Aujourd'hui je suis Karasu, membre de l'ANBU. Spécialiste pour receuillir des informations, bien qu'un peu rouillé au combat. Je porte une tunique noire ample qui cache mes armes et mes membres, ainsi qu'un masque noir avec des traits stylisés pour évoquer un corbeau.

Suite à une précédente session, j'ai eu l'honneur de combattre Dokuro pour pointer mes faiblesses. Et Kyubi sait que j'en ai vu quelques unes ! La plus importante est ma faille contre le genjutsu, chose auquel je remédie de mon côté par un entrainement intensif. J'ai honte de l'admettre, mais un chunin spécialiste en genjutsu avait de quoi me maraver grave. Une autre faille, moins grave, est celle de mon manque de diversité. J'ai surtout mon kaiten comme défense ainsi que ma paume du Hakke comme attaque, et ce n'est pas assez. Je ne peux me contenter de me battre comme des générations de Hyûga l'ont fait avant moi. Je dois innover, je dois progresser et faire évoluer mon clan à de nouvelles hauteurs.

Histoire de combler peu à peu toutes mes failles et de tendre vers un niveau de combat pertinent au vu de mon grade, j'ai proposé à Dokuro de m'accompagner dans un entrainement collaboratif pour développer un nouveau jutsu dans nos répertoires respectifs, voir peut-être un deuxième si nous avançons bien. Rien ne vaut un autre ANBU pour progresser rapidement ! Cela ravive mon printemps de la jeunesse. Il m'a confirmé sa venue et semblait également intéressé par un développement de ses techniques. L'homme a l'air focalisé. Sa combinaison d'illusions et de taijutsu est aussi inhabituelle que dangereuse et efficace. 

*Quelqu'un qui vaut mieux avoir comme allié, sans aucun doute.* Pensais-je.

Cette fois-ci, notre entrainement aura lieu dans une salle spéciale du QG ANBU. Je suis parti de ma cellule et emprunté un dédale de couloirs couverts de sceaux avant d'arriver à une grande pièce pourvue d'un plan d'eau, de pierres et autres rochers ainsi qu'un haut plafond. Un des murs du fond porte des marques de techniques, de coups, et est par tradition un moyen de mesurer les dégâts d'une technique. Au plus la pierre est creusée, au mieux. Ici, personne ne pourra nous épier car connaitre le panel de technique d'un ANBU peut signifier sa défaite. Ici nous pouvons nous battre en secret. 

Je suis arrivé un peu en avance, car j'aimerais d'abord travailler un peu mon affinité doton - qui sera essentielle pour créer une technique d'armure solide. Mes kaiten sont solides mais éphémères. Dans certains cas j'ai besoin d'une construction solide capable de tenir le coup et de subir un assaut voir des petits assauts prolongé. Je joins mes deux mains et je fais craquer les jointures. Il est temps de s'y mettre.

Je dispose de quelques techniques basiques pour manipuler la pierre, et je me dis qu'une petite séance de rattrapage ne me ferait aucun mal. Je pose ma main sur une pierre aux alentours et j'y fais circuler mon chakra. Je sens des aspérités, des irrégularités. Je prends conscience de l'objet sans vraiment le connaitre. J'obtiens une vague idée insaississable. Je ne peux dire son poid, ni ses dimensions, mais j'ai l'impression d'avoir une nuance dans la tête. Sur le bout de ma langue. En forçant le chakra, j'essaie de bouger le rocher de gauche à droite, de le faire tourner sur lui-même. Un exercice basique de manipulation doton, certes, que j'essaie de pimenter en ajoutant un autre rocher en parallèle. Dans l'idée, j'aimerais pouvoir me faire une armure de pierre comme protection, et cela nécessite plus qu'une seule pierre.

L'exercice est plus compliqué que prévu, la première pierre échappe à mon contrôle régulièrement lors de l'ajout de la seconde pierre, et quand j'y arrive les deux pierres sont fixes en demandant toute mon attention. Des perles de transpirations tombent de mon front tandis que j'arrive difficilement à faire bouger les deux cibles en même temps. Personne n'osera dire que je suis un expert doton, c'est clair. L'heure passe, et Dokuro ne devrait plus trop tarder à se ramener.

