Depuis que j'avais refusé mon grade j'étais un peu le paria du village. Je n'avais jamais été un membre estimé ou apprécié mais ma cote de popularité avait atteint des abysses insoupçonnées depuis que j'avais fais ce choix. Comme d'habitude l'avis des gens m'indifférait. Mais ce n'était jamais très agréable d'être constamment observé et entendre les gens parler à voix basse sur son chemin. À la longue ça commençait même à me peser. Non parce que j'étais du genre à craindre les rumeurs ou les horribles choses qu'on racontait sur moi mais parce qu'on ne me servait plus dans certains bars. Vous y croyez à ça? J'ai fais la fortune de plusieurs tenanciers avec tout ce que j'avais bu chez eux et voilà comment on me remerciait! À ce rythme j'allais devoir ouvrir une distillerie chez moi...

*Putain d'examen de mes deux! Qu'est-ce qu'il m'a pris de m'y inscrire hein? Tu peux me le dire toi?* demandais-je régulièrement à mon reflet dans le miroir de ma salle de bain.

Autant vous dire que lorsque je reçu la visite du gamin qui m'amenait habituellement les missions je fus ravi. Je détestais lorsqu'il se manifestait en règles générales mais cette fois il m'apportait l'espoir de quitter quelques heures voir quelques jours le village et j'allais ainsi éviter les regards désapprobateurs. Une excellente manière de se changer un peu les idées et de taper sur quelque chose avec un peu de chance. Je le remerciai donc avec une politesse qui ne me correspondait guère avant de claquer la porte derrière lui. Ceci fait je parcourus rapidement du regard la missive pour prendre connaissance de mes ordres:

Ordre de mission:

Bon, ça aurait pu être pire. J'avais dû me glisser dans les égouts de Suna une fois alors cette balade dans le désert à la recherche d'une mystérieuse oasis prenait des allures de rêve à côté de ça. Je ne connaissais pas le Kawaguchi avec qui j'allais faire équipe mais j'espérais qu'il s'agissait de l'un des types qui nous avait attaqués Tsuki et moi. Je pourrais ainsi le fracasser et prendre ma revanche. Ça tombait bien, j'avais presque oublié cet épisode! Bon par contre la mission risquait d'en pâtir mais depuis quand j'étais un élément irréprochable, sur qui l'on pouvait compter?

La lettre était accompagnée d'une heure et d'un lieu de rendez-vous. Il ne me restait que très peu de temps pour m'y rendre et je pris donc une douche en vitesse avant de glisser dans un sac des vivres et mes gants de combat. Mes vêtements passés et malaise accrochée à mon dos, je pris ensuite la direction de la voie illusionnée, là où je devais rejoindre ce Sanada. Je profitai du trajet pour invoquer une bouteille d'alcool et en boire quelques rasades. Sur place je me roulai ensuite une clope pour passer le temps jusqu'à ce qu'un type s'approche de moi. Sûrement mon coéquipier.

- "Salut l'ami!" fis-je en lui adressant un vague signe de tête. "C'est toi Sanada? Je suis ton coéquipier!"

J'étais déçu: je ne connaissais pas ce type! Ce n'était donc pas l'un des enfoirés qui m'avait tabassé. Dommage... Mais la vengeance est un plat qui se mange froid pas vrai? Je l'observai de la tête aux pieds avant de hausser les épaules. Pourquoi pas...

- "On y fout? J'ai hâte de trouver cet oasis je dois dire! Je les connais toutes ou presque alors si l'une d'elle m'a échappé et qu'en plus elle est magique, je suis pressé de la trouver!"

Aussitôt dit, aussitôt fait! Nous quittâmes donc le village pour rejoindre le désert. Ne restait plus qu'à espérer que nous n'allions pas passer des semaines hors de Suna. Je voulais le quitter, soit, mais pas pour des mois! Il y avait des limites...

- "T'en veux un peu?" proposai-je en tendant ma bouteille à mon partenaire.

Avec un peu de chance il serait du genre fêtard et notre mission serait au moins amusante...

Mon partenaire semblait être du genre plutôt sympathique en fait. Et pas seulement parce qu'il avait accepté la bouteille que je lui proposais, je vous vois venir! Non, il avait même été jusqu'à dire qu'il ne m'en voulait pas pour ma décision de refuser mon grade. Pas que son avis m'importe, hein? Mais bon c'était toujours plaisant de savoir que des gens accordaient plus de valeur à l'humain qu'à une simple plaque accompagnée d'un grade. L'honneur de Suna était important, soit. Mais pas plus que le plus humble et insignifiant habitant qui y vivait! Et si certains comprenaient ça, tant mieux! Les autres, quant à eux, pouvaient aller se faire voir chez les Kumojins!

