[hrp] cette mission se passe alors qu'Ozuka était encore à Kumo [hrp]

Spoiler:

-Enchanté de vous rencontrer, euh, chère Kunoïchi, je suis content que votre village ait répondu à ma requête en vous envoyant, vous savez…

Je marche au milieu d’une serre accompagnée d’un homme plus bavard qu’un gamin trop curieux, je n’écoute plus ce qu’il dit depuis longtemps, mais je garde ce perpétuel sourire de politesse, comme si j’étais ravie d’écouter ses paroles. De temps en temps je me penche sur une fleur d’un rouge éclatant, ou bien sur une autre multicolore, faisant semblant d’humer et de contempler leur splendeur. Cela fait trente minutes que je suis là et j’ai déjà l’impression qu’il me parle depuis des heures, n’arrivant même pas à dissocier ce lieu de sa voix de petit bonhomme rond et guilleret. Je crois que j’aurais du mal à imaginer cette serre sans ce fond sonore en fait. Depuis le début il ne me parle que de sa vie ou bien de plante, mais il ne me parle pas de son projet sur les fleurs de cerisier, est-ce qu’il sait au moins pourquoi je suis là ? Non mais regardez-le, totalement insouciant du danger qui le menace, cela m’étonnerais fort que ce soit lui-même qui ait demandé à ce que l’on s’occupe de garder ses travaux :

-Akira ! Te voilà enfin, je te cherchais partout, je te présente la kunoïchi Hakushi Ozuka qui se chargera de la protection de mes recherches pendant les prochaines heures. Demoiselle je vous présente Akira, mon fidèle collaborateur, c’est lui qui s’occupe de toutes l’administration, il est très organisé et doué dans son domaine.

D’un bref regard je le scrute de la tête aux pieds, grand et fin, il a de fins cheveux bruns qui retombent sur son visage cachant ses sourcils. Plutôt froid aux premiers abords, il se tient aussi droit qu’un piquet, portant à la main un dossier :

-Enchanté, dit-il d’un ton aussi froid que le murmure glacial d’un vent du nord, si vous voulez bien, je vais vous parler de ce en quoi consiste plus particulièrement votre travail durant votre court séjour ici.

Il m’invite donc à le suivre, abandonnant au passage l’herboriste, qui semble partit à nouveau en béatitude devant ce qui pourrait passer pour une vulgaire pâquerette pour mes yeux néophytes. Il me guide entre les plantes et autres êtres vivants immobiles qui règnent ici. Rapidement nous sortons de la serre pour nous diriger vers le laboratoire qui la jouxte. En chemin il en profite pour me parler toujours sur un ton froid et direct, mais tout de même un peu moins coincé du cul ce qu’il avait utilisé pour échanger les premiers mots :

- excusez-le, une fois qu’il parle de plante on ne l’arrête plus… Bien, vous savez pertinemment pourquoi vous êtes ici ? Je vais vous mener à ces précieux documents en question pour que vous voyiez où ils se trouvent. En fait vous avez dû vous en rendre compte, mais le professeur n’a pas un véritable sens des réalités, c’est moi qui aie demandé à ce que l’on charge un shinobi sur l’affaire et je dois dire que je suis plutôt soulagé de vous voir.

Tu parles que t’as l’air soulagé, t’es toujours aussi froid, niveau mensonge va falloir faire des progrès mon petit, je suis sûr que tu caches quelque chose, je ne vais pas tarder à le savoir, mais tu n’as pas l’air très net en tout cas.
Pendant qu’il parlait nous étions rentrés dans le laboratoire, une vaste pièce blanche incroyablement bien rangée, tout l’inverse du bordel monstre que j’imaginais. La pièce est incroyablement lumineuse, il y a des paillasses partout contre les murs sur lesquels se trouvent quasiment que des fenêtres. Certaines de ces immenses plans de travails contenant des microscopes, d’autres des ballons à distiller posés sur des réchauds contenants quelques liquides en ébullition. Chaque tiroir possède une étiquette où l’on peut voir inscrit « pipettes » ou bien « colorants» entre autres. Sur les rares pans de murs où il n’y a pas de fenêtre se trouvent de grands posters où sont représentés de nombreuses plantes aves leurs noms scientifiques juste en dessous, et sur le mur opposé à la porte d’entrée une immense bibliothèque avec un nombre incroyable d’ouvrages en botaniques :

-Venez c’est par là, me dit-il en indiquant cette même bibliothèque, vous savez ces recherches sont vraiment très précieuses pour le pays de Yuki no Kuni, j’espère qu’elles arriveront à leur terme avant que les menaces que nous avons reçu ne nous tombent dessus.

