Redevenir un ninja lambda était une chose bien banale. Indisponible pendant la guerre, je devais effectuer le travail de 10 Shinobis par jour. Mon état mental avait été jugé trop instable pour pouvoir participer à cette orgie sanguinaire. Cependant, je n'étais pas trop triste de cela, j'étais plutôt inquiet pour mes semblables, surtout pour Pô. Le Leader officieux des Gekei était donc au combat et je n'étais même pas là pour le défendre. Tant pis, je n'y pouvais rien. Sans broncher, j'accomplissais une à une les ridicules missions normalement réservées aux étudiants. À moi les joies du nettoyage, des corvées, de la plonge, etc... Aujourd'hui, j'étais convoqué à aider de nombreux commerçants. Les civils avaient peurs et bondaient les commerces avec pour objectif de faire des provisions. Cette démarche lacunaire était pourtant logique. Je devais commencer par aider le boucher de l'Ouest. Sur place, je pris la parole :

- « Bonjour, je suis le Shinobi de Kiri qui est censé vous aider. Que dois-je faire ? »
- « Le porc à découper puis le bœuf puis la volaille puis il faut extraire la chaire à saucisse ! Vite ! »

Hum... Un vocabulaire plutôt limité. Les clients s’affolaient dans la petite boucherie de quartier, c'était une véritable fête de la viande. Malheureusement, je n'étais pas ici en tant qu'acheteur mais, en tant que ninja qui avait pour objectif de découper de la viande. Pour une fois qu'un Kirijin allait pouvoir trancher de la viande en mission de rang C, c'était une aubaine! C'est ainsi que pendant une partie de l'après-midi, je devins le sauveur des consommateurs de viande. Je ne vais pas inventer une histoire abracadabrante, couper de la viande, c'est facile ! Extraire la chaire d'une saucisse, c'est long mais, c'est aussi une chose simple. Une fois le travail terminé, le boucher s'exprima avec sa célèbre amabilité :

- « T'es pas mauvais ! T'as bien bossé pour un gosse de Kiri ! »

Je sortais donc du commerce avec l'impression d'avoir réalisé une bonne partie de ma mission, il était maintenant temps de se rendre chez le fleuriste.

Chez le fleuriste, je fus surpris de constater que le magasin était bien attaqué par des femmes. Mais, pourquoi ? En guerre, je pouvais bien comprendre que des gens collectent des armes et de la viande. Cependant, j'étais incapable d'imaginer à quoi pouvait servir des fleurs en pleine guerre. Malheureusement, je n'étais pas suffisamment incorrect pour le demander directement aux femmes étant en train d'acheter dans le magasin. Mon travail allait être prestigieux, je devais tout simplement assembler les fleurs, tailler les roses, embellir les bouquets de babioles inutiles et surtout, répondre sympathiquement aux clientes. M'occuper des fleurs était vraiment embêtant. Le plus désespérant fut de répondre aux clientes, j'avais le droit aux « comment conserver mes fleurs pendant quelques jours », « combien de temps faut-il pour qu'elles s'ouvrent ? », etc... Une fois le travail terminé, j'eus le courage demander au fleuriste :

- « Mais, pourquoi le magasin est tant submergé ? Sans vouloir vous offenser, vous ne vendez que des fleurs, ceci n'est pas utile pour le combat. »

Le gars semblait désespéré et me regardait avec un air un peu triste. Il soupirait pour ensuite répondre :

- « Votre guerre n'est pas qu'un symbole de survie et de peur pour les civils. Ils sont les premiers à vous supporter, les premiers à faire attention à vous. Ces fleurs, elles sont destinées à la sépulture des ninjas partant en guerre. Sur ce papier où est marqué le nom des participants, les femmes y placent des fleurs à son pied avec comme attente de voir vos noms être effacés. Tu as bien travaillé jeune garçon, bonne journée et bonne chance ! »

C'était terminé, il était dorénavant tant de se rendre chez le forgeron.

Une fois chez le forgeron, je constatais l'importance des armes. Les clients n'étaient pas nombreux mais, le travail était monstre. Effectivement, l'homme se devait de créer un maximum d'armes pour les ninjas en guerre. Il ne devait pas manquer de Kunai ou bien de Shurikens, c'était évident. Pour cette raison, l'homme réalisait son travail avec hargne, il n'hésitait pas à mettre ses forces au bien de Kiri. Ce village unissait les gens sous un seul idéal. Malgré ça, je me sentais à part en tant que Gekei, nous étions tant détestés lorsque les gens connaissaient nos noms. Je pris la parole :

- « Je suis Gekei Soranamida, je suis ici pour vous aider à réaliser votre travail. J'espère que notre collaboration sera bonne. »

Sans me répondre, l'homme pointait du doigt l'atelier voisin. Il faisait si chaud ici, j'allais devoir travailler pour un homme incapable de parler. Ce gars semblait être un ancien ninja, son corps était abîmé et les cicatrices jasaient sur sa figure, comme moi. À plusieurs reprises, il critiqua mon travail et ma façon de faire, il fut vraiment désagréable. Alors que je venais tout juste de sortir un sabre du feu, il prit la parole :

- « Mais, ça ne va pas !? Tu es fou ? Tu laisses refroidir ton arme ? Tu te rends compte qu'elle va servir pour des combats ? Tu dois être vigilent et faire attention. Cet arme pourrait causer la mort d'un Kirijin si elle est mal affûtée. J'ai besoin de toi pour faire un travail correct et non pour faire de la merde ! »

- « Tu dis ça parce que je suis Gekei !? Enfoiré, ton travail sera parfaitement fait, tu le verras ! »

Je redoublais d'efforts afin de lui montrer la force et la persévération d'un Gekei. La fin de journée fut difficile mais, possible. Le travail terminé, je sortais du magasin sans un aurevoir, l'homme m'interpella avec une arme à la main :

- « Tu m'énerves p'tit gars. Je n'ai rien contre les Gekei, je me fiche des conflits familiales. Prends ce sabre, ton travail a été bon après ton spitch. Parfois, il suffit d'un peu de haine pour s'améliorer, reviens à l'occasion. »
- « Merci et... désolé, je m'emporte trop vite. »

Je prenais le sabre tout en saluant l'homme. Direction le bureau administratif pour confirmer que mon travail ait été effectué.