Il était une fois, il existait un village imposant au sein d’un archipel. Cette énorme cité était crainte de tous, à un tel point que ses nombreux exploits lui ont valu le surnom « la Brume Sanglante ». Charmant. Son véritable titre n’était nul autre que le village du brouillard, Kirigakure no Satô. Bien sûr, toute bonne chose à une fin. Les histoires heureuses, ce sont pour les fiottes. Avec le temps, les grands leaders tombèrent et la gérance de la patrie devint ridicule. Au final, ce fut des créatures sortit du fion profond de la mère de Steve qui ont détruit la belle Kiri. Ah, sacre bleu ! Misère ! Seigneur ! Honte aux ancêtres de ces malfaiteurs ! Honte à leurs mères, à leurs chiens et même à leurs poissons rouges !

Aujourd’hui, ces histoires appartiennent au passé. À un passé récent, certes, mais au passé. Ce qui compte désormais, c’est que le village de la Brume renaît de ses cendres ! Abandonné et en ruines pendant près d’une décennie, voilà enfin qu’un enfant prodige a trouvé la voix de la raison et s’est enfin décidé de reconstruire notre Kiri adorée. Il va de soi que, lorsque j’ai entendu la nouvelle via la bouche d’un bâtard dans une taverne au milieu d’un trou paumé, j’en étais tellement réjoui que j’ai payé la tournée de vodka à tout le monde. Ce que personne ne sait, c’est que je suis tellement radin avec mon argent que j’ai finalement demandé subtilement au barman de changer la vodka pour de l’eau et je me suis cassé avant de me faire chasser par des itinérants dotés de fourches. Un Lutin généreux avec de piteux humains ? Il ne faut tout de même pas rêver. La fantaisie, on voit ça uniquement dans les récits littéraires.

Ceci dit, tel un vagabond, je pris la route pour le pays de l’eau. Un séjour qui dura moins longtemps que prévu. J’étais tellement pressé d’arriver à destination que je pris à peine de temps pour me reposer lors du trajet. J’arrivai finalement aux Longs Tunnels du village caché du Brouillard, restaurés. Des larmes nostalgiques glissèrent sur mes joues. S’il y a une Bonne Nouvelle à proclamer, la voici ! Sans attendre, je traversai les portes du village. Enfin, de retour à la maison ! Quel beau rêve !

• Halte, étranger !

Étranger ?! Ce mot m'horrifia, je sentis le poil sur mon épiderme hérisser. Je me tourne vers la provenance de cette voix pour faire face au microbe qui a osé profaner un tel blasphème. Qui est donc cette larve ? Je lance un regard noir à l’intention de ce piètre garde qui ne connaît décidément pas sa place.

• Étranger ? Tu sais à qui tu parles, le mioche ? Ce sang qui coule dans mes veines appartient à Kiri. Je respire Kiri. Je vois Kiri. Je chie Kiri. Je suis Kiri, bordel ! Natsu is back, ya bitch !!

Évidemment, de telles proclamations ne firent point mouche. Quatre ou cinq Kirijins bondirent afin de mettre la main sur moi et m’apprendre le respect, dirent-ils. Bien sûr, je me débattis tel un fauve, mordant même le premier bras qui passa près de ma mâchoire. Personne n’a le droit de mettre ses sales pattes sur mes vêtements. Et après, ça ose parler de respect ? La vache. Bon. Je le reconnais, je n’ai pas agis de manière intelligente. Mais ce village est mon foyer. Personne n’a le droit de me refuser l’accès ! Je reconnais cependant dans quel pétrin je suis. Heureusement que je vis du coin de l’œil une silhouette familière. Une tronche toujours aussi moche et qui n’a pas changé depuis fort longtemps.

• Hey, la tapette lucide aux verres violets ! Ouais, c’est ça, approche un peu !

Inférieur en nombre, les gardes me plaquèrent au sol en usant d’une force excessive. Je garde cependant ce grand sourire enjoué et attendit patiemment que le brun soit suffisamment proche pour reprendre la parole.

• Tu veux bien aider un frère, Mich’ ? Dis donc à tes larbins de me lâcher, ils souillent mes habits.

Mes mots n’eurent l’effet anticipé. J’eus pour réponse de la part de la nouvelle Ombre de l’Eau un air interrogé, le genre de regard que l’on accorde à une bête sauvage écrasée sur le bord de la route, une centaine de mouches virevoltant autour de la dépouille. Je compris mon erreur, l’éclair de génie traversant mon esprit cinq secondes plus tard.

• Quoi, tu ne me reconnais pas ? J'en ai mal. C’est à cause de la teinture, peut-être ? Attends, on était dans la même équipe sous la tutelle de Pô. Tu ne peux tout de même pas oublier ça.

Une certaine effervescence se manifestait depuis quelques temps aux portes du village reconstruit. La rumeur du renouveau de la Brume en avait attiré plus d’un. Les anciens shinobis de Kiri s’étaient attroupés pour regagner leur foyer qui n’attendait plus que leurs armes et leur cœur pour servir la noble armée de la Brume. D’anciens visages ou de nouvelles recrues désireuses de faire leurs preuves. Le Shinda avait croisé un peu de tout. Il avait prêté mains fortes aux autorités à l’entrée afin de diriger les arrivages et de gérer les éventuels soldats désirant se faire connaître auprès des personnes compétentes. Il y avait des tests et des vérifications à faire. Aussi Michiki s’était joint à ses hommes pour accélérer la tâche et parce que le terrain lui manquait un peu.

