Cette rumeur proliférait à une vitesse immesurable, les ninjas du village de Suna à sa réception frémissaient d’impatience. Une occasion rêvée pour marquer son nom dans la grande dalle de la vie. Diverses motivations animaient les shinobis, la mienne je la voyais très clairement. Cette notoriété qu’il m’était possible d’acquérir me serait d’une grande utilité au moment voulu. Mais nous étions encore loin de ce grand tournoi et pour l’instant, il me restait encore de nombreux mystères à élucider. Les quartiers résidentiels de mon village caché se distinguaient de par la fabrication bien particulière des résidences. Les matériaux qui les constituaient étaient faits de terre et de sable modifié. Alors que le bois en tant que matériaux permettait une régulation interne naturelle, le sable lui ne jouissait pas des mêmes avantages. Avec une grande conductivité thermique, le sable ne favorisait pas une bonne isolation thermique. Les murs de ma résidence n’échappaient pas à la règle mais je pouvais me vanter d’habiter dans un espace plutôt bien aménagé. Dans mon ancien village, la chance d’avoir ma propre habitation ne m’était pas donnée. Avec mes parents, la nuit notre sommeil s’enclenchait presqu’en phase. En tendant bien l’oreille, on pouvait entendre la respiration de celui qui était près de nous. Mais avec le temps, notre cerveau s’était habitué à ces bruits et nous n’étions plus dérangés par les mouvements de l’autre. Ce que j’affectionnais beaucoup, et cela n’était pas gênant à dire était de pouvoir encore être dans les bras de Min-Min, ma mère. Mon caractère, ma personnalité, l’homme que j’étais devenu aujourd’hui avaient beaucoup été influencés par cette femme à la voix de soprane. Malgré tous ses efforts et sa virtuosité légendaire, ces visions que je trainais avec moi depuis déjà de nombreuses années hantaient toujours mes nuits.

J’ai tendance à croire que ma relation intime avec les constellations prenaient pour origine ces messages codés. Oui, c’était certain, il y avait quelque chose que je devais traduire mais cela m’était fort impossible. Toujours le même cadre excepté la peinture stellaire qui éclairait l’obscurité. Je ne voyais jamais le même ciel astral, ce décor changeait toujours. Puis après avoir compté les étoiles, le monde dans lequel j’évoluais tournait brusquement dans l'autre sens. Cette inversion, je l’appréhendais plus que tout. Vous savez, les rêves récurrents nous en faisons tous et je suis à même de penser que cette réitération n’est pas sans cause. Forcément, une raison alimente cette récurrence et dans mon cas depuis que ma mémoire se fissura, il m’était rendu impossible de trouver le sens caché de ce rêve. Peut-être ne la saviez-vous pas mais dans un rêve, il y a deux types de contenus. Le contenu manifeste et le contenu latent. Le deuxième contenu est l’interprétation qui découle d’une action effectué par le sujet, ou encore de la présence d’entités vivantes ou non-vivantes. Un mal-être me gagnait à chaque fois et j’avais beau me débattre, désirer ardemment que tout ceci s’arrête mais je restais impuissant, dans un état de passivation hors-norme. Ensuite, sur ma peau je sentais des doigts l’effleurer mais ce contact entraînait une implosion de douleur. La personne qui me châtiait, j’étais persuadé de la connaître mais il m’était impossible de la caractériser. Etait-ce quelqu’un que je devais connaître ? Avait-il joué un rôle dans ma vie ? Les conclusions restaient toujours les mêmes, j’espérais qu’un jour que ce voile se lèverait enfin mais je demeurais dans l’incertitude.

Mon amour pour la justice guidait mes pas, mon désir de répandre ma vision à travers le monde m’avait emmené à Suna. J’y accordais beaucoup plus d’importance que de retrouver mon identité, j’étais fier de ma personne et personne, je dis bien personne détenteur d’une fraction de la vérité ne me changerait. Cependant, secrètement un autre désir s’étouffait. Ce village m’offrait une autre opportunité. Peut-être qu’en m’affichant dans les rues, peut-être qu’en grimpant les échelons quelqu’un me reconnaîtrait et me donnerait ne serait-ce qu’une réponse. Au fond, je m’illusionnais pour éviter d’être confronté à la déception et à l’angoisse. La peur de mourir sans avoir été jusqu’au bout de tous mes désirs, même-ceux que je noyais à moitié.

Perdu dans mes pensées, mon inconscient m’avait emmené ici. Mon réveil fut brutal, où diable avais-je pu encore me perdre ? Je tournai autour de moi-même et en effectuant ce geste, je déplaçai un bout de ferraille qui traînait à mes pieds. A la vue de ce murée blanc, j’en déduisais donc que je me trouvais à au moins 500 mètres de mon habitation. Autour de moi, je ne vis personne. Non, pas tout à fait. Il y avait bien quelqu’un. Allongé sur le murée, ce bout de ferraille lui avait indiqué ma position. De ce genre-là, on en trouvait des tonnes dans la ville. En bousculer un nième ne perturba pas ma pensée première. C’est-à-dire retrouver mon chemin. Selon mes estimations, pour retourner chez moi le plus court chemin était de longer ce murée. Naturellement, je m’engageai dans cette direction sans me préoccuper de l’homme allongé. Je marchai, jusqu’à arriver à sa position. Je tournai ma tête à droite puis je regardai de nouveau devant moi. Quelque chose allait-il se passer ?