Les jours à Konoha semblaient assez lourd pour l’ensemble de la population, qu’elle soit civile ou shinobis. Le sujet controversé du moment était la présence de Kibô, le « responsable » de cette guerre qui opposait le village de la Feuille et celui du Sable, celui qui était à la tête des soldats qui ont tué des civils au pays des Vagues. Mais ce n’était pas tant le fait qu’il soit présent parmi nous qui dérangeait, non. C’était le fait qu’il était logé non pas en prison, mais à l’hôpital de Konoha, sans qu’il y ait une apparente annonce de son exécution ou quoi que ce soit. Beaucoup semblaient réclamer rétribution, vengeance et autres chimères qu’ils supposaient pouvoir apaiser leur colère, mais qui au final, ne pourraient rendre ce qui a été perdu.

La protection devant la chambre de Kibo avait été ainsi renforcée pour deux raisons. La première, évidente, était pour qu’en cas de « rechute » de l’homme, nous puissions le neutraliser rapidement, qu’importe la forme de neutralisation… Mais la seconde était pour lui servir de garde du corps, car nombreux sont parmi les rangs Konohajin qui sont encore à penser qu’il est la tête du serpent de la guerre. Et si certains pensent agir comme moi en voulant faire le bien dans l’ombre, en essayant de l’exécuter comme si de rien n’était… Il nous fallait empêcher ce genre de problématique. Les gardes tournaient, beaucoup, que ce soit des Jônin lambda ou des membres de l’ANBU, j’avais fait en sorte d’assurer le fait qu’ils soient tous liés à ma division, celle de la sécurité du territoire.

J’avais beau être qu’un Chûnin officiellement, je restais dans les plus gradés au sein des forces spéciales, et même Engetsu approuvait le fait que je veuille que ce soit ceux sous mon commandement qui s’occupent de cette tâche. Mais au-delà de ça, je faisais toujours en sorte à ce que je sois présent au moins une fois par jour. Je voulais lui parler, comprendre, et satisfaire mes propres interrogations. Mais je n’arrivai pas à aller le voir, me contentant de jouer le garde silencieux, toujours caché derrière mon masque d’ANBU pour l’approcher sans l’affronter. J’étais lâche, oui, c’était le mot. Cependant, ce fut quand je vis Satochi enfin entrer dans la chambre que je compris que le temps était venu. Si lui, qui était si proche de Kibo, avait réussi à le pardonner, qui étais-je pour avoir le droit de le juger ?

Le lendemain même donc, au lieu d’arriver dans ma tenue d’ANBU devant la chambre, c’était dans ma tenue de Shinobi lambda que je me présentais à la porte. Respirant un bon coup, je frappai ainsi pour annoncer ma présence au garde qui était responsable. M’ouvrant la porte, je ne pouvais que deviner l’étonnement dans son regard en me voyant sans mon masque, mais lui demandait de rester silencieux sur le sujet avant de s’en aller. L’échange de place fait, j’entrai enfin dans la chambre, seul face à l’homme au centre de cette polémique. L’observant silencieusement, je restai intrigué parce qu’il tenait en main. Il semblait écrire, mais quoi ? Aucune idée, j’étais bien trop loin pour lire, et cela ne m’intéressait guère de l’apprendre sans que ça vienne de lui. Remarquant ma présence, il semblait m’avoir reconnu.

« - Cela faisait longtemps… Kibô-san. »

Même après tout ça, j’avais hésité à comment le nommer aujourd’hui. Le doute semblait encore m’habiter, alors que j’étais l’un des premiers témoins à voir son changement tout le long de l’opération. Repoussant les limites de Sakura (envers laquelle je me suis excusé en finançant sa prochaine sortie avec son copain, mon portefeuille souffre encore), j’avais fait en sorte de rester le plus longtemps possible, jusqu’à ce que la haine, la colère et la peur dans ses yeux se changent en incompréhension et regrets. Le voyant tendre la main vers moi, il se passa une demi-dizaine de seconde avant qu’il ne la retire pour ensuite courber l’échine. Présentant ses excuses devant moi, je jugeai de la réaction à avoir, mais ne put me retenir de fermer les yeux, lâcher un soupir, et détourner le regard pour répondre.