Je travaille encore à faire bouger les pierres. J'en suis à plusieurs qui orbitent autours de mon bras. Je n'ai pas activé mon Byakugan, exceptionnellement, pour mieux me concentrer à ma tâche - et puis les divers sceaux du complexe ANBU perturbent ma vision. C'est donc tout naturellement que ma réflexion est brisée par un timbre de voix que je reconnais.

Ah, Dokuro et sa langue acérée. Ses paroles acides, directes. Je ne doute nullement qu'il a compris que je faisais tout ceci dans un but précis. Peut-être a-t-il déjà déduit que c'était lié à l'affinité doton ? Probablement pas l'homme (ou la femme ? Qui du clan Yamanaka se cache derrière ce masque ?) que je choisirais pour une mission diplomatique. Par contre, pour tout le reste, cela serait un excellent candidat pour des assauts dangereux, avec un beau potentiel de développement.

Je me lève lentement et je me tourne vers mon interlocuteur avec un léger hochement de la tête, les quatre pierres gravitant toujours autours de mon bras. Ma concentration est à son comble. Cet exercice est très difficile, ce n'est nullement ma spécialité, mais il faut faire ce qu'il faut faire. Je salue humblement mon visiteur en m'inclinant, puis je me redresse. Il s'agit d'être courtois.

"Bonjour Dokuro. Merci d'être venu, j'apprécie."

Les quatre pierres gravitent de plus en plus proches de mon bras gauche.

"Vous ne vous trompez nullement, si ce n'est sur mon intention. Je travaille effectivement des pierres, mais plus spécifiquement au niveau de mon affinité doton. Je compte travailler en direction d'une armure de pierre, portable en combat."

Je lève ce bras, en démonstration. Les orbites des pierres se rapprochent et les rochers viennent s'y coller, donnant une impression d'une armure de plaque de pierre incomplète - j'ai tout mon corps à équiper de la sorte avant de véritablement pouvoir appeler ça une armure. J'ai encore un peu de chemin à parcourir, et cela tombe bien car j'ai du temps devant moi et de la compagnie.

"Comme-ceci. Et j'essaie dans un premier temps de me couvrir le corps. Dans un second temps... j'aurais besoin de quelqu'un pour tester sa solidité. D'où le taijutsu."

J'essaie de bouger expérimentalement mon bras. Les pierres ne semblent pas entraver ma mobilité. Elles sont un peu lourdes, je suppose que c'est tout à fait normal pour une armure. Je devrais sans doute en prendre compte pour mes esquives et mes attaques. Je feins quelques mouvements dans l'air. La différence est nette, bien que surmontable. Je fais des esquisses d'attaques de mon clan, et mon bras arrive rapidement à niveau. J'interpelle de-nouveau mon collègue Anbu.

"Est-ce que vous vous y connaissez en armure d'origine élémentaire, Dokuro ? Désirez-vous en apprendre une à tout hasard ? Nous pourrions nous y entrainer mutuellement."

Attendant ses réponses, je me concentre pour faire venir plus de pierres sur mon corps. C'est difficile et éreintant, bien que progressivement des pierres venant du sol s'agglutinent sur mon torse et mon autre bras, couvrant de plus en plus ma tunique d'anbu par une modeste protection.

Je faisais des progrès avec ma technique, pourtant. Un bras de protégé, au moins. Bon, j'ai pas testé le niveau de cette protection, à vrai dire. Et puis, à y réfléchir, c'était quand même lourd, et pas super super pratique. Dokuro me fait un laius sur le comment, le pourquoi et sur tant d'autres raisons qui font que je suis nul, bête, sans avenir et que je devrais écouter ses bons et sage conseil. Comme par exemple, sauter dans le lac de boue.

Il est sérieux ? Je cligne des yeux.

