¤ L'aube de la Roche ~ [Formation d'équipe]

Cela faisait maintenant des années qu'elle assurait, en plus des missions et opérations qui lui étaient confiées, l'accueil des nouveaux shinobis à la Citadelle ainsi que leur formation de base. Asuka n'avait pas un tempérament que l'on aurait pu qualifier de « patient », aussi elle s'était avérée toute indiquée pour pousser au train des jeunes et moins jeunes recrues afin qu'elles atteignent toutes rapidement un niveau suffisant pour partir sur le terrain. La Jisetsu n'en bâclait pas pour autant son travail, et son expertise dans le domaine de la formation était reconnue dans la hiérarchie. Un élève qui ressortait honorablement de ses enseignements était un shinobi fiable qui, si il lui restait encore beaucoup de potentiel à développer, disposait d'un esprit combattif stable et de compétences de base fermement ancrées en lui. Mais aujourd'hui, Asuka allait devoir revoir un peu ses habitudes, car sur la « suggestion » du Tsuchikage, elle allait devoir s'entourer de plusieurs autres shinobis moins expérimentés pour former une nouvelle équipe. « Les ordres du patron », comme elle le disait si bien elle-même.

Tout en marchant à grandes enjambées au coeur du Centre de formation, la valkyrie songeait à Ryûga. C'était un Samui, le plus pur produit de la noblesse d'un clan qui avait assis sa domination sur le pays depuis des siècles. Des gens hautains, pédants et puissants qui avaient principalement à coeur la pérennité de leurs familles. Un cocktail explosif, dans un pays aux dissensions internes vivaces. Asuka elle-même avait des raisons de mépriser les Samui, et par extension Ryûga, dont elle connaissait le passé sans doute mieux que quiconque. Cette Citadelle, tout autours d'elle, était l'héritage de son clan, son refuge, et était aujourd'hui encore sous une forme d'occupation même après la défaite de l'Empire qui s'y était installé. Pourtant, jamais elle ne manifestait une quelconque rancoeur ou de sentiments agressifs envers les non-Jisetsu, et encore moins envers le Tsuchikage. De l'extérieur, on aurait pu croire en observant son attitude au quotidien que cela était dû à son détachement et son je-m'en-foutisme, mais c'était en réalité tout le contraire.

Soufflant bruyamment en arrivant dans le petit bureau où elle rangeait ses affaires, elle s'équipa en conséquence de ce qui l'attendait, resserrant les sangles de son équipement et ressortant une poignée de minutes plus tard. Elle se dirigea alors vers l'un des grands terrains creusés dans la montagne, dans le prolongement des quartiers plus conventionnels du Centre de formation, là où elle avait convié les candidats à se rendre. Après avoir passé le terrain au crible pour le préparer, la Jisetsu aux cheveux rose s'adossa à une large paroi en pierre oblique et attendit les bras croisés, tapotant son bras avec son index.

Spoiler:

Entité au contrôle: Kenjin

Une lettre tout ce qu'il y avait de plus normal avait atterrit chez moi, sûrement une nouvelle mission pour le jeune genin que j'étais. La dernière fois, cela ne s'était pas vraiment bien passé. Il faut dire que les missions que je recevais n'était pas vraiment emballant et ma motivation restait au plus bas. C'est donc sans grande conviction que j'attrapais ce bout de papier si familier et commença à le lire. Une surprise de taille m'attendait, enfin c'est ce que je pensais. Tout ceci n'avait pas l'air d'être une mission en particulier, le format était différent et rien n'indiquait vraiment ce que je devais faire. Seul un lieu de rendez-vous était marqué : le centre de formation.

