Une fin de matinée dès plus calme dans cet immense palais. C'est vrai que la taille de ce palace était vertigineuse, Akio, le père de notre protagoniste n'avait pas fait les choses à moitié. Au plus grand bonheur d'Hisashi qui trouvait plutôt son confort dans cette demeure. Il était dans la bibliothèque de ces derniers, étudiant les livres concernant les pouvoirs du Kinnegan. Notre homme cherchait sans cesse à perfectionner sa pupille et à en percer les plus vils mystères. Non pas pour prétendre à de mauvaises fins, mais au contraire à empêcher divers abus. C'est ainsi que dans ce silence il étudiait, sans que rien ne puisse l'interrompre. Du moins c'est ce qu'il pensait. Quelques minutes plus tard un servant vint toquer à la porte. Le prince l'invita à pénétrer dans la pièce, ce que fit l'homme sans perdre un instant, il était plutôt élancé et des cheveux bruns tombaient sur son visage. Il se nommait Shun pour la petite parenthèse, il n'était pas qu'un simple servant c'était aussi un redoutable shinobi. Ce dernier avait de nombreuses fois combattu au côté de notre protagoniste et son aide fut d'un réel secours par le passé. Le fameux servant tandis alors une enveloppe à notre homme qui s'empêcha de l'ouvrir. Il n'y avait rien de spécial sur celle-ci si ce n'est un message simple et clair : "Rejoins moi dans la forêt de la brume ce soir"

Il n'y avait rien de plus, rien de bien précis. Un piège ? Une embuscade ? Un admirateur secret ? Allez savoir. Et c'était tout le problème du Jisetsu qui restait plutôt perplexe face à ce genre de message. Que devait-il faire, se rendre sur place malgré le danger ? Faire confiance à quelqu'un ou qui sait même quelque chose ? Mettre sa vie en péril ? Beaucoup trop de questions se bousculaient dans sa tête et il n'y avait qu'un seul moyen pour en être sûr. Se rendre sur place ! Après tout, Hisashi savait se défendre, il ne prendrait personne avec lui, ni même Shun. Le jeune shinobi rassembla alors quelques affaires à la va vite, pas de temps à perdre il n'était pas non plus tout près de la forêt et le temps défilait à une vitesse folle. Il quitta alors le palais sans dire un mot, sans même prévenir son père qui se reposait à l'étage en dessous, il n'avait plus de compte à lui rendre et cela depuis bien longtemps. Surtout depuis qu'il l'avait libéré des geôles lors de la destruction de Kirigakure. Si quelqu'un apprenait cela, il risquait de se faire traquer pendant un certain petit bout de temps. Néanmoins, il en était presque sûr, personne ne l'avait remarqué ce soir là. Après ? Alea Jacta Est.

Le soleil commençait peu à peu à disparaître laissant apparaître la nuit au loin. Notre homme courait à toute allure à travers les paysages, oui Hisashi n'était pas du genre à perdre son temps, surement pris par l'excitation d'une rencontre anonyme. Un mystère de plus à percer et côté curieux le Jisetsu n'y allait pas de mains mortes. Il n'était plus très loin de la forêt de la brume, cependant il allait devoir entamé une vrai partie de cache cache. La végétation était dense, la brume très épaisse et repéré quelqu'un dans cette dernière paraissait uns sacré défi. Un peu naïf le Jisetsu s'empressa de pénétrer dans cette dernière. Il sautait alors de branche en branche, l'oreille à l'affût, c'était un de ses meilleurs atouts, il était capable de percevoir n'importe quelle bruit, un animal qui passe, une bûche qui tombe, il arrivait même à les distinguer. Mais, pour le moment il n'y avait rien de bien intéressant si ce n'est cet ours qui faisait un sacré paquet de bruits, empêchant même certaines perceptions. Hisashi allait devoir se concentrer et pas qu'un peu s'il souhaitait trouver l'individu en question. Pas un bruit de pas, ni même un souffle fort. Compliqué.

Il décida alors d'arrêter sa course, il avait besoin d'être dans le plus grand des calme. Assis sur une branche, adossé à une partie de l'arbre il joignit ses mains. Si l'ouïe ne marchait pas, il ne lui restait plus que cette technique pour pouvoir débusquer son hôte anonyme. Dire qu'en plus ce dernier le faisait venir dans cette forêt et en plus il s'amusait à faire une partie de cache cache. De quoi pouvoir bien énerver notre protagoniste, mais qu'importe c'était le jeu. Un jeu dangereux du chat et la souris et pour le moment il était la souris et non le chat. En effet, il s'était forcément montré en parcourant cette forêt, si ça se trouve l'homme l'observait depuis déjà quelques minutes. Il était temps d'en être sûr !

- Kanchi no Jutsu

Tout était noir autour de lui, c'était le moment. Un calme, le vide ... Une légère signature chakratique, très légère à peine perceptible. C'était incroyable et complexe à comprendre, seuls les senseurs pouvaient expliquer ce que ressentait Hisashi. D'habitude il percevait très facilement les signatures de chacun, mais là c'était différent, plus complexe. Comme si quelqu'un avait laissé volontairement la chose apparaître, qui était-il pour arriver à de telles prouesses ? Il eut un petit coup de stress, puis un sourire au coin de la bouche avant de s'avancer de cette dernière non loin de là. Il était impossible de voir à travers la brume et l'homme se trouvait quelques mètres plus loin, pas possible de déterminer la position exacte. Le Jisetsu prit alors la parole :

- Tu m'observes depuis combien de temps ?

Il attendait désormais une réponse de l'homme anonyme, en espérant voir un visage et que celui-ci ne reste pas tapis dans la brume. Le Jisetsu devait savoir qui se cachait devant de telles capacités, il ne connaissait pas beaucoup d'hommes capable d'une telle prouesse. C'était le moment, faisons tomber les masques !

Chaque nouvelle information passait consciencieusement entre les mains avisées et expertes du Shinda. Il s’évertuait à mémoriser chaque bride de renseignement passant dans le sillage de son regard azuré. Jamais il n’aurait pu rêver meilleure place. Lui, à la tête d’un village compilant des données au gré des missions et rencontres, chef du Fumetsu cherchant à étoffer son carnet d’informations continuellement. Il n’avait même pas espérer arriver un jour dans ce fauteuil. Pas autrefois en tout cas. Cet objectif l’avait taraudé seulement suite à la destruction de Kiri. Lorsque l’on souhaitait savourer la valeur d’un travail bien fait, il fallait toujours le faire soi-même. Kiri de nouveau debout et lui responsable de ce village, il serait au moins satisfait de chaque acte et décision qu’il prendrait. Personnellement en tout cas. L’Empereur restant l’organe décideur actuellement, il serait déjà plus heureux lorsque cette autorité sera démise de ses fonctions, laissant ainsi le Rokudaime Mizukage régner comme il le souhaite sur ses terres.

