu me contes là, Golem de pierre. Mais si je te suis bien, un homme est entré, à accuser, et l’opinion publique s’est emportée. Il n’y a là que des hommes qui s’accusent et se montrent du doigt. Tu cherches à prendre avantage de cette confusion pour me placer au pouvoir du pays, à la place du patriarche ? »

Je pensai en effet, l’avoir correctement suivi. Néanmoins, trop de variables me paraissaient insensées, pas assez explicitées. Un sentiment curieux me faisait croire que le golem ne partageait avec moi qu’une partie de la vérité. Aussi, je ne souhaitai pas me montrer totalement ouvert à la coopération. Il fallait, au contraire, me montrer prudent. Je comptais bien suivre mon instinct…

« Tu parles et allègue bien des choses. Je ne puis te faire confiance comme tu sous-entends que je devrais le faire. Aussi, ton projet, bien qu’intéressant… je m’autorise le droit de l’avorter à n’importe quel moment. »

J’avais bien posé la première pierre, mais il fallait maintenant continuer. Continuer à éclaircir nos relations comme elles étaient réellement et pas comme lui voulait qu’elles soient.

« Je ne suis pas ton ami. Je suis venu à ta rencontre pour deux raisons : la première fut l’agitation de ce pays et le hasard. La seconde est qu’un esprit que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam est venu communiquer avec ma personne. Il m’a demandé de te retrouver, de m’allier à toi. Je ne fais d’ordinaire pas confiance aux sciences occultes, mais je suis prêt à t’accorder le bénéfice du doute en prenant pour base les dires de cet esprit. »

Je savais que profondément, l’homme en face de moi me comprenait. Il devait savoir pourquoi je m’exprimais ainsi, comprendre pourquoi j’étais si méfiant. J’avais beau adopter une posture calme, débander mes muscles au maximum, une énergie spirituelle nouvelle me remontait par la gorge jusque dans la tête. Je la sentais couler en moi, il me fallait de l’action. Soudain, je ne m’en rendis moi-même pas compte, ma peau se recouvra d’une aura jaune instable, à peine visible.

« Goren, géant de pierre, éclaire mon esprit avant que je ne perde patience. Dis moi ce que tu as en tête, si tu souhaites que je t’accompagne ou que je demeure dans mon coin. Il n’est pas dit que je t’obéisse, mais il serait fou de ta part de me défier de ton silence. »

Voilà la dernière menace que je formulai à son intention. Je ne m’en rendais pas encore compte, mais notre relation n’avait dans cette discussion que la première pierre de son édifice. Sous la tutelle de mon esprit noir dont j’ignorai encore l’identité, j’allais apprendre à connaître cet homme à l’allure si bestiale qu’était Goren.

J’avais fini de discourir dans le vide. Il m’apparaissait clair que nous avions terminé la partie de notre conversation pendant laquelle l’un juge l’autre et vice versa. Le golem de pierre me jeta un regard amusé. Tout de suite après, il se mit à pouffer de manière inexplicable. Un instant, je crus bien qu’il se payait ma tête. Je lui adressai un regard interrogateur, nourrissant l’espoir qu’il m’éclaire sur les raisons de ce comportement. Mais c’est justement en appuyant mon regard sur sa personne, que je me rendis compte qu’à son tour, l’énergie vitale que l’on appelle aura, se dégageait de son corps. Néanmoins, cette énergie était différente. Si la mienne avait la consistance encore mitigée d’un homme qui ne se situe ni dans le bien, ni dans le mal, la sienne me mettait mal à l’aise. Je pouvais sentir la malfaisance m’hérisser les poils du bras, c’était phénoménal !

Soudain, dans cet élan de puissance venue très certainement tout droit des enfers, le golem de pierre se remit à parler. Mais lorsqu’il ouvrit la bouche pour laisser de ses lèvres s’extirper les sons et les paroles, il ne me sembla plus écouter parler un homme ordinaire ou simplement une force de la nature de deux mètres dix. C’était une toute autre créature que j’avais devant les yeux. C’est instant que je commençai à remettre en cause la notion d’humanité. C’est à partir de ce moment précis qu’il m’est apparue comme une vérité prouvée que l’homme peut naitre ordinairement dans son enveloppe charnelle, mais demeurer une entité différente. Comme le monstre que j’avais en face des yeux… sa présence, tout près de moi, avait quelque chose de profondément poétique et intéressant. J’étais –il faut le préciser et le considérer à sa juste valeur- fasciné par le spécimen.