« - Il est inutile de vous excuser. Le mal est fait après tout, et cela ne changera rien. »

Pas d’animosité, pas de regret, juste un constat sans appel de la situation. Il semblait que je n’arrivais pas à entièrement accepter le fait qu’un simple Genjutsu puisse être à l’origine d’une guerre. Et même si cette férocité qui le composait à l’époque n’était qu’une illusion, il ne fallait pas oublier une réalité immuable : le temps change les gens. A notre première rencontre, nous étions tous les deux plus épanouis, plus enjoués même face à la mort que représentait Panze. Mais à notre deuxième, nous avions perdu cette lumière qui nous habitait. Qui sait de quoi serait composée cette rencontre… Mais c’est ce même doute qui me poussa à contrebalancer ma phrase précédente, en la prononçant sur un ton tout aussi neutre.

« - Ce qui compte n’est pas de passer outre le passé, mais de s’en rappeler pour construire l’avenir. »

Cliché ? Sans doute. Il était vrai que j’avais cette fâcheuse tendance de me faire pousser une plume littéraire quand je ne savais pas réellement quoi dire. Comme toujours, mon visage impassible semblait un peu trop sérieux au goût des gens, mais hélas, je n’y pouvais rien. « Toujours une tête à vouloir juger les gens » comme dirait celle aux cheveux cerisiers, remarque que j’ai souvent entendu. Et en soit, ils n’avaient pas tort pour aujourd’hui. Je voulais savoir à qui je m’adressai pour l’heure. Kibô ou Yamuro ? Voulant passer outre cette idée, je me décrochai du mur pour observer par la fenêtre derrière lui, essayant de laisser mes idées partir vers une autre réflexion.

« - J’ai entendu beaucoup de chose à votre sujet. Evidemment, moins de bonnes que de mauvaises… Mais il n’en reste pas moins pas mal d’heureux évènements. »

Me tournant vers lui, les épaules plus détendues, je lui adressai un faible sourire.

« - Je suis heureux de voir que vous avez trouvé une nouvelle famille, Kibô-san. »

Les gens auront bon pensé différemment, dans une pensée idéologique, être un Kage et être un vrai père étaient deux choses bien différentes. Il avait des personnes qui n’ont jamais voulu le repousser, même dans l’adversité, contrairement à Suna qui l’aurait mis en doute de ce que j’ai compris. Même en étant chef de mon clan, je me demandai si le jour où je commettrai l’irréparable, ils sauraient me pardonner ? Le peu de discussion que j’avais en stock étant épuisé (il fallait dire que je n’étais plus vraiment un adepte des relations sociales, comparé à l’époque sur l’île), je toussai dans mon poing avant de reprendre.

« - Comment vous sentez-vous depuis ? Pas de maux de tête ou autres signes inquiétants ? »

Kibo semblait vraiment différent comparé aux nombreuses fois où j’avais pu le voir pendant le rituel de sa « purification ». Son regard n’était plus empli de haine et de dédain envers les Konohajin ou le Daimyô. Beaucoup plus de compassion, au-delà des regrets de ses actes. Il semblait bien redevenu l’homme à la réputation idéaliste qui lutte pour la paix, un ami que Satochi voulait défendre. Il en était même à parler librement de la vie de Ninja et père de famille. J’avais la chance d’avoir encore mes deux parents, et ce malgré le tempérament « cherche merde » de mon père, mais je restai en doute de pouvoir en fonder une un jour… Faudrait de toute façon que je sois en avec quelqu’un, et à l’heure actuelle, je ne sais vraiment pas qui pourrais correspondre, tout en m’en moquant.

Il transita également sur son état, qui semblait aller au mieux par rapport à ces derniers temps. Je ne m’y connaissais que peu en terme de Genjutsu, et encore moins concernant les effets des pouvoirs de Yamanaka, mais j’avais une incertitude quant au fait que cela ne laissait aucune séquelle sur la psyché d’une personne. Il ne me restait plus qu’à espérer qu’il ne soit pas prêt de faire une rechute de sitôt. Cependant, plutôt que de s’inquiéter sur sa santé, il semblait remarquer mon changement au niveau de l’expression que j’arborai. Il était vrai que j’étais beaucoup plus jovial à notre première rencontre, mais j’étais quand même encore plus agressif lorsque nous nous étions vu à Ame. En même temps, c’était quelques mois après… Ce fut sa remarque concernant mon vouvoiement qui me sorti de ma réflexion. Et sans que je ne puisse me retenir, je lui répondis.