Chaque dossier relatant les faits d’armes et compétences de ses hommes était passé au crible par son esprit aiguisé. Il ne faisait pas ça dans le but de seulement se renseigner sur tout un chacun pour le bien de son organisation. Ceci était dans un but plus stratégique et militaire. Il savait différencier intérêts du village et intérêts de l’Hydre. Non cette attentive consultation visait à repérer les talents et prédispositions de chacun pour leur permettre à tous d’exploiter leur potentiel. Cela dans le seul et unique but de pouvoir ensuite le surpasser. Kiri ne serait plus jamais une nation faillible. Elle serait le rocher s’érigeant en pleine mer. Une pierre angulaire et éternelle que même le temps ne saurait éroder sous les passages incessants de l’eau salée. Il devait donc connaître ses troupes et les guider dans la voie les menant aux hautes forces Kirijins.

Il se penchait aujourd’hui sur le cas d’un Jisestsu. Un ancien Kirijin. Jônin de son état. Un certain niveau. Il avait disparu et refaisait surface en profitant de la renaissance de la Brume. Comme beaucoup d’autres. Il n’y avait pas de mal. Les ex Kirijins avaient été désunis, brièvement rassemblés sous la bannière du Shûkai. La reconstruction de leur foyer sur l’archipel risquait d’en attirer d’autres. C’était également pour cela que le Shinda faisait extrêmement attention à qui revenait. Il voulait s’assurer de la fiabilité et du niveau de ces anciens soldats. Il serait donc celui le plus à même pour mener les tests adéquats. Constant que cet Hisashi maîtrisait la Sensorialité, le Fossoyeur avait le test tout trouvé pour lui. La nuit avait beau apparaître, il se saisit d’une plume pour rédiger une simple note. La missive succincte termina à l’attention du jeune homme à qui il donnait rendez-vous en plein dans la forêt de la Brume. Le meilleur endroit pour ce genre de rencontres.

La signature du chakra s’approchait et le Rokudaime resta immobile alors que cette source ralentissait pour arriver dans les environs. Il ne tarda pas à user d’un jutsu de détection, comprenant les véritables intentions du Shinda de par cette invitation tardive. Mais il n’allait pas pouvoir le repérer aussi aisément. Son camouflage était parfait. Il ne pourrait clairement l’identifier et le situer dans cette brume et ces arbres. Mais il avait bien conscience de sa présence puisqu’il monta la voix pour s’adresser à lui. Un jeu qui risquait fort d’amuser le Shinda.

Il réalisa quelques mudras et invoqua de simples merles à la carcasse déconfite. Il divisa l’escadron en plusieurs petits groupes et il les envoya se placer de manière aléatoire autour de leur invité du soir. Descendant de sa branche, Michiki se retrouvait près d’un arbre à quelques mètres de sa cible. Une moitié de son visage dépassait de derrière le tronc, lui permettant d’avoir un visuel sur le Jisetsu. Un premier ordre mental le fit réagir puisque des oiseaux volèrent à sa poursuite pour le « frapper ». Il s’en débarrassa aisément et le Shinda attendit cet instant pour s’exprimer.

- Les légendes raconteraient que je suis là depuis des temps immémoriaux. Entité obscure encapuchonnée d’une tunique aussi noire que le néant, ma Faux sélectionnerait ceux dont l’âme est prête à rejoindre mon royaume. A les écouter, j’observerais chaque être depuis sa naissance, guettant l’instant où mon courroux mortuaire l’enverrait dans un repos quasi éternel. Elles me décriraient comme l’Âme Noire, errant à travers générations et guerres pour assouvir ma sombre récolte, antique mission qui m’a été léguée depuis que le Monde est Monde.

A chaque phrase, une nuée d’oiseaux cadavériques se précipitait sur son interlocuteur afin de le garder occupé tandis que ses mots résonnaient dans ce coin sombre de la forêt, l’empêchant dans un premier temps de se repérer grâce à sa voix. Lorsque les derniers volatiles se furent brisés sur sa défense, Michiki n’était plus qu’à quelques pas du jeune homme et la Lune vint éclairer subrepticement ses lunettes qui venaient d’apparaître en même temps que leur propriétaire. Puis lorsqu’il fut sûr que le Jiestsu l’avait vu, il finit par conclure son étrange tirade :

- Mais pour ma part, disons que ça fait seulement quelques minutes. Bienvenue Hisashi. Je pense que tu ne t’attendais pas à un tel test d’entrée en revenant au sein de ta patrie. Je me présente tout de même : Shinda Michiki. Ma fonction ne faisant plus aucun mystère, venons-en aux faits je te prie. Ton retour à Kiri m’est parvenu, et à des fins « administratives », je souhaiterais éclaircir ta situation si tu le permets. Tu étais donc un Jônin de la Brume si nos renseignements sont bons. Et que nous vaut donc ce retour sur le devant de la scène ? Le patriotisme t’étouffe ?

Le ton était poli et courtois mais ferme. Il allait à l’essentiel tout en se rallongeant à certains temps pour se perdre dans des détails. N’ayant encore aucune idée de qui il avait affaire, il jugerait dans un premier temps sur les réactions qu’il avait pu avoir. Premier point positif : il savait se défendre face à des hordes d’oiseaux. Sanbi soit noyé…

Le chat pense souvent chasser la souris, alors que celle-ci se joue de lui. C'était un peu ça. Il s'amusait avec notre jeune protagoniste. L'élève ne dépasserait pas le maître ce soir, en terme de sensorialité l'individu qu'il avait en face de lui était d'un niveau plus élevé. Et notre homme commençait à en prendre conscience plus les minutes passaient. Il y eut tout d'abord comme un bruit léger, puis plus sourd comme des battements d'ailes. Hisashi les identifiait difficilement, pour le moment il ne savait qu'une chose, ça volait et se dispersait à plusieurs points dans l'air. Comment pouvait-il le savoir ? Ses qualités de senseur le lui permettait, son ouïe était l'une dès plus fines qui soient. Néanmoins, le frottement des ailes brouillaient la position exacte de son interlocuteur, cet homme tapis dans l'ombre savait se cacher. C'était frustrant pour le jeune Kirijin, être dans l'incapacité de trouver une simple personne, alors qu'il est censé être un puissant senseur. Difficile de ne pas paraître plus ridicule. Résigné il pensait avoir échoué quand soudain quelque chose se mit à l'attaquer. Une sorte de nuées d'oiseaux en état de décomposition, c'était donc ça le côté plus sourd dans le battement des ailes. Il y avait comme un craquement d'os très sourd à peine inaudible qui ne cessait de résonner dans la tête de notre homme. Pas le temps de trop songer, il fallait réagir et se défendre.

Il réalisa une série de mudras avec une forte aisance, il ne fallait pas oublié qu'il était spécialisé en Ninjutsu. Très vite une bouclier de foudre vint l'entourer, comme une bulle possédant un champ électrique. Les oiseaux macabres vinrent se détruire un à un sur cette dernière tandis que le Jisetsu restait droit et attentif. Il n'observait pas un point en particulier. Il écoutait. Cette voix qui lui parlait sans cesse, entité obscure, âme noire. Peu importe qui elle était, cette dernière redoublait d'intelligence pour ne pas se faire remarquer. Le fracas des volatiles empêchait toutes perceptions audibles lui permettant de localiser précisément l'individu. C'était ingénieux et eut le don de dessiner un sourire sur le faciès d'Hisashi. Il semblait avoir finit son discours quand une dernière volée vint alors s'abattre sur le bouclier, puis le calme. Notre homme toujours stoïque ne sembla pas en croire ses yeux. Un homme se tenait debout, une paire de lunettes, des cheveux légèrement roux. Une certaine prestance, quelque chose de glauque qui ne mettait pas à l'aise le Jisetsu. Il prit soudain la parole. Shinda M.I.C.H.I.K.I. Oui, le Mizukage en personne.