- "Bah écoute... merci!" fis-je donc par politesse. "Ça change un peu des insultes que je me prends à chaque coins de rues!"

Je lui décochai un sourire en coin avant de reprendre quelques gorgées de la bouteille qu'il venait de me rendre. Le tout en réfléchissant à l'existence de cette oasis ou non. Sanada m'avait posé une bonne question: est-ce je croyais qu'elle existait? Avant j'étais du genre à croire uniquement en ce que je pouvais voir, toucher ou sentir. Mais maintenant...

- "Je ne sais pas du tout si elle existe! Mais il y a tellement de choses bizarres dans ce monde... Alors je suppose que c'est possible, ouais! Maintenant faut encore la trouver! Je me dis que si ce n'est pas que des rumeur on pourrait peut-être en apprendre plus au temple d'Ichibi. Il y a tellement d'illuminés là-bas qu'il y aura sûrement quelqu'un qui pourra nous en apprendre plus, même s'il ne s'agit que de rumeurs supplémentaires!"

On avait pas vraiment le choix en fait. À moins de vouloir parcourir au hasard l'immensité du désert avec l'espoir de tomber dessus par hasard, il valait mieux obtenir avant tout des informations au sujet de cet oasis. Une direction, une zone... N'importe quoi pour affiner nos recherches et gagner ainsi du temps. Et puis le temple d'Ichibi est constamment rempli d'imbéciles qui vénéraient un démon alors ils auraient sûrement prêté l'oreille à des inepties telles qu'une source miraculeuse...

- "Et toi? Tu y crois?"

Quelques gorgées plus tard je me retournai vers lui avec un air goguenard:

- "En tout cas si ce n'est pas des conneries je vais me faire un plaisir d'y faire trempette! Qui sait, j'en ressortirai peut-être avec encore plus de classe naturelle!"

Nous continuâmes notre progression en direction du temple et bien vite la monotonie s'installa alors que nos pas laissaient une longue traînée dans le désert. De temps à autre un vautour volait dans le ciel ou nous croisions un scorpion qui continuaient tranquillement sa route sans nous prêter attention. Pour ma part je continuais de boire en alternant alcool et eau. Ce qui, évidemment, me força à faire une pause pour vider ma vessie. Je commençai donc à dessiner dans le sable une esquisse d'escargot.

- "Dis-moi Sanada! Tu connais Tsukikoo vu qu'elle est de ton clan je suppose? Comment elle va? Ça fait quelques jours que je ne l'ai pas vu et je me demande ce qu'elle fout..."

Elle devait sûrement être occupée par le développement de Suna...

Je partageais l'avis de Sanada sur l'oasis. Les Akuzu étaient des nomades réputés pour s'aventurer au plus profond du désert avant la fondation de Suna. Ils connaissaient comme leurs poches chaque recoin de Kaze no Kuni et je ne faisais pas exception à cette règle, étant né dans le désert. Mais je n'avais jamais entendu parler d'une telle oasis avant de recevoir cet ordre de mission et c'était tout de même étrange. Soit elle existait depuis des années et tout le monde était passé à côté sans l'apercevoir pendant tout ce temps, soit elle était toute nouvelle et avait fait son apparition depuis peu. Ce qui rendait la chose encore plus énigmatique mais également plus intéressante. Qu'en était-il réellement?

Je terminai de pisser sur le sable tandis que mon partenaire y allait de son petit commentaire sur l'alcool. Depuis quand étions nous des égaux lui et moi? L'égalité était un concept trompeur et totalement faux si vous voulez mon avis. Une idée inventée pour satisfaire les plus faibles et leur donner de l'importance. Mais il n'y avait pas d'égalité, juste des faibles et des forts. Et je doutais fortement être l'égal de ce Kawaguchi. Ou plutôt qu'il soit, lui, mon égal! Nous étions tout deux shinobis, point! Ça s'arrêtait là...

