─ Bah mon p’tit, qu’est-ce que t’as encore ?

Udoro, mon compagnon de cellule. Une masse de muscle qui partageait la même pièce que moi depuis mon premier jour ici. Il n’était ni intelligent, ni imposant. Bien entendu, je disais ça parce que, de mon état de shinobi, je ne craignais rien. Non, rien du tout. Mais personne ici ne savait que j’étais un ninja. Sinon, ça n’aurait pas été ici que j’aurais été emmené. Mais ça, c’est bien entendu une autre histoire, car je n’agissais jamais sans raison.

─ Tu m’réponds ?
─ Oui, pardon Udoro. C’est juste que, je ne sais pas trop quoi faire ici.
─ Pourtant ça fait un an que t’es avec moi. Et puis, tu as survécu, vu les quelques services que tu m’as rendu, alors te plains pas hein !

Oui, il était persuadé qu’il pouvait me briser le coup d’un seul mouvement de bras. Afin de paraître un simple gringalet aux yeux de tous, avoir peur de mon gros compagnon de cellule était une chose essentielle.

La sonnerie se fit entendre, je rangeai alors le bout de papier que j’avais dans les mains. C’était l’heure de manger, il devait donc être midi. Je me levai, mais Udoro me bouscula rapidement pour, une fois de plus, me faire comprendre que c’était lui le patron et qu’il devait arriver avant moi à la cantine. Je le suivis, avant de tomber nez à nez avec Tô, sans doute le pire criminel de la prison. Une fois encore, lui et ses deux hommes de main allaient m’en faire voir de toutes les couleurs, sous l’unique ampoule qui éclairait toute la cantine.

─ Bonjour mon cher Tsumei ! Tu as mon argent ?
─ Tu sais très bien qu’aucun prisonnier ne peut avoir d’argent ici.

Notre début de dialogue fit se retourner la plupart des prisonniers. Aujourd’hui, comme hier et comme presque tous les jours, Tô allait démonter la face du petit aux cheveux verts.

─ Je sais, mais comme tu n’en as pas, tu vas encore payer d’une autre façon !

Et le chef de taule donna des coups à la chaîne. Comme d’habitude, le seul garde présent dans la cantine appela les renforts, qui mirent deux minutes à arriver, et séparèrent avec difficulté Tô et ses deux bras-droits, qui avaient de toute façon fait saigner le nouveau. La douleur était grande, mais je m’y faisais. En essayant de me relever, j’eus un déclic. Le papier dans ma poche, il n’y était plus. Alors que tous les regards étaient tournés vers nous et les quelques gardes, j’enlevai avec ma manche le sang qui coulait de mon nez. Puis je cachai ma main gauche derrière mon dos. J’envoyai alors par mon pouce une phalange qui explosa l’unique ampoule qui, par sa grande taille, arrivait à éclairer toute la cantine. L’obscurité avait alors gagné la pièce, et tous les prisonniers hurlèrent.

J’avais mémorisé l’emplacement de Tô, et je lui avais envoyé plusieurs phalanges au niveau du cœur. Lorsque les gardes eurent allumés les lumières des couloirs, les prisonniers se calmèrent, et tous virent le cadavre de Tô. Je me contentai de récupérer ce qu’il m’appartenait, avant de me diriger vers un garde.

─ C’est moi qui l’ai tué. Je mérite un conseil de discipline pour une nouvelle sentence, non ?

Les murmures résonnèrent, et le garde m’emmena immédiatement avec plusieurs de ses compagnons.

J’étais à présent assis devant le directeur de la prison et d’autres personnes sans doute importantes de la région.

─ Vous nous dites que c’est vous qui avez tué Kamaro Tô ?
─ C’est exact.
─ Comment avez-vous fait ?

J’esquissai un sourire. Quels idiots.

─ Ce que vous avez trouvé près de son cadavre, ce sont mes phalanges. Je suis un Kaguya, shinobi de Kiri.
─ Mais c’est impossible ! Nous ne pouvons-nous…
─ Et oui. Si je suis ici, c’est parce que vous pensez que j’ai commis plusieurs crimes, mais non. Le seul meurtre que j’ai commis, c’est celui d’aujourd’hui, celui de Tô. Et un shinobi de Kiri doit être jugé par son village. Vous êtes donc obligés de m’amener jusqu’à mon village.
─ Mais, si vous êtes vraiment un Kirijin, pourquoi avoir attendu plus d’un an pour nous le dire ?
─ Les raisons ne regardent que moi. Je voulais rester dans cette prison, et j’avais même prévu d’y rester plus longtemps, mais bon…

Cela dura encore quelques minutes, puis il fut logiquement décidé de m’escorter jusqu’à Kiri.

Dans ma poche, j'avais toujours mon papier. Sur ce papier, il y avait la signature de l'homme qui était devenu mon ennemi, celui qui voulait m'envoyer dans cette prison. Trois.