Il venait de recueillir identités et fonctions d’une famille de bûcherons cherchant un toit en échange de travail. De par leur profession, ils étaient les bienvenus. Les métiers de première nécessité seraient prioritaires. Ils avaient chacun été sondé et fouillé. De simples civils tels qu’ils l’avaient annoncé. Le Shinda leur avait donc cédé un laisser-passer afin qu’ils puissent entrer dans le village en attendant que tout ne soit fait officiellement. Il allait se charger d’un gaillard assez costaud désirant mettre ses poings au service de la Brume lorsqu’un remue-ménage se distingua au milieu de la foule déjà assez bruyante.

S’approchant de quelques pas du foyer de décibels, Michiki remarqua bien assez vite les auteurs de ce grabuge. Plusieurs gardes maîtrisaient un forcené au sol qui enchaînait insultes et menaces. Puis il sembla s’adresser au Shinda lorsque leurs regards se croisèrent. Lorsqu’il prononça un diminutif de son prénom, le Rokudaime nouvellement proclamé s’avança pour mieux voir le visage du fauteur de troubles. Il observa ce dernier sans trouver de nom qui allait dessus. Puis la lumière fut lorsqu’il parla de son senseï. Ou plus exactement du leur.

- Natsu, murmura le Shinda.

Les gardes se relâchèrent très légèrement, tenant toujours prise sur leur cible. Ils avaient compris que les deux hommes se connaissaient et ils attendaient les ordres. Michiki resta un léger instant à observer celui qu’il avait connu petit garçon. Il avait bien poussé naturellement et bien changé aussi accessoirement. S’ils s’étaient croisés en pleine rue, le Fossoyeur aurait bien eu du mal à s’arrêter pour le saluer. Toujours en attente, il congédia les gardes d’une main en leur demandant d’aller se charger d’autres personnes demandant asile et travail. Laissant ainsi les anciens pupilles du Gekei en tête à tête.

- Navré de ne pas avoir percuté plus tôt. J’aurais dû avoir une piste en entendant l’insolence avec laquelle tu traitais ces pauvres hommes. Il ne faisait qu’assurer la sécurité de notre foyer reconstruit tu sais. Tout comme tu sembles être prêt à le faire. Je me trompe ?

Un simple murmure de la part du brun suffit aux gardes de comprendre que leur chef me connaît. Tranquillement, je sentis l’emprise des quatre hommes se lever jusqu’à ce que je sois complètement libre de mes mouvements. Me soulevant et époussetant mes habits à l’aide de mes mains, il serait mentir de dire que je n’ai guère envie de cracher quelques injures à l’égard de ces ordures. Toutefois, je me devais d’apprécier ce moment magique. Michiki me dévisageait de la tête au pied et je ne pouvais m’empêcher d’effacer ce rictus amusé. Dernière fois que l’on s’était croisé, peu avant la destruction de notre patrie, le Natsu que connaissait le Shinda n’était qu’un enfant bien trop petit pour son âge, âgé spécifiquement de dix piges. Me voilà désormais adulte et tout aussi grand que lui. Pour une transformation grâce à la puberté, en voici toute une !

D’un revers de la main, l’Ombre congédia les gardes, ces derniers retournant à leur occupation et nous laissant désormais seul. Mains sur les hanches, j’attendais impatiemment les premières sentences qu’allait m’adresser mon collègue d’antan. Cela fait tout de même près d’une décennie que nous nous ne sommes pas échangé ne serait-ce qu’un mot. Pas une seule lettre, pas un seul courriel, pas un seul appel téléphonique. Même pas un seul SMS ! Cette retrouvaille est donc spéciale. Bien sûr, le boulot a d’abord la priorité sur les affaires personnelles. Michiki me demanda si j’étais ici pour reprendre les armes. Je pourrais répondre que non, je viens uniquement ici pour prendre le thé et rattraper le temps perdu, mais la rigolade n’a pas tellement sa place à l’heure actuelle. Je répondis plutôt à sa question, tout autant sourire que plus tôt.

• Évidemment ! Lorsque j’ai appris la reconstruction de notre village, j’ai traversé les sept mers afin de revenir sur ces terres le plus rapidement possible. Mais ne parlons pas de cela ici. Marchons, l’ami. J’ai envie de voir où en est le travail et apprécier ce rêve désormais réalité.

Tout Kirijin qui se respecte voudrait apprécier la résurrection de sa patrie. Un sentiment que peut comprendre le nécromant. Trottant aux côtés de son ancien partenaire, mon regard de charbon voguait dans tous les angles existants. Certes, rien n’est encore officiellement terminé. Ce n’est pas la même Kiri qu’il a laissé derrière lors de sa dissolution, mais c’est tout de même un très bon début. Le début d’un éveil qui fera éventuellement trembler les autres nations. Je décidai de partager mon ressentit sur la situation.

• Je dois avouer que je ne pensais pas revoir Kiri renaître. Tu peux m’appeler un pessimiste, mais en voyant nos frères d’arme se réfugier au Shûkai, je me disais qu’il n’était plus possible de voir la Brume revoir le jour. Mais voilà que nous y sommes ! Alors, « maître Mizukage », dis-moi. Comment tu as fait ? Tu as obtenu des documents secrets qui peuvent contrecarrer les plans de l’empereur et tu as fait un peu de chantage ? Hahaha.