Attrapant mes affaires, je me préparais en fonction de ce qui était indiqué. Un entraînement particulier avait lieu et j'avais été demandé. En aucun cas je ne devais arriver en retard. Après ma dernière punition par le Tsuchikage lui-même, je devais être exemplaire dans tous les domaines. Moi, Kenjin, j'allais donner tout ce que j'avais durant cet entraînement particulier. Nul doute que je n'allais pas être le seul shinobis du village convoqué. Allait il tester nos capacités ? Savoir si on était utile ou non au village ? Peut-être que tout ceci n'était qu'un recensement parmi tant d'autre et que rien de précis n'allait se passer. Je devais m'attendre à toutes les éventualités, même à un piège... N'allons pas jusque là non plus.

Dévalant les rues comme un homme en retard à son mariage, je m'excusais toutes les 5 secondes aux passants que je bousculais par inadvertance. N'ayant pas le temps de lever mon chapeau, je leurs faisait un simple geste de la main accompagnée d'un « pardon » très sincère et le tour était joué. Dans la vie, il faut savoir faire les bons choix et être en retard à cet entraînement... ce n'était définitivement pas un bon choix.

Me voici devant le centre de formation, un endroit particulièrement bien décoré autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Même si ce n'était pas du tout mon style architecturale, je ferais l'impasse pour cette fois de critiquer à haute voix ce que je voyais. Faire bonne impression, je gardais bien cela dans un coin de ma tête, quitte à passer pour un pion qui obéissait à tous les ordres qu'on lui donnerait. Pénétrant à l'intérieur, je franchis les différents couloirs pour ressortir au niveau d'un grand terrain préalablement creusé dans la montagne. Sur place, une jeune femme particulièrement jolie était posé contre un mur, les bras croisés. Elle avait clairement l'air d'attendre quelqu'un, je dirais même plus, elle attendait tous ceux qui avaient reçu la missive. Prenant un air sérieux, ne voulant pas montrer ma joie intérieure d'être le premier arrivé, je me présenta rapidement à celle qui semblait mon chef du jour.

« Hari Kenjin, genin d'Iwa !! Présent pour l'entraînement ! »

Sincèrement, si j'étais en face d'un garçon comme moi, je pense que j'hésiterais entre rigoler très fort pour me moquer, ou bien carrément m'ignorer. J'en avais sans doute trop fait dans ma manière d'être, mais au moins on ne pouvait rien me reprocher. Attendant que les autres shinobis arrivent, j'évitais de croiser son regard... elle était beaucoup trop sérieuse pour qu'on arrive à quelque chose tous les deux.

Matinal, toujours très matinal. Rien à faire, je ne dormais guère beaucoup ces derniers temps. Ce n'était pourtant pas de ma faute, mon nouveau petit logement était confortable certes, mais je ne m'étais pas encore fait à l'idée de ma situation. J'avais été vendu au Tsuchikage, après avoir été déjà vendu par mes propres parents à Kenpei Pinoko. Je n'y comprenais plus rien moi. Mais bon, petit à petit je m'habituais toujours à mes nouvelles vies.

Cette matinée était plutôt calme, surtout chez moi avec mon petit chocolat chaud sur ma petite table en bois, me penchant légèrement contre le rebord car le dossier de ma chaise était bien trop inconfortable. Je n'avais pas réussi à ouvrir totalement les yeux, je baignais dans la vapeur de mon chocolat chaud et l'excitation légère de l'impatience.

En effet, j'étais impatient.

* Enfin, je vais effectuer mon premier entraînement ici*.

Le fait d'être matinal m'arrangeai, je n'avais pas besoin de me presser. Ce fut grâce à la lettre d'hier, une missive dans ma boîte au lettre exigeant ma présence au centre de formation. Débarrassant doucement ma table, je regardais l'heure, 4 heures du matin. Il était temps de se préparer tranquillement, après avoir soigné quelque peu mon hygiène et pris soin de ranger l'appartement, je décolla de chez moi à 5 heure, dans l'espoir de faire un tour avant d'aller bosser.

Les ruelles étaient encore vide, à cette heure, logique. Je marchais lentement, observant les premières lueurs du jour qui s'éveillèrent lentement sous mes yeux grisé du matin. Les passants commençaient à sortir de chez eux pour aller travailler, pour ma part j'attendais l'ouverture d'une boulangerie matinale. C'est par la suite que je mangea sur place et que je pris la route à 7 heure, afin d'arriver dans les temps, c'est à dire 8 heure.

