Puisque j'étais démunie de mes fonctions je disposais d'un temps libre qui me semblait infiniment long au point où je venais à m'ennuyer. Bien sûr j'aurais pu en profiter pour m'entraîner quelque peu hors je n'avais pas vraiment l'intention de me mêler à la peuplade présente sur les terrains d'entraînements si bien que je préférais encore m'aérer l'esprit en me dirigeant vers le désert après plusieurs jours passés terrée dans mon manoir... La vie était parfois si ingrate...

Je voulais marcher loin sans m'arrêter ni savoir où j'allais : simplement errer avec pour seul but de profiter de l'immensité et le calme impérial du désert. Du moins c'était ce pourquoi j'étais ici mais bien évidemment même à cela je n'y avais pas droit. Il avait fallut que l'on me suive et que cette dite personne soit bien l'une des dernières à qui j'avais envie de m'adresser alors que j'avais des envies d'évasion et de tranquillité.

Une discussion de famille hein ? Nous n'en avions déjà pas eu alors qu'il comptait parmi nous alors maintenant ? Je n'étais pas étonnée de sa présence, Oniri m'avait parlé de leur entrevue et du fait qu'il cherchait à me contacter. Néanmoins je me retournais pour l'aviser alors qu'il m'expliquait son pistage.

« Je me souviens de vous Isnajh. Nous ne nous sommes certes que peu côtoyé par le passé mais je prends garde à toujours me souvenir de quelqu'un. D'autant plus lorsqu'il partage le même sang que le mien... »

Commençais-je, méfiante.

« Oniri m'a effectivement parlé de votre venue. Ne soyez donc pas étonné que je ne le sois pas. »

Et voilà que mon escapade de sérénité se transformait en interrogatoire en bonne et due forme sur ma foi en Jashin. J'arquais un sourcil avant de prendre soin de lui répondre.

« Mes convictions religieuses ne vous regarde pas le moins du monde cependant je vais tout de même vous apporter une réponse. Jashin est notre père, le fondateur même de notre maîtrise écarlate et nous devons le remercier pour son don comme il se doit... »

Le laxisme des nôtres sur les offrandes au Seigneur Noir nous avait mené sur une pente de perdition alors que la maladie corrompait nos rangs depuis lors et nous anéantissait peu à peu. Il n'était pas question de laisser le courroux s'abattre davantage et de rendre grâce à notre Père.

« Je ne tolérerais pas que vous m'insultiez en osant prétendre que je puisse le renier ! »

Clamais-je sur un ton condescendant.
J’œuvrais même dans le but contraire depuis quelques mois pour parvenir à apaiser sa soif !

« Cette discussion ne m'indique toujours pas ce que vous faites ici. Pourquoi cherchiez-vous à me parler et prendre des risques alors même que vous jouez les êtres disparus ? »

Non pas que sa désertion me posait le moindre soucis. Après tout, la liberté était une chose que j'avais à cœur d’honorer et puis les Ketsueki avaient été acceptés par Suna lors de leur venue avec Kyoshi Rei, notre clan n'était pas rattaché au village caché du sable à la base. Nul ne devait se sentir obligé d'y séjourner pour le restant de ses jours mais devait tout de même assumer les conséquences de son acte de « trahison » envers le village auquel il a juré fidélité...

Elle semblait se souvenir de moi, assurément c'était une bonne chance, elle se rappellerait sans doute de l'homme que j'ai été avant de juger l'homme que je suis devenu. Pourtant je pouvais sentir une méfiance dans son regard, même plus que ça comme une pointe de mépris. Pour faire une analogie graveleuse et sans aucun fondement ici, c'est comme si j'étais partie du lit d'une femme après une nuit de beuverie sans aucune explication vous voyez ? Encore une fois ce n'était pas le cas ici, mais ce sentiment me donnait la même impression. Un jugement posé sur ma personne.

Elle s'exprima par la suite affirmant que Oniri-chan l'avait prévenue de ma venue, je pensais que mon lien avec Oniri permettrait d'éviter ce genre de comportement mais je me fourvoyais en pensant cela. Enfin, elle répondit tout de même à ma question concernant la religion. Cela changeait tout à fait ma façon de percevoir cette femme. Tant que je ne connaissais pas son point de vue concernant Jashin-sama et la religion je la considérais comme un égal même si elle était la cheffe de notre ordre. Maintenant que je savais qu'il s'agissait d'une pieuse personne, je pouvais la placer à la place qui lui revenait de droit. Celle de la comtesse Ketsueki, leader de notre famille. Elle termina enfin en me rappelant que je ne lui avais pas encore dévoiler la raison de ma venue. J'allais bien entendu répondre point par point. Mais le plus important était de lui signifier son changement de statut à mes yeux.


• « Tant que j'ignorai votre point de vue concernant notre dieu, je ne pouvais vous positionner par rapport à moi-même, maintenant que je le sais... »


Je mettais un genou à terre et passait l'un de mes bras derrière le dos tandis que l'autre venait se positionner sur mon ventre au niveau de la ceinture abdominale. Je repris alors.


• « Je vous prie de pardonner mon manque de respect, Lady Yami, comtesse des Ketsueki. Je n'aurai pu m'agenouiller devant une usurpatrice refusant de louer Jashin-sama, j'espère que vous comprenez ma position. »


J'avais beau être plus puissant qu'elle en terme de chakra et de force physique, il restait une hiérarchie dans notre clan et si elle affirmait être une femme pieuse, alors aux yeux de jashin-sama elle était à un plus haut grade que le mien, ce qui faisait de moi un serviteur. Bien entendu si notre Dieu était contre son avis à elle j'écouterai d'abord les ordres du tout puissant. Mais le cas ne s'était pas présenté pour le moment. Il était maintenant temps de passer à la suite de la discussion qui elle-même se compose de deux parties, j'allais commencé par la première mais avant cela je me relevais.


• « Tout d'abord, vu que vous semblez proche d'Oniri-chan, sachez que je prendrai grand soin d'elle lors de notre aventure commune. C'est un serment. »


Après coup je me rendais compte que cela pouvait paraître un peu ambigu, mais je parlais bien entendu de son plan de destruction de l'empire. Mais je ne pouvais pas appeler cela comme ça, de peur que même si elle soit proche, la cheffe Ketsueki ne soit pas au courant. Maintenant venait le deuxième point.


