« Aaaah … ça va être drôle, ça va être drôle … »

Voilà ce que je me répétais depuis quelques dizaines de minutes. Peut-être une heure, je n’avais pas regardé le temps passer, intriguée par ce qui allait pouvoir se dérouler durant cet examen. Légèrement excitée et trépignant d’impatience quant à l’idée de faire tout à l’envers, je ne faisais même plus gaffe au temps qui passait ou autre. J’étais là pour m’amuser, pour me montrer comme quelqu’un d’autre, n’étant pas réellement un membre à part entière de cette masse difforme. Ce groupement représenté par des gens qui, au final, ne voulaient que du jeu, au contraire d’autres qui, au contraire, prenaient ça plutôt au sérieux. J’étais venue là en « touriste », me mettant dans la peau de ces jeunes shinobis qui allaient jouer à se taper les uns contre les autres pour voir lequel était le meilleur en passant pour des enfants idiots qui ne voulaient que du pouvoir. Haha~. Merde, j’allais faire pareil, mine de rien. Bah. Tant pis. De toute façon, je n’étais pas là pour être un de ces gentils moutons. Ma présence était utile juste pour ceux qui voulaient, comme moi, détruire cette belle ambiance et faire renaître ces conneries récemment bannies. J’étais là pour jouer, insouciante, cette petite mascarade ne m’important que très peu.

Après tout, je n’avais jamais vécu dans l’un des trois grands villages cachés, préférant ma petite liberté. Du coup, je m’étais isolée et … Me voilà ! Sortie de nulle part, j’allais mettre le bordel un peu partout où cela me serait possible. Examen chûnin, examen chûnin. Mais bien sûr ! Pauvres petits naïfs.

Bref. Je m’étais aventurée dans les locaux pour fouiller un peu, me mettant « au courant » de mon environnement. Et je m’étais infiltrée dans une équipe de kumojins en usant d’une identité totalement fausse prise sur le tas. Évidemment, pour ne pas être pistée, j’avais quelque peu changé mes vêtements ainsi que ma coupe de cheveux. J’étais plus … « sérieuse », si l’on peut le dire ainsi. Je me fondais plus simplement dans la masse. Et c’était drôle. M’enfin, bref. Je fus amenée à aller jusque dans une arène, mon faux nom retentissant dans les hauts-parleurs. Être appelée ainsi me faisait étrange, bien que la manipulation semblait totalement fonctionner pour le moment. Quels pauvres idiots.

Je ne me fis pas prier, atterrissant en plein milieu de l’arène en souriant. Directement, je me détaillai cet homme qui semblait être mon adversaire pour cette « partie ». Deux joueurs, une arène, un combat, un gagnant ? Bah. Quitte à choisir, je préférai faire le plus de tapage possible plutôt que de gagner quoi que ce soit contre qui que ce soit. Ouais … Ce combat m’importait peu. Les enjeux ne me faisaient ni chaud ni froid, j’étais là … Pour le « fun » ? On peut dire ça. Mais bon. Tous ces gens ne demandaient qu’une chose : Du spectacle. J’allais donc leur en donner autant que possible. C’était après tout leur seul désir. Avoir du spectacle, encore et encore. Pouvoir applaudir, s’émerveiller devant deux êtres qui se battaient pour le plaisir de divertir.

Pour en revenir à la description mentale que je m’étais faite de mon « ennemi », il semblait … Hm … Je ne dirai pas fort ni faible, cela serait un peu étrange, puisque je ne savais absolument rien de lui mais … Il avait l’air assez ralenti par cette énorme épée. Ces armes étaient du genre à taper extrêmement fort mais avec une lenteur assez handicapante. Sachant que je jouais beaucoup de mon agilité ainsi que de la souplesse de mon corps, peut-être aurait-il du mal à m’atteindre ? De plus, mes techniques étaient de type « emmerdeuses », bien impossibles à prévoir. Hm … Ouais, j’allais vraiment m’amuser. Cette idée ne faisait que revenir, elle ne pouvait qu’être vraie.

