Interner les Esprits [Solo — Apprentissage de la Rang C]

Les nouvelles étaient parvenues aux oreilles des Konohanins. Il fallait être formé aux bases du Fūinjutsu au plus vite. Yokuro avait appris la nouvelle par un courrier, envoyé à quelques ninjas de Konoha. D'autres avaient eu droit à une visite de responsables des autorités, d'autres avaient appris la nouvelle autrement. Toujours est-il que la mobilisation se généralisait çà et là dans le village caché de la feuille. On avait découvert que l'incident qui avait frappé le village était Gogyou Makka, l'Impératrice démoniaque des flammes. En bon néophyte de Konoha, l'Opalin ignorait totalement l'identité de cette femme. Le matin de la réception de son courrier, il était alors discuté dans le café du coin à quelques shinobis qui avaient leurs habitudes dans le coin. Par ce procédé social, il avait ainsi pu récolter les informations qui lui manquaient.

Le borgne put apprendre alors que cette Makka était la leader d'une organisation de dangereux criminels. Les hommes et femmes travaillant pour elle se faisaient appeler les Partisans. En outre, leur quartier général était établi sur l'Île de Hai no kuni, le Pays des Cendres. De fait, Makka était surnommée la Dame des Cendres. Elle avait généré de nombreux conflits à travers le monde entier. Yokuro apprit au café qu'elle avait causé la mort du Shodaime Mizukage, et réussi à prendre le contrôle d'une île entière. Enfin, elle avait causé de terribles dommages à Suna, via le tristement célèbre Incendie de Cendre. Nulle doute que cette séide de la violence et de l'homicide était terriblement puissante. Aussi, le Yamanaka put comprendre tout l'agitation qui résultait de la simple évocation de la Dame des Cendres. Malgré la convivialité de ses interlocuteurs, Yokuro put lire - cachée ou mise en évidence - la crainte qu'éprouvait les Konohajins en parlant de la Gogyou.

A présent, le Yamanaka devait mettre de côté ces informations fraichement acquises pour s'exercer à l'apprentissage de la technique demandée. L'important résidait dorénavant dans la mobilisation générale, afin de parvenir à œuvrer contre les sombres desseins de Makka. Yokuro, malgré son rôle de pion social dans l'échiquier ninja, savait que l'union faisait la force, et que même les plus faibles pouvaient se joindre aux grands pour former une coalition capable de belles prouesses. Pour l'occasion, on avait organisé quelques séances d'initiation aux arts du scellement dans les vastes zones dédiés à l'entrainement des shinobis du village caché de Konoha. L'Opalin, alors prêt pour quitter son médiocre domicile, emporta Kuro sur son épaule, revêtit son kimono lactescent, et quitta son appartement, une sacoche shinobi bien pleine pour combler d'éventuelles pénuries. Peu habitué à emprunter les sentiers des aires d'exercices, Yokuro eut l'occasion d'interroger les passants qui composaient son chemin afin de localiser l'endroit. Le parcours qu'il aurait pu franchir en une demi-dizaine de minutes fut au final, grâce au soutien honorable des citoyens de Konoha, allongé du triple. Ainsi, un quart d'heure plus tard, voilà que l'éborgné se trouva face à un tandem de ninjas de classe moyenne, expliquant aux quelques shinobis de bas étage rassemblés sur le court numéro vingt-sept les directives à suivre pour l'entrainement. L'oreille attentive, le psychagogue tâcha d'enregistrer la moindre information, afin d'être le plus efficace possible durant la partie pratique.
Il ne pouvait se permettre de perdre du temps au cours d'un événement aussi important pour la Liberté.

Spoiler:

Maintenant sur place, Yokuro devait se mettre au travail. Sur place, on avait installé des tables de fortune, ou parfois utilisé des rochers assez plats, pour mettre des parchemins de grande taille. Sur ces mêmes parchemins étaient inscrits un sceau, celui du Sceau de l'Esprit. C'était cette même technique que chacun Konohajin devait apprendre. D'après les consignes, ce sceau permettrait de contenir l'âme d'un individu au préalable immobilisé dans un sceau. En l'apparence, cette technique relevait du Kinjutsu aux yeux du Yamanaka : emprisonner l'esprit d'une personne dans un bout de papier relevait du crime. Au même titre de la peine capitale, on se faisait justice soi-même, au non de la vengeance, et non pas de la justice même. Mais qu'importe : si le gouvernement de la Feuille estimait plus que nécessaire d'enseigner à l'Arbre armé, des racines aux bourgeons cette technique quasi-létale, alors c'était qu'il y avait une bonne raison derrière. Le Genin au regard mutilé ne pouvait clairement déterminer l'intérêt de cet apprentissage de masse, toutefois, il pouvait d'ores et déjà s'imaginer que quelque chose de grand, d'inédit, de douloureux, se tramait dans l'ombre de la quiétude citoyenne.