Oui oui. Plonger dans la boue lui permettrait d'avoir déjà une armure de formée. Cela serait un excellent canevas de technique pour y greffer par la suite une meilleur protection plus consistante, plus totale et puissante. Une armure de boue qui résisterait à toutes les attaques.

Je regarde le tas de boue.

Je regarde mon interlocuteur de retour.

Je dois vraiment aller là-dedans ? je demande avec une voix plaintive.Je peux pas tout simplement utiliser des pierres ?

Sous mon masque, j'ai une moue de dégoût - non pas que mon collègue ANBU puisse le voir bien entendu. Cette idée me repousse grandement. J'active mon Byakugan et je regarde de manière télescopique le marécage. Oui, cela confirme mes soupçons. Mes craintes les plus enfouies en moi. Je risque de salir mes affaires. Ma mère serait furieuse.

C'est de la... boue... C'est sale.

Je m'imagine un instant dans cette boue. Non, impossible. Ce mélange aqueux de terre et de poussière. Des petites mouches tournent autour. La souillure toucherait les tréfonds de mon âme. J'en serais sali des mois durant. L'odeur. La sensation poisseuse. Je peux presque lire la honte, le désespoir de ma mère. NON. Plutôt mourir, plutôt descendre aux enfers chercher ma belle-mère plutôt que d'affronter cette torture dantesque.

Vous aviez raison Dokuro. Nous sommes tous les deux maitres du taijutsu. Cette histoire de doton et d'armure, c'est bon pour les Kumojins. Nous on est des vrais pros, n'est-ce pas ? On aime le corps-à-corps, l'art de faire couler le sang de son adversaire. Ou faire exploser ses organes de l'intérieur, ça aussi c'est cool.

Un petit duel à l'aimable, mon cher Shigo ? J'essaierais d'esquiver au mieux tes assauts.

L'ANBU que je suis se met en position et fait de son mieux pour se mettre à la place de son adversaire. Ma posture est directement tirée d'un kata utilisé depuis tout jeune dans les dojo Hyûga, les jambes écartées, les genoux pliés. J'essaie de focaliser toute mon expérience taijutsu, et ce, sans utiliser mon Byakugan le moindre du monde. Une expérience assez nouvelle, je dois admettre. Et qui m’enthousiasme. J'observe Dokuro.

Quel coup ce dernier utilisera ? Va-t-il esquiver, dévier ? Ma main droite saisit mon kusagirama, et je fais tournoyer la chaine lentement au-dessus de ma tête. Histoire de ne pas que rester sur la défensive, j'avance d'un pas et je lance la masse de ma chaine dans sa direction, et j'enchaine avec un lancé de kunai de la main gauche.

Je rattrape ma faucille et je me lance au corps-à-corps. Let's dance !

Spoiler:

La remarque de Dokuro entre par une de mes oreilles. Mon imagination délirante s'emballe et imagine la réactions de divers anciens du Clan s'ils entendaient ce que Le va-nus-pieds vient de dire. Dans les grandes lignes, que le taijutsu c'est pour les barbares et les cons. J'imagine mon père dans son beau kimono tout propre s'étrangler en buvant son thé. J'imagine notre chef de clan faire une maladresse et détruire un plancher voir un mur entier en laissant échapper du chakra par inadvertance. J'imagine des visages rouges, furibonds, enragés. Des exclamations d'insultes. Des protestations.

J'explose de rire. Dokuro ne doit certainement pas comprendre pourquoi alors je me sens un peu obligé de lui expliquer.

Non rien... Juste que vous sous-entendez un petit peu que le Clan Hyûga est un clan de barbares. Cela me fait rire. Si les anciens entendaient ça ! Je vais noter cette comparaison.

