La traversée était longue, mais instructive. J'étais sur un bateau correct avec un capitaine et quelques moussaillons. J'étais souvent au côté du capitaine lors de notre périple, car il connaissait Mizu comme sa poche. Il m'avait expliqué qu'il faisait le voyage Kumo/Kiri depuis la création de ces deux villages. Il avait vu tellement de choses qu'il peinait à se rappeler de tout. Lors de la guerre entre le nuage et la brume, ce dernier avait eu la chance d'être malade et de ce fait, il ne pouvait pas embarquer sur son bateau. Heureusement pour lui, car son remplaçant périt dans cette traversée. Cet homme était alimenté par la passion. Il adorait son métier. On pouvait voir son sourire s'affichait lorsqu'il parlait de ses aventures. Je passai la majeure partie de mon temps avec lui. Nous échangions nos différentes expériences et c'était plaisant. Cependant, j'avais principalement retenu les différentes informations qu'il pouvait me fournir sur le pays de l'eau. Il m'avait indiqué que depuis la destruction de la brume sanglante, la population avait radicalement diminué. Les gens ont eu peur et se sont dirigés principalement vers le Shukai comme la plupart des anciens shinobis de Kiri. Quelques villageois sont restés dans leur pays natal, mais ils ne sont qu'une poignée. Le capitaine m'indiqua que de nombreux bandits et autres personnes mal intentionnés avaient fait leur apparition. Il me conseilla de bien entendu, rester sur mes gardes, même si c'est une prérogative pour un shinobi. Il m'avait donné le nom des villages où je pouvais trouver le gîte et le couvert.

Après quelques jours de voyage, le bateau arriva dans le port de Shu. Un port qui semblait désert à première vue. J'étais resté très peu de temps dans ce dernier, mais j'avais fait la rencontre de quelques personnes. La discussion s'était, dans l'ensemble, bien passée et j'avais récupéré quelques informations. Néanmoins, mon objectif actuel était de me diriger vers un endroit bien spécifique. Après mon arrivée, je suis allé dans un village où j'ai pu prendre une chambre et un repas. Cependant, ma destination finale était très éloignée des villages encore habités. Plus j'avançais et plus les nuits se finissaient à la belle étoile. Cela me rappelait mon enfance où j'étais habitué à vagabonder la nuit en quête de nourriture. En parlant de nourriture, il me fallait trouver de quoi manger, car les réserves étaient vides. J'étais maintenant très proche de mon objectif, mais un événement retarda mon voyage.

Alors que je n'arrivai pas à dormir, j'entendis des pas se diriger vers moi. Grâce à mon affinité Onkyôton, je devinais que les personnes étaient encore assez loin de moi, mais je devais me préparer. Pour faire cela, je plantai mes deux mains dans le sol pour faire une petite surprise à ces inconnus. Mes mains se propagèrent dans la terre tout en restant fixé à mes avant-bras par le biais de mes fils. Deux personnes arrivèrent à mon niveau, armes en mains. Je prétendais être endormi et au moment opportun, mes deux mains sortirent du sol pour saisir le coup de ces deux hommes. Lentement, je me levai et m'approchai d'eux. La panique pouvait se lire dans leurs yeux. D'un coup sec, j'arrachai un lambeau de chair de l'homme qui semblait être le chef de cette expédition. J'avais stratégiquement mordu sa nuque pour arracher un morceau de sa jugulaire. L'homme en question se transformait en une fontaine de sang. En quelques secondes, ce dernier était mort et je m'approchai doucement vers son homologue, tout en mâchant la chair que je venais d'ôter. L'homme tenta de me supplier avec le peu d'oxygène qui lui restait et j'acceptai finalement sa requête. Après tout, je pense que cet homme a compris la leçon.

Revenons donc à mon objectif. Je me devais de ne pas traîner ici. Cependant, je vis un homme qui semblait pêcher près d'une étendue d'eau. Je reconnaissais bien entendu cet homme, mais ne sachant pas si l'endroit était sécurisé, je me devais d'agir comme un étranger. Je pris un malheureux bout de bois et de la ficelle que j'avais dans mon sac. J'attachai à cette dernière un simple caillou pour simuler cette activité que j'allais partager avec la tête pensante. Doucement, je me plaçai sur un rocher et jetai mon caillou dans l'eau. Après quelques secondes de silence, je brisai ce dernier.

« Je suis désolé de vous déranger ainsi, mais avez-vous vu un étrange groupuscule dans les environs ? »

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La Brume familière et si hospitalière du Shinda l’avait de nouveau accueillie en son sein. Une halte reposante après sa besogne pour le compte de Samui Kakeshuou. Michiki avait voulu repasser par sa contrée natale pour y déposer quelques effets personnels, notamment une nouvelle recrue de qualité fraichement récoltée au pays des Oiseaux. Il était passé par le QG du Fumetsu avant de s’accorder une pause bien méritée.

