Le jour sur lève sur le pays du fer et les recherches reprennent. Avec les rencontres de Nikkou et d’Amaterasu, j’estime avoir plutôt bien avancé dans ma quête quand bien même je n’ai recueilli aucune information me permettant de mettre la main sur un des nukenins que je cherche. Aujourd’hui mon disciple part s’entraîner seul dans la forêt. Du coup, j’ le champ libre pour continuer mon investigation seul en ville, sans craindre d’être dérangé par le Gekei. Ne vous en faites pas pour lui, il ne craint rien et sait se débrouiller tout seul. En outre je ne peux pas être derrière lui tout le temps alors laissons le travailler en autonomie un certain temps. Demain ou le jour qui suit peut-être tenterai-je de lui apprendre un petit quelque chose mais en attendant, il n’en est rien.

Assez tôt, je quitte la chambre de l’auberge dans laquelle j’ai passé la nuit puis me dirige dans divers établissements de tout type dans le but de récolter des informations. A noter que le pays du fer est un vaste territoire et que donc chaque jour – ou chaque semaine au minimum – je pars à la quête de renseignements dans des villes différentes. N’allez pas croire que je cherche toujours au même endroit, dans le même patelin paumé. Par ailleurs, ayant vécu à Tetsu quelques temps pour les besoins d’une longue mission – cette dernière remonte à il y a plus de deux ans – j’ai bien sûr quelques sources fiables ci et là dans tous le pays mais ces derniers temps, mes informateurs n’ont vraisemblablement pas grand-chose d’intéressant pour moi. A croire qu’ils ne sont pas très branchés nukenin et traque. Ils font plus dans la frivolité et dans les potins si vous voyez ce que je veux dire. Après je ne sais pas ce que vous en pensez mais moi, à titre personnel, je n’ai que faire de savoir si oui ou non le frère du cousin du charpentier vivant dans la trente sixième rue a bien demandé en mariage la fille du boucher. Je vous rassure, je caricature un peu.

Bref après avoir appris obtenus un tas d’informations dont je me serais bien passé, je me retrouve plus ou moins paumé dans une avenue animée de la ville. Où vais-je aller maintenant ? Aucune idée. Peut-être devrais-je essayer au restaurant ? Dans tous les cas je vais devoir me rendre quelque part où trouver des plats cuisinés puisqu’il est l’heure de manger alors autant aller dans un établissement culinaire. J’ai peu d’espoir que cela aboutisse à quelque chose mais on peut toujours prier pour que certains serveurs aient vu des choses qui me soient utiles dans ma recherche de pistes. Sachant que dans le pire des cas, je n’aurais pas vraiment perdu mon temps puisque quoiqu’il arrive, je me serais arrêté pour manger un bout quelque part à un moment ou à un autre.

Voilà donc que j’entre dans un restaurant, le premier que je vois. Oui, qu’on se le dise, je n’ai en rien choisi d’aller dans cet endroit plutôt qu’un autre. C’est purement et simplement le fruit du hasard si je suis entré ici. Espérons que le hasard ait bien fait les choses. Pour l’instant ce n’est pas le cas. J’ai fait preuve de négligence comme rarement et ai oublié de masquer mon identité avant d’entrer. Malheureusement je m’en rends compte un peu tard, lorsque tout le monde a remarqué ma présence. En somme lorsque tout le monde a vu que le « Nidaime Mizukage » est en ces lieux. Me rendant compte un peu tard de mon erreur, je soupire puis m’assieds à une table vide à seulement quelques mètres de celle où se trouve une jeune blonde.

Étrangement, il n’y a pas de carte sur ma table. Je regarde donc discrètement à ma droite puis à ma gauche. Sur la table de ma voisine, il y a bel et bien un menu. Sachant qu’elle a commandé, je suppose que cela ne la dérangera pas si je lui pique sa carte. Cela m’évitera d’aller en chercher une ailleurs.

« Pardon. Vous permettez mais je peux ? »

Je lui dis ça tout en pointant l’objet désiré : la carte.

La blonde acquiesce de la tête. Je peux donc lui chiper la carte. Je tends ma main vers sa table puis me saisis du bout de papier quand soudainement, elle fait de même pour me le donner. Sauf que son bras a elle est … plus long que la normale. Je dirai même plus ; il est bien plus long que la normale. Dans la seconde qui suit, elle retire sa main de la mienne puis s’excuse tout en souriant. Ayant la carte en main, je pose cette dernière sur ma table puis me frotte les yeux. Je ne suis pas le genre d’homme à radoter mais je n’ai pas rêvé ; son bras s’est anormalement allongé de plusieurs centimètres, n’est-ce pas ? Non Shinichi, tu fabules ! Personne de normalement constitué peut être capable d’une telle prouesse, personne. En effet il semble invraisemblable qu’une jeune femme puisse allonger des parties de son corps selon sa propre volonté. A moins qu’elle ait des talents de shinobi ? M’ouai. Possible. Si ça se trouve, il existe des gens dans ce bas monde apte à étirer leurs membres. Après tout je connais bien des ninjas capable de se transformer en animaux, en démon et même en vampire alors bon, vous savez je ne suis pas à ça près … Comme dirait l’autre : Plus rien ne m’étonne.