Bon après, s'il veut se faire moralisateur il peut. Cela ne m'atteint absolument pas. Les aspirations de tout et chacun sont différentes, et juger aussi facilement quelqu'un d'autres est trop facile. Ou peut-être est-ce parce qu'il est lui-même Yamanaka et que par ses multiples incursions dans le mental d'autres personnes il en est devenu un juge par extension naturelle de son don ? Quoi qu'il en soit, les Hyûga ont une tradition de taijutsu existante depuis des générations. Nous savons ce que nous faisons. Certes, le clan mérite des améliorations. Je suis pour une utilisation d'armes en conjonction avec nos techniques et je travaille activement à essayer de mélanger Jyuken et maitrise des armes. De là à nous comparer à des Icares - un type d'un conte ancien - qui se brûlent les ailes, c'est mettre des oranges dans le panier à fleur.

Shigo esquive mes différents assaut et se dirige vers moi. Je dois résister à la tentation d'activer mon doujutsu. C'est un travail que je dois faire moi-même, par expérience. Je le suis du regard, je me mets à sa place. Que ferais-je ? Et puis je suis pris de cours par son impulsion, car je n'aurais jamais fait ça. J'aurais commencé par une déstabilisation. Je pivote et je lève mon bras pour encaisser et amortir sa jambe.

Belle feinte.

Je repousse sa jambe et essaie d'y insuffler une bonne dose de chakra par l'utilisation du poing souple. Ensuite, je donne un coup de pied circulaire pour faucher ses jambes et j'enchaine avec un coup de coude à impulsion de chakra. La paume du Hakke via le coude n'est pas dans le répertoire classique du Hyûga mais elle permet de brouiller les pistes. Je poursuis avec un lancer de masse et j'essaie de modifier la trajectoire de la chaîne en la courbant.

J'essaie de suivre ses mouvements. Je me rappelle d'un point de base important. Le centre de gravité. Chaque personne doit avoir une bonne fondation dans les jambes sinon il tombe. Pour cela, le centre de gravité doit toujours être dans la base de sustentation. En d'autre termes, entre les pieds. Un centre de gravité ailleurs mène au déséquilibre.

Sans Byakugan c'est nettement plus difficile.

J'essaie d'estimer le centre de gravité de Shigo. Je pense qu'il est proche de son nombril et je me focalise dessus pour essayer de mieux en percevoir les mouvements tout en frappant plusieurs fois à l'aide de ma faucille et de mes pieds dans un mélange disparate et difficile à anticiper. Enfin, qui serait difficile à anticiper pour moi plutôt.

Dokuro est un excellent combattant. Le coup de jambe le fauche mais il se rattrape et roule sur le côté. Il en profite pour placer une remarque acide sur mon dojutsu. Ha, comme j'aimerais pouvoir lui montrer ce que je peux voir avec ! Il n'y a aucun doute à avoir sur le caractère absolu de notre vision. Il peut l'ignorer s'il le désire.

C'est normal, Dokuro-san, ce n'est pas toi qui porte le Byakugan. Tu ne sais pas ce que c'est. Voir au-delà de tout. La beauté du chakra. C'est regardé la nuit étoilée constamment, même en plein jour. La sensation est grisante. Et, ces petites étoiles me chuchotent ce qu'on prépare autour de moi.

Mon coup de chaine l'érafle à la tête. Je suis surpris qu'une telle attaque le touche. Dokuro est plutôt du style implacable et ne fait que très peu d'erreur. C'est la première que je remarque. Peut-être s'attendait-il à une attaque rectiligne, comme la précédente. Probable. Soudain, plusieurs clones apparaissent autour de Shigo. Je me gratte la tête. Il n'a certainement pas appris le kage bunshin - technique bien loin de son répertoire actuel - dans les jours qui ont séparé notre dernier combat. La résultante de cette réflexion est simple.

Encore une de tes illusions ? Soit, celle-ci est parfaitement adaptée à notre petite session.