Un instant de détente pur. Il ne sut quelle mouche le piquait mais il fut pris d’une irrépressible envie de se mettre à un hobby ne l’ayant jamais attiré plus que ça. Il se rendit dans le premier village qu’il croisa après avoir quitté l’Antre. Les cannes à pêche n’étaient pas ce qui manquait sur l’archipel. Il fit donc l’acquisition de l’une d’elles. Beau modèle et pas très chère, elle serait idéale pour cette envie saugrenue qui l’avait pris comme un désir de femme engrossée.

Cependant, il ne faisait pas ça pour sa passion des thons ou des morues. Il préférait s’atteler à une telle activité dans le seul but de se détendre et de trouver une pérennité méritée. Pas question donc d’arpenter les abords des ports jonchés de matelots vagabonds et autres malveillants. Il préféra se rendre à un petit point d’eau perdu en pleine forêt. A plusieurs mètres de l’Antre, il en avait repéré un qui ferait parfaitement l’affaire. Equipé de son nouveau matériel, il s’y rendit sans plus attendre.

Comme lorsqu’il était passé plus tôt, le lieu était vide de monde. Parfait ! Il ne perdit pas une seconde pour s’installer au bord de l’eau. Il déballa son achat récent. Il avait juste là une canne. Pas d’appât. D’ailleurs il ne devait pas y avoir de poisson dans cette étendue aqueuse. Mais il faisait ça pour simplement comprendre le sentiment qu’on pouvait ressentir par une telle pratique. Il s’assit en tailleur et balança la ligne à la flotte. Le bouchon se stabilisa aux grés des remous et vagues à la surface de l’eau jusqu’à ce qu’elle redevienne huile stagnante. Seuls compagnons du nécromancien ici, le silence et la brume. Il se rendit vite compte que la pêche n’était pas un hobby à pratiquer à Mizu. La Brume éternelle ne permettait pas de bien surveiller le bouchon. Encore heureux qu’il faisait ça pour passer le temps et réfléchir. S’il dépendait de cette activité pour survivre, il serait mort depuis un moment.

Mais tout cela lui était égal. Il se sentait à l’aise dans cet environnement. Son esprit pouvait divaguer à ses pensées et à ses plans farfelus. Tout un tas d’idées qui germaient, s’enchaînaient et s’agençaient dans le plus parfait de tous les déserts. Mais c’était trop beau pour être vrai.

Alors qu’il rêvassait, ses sens lui signalèrent que le désert avait trouvé un autre résident. Un bref soupir jusqu’à ce qu’il reconnaisse la signature du chakra qui approchait. Il le connaissait vaguement mais il savait ce qu’il annonçait. Son soupir s’étira en un léger sourire alors que son regard vague se portait toujours sur la surface plane de l’eau brumeuse. Le son se fit plus distinct et la présence se confirma être près de lui. Alors que le Kumojin était en mouvement à ses côtés, il tourna la tête pour constater qu’il le rejoignait dans son passe-temps improvisé. La belle idée !

Le Monjara nommé Shinji patienta un instant avant de finalement questionner le Shinda. Ce dernier répondit, non sans malice et avec un large sourire :

- Oui bien sûr ! J’en suis même le chef à vrai dire !

Pourquoi un groupuscule ? Je ne sais pas vraiment. Après tout, je viens tout juste de croiser des bandits, peut-être fait-il partit de cette troupe de bras cassés ? Qui sait ! Dans tous les cas, le fameux chef de l'Hydre, car oui, tout le monde connaît son nom, son prénom, sa fonction, son adresse, ce qu'il a mangé ce midi, s'il préfère le jus d'ananas ou le jus d'orange, sa couleur préférée, etc. Donc, Shinda Michiki, chef de l'Hydre se tenait non loin de moi, une canne à pêche à la main. Le fossoyeur était réellement en train de pêcher et pour le coup, je me sentais bête avec mon bout de bois et mon caillou. Enfin, disons qu'au moins, si quelqu'un débarque, cela sauve les apparences et c'est déjà beaucoup. Alors, en effet, on peut se demander pourquoi quelqu'un débarquerait ici. Je me le demande aussi, mais je suis un Kumojin débarquant à Mizu no Kuni qui tombe sur des Sunajins. Avec ça en tête, je pense que j'ai le droit de prendre toutes les précautions nécessaires.