Ainsi donc je me remis en route sous la fraîcheur du matin, sans angoisse mais avec de légères appréhensions. Tout semblait calme, jusqu'à ce qu'un individu au loin se fit retentir jusqu'à mes oreilles. Tournant la tête pour observer derrière moi, j'aperçu un camarade ninja également Genin. Ce qui était drôle, c'est qu'il faisait tellement de bruit que je ne comprenais pas comment les passants faisaient pour ne pas le voir arriver.

En ce qui me concerne, alors qu'il fonça droit sur moi comme sur les autres, je pris soin de m'écarter sans me faire remarquer, puis poursuivit ma route calmement.

L'architecture de la citadelle était magnifique, j'aimais beaucoup l'admirer de temps en temps. J'en profitais en avançant. Une fois arrivé à l'endroit indiqué, j'observais le jeune homme qui était passé en furie tout à l'heure, puis je tourna mon regard vers celle qui semblait attendre avec attention, avachie contre le mur.

Suishô Mefisuto, Genin répondant à l'appel, présent.

Tournant de nouveau ma tête vers celui qui semblait être mon futur camarade, je lui esquissa un sourire amicale avant de rétorquer une petite remarque qui risquait sûrement de m'en indiquer long sur son caractère.

Hé bien, tu vois nous ne sommes pas en retard, il n'y avait pas besoin de te presser autant.

Sur un ton taquin et à la fois sympathique, je n'avais plus qu'à attendre également, me tenant droit et ne bougeant pas tel le digne militaire que j'ai pu être par le passé en tant que Shimojin.

De la paperasse qui donne des ordres. Encore et toujours. Voilà comment ils se faisaient convoquer à chaque fois. Hmpfffff. Kiyoshi en avait marre de tous ces documents qui débarquaient à pas d'heure pour le plus souvent donner une description d'une situation avec l'ordre qui allait bien. Il était de mauvaise humeur ce matin. S'était-il levé du pied gauche? Probablement. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas été aussi ronchon. Même lui s'en rendait compte. Bref. Il devait aller au centre de formation. Leiko avait-elle été convoquée? Il n'en savait rien car il était parti très tôt pour un footing et il en revenait quand il avait reçu ce message.

Il avait longuement inspiré, pris une douche rapide et s'était changé histoire de ressembler à quelque chose. Il aurait bien pris quelques cookies mais il avait oublié en partant. Journée de merde. Il était probablement en retard et il n'en avait clairement rien à faire. Si c'était vraiment urgent, on lui ferait savoir en temps voulu. D'ailleurs, où avait-il foutu la missive qu'il avait reçu? Raaaaah. Il avait oublié de tout bien lire. On lui avait dit de rejoindre le centre de formation en vue de quoi? Aucune possibilité de se souvenir et cela l'agaçait encore plus. Il inspira longuement et cria comme un demeuré en plein milieu de la rue, au grand dam des gens qui l'entouraient.

Tous se tournèrent vers lui, mi-effrayés, mi-troublés, pendant qu'il continuait son chemin. Il prit une longue goulée d'air et expira lentement avant de se coller quelques gifles. Allez. Du nerf! On va faire de cette journée une bonne journée. De l'auto-persuasion! Voilà qui pouvait peut-être marcher. Le centre de formation se dessinait devant lui et il pénétra dans cette sainte zone des ninjas d'Iwa. La journée sembla s'embellir quand une kunoichi des plus mignonnes qu'il eût vu ces derniers jours lui lança un sourire. Pourquoi lui? Il n'en avait clairement aucune idée mais cela le flatta. Sa versatilité ne le choqua même pas. Il retrouva où il devait aller en demandant discrètement son chemin.