Cette possibilité n’est pas à exclure, quoi que j’imagine que ce n’est clairement pas ça. On parle ici d’un despote qui a éliminé bon nombre de Seigneurs afin d’obtenir une influence et un pouvoir total sur les terres qu’il gouverne. Mon petit doigt me susurre à l’oreille que si un quelconque individu tente de mettre en œuvre une telle manœuvre, il y a plus de chance que le malfaiteur se fasse casser la tronche plutôt qu’on répondre à ses demandes. D'un ton plus grave pour marquer mon sérieux, j'écartai la comédie.

• Aussi, éclaire-moi un peu. Je comprends bien que nous sommes endettés envers l’empereur. Tout cela ne se serait jamais réalisé sans les ressources concédées par le Shûkai. Donc, si j’ai raison sur toute la ligne – et pardonne mon langage – cela signifie que nous sommes la bitch de l’Empire ?

La question mérite d’être posée. Je doute que le grand-père à la tête de l’ancienne Alliance soit aussi généreux que les paysans puissent croire. Il existe une règle d’or dans la civilisation contemporaine : ne rien donner sans attendre quelque chose en retour. Et c’est exactement ce qui se déroule en ce moment. Il bâtit un nouveau village caché, répondant au souhait de bon nombre de Kirijins, mais attend ultimement quelque chose en retour. Un service ou autre, je l’ignore. Une Kiri assujettit à ses ordres est également un excellent moyen de répandre son influence à l’autre extrémité du monde Shinobi. Il pense à tout, ce vieux crouton. Est-ce que Michiki compte rester les bras croisés ?

Les deux anciens compères s’observèrent un instant. Le temps les ayant séparé était conséquent et il y avait eu énormément de changement durant cette période. Aussi bien au niveau de la croissance du jeune garçon autrefois blondinet que pour le binoclard qui était à l’époque simplement obsédé par une quête de puissance personnelle. De l’eau avait coulé sous les ponts et une question traversa alors l’esprit du Shinda qui y songea non sans un sourire. Que dirait Pô de ses pupilles aujourd’hui ? « Une belle bande de bras cassés » sûrement.

Natsu s’était montré enthousiaste dès lors qu’il avait appris que Kiri était en voie de reconstruction. Rien de plus étonnant pour le jeune garçon qui s’était toujours montré dévoué à la Brume mais là encore le temps aurait pu le changer et le pousser à fuir l’archipel. Michiki était rassuré d’un côté de ce retour. Un visage connu ne faisait pas de mal et rappelait l’ancien temps. Ce qui le poussait encore plus à agir pour le futur de ce qui était maintenant à proprement parler son village. Le garçon demanda à faire un tour des lieux et il n’y eut pas besoin de mots pour accepter cette proposition. Le duo progressait dans les rues où le nouvel arrivant pouvait voir de ses propres yeux leur foyer sur les rails de son renouveau. Michiki marchait à son niveau, mains dans le dos.

Natsu avoua ne pas avoir cru en ce retour. La fondation du Shûkai avait pu en dissuader certains. Plutôt que de reconstruire de zéro ailleurs, ils auraient pu dès le départ reconstruire ce qui avait été détruit. Le Destin en avait choisi autrement et pourtant ils se tenaient bien là aujourd’hui. Les bâtiments commençaient à fleurir sous le travail acharné des artisans mandatés par l’Empire. Une participation non négligeable cependant qui allait distribuer les cartes lorsque Kiri serait de nouveau debout. Ce à quoi il avait bien fallu s’attendre dès lors que le Shinda s’était allié au Shûkai. D’ailleurs son coéquipier l’interrogea sur la manière dont il avait procédé, s’amusant de l’éventualité qu’il soit oiseau de malheur à avoir fait chanter l’Empereur. En imaginant la scène, Michiki eut un léger rire sincère qu’il ponctua d’une réponse :

- L’Empereur n’est pas du style à se laisser mener par ce genre de marché. Il m’a fallu plus de subtilités que ça. Trois fois rien. Juste l’un des Daimyôs les plus redoutés à assassiner et un pays à reconquérir !

Il avait usé à son tour d’un ton ironique même si en soit les faits évoqués étaient bien réels. Tout comme la conclusion à laquelle en venait le jeune shinobi qui venait de mettre le doigt pile au bon endroit. Crispant légèrement la mâchoire, Michiki s’arrêta dans leur marche de promenade et activa tous ses sens pour s’assurer qu’ils n’étaient pas épiés ou proches d’oreilles indiscrètes. Etant tous deux plongés dans une rue où les seuls témoins étaient des civils perchés sur des échafaudages en train de chercher à rénover des bâtisses, le Shinda pouvait parler sans crainte.

- On ne peut rien te cacher… C’est un résumé assez original de la situation mais on peut le formuler ainsi c’est vrai. D’autant plus que le peuple est reconnaissant envers l’Empire et ovationne le Kamui pour cet acte de bonté. Ce qui n’en est rien puisqu’il s’agit là d’une aubaine également pour le Samui de fortifier son emprise sur ce monde grâce à cette cité qu’il souhaite voir devenir une forteresse militaire à la solde du Shûkai.

Son air sérieux ne s’était pas défait de son faciès jusque-là. Mais un rictus commençait à apparaître progressivement, laissant présager les sombres desseins couvant dans son esprit macabre :

- Un souhait que nous allons exaucer bien sûr. Kiri sera une forteresse militaire.