Puis l’arbitre commença à déblatérer quelques sornettes inutiles, le genre de choses que l’on dit à tout le monde mais qui n’intéresse jamais personne. Il expliquait les règles, comme tout bon arbitre. La seule chose qui traversait mon esprit durant tout son blabla était que … Je ne me fiais pas aux règles. Jamais. J’étais un oiseau, totalement libre de voler de mes propres ailes, ne se laissant pas capturer par ces merdes qu’étaient les interdictions, les droits ainsi que les devoirs. Et … Enfin, une phrase me sortit totalement de mes songes, transportant un délicat sourire malsain sur mes lèvres. Lui avait le regard froid, moi, j’avais la chaleur du sadisme, la douceur d’une pêche empoisonnée, la monstruosité de l’homme lui-même. J’étais la folle, il était le sérieux. Deux contraires qui allaient s’affronter pour un pur moment de jeu.

Enfin … Pour moi. Pour lui, je n’en savais absolument rien et … à dire vrai … je m’en fichais pas mal. Afin de marquer le début du combat, je me reculai de quelques pas, ajustant simplement ma position.

— Trêve de galanterie. Tape d’abord.

Deux phrases. Alignées en une seule prise de parole. Tout ça pour lui montrer à quel point je me fichai qu’un homme laisse une femme passer en premier. Il voulait jouer ? Qu’il se batte sincèrement et oublie ces règles inutiles que sont les principes de bonnes manières. Je n’avais pas envie d’être polie, je n’avais pas envie d’être jolie, j’avais juste envie de me battre. Et de passer mon temps avant qu’il ne me rattrape.

Hajime mashite.~

Thé, abricot, cuillère …
Tic, tac, tic, tac, ton heure approche …

Doucement, mon esprit sombrait dans le délire. Le sadisme commençait à reprendre sa place dans mes songes, balayant d’un coup toutes les conneries auxquelles j’aurai pu penser ne serait-ce qu’une seconde. Il était maître de ma raison, détruisant avec délicatesse chaque idée « pure » qui aurait pu se trouver-là. Il était salaud, quoique possessif, à vouloir mes idées rien que pour lui. Un sourire prit place sur mes lèvres, beaucoup moins rationnel. À ce train-là, ma couverture de kumojin serait vite grillée. M’enfin, je n’en avais rien à faire, je n’étais connue de personne, un peu comme tout le monde ici. Alors mes actes pouvaient être aussi dingues que jamais, on ne m’en tiendrait rigueur que … dans le futur. Qui plus était, ce pauvre être allait tourner en bourrique aussi longtemps que possible. Lenteur …

C’était du moins ce que je croyais. Il fit vite à utiliser son chakra pour se donner un peu de vitesse. Ainsi, il me rattrapait, grosso modo. Ouais, mais à chaque bonne chose, y a toujours un problème. J’avais plus qu’à trouver celui qui allait avec celle-ci. Mais. En attendant, je me devais d’éviter ses coups sans pour autant rester sur la défensive. En gros, je devais me démerder pour ne pas me faire frapper – parce qu’avec son épée, je prendrai facilement cher – et le faire chier pour ne pas rester passive. Très bien.

Je me décalai rapidement suite à son attaque, sentant un coup de vent me heurter doucement quand l’épée traça un long chemin horizontal. Il voulait … me couper … en deux ? Mais quel malade ! Cependant, s’il voulait me trancher, c’était pour me vaincre … mais en me tranchant, il ferait couler … du sang … Hm, de l’hémoglobine, quoi de plus magnifique ? Je n’avais pas de temps à perdre et je devais encore moins rester près de lui. Il avait l’air bien plus psychopathe que moi, à rester silencieux … Et à sourire de cette manière. Il était vraiment flippant. Vraiment.