« Ce n’est rien. »

Je reste sobre dans mes mots et neutre dans ma façon de parler néanmoins je dois avouer qu’elle a réussis à attirer mon attention. Plus j’y pense, plus je me dis que ce n’est pas un songe : cette fille est très probablement dotée de capacités hors du commun. En bref, c’est une kunoichi. Et une kunoichi qui traîne au pays du fer, c’est certaine une nukenin. Sachant que je cherche actuellement des déserteurs, elle peut sûrement m’aider. Par ailleurs s’il s’avère que la blonde est un elle aussi nukenin, je me ferai un plaisir de la capturer et de l’envoyer faire un tour du côté des geôles de Kiri – oui, au village de la brume on est comme ça nous ; on fout des gens en taule pour un rien à partir du moment où il porte le titre de nukenin.

« Désolé mais vous avez dit que vous vous appeliez comment déjà ? »

Elle ne me l’a pas dit en vérité et je le sais très bien mais ce n’est pas grave. J’essaie par ce subtil subterfuge de glaner quelques informations sur elle, notamment son identité. Pour ma part, je me présente :

« Moi c’est Shinichi. Kitase Shinichi. »

A ces mots, je regarde la carte et les plats proposés dans ce restaurant. A première vue, rien ne me fait vraiment envie. Qu’a donc pris la mystérieusement jeune femme ? Je me le demande et jette un coup d’œil à son plat. Ça n’a pas l’air trop mauvais. Le serveur arrive et me demande ce que je vais prendre. Je n’ai pas eu le temps de choisir alors je dis simplement :

« La même chose qu’elle. »

Oui tant qu’à faire, autant ne pas se compliquer la vie. Ce qu’elle a pris à l’air apetissant alors prenons la même chose. De toute façon que ce soit bon ou mauvais je ne suis pas quelqu’un de difficile. Voyez-vous, je m’accommode de tout… Ou presque.

La mystérieuse inconnue se nomme Akuzu Mia. Son prénom ne me dit pas grand-chose et il en est de même pour son patronyme. Du coup, il me semble peu probable qu’elle ait déserté. Et si c’est le cas elle n’est ni issu de Kiri, ni de Kumo car qu’on se le dise, je connais à peu près tous les déserteurs de ces villages. Bref. Pour la chasse à l’homme – ou plutôt à la femme dans notre cas précis – on va oublier. Néanmoins il est possible qu’elle ait des informations concernant les personnes que je recherche. Toujours est-il que je la vois prendre son plat et s’avancer. Mia me demande alors si elle peut s’asseoir en face de moi, ce à quoi je réponds par la positive d’un hochement de tête. J’accompagne ce geste d’un sourire un peu naïf. Allez savoir pourquoi elle me fixe comme ça, le fait est que c’est assez gênant. Quoiqu’il en soit je tourne les yeux et regarde un instant les autres clients de ce restaurant.

Quelques secondes plus tard, j’entends mon interlocutrice me demander ce que je fiche ici. Ah. Voilà qui est déjà plus intéressant. Je voulais moi aussi lui poser la question pour ensuite lui demander si elle savait des choses sur les déserteurs que je connais mais si c’est elle qui aborde le sujet ; tant mieux. Cela paraîtra naturel. En effet, je n’aurais qu’à vriller habilement sur un autre thème pour venir à mes fins. Du moins en supposant qu’elle sache quelque chose ce qui n’est pas sûr en soi. Effectivement elle peut très bien être une simple fille ayant des dons particuliers et errant sans but et sans avoir eu vent des dangereux criminels de ce monde. Dans un autre registre, j’ai tout aussi bien pu rêver : Si ça se trouve, son bras ne s’est pas allongé le moins du monde. C’est tout simplement moi qui, sûrement faute d’attention, ai mal vu. En tout cas, ne nous attardons pas sur ces détails.

« Je cherche des gens, des déserteurs pour être plus précis. Azuko, Mihaw, Samui Kaoru, déjà entendu parler ? Et au passage, tu es du coin ou bien t’es en visite ici ? »

Bon. On va voir d’ici si la pêche a été bonne ou non. J’ai du mal à croire qu’elle ait des informations concernant les trois bougres que j’ai cité mais qui ne tente rien n’a rien. Et puis si ça la gêne de parler de ces choses-là, elle peut toujours dire : « Jamais entendu parler » et hop ; l’affaire réglée… Encore que. Si elle le fait trop brusquement, je serais susceptible de me poser des questions – une réponse négative trop rapide est souvent synonyme de mensonge préparé à l’avance. Par ailleurs, un œil habile – ou plutôt une oreille fine – remarquera qu’à partir de maintenant, je tutoie la jeune femme. N’y voyez là pas une manière pour de moi m’approcher d’elle, c’est simplement une habitude que j’ai depuis longtemps. Lorsque je ne connais pas une personne, par respect je la tutoie dans un premier temps puis, sauf si son grade ne le permet pas, – donc en gros si ledit personnage est Kage ou bien seigneur d’un grand village – je me mets à lui parler comme à une connaissance, c’est-à-dire normalement. Bien sûr Mia peut elle aussi me tutoyer si ça lui chante. Cela donnera un air bien moins solennel et barbant à cette conversation.

Oh. Voilà le serveur qui arrive avec le plat et une carafe d’eau. Il pose le tout délicatement sur la table puis s’en va aussi vite qu’il est revenu. Étant accompagné je ne vais pas de suite me ruer sur le plat. Question de principe, il faut savoir rester élégant devant les inconnus.