Après quelques secondes de silence, l'homme à lunette répondit avec sourire non dissimulé. Il avait en effet vu ce fameux groupuscule et il en était même le chef. Des nouvelles accablantes pour une personne que l'on qualifierait de lambda, mais pas pour moi.

« Bien sûr ! Suis-je bête ? Je fais partie de ce groupuscule ! »

Le Fumetsu. Cette fameuse organisation... Cette organisation que j'ai rejoint il y a longtemps maintenant. C'était d'ailleurs, lors de mon adhésion que j'avais vu Michiki pour la première et dernière fois jusqu'à ce jour. Le nécromant n'avait pas changé d'un poil et si cet homme est ici, cela veut dire qu'une chose. La base de notre organisation doit se trouver à Ki no Kuni. C'est logique non ? En tout cas, j'étais heureux de voir la tête principale de l'Hydre, car j'avais justement quelques informations à lui communiquer et de ce fait, j'étais persuadé qu'il en avait sûrement pour moi aussi. Un échange de bon procédé. C'est la pierre angulaire de cette organisation. Cependant, j'avais une brève envie de parler de mon long bout de bois de qualité.

« Moi, la canne, ça m'aide. Je visualise le caillou dans l'eau, j'ai l'impression de faire partie d'un tout, moi, le caillou, le fil, le lac, le ciel, c'est entier, vous comprenez ? C'est bien fini. C'est pour ça, moi, je me dis, c'est dans ces moments-là qu'on peut comprendre de nombreuses choses. »

« Bref, lors d'une de mes précédentes expéditions, j'ai rencontré un pêcheur très fort qui semblait intéressé par notre communauté de pêcheur. De de ce fait, je lui ai proposé de rejoindre cette dernière avec un délai illimité pour répondre. Il a accepté il y a très peu de temps. Cet homme est spécialisé dans les Scincus scincus à savoir les poissons de sable. Il m'a d'ailleurs demandé de vous remettre ce petit cahier où l'on peut facilement dialoguer entre pêcheurs. »

Je tendais le cahier à Michiki tout en continuant à parler de ma canne.

« Ah voilà ! Je viens de comprendre à quoi sert la canne. En fait, ça ne sert à rien... Du coup, ça nous renvoie à notre propre utilité : l'Homme face à l'Absurde. »

Le Monjara sut prendre la réponse du Shinda avec tout autant d’humour et de sarcasme que le nécromancien. Il faut dire que c’était lui qui avait entamé cette vaste plaisanterie par sa première interpellation. Rien de plus normal donc qu’il continue dans cette voie. Ça s’appelait assumer sa bêtise.

Alors que Michiki émit un petit ricanement à l’ânerie de son interlocuteur, ce dernier renchaîna de nouveau sur un beau discours sur le sens de la pêche et plus particulièrement de sa canne. Il profita même de ce moment pour lui souffler, non sans habileté, qu’il avait plus ou moins recruté un nouveau membre pour le Fumetsu. Etrange chose que cela. Michiki devrait donc rencontrer cette personne à nouveau. D’autant plus que la dite recrue avait transmis un moyen de communication à Shinji qui le partagea avec le Fossoyeur. L’objet en question était un simple cahier. Il verrait ça plus tard.

Le Kumojin conclut par une phrase qui préserva le sourire de Michiki pendant encore quelques temps. D’ailleurs il n’en retint que quelques mots, qu’il réutilisa alors qu’il lui répondit :

- En effet, ça ne sert à rien !

Michiki déposa donc sa propre canne à pêche sur le bord de l’eau. Il profita de l’occasion pour sortir une cigarette. Fini de jouer, il en avait terminé avec le tour d’inspection.

Car oui, si Michiki s’était rendu dans un village voisin, ce n’était pas par soudaine envie de se mettre à la pêche. Cette halte lui avait permis de s’assurer que les alentours n’abritaient pas des shinobis. Il avait pu surveiller les traces de chakra. Tout comme lorsqu’il était revenu ici. il avait rapidement sondé l’endroit sur le chemin et l’aller-retour lui avait tout simplement permis de couvrir l’entièreté de la zone. De même que lorsque les deux hommes avaient commencés leur entretien, Michiki avait maintenu sa surveillance par le biais de ses sens et de ses cadavres envoyés en éclaireurs. L’endroit était parfaitement désert. Il n’y avait donc que le Monjara et le Shinda.

- Fini de jouer donc. Nous serons tranquilles, mes « hommes » se sont chargés de s’en assurer.

Il tira une longue taffe sur sa clope avant d’expirer un nuage de fumée opaque qui s’évanouit plus loin, se confondant dans la brume environnante.