Je me mis à courir, traversant la moitié du terrain, me retrouvant désormais à une bonne distance de lui. D’ici, je pouvais agir beaucoup plus librement, c’était plutôt bien. Je regardai tout ce qui m’entourait. L’arène était vaste et … franchement plate. Je pouvais agir comme bon me semblait, certes, mais je ne pouvais pas réellement me servir du terrain. Pas en matière d’altitude. Du coup, je n’avais plus qu’à courir pour l’éviter … Et l’attaquer pour me protéger. Si encore je devais me protéger. Ce jeu devenait de plus en plus divertissant mais également bien plus complexe. Très bien. Je n’avais plus qu’à m’amuser pleinement, dans ce cas.

Marmelade et confiture,
Hémoglobine et tartines …
Jouons ensemble ?

Je composai rapidement quelques signes pour finalement lancer ma première attaque. Aaaah … À moi d’entrer en scène. Et j’étais bien différente de lui pour ce genre d’affaires. Oh oui, bien différente. Mes techniques étaient bien plus chiantes, je pense.

— Shôton ! Suishô no Bakuhatsu !

Une dizaine de cristaux vinrent se jeter sur lui, suivis de mes adorables petits kunais, tandis que je me remis rapidement à courir, veillant à ne pas rester longuement sur une seule position, voulant l’éviter le plus possible. Ainsi, il se montrerait moins dangereux pour moi et … Je pourrai analyser sa manière de combattre ainsi que les désavantages de sa technique. J’espérai ne pas me planter sévèrement durant cette première offensive. Cela ferait plutôt mal.

Dépêche. Gare à toi. Et explose-le s’il s’approche de trop. Veille à te servir de ton agilité et de ta souplesse, Hana. Utilise toutes tes armes. Il n’est plus ici qu’un simple joueur mais bien … ton adversaire.~
Oui, oui, Kao. Je vais faire au mieux. Puis de toute façon … huhu~. Je n’ai rien à perdre, contrairement à lui.~
Fais attention. Et prends ça un peu plus au sérieux.

Récap’ :

Du sang. Ça y est, le sang coulait, le combat avait vraiment débuté. Un sourire d’un sadisme sans fin naquit sur mes lèvres. Sadisme innocent puisque, du début à la fin, je me demandais si j’étais réellement en droit de faire couler l’hémoglobine. Après tout, il était possible de tuer un être mais … Ici, j’avais interdiction de le faire – je me devais quand même de suivre cette règle, autrement, ce n’était pas drôle –, je ne savais donc pas trop comment m’y prendre.

Je pouvais … le plaquer contre le sol et le trancher de toute part en riant à m’en détruire les cordes vocales. Plein d’idées toutes aussi psychopathes les unes que les autres se chevauchaient dans mon esprit, chassant toute la rationalité dont je pouvais faire preuve ne serait-ce que quelques secondes. J’étais ici en tant que kumojin, je devais me comporter … un petit peu comme telle. Même si la tâche était quelque peu tendue, je l’avoue. Je n’étais pas habituée à ce genre de situations … Bien que le combat permettait à mon cerveau de se reposer légèrement. Ah, quelle chance, quand même. M’enfin. Je regardai avec plaisir le résultat de ma première offensive. Un point pour moi, aucun pour lui ? C’était bien parti. Mais l’impression de base n’était pas toujours la bonne, je pouvais donc flancher à tout moment. Je ne devais pas lâcher. Comme Kaori voulait que j’agisse.

D’ailleurs, de l’entendre aussi peu me semblait plutôt étrange, pour une fois. Mais mes songes ne pouvaient pas être au calme. Alors que je me penchai sur une quelconque route me menant dans des pensées toujours aussi diverses les unes que les autres, un bruit fendant l’air semblait se faire de plus en plus proche. Je me concentrai légèrement et aperçus … une épée ? Quoi ?! Je reculai rapidement, rendant l’épée plus lente donc moins dangereuse, ce qui rendrait l’impact moins douloureux et, d’un geste vif bien que frêle, je plaçai mes bras devant moi en guise de protection. Comme prévu, l’épée atterrit contre ceux-ci, m’égratignant légèrement tout en provoquant une sorte de choc bien désagréable dans mes membres. Mais, une autre sensation parcourut également mon corps. C’était chaud. Brûlant. Désagréable. L’épée ? Ça ne pouvait être qu’elle, non ? Kaori semblait d’accord avec moi, sur ce point. Mais le contact étant plutôt court, cela ne m’égratigna pas au point de me handicaper totalement.