« - Mais nous connaissons-nous réellement ? »

D’un point de vue subjectif, il serait difficile de vraiment nous considérer comme des connaissances proches. Ce n’était que notre troisième rencontre en plus de quatre ans. J’avais réussi à tisser un lien plus poussé avec Milly, étant donné que nos différentes entrevues s’étaient passées bien plus au calme, mais avec Kibo, il y avait toujours eu un conflit présent. L’un où nous étions unis, l’autre opposés. Et quelle serait l’issu de celle-ci ? Me rendant compte que je maintenais un silence pesant, je soupirai avant d’amener machinalement ma main à la cicatrice sur ma joue, comme à chaque fois que j’allais raconter cette partie.

« - La première fois que nous nous étions vu, j’étais plus inconscient, naïf, je n’avais connu que le sang des ennemis sur mes mains, me sentant sale à chaque fois que ça arrivait. Notre seconde rencontre… Je connaissais la sensation d’avoir celui de ses camarades sur la peau. »

Megumi, Genji et Satsuki. A chaque fois que je pensais à ce moment, je pouvais sentir les nombreuses balafres sur mon corps brûler, la marque du regret semblant être imprimée au fer rouge. Soupirant encore et relâchant mes mains, je l’observai à nouveau d’un regard fatigué, les nuits étant devenues de plus en plus courtes à cause de ma dernière rencontre avec le Yamada.

« - Et aujourd’hui, je ne fais que vivre avec l’idée qu’un jour, peut-être je le ressentirai à nouveau. »

Ne suis-je pas assez fort ? Pourquoi ce conflit ? En quoi je puis changer les choses ? Une paix peut-elle exister ? Tant de questions qui m’énervaient autant qu’elles me rassuraient, m’indiquant clairement qu’il y avait une possibilité d’issus. Mais je sentais de plus en plus que mes ambitions semblaient évoluer avec le temps, mes idéaux si utopiques à l’époque prenaient une allure plus sombre. Plutôt qu’à vouloir protéger le village de la feuille, j’en venais à penser qu’il fallait avant tout éliminer les menaces potentielles. Bien loin de l’ambition que semblait défendre si ardemment Kibo. Au final, la question était juste : connaissait-il vraiment qui j’étais, et surtout, tout ce que j’avais fait pour nuire à ses proches ?... Et réciproquement. Ce qui amenait à la suite de ma discussion, alors que je détournai le regard pour réfléchir.

« - Ce qui m’amène au point suivant. A l’époque, je m’étais présenté sous le nom de Kurokami, le nom de mon père. Mais suite à plusieurs évènements, j’ai changé d’identité aussi. »

Ramenant mes yeux vers lui, je le fixai avec une intensité qui ne ferait qu’accompagner les révélations et déductions que Kibo allait se faire seul.

« - Aujourd’hui, je me présente sous le nom de Yôgan Yusei, chef du clan de la Lave. »

Voilà, je lui avais annoncé la raison pour laquelle j’étais aussi tendu en sa présence. Il y avait bien évidemment le fait que cet homme était responsable de la guerre qui nous avait entraînés vers plusieurs incidents et autres conflits graves entre les deux nations que nous avions juré de protéger, mais ceci, je m’étais fait à l’idée que les conflits existeraient toujours. Nous sommes des Shinobis liés à une nation militarisée, nous ne pouvions pas réellement être capables de nous tenir éloignés de tous conflits tant que des hommes auraient des ambitions. Une réalité que j’ai accepté, mais cela ne m’empêchait pas d’aimer l’idée que j’arriverai à éloigner Konoha le plus longtemps possible de ces conflits… Quitte à éliminer les dangers potentiels.