• « Maintenant passons au deuxième point et non des moindre puisqu'il est là principale raison de notre entrevue. J'ai été chargé par mon employeur de dérober un objet unique à des Nukenin de haute volée dans un château de Hai no Kuni. Mais ce que j'y ai découvert dépasse ce que je peux supporter. A l'intérieur de ce château un odieux commerce d'esclave a lieu. Les femmes sont vendues comme objet de chair tandis que les hommes le sont comme travailleurs. Et cela peu importe leurs âges. Là où cela vous concerne autant que moi est que quatre de nos congénères sont retenus en captivité en ces murs. Deux femmes, une fille d'une quinzaine d'années et un homme. J'étais totalement camouflé donc j'ai espionné le plus longtemps que je pouvais pour obtenir des informations. La prochaine vente aura lieu d'ici trois mois, ce qui tombe après l'examen organisé par votre village. Seul je ne peux me débarrasser de ces manants, mais aucun doute qu'avec votre appuie, il y a une chance. »
  
  Les Ketsueki étaient cependant réputés pour ne se soucier que d'eux même et c'est ce qui nous a toujours fait défaut, le manque d'unité dans notre clan. Est-ce que cette femme sensée nous guider changerait cela ? Ou bien laisserait elle le destin suivre son cours ? Je le saurais dans quelques instants.

Lui avoir indiqué ma position vis à vis de Jashin m'avait attiré ses bonnes grâces au point où il reconnaissait mon statut de cheffe de notre clan qu'il avait préféré abandonner. Le voir ainsi à genou m'octroyait une certaine satisfaction malgré sa désertion car j'étais respectée et respectable à son encontre dans le même temps. De quoi flatter mon égo...

Je comprenais la mégarde qui m'était adressée du fait de ses convictions bien ancrées en lui comme un mode de vie qu'il avait toujours suivi alors que moi même n'avait obtenu la foi que très récemment depuis ma guérison suite à l'explication de mon père et ancien Comte quant à l'importance de Jashin pour nous. En effet, je pouvais même dire qu'avant cela, je ne croyait pas un traître mot de ce que jugeais inepties tant cela était farfelu et semblait infondé. Je n'avais pas à cœur de baser ma conception des choses et conférer ma vie à un être aussi mystérieux que mythique... Mais cela était avant que je comprennes que ma propre maladie rongeant mes veines et dévorant peu à peu ma raison n'était autre que le résultat du laxisme des nôtres quant au remerciement et aux tribut que nous devions au Seigneur Noir !

La conversation se poursuivait tout en prenant un tournant que je ne pouvais guère anticiper en plus d'en être surprise. Prendre soin d'Oniri durant leur quête commune ? Cette nouvelle me faisait arquer un sourcil et me renfrogner sur moi même. Que pouvait-elle avoir à faire avec l'un des miens et déserteur par dessus le marché ? Cela n'était pas vraiment dans les habitudes de la kunoichi de s'allier avec les traîtres de leur Nation...

« J'imagine que vous ne voudrez rien me dire en ce qui concerne cette aventure commune ? »

Il ne fallait pas se leurrer... Mais cela était sans importance puisque je pourrais en toucher deux mots à la principale concernée pour savoir ce qu'elle mijotait et pourquoi elle ne m'avait pas sollicité plutôt qu'un autre Ketsueki pour une mission visiblement confidentielle ?! Faisait-elle plus confiance à lui qu'à moi ? Cette simple idée me révoltait et cela se traduisait pas le serrement de mes poings tout en fronçant les sourcils, ne me laissant qu'entendre des bribes de ce que Isnajh racontait.

Il était question d'honorer un contrat avec son employeur en récupérant un objet à Hai no Kuni où avait lieu un trafic d'esclaves et je me demandais bien pourquoi il me racontait tout ça car cela ne me concernait aucunement, ne ressentant pas la moindre pitié pour ces gens. Hormis me faire perdre mon temps il ne faisait pas grand chose jusqu'à ce qu'il évoque la raison de mon intéressement à cette affaire : quatre Ketsueki y étaient retenus prisonniers. Cette révélation eut le don d'éveiller soudainement mon intérêt alors que je rivais mon regard écarlate dans le sien. Une autre vente serait organisée d'ici la fin de l'examen chuunin international...

Mon agacement concernant Oniri avait été remplacé par autre chose. La simple idée que certains des nôtres puissent être retenus comme du vulgaire bétail ne faisait qu'accroître ma colère sous-jacente. Toutefois je gardais mon calme pour une raison bien simple... Qu'est-ce qui me prouvait qu'il ne me mentait pas pour me conduire tout droit dans un traquenard, moi la Cheffe de clan dont il voulait peut-être la place ? Je restais sur mes gardes, conservant ma méfiance...

« Pouvez-vous me prouver ce que vous avancez ? »

J'imaginais qu'une fois encore ce n'était pas le cas... Cependant, il me venait une idée à double tranchant... A en juger par la foi inébranlable qu'il possédait envers notre Père il était certains qu'il ne tenterait rien à l'encontre de celle disposant de son cœur... Peut-être voudrait-il le récupérer pour lui dans un acte cupide cela dit sauf si cela était à l'encontre de ce que désirait Jashin...

« Moi qui dispose du cœur de notre Seigneur Noir, je ne peux laisser des membres de notre famille déchue à une vie de servitude ! »

Clamais-je, solennelle. Je prononçais cela avec ferveur sans mensonge mais j'avais également fait exprès d'évoquer l'histoire du Coeur Éternel pour qu'il renonce à me causer du tord si cela était son but premier à travers cette affaire des plus mystérieuses.
Comme preuve de ce que j'avouais, il remarquerait sans nulle doute -si cela n'avait pas été déjà fait - , la cicatrice verticale qui se perdait dans mon bustier et démarrait quelques centimètres en dessous de mon cou. Celle-ci m'avait été causée lors de mon rituel de l'immortalité pour devenir Comtesse à la place de mon père qui s'était vu destitué du Coeur Eternel qui m'avait alors été confié comme cela était le cas depuis des générations de Comtes.