Son sourire était rapidement arrivé à son paroxysme. Ses paroles étaient claires. Il n’y avait pas de doute possible quant à sa position politique sur la situation ici. Natsu devait déjà l’avoir compris et il partageait sûrement cette vision, en tant qu’ancien Kirijin de la Brume Sanglante. Ayant suivi les mêmes enseignements, il était logique qu’ils partagent ce point de vue. Avec ce retour, Michiki retrouvait en quelque sorte une bouffée d’air frais. Familier certes mais au moins rassurant puisque lui accordant un allié de confiance qu’il connaissait de longue date. Il fallait donc que le jeune homme l’aide dans ses projets.

- Aussi nous allons avoir besoin du savoir de chacun pour le transmettre à chaque personne en mesure de se battre. Quant au peuple pro-impérial, nous leur démontrerons que la Brume a autant à leur offrir, si ce n’est plus, que ce que peut leur proposer le Shûkai. Si nous y parvenons, nous récupèrerons notre Brume. Pour l’améliorer bien sûr, souligna-t-il d’une voix malicieuse.

Voilà le nécromant que connaissait le nain d’antan. Son état d’esprit n’a point changé. Un Seigneur à abattre et un pays à conquérir afin d’atteindre ses objectifs ? Il n’y a là aucun problème pour Shinda Michiki, un homme à la résolution plus ferme que l’acier. À cette déclaration, le Lutin ne put empêcher d’afficher un sourire. Non un rictus amusé, mais plutôt un sourire reflétant une certaine fierté. Une admiration envers la nouvelle Ombre de l’Eau, estimant être heureux d’être en présence d’un homme ayant réussi à affecter le cours de l’histoire et de pouvoir même le nommer ami. Cet individu, malgré ses lunettes violettes, est effectivement quelqu’un à redouter. À la place du vieil Empereur, Natsu garderait un œil méfiant sur son subordonné. Un allié de taille, certes, mais nul ne peut savoir ce qui se trame dans cet esprit tordu. Malgré tout, et en connaissance de cause, le jeune homme place sa confiance entière en lui. Et aucun doute n’est présent pour aveugler son jugement.

Natsu avait raison, Michiki le confirma : il est impossible de reconstruire une cité sans les ressources nécessaires. Il faut un moyen pour obtenir ces ressources. Malheureusement, l’argent ne pousse pas dans les arbres à Kiri, ni dans ce bas monde. Peut-être au paradis, mais pas ici. Par son résumé original, tel le décrit le Fossoyeur, l’élève prodige du Nidaime a bel et bien touché le mille. Il s’agit d’une situation gagnante pour les deux parties. Pour la part du peuple du Brouillard, ils peuvent jouir de nouveau de revoir leur patrie revenir d’entre les morts. Du côté du Kamui, il jouit désormais d’une nouvelle influence sur un grand territoire sur la carte. Sans déconner, ce type possède maintenant la moitié du Yuukan. Grâce à la nouvelle Kiri ressuscitée, il fortifie son emprise sur le monde une fois de plus. De plus, le peuple Kirijin loue désormais son nouveau sauveur, ce qui lui assure un soutien politique non négligeable. Certains diront que le marché n’est pas si mal que ça tenant compte du fait que la Brume refait surface. Une logique à laquelle il ne peut argumenter. Mais quelque part, il voit ça également comme un marché avec le diable.

Le ton sérieux qui perdura quelques instants quitta doucement l’atmosphère lorsque Michiki émit un rictus funèbre en déclarant que le village deviendra de nouveau une forteresse militaire. Un sourire que partagea le Lutin. Oui, Kiri retrouvera sa gloire et sa puissance d’antan – même plus. Voilà un souhait qu’il souhaite réaliser. Mais derrière les paroles du Shinda, Natsu comprit son intention. Un point de vue partagé par les deux protagonistes. Le défi reste à démontrer que la nation Kirijin a autant à offrir que le peuple Shûkaijin, comme l’expliqua aussitôt le Kage. Afin de récupérer leur village, leur Brume Sanglante, ils auront besoin des efforts de chaque homme et femme.

Pour ça, sache que tu as tout mon support, Mizukage, annonça-t-il d’une tape au dos à son vieil ami, enthousiaste de pouvoir enfin retourner au travail. Ce village est notre foyer. C’est tout à fait naturel de vouloir le manœuvrer selon notre vision. Ce n’est toute de même pas le voisin qui décide comment est la déco' dans notre maison.

Une analogie explicite qui aide bien à visualiser le fond de pensée des deux Shinobis. L’objectif est désormais clair. Nul besoin d’une discussion stratégique ou d’un débat philosophique puisque les hommes surfent sur la même vague. Michiki possède certainement une idée plus concrète en ce qui concerne la suite des événements, mais Natsu n’est pas pressé pour en prendre connaissance immédiatement. Chaque chose en son temps.

Avant de poursuivre cette chaleureuse retrouvaille, le duo stoppa à un stand pour prendre un café. Évidemment, le Lutin paya pour son compagnon de missive d’autrefois – s’il en prend un, bien sûr. Fidèle à ses couleurs, Natsu ne mit rien dans son breuvage caféiné. Il aime son café acerbe et noir. Comme son âme – non, c’est une blague.

Eh bien, je suis pas mal satisfait du résultat actuel, même si la reconstruction n’est pas achevée. Depuis tout à l’heure, je n’ai que ce sentiment de nostalgie qui me séduit l’esprit. Ma motivation ne fait qu’accroître depuis mon arrivée. Ceci dit, je suis sûr que tu as des secrets que tu ne peux partager, mais j’aimerais tout de même savoir ce que tu comptes faire de moi maintenant que je suis de retour ? La moindre des choses serait de me nommer Jônin afin que je puisse t’aider au maximum, n’est-ce pas ?