Apparemment, deux gars étaient là et il entendit de justesse le second se présenter à la troisième personne en présence. Une femme ninja aux cheveux roses qui se tapotait le bras d'un air impatient. Ah. Ce devait probablement être la responsable. Bon. Il suivit donc la même trame que ses camarades, en restant plus sobre car il ne savait pas pourquoi il était là en somme.
"Kiyoshi. Prêt."

*SPROUSH*

Hmmm. Quelle douce odeur sous son pied gauche. En effet, malgré les dernières apparences, c'était bel et bien une journée de merde.

Leiko ne voulait pas y aller. Elle ne voulait pas rencontrer ces gens, peu importe qui ils étaient. Elle ne voulait pas être comparée à ces individus. Elle ne voulait pas servir de faire valoir et subir encore des moqueries. Elle ne voulait même pas poser un pied à l’intérieur de la citadelle. Pas aujourd’hui, peut-être demain ou peut-être jamais, mais certainement pas aujourd’hui. Assise là, sur le rebord de sa fenêtre, elle contemplait l’immensité de la citadelle. Elle levait les yeux au ciel et elle n’était même pas certaine de voir le bout de l’édifice. Elle se sentait écrasée par sa grandeur. Elle soupira ; ils savaient s’y prendre pour développer le sentiment d’infériorité dans ce village. Car cette impression de n’être rien était propre aux gens comme elle qui vivaient tout en bas.

Evidemment, tout le monde n’avait pas le même sentiment qu’elle. Il y avait ceux, comme son frère par exemple, qui s’en accommodaient très bien et qui, peut-être, avaient l’espoir qu’un jour ils atteignent le sommet de la citadelle. Leiko ne voulait pas casser les rêves de son frère alors elle ne disait rien ; à vrai dire ils ne parlaient jamais de ce genre de choses. Mais au fond, elle savait qu’ils ne faisaient pas le poids. Alors un entrainement particulier, pensez-vous… Si c’était juste pour lui rappeler qu’elle était une fille de rien, elle n’avait pas besoin d’y aller.

Comme elle pensait à Kiyoshi, elle l’entendit rentrer de son footing. Aux bruits qu’il émettait dans la pièce d’à côté, il avait reçu le même genre de missive qu’elle et s’apprêtait à présent à prendre sa douche. Elle était restée silencieuse, cachée sur son rebord de fenêtre. Elle ne voulait pas le voir, surtout s’il comptait se rendre à ce fameux entrainement. Elle ne voulait pas qu’il se rende compte qu’elle n’avait aucune intention d’y aller, ni que la perspective d’être encore jugée la mettait dans cet état. Elle savait pertinemment quel genre de sermon il se serait empressé de lui faire : toi qui dis toujours qu’un ordre est un ordre, toi qui obéis si diligemment d’habitude… Bientôt, elle entendit la porte de leur habitat se refermer et le silence reprit ses droits. Il était bel et bien parti. Ce qui signifiait qu’à partir de maintenant, elle était sure et certaine d’être en retard.

Son regard se tourna vers la rue devant elle. Là en bas, les gens passaient paisiblement. Ils faisaient leur vie, l’air de rien ; elle regarda deux personnes parler avec animation. Personne ne levait les yeux au ciel. Pourquoi ? Elle fronça les sourcils. Pourquoi ces gens vivaient-ils normalement ? Elle repensa à Kiyoshi ; il allait affronter l’élite sans elle. Il en ressortirait certainement blessé et elle ne pouvait que s’en vouloir de l’abandonner ainsi. Parfois, elle était égoïste. Elle regarda de nouveau les gens qui passaient devant sa fenêtre. Elle repensa de nouveau à Kiyoshi. Elle avait peur. Bien sûr qu’elle obéissait aux ordres, bien sûr que s’il fallait donner sa vie pour son pays elle la donnerait sans hésiter. Mais elle avait peur de se rendre compte que tous ses efforts n’avaient servis à rien. Certains diraient qu’elle était lâche en cet instant précis ; c’est que précisément ils n’avaient jamais été dans sa situation, vécu ce qu’elle vivait, ressenti ce qu’elle ressentait.