« Je vous accompagnerais dans votre entreprise. Je n'avais jamais pensé à ce genre de réseaux mais il est fort possible qu'en plus de ces quatre là d'autres soient retenus de la même façon ailleurs... »

Je voulais redonner aux nôtres leur gloire d'antan. Il n'était pas question que certains soient traînés plus bas terre privés de toute liberté !
J'étais toujours méfiante quant à ses intentions mais au moins savais-je désormais que j'avais toute son attention et qu'il n'oserait rien tenter de stupide à mon encontre...

J'arquais un sourcil alors qu'il me faisait part du choix drastique qu'il avait a faire entre me révéler leur petit secret à lui et Oniri ou bien le conserver pour eux. Qu'à cela ne tienne ! J'irais directement m'adresser à la Saibogu pour qu'elle éclaircisse « cette quête commune » ! Pourquoi ne m'en avoir pas parlé ?! Cela me dépassait ! Isnajh avait beau dire qu'elle avait sans doute une très bonne explication je n'aimais pas être en reste vis à vis d'un projet exécuté par ma meilleure amie ! N'aurait-elle pas pu me mettre dans la confidence pour avoir une alliée potentielle et de choix supplémentaire dans son entreprise ?!

Il y avait plus important encore : chaque chose en son temps et l'affaire concernant les nôtres avaient également sa priorité à mes yeux. Comme je m'en doutais il n'avait aucune preuve à me fournir pour atténuer ma méfiance à son sujet hormis une simple feuille griffonner de quelques chiffres censés représenter le nombre d'esclaves que nos détracteurs retenaient. Je soupirais intérieurement tout en évoquant le Coeur Eternel dans la seule optique de le voir m'apporter une allégeance infaillible et ce plan marchait du feu de Dieu !

Son comportement à mon égard changeait pour renforcer le respect qu'il me louait. Son regard écarlate, ses paroles : il était complètement subjugué par la nouvelle au point de me supplier de lui en faire sentir les battements sous ses doigts. Mes sourcils se haussèrent une nouvelle fois. Je n'étais certes pas pudique mais il y avait tout de même des limites ! Avait-il conscience que le Coeur du Seigneur Noir se trouvait sous ma poitrine ?! Bien sûr qu'il devait en avoir conscience... Est-ce qu'il occultait complètement cette idée ou voulait-il en profiter dans le même temps ? Il évoquait être prêt à tout pour que je lui en donne l'autorisation ce qui me faisait esquisser un sourire.

« Si vous êtes méritant je vous laisserais la possibilité de l'écouter... »

Se faire quelque peu toucher pour obtenir des services ou des informations n'était pas un drame si cela était a la hauteur de ce que j'en récupérais.

Isnajh s'agenouillait une nouvelle fois, clamant solennellement que je pouvais me servir de lui comme bon me semblait. Il était mon outil et le ferait avec plaisir pour l'apôtre du Seigneur Noir. J'étais quelque peu décontenancée par ses paroles même si cela avait tendance à flatter mon ego... Voir un homme ainsi agenouillé me demandant de faire ce que je voulais de lui... Cela avait quelque chose d'exaltant tant qu'il ne cherchait pas à m'incinérer sur place.

La vérité était qu'aussi alléchante était la proposition, jamais je ne pourrais me résoudre à me servir de lui comme mon propre esclave pour la simple et bonne raison qu'il partageait le même sang que le mien et que de ce fait je lui accordais une forme de respect malgré la méfiance que je conservais malgré tout envers lui. Le voir si hypnotisé face à cela me garantissait au moins son allégeance envers moi et qu'il ne tenterait rien de stupide à mon encontre ce qui me laissait plus sereine. J'avais gagné son respect mais également sa protection. Nul doute qu'il ne me laisserait sans doute pas courir le moindre danger et qu'il jouerait sans doute avec sa vie pour me protéger en tant que messie … Finalement, posséder le cœur de Jashin n'avait pas que des inconvénients... Je pouvais bien supporter les images funestes et horrifique qu'il me communiquait à travers les vies de mes ancêtres Comtes ayant également portés le cœur si cela m'octroyait un Djinn en retour...

« Relevez-vous je vous prie. »

Cela commençait à devenir assez gênant malgré tout...

« Pour être méritant de ce que vous évoquiez plus tôt je voudrais que vous me parliez du projet en commun que vous avez avec Oniri... »

Peu importe si l'on m'interrogeait via des senseurs, je n'en dirais rien. S'il y avait bien une chose que je ne commettrais jamais sur cette planète c'était de trahir Oniri...

« Mettez moi dans la confidence et peut-être même que je pourrais vous être utile d'une certaine façon ? »

Il me tardait d'en savoir plus à ce sujet !

« Je voudrais également que vous m'offriez une gorgée de votre sang. »

Avouais-je les yeux emplis de malice tant je savais ce que cela représentait pour un Ketsueki. Il s'agissait de prouver sa soumission à son supérieur de manière bien plus symbolique qu'une courbette et des propos le témoignant... C'était quelque part un acte dégradant pour tout Ketsueki qui se respecte... Allait-il offrir de son élixir de vie à l'apôtre de Jashin ? Penserait-il au fait que son sang serait alors filtré a travers ce précieux cœur qu'il idolâtrait ? J'avais hâte de connaître la réponse...

Cet être, je serais complètement dévoué à ses moindres désirs, ce n'était en aucun cas quelque chose de dérangeant puisqu'il s'agissait là de mon vœu le plus cher, la servir et servir Jashin-sama par son intermédiaire. Le seul désir un peu égoïste que j'éprouvais, était de vouloir sentir le battement de cœur de l'organe ayant appartenu à mon dieu. Je ferais tout ce que l'apôtre exigerait, si je devais me poignarder le cœur ensuite cela ne me posait aucun problème. Ma vie était dédiée à Jashin, si elle devait lui retourner par le désir de son émissaire et bien ainsi soit-il je serais heureux de mourir en ce jour.