- "La modération, je ne connais pas!" répliquai-je simplement en haussant les épaules. "Et tu peux me croire quand je te dis que je suis bien plus efficace en étant saoul comme une huitre qu'en étant sobre! Et puis je suis beaucoup plus rigolo et de meilleur compagnie également. Si ça ne te plaît pas tu peux toujours faire le rapporteur et aller tout balancer à un responsable ou tenter de m'arracher la bouteille des mains! Mais ce serait stupide non puisque tu as confiance en moi comme tu le dis si bien? Alors crois-en moi et c'est tout!

La plupart des shinobis accomplissaient leurs missions avec sérieux et professionnalisme. Moi, de mon côté, je les faisais! Sans plus! Et puis je suppose que Sanada était d'accord sur un point: nous n'avions pas besoin d'être sobres pour trouver une foutue oasis qui, de toute façon, ne bougeait pas! Soit on tombait dessus, soit pas! Pas besoin de marcher droit! Et puis en marchant de travers on ratissait plus de terrain, non? Fallait toujours voir le bon côté des choses. Et puis je faisais partie des gens qui fonctionnaient à l'excès et certainement pas à la retenue! La vie, même en mission, méritait d'être vécue sans quoi on mourrait un beau jour en se rendant compte qu'on avait voué sa vie à un village qui n'avait pas fait de même en retour...

Quoi qu'il en soit il n'y avait pas la moindre trace d'agressivité dans mes propos, c'était juste des faits que je me contentais d'exposer. Quant au sujet suivant, Tsukiko, il fut plus agréable. Ainsi donc Sanada la connaissait de réputation sans pour autant l'avoir déjà croisée. Faut dire que la petite prenait du poil de la bête depuis quelques temps et s'investissait corps et âme pour Suna. Elle méritait sa renommée naissante et que les gens s'intéressent à elle pour son travail et ses qualités humaines. Mais d'un autre côté je ne pouvais pas dire à mon coéquipier d'où je la connaissais. Lui avouer nos magouilles ou parler de l'enquête à laquelle j'avais participé en sa compagnie quelques heures n'était pas vraiment une bonne chose. Parce que dans le premier cas c'était illégal et que dans le second nous ne savions toujours pas qui était le responsable de l'attaque sur les conseillers...

- "C'est une connaissance!" fis-je simplement. "On boit des verres ensemble de temps en temps et je l'aide pour quelques petites choses quand elle me le demande, ça s'arrête là!"

Le ton que je venais d'employer signifiait clairement que je n'étais pas enclin à parler davantage du sujet. Même si c'est moi qui l'avait lancé, ouais! Peut-être parce que je savais que je risquais de mettre les pieds dans le plat si je continuais ainsi. L'alcool me rendait beaucoup moins méfiant que d'ordinaire mais sûrement un peu plus agressif aussi. On peut pas avoir que des avantages, hein?

- "Bon allez, j'ai fini la pause pisse! On peut y aller!"

Nous poursuivîmes donc notre marche dans le désert en direction du temple de ce cher Ichibi. L'alcool m'asséchait la gorge et l'eau que je buvais pour contrebalancer cet état suffisait à peine. Je restai donc silencieux pendant que j'envoyais le reste de la bouteille avant de me rouler un gros pétard qui termina bien vite au coin de mes lèvres. Je partis alors dans des délires silencieux jusqu'à la fin de l'après-midi ou nous parvînmes enfin en vue de notre destination. Quelques minutes plus tard nous fûmes devant les marches qui menait au bâtiment imposant qu'était le temple. Une grande place dallée y faisait face, recouverte de stands et restaurant temporaire en tous genres. Une foule de personnes de différentes ethnies s'affairaient comme des fourmis, discutaient ou priaient. Un regroupement de fanatiques, rien de plus. Les imbéciles...

"Ichibi à toi mon frère!" fis-je en saluant un type qui nous croisa.

Ce dernier se retourna plusieurs fois pour m'observer avec un mélange de surprise et de désapprobation. Ouais, je sais: faut pas se moquer de la foi des autres! Mais bon, sérieux, ils prenaient tout au sérieux ces gens. Arrivés en haut des escaliers nous fûmes donc confrontés à un choix cornélien: s'attabler à un restaurant pour manger ou remplir notre devoir. Je me tournai alors vers Sanada:

- "On commence par chercher des informations au sujet de cette oasis? Tu vas à droite et moi à gauche ok? On se retrouve dans une demi-heure ici et on se raconte ce qu'on a trouvé! Ça te va?"