La lune éclairait désormais les deux individus qui se faisaient face. L'homme confirma que tout cela ne s'agissait que d'un test d'entrée, il avait surement dû avoir des informations sur les capacités sensoriels du Jisetsu. Hisashi semblait plutôt perplexe face à une telle rencontre, il ne s'y attendait vraiment pas, bien que son visage ne délivre aucunes informations, il n'était pas serein. Son père lui avait apprit à ne pas laisser transparaître ses émotions et ça depuis petit. C'était une qualité importante pour un Hantaa. Le Mizukage voulait plus d'informations, que pouvait pousser notre homme à revenir à Kiri. Intéressant. Quelle proposition pourrait être la plus plausible ? Le patriotisme étouffant ? L'envie de servir une nation ? Ou établir un plus grand carnet de chasse ? Oui, il n'était pas là pour les beaux yeux du village, il avait de plus grands projets. Mais ... Pourquoi tout dévoiler à une personne qu'il connait à peine, bien que celle-ci soit un brin accueillant, il y a des secrets qu'on ne peux dévoiler.

- La forêt me manquait.

Une boutade d'un ton sec, plutôt pour briser cette ambiance un peu trop formelle prenant l'air d'interrogatoire. Le Jisetsu souhaitait le faire comprendre à son interlocuteur, ses intentions n'étaient pas mauvaises envers Kiri loin de là, elles étaient simplement un peu plus personnelles. Il reprit la parole d'un ton plus calme :

- Je ne pourrai mentir en disant que la destruction de notre village m'a toujours laissé un goût amer. J'aimais cette patrie, tout comme toi je pense. Néanmoins ... Je ne suis pas là pour la venger. Je serai à tes services et je te serai loyal. Mais ... J'ai des ambitions plus personnelles et le village m'aiderait d'une certaine manière. TU pourrais m'être d'un grand secours.

Une légère pause avant de reprendre, après tout il avait le Mizukage devant lui et de nombreuses questions se bousculaient. Lui aussi souhaitait en savoir plus sur son interlocuteur. Ce fameux Michiki était un homme plein de surprises et le peu qu'il en savait ce n'était que des exploits et faits d'armes. L'homme restait tout de même secret.

- Tu sais ... Je me souviens d'un village sanglant, redouté de tous. On était à l'abri dans ce dernier, nos guerriers étaient les plus braves et faisaient trembler nos ennemis de par leur noms. Et je me souviens que le tien résonnait souvent parmi les échos.

Une pause, un regard plus perçant, une détermination se lisant sur le visage...

- Nous ne sommes plus ce que nous étions, à vrai dire que sommes-nous ? Peux-tu m'en dire plus à ce sujet, quelle est ta vision de notre village, toi, le Mizukage...

C'était sa seule et unique question, mais elle valait toutes les dizaines qui s'étaient offertes à lui. Avec la réponse de son interlocuteur il en apprendrait plus sur lui, ses choix et ses ambitions. Seul la lune serait témoin d'une telle discussion ...

Avec un brin d’humour en plus. Il pouvait presque pressentir au grade de parfait Kirijin s’il continuait sur cette lancée. Le Jisetsu déclara alors sa peine d’avoir lui aussi perdu sa patrie. Un sentiment commun avec le Shinda qui avait œuvré pour réparer cette infamie. Il partagea également avec lui l’intérêt qu’il voyait en cette occasion. Michiki semblait être en mesure de l’aider pour ses propres projets. Comme il fallait s’y attendre. Si le Fossoyeur interrogeait régulièrement les gens sur leurs motivations c’était bien dans le but de ne pas perdre de temps. Il n’avait jusque-là connu qu’une seule personne le suivant non pas par intérêt mais par loyauté envers lui. L’intérêt était le propre de l’Homme. Michiki l’avait toujours assumé et au fil du temps, il avait appris à le déceler en tout acte. Que ce soit chez lui ou dans son entourage. Rien n’était fait par hasard. Tout avait une raison, ou presque.

Hisashi s’était ensuite montré flatteur sur la réputation du Rokudaime lorsqu’existait encore la Brume Sanglante. Une flatterie qui n’altérait en rien ses facultés de jugement. Il aimait entendre les mots de chacun mais il était encore plus intéressé lorsqu’il constatait de ses propres yeux leurs actes. Le regard du Shinda ne lâchait pas son interlocuteur qui inversait maintenant la tendance en se mettant à le questionner lui. Là encore une volonté humaine et rationnelle. Un moyen de ne pas perdre le contrôle de soi en s’abandonnant aux mots de l’autre. Le Fossoyeur avait appris à identifier comportements et paroles depuis son grand retour sur la scène. Un apprentissage fastidieux mais ô combien utile pour ses responsabilités actuelles et passées. Il est à parier que beaucoup de choses se seraient passés différemment s’il avait eu ce même esprit acéré quelques années en arrière. Pô et lui se seraient alors menés une lutte féroce pour le pouvoir. En toute convivialité mais non moins redoutable.

Le possesseur de la Pupille Dorée de Kiri s’interrogeait sur la vision que le Shinda pouvait avoir de son village. Que pouvait représenter la Brume aujourd’hui à ses yeux. Au moins il ne posait pas de question creuse par simple politesse. Le sujet portait au moins à débat. C’était déjà ça.

- Ce n’est un secret pour personne à vrai dire. La Brume n’est plus ce qu’elle était. Après seulement un an d’existence, suite à sa résurrection en tout cas. Il n’y avait pas d’autres solutions en même temps. C ‘était le prix à payer en faisant appel à l’Empire pour m’aider dans cette entreprise. Au moins nous avons récupéré nos foyers. Disons juste que les meubles et le quartier sont maintenant différents…

Le problème de l’indépendance de Kiri en interrogeait beaucoup. Michiki le savait, il en avait conscience et il le percevait parfois dans le regard de ses hommes. Seulement il ne pouvait décemment pas se déclarer pro-indépendant. L’influence impériale était trop importante pour cela. Il devrait patienter et œuvrer pour les intérêts des populations s’il tenait à s’assurer un soutien de leur part. Un chef indépendant pour un peuple partisan de l’autre camp, c’était une équation compliquée.