La comtesse me répondit alors quant à ma demande, je devais prouver ma valeur pour espérer avoir l'opportunité de ressentir mon maître. Mais que voulait-elle que je fasse ? Je n'avais qu'à me taire et je saurais. Je m'étais agenouiller et j'avais proclamé un vœu solennelle de la servir mais ce n'était pas suffisant, elle me demanda d'ailleurs de me relever. Pour que je puisse mériter l'honneur d'être en contact avec Dieu, elle souhaitait que je lui délivre les informations qu'elle m'avait demandée plus tôt sur Oniri.

Je suis désolé Oniri-chan, tu es certes une amie et quelqu'un de valeur, mais tu n'entres pas en ligne de compte quand la personne qui demande est quelqu'un qui s'est rapprochée de Dieu. Je saurais me faire pardonner je te le promets. Je m'exclamais alors, décidé à raconter une histoire que simplement la partie intéressante.


• « Je vais vous dire tout ce que vous voulez savoir, je vais même vous racontez ce qui me lie à Oniri-chan Lady-sama. J'ai rencontré Oniri-chan il y a des années lorsque j'étais à Suna, lors d'une soirée mondaine où j'avais été invité. Cette soirée là, Oniri-chan m'a dragué toute la soirée dans le but qu'on passe une nuit sans engagement tout les deux. J'ai appris plus tard qu'il s'agissait d'une femme qu'on qualifierait de « mangeuse d'hommes ». Enfin bref, j'ai refusé sa proposition, à mon sens elle n'était pas assez mature et ne recherchait clairement pas les mêmes aspirations que moi pour le futur. Vous me direz que cela n'est pas à prendre en compte pour de l'amusement. Mais je ne recherchais pas de l'amusement à cet instant précis. Toujours est il que mon refus, à contrario d'une réaction ordinaire, elle l'a trouvé plaisant. Et nous nous sommes assez vite lié d'amitié. Comme je me plaisais à être quelqu'un de discret je lui ai demandé de ne pas trop parler de moi à son entourage. Puis je suis parti en mission et j'ai simulé ma mort. Me revoilà des années plus tard, rencontrant Oniri-chan près du village et après une longue discussion elle m'explique qu'elle a besoin de moi pour un projet.
  
  Son projet ? Elle veut détruire l'empire des pays neutre et tuer son empereur, à savoir Samui Kakeshuou. Voilà le projet dans lequel elle s'est embarquée et dans lequel je l'accompagne. Je ne pouvais décemment pas laisser une amie courir droit à sa perte sans lui proposer mon aide. »


Il me fallait maintenant répondre à sa deuxième locution concernant son utilité.


• « Je ne sais pas pour votre utilité concernant Oniri-chan, mais pour ma part, à partir du moment où je sais que vous êtes détentrice du cœur de notre Dieu, vous m'êtes utile, je dirais même que vous m'êtes vitale, vous êtes le phare pour tout les croyants de ce monde. La déesse Ketsueki. »


Enfin elle exprima encore une demande, elle souhaitait prendre une gorgée de mon sang. A ces mots, je ne réfléchissais déjà plus à l'humiliation que c'était pour un Ketsueki. Je me contentais d'exécuter l'ordre. J'enlevais ma cape, j'ôtais mon chapeau dévoilant mes cheveux noirs, j'ôtais le haut de mes habits en toile puisque ceux-ci cachaient toutes les veines exploitables. Je dévoilais donc mon torse nu, affichant un bronzage marqué et un corps sculpté dû à mes capacités au corps à corps. Je m'exclamais alors à nouveau afin de lui répondre.


• « Vous n'avez pas à demander que je vous offre, vous n'avez qu'à vous servir, mon corps est à vous autant que mon âme, prenez ce que vous voulez. Vous êtes une déesse après tout. Le seul de nous deux qui exprimera des demandes et des supplications ce sera moi. »


J'écartais donc les bras et je me laissais faire, elle était libre de faire ce qu'elle souhaitait de moi, je n'étais qu'un outil, un jouet, je l'avais déjà exprimé auparavant, si elle me tuait pour étancher sa soif, cela me convenait de mourir pour elle, mourir pour Dieu. Une fois qu'elle eut fini son œuvre, je demandais alors, en inclinant la tête.


• « Ai-je été suffisamment méritant, Déesse ? »

Il concédait finalement à m'offrir les informations que je souhaitais en commençant par évoquer sa rencontre avec Oniri. La description qui me faisait d'elle n'était pas sans me rappeler la Oniri d'autre fois, celle d'aujourd'hui n'ayant plus rien à voir et j'imaginais donc qu'il l'avait côtoyé à cette époque qui me paraissait si lointaine.

J'avais imaginé mille et un scénario dans ma tête concernant ce fameux projet mais jamais je n'aurais pu penser à quelque chose pareil et de si ambitieux ! Cette révélation me faisait écarquiller les yeux de surprise.

« Pardon ?! S'attaquer à l'Empereur et son empire ?! Est-elle sérieuse ?! »

Je craignais bien que oui... Il était vrai que le Shukai était une menace pour nous, nous encerclant à tous les fronts ils pourraient gagner aisément nos terres et grignoter notre désert jusqu'à nous submerger de toute part ! Je ne faisais pas non plus confiance en l'Empereur tout comme j'en avais discuté avec l'un de ses détracteurs auquel j'avais offert mon soutien dans son entreprise si d'aventure un conflit entre nos deux Nations devraient avoir lieu.

« Est-elle seulement au courant que l'Empire contient ses propres dissidents qu'elle pourrait compter parmi ses alliés ? Je suis certaine que les hommes de la Rébellion se rangeraient de son côté s'ils avaient vent de son projet ! »

Il ne fallait pas qu'elle y aille seule...

« Vous ne comptez tout de même pas réaliser cela seulement par vous deux ?! »

Cela aurait été de la pure folie ! Mais comme d'habitude j'étais certaine que la Saibogu avait tout prévu...