- Je dois bien avouer ma surprise de vous voir ici, Kumojin. Je ne m’attendais pas à vous revoir dans de telles circonstances. Mais c’est tout aussi bien comme ça. Nous ne perdrons pas de temps en courrier codé.

Le Shinda commença à faire quelques pas vers l’orée de la forêt, quittant ainsi la berge du petit lac. Il s’arrêta aux abords d’un tronc frêle et fit pivoter sa tête vers son invité :

- Je vous prie de me suivre. La voie est dégagée jusqu’à notre quartier général.

Et Michiki entama sa course à travers les arbres, sautant de branche en branche. Il sentait que son acolyte n’était pas loin alors il ne prit pas la peine de tourner la tête toutes les cinq minutes pour vérifier qu’il le suivait. La sensorialité était bougrement pratique ! Le trajet ne fut pas très long. L’Antre était vraiment à quelques mètres. Surtout lorsqu’on avait cette allure. Les deux hommes finirent donc par arriver sur le bout de montagne, au niveau du plateau où se trouvait l’entrée du repaire.

Lorsqu’ils furent devant l’imposant rocher bloquant l’accès, le Fossoyeur fit volte-face pour mieux regarder le Kumojin. Il avait fait tomber sa clope pendant la course. Dommage ! il épousseta donc les quelques cendres s’étant logé dans sa chemise alors qu’il reprit la parole :

- Nous voilà aux portes de l’Antre. Pour l’ouvrir, tu auras besoin de ça.

Sur ces mots, Michiki tendit une main où un sceau était dessiné. Il disparut la demi-seconde d’après, laissant place à une poignée d’or. Plusieurs pièces qu’il offrit au Monjara. Il distingua néanmoins ses offrandes pour mettre l’une d’elles en valeur. C’est celle qu’il tendit en priorité à son collègue.

- Grâce à ceci, tu peux avoir accès à notre repaire. Elle ne répond qu’à ton chakra. Essaye-la.

Et le Shinda s’écarta légèrement pour laisser la place, regardant son invité faire.

Spoiler:

Tout bon shinobi se doit de révéler certaines informations lorsqu'il a la certitude d'être en lieu sûr. Imaginer que mes informations tombent dans les oreilles de mauvaises personnes ? Ce serait dramatique pour ma part, enfin, surtout pour celui qui se trouvait là, à écouter, car le fossoyeur et moi-même serions obligés de tuer le pauvre. De ce fait, j'avais subtilement utilisé le fameux code que m'avait envoyé Michiki afin de lui parler tout en restant discret sur mes vraies intentions.

En réalité, je venais de transmettre un cahier très important au nécromant. C'est l'immortel Mamoru Lessa, ancien Kazekage de Suna. J'ai rencontré ce dernier lors de ma mission dans les temples des moines Kiezan. Notre première rencontre remonte à ma visite de Konoha pour retrouver le corps du seigneur de Tetsu no Kuni. Cela remonte à un an en maintenant et c'était à ce moment-là que je lui ai proposé d'intégrer le Fumetsu. Nous avions discuté pendant des heures et j'avais remarqué que la philosophie de cet homme qui défie la mort convenait parfaitement à celle de l'organisation. Qui plus est, avoir à nos côtés, un ancien Kazekage immortel, cela ne peut être que positif !

Je lui avais, donc, proposé d'intégrer les rangs de ce groupuscule en lui laissant la liberté de répondre dans les délais qu'il désirait. Au bout d'une année entière, alors que j'avais pour mission d'empêcher un Konohajin et le Kazekage d'entrer dans le temple. A la fin de notre longue discussion, il me signala qu'il acceptait finalement ma proposition. C'est ici qu'il m'a transmis ce cahier si spécial. Son propriétaire en possède un autre dans le même genre. Ainsi, lorsqu'on écrit dans un des cahiers, les inscriptions se manifestent aussi sur l'autre cahier. J'avais la consigne de le transmettre directement au chef de l'Hydre à savoir, le fossoyeur.

J'avais ajouté dans le cahier un compte rendu de ce que je savais sur ce nouveau membre afin que le Shinda ait le maximum d'informations à sa disposition. Michiki m'indiqua que l'on pouvait arrêter de joueur, car l'endroit était sécurisé. Je retrouvai alors le ton sérieux que je possède d'habitude. Le chef était, bien entendu surpris de me voir ici et j'étais sur le point de lui expliquer lorsque ce dernier fit quelques pas en se tournant vers moi pour me demander de le suivre jusqu'au quartier général.

Nous commencions alors notre course à travers la forêt nous déplaçant d'arbre en arbre. Le fou de cadavre allait relativement vite et j'étais assez surpris d'arriver seulement à suivre son rythme. Il n'était pas le chef de l'Hydre pour rien après tout.

