Yuki no kuni. Le pays du froid. La nation qui vit naître la neige ! Un système de saisons exclusivement binaire qui octroyait aux flocons une moyenne de six mois où ils perduraient pour s’accumuler en plusieurs mètres d’épaisseur. Une fine pellicule qui se développait en une épaisse couche en moins de deux minutes. Quelques personnes arrivaient à vivre dans ce pays au climat si particulier. Des fous, selon Michiki, Genin du village de Kiri. Des fous qui le regardaient d’un œil soupçonneux à son passage. Etait-ce si flagrant qu’il n’était pas de la région ? Pourtant le Genin avait prévu le voyage et s’était habillé chaudement. Peut-être était-ce trop ? Peu importe après tout. C’était déjà une plaie pour lui de se trouver là. Une mission de rang C qui l’avait amené à escorter un gamin jusque dans ce coin reculé du monde. Chaque fois qu’un courant d’air venait lui grimper dans le dos ou qu’un peu de neige se glissait dans l’interstice de ses bottes fourrées, il jurait. Il se jurait de ne plus jamais accepter de mission de rang C. Jusqu’à la prochaine fois.

Le vent s’acharnait sur Michiki. Il lui lacérait le visage comme si on lui laminait le visage avec un scalpel. La température chutait à chaque rafale. Il commençait à ne plus sentir ses extrémités malgré la double couche de vêtements. Il aurait donné n’importe quoi pour un abri au chaud et un bon bol de soupe. Comme un écho à ses espérances, le vent retomba et la neige s’écrasa au sol en un mouvement calme et sourd. Un changement de météo qu’il bénit. Il faisait un peu moins froid et au moins il pouvait retirer sa capuche pour regarder devant soi. Le paysage était harmonie. Un calme et un équilibre vite perturbé par l’arrivée d’un nouveau protagoniste.

Devant le Kirijin se profilait une silhouette encapuchonnée. Il lui était impossible de voir son visage et encore plus de déduire le moindre détail physique. Il plissa les yeux et remonta ses lunettes sur son nez pour mieux le voir quand même. Inutile. Finalement, le mystérieux étranger rabattit sa capuche, dévoilant des cheveux bruns et deux yeux verts perçants. Le teint rougi par le froid, il s’adressa au nécromancien. Même si sa tonalité ne laissait présager aucune émotion particulière, ses mots étaient assez brusques. Il lui demanda s’il avait un problème. Michiki ne comprit pas bien le comportement de ce personnage. Disait-il ça uniquement parce que le Genin de la brume s’était arrêté pour mieux le voir ? Si c’était le cas, ce type devait se faire soigner. Ou alors un petit plaisantin qui cherchait la bagarre.

Le nécromancien poussa un soupir désespéré. Il aurait accepté un combat avec n’importe qui dans d’autres conditions. Mais sa mission à peine finie, il ne rêvait que d’une chose : rentrer chez lui. Un affrontement ne le tentait pas. Et puis qui sait ce qu’il valait sur un terraine enneigé. Difficile à dire. Il se fit la réflexion qu’il ferait mieux de calmer le jeu avant que les esprits s’échauffent.

-Non pas du tout. Je tenais juste à profiter du paysage. En as-tu un pour ta part ?

Même si le combat ne le tentait pas, il n’allait pas se laisser marcher sur les pieds par une tête brulée. Lui renvoyer sa question à la tête en lui mentant préalablement était une bonne réaction pour dire : « Peace mais viens pas me chercher des noises l’ami ».

L’étranger était resté assez silencieux. Il observait essentiellement Michiki. Ce dernier en fit de même. Il avait plus ou moins noté tout ce qu’il y avait d’évident chez son interlocuteur. Mais une chose restait encore pur mystère. A quoi ce gars pouvait-il bien penser en observant le Kirijin ? Difficile à dire. Michiki n’était pas un expert dans la matière et il n’avait pas vraiment de sixième sens pour détecter ce genre de choses. En plus, le temps commença à se gâter. Cela n’arrangeait rien à la situation. Le bref moment de beau temps n’avait pas laissé le temps au Kirijin de se réchauffer. Son interlocuteur avait l’air un peu plus habitué au froid. Certainement un gars d’ici.

Par-dessus le souffle incessant du vent, le mystérieux bonhomme lui proposa de le guider jusqu’à une auberge. C’était certainement une bonne idée. Cette tempête ne semblait pas se calmer pour le moment. Attendre au chaud serait agréable après tout ce chemin dans le froid. Il accepta la proposition d'un hochement de tête. Puis il le rejoint en accélérant le pas sur les premiers mètres. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, il adopta une marche plus posée et plus mesurée. Michiki suivait les mouvements de son compagnon du coin de l’œil pour éviter de se perdre dans ces monts enneigés. Le paysage blanchi par les neiges incessantes devait aveugler lorsqu’il faisait beau et était lassant lorsqu’il y avait du vent et de fortes chutes de neige. Un pays très divertissant décidément.

Michiki resserra un peu plus ses vêtements pour se préserver du froid. Il n’avait pas envie de s’évanouir ou même de mourir congelé ici ! Ce serait une mort nulle pour un shinobi. A la limite s’il était confronté à un Samui qui le terrassait par ses attaques aux températures glaciales, pourquoi pas. Mais se retrouver gelé après une promenade dans les montagnes de Yuki no kuni. Non merci vraiment. Le nécromancien avait le sens du spectacle et une telle fin réussirait à le hanter dans l’au-delà. Il continua à échafauder toutes sortes d’idées comme celle-ci. Elles lui permettaient de s’échapper de la monotonie du trajet. Et, enfin, après quelques temps de marche, une bâtisse se dessina parmi les rochers et la neige. La chaude lumière qui filtrait par les fenêtres offrait la promesse d’un toit où ils auraient bien chaud. Lorsque les deux randonneurs arrivèrent à la porte d’entrée, Michiki ouvrit la porte et laissa entrer son sauveur en premier. Il fallait bien le dire, c’était ainsi qu’il devait l’appeler. Il entra à sa suite. La chaleur l’envahit, picotant ses joues et ses extrémités. Il poussa un soupir de soulagement en fermant les yeux. Pour mieux profiter de cette joie minuscule.