Il s’approche de la bibliothèque, tends le bras, attrape un livre et le tire lentement vers lui jusqu’à ce qu’un clic s’entende et qu’il ne puisse plus l’amener à lui. Un bruit d’engrenage émane de la bibliothèque qui pivote sur elle-même dans un grand grincement, laissant apparaitre un laboratoire secret, mais contrairement au précédent, dans un bordel inimaginable. Avec des instruments, des articles, des plantes et des liquides de toutes sortes entassés les uns sur les autres. La pièce est très sombre, il y est très dur de distinguer ce qui se trouve juste devant soi.
Mon guide s’avance, puis attrape une pile de dossier au milieu d’un tas presque quelconque et me la tend :

-Voilà l’ensemble des recherches, il n’en existe aucune copie, elles sont gardées ici, pièce secrète du laboratoire, normalement personne ne peut s’y introduire, mais nous ne sommes jamais assez prudent…

Je la feuillette entre mes doigts, passant rapidement mon regard entre les feuilles, sans trop prêter attention au contenu, mais surtout à la forme, au nombre de feuille, ce à quoi elles ressemblent, je les examine tout particulièrement, puis vérifie que l’homme qui m’a accompagné jusque ici ait le dos tourné, occupé à ranger un ou deux classeurs pour faire une petite manipulation toute simple et qui pourtant pourrait bien me sauver la mise sur ce coup…

-C’est bon j’ai fini de le regarder, dis-je en tendant le dossier à l’individu, qui s’empresse de le poser exactement au même endroit d’où il l’avait pris pour me le passer.

-Bien alors puisque tout est bon, je vais devoir vous laisser faire votre travail tandis que je retourne au mien, je vous souhaite une bonne chasse…

Oui c’est ça… Je regarde l’horloge accrochée au mur et je vois qu’il est à peine six heure du soir, bref je sens que cette nuit va être longue, très longue même, voire ces prochains jours si rien ne se passe…

Je regarde l’horloge, vingt-trois heures, cinq heures que je poireaute ici, que je me balance nonchalamment sur une chaise au centre du laboratoire, regardant tous ces flacons multicolores et ces fleurs de cerisier précieusement conservées dans sur des feuilles d’herbiers accrochés aux murs. Je sens un léger poids qui remonte petit à petit dans mon dos avant d’apparaitre avec son petit museau couvert de fines moustaches, un petit rat qui fait partit de la dizaine que j’ai invoqué il y a de ça près de deux heures alors que je trouvais le temps vraiment trop long. Je tends mon bras pour qu’il puisse venir se caller confortablement sur ma main afin de le caresser de manière rêveuse. Et tandis que mes doigts glissent le long de son pelage doux, je laisse lentement mon esprit vaquer à d’autres occupations que celle qui m’incombe actuellement, me permettant ainsi une petite pause bien méritée.
Soudain le rongeur s’agite, remue frénétiquement la tête à la recherche d’une odeur ou d’une présence qui vient d’attirer son attention me faisant irrémédiablement revenir à la réalité, sombre et silencieuse de la nuit qui s’est installée depuis un petit moment.
Même si je ne sens rien, je peux faire une confiance aveugle à la petite troupe d’animaux qui eux possèdent un odorat bien plus développé que le mien et qui sont capables de communiquer entre eux sans que qui que ce soit ne s’en rende compte. Ainsi sur ce signal d’alerte je ne change pas véritablement de comportement, dans le but de feinter un éventuel assaillant, mais je scrute attentivement chaque coin de la pièce, jetant de temps à autres de légers regards à mes petites sentinelles de l’ombre placés à divers endroits du laboratoire :

-Bonsoir !

La voix, bien qu’inattendue, ne me fait pas sursauter le moins du monde, et je la reconnais si aisément que je n’ai pas besoin de tourner la tête pour savoir de qui il s’agit et que sans bronche rje lui réponds machinalement :

-Bonsoir Akira ! Avez-vous du mal à trouver le sommeil ?

-Non je n’ai pas le temps de le chercher, j’ai encore beaucoup de travail à faire, je passe juste vérifier que tout se passe bien et récupérer quelques dossier que je dois trier.

Dans ma main le rat s’agite de plus en plus, comme surexcité, il semble capter quelque chose que je ne peux percevoir, quelque chose de néfaste qui s’approche lentement mais surement, une chose qui le fait de plus en plus s’agiter dans ma main jusqu’à le faire remonter sur mon torse venant se blottir tout contre moi :

-Quelque chose ne va pas ? Me dis-alors l’homme toujours aussi froid et peu avenant qui entre temps avait trouvé le loisir de s’approcher de moi.

-Je pense que c’est moi qui devrait vous poser la question très cher, vous ne semblez pas très bien ce soir.

En effet sa voix, même si je ne l’avais pas tant entendu que cela, semblait plus sourde mais aussi plus pressée que lors de nos précédents échanges, comme sous l’effet du stress ou bien de l’excitation que l’on tente tant bien que mal de camoufler à autrui. Il ne prend cependant pas la peine de me répondre, tandis que le rongeur lui ne se tient même plus au calme alors qu’il est tout contre moi et quand je sens qu’il n’en peut plus, celui-ci se jette en arrière, profitant de mon épaule comme d’un formidable appui pour bondir et se projeter contre la menace directe qui se trouvait alors dans mon dos.
Un léger cri de surprise se fait alors entendre tandis que je vois au bout de quelques minutes ma petite invocation courir ventre à terre sur le sol allant se réfugier dans un coin du laboratoire :

-On a peur des rats Monsieur Akira ? En tout cas je peux vous assurer qu’eux ne vous aiment pas !