- Mais ce n’est pas pour autant que la Brume a terni son image. Au contraire. Debout après avoir essuyé l’attaque des Fuyous, considérés comme des ennemis publics aux pouvoirs dépassant l’entendement. Et nous avons défiés ce pouvoir en nous relevant, affaiblis certes, mais pas perdus pour autant. Ce baroud d’honneur que nous offre l’Empire ne manquera pas de redorer la glorieuse Kiri d’antan. Nous ne serons à vrai dire plus jamais la Kiri d’antan. Cette Brume qui se lève aujourd’hui n’en sera que plus forte et plus redoutable que toutes les précédentes. Que ce soit sous mon règne ou un autre, Kiri demeurera éternelle cette fois. Un foyer pour toute âme cherchant refuge et protection en échange du service de sa lame et de son corps. Qu’il soit motivé par le patriotisme ou par l’intérêt. D’ailleurs tu sembles correspondre à ce dernier cas. En quoi penses-tu que Kiri ou moi-même pouvons t’aider dans tes projets ? Quels en sont la nature pour commencer ?

Le Mizukage se doit d'être le pillier du village. C'est lui qui prend les décisions et dirige ses hommes d'une seule main. Il est le marteau qui sert à battre le fer, il est l'épée qui sert à trancher des gorges et se doit aussi d'être la pommade pour soigner des blessures. Il est l'homme dont tout le monde dépend. Mais, lui aussi dépend du village, le peuple est son poumon, ses shinobis sont ses armes. Hisashi se retrouvait face à cet homme, une certaine prestance et des lunettes pour rajouter le côté sérieux. Les deux hommes ne se connaissaient pas bien encore et chacun cherchait petit à petit à découvrir l'autre, à coup de phrases précises, ayant chacune un sens distinct. Michiki fit part son avis sur la reconstruction de la brume, certes il y avait l'Empire, mais le village avait récupéré ses foyers et ses meubles. D'un côté il n'avait pas tort et Kiri n'aurait pu se reconstruire sans une aide financière et matérielle du Shûkaï. Il parla ensuite de la brume, que celle-ci avait fait face à des êtres surpuissants et elle s'était relevée. Difficilement certes, mais oui elle tenait debout désormais. Cependant une forte bourrasque de vent pourrait tout emporter, en tout cas c'était les propres pensées de notre homme.

Il est vrai que les Furyous étaient des êtres redoutables et leur attaque avait tout dévasté. Notre homme se souvenait d'un carnage, des pleures et du sang à tout les coins de rues. Mais Kiri avait tout donné dans cette bataille, très peu de lâches parmi tout un peuple. Oui, les Kirijins sont des guerriers et ça depuis le berceau ! Hisashi tiqua alors quand l'homme parla d'intérêt. Michiki acceptait tout les réfugiés en échange de leur participation dans le corps militaire, peu importe leur motivation ou l'intérêt qu'il pouvait y trouver. C'était ce dernier point sur lequel le Mizukage souhaitait insisté, bien que le Jisetsu aurait préféré se passer de ce genre de questions. Là il n'avait pas vraiment le choix il devait faire face et prendre son courage à deux mains. Après tout c'était son seul moyen de rejoindre le village, sinon ce serait une vie confiné dans un palais à lire sans cesses des ouvrages. Il prit la parole, ton plutôt calme, toujours en fixant son interlocuteur :

- Lors de la création du village caché de la brume mon clan proposa à mon père de rejoindre Kiri. Il refusa. Ma mère était morte en accouchant et mon père avait jugé incompétent les médecins Jisetsu, de ce fait il avait décidé de vivre à part. Mais ces derniers ne prirent pas son refus comme une bonne nouvelle, il était influant, ils avaient besoin de lui. Un combat éclata et ils décidèrent de l'emprisonner dans les geôles, ici à Kiri.

Il marqua une légère pause, c'était douloureux de parler de tout ça à nu, même si le Jisetsu en avait l'habitude. Il avait dû se servir de ce point faible pour en faire sa force, sa motivation même, il souffla quelques instants et prit la parole cette fois-ci d'un ton plutôt étrange, comme habité ...

- Le village va m'être très utile ... Vous possédez forcément des informations sur les membres de mon clan ayant fait enfermer mon père, ils ont tous prit des chemins différents aujourd'hui et je compte bien les retrouver. Une fois cela fait ... Je te laisse deviner la suite.

Il venait de dévoiler son secret à l'homme le plus important du village, mais d'un côté il n'avait pas vraiment le choix. Et puis, il valait mieux jouer carte sur table avec Michiki. Notre protagoniste ne savait pas de quoi ce dernier était capable, mais sa simple renommée et le petit exercice de tout à l'heure en faisait déjà un ninja redoutable. Il ne faisait pas le poids face à un tel homme. Cependant une question restait en suspens, allait-il l'aider dans son projet ou jugerait-il Hisashi de fou ? Il devait en avoir le cœur net et lui poser la question :

- Penses-tu être capable de m'aider ? Ne te méprends pas, tu ne seras pas le seul à t'investir dans notre échange. Je serai sous tes ordres et mes capacités de senseur pourront être très utiles dans certaines missions ... Maintenant je te laisse prendre ta décision Mizukage-sama.

Le Rokudaime en apprenait enfin un peu plus sur son invité. Il avait certes consulté son dossier mais il était toujours plus enrichissant de parlementer avec le concerné. Il en apprenait beaucoup plus et il pouvait se faire une meilleure idée de la personne en l’observant au niveau de sa prononciation ou de ses attitudes lorsqu’elle s’exprimait. Hisashi mit un léger temps avant de se lancer, signe qu’il s’agissait de souvenirs peu radieux. Sûrement douloureux ou traumatisants. Du genre qui formaient les vrais guerriers tels Michiki. Même si pour sa part il n’avait que très rarement, si ce n’est quasiment jamais, parlé de son passé. Il ne se souvenait même pas en avoir parlé avec Pô. Ça semblait impossible. Il faudra qu’il y resonge à l’occasion.

Pour l’heure c’était l’histoire Jisetsu dont il était question. Hisashi était né dans le sang et les larmes. Sa mère n’ayant pas survécu à l’accouchement il avait été élevé semble-t-il par son père qui finit enfermé dans les geôles de la Brume. Un membre influent du clan qui refuse de rejoindre la Brume, ça n’avait pas dû être bien pris en effet. Au bout de ce récit se cachait donc un désir de vengeance. Michiki en serait presque déçu. Il s’attendait à du dramatique un peu plus original mais le Jisetsu semblait animer par la motivation première de bon nombres de soldats. La perte d’un proche qui donne l’envie de se battre pour restaurer sa mémoire ou venger sa disparition. Des passés classiques parmi les rangs shinobis.

D’un côté il ne pouvait targuer Hisashi d’une telle volonté. Mais elle n’apportait généralement pas le meilleur chez un homme. La vengeance offrait bien des choses que la Justice ne saurait jamais restitué. Mais elle n’en était pas plus féroce pour autant. Le Shinda était à la recherche de motivations qui pouvaient durer éternellement et pousser un homme à se battre jusqu’au bout. Hors une vengeance une fois accomplie pouvait renvoyer le dit soldat dans l’ombre, ce dernier ne sachant plus quoi faire de son avenir. Perdre un homme sur le champ de bataille est une chose. Le perdre autrement que par la Mort était un gâchis pour le Mizukage. Il ne souhaitait pas qu’un shinobi membre du clan possesseur du Kinnegan ne rejoigne ces fameux déserteurs avides d’un peu de paix après des années de bataille.