Elle se retourna et rentra à l’intérieur. Il était temps d’y aller, même si elle ne voulait pas. Elle ne pouvait pas abandonner Kiyoshi ainsi.

•

« Je suis Leiko, sœur de Kiyoshi. Excusez-moi. » Elle s’inclina légèrement devant la personne qui semblait être la responsable. Il n’y avait pas besoin d’explications, il paraissait évident qu’elle s’excusait pour son retard flagrant. De toute façon, qu’elle soit reprise sur ça ou sur autre chose, cela ne ferait aucune différence. Elle jeta un regard en biais, cherchant son frère des yeux. Elle espéra qu’il ne s’inquiéterait pas pour elle ; elle n’arrivait jamais en retard habituellement. Le reste des personnes présentes ne l’intéressait absolument pas, aussi elle se contenta d’attendre là qu’on lui annonce son châtiment.

Spoiler:

Aeron n'a jamais réellement été du matin. Enfant déjà, sa mère bataillait becs et ongles pour qu'il se lève pour l'école. Depuis qu'elle était décédée, Aeron vivait seul avec son père, ses sœurs étant constamment en mission, et les réveils n'en étaient que plus complexes. Il faisait son possible lorsqu'il avait une mission - tel qu'aujourd'hui - mais ça ne l'empêchait pas de râler et de se sentir crever.
Alors qu'il rentrait d'une mission qu'il considérait comme très importante - en soi, juste du ramassage d'ordures dans les bas-quartiers de la Citadelle - il avait reçu une missive le sommant de se rendre au centre de formation, le lendemain. Il n'y avait aucune précision particulière, juste de bien se préparer. C'était étonnant. Depuis une année qu'il était genin déjà, Aeron n'avait eu à effectuer que de petits boulots à droite et à gauche, rien de bien intense ni innovant. C'était cependant la première fois qu'un ordre de mission se montrait si mystérieux. Peut-être allait-il enfin pouvoir se confronter à d'autres ninja ?

Pour l'occasion, il avait revêtit sa tenue habituelle, à savoir ses vêtements vert et noir peu discret. Ses cheveux en brosse exaltaient sur son crâne mais le garçon n'en faisait que peu cas. Les gens remarquaient en général leur couleur étonnante et ne s'arrêtaient pas plus longtemps sur la coiffure. A sa ceinture, il avait fait pendre quelques kunais, des shurikens ainsi que de petits fils pratiquement invisibles. L'attirail utilitaire somme toute basique du ninja entraîné. Le garçon ne sortait jamais sans. A l'intérieur de ses manches, solidement fixés, il y avait un deux kunais. Toujours utile en cas d'attaques imprévues. Dans un monde tel que celui-là, il ne fallait jamais rien prendre pour acquis, même la paix.

Il était pratiquement l'heure lorsqu'il parti de chez lui. Avec cette manie de toujours être en retard, le Jisetsu s'était déjà causé pas mal d'ennuis. Mais bon, rien n'y faisait, lui et le temps, ça faisait deux. Petit paradoxe non ? Pour un membre d'un clan censé recueillir les mémoires de l'Histoire et possédant un dojutsu à l'aspect aussi temporel qu'existentiel ?

Pénétrant en quatrième vitesse dans l'immense centre de Formation de La Citadelle, creusé à même la roche, Aeron traversa un dédale de couloir. Selon la missive, il devait se rendre à un terrain d'entrainement en particulier. Un peu perdu dans cet immense bâtiment, il essaya de quémander son chemin au travers du réseau de couloirs tous plus importants les uns que les autres. Une kunoichi un peu âgée eut la gentillesse de le guider, certainement devant son stress apparent.

Lorsqu'il trouva enfin son chemin, il pénétra dans ce que l'on pourrait qualifier de grand forum rocailleux qui servait de terrain d'exercices. Il y avait déjà plusieurs personnes de présentes mais le regard d'Aeron ne se focalisa que sur une seule. Celle qui devait être l'instructrice du jour était une jolie jeune femme que le garçon connaissait de par sa réputation, aussi bien à l'intérieur de La Citadelle que du clan Jisetsu. La fameuse Asuka.