Je me mets en position défensive, mes yeux verts toujours inactif. Mon dojutsu me permettrait de différencier clairement les illusions, mais aller savoir pourquoi... ce défi m'intéresse. Je veux apprendre à anticiper des attaques en combat. J'essaie d'esquiver les attaques qui viennent de multiples fronts. Rapidement, je constate que les combats contre plusieurs adversaires, c'est loin d'être facile. Je me prends pas mal de coups de poings et de pieds imaginaires. Ceux des illusions, surtout, mais aussi quelques un de Shigo. Sans mon dojutsu, je n'ai pas non plus une vision à 180° et cela devient d'autant plus difficile.

Je me frotte la mâchoire, douloureuse après un violent coup et je décide d'essayer d'être plus fluide. A quoi cela sert de bloquer complètement une attaque si je me prends la deuxième ? Non, je dois essayer de rediriger un maximum ailleurs, de minimiser mes dégâts, d'absorber un maximum, d'utiliser la force de mon adversaire contre lui-même. Evidemment, le problème c'est qu'après plusieurs coups reçu je sais pertinemment lequel est le vrai, parmi les clones.

Je saisis la partie "faucille" de mon arme et je me lance au corps-à-corps avec lui. Je commence par feindre une attaque de tranche de diagonale de haut en bas pour finir de lâcher mon arme complètement en direction de son pied. J'enchaine avec un coup de pied joint avec un salto - qui vise son menton et est accompagné d'une impulsion de chakra. Après quoi j'essaie d'attraper son bras et de lui filer une bonne dose de chakra bien salée pour ses organes. J'arbore un sourire sous mon masque. Je pense que je commence à voir comment il réagit.

Tiens donc, Dokuro semble faire une fixation sur la vision. Cela me parait étranger de renier ainsi les bienfaits incontestables du Byakugan. Il est en déni, c'est évidemment. On voit bien mieux que quiconque ce qu'on a sous les yeux, on voit même ce qu'on a derrière la tête ou sous nos pieds. En réalité seul les Uchiwa pouvaient prétendre à un dojutsu au regard plus pénétrant que le notre, et encore, c'est contesté selon les experts.

Dokuro n'arrive pas à esquiver le coup de pied fauchant. Il commence à faire un spectacle étrange avec ses sosies qui se superposent et... pour être franc, cela ne marche pas réellement. Cette technique est basique et, si elle est bonne contre des genins voir des chunins, un jonin comme Bankichi a nettement plus d'expérience. Le pas de chacun, qui fait un peu de bruit. L'odeur. Le poids. Le cliquetis de ses armes. Tout cela est d'autant d'aides pour un jonin expérimenté à différencier les clones du vrai Dokuro. Une illusion de bas de gamme possèdent des faiblesses.

A force d'user d'illusions, ils ne faut pas prendre ses rêves pour des réalités, Dokuro.

J'active le Byakugan, ce qui me donne une vision périphérique presque complète. Je vois directement lequel est Dokuro, les autres clones n'ayant pas de système circulatoire de chakra, mais je décide quand même de faire comme si c'était une situation de combat. Six assaillants armés de katana. Je distingue chacun de leur mouvement, même ceux qui sont derrière moi. J'ignore si Dokuro connait cette capacité secondaire du Byakugan de voir à presque 360° sur une dizaine de mètres.

J'enroule ma chaine autour de mon bras et je débute un essai d'anticipation. Une sorte de danse, où je bouge au-dernier moment pour esquiver une attaque, je pare une autre avec ma faucille et je bloque la dernière avec les chaînes autour de mon bras. Le premier katana illusoire m'aurait éraflé la jambe tandis que je fais un pas sur le côté, poussant la poussière sur mon passage. Mon Kama bloque le second katana - et là je n'ai aucun feedback non plus. Pas de pression de l'arme, pas d'impact. Je m'y suis apprêté, pour jouer au jeu. Le dernier sabre est arrêté in extremis par la chaîne.

Aussitôt vient le deuxième assaut. Mon dos aurait subit une attaque si cela n'avait pas été un clone. Je dois faire un peu plus attention à mes déplacements, mon jeu de jambe. Je bloque le premier sabre avec ma chaîne et je frappe un bras avant qu'il ne me touche. Le katana me traverse la main, mais cela ne m'intéresse pas. En situation réelle, l'arme n'aurait pas eu cette trajectoire.