Il l’avait laissé finir son discours, conclu par une demande de sa part qui incitait le Shinda à lui dire s’il comptait l’aider ou pas. Cette aide serait récompensée par sa collaboration et ses talents en sensorialité. La remarque arracha un sourire au nécromancien qui expliqua sa réaction :

- Là-dessus nous avons encore pas mal de travail de ce que j’ai pu voir !

L’ayant simplement « charrié », il était assez réaliste pour savoir qu’il restait une marge de progression assez conséquente au jeune homme. Mais cela restait encore de l’ordre de l’acceptable. Et pour son village, Michiki ne souhaitait qu’une seule chose : la perfection. Ce serait un sujet à mettre de côté pour l’instant. Pour l’heure il devait répondre aux attentes de son interlocuteur qui semblait bien décidé à obtenir ce qu’il voulait.

- Tu me demandes donc de t’aider dans la recherche de trois anciens Kirijins qui auraient emprisonnés ton père car il a choisi de ne pas se battre. Ceci dans le but de les occire pour satisfaire un sentiment de vengeance personnelle. Tu m’arrêtes si je me trompe. Là où j’ai du mal à te comprendre c’est qu’est-ce qui t’amènes à croire que je t’aiderais à les tuer ? Ils représentent potentiellement un gain pour nos rangs si nous les retrouvions et les ramenons dans le droit chemin. Tes compétences de senseur sont intéressantes il est vrai mais je crains qu’elles ne soient qu’un trop maigre argument pour me convaincre de mettre à disposition mes moyens pour t’aider.

Il laissa planer un léger temps pour laisser l’occasion au Jisetsu de penser qu’il était maintenant seul pour cette quête. Juste les quelques secondes suffisantes pour qu’il s’imagine que cet entretien n’était qu’une perte de temps ou que le fait de rejoindre Kiri n’était pas une si bonne idée. Ce léger délai pour au final rompre le silence en amenant une nuance à toute sa réponse :

- N’aurais tu pas quelque chose de plus à m’offrir ? demanda-t-il en souriant.

Le Mizukage avait du répondant et Hisashi allait l'apprendre à ses dépends. Il suffisait seulement d'entendre la première réponse de la part du chef du village pour comprendre qu'il n'était pas du genre à se laisser séduire facilement. Il piqua légèrement le Jisetsu en soulignant qu'il restait encore du boulot concernant ses capacités de senseurs. Autant dire que l'effet attendu était là, il était piqué au vif, mais décida cependant de ne pas le montrer. Ce serait faire trop d'honneur à Michiki et surtout il serait tombé dans un jeu dont il ne pourrait sortir. L'ombre du village paraissait fort pour ça. Notre protagoniste, lui, se contentait de regarder son interlocuteur, d'un air toujours aussi sérieux, seuls ses cheveux semblaient flotter au vent. C'est alors que son interlocuteur mit carte sur table, pour lui cette histoire de vengeance n'était que trop personnelle et trop peu intéressante pour le village. De plus, le kage aurait préféré faire revenir les Jisetsu en question pour augmenter les effectifs du village caché de la brume. Hisashi eut une fois de plus un petit coup de chaud, là ça en était de trop :

- Faire revenir des traîtres pareils ? Ils ont trahi mon propre père, que croyez-vous qu'il fasse avec Kiri ? Es-tu prêt à accepter n'importe qui ? C'est désormais ça notre politique du village ?

Il marqua une légère pause, c'était compliqué de cerner le Mizukage. Glacial, sournois, malin, il réunissait beaucoup de qualités, néanmoins il venait de mettre en colère le Jisetsu. Il ne fallait pas se moquer d'un tel drame ou bien même espérer faire revenir ces hommes, ce serait déclencher toute une guerre clanique au sein du village. Hisashi fronça les sourcils, là on pouvait voir son mécontentement sur son visage :

- Faîtes les revenir et vous verrez bien quel genre d'homme je suis.

Une menace ? Non c'était plutôt un conseil détourné, bien qu'il était sûr que son interlocuteur le prendrait comme une menace. Ce n'était pas ça qu'il cherchait après tout ? Mettre le Jisetsu dans une colère noir ? Peut-être que ou, peut-être que non, en tout cas c'était le cas. Il se retenait tout de même pas mal, il était vexé au plus haut point. Surtout que le Mizukage ne s'arrêtait pas là, il souhaitait désormais savoir si le manieur de temps n'avait pas quelque chose de plus à offrir ? Que voulait-il sous entendre par là ? La question était tout de même très subjective et laissait sous entendre beaucoup de possibilités. Hisashi paraissait perdu tout à coup, là c'était plus que du franc jeu, c'était se dévoiler totalement. Mais, l'échange n'était pas égal cette fois. Il se ferait avoir, il savait très bien que dans tout les cas il pourrait retrouver les Jisetsu avec l'aide de son père, l'ombre du village n'était là que pour lui faire gagner du temps sur certaines recherches.

Notre homme avait quelque chose de plus à offrir, oui. Il y avait bien cette envie au fond de lui, cette haine viscérale contre une certaine nation ... L'Empire. Pour lui ce n'était rien de plus que des profiteurs qui désormais réduisait Kiri à l'esclavage. Il était hors de question pour le Jisetsu de voir la brume sanglante rabaissée à ce point. Il était prêt à tout pour corriger cette erreur. Et il espérait que Michiki accepte cette fois-ci la proposition :

- Je ne vois pas ce que je peux t'offrir. Si ce n'est de devenir une arme au service du village caché de la brume. Je ne te parle pas d'être un simple shinobi ayant des élèves et menant son train train quotidien ... Non loin de là. Fait de moi l'un des membres de l'unité spéciale du Misuto, laisse moi t'amener la destruction du Shûkaï. Je veux que cet empire tombe en milles morceaux, qu'ils souffrent comme nous avons souffert. Plus jamais nous ne serons soumis de la sorte et la brume sanglante vaincra ...

Il venait de sourire, laissant apparaître toutes ses dents blanches. La destruction, le sang, la vengeance, c'était ça son vrai visage. Apprend à découvrir l'homme que tu as en face de toi.

Hisashi semblait de toute évidence ne pas comprendre le mode de pensée du Shinda. Il semblait même désapprouver totalement sa logique qui était pourtant innataquable. Ses mots furent ceux d’un homme blessé dans son honneur dont les convictions venaient de s’ébranler. Sauf qu’il ressemblait plus à un enfant capricieux au final. Le regard et le visage du Shinda s’était fait plus dur lorsqu’il exprima à haute voix son mécontentement. Tout son sérieux était revenu lorsqu’il mentionna la politique de Kiri. Celle que Michiki lui-même menait. La suite eut au moins le mérite de lui arracher un rire amusé. Une menace. Comme s’était charmant. Une réaction à chaud qui n’arracha qu’une modeste réponse au Rokudaime :

- Montres moi quel homme tu es, et je te ferais découvrir quel monstre je suis.

Malgré son air faussement amusé précédemment, ces quelques mots avaient été prononcés avec assez de froid pour marquer la détermination du Shinda à écraser tout résistant à sa décision. D’autant plus qu’il n’était ni en position de poser ses conditions ou de proférer des menaces. Il s’était déjà permis d’user du tutoiement avec lui. Tout ce temps passé hors de Kiri l’avait rouillé au niveau des relations hiérarchiques sûrement. Mais ce genre de comportements faisait doucement sourire le Shinda.