Les propos d'Isnajh bien que pompeux, parvenaient à flatter mon ego mais il était certain que s'il continuait dans cette voie tout cela me lassera très certainement au point de m'agacer... Je n'eus cependant pas le temps de m'y attarder puisqu'il commençait a retirer sa cape puis le haut de ses vêtements devant mon air ahuri... Que faisait-il ? Je lui avais demandé de son sang et non pas qu'il me dévoile son corps halé …. et musclé et... je ne le lui avais pas demandé !

« Vous êtes plutôt bien bâti... »

J'avais bien le droit de regarder non ? Je n'avais de toute façon pas le choix et puis je ne m'en privais pas, c'était à cela que me servait mes yeux.

« Je peux affirmer que vous devez être un spécialiste du taïjutsu... »

Il était aussi bien taillé qu'Ogami et cela de manière plus définie encore. J'avais eu a loisir d'observer la musculature de celui que je considérais comme mon petit frère lors d'une auscultation de routine.

Et voilà que Isnajh renchérissait en ajoutant que je pouvais me servir sans me demander et que son corps était a moi tout comme son âme... Se rendait-il compte de la portée de ses mots ? Je n'en étais pas certaine. Tout cela me faisait arquer un sourire interrogateur. Une déesse... Rien que cela ?

« Vous n'avez pas besoin de faire mon éloge à ce point vous savez ? Cela en devient presque gênant. »

Il était Ketsueki ou bien ? J'imaginais qu'il possédait plus de respect envers lui même que cela après tout c'était là un trait commun de notre clan.

Je m'approchais de lui qui avait écarté les bras comme pour joindre le geste a la parole et attrapais l'un d'eux de ma main fraîche et bien blanche comparée a la couleur de sa propre peau. J'observais le creux de son poignet que j'entaillais avec ma bague a pointe que j'avais au pouce pour laisser couler son hémoglobine après quoi je portais sa plaie a ma bouche pour en récolter l'écoulement écarlate. Son arôme avait quelque chose de ferreux bien entendu mais également d'amer, comme si son sang lui même m'indiquait qu'il était une personne dont il fallait en général se méfier malgré tout. Cela dit, cela ne semblait plus s'appliquer envers moi puisqu'il était complètement dévoué à mon égard.

Recueillir cet élixir était toujours si exaltant, surtout lorsqu'il appartenait à l'un des miens. Ce nectar ne s'en montrait que plus sublimé encore !
J'en dégustais quelques gorgée avant de me défaire de lui. Il était inutile de refermer sa plaie, il saurait très bien le faire tout seul.

Il me demandait finalement s'il était méritant pour sa requête tout en baissant sa tête en signe de respect. Hum... Il avait en effet tenu ses engagements tout comme je tenais les miens mais il n'était pas possible qu'il exécute cette manœuvre sans se revêtir.

« Vous l'êtes. Toutefois, veuillez reporter vos apparats avant de vous exécuter dans votre tâche. »

Le priais-je.
Torse nu en train d'effleurer ma cicatrice se trouvant juste au dessus de ma poitrine pour s'y réfugier... Cette scène aurait eu quelque chose d'étrange...
Je me tenais toujours fasse à lui pour tenir ma promesse alors que ma tenue échancrée lui permettait l'accès facile à l'objet de sa convoitise à travers ma peau tout en me demandant comment il allait réagir en percevant les battements du Coeur Eternel ayant appartenu au Seigneur Noir...

Yami-sama eu la réaction que j'avais imaginée en apprenant le plan de sa comparse. Attaquer l'empire de front était purement et simplement du suicide, mais cela ne me dérangeait pas d'y aller si j'étais avec une amie. Elle demanda si Oniri-chan était au courant que des dissidents de l'empire pourraient potentiellement se joindre à elle si elle en formulait la demande. Je ne savais pas si elle était au courant ou non, nous n'en avions pas parlé plus que cela. Je me contentais donc de répondre de la manière la plus simple possible.


• « Je n'ai pas plus d'informations que ce que je viens de vous dire. Pour ma part, il s'agit d'une amie dans le besoin qui m'a demandé mon aide et je ne suis pas du genre à laisser les gens auxquels je tiens affronter l'adversité seuls. »


Elle s'exprima alors me demandant si nous comptions réaliser cela seulement à deux. Encore une fois je n'avais pas les réponses qu'elle demandait je répondis donc cela.


• « Je ne sais pas ce qu'Oniri-chan a prévu dans le détail, mais si il s'agit juste de nous deux et bien ainsi soit-il. Quitte à mourir autant que ce soit aux côtés d'une amie, non ? De toute manière vu sa résolution, il est impossible de lui faire changer d'avis. »


Vint alors la scène de mon corps nu devant ses yeux ébahis. Il fallait l'avouer, j'avais entraîné mon corps depuis ma plus tendre enfance, j'étais un adepte de combat rapproché et mes exercices étaient particulièrement difficiles. Mais cela m'avait forgé une armure de chair et de peau que personne ne pouvait égaler. Elle s'exprima afin de me complimenter, je répondis simplement à cela.


• « Un compliment de votre part est un honneur que je sais apprécier à sa juste valeur. »


Elle affirma alors que je devais être un spécialiste du Taïjutsu, il n'était pas difficile de le deviner lorsque l'on pouvait admirer les détails de mon corps, on pouvait y voir un corps où rien n'était superflus, les muscles étaient apparents, gonflé de manière adéquate, mais pas assez pour que cela gène l'exécution de certains mouvement. Mon corps était ce que l'on pouvait appelé, une beauté naturelle. Mais si je l'avais entraîné de cette manière c'était pour une seule raison que j'allais lui communiquer maintenant.


• « J'ai travaillé la maîtrise de ce corps afin d'en connaître les moindres détails, afin de pouvoir écraser mes adversaires. Ce corps est l'objet de Jashin-sama, et le votre puisque vous êtes sa représentante sur terre. »


Puis, elle m'expliqua qu'elle trouvait gênant le fait que je la nomme pour ce que je considérai comme un juste titre, à savoir déesse. Je ne comprenais pas ce désir de ne pas vouloir être mise à la place qui lui revenait de droit, mais ses décisions étaient absolues par conséquent je lui indiquais seulement la chose comme je la voyais.