Je grimaçai quant à la douleur ressentie, regardant l’épée à terre. Sans cette épée, qu’était-il, au final ? Hm, je pourrai exploiter cette nouvelle faiblesse qu’il venait de m’offrir avec beaucoup de malice. Après tout, quand on vous donne un plateau d’argent sur lequel sont placés de nombreux mets irrésistibles … vous ne pouvez que piocher dedans avec délice. C’est ce que je comptais faire. Il pouvait désormais dire au revoir à sa douce petite épée l’espace d’un temps, puisqu’il avait trouvé rusé de me la balancer. Maintenant, il était loin d’elle. Ah que c’était ballot. Je pourrai me débrouiller pour le maîtriser au mieux, du coup. Et un avantage de plus, un~ …

J’allai donc doucement vers l’arme pour la rendre totalement inutile, quand Kaori, d’un coup, surgit de nulle part. Cette épée n’était pas habituelle. Et elle ne voulait pas que j’y touche. En même temps, vu la tête de cette arme, sa forme et tous les signes qui s’y trouvaient, ça ne pouvait être qu’une chose spéciale. Et puis, avec la sensation ressentie peu de temps avant, c’était plutôt logique qu’il valait mieux ne pas y toucher. Vivement, Kao’ me conseilla de faire volte-face, manquant de prendre le contrôle sur notre enveloppe charnelle. Malgré que ma curiosité se retrouvait maintenant insatisfaite, j’étais protégée de l’inconnu. On ne sait jamais, après tout, ce qui se cache derrière ce que l’on ne connait pas. Des fois, il vaut mieux savoir, cette fois, je préférai rester inculte.

Avec lenteur, je finis donc par me déplacer, allant jusqu’à lui, regardant le « nouveau » terrain avec un léger sourire. Plus neutre, cette fois. Je fus plutôt surprise quant au détail que je remarquai ; Le trou, bien que grand de là où j’étais, semblait d’autant plus dangereux vu de près. Alors cette arme était capable de ça … Certes, mais ça ne me répondait pas vraiment. M’enfin, tant pis.~ Je composai de nouveaux signes, créant rapidement un fouet aqueux qui me servirait d’arme temporaire pour frapper tout en égratignant. Aaaah, j’aimais cette arme.

Je fonçai donc sur lui, histoire de l’empêcher durant quelques temps d’agir, il me valait mieux prévenir que guérir, après tout. Rapidement, je fouettai le sol jusqu’à être assez proche de lui pour que mon fouet l’atteigne. Il n’aurait pas cette chance de me frapper avec une autre technique. Par contre, je mis toutes les miennes de mon côté en composant de nouveaux signes.

— Suiton ! Suigadan !!

De petites aiguilles, semblables à des senbons, se formèrent à la surface du cours d’eau pour se jeter sur Kiru. Troisième offensive … J’espérai que celle-ci fonctionnerait également. Et au pire, il me faudrait juste aviser.~

_________

Récap’ :

Hana Kao’ a écrit:

Post édité selon les rajouts de Kiru. O/. (À 15:30 environ.)
[Edit 2 : Encore un édit~ ._. (00:10.)]

Une bataille. Infini mélange de cris, de techniques, de violence … Personne ne s’aime, tout le monde s’affronte. Est-ce que c’est vraiment bien, une bataille ? C’est drôle, ça passe le temps … Mais ça fait mal, non ? Les douleurs s’enchaînent, aussi rapidement que les cris et que les techniques … Cependant, en bons masochistes, nous sommes là à continuer de nous frapper les uns sur les autres. Un objectif ? N’est-il pas censé être bon que lorsqu’il est « réel » ? Ma présence ici était … irréelle, alors ? Peut-être bien, puisque l’issue de cette bataille, au final, ne m’importait que peu. Gagner ? Perdre ? Je voulais juste faire mal. Après tout, nous étions de deux factions totalement opposées. J’étais une errante, il était un kirijin. Bien que masquée par cette image de kunoichi de Kumo, je n’étais qu’une différence, poussière récalcitrante posée sur une étagère extrêmement propre. J’étais une tâche, indélébile, je n’étais pas comme lui alors je ne ferai pas comme lui. Frapper. Faire mal. Blesser. M’amuser ? C’était ça le but, non ? Puisque c’était là mon objectif, j’allais frapper … et ce serait drôle. Très drôle.~♥

Je ne pus m’empêcher de rire. Mes pensées, toujours aussi déplacées, en permanent décalage avec les situations, me firent quitter l’espace quelques secondes. Totalement inconscientes, je fus ramenée en flèche sur la terre ferme par une douleur. Un choc. Électrique. Je lâchai rapidement le fouet, agitant ma main en grognant. « Aïe. ». C’est tout ce que je trouvai à dire. Un simple mot. Une plainte. C’était tout. Je soupirai, me replongeant dans le combat au mieux, Kaori commençant à s’impatienter en silence. Elle avait toujours détesté mes écarts. Il fallait faire mal, bordel ! Voilà ce qu’elle désirait. Et ce à quoi je ne répondais pas le moins du monde. Légèrement engueulée, je finis par me bouger, regardant face à moi. Il était … parti ? Son chakra était toujours là, je le sentais. Je ne pouvais que le sentir, après tout. Et puis … il ne pouvait pas s’être défilé, lui qui avait l’air bien plus intrigué que moi par cette petite bataille.

Il était parti rapidement. Mais le seul endroit où il pouvait se cacher était sous l’eau … Sous l’eau ? Je pouvais donc agir à ma guise, bien que ma main, endolorie, allait désormais être un handicap. Certes, j’étais moins en « danger » que lui mais … ma précision en pâtirait. J’étais douée pour la vitesse d’exécution, je ne pouvais donc compter que sur la rapidité et la dextérité avec laquelle j’exécutais chacun de mes mouvements. Ayant une main encore un peu blessée – voire peut-être un peu l’avant-bras, je ne savais pas trop puisque la douleur était concentrée dans ma patte –, je me retrouvai bien dans le pétrin. Tant pis, je devais tout de même me bouger et l’attaquer.

J’agitai un peu la paluche pour voir l’étendue des dégâts. Erreur fatale … ou presque. Une douleur paralysa ma main jusqu’à mon avant-bras, comme je le pensai. Je pestai intérieurement, manquant de lâcher plusieurs jurons alignés. Course à la douleur ? Sous l’eau. Moi sur la terre ferme, il se retrouvait désavantagé. Se battre sous l’eau … Mauvaise idée. Mais je devais désormais tester. Parce que désormais, je ne pouvais plus affirmer. Attaquer vite. De manière barbare. En usant de nombreux stratagèmes pour pouvoir toucher au moins une fois … et achever ? Gagner ? Nan. Juste toucher. Pour faire mal.

Un sourire naquit sur mes lèvres. Je n’avais plus qu’à me démerder pour composer des mudras. Ce serait difficile … Et extrêmement lent, vu la douleur … Mais je devais essayer tout de même. Je joignis prudemment mes mains et commençai à effectuer les signes, me mordant la lèvre pour me focaliser sur une autre douleur, quitte à ce que le sang perle dans ma bouche. C’était une douleur qui en couvrait une autre. Quitte à choisir, je préférai ça. Je resserrai l’emprise de mes dents sur ma chair, tandis que j’agitai encore mes mains. Cette technique, pas spécialement puissante, ne me demanda pas trop de composition, ce qui m’avantageait, d’une part.

— Suiton ! Suishi !

