Kadoria Urio. Ce nom... Un gars qui au début de ma chétive carrière de Shinobi me parassait un homme juste, et un bon dirigeant. J'étais bien naïf a l'époque. En fin de compte, c'est une crapule. Comme tous les dirigeants. Un gars pourri, qui ne pense qu'a obtenir de la force, de l'influence, a soit disant "préserver son pays". Mais j'en avais marre, marre de lui… Comme de ce monde, de ce pays, de cette guerre, qu'il avait entammé. Pourquoi ? Pour montrer que Kumo est fort, qu'il n'est pas chétif qu'il n'en a l'air, ce patelain. Résultat ? Ah ouais… Beh des milliers de morts des deux camps, et une guerre qui ne s'arrêterait pas de si tôt. Et puis la dernière mission spéciale, l'objet de sa demande de me voir surement… Un mort et un emprisonné. Noon, vous croyez qu'il me convoque pour me parler d'eux ? Tout ce qui l'interesse c'est sa lettre de merde ce con ! Eh ben tu sais quoi mon gars ? J'en sais fichtrement rien, et j'm en fous mec ! Qu'elle soit dans le ventre de Raiko, brulée, déchirée, ou entre les mains de ces enflures de la brume, j'en sais riiiien !
Je ne suis qu'un petit Ninja sans influence -malgrès le fait que je sois Jonin- certes, mais je ne me laisserait pas faire. Certes, je ne rentrerais pas en criant "GROS CONNARD DE MERDE !" mais il allait voir la signification du mot "froid". Je ne lui manquerais pas de respect, mais il allait tout de même comprendre qu'a présent je ne le portais plus dans mon cœur... Ou alors il allait devoir me convaincre. Mais je n'irais pas bien loin avec ce régime dictatoriel si je lui crachais a la gueule donc bon… Il fallait trouver un compromis dans mon "jeu d'orateur". Je me levais tant bien que mal… Un vrai zombie, j'avais perdu beaucoup de sang et les blessures au niveau de paumes ne s'étaient pas refermées, au même titre que ceux qui assailaient mon cœur et mes pensées. Des envies de suicide ? J'en avais… Envisager une desertion ? Non, pas pour le moment, mais ça pourrait changer. En fait, rien n'était clair dans ma tête, chui encore… "Sous le choc ?" Nah, bien plus…
Voilà ce qui cogitait dans ma tête lorsque je rentrais dans son bureau, poussant la porte doucement, laissant apparaitre mon visage livide mais determiné. J'attendais qu'il me regarde, avant de le fixer droit dans les yeux et de dire :
- Je suis venu, Shodaime. Ou plûtot Kadoria Uriô ? Tout dépends si je m'adresse a l'homme ? Ou bien au Shinobi ? Avez vous des sentiments, êtes vous capable de ressentir de la peine lorsque l'on vous informe qu'une autre Kadoria est morte le cou scindé en deux ? Ou bien il n'y a pas de place pour les émotions dans notre Ô combien beau monde Shinobi ?
Suzurane Hakyô
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Ce que je craignais était finalement arrivé. Comme je l’avais décidé depuis le message que j’avais reçu, je m’étais informé sur la situation des émissaires envoyés à Kiri. Et les nouvelles étaient désastreuses. Seul Seki Rikku avait la possibilité de venir me voir. J’avais donc ordonné une convocation avec lui et ce dans les plus brefs délais. Le Conseil l’avait d’ailleurs promu Jônin en mon absence, ce qui était tout à fait logique au vu de ses résultats et de ses actions. Cette dernière mission témoignait de son courage et de sa loyauté pour le village.
Bien entendu, des questions piquaient ma grande curiosité. Qu’était-il finalement arrivé à Kyushô ? Quel était le nom du nouveau dirigeant de Kiri ? Que s’était-il réellement passé avec Ahori et qu’était-il advenu de Raiko ? En tout cas, il semblait bien qu’aucune issue pacifique n’était désormais possible entre la puissance du Pays de l’Eau et celle du Pays de la Foudre. Mais j’avais fait part à toutes les éventualités, notamment avec la lettre que j’avais donnée au trio de messagers. D’ailleurs, où était-elle à présent ? J’allais pouvoir avoir toutes les réponses avec le nouveau Jônin qui rentra à l’instant dans mon bureau.