Conclu-t-il d’un sourire amical, honnête. L’on peut voir de minuscules étoiles briller dans son regard de charbon. Dans le passé, l’elfe n’a jamais dépassé le grade ninja de basse classe – Genin. Il était pourtant l’élève de Gekei Pô, l’un des chefs de l’unité de traque de Kiri. Et encore, Kitase Shinichi, le second Mizukage, l’avait pris sous son aile. Le Lutin a appris auprès des meilleurs, même si son dossier ne le prouve pas nécessairement. Il ne peut tout de même pas revenir et recommencer à la case départ... Non ?

Le Shinda pouvait naturellement compter sur le soutien de son ancien camarade de la Brume Sanglante. Une fraternité les unissait de par l’enseignement qu’ils avaient tiré de leur senseï commun. Si par enseignement on pouvait parler de monumentales volées infligées à répétition pour les entraîner. L’essentiel étant qu’aujourd’hui, ils pourraient rivaliser certainement avec leur ancien mentor, où qu’il soit. Michiki se promit d’ailleurs d’enquêter là-dessus. Mais ce n’était pas la priorité pour l’heure.

Son collègue souhaitait d’ores et déjà se mettre au travail pour redresser leur Brume adorée. Il évoqua alors sa nomination au grade de Jônin afin d’être un soutien affirmé au sein de tout le village. L’idée était certes tentante mais après autant d’esclandre aux portes, il fallait se rendre à l’évidence qu’une telle nomination provoquerait un tôlé de réactions qui pourrait susciter une intervention impériale dans le pire des cas. Michiki souhaitant éviter au maximum les regards du Kamui en sa direction, il passa une main sur son menton alors qu’il réfléchissait à ce cas. Quelques instants plus tard il apporta quelques lumières à son jeune comparse :

- Non pas que l’idée me dérange tu penses bien mais comme je te disais je ne suis pas totalement non plus libre de mes choix. Je préfère m’abstenir de comptes rendus à l’Empereur au maximum. Aussi je pense que nous pourrions contourner un peu la chose en prouvant dès maintenant ton implication et ta dévotion pour le village. Une petite mission qui, si elle est réussie, pourrait conduire à ta promotion en tant que Jônin.

L’alternative proposée était la meilleure. Faire du zèle dans le contexte actuel n’était clairement pas une option. Il fallait se montrer discret et malin. Mais en effet, si Natsu prouvait son dévouement à la Brume, personne ne viendrait remettre en question sa place au sein de ce dernier.

Sans véritablement attendre l’avis de son allié, Michiki entama sa route à travers les méandres de la ville en ébullition. Il se dirigeait vers la place où serait érigé le Palais, centre de toutes les décisions politiques et administratives. Précédé de son interlocuteur, ils avancèrent dans le hall encore grossier car toujours en chantier. Ils passèrent quelques portes pour finalement arriver dans un bureau vétuste où se trouvaient deux Jônins parlementant autour d’une table. Voyant arrivé leur invité, ils se levèrent pour le saluer selon les règles de l’art. Michiki les remercia d’un geste de main sans leur accorder un regard, qu’il plongea dans la pile de papiers posée devant eux. Farfouillant à tâtons, il semblait chercher quelque chose.

Au bout de deux minutes de chasse au trésor, il brandit fièrement une missive qu’il tendit à son homologue.

- Voilà qui devrait te ravir. Un dangereux criminel peu ravi de voir la Brume revenir sur le devant de la scène souhaite mettre l’île Seijuu à feu et à sang pour se faire entendre. Il va de soi qu’on ne peut laisser faire ça. Donc disons que si tu arrives à t’en charger, ton grade ici ne sera qu’une formalité, dit-il avec un sourire.

Au moment où il allait tendre le rouleau au jeune Natsu, il retint son geste pour ramener le parchemin à lui. Il se pencha alors pour lui murmurer quelque chose :

- Egalement, si tu pouvais, disons, « mettre de côté » ce fauteur de trouble. Je t’en serais très reconnaissant. Il a quelques talents qui sauraient m’être très utiles.

Un simple sourire carnassier suffit à faire passer le message au jeune shinobi qui était maintenant libre de partir s’atteler à sa tâche. Une quête qui serait utile à chacun des protagonistes présents.

C’est avec impatience que le Kirijin attendait la réponse imminente de son camarade d’antan – il en gigotait sur place, à vrai dire ! Quel sort lui réserve son camarade d’antan ? Dans l’esprit de notre jeune héros, il ne fait aucun doute que la nouvelle Ombre de l’Eau lui réserve une position respectable ; un titre noble ; un emploi de qualité ! Et pourtant, en voyant la mine pensive de son collègue, des sueurs froides traversèrent le long de son échine dorsale ainsi que son front. Diable, pour quelle raison hésite-t-il ? Natsu possède plus que le niveau nécessaire pour certifier le rang de Shinobi de classe supérieure. Le nécromant n’est tout de même pas aussi cruel pour obliger son précieux ami de recommencer à zéro ? Certes, il n’a jamais surpassé le rang de Genin à l’époque de la Brume Sanglante, mais ce n’est pas une raison pour lui faire subir un tel traitement. Un type de son niveau qui sort des bancs d’école et qui accompli des missions de faible importance, c’est la honte totale qui tâchera sa fierté à jamais. Son regard de charbon, débordant désormais de pitié, implorait la merci de son fidèle compagnon.