Et je fais lourdement retomber ma chaise sur ses quatre pieds, arrêtant de me balancer, afin de me lever et de faire face à l’homme, ou si je puis dire, à cet individu qui se fait passer pour un homme en essayant de m’avoir dans le dos. Il se trouve à même pas cinq mètres de moi, empoignant dans la main droite un Kunaï et dans la gauche le dossier complet sur les recherches du professeur je raconte ma vie :

-Dites-moi honnêtement que vous n’avez pas cru une seconde que vous alliez me berner avec toute votre mascarade du bon collègue qui sacrifie tout son temps aux recherches de son patron et qui n’en tirera jamais le moindre profit alors qu’il se tue presque à la tâche. Dites-moi, cela fait combien de temps que vous mentez à cet homme qui semble pourtant vous porter beaucoup d’estime ? Mais surtout une question me titille, pourquoi avoir demandé l’aide d’un shinobi du village de la foudre à ce moment-là ? Pourquoi ne pas tout simplement subtiliser les données et partir sans encombre ?

Il me regarde alors d’un regard plein de haine, comme s’il croyait que ce serait ainsi qu’il pourrait me tuer ou bien ne plus avoir à faire à moi. Non, me regarder ainsi ne changera pas grand-chose à ses problèmes, par contre cela le fera passer pour un imbécile incapable de venir à bout d’une femme alors qu’il tentait de l’avoir dans le dos :

-Contrairement à ce que vous avez dit, oui j’y ai bien cru, mon plan allait fonctionner à la perfection si vous n’aviez pas eu cette chance avec vous. Sinon cela ne fait que quelques jours que je mens à mon maître, alors que cela fait presque deux semaines que j’ai envoyé la demande auprès du village de la foudre. En effet nous avions reçu des menace de la part d’un pays en particulier, et pendant un moment j’ai vraiment craint à une éventuelle attaque, puis il y a trois jours j’ai reçu une lettre de ce même pays, me promettant une jolie somme et un travail de shinobi si je leurs rapportait le dossier et que par la même occasion je vous éliminais, prouvant ainsi ma valeur, chose que je compte bien faire ici et maintenant !

Après une telle réponse mon regard se durcit légèrement, mon visage garde la même expression neutre, voire souriante de la situation, mais mes sourcils froncent petit à petit, avant que je ne sorte mon wakisachi et ne dise :

-Je crois que vous n’avez pas bien compris que devenir shinobi ne s’improvisait pas, cela demande beaucoup de temps et de travail, mais cela demande aussi une chose qui vous manque cruellement et qui s’appelle une paire de couille ! Mais cela vous allez l’apprendre à vos dépends malheureusement et ce dès maintenant.

L’homme semble surpris à ma réaction, ne comprenant pas trop pourquoi je lui dis ça alors qu’il peut fuir maintenant avec le dossier en main. Je crois qu’il ne réalise pas trop ce que signifie être un shinobi et je vais lui en faire une démonstration. D’un seul mudra je transforme le dossier en un simple tas de feuilles blanches et vierges, qui suite à un second mudra s’activent pour exploser car étaient aussi des notes explosives. L’explosion projette sur les murs tout un tas de débris et autres projectiles rendant à la pièce un état chaotique, chose inhabituel pour un laboratoire.
Plus une seule trace du pauvre homme qui s’est alors éparpillé aux quatre coins de la pièce, et c’est état me rappelle l’air d’une chanson toute particulière qui s’illustre magnifiquement bien ici…

-Akiraa, Akiraa, toi qui voulais voyager te voilà éparpillé ! Akiraa, Akirra, toi qui a pris le pari de partir en confetti ! Dis-je en tirant le véritable dossier d’un pan de ma tenue de shinobi et me retournant vers la sortie du laboratoire.


Une semaine plus tard…

-… je vous remercie de votre attention et je reste entièrement disponible si vous avez la moindre question

Une ovation commence alors pour le scientifique qui se trouve au centre d’une estrade face à une assemblée unanime et enthousiaste pour les projets de l’homme. A l’écart, je contemple la scène avec un léger sourire, la présentation terminée, le projet mené à bien, ma mission prend donc fin ici même. Mais avant de partir l’homme guilleret tenait à me parler une dernière fois, alors je l’attends sagement.
Quand il me rejoint finalement après un bain de foule plus qu’éreintant, il sort de sa sacoche emballé précieusement, un petit coffret qu’il me donne d’une main presque fébrile en me disant :

-En plus de la paie que vous allez avoir, j’aimerais vous remettre ceci, c’est ce pourquoi j’ai passé tant de temps ces dernières années, j’espère que cet humble présent vous plaira…

Puis il s’en retourne auprès de ses confrères scientifique tandis que je découvre alors son présent, une fleur de cerisier, mais pas n’importe laquelle, celle qu’il a créé lors de son expérience, une fleur de cerisier qui ne fanera jamais, qui gardera toujours son éclat et sa beauté !