Rapidement, nous arrivions près de la montagne où le repère semblait se trouver. Un immense rocher bloquer l'accès du repère. Comme l'indiqua Michiki, nous étions aux portes de l'Antre. Pour ouvrir cette dernière, il me fallait un objet particulier. Le Shinda fit apparaître une poignée de pièces d'or. Il m'en offrit quelques-unes et surtout, il mit en valeur l'une d'elle, m'indiquant qu'elle me permettait d'accéder à l'Antre et qu'elle ne réagissait qu'à mon chakra. Intrigué, je ne perdis pas de temps et injectai mon chakra dans la pièce. Le sceau s'activa et le rocher en question bougea. Ne connaissant que trop peu ce repère, je faisais signe à Michiki de passer devant afin de me guider.

Nous nous engagions alors dans un labyrinthe qui semblait interminable. Heureusement, le fossoyeur était présent pour m'indiquer que le sceau fonctionnait aussi pour me repérer dans ce dédale. Une fois sortie, je faisais face à une énorme cascade. Le nécromant insista pour que je traverse cette chute d'eau. J'étais assez retissant, au début, mais j'avais confiance en Michiki. Je traversai les trombes d'eau pour tomber une salle de réunion avec des sculptures de têtes d'Hydre. La salle était assez grande et très bien isolé. L'homme à lunette prit sa place légitime sur la tête principale de l'Hydre en pierre. Il était temps de parler sérieusement.

« Le cahier que je t'ai donné est celui d'un ancien Kazekage prenant le nom de Mamoru Lessa. Ce n'est, bien entendu, pas son vrai nom, mais à l'heure actuelle, je n'en sais pas plus. Dans tous les cas, je l'ai rencontré il y a plus d'un an maintenant et je lui avais proposé de rejoindre l'organisation après une très longue conversation. Sa façon de penser semblait concorder avec les objectifs de l'Hydre. Qui plus est, il m'a révélé qu'il avait percé le secret de l'immortalité. Je me suis tout de suite dis que cet homme allait t'intéresser. Ce cahier vous permet de dialoguer avec lui en toute discrétion. Il verra ce que vous écrivez sur les pages et vice-versa. »

« Si je suis ici, comme tu t'en doutes, ce n'est pour rien. Des Kumojins ont disparu après être venu ici. J'ai la mission d'enquêter afin d'obtenir le plus d'information possible. De ce fait, je me suis dit que venir visiter le repère de l'organisation ainsi, venir dialoguer avec toi. »

« Depuis notre dernière rencontre, j'ai grimpé dans la hiérarchie de Kumo en devenant Conseiller, membre du Satoru ainsi que chef de l'unité d'espionnage, de renseignements et d'assassinats de Kumo. Grâce à mon grade, j'ai obtenu des informations intéressantes. La plus importante est que le Shukai désire conquérir l'archipel de Mizu et que Kumo va sûrement tenter de contrer cela. Etant souvent ici, je me doute que tu as déjà des informations sur le sujet n'est-ce pas ? »

L’Antre avait ouvert ses portes au Monjara qui, guidé par le chef du Fumetsu, se retrouva bien vite au centre même du repaire, dans la salle de réunion. Et là, la discussion fut de suite entamée. Le manieur de fils ne perdait pas de temps.

Il lui en raconta un peu plus sur le détenteur du cahier qu’il lui avait légué. Il pouvait en parler ouvertement maintenant qu’ils étaient à l’abri d’oreilles indiscrètes. Et ce qu’il avait à raconter était plus qu’intéressant. Il avait tout d’abord émit quelques doutes silencieux sur cette rencontre. Un parfait étranger qu’il avait plus ou moins recruté. C’était tout de même assez étrange. Mais lorsqu’il lui expliqua de quel étranger il s’agissait, la curiosité et l’attention du nécromancien ne fut que décuplée. Il était déjà difficile de croire qu’il pouvait être encore plus absorbé par cette conversation ô combien intéressante.

Ce fougueux intérêt était justifié car le détenteur du dit cahier n’était autre qu’un ancien Kazekage. Ni plus ni moins. Ce qui faisait de lui un atout privilégié. Qui sait combien d’informations pouvaient avoir emmagasiné cet homme au cours de son mandat. Michiki ne connaissait que très peu l’histoire de Suna ainsi que la génération des Kages établis là-bas. Il avait rencontré l’un d’eux lors d’une mission diplomatique où il s’était fait poliment rejeté et royalement ignoré par Raiu no Kenji. Un plan bien foireux dans lequel le Borgne l’avait envoyé. Des heures de route plus un périple dans un climat aride et méconnu du Kirijin qui s’était soldé par un bref entretien pour en venir à la conclusion que les deux dirigeants correspondraient par courrier. Un évènement qui avait failli entacher de peu l’investissement du Shinda au sein de la Brume.