Combattre des illusions est intéressant, mais au final, cela revient à un pur exercice de théorie. Il n'y a pas de force derrière, pas d'impact, pas de pression. Je m'entraine à voir leur trajectoire, à comprendre ce qu'ils font, à déduire leur prochain mouvement, mais l'entrainement est de manière ultime faussé. Il me faut du lourd, du concret. Je ne peux savoir comment ma parade réagira à un véritable adversaire. Et déjà, je focalise mon attention sur celui qui reste en retrait. Celui qui dispose véritablement de chakra. Mon adversaire et tuteur dans ce combat-ci.

Le troisième assaut j'ai un sourire aux lèvres. Enfin Dokuro daigne participer à l'effort de guerre. Je tends la chaine entre mes bras et je pare son sabre en priorité. Là, je sens son impact, le poids de sa lame, sa force musculaire. Je tends mes deux bras, je contracte mes muscles et j'absorbe la frappe sans difficulté. J'en profite pour frapper le poignet du Va-nu-pieds avec mon pied gauche. S'il y a contact, il sentira passer une bonne décharge de chakra. J'esquive sur le côté un autre sabre chimérique et je ne fais nullement attention au troisième.

Finissons avec ces illusions, elles sont trop inconsistantes pour continuer à me développer.

Je charge mon poing de feu et je lui envoie une technique nettement plus puissante que les précédentes dans sa direction. Elle ressemble à une autre qu'il avait déjà vu, mais la puissance est toute différente. A la technique classique j'ai mélangé mon affinité katon, et des flammes rouges, ardentes, dangereuses s'en dégagent. L'impulsion de chakra boosté à l'affinité katon parti dans sa direction et j'en profite pour envoyer sa faucille à l'horizontale, espérant que les flammes de la première technique cache la deuxième.

Il esquive la plupart de mes attaques en se contortionnant comme m... un contorsionniste. Impressionnant. Oh, une décharge de chakra interne l'atteint tout de même, mais je n'ai certainement pas forcé la dose. Cela reste un allié de poids et je n'ai aucune envie de le blesser gravement en entrainement. C'est plus une piqure de rappel que certains contacts sont à proscrire. Et cela ne concerne pas que les Hyûgas, c'est certain. Nous n'avons pas le monopole de la fourberie. J'ai d'ailleurs une grande aversion pour les utilisateurs de poison. J'ai du passer des mois en hôpital pour ça. Je ne souhaite à personne de renouveller l'expérience.

Je crois qu'il est aussi prêt à passer aux choses sérieuses. Il charge son poing de chakra - je le vois clairement, le Byakugan n'est qu'une petite confirmation, avant de se ruer en ligne droite vers moi. C'est intéressant, car c'est la première fois du combat que Dokuro m'attaque directement. Une attaque assez téléphonée, puisqu'il va en ligne droite et se contente d'une amplitude propre à un coup de poing. Je vois presque à l'oeil nu la trajectoire qu'il va prendre. Dans des cas aussi simpliste, anticiper une frappe adversaire devient un cas d'école. Un pas sur le côté et une contre-attaque. C'est ce que je m'apprête à faire. Il ne prend pas appui sur un de ses pieds pour donner un coup, c'est certain. Son autre bras est détendu. Je me questionne. D'habitude il passe par une feinte, ou des illusions. Je m'apprête à esquiver habilement ce petit tracas. Seulement... 

Seulement depuis tantôt, je me focalise à regarder les centres de gravité. Et voilà que je vois justement une cohérence. Le haut du corps différent du bas. Une feinte. Laquelle est la bonne ? Rien que le fait de me poser cette question, je sais que j'ai perdu. J'ai perdu du temps, trop de temps dans un combat où chaque seconde passe trop vite. Impossible d'esquiver, impossible de parer en douceur. Je n'ai qu'une seule solution. Je relâche du chakra en trombe par tous mes tenketsus, ma dernière mesure du désespoir. Le coup m'atteint.