Alors qu’il avait exprimé sa volonté de mettre à bas l’Empire en intégrant le Misuto, le Fossoyeur ne pouvait une fois de plus réprimer un éclat de rire. Cette fois il resta sur le ton hilare :

- Le quoi ?! Tu me parles d’une unité autrefois d’élite qui est maintenant oubliée. A vrai dire, elle n’a même plus lieu d’être.

Une telle déclaration pouvait surprendre, voire choquer. D’autant plus de la part d’un de ses anciens membres ayant activement participé à sa refonte du temps de Pô. Il devrait être le premier réjoui du renouveau de la Brume pour voir son ancienne unité restituée. Et pourtant il n’en était rien. Pourquoi ?

- Kiri a vocation à devenir un village d’élite. Le Misuto était une unité d’élite. Que ferait la nouvelle Kiri d’une élite de l’élite ? Ce serait parfaitement ridicule. L’ancien quartier général a été reconstruit selon les anciens plans. Pour autant, il sera bientôt vidé pour lui donner une toute autre utilité. Les archives ont déjà été enregistrées et mises en sûreté. Par conséquent, autant te dire que ta proposition reste caduque. Je te le demande donc encore une fois : que pourrait m’apporter la traque et la mise à mort de plusieurs anciens Kirijins ?

Le Shinda avait bien une idée en tête. Pourtant il ne souhaitait pas la prémâcher pour son interlocuteur. En l’occurrence ce dernier ne s’était pas montré particulièrement complaisant avec lui. S’il ne modifiait pas rapidement ses arguments et son discours, il perdrait tout soutien que le Rokudaime pouvait lui apporter. Et celui de Kiri par la même occasion.

Le Mizukage, cet homme mystérieux à la fois vicieux et monstrueux. C'était compliqué de définir un tel homme en si peu de temps, mais Hisashi le trouvait plus qu'étrange. Une chose était sûre, il ne rivalisait pas avec lui, pour le moment. En tout cas il s'entraînerait pour devenir aussi fort que lui, il allait devenir une source de motivation à menacer le Jisetsu de la sorte. Il l'avait un peu cherché certes, mais c'était ça prouver sa valeur, dépasser certaines limites. Les shinobis qui suivent les règles ne sont bon qu'à vivre une existence paisible et rangée, c'était loin d'être le cas de notre protagoniste. Souriant ainsi à la réponse de Michiki, il ne releva pas l'intérêt de provoquer une fois de plus, il en avait déjà assez dit. Cependant, il aurait tout de même apprécié voir quel genre de monstre il était. Après tout, aucun des deux hommes ne se connaissaient vraiment sur un champ de bataille. Hisashi décida de mettre cette idée dans un coin de sa tête

Puis le chef du village se moqua du Misuto, une unité qui n'avait plus lieu d'être disait-il. Le Jisetsu resta tout de même perplexe face à de telles paroles, le but de Michiki était noble, formé un ninja composé seulement de soldats d'élites. Utopique. C'était impossible de réunir une élite et seulement ça, pour de l'excellence il fallait du mauvais, comme le bien et le mal c'était la même chose. Notre homme ne comprenait pas vraiment les raisons de Michiki à former un village d'élite. Après tout, c'est avec les faibles qu'on apprend le plus, c'est aussi qui parfois peuvent se révéler d'une grande aide. Certes les faibles n'avaient pas vraiment leur place dans le monde shinobi, surtout de nos jours. Mais, eux, les forts, l'avaient-ils mérités plus que quiconque. Parfois, c'est souvent les plus ridicules qui réalisent les plus grands exploits. Ce serait à méditer pour plus tard. Le Jisetsu prit la parole une fois de plus :

- Un village d'élite ? Utopique non ? Il y aura toujours des faibles pour qu'il y est des bons. C'est la notion de bien et de mal, je ne sais pas comment tu réussirais un tel exploit, mais je NOUS le souhaite.

Il marqua une pause une fois de plus, cherchant ses mots. Hisashi jugeait impossible de ne pas créer une unité spéciale, qui s'occuperait de la récolte d'informations ? De l'espionnage ? Qui s'en chargerait alors ? Des shinobis lambda ? Certes ... Mais ce serait en envoyer certains à la mort, il fallait entraîner ses shinobis, les former à devenir de véritables espions, des chasseurs de tête. La voie du Hantaa. Le Jisetsu reprit la parole d'une voix plus calme que les fois précédentes, il commençait petit à petit à comprendre pourquoi Michiki était le Mizukage. Il avait des idées bien précises et savait où il allait. Un véritable chef.

- Trois cadavres du clan Jisetsu, cela fait six pupilles. Tu en auras trois, je garderai l'autre moitié pour moi et les corps te reviendront. Je pense que c'est ce que tu attendais non ? La chasse aux pupilles ne s'arrêtera donc jamais...

Il baissa la tête, il était un peu abattu, il avait perdu dans les négociations face à un homme beaucoup plus intelligent et malin que lui. Hisashi ne pouvait pas lutter face à une telle force, c'était comme perdre aux échecs en quelques coups, l'adversaire a toujours un temps d'avance sur vous. En tout cas notre protagoniste le ressentait comme ça. Cependant, il avait une dernière chose à demander, ça lui tenait à cœur et il espérait que le shinobi en face de lui l'accepte. L'ombre du village allait-il lui faire cette fleur ou alors tout balayer en quelques mots comme il l'avait fait précédemment. Car si on remarque bien, Michiki avait tout refusé jusqu'ici. L'entrée dans le village de la brume n'était même pas encore sur pour le jeune Jisetsu :

- Fais de moi l'espion de Kiri, récolter les informations, me dissimuler et même traquer sont mes domaines de prédilections. Utilise moi de cette manière et je t'assure que tu obtiendras tout ce que tu désires. Tout. Et si un jour je meurs, mes pupilles seront tiennes. Cela me semble équitable, le gagnant au final, c'est toi.

Il tira une sucette de sa poche et la mit dans sa bouche, son regard avait changé, il acceptait désormais la défaite. La réponse du Mizukage ne serait que déterminante pour la suite :

Hisashi ne semblait pas croire en l’idéal du Rokudaime sur sa notion de village d’élite. Il n’avait pas la même foi que lui en ce projet. Pourtant c’était bien ainsi que serait mené le village de Kiri. Une cité imprenable et peuplée des plus valeureux guerriers de ce temps. La Brume se ferait de nouveau craindre et respecter. Plus aucune faiblesse ne serait acceptée.

- Je ne crois pas qu’il s’agisse d’utopie que de souhaiter des guerriers surentraînés. Kiri se détachera de cette notion de faisable et d’impossible. Nous ne devrons plus nous enticher de si futiles considérations. Ce que personne n’osera penser, nous l’accomplirons. Voilà ce que cette nation a vocation à devenir. Il appartient à chacun de participer à cette ambition mais cela nécessite confiance et motivation. Le moindre doute est à exclure. Aussi bien de son esprit que du village.