Nous nous séparâmes donc pour récolter les infos et quand je fus certain d'être assez éloigné de Sanada je pris place à la première table que je trouvai, devant un stand de nourriture.

- "Qu'est-ce que vous désirez?"
- "Du saké!"
- "Et avec ça?"
- "Ben... un truc pour pouvoir le verser dedans!"

Je savais qu'il me demandait ce que je voulais manger mais je voulais surtout boire, moi! L'autre compris qu'il ne fallait pas insister et alla chercher ma commande tandis que je prenais place plus confortablement. Rien à foutre de cette oasis, je voulais me saouler moi! Ce que je continuai à faire tout en prenant soin de ne pas me faire voir par Sanada...

Je m'étais fais un pote! Enfin, un pote... Disons que j'avais trouvé un mec avec qui boire, plutôt. Un vieillard plutôt sympathique qui devait passer le plus clair de son temps à boire vu la façon dont il avait titubé en s'approchant de ma table et poser ses fesses à côté de moi. C'était rigolo, il avait un oeil qui regardait dans une direction tandis que le second regardait ailleurs. Du strabisme je crois que ça s'appelait. Finalement j'étais content d'avoir un oeil crevé, au moins j'avais le style avec mon cache-oeil. Lui, il avait simplement l'air d'un demeuré! Mais je sais pas, j'avais un faible pour les écorchés de la vie. Peut-être parce que j'en étais également. Comme beaucoup de monde sur cette terre malheureusement...

- "Ouais l'vieux, c'est comme j'te dis! Elle est sympa et même plutôt jolie dans son genre mais ça reste quand même la cheffe, quoi! Donc faut pas trop l'emmerder si tu vois ce que je veux dire!" expliquais-je à grands renforts de gestes.
- "Et elle fait bien son boulot?" demanda l'autre, captivé par mon récit.
- "Bah ouais, sinon elle serait pas Kazekage!" répliquai-je en haussant les épaules.

Il était bête ou quoi? Ca tombait sous le sens! Même avec mon taux d'alcoolémie je n'aurais pas posé une question aussi stupide. M'enfin lui il était peut-être simple d'esprit, allez savoir. Le mieux dans ce genre de cas c'est encore de lui parler normalement sinon il va encore croire qu'on le prend en pitié. Et la pitié, ce n'était pas mon genre!

- "T'es marié?"
- "Ouais! Enfin non! Pas vraiment en fait..."
- "Comment ça pas vraiment? C'pas une réponse, ça! T'es marié ou non?"
- "Ouais mais elle est morte! On peut être marié à une morte?"
- "Bah heu... ouais, j'crois! C'est pas forcément c'qu'il y a de plus fun mais bon elle va pas s'en plaindre, hein? Nous à Suna on a aussi un papy qui adore les morts! Alors pourquoi pas deux hein? On a qu'à dire que t'es son jumeau, quelque chose dans le genre!"
- "Il est beau au moins?"
- "Non, il est tout fripé! Bon, il fait pas des ravages chez les jeunes femmes mais tu le mets dans un hospice et il fait faire des crises cardiaques à toutes les mamies j'pense! Faut dire aussi qu'à leur âge, le palpitant c'est plus très très solide quoi..."

Je remplis à nouveau nos verres et on trinqua au Nidaime cette fois-ci. Mais lorsque je portai mon verre à mes lèvres je jetai un regard à l'horloge du stand. Merde, Sanada! Je l'avais complètement oublié celui-là!

- "J'dois y aller! Ce fut un plaisir... ou presque. À plus l'vieux!"
- "C'est ça, ouais! Au plaisir!"

Je fis quelques pas en titubant, le temps que la chute de pression consécutive à mon redressement soudain soit chassée. Je remarquai alors que j'avais oublié ma bouteille. Ho nooooon! Heureusement il me suffit d'allonger mon bras pour m'en saisir alors que mon désormais ex compagnon de boisson s'irritait de la voir disparaître ainsi. Il tenta même de la rattraper mais ne réussit qu'à se casser la tronche sur le sol. Ouch! Je me hâtai ensuite de rejoindre le lieu de rendez-vous devant le temple tout en me demandant si mon coéquipier n'allait pas me passer un savon pour mon retard. Je pouvais toujours trouver une excuse bidon pour l'expliquer. Ouais, j'allais faire ça!

- "Salut! Excuse!" fis-je simplement en arrivant prêt de lui.