Toujours est-il que Shinji avait plutôt bien géré son coup sur ce coup-ci. C’était même un excellent travail. Son implication était exemplaire. Le Shinda ne pouvait regretter de l’avoir invité à rejoindre l’Hydre et ses têtes. Et les capacités de cet homme qu’il avait rencontré semblaient plus qu’intéressantes. Il garda donc le nom de Mamoru Lessa bien en mémoire. Aussi précieusement que son petit carnet qu’il examinerait plus tard.

Shinji en vint également aux raisons de sa présence ici. Il était en mission pour Kumo. Certains de leurs envoyés précédents avaient mystérieusement disparus. Un phénomène dans lequel le nécromancien n’avait rien à voir pour le coup. Mais il mit également cette information dans un coin de sa tête pour plus tard. Ce serait sûrement instructif d’essayer d’en apprendre plus. Toute info était bonne à prendre pour le chef du Fumetsu. C’était tout de même là leur objectif premier. Mais donc les Nuages apportaient un intérêt tout particulier aux terres du brouillard. C’était assez préoccupant.

Le Monjara continua néanmoins sur sa lancée pour ensuite faire part de son évolution au sein de Kumo. Il y avait du neuf. Il n’était plus un simple Jônin qui servait son village. Il avait considérablement augmenté sa réputation et son importance au sein des Nuages. Une place privilégiée qui ne faisait qu’arranger les affaires de l’Hydre. Et encore plus lorsqu’il était porteur d’une telle nouvelle. Sa mission se comprenait mieux maintenant.

Le village de Kumo avait eu vent par on ne sait quel miracle de la divine grâce et bonne volonté du seigneur que le Shûkai allait entreprendre la conquête des terres de Mizu. Et c’était une opposition claire et nette. Envoyer des éclaireurs pour repérer le terrain. Une telle nouvelle valait énormément. C’était au Shinda de l’utiliser à bon escient maintenant. Les bras croisés sur la poitrine, il réfléchissait aux tenants et aboutissants de ce nouvel élément qui allait peser de manière non négligeable dans la balance géopolitique. Il répondit néanmoins à son interlocuteur filandreux :

- J’avoue ne pas avoir remarqué la présence Kumojin ici. Mais je vais redoubler d’attention dorénavant. Tu m’apportes une précision capitale. Cela remet en cause pas mal des plans de l’organisation. Mais je te félicite pour ce travail que tu as fourni. Il va nous être très précieux.

Il laissa un bref moment de silence avant de le rompre pour reprendre la parole :

- Vois-tu, l’organisation s’est rangée du côté du Shûkai. Je reviens à l’instant d’une mission pour le nouvel Empereur. Et je marcherais avec lui lors de la conquête. Si tout se passe selon nos prévisions, l’un des buts du Fumetsu serait atteint.

Il étendit les bras comme pour montrer quelque chose. Même s’il n’y avait rien.

- La reconstruction de Kiri.

Il reporta ensuite son regard sur le Kumojin alors que ses bras revinrent sur son torse. Il le fixait d’un œil sérieux, s’attendant à tout pour ce qui allait suivre après cette question :

- Je comprends bien ce qu’une telle information représente à tes yeux, notamment en tant que Kumojin. Et je préfère entendre et connaître ta position à ce propos. T’opposerais-tu à cela ? Si je te retrouvais sur ce champ de bataille, t’engagerais tu corps et âme dans la lutte ?

Je ne pouvais être qu'en admiration face au travail du fossoyeur. Je savais que ce dernier avait prévu d'installer le QG du Fumetsu au sein de Mizu no Kuni, mais là, il faut saluer la prouesse. Un sceau bloquant l'entrée, un labyrinthe, puis, si tu ne te dis pas de traverser la cascade d'eau, bien, tu passes à côté du repaire. Le nécromant ne s'était pas tourné les pouces et avait donné naissance à une tanière parfaite pour l'Hydre.

La salle principale était composée d’immenses statuts représentant chacune une tête de cette fameuse Hydre. Pour communiquer, chacun doit se placer sur sa statut respective afin d’assurer le bon déroulement des différentes discussions. Ainsi, j’avais pris ma place tout comme le Shinda. Pendant quelques minutes, j’avais accaparé la parole en lui expliquant ma nouvelle rencontre et surtout ce que j’avais appris au sein de Kumo. Ce désir d’opposition devait rester discret, mais j’ai un devoir à respecter. Je ne peux garder cette information pour moi. Le chef du Fumetsu devait être mis au courant.