• « Je vous donne le respect que j'estime vous devoir. Mais si cela vous pèse comme un fardeau, dîtes moi simplement comment vous souhaiteriez être nommée et j’obéirais. »


La scène qui se déroula juste après fut quelque chose que je trouvais pour le moins époustouflant. Elle s'approcha de moi et se saisissais d'un de mes bras, la fraîcheur de sa peau et la blancheur de son grain contrastait avec le soleil frappant mon dos et au bronzage de mon épiderme. La douleur inhérente au contact de sa bague contre ma peau était vivifiante et lorsque sa langue et ses lèvres arrivèrent au contact de la plaie, la vision de transmettre mon précieux liquide directement à Kami-sama entraîna en moi cet effet de plénitude absolue. Celui-ci pouvait se lire sur mon visage, dont les traits apaisés reflétait le bonheur de l'instant. La tête tournée vers le ciel je laissais mon esprit divaguer et prier notre seigneur.

Aussi bien que lorsqu'elle laissa retomber mon bras, ce fut comme me ramener sur terre m'enchaînant de nouveau à ma condition de simple homme, on pouvait alors voir des larmes couler depuis mes yeux, parcourir mes joues pour venir s'écrouler dans le sable chaud du désert. Je m'exclamais alors.


• « Mon sang était il si mauvais pour que Jashin-sama n'en veuille que quelques petites gorgées ? Suis-je si misérable à ses yeux ? »


Malgré tout je passais mon bras nu sur mes yeux rougeoyants afin d'essuyer mes larmes. Après quoi je demandais ma récompense pour tout cela qu'elle était prête à m'accorder si je me rhabillais. Je remettais donc ma chemise en toile. Laissant le vêtement qui se trouvait par dessus à terre tout comme la cape. Je ne la fermais pas je n'en voyais pas l'intérêt. Je m'exclamais alors.


• « Être le corps nu ou bien habillé ne change rien pour moi, mais si c'est votre désir, me voici donc habillé. »


Elle était toujours face à moi et avec sa permission, je me décidais donc à porter ma main jusqu'à son cœur, j'y allais doucement, je ne souhaitais pas précipiter mon geste. J'empoignais donc une zone qui habituellement était source de plaisir pour les hommes, mais dans le cas présent ma source de plaisir se trouvait en dessous de cette peau, en dessous de cette chair.

Ma première sensation fut donc le touché froid de sa peau, le frémissement de son épiderme lors du contact entre ma main et son corps. Puis soudain, un battement, puis un autre. Et encore une fois les larmes se mirent à couler le long de mes joues. J'avais le sentiment d'un nouveau né dans le corps de sa mère, vous savez, comme un endroit rassurant doux et chaud un endroit dont personne n'aurait envie de partir. Je fixais alors Yami-sama et m'exclamais de la sorte.


• « Cette fois ce sont des larmes de joie. Quelle chance vous avez d'être l'élue de Jashin-sama. J'ai prié et glorifié son nom depuis ma plus tendre enfance, respectant sa voix sans jamais discuter le moindre ordre, vouant ma vie et mon corps à sa volonté. J'espère pouvoir être récompensé comme vous l'avez été. Même si ma foi ne cherche pas la récompense en soi. »


J'ôtais alors ma main, délicatement tout comme je l'avais posée. Je n'en avais pas envie, mais je ne voulais pas qu'elle puisse penser qu'il y avait un autre désir que ma foi qui rentrait en ligne de compte. Nous devions maintenant recentrer la discussion sur autre chose, puisque mes désirs et les siens avaient été accomplis. Je reprenais donc.


• « Lorsque je vous ai suivi à votre sortie du village, je n'ai pu m'empêcher de remarquer que des personnes vous suivaient aussi. Quels sont les motifs de cette surveillance ? »


J'avais certaines hypothèses qui pouvaient découler de cela. Mais je préférais qu'elle m'explique cela d'elle-même.

Il fallait que je trouve le moyen d'en toucher quelques mots à Oniri malgré la surveillance qui nous était assignée. Je devais savoir et comprendre son plan d'action ! Elle avait pour idée de réduire à néant l'une des nations les plus imposante de part l'Empire qu'elle constituait : j'espérais qu'elle avait un projet solide et qu'elle ne se lancerait pas dans cette entreprise avec un effectif réduit... L'idée de lui venir en aide était plus présente que jamais dans mon esprit : il fallait que je trouve le moyen de lui prêter assistance. Toutefois, savoir qu'elle allait probablement désertée le village pour mener à bien son entreprise ne me plaisait guère... Etant cheffe du Kakumeigun, j'allais devoir mettre certains de mes hommes à sa traque et il était hors de question que j'accepte de sceller le sort de celle qui faisait partie des personnes que j'affectionnais le plus.

Isnajh, quant à lui, clamait qu'il m'adressait le respect qu'il estimait que je mérite mais que je pouvais choisir comment il devait m'appeler... Hum...

« Yami-sama ira très bien ou Comtesse, à votre convenance.»

Cela marquait ma supériorité hiérarchique par rapport à lui sans passer par des titres pompeux comme « Déesse »...

Ce qui se déroulait ensuite était encore plus improbable. En effet, jamais je n'avais eu a voir de larmes couler sur les joues de mes donneurs et surtout pas de frustration de ne pas avoir été prélevé davantage... Je le regardais d'un air circonspect alors qu'il se sentait misérable au yeux de Jashin.

« Il pourrait très bien solliciter de nouveau votre nectar ultérieurement. Renouvelant alors cette grâce divine qu'il vous octroie plutôt que de prendre une quantité bien supérieure en une seule fois... »

Ce n'était pas tellement pour le rassurer mais plus pour cesser ses pleurs pitoyables et irritants. Je n'osais pas croire que j'allais me laisser toucher par un être avec si peu de respect envers lui même... Cela ne me faisait ni chaud ni froid non plus qu'il garde son haut ou non durant l'opération, ce n'était pas comme si j'étais pudique mais j'imaginais que les normes sociales que je m'évertuais toujours a comprendre et à appliquer dans une certaine mesure ne le recommandait pas vraiment. Quoi qu'il en soit il paraissait comme parti en transe, un état extatique alors que sa main percevait les battements de mon cœur. Je l'avisais avec intérêt durant la manœuvre, voyant ô combien il était dévoué a Jashin et me certifiant une nouvelle fois que je ne risquais pas la trahison de sa part. C'était une bonne chose. J'en avais assez de me sentir dans une fosse à serpent qui ne demandait qu'à bondir pour mieux me dévorer avec subtilité et fourberie.