Avant que le Lutin verse des rivières à en inonder la rue principale de ce village en pleine renaissance, le brun expliqua son embarras. Apprendre que la nomination de son ancien coéquipier au grade de Jônin ne lui dérangeait pas dans les faits apaisa immédiatement la majorité des craintes de l’adolescent. Il y a un problème, cependant : ses mains sont en quelque sorte liées. Effectivement, même s’il porte la charge de Mizukage sur ses épaules, il reste un gouverneur soumis aux décisions impériales. La décision lui revient, mais une telle promotion pourrait susciter la curiosité chez l’Empire et le garçon aux oreilles pointues comprend parfaitement l’envie du Shinda d’éviter le plus de compte-rendu possible. Il faut donc trouver une solution. Heureusement, le binocle ne perd pas de temps pour proposer une alternative. Cet homme n’a décidemment pas changé. Toujours aussi malin et narquois. Cela lui manquait terriblement.

Prouver mon dévouement en accomplissant une mission ? En temps normal, je répliquerai qu’il s’agit d’une insulte envers ma loyauté, mais les circonstances l’obligent. Soit. Faisons comme tu dis.

Bien que ces mots sonnent comme une plainte, le tout est dit sur le même sourire excité depuis son retour au bercail. Le duo se dirigea donc vers le palais en reconstruction – à vrai dire, la ville entière est un énorme chantier, mais passons ce fâcheux détail. Une pièce particulière atteinte, soit un bureau, Michiki congédia deux de ses soldats avant de plonger son nez dans une montagne de paperasse, cherchant vraisemblablement la missive en question. Plusieurs dizaines de secondes plus tard, il brandit un parchemin à l’intention de son invité puis expliqua la tâche qu’il doit réaliser : un quidam sans nom n’est point heureux de voir le phénix renaître de ses cendres. Afin de faire entendre sa complainte, il compte mettre l’une des îles de l’archipel à feu et à sang. Parce qu’il n’y a pas meilleure manifestation que la violence ! La solution réside toujours à faire verser le sang, c’est la règle d’or de l’être humain depuis le Paléolithique. Qu’importe sa motivation ainsi que son amertume à l’égard de Kiri. Ce criminel est un danger public et quelqu’un doit se pencher sur son cas. Natsu sera cet homme.

Tu n’as aucune raison à t’inquiéter. Je te fais le serment que notre merveilleux pays sera débarrassé de ce terroriste sous peu. Parole de Lutin.

Il allait saisir le rouleau, mais le binoclard retint son geste. Le Lutin sourcilla. A-t-il oublié de lui mentionner un détail important ? Il semble que ce soit le cas puisqu’il s’approche afin de lui marmonner une dernière tirade. À ces propos, le brun retint un gloussement et lui renvoya son sourire narquois.

Je crois que je peux bien faire cette faveur pour un vieil ami, tu ne crois pas ? Allez, je file tout de suite. Bois un verre à mon succès !

Une tape amicale sur l’épaule de Michiki et le voilà déjà partit. Prochaine destination : l’île Seijuu, une terre au nord-est de l’île principale de l’archipel. Ce n’est qu’en trois jours de course et de navigation que le Kirijin atteignit son objectif.

Ses bottes fouillèrent finalement le sol. Malgré l’odeur maritime, l’ancien Genin respira l’air frais. Il n’a jamais réellement apprécié les excursions sur navire. Aucune raison valable, simplement une question de préférence. Ceci dit, le voilà dans un village portuaire au sud de l’île. Où démarrer les recherches ? L’île Seijuu reste un grand territoire et seul, il ne peut couvrir tout ce secteur. Il ne possède aucun don en sensorialité. C’est donc l’heure de faire appel aux méthodes traditionnelles, c’est-à-dire s’installer dans une auberge et écouter les rumeurs qui circulent. Une localité maritime telle que celle-ci est un endroit rêvé pour la collecte de renseignement. Au vue de toute la marchandise ainsi que les visages qui y passent, l’on peut dénicher des choses intéressantes. Natsu entra donc dans la première auberge qu’il aperçut et s’installa au bar. Uniquement pour confirmer qu’il n’a rien oublié, il sortit l’ordre de mission de sa poche et survola de nouveau son contenu. Cela fait, commençons par amadouer l’employé en lui achetant ses services puis tentons de le faire parler.

Barman, je vous prendrais un verre de lait, s’il-vous-plaît. D’ailleurs, il y a-t-il des nouveautés dans le coin ? J’ai entendu des passants parler de turbulence sans trop comprendre les détails. Il y a un problème ?

Spoiler:

Natsu ne dissimula guère sa répugnance lorsque le serveur derrière le comptoir se retourna vers lui, interpellé par son interrogatoire. Une balafre toute fraîche parcourt le faciès de ce grand gus, débutant de la tempe droite puis traversant le visage jusqu’à la joue gauche. Clairement, la chance n’a point souris à ce type.

Le colosse répondit aux questions de notre protagoniste tout en restant énigmatique. Autre que son manque de politesse et son jargon douteux, les mots qu’il employait ne faisait très peu de sens, voire pas du tout. Son bluff fonctionna, au moins : le poisson a mordu à l’hameçon. Oui, il y a bel et bien un problème sur l’île Seijuu. La complication est en fait un individu, un « illuminé » selon le barman. Ce dernier prêcherait les faveurs de la nature. Il a également mentionné les dons de sa « mère »… Cette traque vient de prendre une toute autre tournure. Effectivement, il semble que le fouteur de trouble ne soit pas un homme ordinaire, mais un quidam possédant des troubles psychologiques. Un illuminé, comme l’a si bien décrit notre vieil ami !