Mais je fus surpris par sa réaction, qui n’était pas celle que j’attendais. Je m’étais préparé plutôt à devoir affronter de la colère, des cris qui démontraient bien de la frustration qui découlerait de sa réflexion. Mais non. Lui ne voyait pas la même chose que j’avais en tête. Encore une fois, il ne voulait que s’excuser du mal qu’il avait causé au clan. Je le regardé, incrédule, les yeux grands ouverts et dents serrées en attendant qu’il finisse sa phrase, mais ce fut semble-t-il moi qui craqua en premier. Le poing se formant à mes hanches, je pris ainsi parole.

« - Je ne parles pas à propos du clan ! »

Oui, ses actions avaient fait souffrir les Yôgan de plusieurs manières, c’était un fait. Ils avaient été chassés de leur terre après que mon prédécesseur se soit fait assassiné dans l’ombre (chose que je demanderai plus tard), sans parler du fait que le clan fut divisé entre ceux partis à Suna et ceux arrivés à Konoha. Mais nous étions après tout un clan réputé pour essayer de surpasser notre colère et émotions au profit de notre maîtrise de soi, et donc de la lave. J’avais accepté la situation, beaucoup de mon clan moins, mais ils avaient fait avec. Non, le débat interne qui m’habitait été sur un tout autre sujet, un autre blâme à moi-même. Soupirant suite à cette réaction soudaine, je baissai légèrement les yeux, regardant ailleurs que face à moi, limitant la silhouette de Kibo dans mon champ de vision.

« - Lors de la fuite du clan, pour pouvoir nous enfuir des terres du Vent, il nous fallait un passe-droit pour que l’on nous arrête pas. Alors nous… J’ai décidé de prendre en otage le chef de l’expédition… »

Restant quelques instants dans le silence pour voir s’il y avait une réaction, je décidai de relever la tête vers lui pour parler, poing toujours serré sous mon gant.

« - C’est moi qui ait capturé Yamada Arashi, qui a fait que Kioshi s’attaque au pays du feu et menace mon clan d’une éradication. Ma faute que Yamada Tetsui s’en est pris à Nami avant de se faire capturer… »

Et alors que je voulais continuer, une partie de moi se retint d’en dire trop. J’avais désobéi aux ordres de Mizuki en interrompant l’exécution pour libérer le Sunajin de la torture. Je ne devais pas lui avouer ça, sous risque de compromettre l’équilibre… Mais je pouvais au moins une part de vérité.

« - … C’est à cause de moi que Yamada Tetsui est mort. Et je n’étais pas contrôlé par un quelconque Genjutsu ou autre mascarade pour justifier mes actes. Alors dis-moi Kibo… Penses-tu réellement dire que l’on reste des connaissances amicales ? »

Je ne m’étais pas rendu compte de la familiarité dont j’avais fait preuve sur le moment, mais m’en moquait. Depuis que j’avais su que Kibo était sous contrôle mental, je n’avais cessé de me remettre en question pour cette suite d’évènements. Et lui, que penserait-il de tout ça ? Penserait il toujours qu’il pouvait s’excuser face à l’homme qui lui avait arraché un proche ? Il avait peut être chassé les Yôgan indirectement, mais par chance, il n’en avait tué aucun, juste blessé gravement certains qui ont survécu. Mais moi… Je lui avais pris un élève. Pourrait-il toujours me pardonner après ça ?

Étrangement, malgré toute la peine et l’appréhension que j’avais sur le cœur, je me sentais plus léger, comme si le fait d’avoir balancé tout ça, d’avoir extériorisé la frustration qui s’était accumulée à la personne en face de moi m’avait calmé. Au final, je n’avais que faire qu’il me pardonne ou pas, je voulais juste ne plus vivre avec l’ignorance de sa réaction. S’il me rejetait en me disant qu’il me haïssait, c’était bien, je pouvais ainsi tourner la page et me concentrer sur le village et le clan, sans me soucier de cette idée qu’un pardon pourrait exister.