Je devais pas trouver une excuse, moi? J'avais presque un quart d'heure de retard quand même...

- "Heu... J'ai été retardé par un vieux qui m'a demandé de l'aide pour... heu... s'humecter le gosier! Et comme j'aime aider et une chose en entraînant une autre... Tu vois l'truc?"

Mouais, je pouvais mieux faire! Mais ça suffirait pour l'instant. Et puis je pouvais très bien parler d'eau, pas d'alcool. Je me rendis alors compte que j'avais ma bouteille toujours en main et je me hâtai de la glisser dans mon dos comme si ça avait pu changer quelque chose. Sanada partagea alors les informations qu'il avait pu récolter. Ainsi donc cette source se trouvait à environ cinq kilomètres et pour que l'eau fasse effet il fallait apporter avec soi la chose la plus précieuse qu'on possédait. Yami? Ha ben non c'est pas une chose! Bon ben à part elle j'avais peut-être Malaise. Ce présent de Takusanken avait beaucoup de valeur à mes yeux mais je n'allais certainement pas me baigner avec un katana. Faut pas pousser! Ni même offrir un cadeau à une réserve de flotte sous prétexte qu'elle était magique! Pis quoi encore? Elle en ferait quoi de mon sabre, hein?

Vint ensuite le tour de partager les informations que j'étais sensé avoir trouvées. Là j'étais bien embêté parce que je n'avais pas questionné la moindre personne. Mais vu que j'étais déjà en retard et que ça passait certainement mal, j'allais pas en plus avouer que j'avais passé le temps imparti à me saouler. Naaaaan, je devais trouver autre chose.

- "Alors j'ai interrogé pleeeeeiiiiiinnnn de personnes mais le soucis c'est qu'elles faisaient toutes partie d'une sorte de pèlerinage pour sourds-muets alors tu t'en doutes mais j'ai pas mal galéré pour communiquer avec eux..." fis-je en tentant un rire amusé. "Mais j'ai quand même pu obtenir une information digne d'intérêt! Attention t'es prêt?"

Je fis volontairement planer un instant de silence pour faire un peu monter la pression avant de reprendre:

- "Il paraît que cette oasis a une source d'eau, évidemment! Mais pas seulement! Et c'est là que ça devient intéressant: il y aurait aussi des palmiers tout autours! Mais attention pas n'importe lesquels! Noooooon! Des beaux et grands palmiers, pas ces espèces de petits trucs qu'on trouve d'habitude!"

Je sais pas pourquoi mais j'eus l'impression que mon coéquipier ne croyait pas du tout ce que je lui disais et encore moins que j'avais été à la pêche aux informations. Pourquoi? J'étais convainquant, non? Peut-être que Sanada avait tout simplement un don pour déceler le mensonge, allez savoir...

- "Bon j'ai la dalle! On mange un truc et on part demain matin à l'aube? On peut louer des couchettes pour une modique somme par ici! Comme ça on sera au taquet pour se rendre à cette oasis, ok?"

De toute façon je ne lui laissais pas vraiment le choix! C'est donc d'une démarche digne du Suiken que je m'enfonçai dans la foule clairsemée et m'écrasai contre une demoiselle que j'envoyai au sol.

- "Shinobi en mission! Vous pouvez pas faire attention, ouais? C'est compliqué de regarder devant soi ou vous faites partie d'un groupe de pèlerins aveugles?"
- "Excusez-moi monsieur! Mais je suis bien aveugle, oui..."

Sérieux? Je me penchai en avant et passai plusieurs fois ma main devant ses iris pastelles comme pour m'assurer qu'elle était bien ce qu'elle prétendait être. Je compris rapidement que c'était le cas.

- "Et alors? C'pas une raison! Vous avez qu'à prendre un chat d'aveugle! Que je vous y reprenne plus!"

Non mais c'est vrai quoi! Ils se croient tout permis ces gens-là! On trouva finalement un stand qui n'était pas trop cher et presque vide. Peut-être que c'était à cause de la nourriture qu'on y servait... Quoi qu'il en soit on s'y installa et je commandai rapidement une nouvelle bouteille de saké avant de poser ma tête sur mes deux mains jointes. Je commençais à avoir le tête lourde et j'allais bien dormir moi ce soir...