Le fanatique des cadavres répondit finalement à mes propos. Il ne savait rien de la présence des Kumojins au sein de Mizu et qu'il allait redoubler d'attention pour ne pas être pris de cours. Il me félicita pour mes informations et m'indiqua qu'elle était capitale pour la suite des événements. Michiki se tue quelques secondes pour reprendre en m'expliquant que l'organisation s'est rangé du côté du Shûkai. Le nécromancien a effectué quelques missions avec le nouvel Empereur et de ce fait, il marchera avec lui lors de la conquête. Ainsi, grâce à cette alliance, l'un des objectifs du Fumetsu sera atteint. Ce dernier est tout simplement la reconstruction de Kiri. C'était une nouvelle surprenante en soit, mais pas pour moi. Depuis notre rencontre, le fossoyeur ne cesse de parler de Kiri. Ce n'était qu'une question de temps avant que ce dernier tente de la faire revivre. Les paroles qui suivirent cette nouvelle étaient bien plus intéressantes. En effet, de par ma position de Kumojin, le manipulateur de cadavre voulait connaître ma position sur cette fameuse conquête. Vais-je m'opposer à cette dernière ? Vais-je attaquer sans concession une bataille contre des membres de l'organisation si je les croise ? Toutes ces questions avaient besoin d'une réponse.

« Comme je te l'avais dit lors de notre première rencontre, je suis un Kumojin et j'ai prévu de le rester jusqu'à ma mort. Si nous nous rencontrons sur le champ de bataille, je ferai tout mon possible pour ne pas révéler ma couverture aux yeux de mes homologues. Cependant, tu le sais, si j'ai rejoint cette organisation, c'est pour éviter que Kumo devienne de simples ruines comme Kiri. Je suis là, avant tout, pour protéger mon village tant que faire se peut. Je me suis rangé à tes côtés, car tu désirais obtenir le maximum d'informations pour éviter de nouveaux drames. C'était une cause juste et noble que je défendrais jusqu'à ma mort. Cependant, j'ai l'impression que mes homologues Kumojins ne comprendront pas cette cause. De ce fait, si je dois engager un combat avec toi, ne sois pas surpris. Ce n'est pas contre toi, mais bien entendu, pour préserver notre organisation. Si jamais ma couverture tombe, les gens me verront sûrement comme un traître, alors qu'en réalité, nos projets se concentrent sur l'information pour justement éviter des catastrophes et par conséquent, défendre ce qui nous est cher. »

C'était une bien longue tirade, mais je devais faire comprendre à mon interlocuteur ma position pour cette future bataille. Dans la foulée, j'ajoutai une petite information.

« J’ai oublié de te le mentionner. J’ai croisé des Sunajins lors de mon arrivée à Mizu no Kuni. Cet archipel attire vraiment toutes les nations du monde… »

Ouranos restait silencieux, les bras croisés sur son torse et le regard acéré dévisageant son homologue alors qu’il répondait à sa question. De par ses origines Kumojin, il était intéressant et important pour le Fossoyeur de connaître le point de vue de son acolyte pour le combat qui s’apprêterait à avoir lieu sur ces terres. Ses terres plus exactement. Une terre qu’il avait défendu corps et âme lorsqu’il était Kirijin. Et qu’il continuerait de défendre jusqu’à ce qu’il puisse reprendre sa tâche de gardien en tant que nouveau Kirijin.

Le Monjara, après avoir exposé son avis sur la question, informa également le Shinda d’une nouvelle plutôt intéressante qui avait son importance. Ses yeux se plissèrent alors que les sourcils fronçaient légèrement. Suna se mêlait maintenant à tout ce beau monde. Dans quel but ? Il comptait s’opposer à la conquête également ?! Si seulement il avait un agent là-bas, il pourrait avoir rapidement sa réponse… Mais Hasu n’en était pas revenu. Derrière les verres violets, ses globes oculaires reprirent une dimension normale. Presque comme s’il venait de les écarquiller. Bien sûr…

Il y avait de fortes chances que Suna ne soit pas ici pour les actes du Shûkai. C’était peu probable. Ce qui l’était plus, c’était qu’ils soient venus jusqu’ici afin de débusquer le Shinda. Ce qui voulait dire qu’Hasu s’était fait attraper là-bas et qu’elle avait livré les informations qu’elle avait sur l’individu. Serrant la mâchoire et grinçant des dents, Michiki se mit à maudire cette bonne à rien. Quelle idée avait-il eu de l’impliquer là-dedans. Fort heureusement, il avait été assez avisé pour ne pas trop l’informer. Elle pourrait tout au plus donner son nom et son projet. Ce qui ne suffisait pas véritablement pour arrêter quelqu’un. Ce bref passage de haine et de crainte s’envola donc aussi rapidement. Heureusement que Shinji s’était montré aussi habile dans sa récolte d’informations. Le sourire de Michiki revint légèrement sur son faciès.