Il ne me salua pas. Son visage était vide, impossible de lire à travers. Une chose était cependant claire : il était perturbé. Mais par quoi ? Sa question était non seulement osée mais avait aussi une once d’irrespect. La mort d’Ahori l’avait-elle profondément touché ? J’essayais de réfléchir, sans trop savoir quoi faire. Je n’allais pas le sermonner, mais il fallait qu’il comprenne bien l’essentiel.
─ L’homme et le shinobi ne sont pas vraiment différents. Ce que j’ai fait en tant qu’homme justifie mon titre. Tu me dois le respect pour mon titre de shinobi, et pour l’homme que je suis, qui a fondé Kumo et fait tant d’autres choses.
Je marquai une pause, repensant au membre de mon clan qui s’était fait tuée par ces Kirijins aux frontières du village caché de la Brume.
─ Kadoria Ahori était membre de mon clan, de mon village et de mon pays. Elle mérite aussi le respect pour tout ce qu’elle a fait, jusqu’à sa mort. Bien sûr que je souffre de sa disparition, mais il est vrai qu’un shinobi ne doit pas montrer ses émotions. C’est encore plus primordial pour moi, qui suis votre chef.
Si on prenait mes mots hors de leurs contextes, on pourrait croire que j’avais des tendances vaniteuses. Mais la réalité était là, j’étais le chef des shinobis de la Foudre, et je le méritais. Le respect, chaque Kumojin me le devait. Et c’est justement parce que mes hommes me respectaient que leur disparition me touchait encore plus. Mais je ne devais pas le montrer.
─ Ahori est morte pour Kumo. Elle a été tuée de la main des Kirijins, alors que la lettre que j’avais confiée devait empêcher la guerre d’éclater. Alors oui, je suis touché par sa perte, mais je suis aussi très fier d’elle.
Sans poser de questions, alors que j’en avais pourtant beaucoup, je m’arrêtais là. Mon regard ne quittait pas celui du Seki.
Quoi ? C'ma tête qui t'reviens pas ? Ah oui, en fait je ne suis qu'un pion sur le grand échiquier de Kumo, tu dois pas t'rappeller de moi… Ptêt même que tu t'souviens pas de not' ptite discution d'avant guerre, hein ?
Quant a lui et bien… Il n'avait pas changé en apparence. Toujours ce visage sévére, ce regard fier et cette aura si spéciale qui se dégageait de lui. Il avait la classe c'est sûr… Enfin de l'exterieur quoi, c'est la vitrine quoi. Pasqu'on peut pas en dire autant du reste du magasin hein. Hoho !
Il était chaud pour engager une conversation philosphique notre dirigeant ! "L’homme et le shinobi ne sont pas vraiment différents. Ce que j’ai fait en tant qu’homme justifie mon titre." Il meritait bien sa réputation d'orateur le Jojo. La suite me plaisait moins parcontre. Il était pas l'seul a avoir fondé l'pays des Nuages… Son clan y était pour beaucoup certes, et lui tout autant, mais ça s'arrête là. Kumo compte trois clans fondateurs, et je faisais parti de l'un de ces trois. Le clan Seki. Techniquement… Je n'étais pas son chef, et concrétement aussi pour tout dire. Cependant, mon projet s'étais mis en route. J'allais unifier le clan, et faire partager mes idées, mes intentions "pacifistes" en quelque sorte. J'allais le changer depuis la racine, depuis le tout début. Mais c'était difficile a vrai dire, et ça allait prendre un peu de temps. Mais j'allais dire stop. Depuis la mort de Feng, le clan avait de nouveau sombré... Plus de ça.
Puis il parlait d'Ahori, il disait que ça l'touchait, et que la lettre avait pour but de mettre un terme a ce conflit… Ah ouais ? J'y crois pas trop perso hein… C'toi même qui l'a commencé c'te guerre, et là tu nous envoie gentiment genre "Coucou, on a une lettre pour Kitase Shinichi, mais on sais pas ce que c'est parcontre".