On passa également commande pour notre repas et mon choix se porta rapidement sur des boulettes de viande frites dans de la graisse! J'aimais ça, les boulettes de viande! Par contre je n'avais plus un sou en poche et j'allais devoir compter sur la générosité de mon nouvel ami Kawaguchi pour me payer tout ça! Peut-être que je devrais lui dire en fait? Non, c'est mieux de lui faire la surprise tout compte fait...

- "Bon en attendant qu'on ait un truc à se mettre sous la dent partage cette bouteille avec moi!" fis-je en le servant. "Allez dis-moi tout! Tu fais quoi dans la vie? Bon Shinobi, je sais! Mais à part ça? Une passion particulière? Tu peints des trucs ou une connerie du genre? J'veux tout savoir! Même tes secrets les plus inavouables!"

Pas vraiment en fait... Mais comme qui disait, faut savoir entretenir une discussion...

Mon coéquipier n'avait pas touché à son verre de tout le repas. C'était pas cool! Je comprenais son rejet de l'alcool et ses arguments pour l'expliquer mais bon on pouvait bien se lâcher un peu de temps en temps n'est-ce pas? M'enfin s'il avait besoin d'un coup de main j'allais me faire un plaisir de le lui donner. L'interrogeant du regard pour m'assurer qu'il n'en voulait bel et bien pas, je me fis un devoir de le vider à sa place pendant qu'il me parlait de ses passe-temps. Rien de bien exceptionnel en soi: lire, se renseigner sur ses ancêtres et regarder du sable. Lui, il était quand même sacrément dérangé dans son genre! Je me fichais des deux premiers points, mais... regarder du sable? Qu'est-ce que ça avait de cool, hein, du sable? Enfin... C'était un Kawaguchi et les Kawaguchi c'est de toute façon un peu bizarre...

- "Ha, je vois... En effet ça n'a pas l'air très passionnant tout ça... Mais si tu es heureux ainsi je suppose que c'est l'essentiel hein?"

Il me demanda ensuite de lui parler de moi en retour. Faut dire que ma vie n'était pas non plus des plus passionnantes et que les rares choses qui l'embellissaient, je ne pouvais pas lui en parler. Pas que j'en avais honte ou quoi que ce soit dans ce genre-là mais je ne lui faisais surtout pas assez confiance pour lui parler de mes petites magouilles illégales. Je venais à peine de le rencontrer après tout! Et vu comme il était porté sur le règlement il valait mieux éviter de trop lui en dire...

- "Bah ma vie n'est pas exceptionnelle non plus! J'essaie surtout de pas finir en taule et de gagner de quoi vivre confortablement. Mais je ne suis pas un pro des missions et j'essaie d'en faire le moins possible. Sinon je passe pas mal de temps dans les bars ou les salles de jeux! Je crois que je suis un bon vivant dans mon genre..."

Voila, je crois que j'avais dis l'essentiel... Ha non merde!

- "Je suis accessoirement l'un des élèves de la Kazekage avec Yami et Oniri! Tu les connais? Ce sont des shinobis talentueuses et plus puissantes que moi, ça c'est sur! Remarque dans le cas de la deuxième ce serait sympa de pas lui en parler! Elle a déjà suffisamment la grosse tête sans en plus en rajouter une couche..."

Là j'avais fait le tour je crois... Si l'on excepte le fait que j'avais recruté des enfants pour me servir d'informateurs, que j'arnaquais les gens avec Tsukiko ou encore que j'envisageais d'acheter le heaven's night de manière plus ou moins illégale. Il y avait aussi mes combats clandestins ou le fait que j'ai volé la statue de Kioshi avec Not's. Mais, comme dit précédemment, je ne faisais pas encore assez confiance à mon partenaire pour partager ces informations avec lui.

Le repas se déroula calmement, sans plus. J'étais tombé sur un type qui était plutôt sympathique mais qui ne portait pas en lui ce que j'appelais le feu sacré. Ce petit plus qui en faisait quelqu'un de déluré. Ce n'était pas plus mal, remarquez! Je préférais être accompagné d'un type qui avait la tête sur les épaules qu'un autre larron en foire. Sans quoi on aurait eu du mal à mener cette mission jusqu'à son terme. Bon heureusement il n'y avait pas tant de bars que ça dans le désert. Sans quoi on se serait encore lancés dans un barathon ou une joyeuseté du genre...