Il releva la tête pour observer son envoyé de la Foudre. Il lui avait fourni d’excellents renseignements aujourd’hui. Plus le temps passait, et plus il se satisfaisait de lui avoir fait confiance aussi aisément. C’était un risque à prendre. Il y avait parfois des échecs avec ce genre de comportement. Il repensa à Hasu. Mais l’homme qui se tenait en face lui prouvait bien qu’il suffisait de dénicher la bonne personne. Une part de hasard avait été nécessaire, mais elle était aujourd’hui pleinement rentable. Il était donc légitime qu’en échange, Michiki lui rende à son tour un service. Levant une main, une réplique de cette dernière en pierre s’éleva du sol pour venir attraper le contenu de sa dextre humaine. Puis la main de terre se dirigea vers le Kumojin, lui présentant alors un parchemin.

Au moment où les doigts rocheux s’ouvrirent pour dévoiler leur contenu, la voix de Michiki vint enfin rompre le silence de quelques secondes qui s’était installé depuis les derniers mots de l’homme filandreux :

- Tes renseignements ont une valeur incroyable, Kumojin. Et je suis ravi de voir que tu as l’esprit critique d’un véritable shinobi, et pas seulement celui d’un mouton de son village. Kumo a de la chance d’avoir un élément tel que toi.

Le sourire s’élargit un peu plus alors que la main terrestre s’avança de quelques centimètres vers le Monjara. Et le nécromancien enchaina pour expliquer les raisons de cet étrange acte :

- En échange de tes fidèles services, accepte ce présent. Et sois le porteur d’un message pour Kumo. Si tu reviens bredouille, tu risques d’être suspecté de traîtrise comme tu le disais. Ce rouleau contient donc une marque de ta bonne foi et d’un travail rondement mené. Ce n’est pas grand-chose mais cela devrait nourrir l’insatiable appétit grotesque d’informations diverses des Nuages. Tu leur remettras ce parchemin où est scellé un corps. Tu pourras ainsi leur dire qu’un homme du Shûkai a croisé ta route et que tu as réussi à lui soutirer des informations, avant de le neutraliser définitivement.

Une fois le colis remis, la main en pierre disparut à son origine. Le nécromancien n’avait pas bougé d’un iota pendant cet échange. Il réfléchissait à ce qu’il pouvait ajouter. Mais les raisons que le Monjara fournirait au village semblaient suffisantes. Un envoyé qui revient avec de tels renseignements n’est pas soupçonné immédiatement de traîtrise. Il sera accueilli à bras ouverts et les dispositions seraient prises dans l’immédiat pour préparer l’affrontement à venir. L’essentiel avait donc été dit.

- Je ne regrette pas de t’avoir fait confiance ce fameux jour à Kaminari. Ton implication dans nos plans saura t’être profitable en temps voulu. Je ne peux aujourd’hui que te remettre cet alibi pour ton village. J’espère juste ne pas retomber sur toi lors de la conquête. Sinon en effet, nous devrons chacun nous engager à bras le corps dans une lutte pour la pérennité de ta couverture. Et je vais malheureusement devoir t’abandonner là car d’autres affaires m’appellent. La présence de Kumo ici devrait fortement intéresser un bon ami à moi.

Michiki songeait à ce que ce renseignement pouvait représenter pour le Samui qu’il devait retrouver d’ici quelques jours. Sa mission à Tori s’étant passé, il devait maintenant absolument se rendre au Shûkai afin de faire son rapport et de proposer son aide pour la suite. Pô avait déjà accompli le plus gros du travail en recommandant Michiki pour la gestion de Mizu et Kiri. Il n’appartenait maintenant qu’à lui de s’en montrer réellement digne. Il ne laissa pas son allié comme ça néanmoins :

- Je te remercie sincèrement. Non pas en tant que chef du Fumetsu, mais en tant que modeste shinobi. Tu as fait de l’excellent travail…Apollon.

Ainsi Shinji venait d’être officiellement nommé par son nom de code lié au Fumetsu. Il devrait dorénavant y répondre dans le cadre de ses agissements pour l’organisation. Le nécromancien suite à cela le laissa repartir. Maintenant qu’il connaissait le chemin, inutile de jouer le guide. Il prépara quelques affaires pour finalement se rendre à sa prochaine destination : le Shozaichi.