Je fus cependant surpris de le voir poser sa main sur mon épaule et chercher mon regard pour m’annoncer qu’il me pardonner. Les yeux grands ouverts de surprise, je l’observai en essayant de comprendre sa phrase, comme s’il me l’avait dite dans une langue que je ne connaissais pas. L’homme annonçait avec un zen que je n’aurais jamais cru le voir aborder un jour, ou du moins, pas depuis qu’il avait emprunté le nom de Yamuro, qu’il assumait de lui-même la mort de son élève. Je me surprenais à soupirer un « Pourquoi ? » en l’observant, sorti tout seul. Entendant son explication, je restai statique avant de lâcher un long soupire et me couvrant le visage.

« - Avec toi, je ne sais jamais à quoi m’attendre… »

Un jour il était l’incarnation de la haine à essayer d’assassiner le Daimyô du pays, et l’autre, il acceptait les nouvelles tragiques le plus grand calme du monde. Comment, c’était un mystère. Mais d’un autre côté, ce décalage par rapport à la réaction à laquelle je m’attendais avait réussi à me détendre plus aisément que je ne l’aurais cru, me libérant la tête pour la suite des discussions, qui allait s’avérer plus tendue que prévu, que ce soit pour les explications que j’apporterai, ou les nouvelles que j’allai lui donner.

« - Pour le moment… Il est inutile de prévoir quoi que ce soit par rapport au clan Yôgan. Certes, Suna a « forcé » la rupture du clan, mais je l’ai fait, en invitant certains à me suivre à Konoha. Pour ceux resté à Suna, je suis considéré sans doute comme un hérétique aux principes du clan, comme ceux qui m’ont suivi. »

Je n’avais aucun indice par rapport à ce que j’avançai, mais en soit, beaucoup discutaient toujours ma présence au sein du clan, souhaitant plutôt suivre les voix de Feu-Maguro et rester sur les terres de Ki, les terres qui les ont vu grandir et vivre. Même si eux aussi ont rejoint un village, ils l’ont fait pour conserver leur droit de terre après tout. Observant moi-même la fenêtre pour réfléchir, je repris mon explication.

« - Demander un droit de passage sur les terres du bois, ou alors même, demander le transfert du clan à Suna à Konoha n’aurait aucun sens. Si je veux la réunification du clan, je le veux d’un commun accord, une fois que la tension soit retombée entre nos villages. En attendant… Concentrant nos efforts sur l’instauration d’une trêve. »

J’aurais pu dire la paix, mais si j’étais honnête avec moi-même, je n’y croyais plus réellement à cet idéal. Tout ce qui comptait à mes yeux était la sécurité de mon foyer. Konoha, le clan Yôgan, le pays du feu… Je me battais pour protéger toutes ces choses, quitte à anéantir la menace en face. Même s’il s’agissait de Suna. C’était loin d’être mon ambition première, bien entendu. Je souhaitai la paix plutôt que l’oblitération. Mais après tout, rien ne me permettrait de prédire de quoi serait fait l’avenir… Cependant, avant de fermer cette page concernant mon clan, il y avait une question dont je souhaitai absolument obtenir la réponse, et que Kibo était sans doute l’une des rares personnes à pouvoir me la donner.

« - Cependant, il y a une chose que je voudrais savoir… Juste avant l’arrivée d’Arashi et son groupe pour faire venir les membres du clan à Konoha, Yôgan Maguro, mon prédécesseur, a été assassiné. »

Le timbre de ma voix restait stoïque en annonçant, calme comme à l’usuel. Un simple regard de côté, observant Kibo, alors que je restai droit face à la fenêtre, j’allais où je voulais en venir.

« - Était-ce Yamuro qui a donné l’ordre de le tuer ? »

Le silence instauré par ma question s’en devenait assez pesant, même pour moi. Les sujets de ce genre n’étaient jamais faciles à aborder, surtout quand nous étions tous les deux aussi proches de cet évènement. Mais même s’il était étroitement lié au meurtre de Maguro, comme je le soupçonnais, j’avais choisi de faire la séparation entre Kibo et Yamuro. Nous avions bel et bien eu cette discussion et la preuve par l’exorcisme menait par notre Hokage… Les deux étaient des personnes différentes, je devais me rappeler ceci, bien que cela soit dur par moment…

Cependant, la discussion prit une autre tournure à celle à laquelle je m’attendais, pour le meilleur je devrais dire. En effet, alors que je m’attendais à ce qu’il me révèle être commanditaire, si ce n’est responsable, du meurtre de mon prédécesseur, il en démentit ces propos. Je cherchai dans son regard une once de mensonge, bien que je ne sois pas un expert en la matière, mais il ne semblait convainquant dans sa déclaration. Ce qui me confirma qu’il n’a rien fait ? Le fait qu’il en parle comme si l’ancien chef était mort au combat. Il n’était donc au courant de rien de ce qui s’était passé ? Étrange…

« - Je n’ai jamais parlé de combat, Kibo. J’étais sur place quelques temps après que ce soit arrivé, et de ce que j’ai pu voir, ce n’était pas une mort au combat, mais bel et bien une exécution. La seule question restant en suspens est que si Suna n’a rien à voir avec ceci… A qui alors cette mort aurait-elle pu faire profiter ? »

Le clan Yôgan vivant en autarcie et n’intervenant avec l’extérieur que pour des rentrées d’argent, comme des mercenaires à la « solde » du Daimyô du pays du bois, à l’époque, il était que trop peu probable que le clan puisse s’être fait l’ennemi une superpuissance comme ceci, à la limite, de quelques groupes de bandits ici et là. Mais l’homme que j’ai affronté… Non, il était trop puissant pour n’être qu’un simple brigand. Alors qui ?

Ces questions commençaient à m’énerver, encore, la frustration se lisant sur mon visage, je le sentais. Il était inutile de continuer à chercher des réponses pour l’heure, trop peu d’indices existaient pour m’aider à en trouver après tout. Et puis le temps commençait à me manquer. Après tout, je n’étais pas sensé me trouver là aujourd’hui, la relève allait donc bientôt arriver. Je voulu faire mes salutations à Kibo pour partir, mais un autre sujet me revint en mémoire, plus… Sensible et grave qu’un problème personnel. Le ton plus grave cette fois (ci c’était encore possible), je sorti le carnet que j’avais l’habitude de trimballer et chercher dedans tout en m’adressant à l’homme.

« - Il y a un dernier détail que je souhaite parler… Je ne suis pas sûr qu’étant donné les relations entre Konoha et Suna, cela soit une bonne idée, mais de toutes façons… Kioshi pourra t’en parler. »

Je ne savais pas si j’avais pu réussir à contenir le venin dans ma voix, lorsque le nom de Kioshi fut énoncé. Mettant de côté ce détail, je m’arrêtai enfin à la double page, me concentrant sur le portrait dessiné il y a plus d’un an de cela.

« - En Automne de l’an 14, j’ai effectué une mission à Kawa no Kuni, qui m’a mené non loin de la mégalopole. Sur place, j’ai eu l’occasion de trouver une personne qui que tu connais très bien… Habashi Zanshi, la Godaime Kazekage. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle faisait là, c’était bien dans mon attention de le découvrir, mais avant que cela n’arrive… »

Je levai alors le dessin que j’avais fait, représentant un homme caché derrière un étrange masque à Gaz.

« - Cet homme est apparu devant nous, littéralement, comme téléporté, avant de disparaître également en emportant la Kunoïchi avec elle. J’ai essayé de suivre leur trace, mais je n’ai rien trouvé… C’est également la dernière fois que l’on entendit d’elle. »

Rangeant mon calepin dans la poche, je soupirai en me rendant compte que le temps nous manquait hélas. Le laissant réagir à cette information et me poser les questions qu’il voulait que je réponde, je terminais en me retournant, m’avançant vers la sortie de la pièce. Lui faisant dos, je m’adressai une dernière fois à lui.

« - Cela fut… Bénéfique de parler. J’espère que nous pourrons passer à autre chose rapidement, pour un avenir moins tumultueux. »

Chose annoncée, j’ouvris la porte, sans me retourner, et m’en allait à ma prochaine affectation. Le temps s’était écoulé plus rapidement que je ne l’aurais cru, et le travail m’attendait. Cependant, c’était plus léger que j’avançai, plus apaisé, car je savais que l’idéal que Kibo défendait, même si je pensais qu’il ne s’agissait que d’une simple Utopie, n’était pas si perdue pour autant s’il était redevenu l’homme qu’il était avant…