- "Ha mais je ne pars pas maintenant hein?" répondis-je quand Sanada dit qu'il était temps de partir. "Je compte bien passer la nuit ici, comme je te l'ai dit juste avant! Il fait sacrément sombre ce soir et j'ai besoin de repos de toute façon. Je suis fourbu après une journée de marche dans le désert et puis on risquerait de passer à côté de l'oasis sans s'en rendre compte. Sans parler du froid... Tu peux faire ce que tu veux mais je ne fais pas un pas de plus dans le sable avant d'avoir pris une bonne nuit de sommeil mon pote!"

Libre à lui de m'accompagner ou non! Après tout nous n'étions pas mariés et s'il désirait prendre les devants et se rendre à l'oasis, grand bien lui fasse. Je le remerciai néanmoins pour le repas qu'il venait de m'offrir un peu contre son gré avant de me rendre dans le dortoir qu'on mettait à disposition des pèlerins. Convaincre le responsable que nous étions des shinobis et ainsi obtenir le gîte gratuitement ne fut pas chose aisée mais à force de la saouler - littéralement - on obtint donc gain de cause. Je me glissai rapidement sous les couvertures et fermai l'oeil avant de ronfler comme un sourd...

<===<>===>

J'avais une sacrée gueule de bois au réveil et je m'empressai de guérir le mal par le mal en prenant de longues gorgées d'alcool d'une bouteille que j'avais fais apparaître grâce à un sceau. Je pris tout de même le soin de manger un bout de pain et me forçai à boire du jus de fruit avant qu'on reprenne la route. J'attendis mon coéquipier au bas des marche du temple en me fumant une clope et lorsqu'il arriva je lui adressai un signe de la main en guise de salutations:

- "Yep! Ça va bien dormi? Allez allons-y! Avec un peu de chance on sera de retour à Suna avant la nuit si on se dépêche et qu'on trouve rapidement cette oasis!

Le soleil commençait à peine à inonder l'océan de sable de notre pays et si notre but se trouvait bien à environ cinq kilomètres du temple nous y serions relativement rapidement. Nous prîmes donc la route et la direction indiquée la veille à Sanada et heureusement que ce dernier était là car j'avais complètement oublié ce qu'il m'avait dit à ce sujet. Quelque chose me perturbait aussi: devoir amener l'objet le plus précieux pour bénéficier des vertus sensées être miraculeuse de l'eau. Depuis quand les choses sacrées s'embarrassaient de ce genre de détails?

- "En fait c'est quoi l'objet le plus précieux que tu possèdes? Moi je crois bien que c'est ce katana!" fis-je en désignant Malaise dans mon dos. "Mais c'est hors de question que je le donne à qui que ce soit, tu peux me croire! Oasis magique ou pas!"

J'étais curieux de savoir à quel objet un homme qui passait son temps à observer du sable pouvait tenir. Peut-être un sablier ou quelque chose dans le genre? Tout en parlant nous poursuivîmes donc notre route avec l'espoir que les informations qu'on avait obtenues étaient fondées et que nous ne nous étions pas fait avoir par un petit rigolo...

Sanada m'avait exposé le fruit de sa réflexion nocturne. Ainsi donc il pensait que celui qui lui avait parlé de l'oasis était un bandit? Il ne fallait pas trop se fier à l'apparence des gens lorsqu'il s'agissait de s'en faire une opinion. Comme certains aiment à le dire: l'habit ne fait pas le moine. De mon côté je réservais mon avis pour l'instant. Je n'avais pas vu l'intéressé et je ne pouvais que faire des hypothèses. C'est vrai que c'était étrange qu'on nous demande d'amener l'objet le plus précieux que l'on possédait mais après tout la religion et les croyances demandaient souvent nombre de sacrifices à leur fidèles. Et vous savez quoi? La plupart du temps ils étaient pécuniers, ces sacrifices!

- "Ouais, c'est possible!" me contentai-je donc de répondre en haussant les épaules. "On verra une fois sur place! S'il s'agit bien de bandits on leur défonce la tronche et pis voilà!"

Ouais, j'étais pas du genre à me torturer l'esprit et à échafauder des plans pour chaque situation. Je me contentais de voir venir et à réagir en conséquent. Certains trouvaient que ce n'était pas digne d'un shinobi et j'étais plutôt d'accord avec eux. Mais je ne me considérais pas comme un ninja modèle, loin de là! Je me contentais de vivre et d'appréhender un problème après l'autre. Et jusqu'à maintenant ça ne m'avait pas trop mal réussi. Enfin, presque...