Ignorant la pique que lui a lancé le barman, le Kirijin tomba dans une réflexion profonde, ses iris noirs plongeant dans le nectar crémeux qui lui a été tout juste servi. Un criminel s’amuse à massacrer des citoyens à gauche et à droite tout en racontant n’importe quoi. Le thème reste proche de la nature et de sa mère. Un Hayashi serait-il la cause de cette turbulence ? Ces utilisateurs innés du Mokuton possèdent un lien étroit avec la nature. Ce n’est pas pour rien qu’ils peuvent faire usage du bois et des plantes. Néanmoins, cette « mère » ne lui dit rien. À moins que « mère » fasse référence à la nature elle-même.

Sa main gratta l’arrière de son crâne. Le Lutin soupira. Il n’a pas assez d’information pour pousser plus loin son analyse. Ce charabia est trop vague et plusieurs interprétations sont possibles. Il ne peut avancer dans cet état. C’est donc l’heure de répondre à l’insulte du serveur. De sa poche, il sortit son bandeau frontal abîmé par le temps – preuve incontestable de son appartenance à la Brume d’antan et il le plaqua brusquement sur le comptoir afin d’attirer l’attention de son interlocuteur.

Écoute-moi bien, connard. Je suis un Shinobi de Kiri. La « jolie p’tite trogne à siroter l’lait » pourrait te casser la gueule si le cœur lui en dit. Je suis en mission sous les ordres du Mizukage pour vous débarrassez de ce guignol. T’as vu le mec en question, donc ce serait très apprécié que tu contribues à mes recherches. À quoi ressemblait-il ? Est-ce qu’il utilisait un truc sortant de l’ordinaire ? A-t-il dit autre chose ?

Si un manomètre était présent dans l’air pour calculer la tension, il aurait probablement sauté. Longuement, il fixa intensément le barman. Il n’essayait pas de l’intimider, mais lui faire comprendre que le Brouillard est là pour les aider. Et si jamais il ne veut pas… Natsu pourra toujours user d’illusions pour que le scarifié avoue ce qu’il sait. Une contribution forcée, mais nécessaire !

Ceci dit, le barman n’eut guère le temps de répondre aux simagrées de son interlocuteur. Peut-être aurait-il craché sur notre protagoniste favori, ou bien, intimidé, il aurait répondu à toutes les questions du Kirijin de son plein gré avant de subir son courroux. Il ne souhaite pas recevoir une seconde cicatrice en plein visage, après tout. Bref, seul le Dieu Tout-Puissant sait ce qu’aurait fait le grand gaillard, mais un bruit sourd retentit dans la pièce et coupa net la conversation en cours. Nul besoin de grande oreilles telles que celles de Natsu pour bien localiser cet éclat : le problème vient de derrière. À la vitesse de l’éclair, le jeune homme sauta sur ses deux pattes et tourna les talons pour découvrir ce qui venait tout juste de se produire. Son champ de vision fut accueilli par une immense gueule de vipère s’approchant dangereusement de lui. Pris par surprise et la menace étant trop proche de lui, nul temps de composer des signes incantatoires afin de se défendre. Machinalement, le Lutin présenta son avant-bras gauche. Les crocs pénétrèrent sa chair, son fin minois se tordit sous la douleur.

Tss !

À l’aide de sa main libre, l’ancien Genin de la Brume Sanglante tenta d’ouvrir la bouche du serpent géant afin d’y délivrer son bras, mais le reptile a déjà bien ancré ses dents dans la peau de notre héros et se délecte de son sang pure qui coule de la plaie. Le tout s’est écoulé en l’espace d’un instant et voilà que le brun sent déjà son rythme cardiaque accélérer, l’adrénaline coulé à flot dans ses vaisseaux sanguins et ses pupilles dilatées. Il soupira pour garder son calme et tolérer la douleur. Ce n’est pas une énorme blessure qui va le nuire, mais cela fait tout de même mal. Vous vous êtes déjà fait mordre par un chien ? Ça fait mal. Là, c’est pire : c’est un python ou autre espèce de serpent qui pullulent les déserts.

Une silhouette fit son apparition à l’entrée. En l’entendant râler un discours incompréhensible, le premier mot qui vint à l’esprit du Kirijin fut le même qu’a utilisé le serveur une minute plus tôt pour décrire le fouteur de trouble : lunatique. Aucun doute, c’est bien notre homme. Le criminel répond à la description donnée dans l’ordre de missive : adulte mâle dans la vingtaine ; cheveux noir, courts et hérissés ; un tatou d’un aigle ou autre rapace sur la poitrine – parce que notre mécréant se promène torse nu, semble-t-il. Cela dit, l’elfe prit un moment pour tenter de décortiquer le dialogue de ce fou, mais sans succès. Les mots « Mère » et « Nature » reviennent ainsi que « Justice sacrée ». L’hypothèse qu’un Hayashi soit responsable des dégâts sur l’île Seijuu ne tient plus trop la route et elle est remplacée par un fanatique d’une secte quelconque. Le type se croit sûrement être l’instrument divin de la Nature afin d’y apporter son jugement. Triste.

En vitesse, le Lutin joignit ses mains pour composer des mudras et cracha une dizaine d’aiguilles d’eau sur la tête du serpent pour se débarrasser. N’ayant point le temps de panser la blessure, il est l’heure de faire face au criminel qui s’est si gentiment déplacé jusqu’ici, ce qui sauve un temps fou de recherche au jeune homme. Bref. Il est l’heure de répondre à cet aliéné tout en le pointant du doigt. Quel impoli, ce mec !

