Les combats de la rébellion contre l'Empire faisaient rage un peu partout à Kaze no Kuni, ainsi que dans le Yukan. Il y avait plusieurs foyers qui comme nous se battaient pour la même cause. En tant que partisan à 100% de cette rébellion, je trouvais un léger réconfort à savoir cela. Ça me faisait me sentir moins seul dans ce combat, et je savais que nombre d'autres rebelles de Kaze no kuni partageaient cette même sensation.

À mesure que je combattais les forces de l'Empire, je vengeais notre père, Arashi, qui avait vu sa vie prise par les mains d'impériaux. Kioshi avait rejoint la cause pour m'accompagner et me protéger, d'une certaine façon. Je le savais. Il ne pouvait pas courir le risque de me perdre. De son côté, notre mère, restée avec le clan, devait se faire un sang d'encre à chaque lever de soleil en notre absence. Nous lui envoyions un petit mot de temps en temps, quand nous en avions la possibilité. Le dernier remontait à une semaine, elle devait donc l'avoir reçu.

Kioshi et moi avions rejoint un campement rebelle situé au sud de la chaîne de montagnes du Mont Kaze, là où les terres escarpées côtoyaient quelques ruisseaux découlant du fleuve Hirameki qui se prolongeait jusqu'à l'Oasis de Jouvence. Le Temple des Moines n'était donc pas très loin au final. Nous avions repris ce dernier aux mains des impériaux, et depuis nous nous efforcions de protéger le temple et ses moines tout en gardant une certaine distance avec eux. Ces derniers tenaient à leur espace et à leur tranquillité. Nous respections.

Plus le temps et les combats passaient, plus je devenais un meilleur combattant pour ma part. Je m'étais familiarisé rapidement avec mes kuchiyoses éléphants. Et ma maîtrise du ninjutsu grandissait elle aussi à force d'entraînements réguliers. Kioshi et moi nous entraînions beaucoup ensemble, notamment pour développer de nouvelles techniques liées à notre dôjutsu et notre clan. J'avais en tête qu'un jour ou l'autre, nous deviendrons lui et moi des maîtres Yamada !

Mais l'entraînement du jour était légèrement spécial. Nous avions capturés des soldats impériaux quelques jours plus tôt, et j'en ramenai deux avec moi, menottés et attachés. Je n'avais bien sûr pas prévenu Kioshi qui allait arriver. Mais il devait savoir tout comme moi que si nous voulions développer pleinement une technique et ses effets, il nous fallait des cibles humaines. Comme nous ne pouvions pas nous utiliser nous-même au risque de nous blesser mortellement, je préconisais de plutôt blesser nos ennemis, même si ce n'était que des prisonniers. Le gardien des prisons de fortune de notre campement m'avait laissé partir en douce avec ces deux là en échange de quelques ryôs, rien de plus simple.

Le lieu de notre rendez-vous à Kioshi et moi était sinon une zone bien tranquille où un ruisseau issu du fleuve suivait son court tranquillement en passant sous un arc de roche. Il y avait quelques plantes, un peu de fraîcheur et de l'ombre. C'était donc parfait pour y passer un bon moment. Et en attendant leur tour, les deux prisonniers ne crèveraient pas desséchés sous le soleil meurtrier de notre beau pays. J'avais accroché les cobayes à un à un pic de roche avec de la corde. Et j'attendais mon frère en me tenant assis non loin d'eux. Je profitais du paysage qu'offraient les montagnes plus loin.

En cette période de guerre, où nous combattions l'Empire pour libérer nos terres et défaire ce que nous jugions mauvais, je nourrissais une haine envers nos ennemis. Nourrie par la rancoeur et la colère d'avoir perdu père, c'était un véritable moteur dans ma lutte personnelle et pour me donner la motivation de continuer. Je savais que Kioshi voyait et comprenait tout ça, en tant que mon frère il devait même voir plus loin que ça, bien qu'il ne me le dise pas clairement.

Mes deux prisonniers ligotés ne bougeaient pas d'un pouce. Je vis Kioshi arriver au loin et le saluai à distance avant qu'il ne se rapproche de moi, et des prisonniers. Le connaissant je n'étais pas sûr qu'il approuverait mon idée d'utiliser des cibles humaines pour acquérir une technique et développer ma pratique du ninjutsu. Mais le mal était fait, et les deux prisonniers impériaux étaient là. Pas manqué, grand frère observa la scène et demanda ce que cela signifiait. Une moue apparut sur mon visage avant que je ne souffle pour lui expliquer.

« Je me disais que pour nous entraîner aujourd'hui, ce serait bien d'utiliser ces deux là. Ainsi on pourrait avoir une véritable idée du résultat de notre technique. En plus, eux sont des prisonniers, donc coupables de servir l'Empire. Tu sais très bien que je n'utiliserai jamais d'animaux pour faire des tests, c'est contre mes valeurs... Je préfère cramer des impériaux. »

Derrière moi, les deux gars venaient d'entendre ce qui était sorti de ma bouche et commençaient à s'agiter de crainte et de peur en imaginant ce qui allait leur arriver. L'un d'eux supplia même qu'on lui laisse la vie sauve.

« Vous voulez bien vous taire vous deux ? » fis-je à leur attention, agacé.

Kioshi se trouvant toujours face à moi, je ne pouvais que voir à son visage qu'il n'approuvait aucunement. Mais comme qui ne tente rien n'a rien :

« Alors, tu en penses quoi ? On s'en fiche de ces mecs ! »

Bien que s'il refusait, je n'irai pas jusqu'au bout et les laisserai tranquille.