C'est à ce moment là que les Kinnegan du jeune garçon décidèrent de s'animer. Ses pupilles passant du vert à l'or, Aeron fut prit de vertiges. Cela lui arrivait de temps à autres, surtout en cas de stress, que les fameux yeux de son clan interviennent sans qu'il n'en soit le responsable. Le monde autour de lui vacilla. Durant ce qui ne devait être que des fractions de secondes, le Jisetsu vit la salle autour de lui se former puis être creuser par l'homme, vit les gens présents plus vieux ou plus âgés. Cet instant de flottement sur les méandres du temps déstabilisa le jeune qui ne vit pas le caillou devant ses pieds. Bêtement mais surtout bien ridiculement, il chuta, roula en dépassant par la même le rang bien droit de ses camarades et s'étala de tout son long, face contre terre, aux pieds de l'instructrice. Il se releva aussi tôt, un sourire idiot sur le visage et une main sur la nuque en signe de gêne.

Hé...Hé.... Excusez-moi... Moi, c'est Aeron. Jisetsu Aeron. Euh...

Son sourire un tant soit peu angélique et son attitude parfait nigot ne lui ferait certainement pas échapper à la sanction du retard et de son imbécillité. Mais bon, il était là, au moins.

Un à un, les convoqués se présentèrent. Il y eut d'abord Kenjin, du clan Suzurane, au tempérament plutôt changeant et qui revenait d'un séjour au bagne pour manquement au règlement. Un électron un peu trop libre, à l'image de beaucoup des membres de son clan guerrier, et qu'Asuka devrait cadrer comme tous les autres. Vint ensuite le Suishô nommé Mefisuto, un jeune homme relativement énigmatique qui leur venait de Shimo. La valkyrie avait lu les détails dans son dossier, mais espérait bien en apprendre plus, à commencer par ses compétences, lors de cette session. Se présentèrent ensuite l'un après l'autre les frère et sœur jumeaux Okitase, Kiyoshi et Leiko. Deux jeunes gens démarchés de leur foyer pour grossir les rangs de la rébellion d'hier, l'armée officielle d'Iwa d'aujourd'hui. Leur attitude dénotait clairement l'un de l'autre en dépit de leur gémellité, mais Asuka n'en avait pas grand chose à faire, de leur lien de parenté : elle leur réserverait à tous de toute façon le même traitement. Pour finir, se présenta l'un de ses cousins éloignés, Aeron Jisetsu. Le jeune garçon d'à peine treize ans avait fait ses preuves à son niveau, mais manquait cruellement de pratique et d'enseignements spécifiques.

Le stress du Jisetsu était presque palpable dès son arrivée pour la valkyrie, qui vit les pupilles d'Aeron tourner au doré sans raison apparente. Puis elle le vit trébucher et se vautrer à ses pieds, ce qui lui fit hausser un sourcil de consternation. Sans piper mot, elle le laissa se redresser tout seul et se replacer dans le rang plutôt correct formé par les convoqués. Sa mémoire ne lui faisait pas défaut : tous les participants étaient désormais arrivés, bon gré mal gré, et elle allait enfin pouvoir commencer son travail.

« Bien, vous êtes tous là, donc on peut enfin espérer commencer. Pour ceux qui le savent pas, moi c'est Asuka. Et si vous avez été appelés aujourd'hui, c'est pour... suivre un petit stage de remise en forme. Oué, on va dire ça comme ça. Le fait est qu'aucun d'entre vous ne s'est vraiment distingué jusqu'ici : le but aujourd'hui, ça va être de vous donner les armes et les outils pour vous permettre de le faire, à l'avenir. Vous m'suivez ? Bon, vous êtes cinq... J'ai vu pire. Voilà c'qu'on va faire. »

Asuka décroisa ses bras et se décolla de la paroi oblique plantée dans le sol derrière elle, commençant à faire demi tour pour s'éloigner de ses élèves et se retournant vers eux tout en continuant à faire marche arrière.

