Citation :

Trois navires viennent d'accoster dans un piteux état à cause de la météo très capricieuse et menacent de couler d'ici quelques heures. Ceux-ci contiennent quelques denrées inexistantes au Pays de l'Eau, vous devez en extraire et les apporter aux entrepôts de Kiri le plus possible avant qu'il ne soit trop tard. Bon courage.

Quel foutu temps. Il ne s'arrêtait pas de pleuvoir, le ciel était aussi sombre que les entrailles de Satan. Un véritable déluge. Au loin, on pouvait voir la mer agitée. Un putain de bordel pour le port. Les vagues frappèrent de toutes parts le ponton, comme les multiples bateaux qui devaient être entrain de naviguer. C'est dans ces jours là qu'on se dit que d'avoir donné le nom du Pays de l'Eau à ses îles peut-être comparé à l'ironie du sort. En tout cas j'observais ce spectacle depuis la fenêtre de mon salon. Avec un temps pareil il n'y avait pas grands choses à faire, si ce n'est rester chez soi et attendre que tout cela passe. M'asseyant sur mon canapé, je pris les senbons se trouvant dans mon tiroir avant de les lancer sur la cible accrochée au mur d'en face. Me relevant pour les retirer et les relancer, je répétais cette action plusieurs fois. Je me faisais royalement chier, et encore il n'y avait pas de mot plus intense pour dire ce que je ressentais.
Le soulagement, c'est ce qui parcouru mon corps lorsque quelqu'un frappa à ma porte. Cela ne pouvait pas être un ami, et avec cette météo je ne voyais pas autre chose qu'un ordre de mission. Traversant la maison en quelques secondes, j'ouvris la porte à un homme entièrement trempé, de la tête aux pieds et même jusqu'à la moelle. Allant jusqu'à lui arracher la mission des mots j'étais tout excité.

« Merci, aurevoir ! »

Dès que j'eus fini de lire le papier j'accourus au port. J'étais déjà habillé, je n'avais qu'à prendre un bon manteau pour éviter d'être mouillé comme le commanditaire. Avec la pluie ma mission n'allait pas être de tout repos. Je devais vider trois bateaux qui contenaient des denrées rares. À moi tout seul, faire tout ce travail. Cela n'allait pas être une tâche aisée, mais je l'avais accepté je ne pouvais donc plus reculer. Et puis, ce n'est pas une corvée de ce genre qui me ferait abandonner.
Une fois au port, je m'attelais à la tâche. Commençant par le bateau le plus près, j'extirpais de la cave les fruits qui s'y trouvaient. Les quelques marins présents m'aidèrent. Posant le tout sur une petite charrette, s'apparentant plus à une brouette, je la poussais jusqu'à l'entrepôt le plus proche. Je répétais cette opération plusieurs fois jusqu'à vider le premier convoi. Il fallait se dépêcher, les deux autres étaient en piteux états et ils pouvaient couler à tout moment. Entrant dans le second, je cherchais l'entrée de la cale pour sortir ce qui pouvait être sauvé. Alors que j'explorais, je marchais sur un sol abîmé. N'y prêtant pas attention, c'est lorsque je passais à travers que je me rendais compte de mon erreur. En tombant, je cognais. Je ne savais pas ce que c'était mais en tout cas ma vue se troublait. Mes yeux se fermaient, je partais rejoindre Morphée.

Il faisait froid. Cette sensation horrible me ramenait quelques années en arrière, le jour de l'attaque de Sanbi. Exactement les mêmes sensations. Seul, dans le noir et le froid. J'avais été trop frêle pour me débrouiller seul, et mon père avait du me sauver au lieu de ma mère. À la différence que cette fois-ci, j'étais assez fort pour me sortir de cette situation tout seul. Me relevant, je marchais dans une sombre avenue. Au loin je pouvais apercevoir une silhouette blanche. Attiré vers elle, est-ce que c'était une banale sortie ou avais-je des hallucinations ? Continuant d'avancer, cet halo avait une forme humaine. Le coup à la tête a dû sérieusement m'amocher. Cette lumière, cette personne. C'était ma mère. Pourquoi, comment ? Mes yeux s'écarquillèrent, ma mâchoire se décrocha jusqu'à toucher le sol. C'est sur, le choc me faisait vraiment halluciner. Un putain de traumatisme crânien ou un truc dans le genre. Mais elle semblait tellement réelle...Alors qu'elle allait me prendre dans ses bras, je sentis un liquide froid sur moi. Hors, il n'y avait rien autour de nous si ce n'est du vide.
Ouvrant les yeux, l'eau commençait à me recouvrir entièrement. Il n'y avait que ma tête qui était émergé. Dépêchant de me relever, je touchais mon crâne avec ma main. J'avais une belle bosse, et un peu de sang mais rien de bien grave. J'allais y survivre, mais peut-être pas à la noyade. La cave se remplissait peu à peu, et je devais récupérer les cultures venant d'autres pays. Titubant tant bien que mal dans la cale, je pris deux caisses sous mes bras avant de sortir de là. J'avais pris les plus importantes, celles où il y a des denrées ne poussant pas aux Pays de l'Eau. Je ressortis du bateau sain et sauf avec les provisions que je mis sur un chariot avant de l'amener à l'entrepôt. Un des marins me demanda si j'allais bien, je lui répondis que oui et puis je n'avais pas le choix je devais finir cette mission.

« Oui oui, je me suis juste cogné ! La cale du second bateau est submergé, ce n'est plus la peine d'y aller. Il faut se dépêcher de vider le troisième, et entièrement. »

Repartant vers ce qui allait bientôt devenir une épave, je m'empressais de rejoindre la cale pour sauver ce qui pouvait l'être avant que le bateau ne coule. Montant sur le pont, je cherchais une possible entrée. Malheureusement les quelques escaliers qui menaient en dessous été pour la plupart détruit ou bloqué. Je dus me résoudre à créer un trou dans le bois avec une technique ninja, celles de bulles explosives que j'appelle « Bakuhatsu-Teki Baburu ». Une fois la brèche crée je pus descendre dans la cale pour prendre les denrées. Posant les quelques caisses que je pouvais au-dessus du trou que j'avais fait, je me frayais un chemin vers le fond là où se trouvait les plus rares fruits et légumes. Alors que l'eau gagnait du terrain, je réussis à atteindre mon objectif. Prenant les quatre sacs qu'il y avait, je m'efforçais de les garder en dehors de l'eau. Glissant sur quelques choses de caché par la mer qui montait dans le bateau je me retrouvais au sol, sur le dos. Sauvant trois des sacs, je me relevais pour regagner le pont. L'eau avait englouti la cale, et commençait à gagner le pont. Il fallait que je sortes de là et vite, au risque de devoir rentrer à la nage en perdant les sacs. Arrivant à l'avant du bateau, je sautais aussi loin que je pouvais. Tandis que je touchais la terre ferme, le navire lui était devenu totalement immergé. Exténué, je posais la marchandise à terre. Les trois véhicules de mer étaient vidés, et quasiment tout était à l'entrepôt. Mission réussie, maintenant il fallait ramener les dernières denrées et optionnellement que je fasse un tour à l'hôpital.