Le discours du golem était bien pensé. Il débuta sur ses propres croyances, il enchaina sur le pourquoi de sa proposition et finit sur ses objectifs. Il avait l’air de profondément croire en ses propres paroles. Pour ma part, je n’y trouvais que peu de vérité, beaucoup d’enjolivement. Mais je ne pouvais demeurer neutre quant à la cause qu’il défendait. J’appréciais le chaos. Je l’avais toujours apprécié. Mais étais-je réellement prêt à franchir le pas ? Etais-je prêt à m’abandonner complètement à la violence ? J’avais quitté mon monastère pour laisser libre court à ma nature, à mes pulsions. Je ne savais cependant pas quoi penser, à cet instant là…

Le ton monta vite, le golem m’échauffa de ses paroles devenues menaçantes. Il sentait le désir de violence monter graduellement en moi. Il me sentait redevenir honnête. A mesure que ses paroles se faisaient tranchantes, son aura grandissait, croissait comme un animal. La mienne, au contraire, se concentrait, presque en s’amenuisant. Je n’étais pas l’instigateur de cette énergie qui se dégageait de mon être, mais je la ressentais comme s’il s’agissait de l’un de mes membres. Aussi, lorsque le géant de pierre termina de s’exprimer, et qu’il eut lancé sa dernière provocation, je crois bien que mon aura explosa d’un coup, libérant une légère fumée jaunâtre autour de moi.

« Tu as raison, Golem de Pierre. Tu as raison sur toute la ligne… Je ne crois pas en Dieu, pas plus que toi. Mais il semble croire en moi, et me prêter sa force. Alors que ce soit le destin, le tournoiement de la Terre ou simplement le hasard qui nous ait réunis, je compte bien profiter de cette opportunité avec pragmatisme. »

Jusque là, je demeurais flegme. Mon aura avait explosé en un flash lumineux mais j’adoptai toujours une position résignée, les bras le long du corps, la tête relativement tournée vers le sol. Il n’en demeurait pas moins qu’au fond de moi, une force incontrôlable se déchainait. Elle n’allait cependant pas tarder à s’exprimer en extérieur. Il fallait juste donner le ton et le tempo.

« Mais tu as également raison sur autre chose, cher ami. Rien ne m’arrête pour étancher ma soif de violence, et certainement pas toi ! J’accepte ta proposition, les bras ouverts ! »

A peine avais-je terminé ma phrase que déjà mes mains se joignirent, créant une vibration spirituelle. De cette vibration ma main gauche s’imbiba et je la poussai en arrière pour donner un coup dans le vide, la paume ouverte. De ma peau blanche s’extirpa alors mon aura jaune reformée sous la silhouette d’une main gargantuesque, fonçant droit sur mon adversaire.

« Il est temps de faire acte de VERITE ! »

Technique usée:

Dans le sillage de mon attaque s’élevait la poussière. Jusque là inanimée, à la surface du sol et faisant partie intégrante de ce dernier, elle s’emporta dans un tourbillon vertigineux pour suivre la progression de ma paume spirituelle. Mais mon adversaire n’avait pas l’air de se soucier ni de mon attaque, ni de la poussière. Bien au contraire, sur ses lèvres s’inscrivit un sourire béat alors que ma paume le fracassait de plein fouet. Un instant, la poussière s’étant trop accumulée en un endroit créa une sorte de petit nuage, si bien que je ne pus tout de suite apprécier les dégâts causés par mon attaque. Le doute me faisait frissonner. Il m’était inconcevable que j’aie pu rater ma cible, mais lorsque le nuage se dissipa, le golem était toujours debout. Une blessure béante décorait son corps visiblement écrasé, il n’affichait cependant pas le moindre signe de douleur. C’était surréaliste, et pourtant bien réel. Le sourire, sur le visage du monstre, n’avait pas disparu, il ne souffrait donc pas.

Il se remit à parler, il n’avait aucune difficulté à s’exprimer. C’était hallucinant de réalité, ce ne pouvait être une illusion. Mais le fait de le voir, ainsi corporellement détruit et pourtant si vivace, me fit sourire à mon tour. Mes yeux s’imbibèrent du plaisir que l’on peut trouver à rencontrer un être d’exception et je repris une posture de combat. De son côté, le monstre marqua un temps avant de visiblement se concentrer violemment. Alors, sa main jusque là presque détruite, se nua en une espèce de patte violette. Bien entendu, je sentis venir le coup fourré, mais je pris bien un instant pour admirer tous les ténèbres que pouvaient déployer mon adversaire. Il n’était décidément pas véritablement humain.

De son bras s’extirpèrent une dizaine de senbons, je n’eus pour ma part, que le temps d’user de ma technique la plus puissante. L’aura qui jusque là avait explosé dans les airs, se reforma autour de moi et commença à jaillir continuellement de mon corps, comme si je brûlais de l’intérieur d’un feu jaune vif. Les senbons vinrent s’écraser contre le mur spirituel formé par cette fameuse aura protectrice et allèrent s’écraser au sol. Néanmoins, ces derniers ne furent qu’une distraction de la part de ce cher Golem de pierre. En effet, il s’empressa, suite à son lancé, de faire course dans ma direction, chargeant purement et simplement.

« On va bien voir si tu vaux le titre qu’on te donne ! »

Je ne pouvais résister à une telle invitation. C’était trop tentant, trop parfaitement brutal. Je couru à mon tour, droit vers lui. J’étais toujours entouré de mon aura protectrice et je le savais incapable de la percer sans user lui même d’une quantité astronomique d’énergie vitale. Cependant, je sentais aussi chez lui, par le biais de mes dons de sensorialité, une baisse drastique de chakra. Il devait lui aussi s’être assuré de ne pas sortir de ce bras de fer les pieds devant, droits vers la morgue.