« J'vous laisse vous concerter pendant quarante secondes pour que vous puissiez « faire connaissance » entre vous. Après ça, vous essaierez de me tuer. Pour de vrai. C'est clair ? Allez c'est parti, ne gaspillez pas votre temps et allez à l'essentiel. Car quand on commencera, moi aussi... j'essaierai de vous tuer ! »

Asuka était désormais assez éloignée pour que les jeunes gens rassemblés plus loin puissent penser que chuchoter entre eux suffirait à garder leurs propos confinés à leur groupe. La vérité, c'est qu'elle avait déjà pu éplucher les dossiers concernant chacun d'entre eux et connaissait déjà en grande partie l'étendue théorique de leurs capacités. Parce qu'elle était un tantinet mesquine, elle renforça malgré tout la puissance de son ouïe pour entendre la teneur de leur petite réunion.

Nous voilà tous réunit au centre de formation, aligné tel des moutons qu'on allait préparer pour l'abattoire. Vu la tournure des évènements, cette métaphore n'était pas vraiment si erroné que ça. Asuka... Un nom qui ne me disait pas grand chose, mais pour faire venir autant de jeunes petit cailloux d'Iwa, il ne fallait pas être n'importe qui.

La raison de notre présence ici ? Un stage de remise en forme... Sérieusement ? Comme si nous n'étions que 5 à devoir faire ce stage. J'en connais quelques-uns qui en auraient bien besoin mais qui ne sont pas présent à mes côtés en ce moment même. Passons ce détail, après tout nous étions tous ici, peut importe la raison, se donner à fond suffirait pour réussir ce test de remise en forme.

Première étape, se concerter tous ensemble pour essayer de tuer notre supérieur. Voilà une belle façon de commencer ce test, même si cette épreuve semblait être la seule de la journée. Je trouvais ça très marrant sa façon de faire, même si intérieurement c'était quand même inquiétant en soit. Elle aussi allait essayer de nous tuer... C'était sûrement sa manière à elle de nous dire : je vais me défendre et pas juste esquiver vos attaques minables. Oui oui, je sentais clairement que sa force était grandement supérieur à la notre et que des jeunes shinobis comme ne pourraient guère lui faire peur. Nous avions beau avoir le surnombre en notre faveur, nous ne pouvions nous organiser rapidement pour faire en sorte que ça soit un avantage. J'imaginais déjà la situation où nous allions attaquer chacun notre tour et nous faire rétamer comme des insectes contre un lion.

Bon, il était temps pour nous de discuter, même si je n'en avais guère envie. Par réflexe nous formions un cercle pour que chacun puisse écouter l'autre, je pris la parole en premier non pas en tant que chef d'équipe, mais bien en tant que membre du groupe. Faire connaissance n'était clairement pas dans mes intentions, ce n'était qu'une perte de temps au vu de la situation. Si nous étions tous assit à une table avec de quoi boire, ça aurait été avec plaisir, mais là, nous étions en entraînement, j'allais donc clairement leur dire ce que je pensais.

« Faire connaissance est une perte de temps, essayons plutôt de nous rappeler les moyens les plus importants pour tuer quelqu'un de plus fort que nous. Nous sommes en surnombre, il faut se servir de cet avantage. On a pas le temps de mettre en place une tactique, on va devoir improviser et gérer nos techniques sur le tas. Pour se faire je pense que savoir nos différentes affinités est nécessaire, essayons de nous en rappeler durant le combat. Je possède le Raiton pour ma part, je combat au corps à corps. »

J'avais donné les directives malgré moi, je ne voulais pas être le chef et donner des ordres, ce n'était pas vraiment mon genre. Je voulais simplement que toutes les chances soient de notre côté pour affronter notre supérieur. J'avais le sentiment que cette Asuka n'était pas du genre à nous dorloter...

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¤ L'aube de la Roche ~ [Formation d'équipe]

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