La Mandarine, ça la fascine …

Des couleurs de partout, soulignées, surlignées par la beauté d’un Soleil plus que présent. Ses rayons perçaient la couche brumeuse de Kiri, recouvrant tout le village d’une lumière éclatante, chaleureuse et pourtant rafraîchissante. L’éther, complètement bleu, quoique légèrement nuancé de gris, ressemblait à un tableau. Quelle belle journée. Cela lui donnait du courage, une folle envie de sauter partout et de passer dans les rues en chantonnant. Son côté gamin sortait de l’ombre dans ce genre de situation et lui rappelait les bons moments de son passé. Ceux où elle chantait avec Kyurei de folles comptines, en claquant des mains. Ce temps lui manquait, d’une certaine manière. Et repenser à son frère la confrontait à sa nouvelle épreuve … Mais … Pas maintenant, non, non, pas maintenant. Là, profiter était le maître mot. Une journée aussi belle, à Kiri, n’apparaissait pas tous les jours !

Yuka traversa les rues, regardant les stands avec un appétit presque féroce. De nombreux fruits lui tendaient les bras, là, seuls au monde, réclamant un peu d’aide. Et un estomac pour les accueillir. L’estomac de Yuka. Surtout le sien. Cette poche si douce, si agréable, si … Aaaaah, quel bonheur pour des fruits ! Ou pas. Mais elle s’en foutait, Yuk’. Son seul but ? Choper des mandarines. Les rafler et les dévorer. Comment ça, payer ? Ouais bon. La Mitsuharu n’était pas une voleuse. Une gentille cliente, une citoyenne qui n’avait rien à se reprocher. Ou presque.

La Framboise, c’est l’extase …

Une abondance de sucreries. De sucreries vitaminées. Des couleurs, comme un véritable arc-en-ciel. En plus d’exciter son estomac, cela lui en mettait plein la vue. Et Yuka adorait ça. Toutes ces nuances, toutes ces taches de couleur, rendues plus vivantes grâce à la présence d’Hélios … Et ces odeurs, toutes ces odeurs ! Mais quel plaisir indescriptible !
Une véritable gamine face à un gigantesque stand de bonbons. Tout cela, en plus mature, faisait une Yuka, devant une abondance de fruits. Cet étalage réveillait son instinct glouton, ce pêché capital nommé Gourmandise. Pour aujourd’hui, Yuka deviendrait Gluttony. Plonger allègrement dans la gloutonnerie, se laisser porter par cette quantité de sucre sans jamais s’en soucier … Quel bonheur ! Impossible d’y résister. La demoiselle s’approcha de la vendeuse, lui affichant un très grand sourire. La jeune femme, derrière son grand étal, lui rendit son sourire avec une certaine bonne humeur.

« Quatre mandarines, quelques framboises, une dizaine de fraises et deux pommes, s’il vous plaît ! »

Elle hocha la tête, commençant à la servir. Une fois tous les fruits ensachés, la vendeuse lui tendit le sac qui, d’un seul coup, disparut.

Ah, l’ananas, là, tu m’agaces !

Ses yeux suivirent le sachet sans le quitter ne serait-ce qu’une fois. Une petite crapule, aussi haute que trois pommes alignées, courait avec. Des cheveux blonds, un bonnet vert … UN LUTIN ?! Bordel, d’où est-ce qu’il sortait celui-là ? Yuka tendit l’argent à la vendeuse, sans vraiment regarder où elle mettait la main. La donzelle récupéra toutes les pièces et, apparemment prête à rendre la monnaie, fut interrompue en plein geste par une Gluttony partie au quart de tour. Elle se mit à courir en plein marché, attrapant la crapule.

« Rends-moi ça, sale môme. C’est à moi. Tu entends ? À moi. »

Ses prunelles brûlaient d’une lueur rouge, une lueur terrible. Elle était courroucée. Ne jamais toucher à la nourriture d’une oursonne en traque après que son poisson lui soit passé sous le nez. Une bébête encore enchaînée, mais prête à tout briser pour arracher la tête de son voleur. Et dans la situation actuelle, le voleur … était un petit homme tout de vert vêtu. Un petit blond. Un môme. Elle lui arracha le sachet des mains.

« À moi ! »

Son regard s’adoucit, elle devint comme … plus gentille ? Plus mignonne, en tous les cas. Un sourire naquit sur ses lèvres.

« Mais je peux partager, si tu veux. »

Oasis, Oasis, plein d’fruits, de l’eau d’source, du fun !

HRP: