Où est l’argent que je t’ai avancé ?!

Quelle belle façon de débuter un tout premier RP avec un tout nouveau personnage : en simulant une dette. Seulement, contre toute attente, ce n’est pas notre héroïne qui doit des faveurs, mais bien elle qui souhaite collecter son dû. C’est donc dans une petite rue déserte qu’elle tomba par pur hasard sur un gars à qui lui a demandé quelques pièces trois semaines plus tôt pour… Eh bien, pour subvenir à un besoin particulier qu’elle comprend tout à fait. Il avait promis de la rembourser dans les plus brefs délais. Il semblerait que son piètre cerveau ne saisit guère la définition de ces deux mots. Et cet argent qu’elle a prêté, elle en a besoin à son tour – ces fameux billets verts ne poussent pas dans les arbres, malheureusement. Ce n’est donc pas en toute gentillesse qu’elle approcha ce jeune homme, comme l’on peut s’imaginer. Elle plaqua le concerné sur la clôture de bois délimitant la ruelle et appliqua la lame d’un couteau sous sa gorge. Ce n’est que pour l’effet d’intimidation, elle ne compte pas le tuer réellement. Enfin…

Calme-toi, s’il-te-plaît ! Je te promets que tu auras ton argent d’ici la semaine prochaine. Et le double de ce que tu m’as donné !

Bien. Maintenant dégage. Si je ne l’ai pas d’ici sept jours, tu pourras dire tes prières. Je sais où tu habites.

Un gros mensonge, mais l’effet désiré fonctionne. Shiki poussa sa victime au sol. Effrayé, le garçon rampa avant de s’enfuir, la queue entre les jambes. Pitoyable. Il avait presque pissé dans son caleçon. Le voyant défilé les mains vides, la déchue sentit sa colère accroître. La voilà de mauvaise humeur alors que nous ne sommes qu’en début de journée. Elle ne connaît que deux moyens pour se calmer : la première est de toucher à cette fameuse herbe médicinale. Pourtant, comme dit plus tôt, elle est également fauchée. Le métier de Shinobi ne rapporte pas autant qu’on puisse le croire. D’autant plus qu’elle n’est qu’une Genin. Elle doit donc opter pour la seconde option : fuir la civilisation et s’immerger dans le silence de la nature.

Dès qu’elle quitta le village, elle s’enfonça le plus loin possible dans la forêt sud. La Hyûga n’a absolument aucune idée où elle va. Elle veut seulement s’éloigner le plus possible du contact humain avant qu’elle fasse une scène, ou pire. Ses crises ne font généralement aucun blessé. Généralement est le mot clef dans cette phrase. Avant que ce soit le cas, autant fuir avant que le volcan érupte. Ce serait dommage de passer quelques semaines derrière les barreaux uniquement pour une connerie.

Shiki arriva finalement à un endroit qu’elle jugea formidable pour relaxer. Une petite falaise d’environ quinze mètres de haut où une chute s’écroule plus loin en un calme ruisseau. Le bruit de l’eau s’affaissant dans la rivière ainsi que le vent faisant danser les feuilles calmèrent son esprit. La brune s’assied au rebord de la falaise, les jambes dans le vide. Elle respira profondément l’air pur. Il n’y a définitivement rien de mieux au monde que cet instant précis et rien ne peut lui gâcher ce plaisir. Ce qui rendrait ce moment parfait ? Fumer. Mais elle a que dalle sur elle, donc elle devra se contenter de ça.

Or, alors que son regard céladon s’éperdait dans l’horizon, un éclat dans la forêt attira son attention. Quelque chose brille parmi les arbres, comme si un miroir réfracte la lumière du soleil. En tant qu’Hyûga, il suffirait pour notre protagoniste d’activer son Byakûgan, mais elle n’est pas paresseuse à ce point. Curieuse, la jeune femme quitta son perchoir et descendit la chute en glissant sur l’eau. Une fois au sol, elle s’enfonça dans le boisé voisin. Il ne suffit que de quelques pas pour sentir un changement soudain dans l’atmosphère : la température a nettement baissé. Elle fronça les sourcils. Cela n’a absolument aucun sens, nous sommes en plein été. Trump avait-il tort sur toute la ligne ? Les changements climatiques sont réels ?! Et pourtant, alors qu’elle contourna un arbre, la scène la choqua. Le périmètre est enduit de glace. La pelouse, les arbres, les buissons. Tout est glacé. L’hiver s’annonce froid, dis donc. Et au milieu de ce décor, une femme.

… De la glace en été. Génial. Je ne crois pas être prête pour l’hiver. Du coup, j’en déduis que t’es la cause de ce cirque ?

Une question plutôt idiote puisque cette demoiselle était seule au monde, mais tout de moins légitime. Aux dernières nouvelles, les Samui sont localisé à Iwa, soit à l’autre bout du continent. Qui est cette inconnue ? Et c’est plus de la curiosité que de la méfiance.

L'été était une saison magnifique pour laisser son esprit fureter, comme ci la simple vue de ce ciel radieux suffisait à lui seul pour entrevoir la sérénité.
Malgré tout, comme lors de la plupart de mon temps libre, j'étais parti m'entraîner. Il n'était pas question de se laisser surprendre par une attaque et de se sentir rouillée après une période de paix prolongée.

Reclus dans la forêt, je m’exerçais à contrôler la glace, cette nouvelle prouesse dont j'étais capable depuis peu et pour laquelle j'avais encore beaucoup à apprendre.
De l'environnement se dégageait une aura hivernale contrastant grandement avec le reste. Cette maîtrise, je devais la dompter et être en mesure de la comprendre. Ce n'était finalement que de l'eau cristallisée sous sa forme solide mais qui se révélait plus facilement dangereuse : un risque que je n'étais pas prête à courir en m'exerçant dans l'enceinte du village, ou pire, dans le jardin Hayashi avec Asahi dans les parages.

En sueur malgré la température du lieu et la respiration rapide tout autant que saccadée, j'observai les alentours. Je n'avais plus de problème pour créer ma glace mais elle restait instable, comme ci je n'étais pas vraiment maître d'elle. Cette sensation m'énervait tout autant qu'elle me frustrait : j'avais l'impression de revenir aux premières années de ma vie, lorsque je n'arrivais pas à contrôler ma forme élémentaire, créant au passage des situations qui auraient pu devenir dramatique.
Je soupirai sur ce constat. Je ne rentrerai pas tant que je n'y arriverai pas.

Recentrant mes esprits, je me concentrai à nouveau, fermant les yeux pour sentir mon chakra. Un craquement brisa cependant ma concentration, mon regard se portant instinctivement vers son origine. La voix de la jeune fille s'éleva en même temps, me laissant d'elle une impression farouche. Son visage ne m'était pas étranger, elle appartenait au village. Ma méfiance n'avait pas lieu d'être si bien que je me montrais même plutôt détendue en lui adressant un léger sourire.

« Oui, excuse moi. Je suis venue m'enfoncer dans la forêt jusqu'ici en espérant ne déranger personne. »

Pour ne pas la mettre dans l'inconfort plus qu'elle ne l'était déjà notamment par la température hivernale dans laquelle nous nous trouvions, je concentrai mon chakra pour faire fondre la glace et lui redonner sa forme aqueuse. La clairière se révélait alors aussi trempée que si la pluie était tombée et les degrés remontaient peu à peu.

« Que viens-tu faire ici ? »

Elle avait l'air presque perdue.

« Te ressourcer ? »

C'était ce que je faisais en général.
Tirant une bouteille d'eau de ma sacoche, je me rapprochai d'elle tout en buvant, lui en proposant ensuite par la même occasion en la lui tendant.

« Je m'appelle Yell. Et toi ? »

Semble-t-il que la brune dérange cette jeune femme, cette dernière prétendant de s’être enfoncé dans la forêt afin de ne déranger personne. Elle s’excusa même inutilement du « dérangement » occasionné. Shiki arqua un sourcil. C’est plutôt elle qui devrait s’excuser cette interruption. Dans les faits, c’est cette mystérieuse femme qui est arrivé sur les lieux avant elle. Premier arrivé, premier servis comme dit le bon vieux dicton. Juste avec ce bref échange, la Kunoichi sait déjà à quel genre de personnage elle fait désormais face. Une personnalité diamétralement opposé à la sienne. Qu’importe. D’ailleurs, son visage lui est en quelque sorte familière, mais elle est incapable de mettre le doigt exactement sur le souvenir précis.

La jeune femme à la crinière bleutée exécuta un signe incantatoire. La température s’éleva de nouveau, la forêt noyée dans la glace se vit libérée, désormais humide de toute part. La clairière était désormais trempée comme si une pluie torrentielle était passée la veille. Bien qu’elle n’aime pas spécialement la vue de la neige en plein été, elle supporte un peu plus l’odeur fraîche d’un déluge. Heureusement, il n’y a aucun ciel gris au-dessus de sa tête pour gâcher son humeur.

Ayant visiblement gâcher son entraînement, la membre de la branche parallèle comptait simplement tourner le dos et partir, retourner à sa précédente occupation. Toutefois, il semble que son interlocutrice souhaite faire la conversation, lui demandant si elle est venue dans les parages afin de se ressourcer.

Oui, quelque chose dans le genre.

Répond-t-elle en détournant le regard. La femme a touché le mille, c’est exactement la raison pourquoi la Hyûga s’est enfoncée dans l’énorme étendue forestier entourant le village caché de la feuille. Il lui est impossible de maintenir son calme au cœur d’une cité où tout roule à un rythme qui est impossible de suivre. Le vacarme est bourdonnant, l’air n’est pas pur et la vue sur l’horizon est moche. S’isoler dans la nature est le meilleur traitement pour faire le vide dans sa tête, lui remonter le morale. Du moins, l’un des seuls moyens, mais ne mentionnons pas les autres.

Bien qu’elle préfère usuellement garder ses distances, l’autre femme décida de faire le premier pas et lui offrit une bouteille d’eau. Elle déclina finalement son prénom : Yell. Shiki inclina légèrement sa tête sur le côté, prise dans ses pensées. Ce nom lui dit quelque chose, mais rien de bien pertinent. Puis, en observant son faciès de plus près, l’éclair traversa son esprit.

Oh. Tu es prof’ à l’académie, non ?

Cela remonte à plus de deux ans, mais elle se souvient d’avoir croisé cette femme lors de son apprentissage ninja lorsqu’elle n’était qu’une aspirante. Les deux personnages n’ont jamais entretenu un seul rapport depuis tout ce temps. Yell n’a simplement jamais enseigné l’ancienne héritière de la Sôke. Avec de la chance, elle ignore tout de elle… Mais où sont ses manières ? Elle doit tout d’abord répondre à sa question.

Shiki. Merci.

Simple, efficace. Que dire de plus ? Elle accepta la bouteille d’eau, prit une gorgée et la redonna aussitôt. Puis, un blanc s’installa. Merde, pensa-t-elle. Quel malaise. Que dire en une telle situation ? Que faire ? S’enfuir ? Non, c’est moche et il n’y a que les couards qui fuient face aux obstacles. Continuer la discussion ? Elle chercha rapidement un sujet pour casser rapidement ce silence.

Alors… La glace. Ouais, la glace. Tu es une Samui ? Je crois bien que vous êtes tous rassemblé au village de la roche. T’es une dissidente ?

Clairement pas son moment le plus glorieux et le plus fin, mais elle s’en est tout de moins sortie du pétrin. La Hyûga ne s’attend pas à ce que la jeune femme partage son passé dans les moindres détails, mais il serait intéressant de savoir ce qui amène une femme de ce noble clan à l’autre bout du monde. Et si elle ne veut pas en parler, alors soit. Après tout, elle-même ne souhaite jamais parlé de son enfance. Ce sujet est tabou.

Un instant de flottement s'installa entre nous après lui avoir décliné mon nom. Son air pensif me fit dire que cela lui rappela quelque chose. Pourtant, j'eus beau la regarder, je ne parvins pas à me souvenir d'elle.

Finalement, elle me questionna sur mon statut de professeur à l'Académie si bien que je pus rassembler les pièces du puzzle : elle devait être une ancienne élève, mais pas l'une des miennes sinon je m'en serais souvenue.
Lorsqu'elle annonça son identité à son tour je me rappelai. Shiki. Cette enfant assez solitaire dont je ne savais que peu de choses si ce n'était une enfance compliquée au sein de la noble famille des Hyûga, comme c'était le cas pour presque la totalité de leur lignée...
Je pouvais compatir, quelque part, maintenant que j'appartenais au clan Hayashi depuis mon mariage et que mon fils, Asahi, en suivait l'éducation. Kihran lui même en avait souffert. Grandir dans une famille noble avec ses codes et son éthique n'avait rien de simple, mais cela devait l'être encore plus lorsque la famille connaissait une scission en prime...

« Enchantée, Shiki. »

Un sourire sincère s'afficha sur mon visage tandis qu'un silence pesant s'installa ensuite. Que pouvais-je bien dire ? « Alors ? Ça se passe comment la vie au sein du clan Hyûga ? La famille est toujours en guerre ? » … J'avais un ami au sein de ce clan : je savais bien que ce n'était pas rose.
Heureusement, elle trouva un autre sujet de conversation et pensa que j'appartenais au clan des Samui.

« Oh non pas du tout ! Je ne suis pas une Samui ! Je maîtrise la glace depuis peu et je m'entraîne. C'est un peu comme une extension de mon élément principal en quelque sorte... »

Mon air de gêne ne passa sans doute pas inaperçu. Il fallait dire que je ne savais jamais vraiment comment aborder ma condition d'élémentaire... Certains se montraient rebutés par cette forme de vie particulière et la discussion pouvait alors prendre un tournant inattendu. Je ne savais pas dans quel camp se situait la jeune fille. Pourtant, et c'était cas de le dire, je me jetais à l'eau :

« Je suis une Gogyou d'eau. La glace s'est manifestée il y a peu et du coup j'essaye d'apprendre à la contrôler. C'est particulier comme sensation. J'ai l'impression de retourner bien des années en arrière, quand j'étais encore enfant et que je n'arrivais pas à contrôler mon élément... »

J'esquissai un sourire et observai le sol durant une fraction de seconde avant de reporter mon regard vers le sien.

« Au moins ici, si ma maîtrise n'est pas parfaite et que je perd le contrôle, il n'y aura pas de blessé. »

C'était en fait l'une des raisons mais celle qui restait la plus importante.

« Et puis... je suis une élémentaire alors la nature m'apaise. J'arrive mieux à me concentrer et a canaliser mon chakra dans cet environnement. »

Je me rendis compte que je me montrai plutôt bavarde avec elle et qu'elle n'en avait peut être rien a faire de mes problèmes, même si je parlais plus pour agrémenter la discussion que pour faire part de mes soucis.

« Quelle affinité est-ce que tu maîtrises toi ? Tu t'en es découvert une ? »

J'avais assez parlé de moi, c'était à son tour d'en dire plus sur elle même pour que j'apprenne à la connaître. Même si j'allais impérativement éviter le sujet que je devinais sensible...