J'entends un craquement, je sens un courant d'air et surtout une douleur.

Le coup m'atteint certes, bien qu'amorti, je tombe au sol. J'ai du goût de cuivre sur la langue. Sous l'inertie du coup, je tombe en arrière, je roule en arrière. Ma chaîne fait un bruit de cliquetis derrière moi, entrainée également par ma chute. J'entame une roulade et je me rétablis presque aussitôt debout. Un exercice mainte fois pratiqué. Par instinct, je me touche la mâchoire pour voir si j'ai une fracture. Et c'est bien là le problème. Non, je n'ai pas de fracture, mais mon masque s'est partiellement brisé. Le coup l'a sérieusement amoché et tout un versant latéral s'est désagrégé. Je crache un peu de salive mélangée avec du sang.

"Oui, ça c'est un bon coup de poing."

Je projette une impulsion de chakra katon dans sa direction. Ce coup-là, il l'a déjà vu. Ce qu'il n'a jamais vu, par contre, c'est la combinaison d'après où je lance derrière cette impulsion de flammes un kunai - non tranchant, émoussé expressément pour s'entrainer, ne déconnons pas - masqué par l'incendie mobile. Ce coup devrait le surprendre. Car c'est bien le but de la session. Essayer de surprendre l'autre sans se faire surprendre. Je pense qu'il réagit mieux que moi au niveau de la prédiction des mouvements. Je pense être d'un naturel un peu plus fourbe dans mes enchainements d'attaques. Finalement, je pense que ce genre d'entrainement est très productif.

Je reprends mon souffle, écoutant ce que mon partenaire dueliste a à me dire. Il désire s'en arrêter là pour le moment. Il évoque son endurance. Hum, je suis certain qu'il a encore du carburant sous le capot. Mais soit, je ne vais pas m'imposer ici, d'autant plus que j'ai mon masque qui tombe en morceau et que j'ai déjà pas mal appris.

Bonne idée. J'en profite pour changer de masque.

Je me retourne et je sors un masque de rechange que j'ai sur moi. Procédure classique quand on est sous l'identité ANBU. Je jette le masque abimé au sol et je masse mâchoire quelques instant avant de replacer l'outil par excellence des forces spéciale. Je refais face à mon partenaire très intéressant.

La dernière feinte était particulièrement bien placée. J'ai vu qu'il y avait une anomalie au niveau de ton centre de gravité, mais le temps de l'analyser je n'avais plus le temps de l'esquiver. C'est une excellente expérience, la prochaine fois je suivrais mon analyse des centres de gravités.

Je réfléchis aux différentes attaques que le Yamanaka à essayer de placer. Sans Byakugan, les illusions étaient peu dangereuse mais rendait la situation très confuse. Une excellente technique contre beaucoup de personnes, mais concrètement sans effet sur un Hyuga. Cela dit, cela m'a permis de réfléchir aux différentes façon de frapper quelqu'un d'autres. Les manières directes, téléphonées. Une ligne droite entre le point A et le point B. Ensuite, les manières plus subtiles. Les courbes. Les feintes. La dernière de Dokuro était particulièrement bien placée.

Dans une situation réelle, j'aurais placé une réelle décharge de chakra lorsque je t'ai touchée. Là, elle n'était pas conséquente heureusement. Ce n'est pas toujours facile de tout anticiper. La moindre égratignure peut mener à un empoisonnement, une application d'un fuin immobilisant ou autre. J'ai également beaucoup de chemins à parcourir dans cette voie.

Moi-même je devrais réfléchir pour augmenter le nombre de possibilités en combat, enchainer des techniques dans un motif moins classique que ce que je fais actuellement. Je suis un peu songeur tandis que mon corps répète certains mouvements effectués. Je pourrais en soi me battre de manière plus défensive de base. Adopter une posture plus propice aux esquives. Ce n'est pas la spécialité des Hyûgas d'esquiver, mais c'est certainement un complément des plus intéressants.