J'allais répondre point par point. Depuis tout le début de son discours, mon visage ne s'était pas changé. J'affichais toujours le même facies imperturbable et froid. Froid mais pas aggressif, juste froid. Nos yeux étaient quant a eux toujours fixés sur ceux de l'autre, comme une bataille pour qui les détournerait le plus longtemps :
- C'est vrai, oui. Vous êtes le Raikage, mais Kumo, vous ne l'avez pas fondé seul, même si c'est grâce aux Kadoria en grande partie. Ce n'est pas parce que nous sommes moins bruyants que les Bakushô que nous ne faisons point partie des fondateurs de Kumo. La politique ne nous interesse pas, c'est tout... Et pour tout dire, avant, je vous aviez toute ma confiance. Non, plus. Je vous admirais. Mais avec cette guerre, cette confiance n'est plus. Au fond, cette guerre, pourquoi a elle été amorcée hein ? Montrer que Kumo est fort ? A quel prix ? Du sang, de la chair, des vies, des deux côtés. N'est-il point ? Vous avez dit que cette lettre pouvait mettre fin a tout ça. Alors, pourquoi l'avoir commencée ? Et plus que tout, même si je ne doute pas de votre parole, pourquoi ne pas avoir fourni plus d'informations ? Non, pas les détails, juste une information que ce bout de papier pourrait éventuellement mettre fin a ce masacre.
- Et dernièrement, pourais-je savoir pourquoi les shinobis n'ont pas le droit d'exprimer leurs émotions ? Voyez vous, j'ai beau chercher, je ne trouve pas d'explication plausible.
Nous allions faire durer le suspens un peu plus.
Suzurane Hakyô
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Le comportement de Rikku confirmait bien mes soupçons. Il était mal à l’aise, et fortement tourmenté. Etait-ce juste la mort d’Ahori ? En tout cas, ce triste évènement y était pour beaucoup. Il ne tarda pas à répondre, et je décidai de ne pas le couper. Ce qu’il me disait était intéressant, et je faisais impasse sur le manque de respect qu’il pouvait avoir en moi. A l’entendre, il m’admirait jusqu’au jour où j’avais déclenché la bataille contre Kiri. C’était son opinion, mais il était loin de tout savoir. J’attendis qu’il ait terminé, avant de croiser simplement les bras. Mon regard ne quitta pas celui du Rikku.
─ Pourquoi donner le contenu d’une lette privée à quelqu’un qui ne sait même pas tout sur les conflits existants entre son village et Kiri ?
Je soupirai un court instant, avant de poser mes deux coudes sur mon bureau, tout en continuant de fixer mon interlocuteur.
─ Rikku, je n’ai jamais parlé de ton clan, mais si tu y tiens, laisse-moi te rappeler quelque chose. Sans moi, le clan Sekki comme celui des Bakushô serait encore en train de lutter pour sa survie. Je suis le fondateur de Kumo, n’essaie pas de le nier, tu es beaucoup plus intelligent que ça.
Mon regard frôla le sol un moment, avant de retourner se plonger dans les yeux du Jônin. Je décidai de me lever, avant de marcher tranquillement vers la baie vitrée.
─ Tu es persuadé que j’ai lancé cette bataille contre Kiri, sans avoir d’autres raisons que montrer la puissance du village. Mais as-tu réfléchi à ce qu’il s’est passé là-bas, à Hi no Kuni ?
Mon regard rejoint celui de mon shinobi et se fit soudain transperçant. Comprenait-il ce que je voulais dire ?
─ Comment se fait-il que nous soyons tombés face à un bataillon complet et organisé alors que nous devions attaquer une petite délégation ? Et oui, Kiri avait prévu de nous attaquer.
Je me retournai pour admirer le village dans toute sa splendeur. Après quelques courtes secondes de silence, laissées à Rikku pour qu’il réfléchisse, je repris.
─ Kiri voulait nous attaquer. Auparavant, ils avaient tenté une alliance avec Kumo pour exterminer Konoha. Ce village a toujours voulu la guerre. N’oublie pas non plus ce qu’ils ont fait à Ahori. Devons-nous les laisser agir ? Notre devoir est-il de ne pas nous défendre face à ces barbares ?
Je fis volte-face pour regarder à nouveau le Seki. Mon air était sombre et sérieux.
─ Si tu montres tes sentiments, alors tes ennemis les utiliseront à ton encontre. Si tu montres à quel point tu es touché par la mort d’Ahori, alors Kiri continuera de tuer tes compagnons. Et moi je ne suis qu’un égoïste qui veut prouver que Kumo est fort ? Non, mon rôle est de punir, de venger ceux qui s’attaquent à ntore patrie, à nos compagnons. Et ce rôle est aussi le tien.