Et voilà qu'il pleurait de nouveau... C'était vraiment indécent. Il m'expliquait alors qu'il s'agissait désormais de larmes de joie et à quel point j'étais chanceuse... Si il le disait... Il s'insurgeait presque de ne pas avoir été « élu » pour le porter alors que sa foi était inébranlable depuis son plus jeune âge : si il savait que je ne vouais de l'intérêt a Jashin que depuis quelques mois seulement, n'ayant au préalable jamais porté le moindre intérêt à toute cette mythologie.

« Vous savez cela n'est pas toujours aussi glorifiant que cela en a l'air. Le Coeur Eternel ne m'offre que peu de répit pendant mes jours et mes nuits. Il me transmet des images issues des vies antérieures qu'il a suivi a savoir celle des précédents Comtes et de son porteur initial bien entendu. Des visions d'horreurs, de massacres et de tous les méfaits des nôtres me sont contés comme une histoire avant de m'endormir. Cela s'avère parfois pesant mais j'imagine que je peux les voir pour y méditer et tenter d'apprendre des erreurs de nos aïeux pour ne pas les reproduire. »

C'était comme ça que je devais le voir où cette invasion perpétuelle de mon esprit finirait par me le faire perdre indubitablement.

Le mérite obtenu, il retira sa main et changeait drastiquement de sujet. Il avait remarqué l'escorte impromptue dont je disposais et se posais la question du pourquoi. J'esquissais un sourire avant de lui répondre.

« Il en est de même pour Oniri. Elle est suspectée d'avoir assassiné la Godaime et d'avoir enlevé la cheffe du clan Kawaguchi. Enlèvement pour lequel je suis accusée de complicité. J'imagine que cela m'accuse de la même manière pour le premier fait... Pour une fois que je ne suis pas responsable de ce pourquoi on pourrait m'accuser. »

Terminais-je en levant les paumes vers le ciel.
Il y avait quelques affaires étouffées pour lesquelles j'aurais pu être probablement condamnée mais il avait fallut que l'on m'accuse pour une dont j'étais totalement innocente.

« En attendant la récolte de preuves dans ce sens et un éventuel procès, nous sommes sous surveillance et écartées de nos fonctions... J'espère que les dommages et intérêts pour ces inepties me faisant perdre mon temps, ma crédibilité et faisant tourner au ralenti l'unité spécial du village, seront a la hauteur de ce que j'imagine... »

Bien sûr que non ce ne serait pas le cas. Je n'imaginais pas Kioshi organiser une mise à mort pour diffamation... Dommage. Il fallait tout faire par soit même décidément.

« C'est peut-être également pourquoi Oniri souhaite monter son projet à ce moment précis. Peut-être a-t-elle des raisons de craindre d'être inquiétée... »

Après tous les éléments d'enquêtes laissait croire que les Saibogu étaient impliqués dans l'affaire mais je n'imaginais pas Oniri tuer de sang froid celle qu'elle considérait presque comme une mère, un modèle à suivre... Si elle avait agit de la sorte c'était parce qu'il y avait une raison tangible... Là aussi il faudrait que j'en parle avec elle même si j'imaginais que Kioshi allait sûrement la faire interroger...

« Mais j'imagine que si vous avez traqué mon chakra pour me suivre vous avez également constaté que je n'étais pas suivie autrement que par vous sans quoi nous n'aurions probablement jamais eu cette discussion n'est-ce pas ? »

C'était étrange que ma surveillance se limitait à l'intérieur du village... Peut-être que Kibo qui en était chargé avait jugé bon de me laisser tranquille alors que je m'aventurais seule dans le désert pour philosopher sur la vie... Gentil Kibo...

Je n'aurais visiblement jamais le privilège de rencontrer Isnajh tel qu'il était vraiment à l'entendre... Je dépassais bien le commun des mortels à ses yeux pour qu'il puisse agir différemment en ma présence. Je ne savais pas si je devais considérer cela comme étant flatteur ou comme une énième malédiction s'abattant sur moi... Cela était plaisant d'écouter ses louanges mais cela était franchement irritant à la longue ! Toutefois je pourrais sans doute le supporter si en échange de cela je disposais qu'un loyal serviteur auquel je pourrais solliciter l'aide pour toute sorte de demande... A commencer par lui ordonner de ne plus me regarder avec cet air là !

Oui celui du croyant scandalisé parce qu'il entendait. J'avais tout de même bien le droit de me plaindre de l'inconfort que m'octroyait le cœur éternel ! Ne plus souffrir de maux infiniment douloureux pour voir mon esprit se faire envahir de milles et unes images chaotiques n'était pas vraiment mieux mais au moins ne risquais-je plus de mourir avec le second.

« Cela est en effet un faible fardeau comparativement à ce qu'il m'apporte mais j'avoue ne plus parvenir à supporter le moindre mal. Il faut dire que je n'ai jamais eu le loisir de connaître un état « normal » si tant est que cela existe. »

Depuis ma naissance j'avais dû composer avec la maladie puis avec Megami dans mon esprit et face à la mort imminente je me retrouvais désormais à gérer des visions sanglantes issues de mes aïeux en échange du Coeur et de l'immortalité... De quoi me plaignais-je franchement ?

Au moins avait-il la décence de voir les choses sous le même angle que moi concernant les accusations infondées sur ma personne.

« Nullement Kioshi. Il s'agit de la cheffe du clan Kawaguchi , Tsukiko. »

Une ancienne et lointaine amie semblait-il.
Isnajh m'assurait qu'il garantirait la protection d'Oniri quoi qu'il advienne et je n'avais pas d'autres solutions que de le croire sur parole... Il me proposait même de rejoindre le projet d'Oniri mais je devais avoir quelques précisions là dessus avant de prendre une décision allant dans ce sens.