Une gerbe d’eau s’éleva du cours aqueux pour retourner dans son berceau. Je profitai de cette tactique pour m’élancer et, me trouvant dans les airs, je balançai une salve de kunais destinés à le toucher en traversant l’eau que j’avais relevée. J’atterris sans trop de tracas, chopant quelques shurikens que je coinçai entre chacun de mes doigts. S’il ressortait, je lui tirerai dessus. Et ce serait peut-être la dernière attaque de cette bataille. Peut-être. Au pire, je me servirai de cette botte …

Et ça, ce serait l’ultime attaque …

Récap’:

Sur le coup, j’aurai pu hurler. J’aurai pu sauter de joie, comme ces gens qui, stressés, se faisaient un sang d’encre pour savoir le résultat final. J’aurai pu. Mais je ne le fis pas. Je restai à fixer la surface de l’eau, après avoir lestement évité les kunais qu’il avait retournés contre moi. Mes coups furent les vainqueurs. Mon agilité et ma dextérité à attaquer s’étaient montrées payantes ce qui, je l’avoue, ne me fis que plaisir. Je lançai un regard rapide autour de moi quand un « plouf » attira mon attention.

Son corps était tombé dans l’eau désormais rouge. Il l’avait … lâché ? Peut-être avait-il pris cette bataille … un peu trop au sérieux ? Étant venue juste pour jouer, je n’avais pas fait en sorte de gagner absolument, bien que ses faiblesses m’avaient été exposées de manière telle que je n’avais pu que les exploiter. Mais à en voir le résultat, je me demandais si ce n’était pas allé juste un peu trop loin.

Tu t’en moques. Ce combat était une épreuve. Tu as gagné, c’est comme ça. On n’y peut rien. Maintenant, il va falloir que tu t’occupes quand même de son cas. Pas en le tuant, hein. Mais vu qu’il a l’air super secoué …

Une parole sensée, mine de rien. C’était rare venant de sa part. Mais elle avait raison. Je ne pouvais pas le laisser ainsi. Cela se serait déroulé dans d’autres circonstances, je n’aurai pas hésité une seule seconde avant de l’achever. Cependant, cantonnée dans mon rôle de kumojin, qui plus était vainqueur, je me devais de rester la plus fair-play possible. Il avait perdu ? Il souffrait ? Ses blessures étant graves, me barrer en plein milieu aurait semblé dévalorisant pour le village des nuages. Certes, je m’en tamponnai le coquillard, mais quand même.

D’un pas agile, j’allai jusqu’à son corps, le regardant flotter au-dessus de l’eau. Il paraissait … sans vie ? Un peu étrange, un peu dénué d’énergie, totalement ensanglanté. Un sourire sadique naquit sur mes lèvres lorsque je remarquai que je ne l’avais pas loupé. Le pauvre avait … pris cher. Je ne peux pas nier que j’en étais plutôt fière ! Mes compétences n’étaient donc pas si faibles … Et la force ne l’emportait pas toujours. Un peu de ruse, un peu de vitesse et le tour pouvait être joué. Même si … Je m’en sortais tout de même avec une main bien endommagée.

Bah. Les soigneurs étaient là pour ça. Je levai une main lente jusqu’au ciel pour attirer l’attention de l’arbitre sur moi. Rapidement, il s’approcha. Abandon ? Non. J’avais gagné, pourquoi abandonner ? Ce serait ridicule. Mais cette coquille comprit facilement que je le menai jusqu’au corps vidé de son énergie. Il était arbitre, en même temps … Ne pas comprendre une chose aussi simple aurait montré un manque de qualification plutôt marqué.

Puis, sortant doucement mon « adversaire » de l’eau, il finit par appeler les soigneurs. Après un jeu aussi dangereux mais amusant, notre corps nécessitait une bonne dose de soins, c’était clair.

Maintenant … Plus qu’à attendre de voir ce qui allait se passer. Les combats étaient sûrement finis des autres côtés. Je devais me faire désormais toute petite pour ne pas être repérée … Puisque je n’étais absolument pas censée être là. Karin. Kichigai Karin. Je ne devais pas oublier ce nom. Pas pour le moins du monde. Je me le répétai une multitude de fois, derechef, pour me marquer de cette étiquette, pendant que le médecin commençait à soigner mes blessures.