La collision était inévitable, nous courions tous les deux l’un vers l’autre, très certainement tous les deux parfaitement protégés. J’étais un moine surentrainé au taijutsu, il était une bête semi-humaine. Qui de nous deux aurait remporté ce bras de fer, je serais tenté de vous dire que le but de ce combat n’était pas de remporter quoi que ce soit, bien au contraire. Il n’y avait là que pur plaisir. Et lorsque nous fûmes suffisamment proches et que nos deux bras s’élevèrent suffisamment haut pour prévoir un coup, je pus distinguer sur son visage un sourire complet, il put d’ailleurs faire de même.

Je le touchai en plein visage, il le fit également, sur mon visage. Nos coups percèrent nos protections respectives, les rendant presque inoffensifs pour nos vies. Nous fûmes cependant projetés l’un et l’autre à l’autre bout de notre arène improvisée. Ce fut un choc violent que nos armures atténuèrent légèrement. Mais je savais à présent que ni lui ni moi ne possédions plus la moindre protection. Je me relevai suite à la projection et, tout en essuyant le filet de sang qui découlait de mes lèvres, je lui dis :

« Alors, Golem de pierre, souhaites-tu vraiment continuer ? Je t’avoue que je m’amuse vraiment beaucoup ! »

L’aura, autour de mon corps, changea quelque peu de couleur. Le fait d’admettre m’amuser pendant un combat d’une telle violence dû avoir un impact sur ma personnalité ou mon karma, puisque celle-ci, d’ordinaire d’un jaune plutôt pur, se muait graduellement en orange, plus foncé, plus porté vers le rouge ultime que j’acquerrais un jour.

Nous repartîmes à l’assaut l’un de l’autre. C’était beau, c’était poétique et artistique. Nous étions tous les deux plus ou moins vidés, mais nous décidâmes tout de même, par un accord muet de paroles, de nous lancer dans cette offensive. Nos deux poings s’écrasant alors l’un sur l’autre firent l’effet d’une bombe. Une énergie telle fut libérée par cet impact qu’il me semble que l’air au-dessus de nos doigts se déchirait et se consumait de lui-même. Mais malgré la douleur qui m’enlaçait désormais le bras, je souriais de toutes mes dents. J’avais trouvé un partenaire de combat idéal. Il se donnait à la violence exactement comme je le faisais. Je ne m’en rendais pas encore compte, à l’époque, mais j’allais trouver dans cette qualité du golem, tout ce que j’avais toujours recherché chez un compagnon.

Le coup fut passé, nous étions pourtant toujours debout. Nos jambes peinaient à nous maintenir stables sur nos pieds, mais nous tenions bon. Je lui assénai des coups de ma main droite, il me les rendait encore plus violent. Bientôt, nous nous mîmes à cracher du sang à chaque assaut, comme un témoignage du plaisir que nous éprouvions. Mais même les réserves de deux titans tels que nos deux personnes avaient leurs réserves ; et celles-ci s’étaient vidées. Nous finîmes par tomber au sol, l’un de chaque côté, épuisés et incapables de bouger le petit doigt.

« C’était génial ! Vraiment génial de s’adonner comme ça à… »

Je n’eus pas besoin de terminer ma phrase. Il savait bien de quoi je parlais. Il me semble, maintenant que j’y repense, que ce combat fut la véritable discussion entre nos deux esprits butés. En effet, il m’avait semblé communiquer bien plus à travers mes poings qu’à travers les mots qui avaient bien pu s’extirper de ma bouche. Moi et le Golem de pierre avions tissés un nouveau lien, un lien fort et désormais ayant une certaine importance pour moi. Bien entendu, il n’était pas encore question de lui accorder toute ma confiance, mais du moins faisions nous des progrès. Et puis… il y avait peut-être moyen de l’utiliser pour acquérir plus de puissance.

Mais mon esprit n’était pas vraiment focalisé sur ce point-ci à cet instant là. Non…je ne sais pourquoi, je repensais à cet ombre qui était venue me rendre visite. La raison pour laquelle j’avais abordé Goren en premier lieu. Qui était-elle, cette fameuse silhouette encapuchonnée ? Comment se nommait-elle ? J’avais, lors de notre confrontation avec le moine, entendu la troisième inconnue parler d’un dénommé Yusuke. Etait-ce l’esprit de mes songes ? Il n’y avait qu’un moyen pour moi de le découvrir.

« Golem de pierre… maintenant que nous ne pouvons plus rien à faire à part converser. Peux-tu me dire qui est ce Yusuke que ton acolyte mentionnait tout à l’heure. »

Yusuke… ce nom résonnait avec tant d’histoire dans ma tête. Je ne m’en rendais pas encore compte, mais ce dernier avait bien plus à faire avec ma personne que je ne l’aurais d’abord cru. Mais, bien entendu, je n’étais pas encore arrivé jusqu’à ce chapitre de ma propre histoire. Et comme dans tous bon roman, il faut un développement réaliste, la logique voulait que je suive cette piste à pas de bébé dinosaure, sans me presser.