« Cela est tentant mais je pense que je serais sans doute plus utile depuis ma position a Suna que dans vos rangs. »

Et s'il fallait falsifié des rapports mentionnant sa traque je le ferais bien aisément.

« Quoique puisque Oniri va déserter je pourrais tout aussi bien prendre l'affaire en charge pour la retrouver et ainsi lui apporter mon soutien quelconque sans pour autant être considérée comme une traîtresse aux yeux de Suna...»

Et assurer le plan initial qu'il me proposait si on ne m'en laissait pas la possibilité...

« Je préfère, quant à vous, que vous restiez aux côtés d'Oniri pour veiller sur elle durant votre entreprise plutôt que d'intégrer de nouveau Suna. Cela pourrait compromettre les idées d'Oniri. D'autant plus que je n'ai nullement besoin d'une quelconque assistance concernant l'affaire en cours. »

Et vivement qu'elle se termine que je puisse retrouver mes fonctions et un semblant de ma dignité après toutes ces inepties fomentées à mon sujet même si cette dernière s'envolait un peu plus en entendant Isnajh parler du parfum « exquis » de ma peau... Je préférais d'ailleurs ne pas relever sur ce point.

« Savez-vous quand a lieu le début du projet d'Oniri ? J'imagine incessamment sous peu si elle vous en a parlé... Oniri n'est pas du genre à laisser quoique ce soit au hasard avant d'annoncer quelque chose... »

Je la connaissais suffisamment pour le savoir.

« Qu'en est-il de vous ? Restez vous dans les parages jusqu'à ce moment où allez vous vagabonder plus loin dans Kaze et au delà ? »

Je voulais obtenir ces informations pour savoir si je pouvais compter sur lui d'ici là ou non , des fois que j'aurais besoin de lui demander un petit service...

Isnajh était décidément un « serviteur » dévoué clamant haut et fort qu'il se débarrasserait de chaque mal me guettant. L'idée d'avoir dans ma manche une telle carte n'était pas pour me déplaire sans pour autant caresser la perspective de la sortir trop souvent de mon jeu. Mieux valait garder ces services si agréablement offerts pour des choses qui en valaient vraiment la peine...

C'est pourquoi un trait d’hésitation se lança dans mon esprit lorsqu'il me demandait s'il devait éliminer l'accusatrice avant de me rétracter car bien que l'idée soit alléchante en soit, Kibo m'avait déjà proposé de le faire pour moi. Les méthodes employées seraient sans doute bien moins radicales mais au moins l'affaire ne retomberait pas sur mon clan puisque je n'avais personnellement rien demandé : c'était lui qui s'était proposé.

« Cela ne sera pas nécessaire. »

Il se douterait sans doute que quelque chose était déjà en place à ce niveau là. Ce qui n'était pas le cas des informations dont il disposait puisqu'il ne savait aucunement quand débuterait le projet d'Oniri... Voilà qui était fâcheux... Cela aussi il faudrait que je trouve le moyen d'en toucher un mot à la concernée. Toutefois je n'eus pas vraiment le temps de la réflexion concernant ce point alors qu'il annonçait que la Saibogu était une femme qui comptait pour lui... Mon regard se posa instinctivement sur lui prêt a jeter des éclairs. Avais-je bien entendu ? C'était le festival des délurés voulant me prendre Oniri ces derniers temps ou quoi ? Ca y est le printemps arrivait et les hormones travaillaient ?!

« Comment ça elle « compte pour vous » ? »

Demandais-je faussement assassine.
Il valait mieux pour lui qu'il réponde correctement à la question où Jashin me murmurerait comme par hasard qu'il mette un terme à sa vie pour l'honorer...

Au moins annonçait-il une bonne nouvelle en clamant qu'il resterait dans les parages jusqu'à une bonne partie de l'examen Chuunin ! J'étais satisfaite de l'entendre tout en ne pouvant m'empêcher de joindre ces paroles à l'affaire précédente... Rôdait-il pour Oniri ? …

« Quel est le motif de votre campement sur les lieux pendant cette période ? »

Je me devais de garder mon calme et ne pas faire de conclusion hâtive. En revanche, s'il marchait sur mes plates bandes et s'aventurait sur cette pente sinueuse il saurait me trouver au tournant... Fort heureusement pour lui, son présent tout particulier atténua quelque peu ma flamme vivifiante au profit de la curiosité. Je pouvais réellement entrer en contact avec lui par ce biais ? De quel maléfice était touché cet artefact bien étrange ?! Je l'observais sous toute les coutures pour en connaître le fonctionnement. Si seulement les noms qui y étaient inscrits infligeraient moult mal à leur porteur...

Je m'entaillais l'index avec ma bague a pointe, n'ayant guère de quoi écrire pour vérifier la véracité des propos tenus par le Ketsueki, j'usais d'une encre toute naturelle en inscrivant « Jashin » en lettre de sang dans mon carnet pour voir si cela apparaissait également dans le sien après avoir disparu du mien. Force était de constater que cela fonctionnait : c'était fascinant !

« Il existe des objets bien curieux sur notre planète mais qui n'arrêteront pas de m'étonner... Cela dit je me demande bien où vous avez pu le dégotter... J'accepte volontiers ce présent et vous en remercie. Savoir que je possède un moyen discret de communiquer avec vous et part extension avec Oniri si elle se trouve par là suite avec vous me rempli de joie. »

J'avais appris des choses intéressantes de cette visite impromptue et je m'étais même assurée quelques garanties... Décidément, tout cela semblait prometteur.

« Mon temps en votre compagnie touche à sa fin Isnajh. Vos informations me sont précieuses tout comme votre élixir était goûteux... Nous nous reverrons pour le sauvetage des nôtres si ce n'est avant... Passez une agréable fin de journée. »

C'était tout pour moi s'il n'avait rien de plus à me dire ou m'apporter pour le moment.
Cela était plaisant de revoir un ancien camarade paradoxalement au fait que nous avions en ce jour plus discuté que pendant toute notre collaboration au sein du Kakumeigun. Il y avait des intérêts communs qui savaient délier les langues...