Le message était clair. Les fauteurs de trouble répandant la mauvaise parole seraient chassés pour leur pessimisme. Michiki voulait être à la tête d’un village valeureux et fier. Il était certes dangereux d’avoir un ego démesuré mais ce n’était pas là non plus son objectif. Sa nation serait sûre d’elle et de ses moyens. Pas idiote pour autant. La Brume Sanglante s’était montrée digne de sa réputation et sa fierté n’était plus à fière. Mais ils s’étaient réfugiés dans cette idée qu’ils étaient immunisés. De cette pensée, Michiki en ferait une réalité mais il aurait besoin d’hommes à la fois puissants mais croyants en son idéal. Là où chacun pouvait trouver son compte à servir la Brume, le Shinda souhaitait que chaque soldat puisse se revendiquer fièrement Kirijin et qu’ils défendent tous ce même but d’une cité inébranlable qui tiendrait debout pendant encore des millénaires à venir. Si la Brume Sanglante sera citée comme la période d’essor de Kiri, la Brume menée par le nécromancien, elle, sera désignée comme étant l’époque glorieuse et décisive de tout l’archipel.

- La Brume Sanglante est morte sous les coups des Furyous. Aujourd’hui nous entrons dans l’ère de la Brume Eternelle dont le règne traversera les âges et marchera sur les cendres de ce monde.

Comme un cantique ayant franchi les lèvres du Rokudaime, sombrement inspiré par ses pensées les plus morbides. Pourtant c’était un bien beau résumé de sa pensée et de ce qu’il prévoyait pour son village. Ceci étant donc posé et non discutable, le Jisetsu en était venu au sujet de base de cette conversation. En tout cas celui qui avait été redirigé par ses soins. Il semblait que le détenteur du précieux Kinnegan l’avait oublié. Mais il n’était pas encore temps de lui rappeler alors que les négociations menaient bon train. Michiki n’avait même pas eu besoin de formuler directement son souhait. Il avait préféré laisser le soin à son interlocuteur de présenter lui-même l’offre sur un plateau d’argent. A l’évocation de ce macabre marché, le Fossoyeur prit un air faussement surpris où se dessinait un petit sourire en coin :

- Eh bien puisque tu le proposes, j’accepte !

Vint ensuite une nouvelle demande de la part du jeune homme qui semblait ne pas en avoir fini. Le Shinda l’écouta alors exprimer sa volonté de devenir un espion à la solde du village. Il ne lâchait pas l’affaire. Son attrait pour le Misuto mort dans l’œuf en l’ayant évoqué brièvement n’avait pas disparu pour autant. Il faudrait donc se montrer on ne peut plus clair. Même si en soit, le Misuto représentait une unité d’élite chargé de bien des tâches, elle n’existerait plus car ces mêmes devoirs seraient remplis par d’autres organes. Le regard pénétrant du Rokudaime fixa les pupilles tant convoitées par le monde avant de reprendre à la suite de son subalterne :

- Espion tu pourras le devenir. Mais tu n’en as pas le niveau aujourd’hui. Un seul homme serait capable de remplir ce rôle et l’on ignore s’il vit toujours actuellement. Celui dont je parle fut surnommé Hollow pour une bonne raison. Il disparut du jour au lendemain de son village. Non pas pour fuir ses responsabilités. Ses idéaux restèrent les mêmes et il décida d’intégrer le camp ennemi pour faire cesser la guerre. Une bien belle histoire. Elle fait miroiter les yeux des senseurs de notre époque. Et pourtant aucun n’a encore été capable aujourd’hui d’approcher ne serait-ce que d’un pouce de son talent. Il reste encore énormément à découvrir. Surtout dans ton cas.

Michiki s’était rapproché de quelques pas sans pour autant perdre de vue l’homme à la sucette vissée dans la bouche. L’envie d’une cigarette le démangea mais fut étouffée rapidement pour ne pas trop couper son discours :

- Si c’est là ton objectif, tu devras prouver ta valeur afin d’intéresser potentiellement le cercle secret des Nopperabou. Ce qui signifie Sans-Visages. Ou Cent Visages. Difficile à dire. Mais toujours est-il qu’ils sont ce qu’il se fait de mieux en matière de renseignements. S’il y a bien quelqu’un en qui je placerais ma confiance pour servir la Brume dans l’ombre, ce sont eux. Des hommes et des femmes ayant oubliés jusqu’à leur propre nom pour servir la cause de ceux à qui ils ont prêtés allégeances. J’aime autant te dire qu’ils arrivent au-delà du niveau que pouvait représenter le Misuto en la matière. Ils sont bien plus redoutables que les trois branches de cette ancienne unité. Il ne suffira pas de quelques malheureux exploits pour espérer en faire partie. Ton chemin sera long et pavé d’embûches. La Mort guettera chacun de tes pas. Voilà ce qui t’attend.

Cette fois, il pouvait se permettre de marquer une pause et il en profita donc pour fouiller sa poche. Sa main partit en quête de tabac. Elle ne tarda pas à trouver son graal sous la forme d’un fin bâtonnet qui vint rejoindre la bouche du Shinda. La pâle lueur jaune du briquer crachat sa lumière faiblarde sur les verres violets avant de disparaître derrière un volute de fumée. Un léger tapotement sur le cul de la cigarette fit tomber délicatement quelques premières cendres. La voix du Shinda vint de nouveau trancher l’air :

- Tu es le seul à même d’arriver à tes fins. Il ne suffit pas de venir demander une place. Si tu en es digne tu auras ce que tu mérites. Dans le cas contraire, tu n’auras rien. C’est pas plus compliqué que ça.

Maintenant qu’il avait lancé le sujet comme un pavé dans la mare, Michiki s’attendait à une réaction animée. Dans le sens où il y aurait maintenant plusieurs questions qui fuseraient. D’où son petit apport de nicotine en attendant que le Jisetsu ne décide quel élément méritait précisions.

Cela faisait beaucoup d'informations à la fois, dans un premier temps le Michiki se mit à parler de confiance et de motivation. Le doute n'avait pas sa place dans le village, il fallait croire en soit et à Kiri, pour pouvoir atteindre l'objectif fixé par l'Ombre. En tout c'était ce que l'interlocuteur essayait de lui faire comprendre. Il y avait une part de vérité dans ses paroles et Hisashi n'avait plus le choix, il allait devoir lui donner sa confiance. Bien que pour être honnête l'homme qu'il avait en face de lui ne lui inspirait rien de bon, mais c'était comme ça il avait besoin de lui. De plus, il ne s'agissait de que de la première rencontre, d'autres liens se créeraient surement plus tard, en tout cas il l'espérait, même si ce n'était pas dit pour le moment. Observant ainsi son interlocuteur, il tourna la sucette d'un quart de tour, pour avoir plus de goût, vieille technique. Michiki devenait un peu plus intéressant, cette fois-ci il parla d'un homme. Un certain Hollow, le meilleur espion du village caché de la Brume, un homme dont le Jisetsu ignorait totalement l'existence. Tant mieux pour lui au moins il remplissait pleinement ça tâche.