Je tournai la tête vers mon partenaire alors qu'il m'expliquait que son bien le plus précieux était le sable. Sérieux? C'était bizarre quand même! Déjà parce qu'il appartenait à personne, le sable! Je m'étais attendu à peu près à tout comme réponse mais certainement pas à ce qu'il désigne ces petits grains qui s'accumulaient par milliards dans le désert. En fait, c'était le désert maintenant que j'y pense. Je constatai assez rapidement qu'il pensait ce qu'il disait et lui décochai une tape amicale dans le dos en lâchant un rire communicatif.

- "Elle est bien bonne celle-là!" m'exclaffai-je. "Le sable... Quel rigolo tu fais quand même! Comme si ça avait de la valeur, ce truc! Du sable..."

Finalement il avait quand même de l'humour ce Sanada. Bon il était un peu pince sans rire mais c'était toujours ça de pris! J'étais assez curieux de voir la tronche d'un éventuel bandit lorsqu'il lui sortirait ça! Ceci dit c'était pas bête comme idée! On aurait qu'à leur donner des trucs sans importance pour éviter de payer trop cher. Qu'est-ce qu'ils pouvaient en savoir de ce qui avait le plus de valeur à nos yeux, hein? C'était un excellent moyen de garder ce qui nous tenait à coeur et de se taper une bonne barre de rire...

On marcha un peu plus d'une heure pour parvenir à cette fameuse oasis. Elle était en effet très petite et camouflée par de hautes dunes qui la ceinturaient. Fallait vraiment connaître son existence pour tomber dessus et si je n'avais pas allongé mes jambes régulièrement pour prendre de la hauteur sur les environs, on aurait sûrement pu passer à côté en sachant pourtant qu'elle se trouvait dans le coin. Comme quoi le désert réservait parfois bien des surprises...

Quelques tentes étaient dressées à quelques mètres de cette source miraculeuse et plusieurs personnes semblaient camper dans le coin. Des personnes armées, par ailleurs! Deux d'entre elles vinrent d'ailleurs à notre rencontre en posant explicitement la main sur leur sabre. Une sorte d'avertissement silencieux, sans doutes...

- "Halte voyageurs! Nous gardons l'oasis sacrée!"
- "Pourquoi?"
- "Pour éviter qu'elle soit souillées par les premiers infidèles venus!"

Mouais, ça se tenait. Enfin après il fallait voir qui leur avait donné ce rôle de gardiens et de quel droit ils pouvaient décider qui était digne de se baigner dans ces yeux ou non.

- "Et comment faire pour profiter des vertus de cette eau?"
- "L'oasis est ouverte à tous ceux qui souhaitent obtenir félicité, santé et dont les intentions sont pures! Toutefois nous demandons une modeste contribution aux voyageurs afin de pouvoir entretenir les lieux!"
- "Normal! Quel genre de... contribution?"
- "Et bien ce que vous désirez! Nous comptons évidement sur votre générosité et votre bon sens, ça va de soi..."
- "Ça va de soi, oui..." répétai-je avec un léger sourire au coin des lèvres.

Sauf que moi, le bon sens, ce n'était pas vraiment ce qui m'étouffait. Je fouillai rapidement dans mon sac pour en tirer une bouteille vide, celle que j'avais vidée en chemin jusqu'à l'oasis. Ouais, ça devrait faire l'affaire! Je la brandis comme un trophée avant de la glisser dans les bras de l'un de ces gardiens avec un mélange de délicatesse et de fermeté.

- "Ceci est la bouteille sacrée de Ravajpoutala!" annonçai-je fièrement. "On dit qu'elle contenait un démon d'une grande puissance avant qu'il soit libéré par mon arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père! Un sacré coquin celui-là! Quoi qu'il en soit elle a énormément de valeur! Nous nous la sommes transmise de générations en générations jusqu'à maintenant et c'est avec la plus grande conscience que je vous la remet aujourd'hui! Je la sais entre de bonnes mains! Sur ce..."

Je me glissai entre les deux hommes en espérant qu'ils ne prêteraient pas trop attention aux quelques gouttes d'alcool qui baignaient dans le fond de ce pseudo-artefact. J'entendis le bruit de deux sabres qu'on tirait de leurs fourreaux et j'eus donc ma réponse. Je fis comme si je n'avais rien entendu et laissai le soin à mon partenaire de régler ce petit soucis. J'avais envie de piquer une tête dans cette flotte, moi!