Une chose était sûre : le Yamanaka avait l'avantage dans cette initation à la technique du Tamashi no Fuin. En bon Yamanaka, ses compétences en matière de spiritualité dépassait largement la moyenne. Il avait par ailleurs, de par ses hautes études, de grande connaissance sur l'esprit humain. Toutes ces compétences, innées ou non, pouvaient permettre à l'Opalin d'accélérer le processus d'acquisition de la technique. Seul bémol qui venait se heurter à cette facilité : l'Art du Scellement, ou Fuinjutsu. Parmi les techniques ninjas, ces jutsus étaient parmi les plus complexes à utiliser. Pour preuve, il faisait partie de ces groupes de jutsus peu triviaux. Contrairement au Ninjutsu, plus prosaïque comme le Taijutsu, le Fuinjutsu était limité à quelques mystes. C'était essentiellement pour cette difficulté d'apprentissage que le village avait mobilisé quelques troupes justement apprivoisés aux techniques de sceau. Étrangement, Yokuro ne se sentait pas plus bloqué que ça. Pour lui, le Sceau de l'Esprit lui paraissait presque familier. Il y avait en effet cette faculté d'emprisonner l'âme dans un sceau. Ce déplacement spirituel lui rappelait bien entendu le Shintenshin no jutsu, technique phare de son clan. A la différence de la Transposition, c'était le ninja qui déplacait l'âme de son adversaire ailleurs, et non pas l'inverse. En outre, le Fuinjutsu était une épreuve à la hauteur de ses études. Il s'agissait simplement de programmer la bonne séquence de chakra, afin de libérer le sceau et d'en activer ses propriétés. Tout relevait d'un bon dosage, comme le ferait un médecin avec ses médicaments, ses injections.
Cela tombait bien, le Yamanaka avait justement fait des études de médecine.

En parallèle avec sa formation de shinobi, il avait ainsi pu renforcer ses bases. Un point fort qui lui permit de s'isoler dans un coin, à part. Un Chûnin lui avait confié la marche à suivre. La partie théorique étant un jeu d'enfant pour l'Opalin, ce dernier n'eut qu'à se concentrer presque exclusivement sur la seconde partie, dédié à la pratique. On lui demandait dans un premier temps de s’accommoder à la bonne quantité de chakra. Un second sceau, placé sur le même parchemin, indiquait lorsque la quantité de chakra exigée. C'était pour la première étape. Un système ingénieux qui permettait aux plus novices d'éviter de perdre du temps à doser leur chakra. Le félin à la robe nocturne se frottant contre ses pieds, l'aspirant ninja du village caché de la Feuille mit au moins une bonne heure à trouver la quantité nécessaire au jutsu. En bon homme altruiste, le borgne avait exploité cette heure pour conseiller quelques shinobis en besoin d'aide. Une assistance précieuse qui lui fut favorable pour la suite. En effet, à force de répéter l'opération, consistant à projeter son chakra sur un sceau, Yokuro eut bien plus de facilité à passer à l'étape suivante. Il devait en effet utiliser cette même dose de chakra et la répartir correctement sur le sceau, afin de l'activer. Plus besoin d'un sceau faisant office d'interrupteur dans un circuit fermé, simplement d'un minimum de concentration. Et en l'espace d'une demi-heure, et de quelques gouttes de sueur, l'homme à la toison argentée parvint à apprendre sa technique. Mieux, comme le lui demanda un instructeur, il fit l'usage de ce sceau sur un animal, destiné comme cobaye. Il s'agissait d'un rat. Tenu fermement entre une de ses dextres presque cadavériques, Yokuro se saisit d'une autre main du Sceau de l'Esprit. Une impulsion de chakra plus tard, et voilà qu'un ectoplasme de rongeur fuya l'enveloppe charnelle du cobaye, pour venir finalement se confiner dans le kanji du parchemin. Le tour était joué, et un léger ris se dessina sur les lippes du Yamanaka, en guise de satisfaction. Après l'effort, le réconfort : ainsi, après l'entrainement, une jeune demoiselle invita Yokuro aux bains du village, pour le remercier de son aide à l'entrainement. Aucune réaction sentimentale amoureuse de la part de l'Opalin, qui se contenta d'une baignade platonique, et forte relaxante.

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