Un voyage, un très long voyage. Servira-t-il à quelque chose mère ? Me diras-tu ce que je veux entendre ? Ou me laisseras-tu une fois de plus dans le brouillard ? Pourrais-je enfin savoir ce qui cloche chez moi ? Si je me fais des idées et que je suis complètement folle ou si j'ai effectivement un secret dont je ne connais pas la nature ? Pourras-tu m'en dire plus ? J'ai besoin de savoir, j'ai besoin que tu me dises la vérité. Je ne pourrais continuer à vivre ainsi, dans le mystère, alors qu'une guerre se prépare et que je risque de faire quelque chose que je pourrais regretter plus tard. Devrais-je continuer à souffrir pour le bien des autres ? Je suis trop égoïste pour cela. Ce mystère, une fois dévoilé, pourrait tout changer. Il pourrait transformer la vision du monde que j'ai, mes objectifs, mes besoin, mes envies. Je redoute cet instant autant que je le souhaite.

Voilà des jours que je voyageais, me demandant si je ne devais pas rebrousser chemin et si cette confrontation que j'ai tant attendu ne pouvait pas attendre encore un petit peu. Après tout, j'avais toute la vie devant moi pour le découvrir, et peut-être que l'ignorance était un moindre mal face à ce qui m'attendait.

Ce nom était imprégné dans mon esprit, comme s'il y avait toujours été. Pourquoi entendais-je cette personne qui sans cesse criait mon nom ? Pourquoi cette douce voit semblait me connaître alors qu'elle était totalement inconnue à mes oreilles. Je pouvais ressentir l'agonie dans ce timbre de voix, comme si elle était en train de mourir. Était-ce la réalité, ou avais-je seulement des hallucinations ? Tout semblait trouble et pourtant, je savais ce qu'il se passait. Je ne voulais pas y croire tant que je ne l'entendrais pas de la bouche de celle qui savait.

Réveil brutal. Ou étais-je à ce moment précis ? Je me souvenais avoir entreprit un voyage vers chez moi, pour trouver des réponses à mes questions. J'étais par terre, allongée dans l'herbe mouillée par la rosée du matin. M'étais-je endormie à force de trop penser ? Je me levais, tant bien que mal, sentant une douleur cuisante dans chacun de mes membres, comme si je m'étais faite écrasée sans m'en rendre compte. Allais-je mourir ? Je me sentais tellement mal que j'avais l'impression que ce n'était qu'une question de minutes. Je marchais à une allure plus lente qu'à la normale. Jamais un voyage n'avait été aussi éprouvant. Peut-être que cela irait mieux en arrivant. Ou pas.

Je n'étais pas retournée chez moi depuis un bon bout de temps. Mon père état parti, il avait quitté ma mère et celle-ci était seule au monde. Je me souviens encore de cette triste lettre qui montrait le désespoir de cette personne qui m'est chère, accompagnée de larmes ayant perlées sur le papier usé par le temps. Je le détestais plus que n'importe qui, peut-être même plus que des personnes comme Makka. Je retournais voir cette femme qui avait tant fait pour moi, afin qu'elle me dise enfin la vérité.

Le ciel était d'un bleu étonnant pour une journée aussi étrange que l'était celle-ci. Combien y a-t-il de nuages dans le ciel ? À quelle point serais-je déçue ou en colère de les voir disparaître ? Révéler au grand jour ce soleil dont la chaleur insupportable ne faisait que brûler toutes les espérances que j'avais au plus profond de moi ? Arriverais-je à retourner chez moi et à simplement dire "bonjour" comme si je n'étais jamais partie ? Comme si rien de tout cela n'était jamais arrivé ? J'en doutais.

"Bonjour mère."

J'avais réussi à aligner ces quelques mots qui me faisaient tant souffrir. Comment faire pour exprimer mes plus profondes pensées ? Bonjour mère, j'aimerais savoir ce que vous me cachez depuis tout ce temps pour que je puisse enfin avancer. Était-ce si difficile que cela en avait l'air ? Cette question en cachait-elle d'autres ? Pourrais-je réellement le supporter ?

"Je connais la raison de ta venue mon enfant."

"Vraiment ?"

"Tu veux apprendre la vérité."

Ces mots furent comme un soulagement à mes oreilles. Elle devait fort bien savoir que j'allais venir un jour où l'autre pour réclamer des réponses. C'était ce que l'on appelait l'instinct maternel, n'est ce pas ? Mais qu'allait-elle me dire ? Redoutait-elle ce moment, tout comme moi ?

"Peut-être peux-tu attendre un moment. La vérité ne s'évaporera pas pendant le dîner."

Mon séjour ici allait être long, même si je n'avais pas réellement l'intention de rester longtemps. Le Reidan allait bientôt se rassembler à nouveau, et je devais être présente pour savoir ce qui allait se passer pour la suite. Pouvais-je en parler à ma mère ? Certainement pas. Je ne pouvais rien lui dire. C'était injuste. Elle allait me faire des confidences qui changeraient le reste de ma vie, et moi je lui mentais comme aucun enfant n'avait jamais menti à sa mère. Peut-être n'était-ce pas une bonne idée, après tout.