Mais le manieur du temps se fichait des autres, il ne vivait que pour lui même et son objectif. Hollow ou pas, il le surpasserait quitte à devoir s'entraîner tout les jours pour ça, quitte à disparaître du village, quitte à ne devenir qu'un souvenir. C'était ça le but n'est-ce pas ? Faire croire à une disparition pour cacher sa présence aux yeux de tous. Cependant, ce serait surement compliqué pour le Jisetsu, il avait des attaches, un père et qui sait il aurait peut-être des élèves. C'était fort probable d'ailleurs puisque le village se remettait petit à petit en place. Il faudrait forcément des senseïs pour tout ces jeunes pressés de se battre. Pauvre d'eux. S'ils savaient dans quoi ils s'engageaient au sein de la brume. Michiki serait surement la clé de tout les problèmes du passé, mais tout cela ne se fera pas sans combattre, il fallait que tout le monde se tienne près. Il retira sa sucette de sa bouche l'espace d'un instant, Hisashi prit la parole d'une voix plutôt calme, mais une certaine détermination se faisait ressentir :

- Hollow ... Jamais entendu parler, il est donc très fort. Mais ... Sache que j'incarnerai le futur du village en terme d'espionnage, j'irai aux quatre coins du monde récolter les informations. Ma motivation est bien plus forte qu'une simple vengeance, je veux tous les surpasser. TOUS !!

Il marqua une pause, il allait revenir sur un sujet qui l'avait titillé durant le discours de son interlocuteur. Une unité spéciale nommée les "Nopperabou." Les Sans visages, autant dire qu'il n'en n'avait jamais entendu parler, encore une fois il était loin d'imaginer tout ce qui était en place dans le village caché de la brume. Apparemment pour les rejoindre il allait devoir prouver sa valeur, une fois de plus, pour le compte de Kiri. C'était un peu redondant tout ça, à chaque fois il fallait prouver et encore prouver. Répétitif n'est-ce pas ? Néanmoins ce n'était pas pour déplaire à Hisashi, certaines missions étaient bien trop barbantes à son goût, là on parlait d'un autre niveau, d'objectifs beaucoup plus intéressants. Il reprit la parole, cette fois le ton était plus sérieux, plus déterminé, dans le fond Michiki avait appuyé là où ça faisait mal.

- Dans ce cas, le marché est conclu et ma ligne directrice est donnée. Si tu penses pouvoir me faire baisser les bras sous prétexte que je n'ai pas le niveau. Alors tu te trompes. Je ferai tout pour obtenir ce que je désire, je m'entraînerai au près des plus grands. Oh oui je te vois déjà en train de te moquer d'un jeune homme devant toi qui semble rêveur et pense pouvoir y arriver si facilement. Mais regarde ... Hier nous nous ne connaissions pas. Aujourd'hui je me tiens devant toi. Demain nous combattrons ensemble sous les mêmes couleurs.

Il l regardait son interlocuteur avec un regard froid, beaucoup de question fusaient dans sa tête. Mais, ce Michiki était bien trop complexe pour pouvoir obtenir des réponses bien précises, il avait le don de mener une discussion comme à la baguette, il vous parlait et vous faisait danser en même temps, il devait certainement être très fort en négociation. Et concernant le combat, le Jisetsu ne préférait même pas imaginer. Il se mit alors à sourire, le bâtonnet de la sucette toujours dans un coin de la bouche, beaucoup trop mâchouillé d'ailleurs. Le retirant avant de le jeter sur le côté, il prit une dernière fois la discussion en main :

- Pourrais-tu me dire où je peux les trouver, j'aimerai suivre leur enseignement, Mizukage-sama.

Première marque de respect, le bâtonnet de la sucette tomba sur le sol dans un léger ploc. Marquant la fin d'un long entretien ...

Au moins le manieur de temps possédait une certaine force de caractère ainsi qu’un bon sens de la détermination. A défaut de bénéficier de celui de la réflexion. De belles paroles attestant de sa motivation mais un manque de jugeote de sa part qui pouvait démontrer qu’il n’avait pas écouté ce que le Shinda lui avait présenté quelques secondes auparavant. Il en doutait mais c’était l’image qu’il pouvait renvoyer. Ainsi Michiki allait devoir faire ce que tout bon professeur était censé faire : enseigner c’est répéter. Mais avant toute chose, il constatait que cet entretien s’étirait. Il préféra donc se mettre à l’aise.

D’un claquement du talon, le sol se mit à vrombir légèrement sous la formation de deux blocs de pierre qui surgirent de terre sous la forme de sièges au large dossier. Il prit place dans celui qui était apparu à ses côtés. Toujours la clope au bec, il exhala une bouffé de fumée qui vint rejoindre l’air ambiant pour s’y confondre et finalement disparaître. Le Shinda resta les yeux rivés vers son interlocuteur malgré ça. Puis il reprit finalement la parole :

- Il semblerait que tu n’aies pas compris ce que je t’ai dit plus tôt. Je te parle de personnes ayant abandonné identité pour servir leur cause. Un groupuscule que j’ai rencontré au hasard de mes voyages. Je ne sais plus trop où ni quand mais j’ai su gardé un contact avec eux. Avec la refonte de Kiri, ils sont revenus vers moi.

Il n’y avait là aucun élément dont il avait déjà parlé si ce n’est sur l’abandon de leur propre nom et de leur personne. Michiki présentait brièvement ce qu’était Nopperabou. A vrai dire, il n’arrivait jamais à se faire un avis définitif à leur propos. Son esprit s’embrouillait parfois quand il y songeait. Ce devait être leur talent naturel à se confondre dans la Nature pour y disparaître. Ils y arriveraient presque avec l’esprit ! Venait maintenant la réprimande du Rokudaime.

- Si je t’ai dit auparavant de prouver ta valeur, ce n’est pas pour ensuite te mâcher le travail en te disant où les trouver pour qu’ils t’entraînent. Ils n’ont pas vocation à devenir des professeurs. Ce sont des espions hors pairs au courant de beaucoup de choses. Par conséquent, il t’appartient de faire ce qu’il faut pour qu’ils souhaitent te rencontrer. Leur meilleure arme est leur « absence » sur le terrain. La force brute seule ne suffit pas à se faire approcher par cette escouade. Ils sauront te trouver le jour où tu auras su manier la Sensorialité à un point très élevé.

Une nouvelle taffe de tabac vint ponctuer son discours pour marquer une brève coupure dans ses paroles.

- Autant te dire que la route sera longue et qu’il ne suffira pas de beaux actes de guerre pour te vanter apte à les rejoindre.

Puis il eut un bref éclat de rire :

- En fait pour dire vrai, ça ne me concerne même pas ! Quand bien même je désirerais que tu les intègre, je serais incapable de les contacter pour les en dissuader. Ils viennent à moi et c’est ainsi que nos échanges se font. Ils s’invitent où ils veulent et c’est ce qui en fait des shinobis redoutables. Ils n’ont aucune limite. Entendre tout cela, ça rend rêveur certes mais il faut bien se dire une chose. Il s’agit là de personnes ayant abandonnés toute humanité et identité. C’est une quête qui peut mener à sa propre perte.