Le Kadoria m'avait laissé parler sans m'interompre. A la fin de mon discours, il s'était contenté de croiser les bras, s'accordant un petit moment de réflexion avant de répondre point par point, tout comme je l'avais fait. Tout d'abord, il disait que ça ne servait a rien de donner des détails d'une lettre privée a quelqu'un qui ne connaissait rien au conflit opposant la brûme aux nuages. Oui, mais c'était un peu ta faute ça hein. Un peu ta faute si des personnes pensent comme moi. Effectivement, nous n'en savons rien, a cause de toi, et de tous les autres dirigeants. Nous sommes endoctrinés, nous nous battons sans même connaitre les vraies raisons. Pourquoi ? Parce qu'un Genin n'as pas besoin de tout savoir, n'est-ce pas ? Un genin ne sait même pas réflechir de toute façon hein ? Il doit faire ce qu'on lui dit quoi, un vrai mouton.
Et il fait quoi là ? Une chorégraphie ? "On croise les bras, on baisse le dos, on se retourne et on recommence, hop !"… Enfin mieux ne vaut pas s'attarder sur ça hein ? Il me demandait si je savais ce qu'il s'était passé a Hi no kuni. Mouais, en fait pas dans les détails hein, j'connaissais ce que tout l'monde savais, c'est a dire pas grand chose. Tout en faisant sa danse, il m'informait que les Kirijins avaient levé une armée, et qu'ils étaient prêts a lancer l'assaut. Soit. C'était peut être vrai. Mais alors pourquoi ne pas l'avoir dit ? Encore une fois, ils voulaient nous conduire tel un troupeau de mouton, ou un genin n'avait même pas le droit d'ouvrir sa bouche. C'était aussi une nouvelle facette de ce que je voulais transmettre a mon entourage. La notion d'égalité. C'est d'ailleurs l'un des traits majeurs de mon équipe, Fennikusu. Mes élèves m'appellent Rikku, non pas Sensei. Et pour moi, ce sont des coéquipiers, non pas des élèves. Leur descisions ont un poids dans la descition finale, pour moi, c'est ainsi que le monde devrait fonctionner. Oui, je suis un idéaliste, mais ça je l'assume, parfaitement. Non, au contraire. C'est plus ce monde qui est pourri. Enfin bref passons… Il me racontait encore une fois quelques détails que je ne savais pas, puis il voulait utiliser mes sentiments, en tout cas je le percevais comme ça. Il avait compris que j'avais un lien avec Ahori, et il utilisait ce dernier pour me convaincre. Quant a son explication sur le fait de cacher ses emotions, elle était plutot pertinente, mais j'avais tout de même quelque chose a dire. Concernant le clan, n'ayant pas vécu dans ce dernier, je n'ai point eu de réel contact avec lui avant la création de Kumo, mais j'avais rattrappé mon retard en lisant grand nombre de documents.
Sans m'en rendre compte, j'avais crispé le poing tellement fort que les blessures que je m'étais causé se réveillerent de nouveau, faisant couler quelques gouttes de sang sur le carlage. Je fouillais dans mes poches, tirant un bandage que je fixais tandis que je reprenais du même ton monotone :
- C'est vrai, j'ignore bon nombre de chose sur ma patrie. Mais au fond, pourquoi ? Tout simplement parce que je n'ai pas été mis au courant, parce que je n'ai pas été informé. Peut être qu'un genin ou même qu'un Jonin comme moi n'as pas besoin de tou connaitre, il doit juste suivre les ordres, sans explications, sans être préparé. Car oui, Ahori n'était pas préparée. Sa tête a volée en a peine 5 secondes pendant que j'étais aux prises avec un autre homme. Elle avait peur. Peur ! Elle était venue avec rien, aucune experiance, aucune information, elle ne connaissait pas le mot danger. Et c'est la même chose pour tous ces petits genins. Ils vivent dans l'ignorance totale. Alors, mes mots sont un peu crus peut être, mais sa mort est en partie votre faute. Mais je pense m'arrêter là, je pense que nous ne sommes là ni pour parler de mes idéaux, ni de votre politique. Et puis je crois que votre patience a des limites, tout comme mon courage...