J'avais laissé mon coéquipier derrière moi. Il comprenait bien mon besoin de retourner chez moi, mais j'étais inquiète. Que faisait-il sans moi ? Et qu'arriveras-je à faire sans lui ? Autant de question auxquelles je ne pouvais pas répondre.

Je mangeais avec ma mère, dans un silence morbide. La bonne odeur de cette nourriture qui m'avait tellement donné envie pendant mes nombreux voyages... je n'étais pas une fine cuisinière, alors ce retour au pays me faisait tout de même grandement plaisir. Mais pour combien de temps serais-je dans cet était d'esprit ? Plus l'heure avançait, plus mon estomac se nouait, l'inquiétude m'asservissait.

Nos assiettes furent vides mais je mourrais d'envie de reprendre une part. Pour quelles raisons ? Cela dépendait du point de vue, mais disons seulement que c'était pour retarder l'instant qui m'effrayait tant.

"Tu as bien mangé ?"

"Oui."

"Tu veux une autre part ?"

"Non ça ira, merci."

Nous discutions de mes voyages, assises tranquillement dans un canapé confortable. Je semblais lui avoir manqué autant qu'elle-même m'avait manqué. Cependant, je ne pouvais continuer de faire semblant. Je m'arrêtais de parler de sujets aussi inintéressants pour qu'on parle de ce qui m'avait fait venir dans cet endroit.

"Il faut qu'on parle, Maman."

"J'en ai bien l'impression."

Depuis la dernière fois que j'avais vue ma mère, celle-ci semblait beaucoup plus douce. C'était difficile à comprendre, mais ce malheur qu'avait été causé par le départ de mon père semblait avoir changé bien des choses.

"J'aimerais que tu me dises la vérité. J'ai assez attendu."

Silence. Long silence. Rien d'autre que le bruit du vent à l'extérieur. Le soleil s'était couché laissant place à une obscurité des plus inquiétantes. De temps e temps, on entendait quelques personnes parler à l'extérieur, mais cela ne durait jamais très longtemps. Le temps semblait s'être arrêté pendant un cours instant. Nous nous regardions, ne sachant que dire, ne sachant que faire. Qui devait prendre la parole en premier ? Je n'eus pas à y réfléchir très longtemps.

"Avant que je rencontre ton père, il était marié à une autre femme, une puissante ninja de Konoha, maîtresse du clan Hyô. Peu de temps avant de la quitter, elle tomba enceinte. Elle refusa qu'il s'en occupe, et je crois qu'il n'en avait pas réellement envie de toute manière. Il a donc eu une autre enfant, une fille du nom de Misory, appartenant au clan Hyô. J'allais les voir de temps en temps, pour m'assurer que cette petite fille ne manquait de rien, mais elle n'en sût jamais rien. Je crois que sa mère lui a expliqué très tôt la situation, ce qui l'a endurcit par la suite. J'ai arrêté d'aller leur rendre visite à ce moment-là. Deux ans après sa naissance, je suis tombée enceinte de toi, donc vous avez pratiquement le même âge."

Une fois de plus, un long silence se fit dans la pièce. Je ne savais que dire. Depuis ma rencontre avec Masao Nikkou, j'étais persuadée que j'avais un lien avec cette fille, avec Misory Hyô, mais je ne voulais pas y croire. Comment mes parents auraient pu me cacher une telle chose ? C'était invraisemblable. Maintenant que j'en avais la certitude, j'avais du mal à encaisser la nouvelle. J'étais restée dans le noir si longtemps que la lumière m'aveuglait.

"Misory est ma sœur. Ma demi-soeur."

"Oui. Je suis désolée de ne pas te l'avoir dit avant, mais je ne voulais pas te brusquer et je ne voulais pas que tu penses du mal de ton père. "

"Ouais, et maintenant il est parti. Si ça se trouve, à l'heure qu'il est, j'ai une autre demi-soeur. Ou un demi-frère."

"Ne dis pas de telles choses, ce n'est pas une mauvaise personne au fond."

"Ah oui, vraiment ? Il l'est, si."

À ce moment précis, j'aurais aimé crier de toutes mes forces ma haine contre mon père, mais je ne voulais pas affronter ma mère qui semblait déterminer à ne pas en vouloir à cette personne qui l'avait lâchement abandonné.

"Tu aimerais la rencontrer ?"

"J'aurais voulu, sauf qu'elle est morte tu vois."

J'étais brutale, certes, mais cela faisait beaucoup d'informations à assimiler d'un coup. Je n'avais jamais connu cette personne et j'avais pour la première fois l'impression d'avoir perdu un être cher. Je n'avais plus la force de dire quoi que ce soit, alors je partis me coucher en silence. Le lendemain matin, je dis au revoir à ma mère, avec une attitude morose, et je partis comme s'il ne s'était rien passé pendant ses derniers jours.

J'étais comme abattue après un combat éprouvant, pourtant je n'avais même pas pris les armes. J'avais perdu avant même d'avoir commencé à me battre et c'était la pire sensation qui pouvait être ressentie. Je partais retrouver mon coéquipier, avec en tête l'idée de vengeance pour pouvoir aller de l'avant.