Je me nomme Carl et au nom de Mère Nature, je suis ici pour te dire que tes actes l’emmerdent et vont contre sa volonté. Mère dit que tu as besoin d’une bonne fessée, alors prépare-toi à subir sa justice !

Franchement, Natsu n’a aucune idée de ce qu’il vient de radoter. Mais tant mieux. Ce genre de personnage aime parler, surtout lorsque l’on se moque de leurs croyances. Le plus d'information qu'il dévoile, le mieux c'est. Un bref coup d’œil alentour pour déterminer si tout le monde à évacuer et il focalise toute son attention sur son adversaire. Il risque de représenter un certain problème. Lui et ses serpents…

Spoiler:

Il faut posséder des réflexes surhumains pour esquiver un assaut à bout portant. Il n’y a nul doute que d’excellents adeptes du combat rapproché peuvent réaliser une telle prouesse. Malheureusement, la vipère ayant logée ses crocs dans la chair de notre protagoniste ne semble guère posséder ces fameux automatismes. Le Kirijin eut le temps de former une séquence de mudras puis de lancer ses aiguilles aqueuses. Les projectiles percutèrent la cible de plein fouet, déchiquetant le crâne du reptile. Ce dernier lâcha prise de l’avant-bras de sa cible, tomba inconscient –si ce n’est pas mort direct sur le coup – et disparu dans l’un de ces célèbres nimbus de fumée. Natsu soupira et examina sa blessure. Rien d’alarmant – à condition que la morsure n’ait été venimeuse. Pourtant, son métabolisme roule comme toujours, donc rien à signaler.

La poisse. Tout ceci est une vraie catastrophe. Nul doute que, même si cet individu est un maniaque, il sera un adversaire redoutable. Tous les détenteurs d’un pacte Kuchiyose représentent un certain danger et ce niveau de péril ne fait qu’augmenter avec la trempe du Shinobi ainsi que la synchronisation entre l’humain et les animaux. Avant que d’autres serpents apparaissent sur la scène, le Lutin devra neutraliser rapidement l’invocateur.

Suite aux âneries de notre héros, la rétorque émise par le « gardien de Mère Nature » ne donna guère plus d’information à son sujet – autre que son possible penchant homosexuel. Non, Natsu n’est pas homophobe. À Kiri, nous sommes tous très ouvert d’esprit. Tant qu’un gay ne tente pas de lui faire des avances forcées, il est possible d’avoir une belle relation d’amitié. Bref. Le brun reste très énigmatique et de plus en plus difficile à cerner. Quelques questions persistent : quel est son but ? Que recherche-t-il ? Est-il simplement fou ? La dernière option semble la plus viable… Mais nul temps d’y réfléchir, de nouvelles bestioles font leur apparition ?

Quoi ? Des serpents ET des araignées ?!

Il y a deux raisons d’être surpris. La première est que cet homme fait probablement appel aux deux espèces les plus abjectes sur la planète. Ces reptiles rampants et ces énergumènes à huit pattes sont tout simplement dégueulasses ! La seconde est la prouesse dont fait preuve le terroriste. Cet homme, aussi cinglé qu’il paraisse, détient deux pactes ! Peu nombreux sont les chanceux de pouvoir compter sur l’aide d’une espèce animale, encore moins ceux qui en ont un de plus. Dans un certain sens, c’est hallucinant. Il n’y a aucun Shinobi dont le nom fait encore des échos dans notre monde qui était connu pour avoir deux pactes. Et, pour Natsu, il s’agit d’une première de le voir en vrai. Le schizophrène ne le réalise certainement pas, mais il est auteur d’un véritable exploit.

Nul temps d’apprécier ce moment ou d’envier l’opposant. Ses deux arachnoïdes bondirent sur l’ancien Genin de la brume. Une attaque simultanée… Sans rien de plus. Le Lutin joignit ses paumes ensemble et malaxa son chakra. Du sol, deux jets d’eau sous pression émergèrent. Les jets atteignirent les bêtes virulentes avant qu’elles aboutirent à leur cible commune. Le danger écarté, le Kirijin se redressa et roula les épaules, souhaitant évacuer la tension dans ses deltoïdes.

T’sais, tu divagues beaucoup avec ton délire de « Mère Nature ». C’est quoi cette histoire ? Tu te prétends justicier au nom de la terre ?

Une question légitime. Il y a certains humains qui croient que la planète se porterait mieux si l’humanité vient à disparaître. Peut-être que cet homme est l’un de ces fanatiques. Quoi qu’il en soit, le Lutin aura sa réponse dans l’illusion qu’il vient de lancer : un monde parallèle. Au moment que le regard du criminel a croisé le sien, le voilà plongé dans un puissant Genjutsu sans qu’il se rende compte de quoi que ce soit.

Bon. Maintenant, que faire avec toi ?

Demande-t-il en baillant. Son corps est inerte et il n’est pas question de le traîner jusqu’au bercail. Il ne reste plus qu’une seule option : le tuer. Cet homme est avant tout un criminel ayant attaqué les habitants de cette nation. Et Natsu réserve le même sort pour tous les ennemis de Kirigakure. Sortant un Kunai de son étui, il approcha le terroriste afin de lui trancher la gorge.

Ce serait bien bête qu’un beau revers de situation survienne, n’est-ce pas ?

Spoiler: