Ruri, Doku et moi étions actuellement dans une maison que nous offrait le village de Kumo en guise de logement le temps de notre séjour. Bien aimable, on se sentait bien accueilli, et pas besoin de camper aux abords du village ou à l'extérieur. Allongé depuis plus de deux heures dans l'un des lits, et seul dans une pièce, je venais de me réveiller d'une longue sieste pour récupérer de la fatigue du voyage. J'imaginais que mes compagnons devaient en faire de même. En tout cas ils avaient tout intérêt pour regagner des forces. Ou alors c'était moi qui me faisait vieux à quarante-neuf ans ? Boarf quand même pas.

Les yeux fermés, je resongeais aux propos tenus par le Consul Snow lors de notre première rencontre, au moment de l'escorte jusqu'à Kumo. Il avait manifesté son intérêt personnel ainsi que celui de son village vis-à-vis de la situation dans laquelle se trouvait Suna avec Konoha. Ils s'attendaient à des réponses plus signicificatives que de simples rumeurs comme celles colportées dans le Yuukan. Qu'ils ne s'en inquiétent pas, nous avions leurs réponses. Et réciproquement, Sunagakure voulait mettre les choses au clair concernant leurs relations avec l'Empire du Shukai et Iwagakure.
Pour le reste, il avait bien fait de rappeler les liens d'origine de nos deux villages. Aussi s'attendait-il à ce que je possède un pouvoir décisionnaire minimum pour que les échanges soient constructifs et puissent aboutir à quelque chose. Etait-ce le cas ? Oui. Par mon statut de Conseiller et le simple fait d'avoir été envoyé ici pour cette mission diplomatique, je possédais ces quelques pouvoirs. Le régent ne m'avait pas envoyé si loin pour faire le rapporteur, ça aurait été inutile et aussi une perte de temps certaine. La délégation que je menais était donc véritable et nous n'étions pas là pour des prunes.

... ... ...

Baillant un grand coup, je me décidais enfin à me lever. L'heure approchait. Celle où il nous fallait retrouver le Consul Snow dans sa demeure, comme c'était convenu. Après un léger brin de toilette, et un lavage de dents, j'attrapais un fruit, puis deux, en guise d'encas que je m'enfilais pendant que mes coéquipiers se préparaient eux aussi.

- Dites moi quand vous serez prêts, et n'oubliez pas de manger quelque chose vous aussi. Il y a un panier à fruits sur la table, Kumo fait les choses bien !

Une seconde de paranoïa vint me prendre, pendant laquelle j'imaginais ces fruits empoisonnés. Mais au final, pourquoi agiraient-ils ainsi, pourquoi nous éliminer ? En plus de cela, mon étoile m'accompagnait toujours, et dieu sait qu'un ange gardien stylé devait veiller sur moi ! Jusqu'à aujourd'hui j'avais survécu à bien des trucs !
Je mangeais donc ces fruits succulents, un vrai régal.

... ... ...

Quarante-cinq minutes plus tard, voilà que nous sonnions chez le consul Snow. Pour arriver jusque là, je n'avais eu qu'à demander à un garde/guide qui surveillait non loin de nos appartements du centre-ville.
On nous ouvrit, et quelqu'un nous guida jusqu'au bureau de Snow. "Nous" signifiait que nous étions bien au nombre de trois, je n'avais laissé personne tout seul. Doku serait là en observateur seulement, à moins qu'il ne trouve quelque chose d'intéressant à dire. C'était à lui de montrer ce qu'il avait dans le ventre aussi. Quant à Chikamatsu Ruri, elle était plus apte à parlementer avec moi au nom de Suna. Bien que le porte-parole du Conseil de suna, ce fut moi. Mes deux sunajins chéris étaient aussi là en tant qu'escorte, dans une certaine mesure.

- Bien le bonjour Consul Snow. Nous nous sommes reposés un peu, les fruits dans le panier étaient très bons ! Vous remercierez aussi pour moi le genin qui a aidé à nous conduire jusqu' au village ? souriais-je.

Pnjs présents dans la maison:

La pression Snow la gérait d'ordinaire parfaitement, il savait en tout cas paraître serein en toute occasion, même si cela pouvait lui être difficile. Cette fois-ci, il ne s'agissait pas d'une bataille, et pourtant il se sentait un peu plus fébrile que d'habitude, car il savait que bientôt les sunajins viendraient chez lui et que de cette conversation dépendait la réalisation de ses ambitions autant que l'entente entre deux nations. Les regards étaient portés, en grand nombre, sur cet événement. Le conseil lui avait accordé le pouvoir de cette négociation et des décisions qui allaient avec, cependant, on ne lui avait donner que des directives floues. Une façon sans doute pour ses pairs de le tester et de le mettre en situation de péril. Un Samouraï possédant autant de pouvoir dans un pays qui n'était pas le sien ne devait pas ordonner que des éloges. Un échec aujourd'hui lui serait fatal et ruinerait la position qu'il avait durement acquis.

Les faire venir chez lui le mettait tout de même à l'aise, il était sur un terrain qu'il maîtrisait et qu'il dominait. C'était sa maison et il pouvait y donner le cachet de sa personnalité sans condition. Il avait prévenu Luka de l'arrivée de cette délégation diplomatique, ce qui lui laissait le temps de s'y préparer. Le jour fatidique, sa fille aîné Sasha était à l’hôpital pour ses cours, ce qui n'empêchait pas la maison d'être très animée. Avec Batz à l'entraînement dans le jardin de l'arrière cour par exemple. Gondo était absent aussi, occupé à monter sa futur forge ailleurs. Les pauvres Sunajins ignoraient sans doute dans quoi ils tombaient... Avec Laya qui était soigneusement cachée par exemple aux futurs invités, et la présence probable d'une Konohajin futur déserteuse entre autre (du moins c'est ce que s'employait à réaliser Snow). C'était une famille nombreuse, une famille de cœur, dont la demeure était très soigneusement entretenue par l'intendante Luka, grande sœur de cœur de Snow. Picpic, la cadette de ses filles était alors dans le jardin avec Batz, à lui casser les oreilles. En bref tout était fait pour que leur venue se fasse dans les meilleurs conditions malgré l'animation de la maison.

Snow était celui qui ouvrait la porte, ce qu'il ne faisait jamais normalement, preuve de l'intérêt qu'il leur portait une fois de plus. Il les accueillit sans armure, mais tout de même le sabre à la ceinture, qu'il ne quittait jamais. Sa tenue alliait la sobriété et l'élégance comme il s'y efforçait à chaque fois qu'il était habillé en civil, et cela avait d'autant plus de sens ici. À peine apprit-il qu'ils étaient présents qu'il ordonnait à Luka de satisfaire la moindre de leur exigence. Snow ne les laissait pas longtemps sur le pas de la porte, et l'entrouvrant en grand, il les conviait à entrer pour le suivre directement à l'étage vers son bureau où la conversation serait tranquille et sans oreille indiscrète. La seule y étant autorisée en dehors de Snow étant Luka, elle servirait ce qui était réclamé là, si il y avait des réclamations du moins.

Le bureau était spacieux et certainement plus adapté à l'étude qu'à un lieu de rencontre aux vus des ouvrages innombrables qui le décoraient. Quatre fauteuils confortables y étaient disposés devant le bureau derrière lequel s'installerait le maître de maison. Après les formules d'usages pour l’accueil de ses invités, c'était lorsqu'il les conduisait à ce bureau que Snow leur répondait.

-Juste Snow suffit si vous le souhaitez, tout le monde m'appelle ainsi, ou Blanche Neige parfois avec ironie. Les titres sont trop formels. Il se peut que le genin qui vous a conduit vienne lui aussi. J'ai déjà demandé de le faire prévenir de votre venue, le choix lui incombera de participer ou non. Mais je l'informerais de votre remerciement c'est entendu. Mon élève pourrait également venir, cette maison est aussi la sienne. Si vous désirez quoi que ce soit, à boire ou manger, Luka mon intendante est là pour répondre, elle n'a aucun secret pour moi et je n'en ai aucun pour elle, vous pourrez parler en toute confiance en sa présence.

Une fois que chacun put s'installer, et la pièce fermée, Snow ne tardait pas à entrer dans le vif du sujet, quoi qu'il mettait le ton et les formes de séductions, en usant des aptitudes qu'il avait déjà démontré au trio Sunajin à leur rencontre dans les montagnes, il souhaitait ainsi leur montrer qu'il ne s'agissait pas de faire uniquement des courbettes mais aussi d'en venir enfin au sujet qui était le plus important ici, la relation entre Kumo et Suna.

-Avant toute chose, et que vous répondiez aux questions que je vous avais posé lors de notre première rencontre, peut-être avez-vous une close de préjudice à faire valoir, une réclamation d'ordre plus personnelle. Si je puis la satisfaire je le ferais, au quel cas je suis ouvert à toutes vos questions et m'efforcerais d'y répondre tant que cela ne mettra pas en péril la sécurité de mon pays. Voulez-vous commencer ?

Retour sur l'accueil qui nous eut été donné dans cette demeure : cinq étoiles. Surtout que pour ma part j'avais visité dans toute ma vie pas loin d'une centaine d'auberges, de chambres d'hôtes et d'hôtels. Des endroits pas frais j'en avais connu. Parfois les propriétaires ressemblaient même à la moisissure de la chambre qu'ils vous louaient pour la nuit. Parenthèse terminée, je notais bien le geste avenant du Consul qui était venu ouvrir lui-même plutôt que d'envoyer quelconque servant le faire à sa place. De toute façon je préférais m'en tenir à la simplicité dans toute chose.
De la porte d'entrée jusqu'au bureau à l'étage, on put voir que la vie et l'activité régnaient dans cette maison. Snow ne vivait donc pas seul. C'était en tout cas plus agréable d'entrer dans un lieu comme ça, agité, vivant, et non silencieux comme la mort et la solitude. Non ?
Son bureau, au contraire, avait toutes les caractéristiques d'une pièce destinée au calme et à l'étude. Beaucoup d'ouvrage étaient présents. Les livres... je me disais en les voyant que Tetsui, mon défunt élève, aurait apprécié se trouver ici avec moi. Lui qui avait aimé lire et étudier comme un dingue pour tout connaître sur tout.
Quatre fauteuils nous attendaient au devant du bureau, tous identique. J'allais m'asseoir dans n'importe lequel d'entre eux sans réfléchir. Au final, je me retrouvais donc au milieu à gauche. Doku restant silencieux vint s'asseoir lui aussi. Quant à Ruri elle resta debout pour commencer, certainement par précaution. Elle avait raison. À la moindre couille, de toute façon, l'invocation d'un éléphant détruirait au moins la pièce !

" Pour ma part, je m'en tiendrais à Snow. J'ai détesté l'histoire de Blanche Neige, peut-être que c'est plus en adéquation avec mes terres d'origine mais j'ai préféré Aladdin quand j'étais gosse. Pour les possibles arrivants, je dirais juste que plus on est fous plus on rit... ça ne me pose pas de problème. Quant à moi je n'ai pas faim, ni soif pour le moment, mais merci bien. "

Toujours séducteur dans l'âme, après que le genin en question arriva, Snow attaqua le vif du sujet. Je prendrai le temps de remercier cet afro-kumojin plus tard, même si je le saluais déjà d'un signe de tête.

" Je n'ai aucune réclamation personnelle ça ira. On peut commencer... " souriais-je.

Jusqu'à maintenant je m'en sortais toujours très bien en ne réclamant rien à personne. Continuons donc comme ça.

" Première chose, si on considère que l'on peut parler de tout, et même des sujets qui fâchent tout en restant dans une optique de paix entre nous, alors je vais être direct. Comme ça nous pourrons ensuite nous concentrer sur des choses plus douces. "

Je laissais un temps de silence, prenant même la peine d'enlever mon chapeau pour laisser découvrir mes cheveux et ma queue de cheval.

" Comme le savez, Sunagakure est en bon terme avec le Shukaï et le compte parmi ses alliés. J'ai l'oreille portée sur les choses qui se passent dans le monde et je n'ai pas loupé vos derniers démêlés avec eux. Je ne critique en rien, je voudrais juste, dans un premier temps, savoir le pourquoi de l'histoire. La version de Kumo sur ce qu'il se passe, si c'est possible. Et sachez que cela ne tiendra pas rigueur au reste de notre discussion et de nos rapports. C'est juste que dans une optique de nouvelle alliance entre nos deux villages, il faut mettre à plat les choses. En faisant ça, nous pourrons ainsi mieux orienter la suite. "

Un ton assuré mais amical avait été tout ce dont j'avais eu besoin pour faire comprendre que je ne lançais pas d'emblée un climat hostile. Au contraire, l'apaisement était préférable. Et les non-dits ça me plaisait pas. Surtout qu'en bon diplômate, il fallait communiquer, sinon...

Lors de l'intrusion de Sumasu que Luka introduisait dans la pièce un peu tardivement, la conversation venait à peine de commencer. Snow invitait le jeune à se placer où il le souhaitait sans lui donner de réelles directives. Il interviendrait de la façon qu'il souhaiterait selon son envie. Il y avait alors, on pouvait le dire, un témoin qui pourrait s'avérer gênant, car Snow avait en prévision des propositions qui risqueraient de paraître déviante à un Kumojin. Cela n'allait pas le retenir pour autant, il se devait, selon ses propres convictions, de jouer tout cela avec une finesse et d'user des bons termes au bon moment. L'enjeu n'était pas uniquement la relation entre Suna et Kumo en effet, mais aussi internationale. Snow avait un projet de vaste amplitude qui incorporerait toutes les nations, du moins des guerriers de toutes les nations.

Il restait calme dans son fauteuil que Nuzuro commençait à "répondre". Répondre entre guillemet car celui-ci répondait par des questions en ignorant toutes celles qu'avait posé Snow. Un langage et une méthodologie très politique s'il en était, et qui l'amusait un peu quoi qu'i n'en montrait rien. Ce que Nuzuro lui réclamait devait inexorablement arrivé de toute façon même si cela lui semblait un peu tôt. Il portait un regard aimable, à ses convives, mais pas sans se cacher de la compréhension des questions sous-jacente qu'impliquaient ce questionnement qu'on lui opposait. Il ne souriait plus cette fois en effet, et quoi que la douceur de regard au moins autant que le timbre de sa voix demeuraient en tout moment, il était subtilement plus ferme et regardait Nuzuro en particulier avec une certaine hauteur, comme pour lui faire comprendre que toute tentative de manipulation était vaine avec lui.

-Vous répondez à des questions par des questions. J'espère que vous n'avez pas à l'esprit de m'endormir. Je ne suis pas sans connaître vos relations étroites avec le Shukaï effectivement. Hélas, mon pays est loin d'avoir ma propre opinion sur le conflit qui nous oppose à cet Empire. Je serais pour ma par prêt à rendre le gène que nous accuse l'empereur d'avoir volé. Je vendrais jusqu'au corps de la personne qui le possède pour obtenir la paix. Car ce gène je n'y attache pas la moindre importance. Je crains hélas que ce conflit ne trouve de fin que dans la victoire de l'un ou l'autre des camps. Mon peuple ne veut pas de solution diplomatique à ce confit, trop de pertes ont été engrangées et il y a une notion de prestige militaire qui s'est greffé à ce conflit. Kumo ne veut plus être considéré comme la nation "aimable". Je dois admettre que je comprends ce point de vue, c'est le prestige militaire qui apporte les missions aux shinobis, et la réputation retient les déclarations de guerre, vaincre le Shukai rendrait à Kumo une certaine prestance que nous savons tous perdue. Je n'arriverais jamais à obtenir la paix diplomatiquement, j'ai les mains liées, je ne peux que m’efforcer de faire en sorte que cette guerre trouve une fin rapide avec le moins de dommage possible. Puisque vous souhaitez parler des relations avec l'empire. Permettez-moi de douter de vos relations soi-disant cordiales avec lui. Je crois savoir que cette alliance ne vous aura pas servit à grand chose dans votre conflit avec Konoha. Et ce n'est pas nous qui retenions le Shukai d'agir, nous étions trop loin et campés sur nos défenses, Shukai le savait au point d'avoir organisé une attaque surprise que nous aurons repoussés sans grand mal, je le sais pour y avoir participé personnellement. Les alliances sur papiers ne valent pas les actes qui le prouvent. Hors, aucun acte de Shukai ne vous a protégé de la main Konohajin. Je ne vous demanderais pas d'annuler cette alliance, ce n'est ni mon droit ni mon intérêt. Mais n'allez pas me faire entendre que votre alliance vous est aussi profitable que vous voudriez publiquement le faire croire.

Nos problèmes avec le Shukaï trouveront bientôt une fin, favorable pour Kumo. Ce que vous pouvez prendre comme un excès de confiance est bien plus qu'une conviction, c'est une certitude, de cela je ne peux vous en dire plus et vous comprendrez pourquoi. Je sais que vous ne feriez jamais ce pas, Sunajins, mais si vous désiriez tant la paix entre Shukai et Kumo, ajouter Suna dans la balance conduirait l'empire à une négociation entre notre faveur et éviterait bien des morts. Il n'y a pas de déshonneur à trahir une alliance qui n'apporte rien de concret. Ce n'est cependant pas ce que je demanderais.

Snow devenait plus souriant, il avait clairement lancer une offensive diplomatique, sans pour autant souhaiter mettre dos au mur les sunajins. Le but n'étant que de mettre le doigt sur les irrégularités de l'entente entre Suna et Shukai et de faire entendre à Nuzuro qu'il ne valait mieux pas tenter d'endormir Snow avec des questions par dessus des questions. Il se faisait plus souple lorsqu'il poursuivait.

-Je ne réclamerais pas votre aide sur ce conflit, nous n'en avons pas besoin. Mais je vise bien une alliance avec vous, plus subtile, plus réelle, plus concrète et moins coûteuse en homme. J'ai beau être consul, je suis soldat avant tout, et je n'aime pas gaspiller le sang. Mais avant d'aller plus loin, vous consentirez peut-être cette fois à me donner des détails sur votre situation avec Konoha ?

Spoiler:

Conscient que j’étais d’avoir passé à la trappe son questionnement concernant la situation de Suna avec Konoha, je ne m’en voulais pas, car après tout il avait reposé la question en la couplant à une autre sur mes réclamations d’ordre personnel ; ce qui avait eu pour effet de me mélanger les pinceaux… et j’étais parti sur autre chose une fois que j’eus affirmé ne pas avoir de réclamation personnelle à faire pour le moment.
Si ma question à moi portait sur un sujet sensible pour Kumo, Snow se montra plus ferme et ne souriait plus vraiment avant de me répondre par une longue prose. Parler en tenant si longtemps me donnerait soif à sa place. Mais, je l’écoutais de manière attentive.

Que je répondais à une question par des questions, d’accord, néanmoins ce n’était pas dans le but de l’endormir. Snow annonçait d’emblée ne pas partager la vision de son pays sur le conflit qui les opposait actuellement au Shukaï. Une chance ? Pour nous peut-être. J’en apprenais des belles, comme le fait que la cause de cette nouvelle guerre n’était autre que le gène que portait l’un des kumojins. Et le Shukaï les accusait de l’avoir volé… Je soupirais en entendant cela, comme pour montrer que je trouvais cela pitoyable d’être prêt à causer une guerre, d’engendrer des morts, juste pour une si petite chose dans le corps de quelqu’un. Je savais de quoi il en tenait, car à Suna même, le shinobi choisi pour porter le gène Blanc n’était autre que Yamada Tetsui. Mon élève personnel, à qui j’avais transmis le pacte des éléphants. Bien qu’aujourd’hui il ne soit plus de ce monde, et que son gène ait été volé par Konoha. L’autopsie de son corps nous ayant été retourné avec les sévices infligées l’avait montré. Konoha avait ainsi montré son visage de « pilleur » de pouvoirs, ou de gènes, peu importe comme vous appelez cette saloperie.
Quoi qu’il en soit, j’écoutais le reste de la réponse du Kumojin avec calme. À la fin de celle-ci, l’homme quémanda sa réponse sur la relation Suna-Kumo.

« Et bien ma foi, vous avez raison. Le Shukaï ne nous a pas aidé dans la gestion de notre conflit avec Konoha, pas plus que nous ne les avons aidé dans toutes leurs affaires. Cette alliance est aujourd’hui ce qu’il reste du travail de deux hommes et des liens qu’ils entretenaient avec l’Empereur : à savoir le Rokudaime et le Nanadaime Kazekage. Peut-être qu’avec l’arrivée du Hachidaime cela risque d’évoluer, nous n’en savons rien.
Sachez donc que nous n’aiderons pas le Shukaï dans son conflit avec Kumo. Cela les regarde eux et vous, mais je dois dire qu’au vu des intentions de Suna, c’est un peu embêtant de voir deux possibles alliés se chamailler. Quelle perte de temps…. Mais vous l’avez souligné, le prestige est important dans notre monde. »

Et quel monde de merde. Il fallait quant à moi que j’organise mon propos pour répondre en plusieurs temps et parvenir à insérer tout ce que je voulais dans ma réponse.

« Merci de m’avoir informé sur votre situation. Je ne vous cache pas que je n’apprécie le fait que l’Empereur cherche à s’accaparer le gène d’un de vos hommes. Et c’est ce qui amène la réponse que je vais vous donner concernant Suna et Konoha… »

Je reprenais ma salive, et puis allez tiens, pourquoi pas demander une boisson au passage. Je m’adressais à la belle femme ici présente pour cela :

« Serait-il possible d’avoir un thé aux épices s’il vous plaît ? Je risque d’avoir soif très bientôt. »

Je lui fis un sourire amical pour l’en remercier, et m’en retournais à mes affaires avec Lord Snow. (on s’est trompé de série ?)

« La guerre qui opposait Suna à Konoha… disons qu’elle s’est soldée par des échecs. Pour ne pas vous raconter le début que vous savez sans doute déjà, je vais commencer par les derniers événements. Une de nos équipes fut envoyée à Nami no Kuni pour une opération militaire de destruction visant leurs chantiers naval. Celle-ci était dirigée par un dénommé Yamada Tetsui qui était aussi porteur du gène Blanc, malheureusement sans rentrer dans le détail, il a fini capturé. Konoha a sans doute jugé que ses crimes méritaient punition et l’a fait exécuté publiquement peu avant que nos négociations ne débutent avec eux. Je vous le précise pour que vous sachiez à quoi vous en tenir si un jour vous devez négocier avec eux... qui plus est ce Yamada était le fils d’un chef de clan. »

Légère pause.

« Cela ne les a pas inquiété figurez-vous. Car à l’heure où je vous parle, les négociations ont eu lieu : la paix entre Suna et Konoha ne sera effective que lorsque nous leur aurons livré une part de la technologie Saibogu, ainsi que des céréales. Oui des céréales… Ainsi nous avons plié genoux pour obtenir la paix, et notre homme ne fut qu’une perte sans doute nécessaire à l’évolution de la situation. Voilà où ça en est. »

Je tiquais un instant, puis décidais finalement de l’informer d’une chose en plus :

« Le gène qu’ils ont volé et détiennent maintenant se nommait « gène Blanc », et dans le cas de Tetsui lui permettait de rendre sa chaleur innée à son clan « salvatrice » pour lui-même. Nul doute qu’en s’adaptant à un hôte konohajin, le gène gardera ses propriétés de soin mais sous une forme différente. Cette info peut vous paraître inutile aujourd’hui, mais vous savez tout comme moi qu’un jour prochain il est parfaitement possible que l’un des vôtres se retrouve à devoir combattre le porteur de ce gène. Tout peut arriver. Tout comme je considère que l’information bien communiquée est une force. »

Je fixais ses yeux.

« Suna et moi-même sommes dans une optique de paix avec vous. Et parce que nous le sommes, nous aimerions mettre fin au conflit qui vous oppose au Shukaï, de la manière la plus douce possible. Oubliez le prestige ! Si vous tenez tant que ça à montrer que Kumo a des shinobis avec des grosses couilles, l’idée d’organiser un examen chûnin entre plusieurs nations peut être une solution. Les nations mettraient ainsi leurs divergences de côté pour s'affronter uniquement dans l'arène. »

Les langues se déliaient enfin et l'attention de Snow était quasi palpable. Il avait le regard fixé sur Nuzuro, sans un clignement de paupière, l’œil plongeant sur lui comme s'il le regardait de beaucoup plus loin qu'il ne l'était. Les informations que lui fournissaient le sunajin étaient pour lui d'autant de pièces d'un puzzle à rassembler pour confirmer les intentions des uns et des autres autour d'un même point gravitationnel.
Calculateur qu'il était, chaque fois qu'il apprenait quelque chose de nouveau, il se taisait, pour attendre la suite, tout en faisant ses propres déductions, et en analysant ce qu'il lui manquait. Snow qui n'était pas vraiment quelqu'un d'important se voyait désormais enfin en mesure de saisir plus aisément les aspirations des villages, de leur dirigeants respectifs. Avec cela il devait maintenant se montrer assez fin pour tout faire coller à ses propres ambitions sans éveiller le moindre soupçon. Il n'était pas véritablement attristé d'apprendre la mort d'un Sunajin dans les geôles de Konoha, c'était cependant les circonstances de cette mort qui l'attristait. Il avait beau tenté le plus souvent de refréner ses idéaux de noblesses, mourir au fond d'un cachot était pour lui dramatique pour un guerrier. Surtout il apprenait les problèmes relatifs autour du gène qui devait être en cause de cet événements, du moins en partie.

La perte d'un élève devait être comme la perte d'un enfant, et il avait assez d’empathie pour éprouver une certaine compassion quand il voyait le Sunajin touché par le meurtre. Car il s'agissait bien d'un meurtre. Il était cependant mécontent d'apprendre qu'il comptait insister sur la paix entre le Shukaï et Kumo. Si Snow dans son impassibilité ne montrait rien de ses doutes, intérieurement il n'ignorait pas que sur ce plan il n'avait pas le moindre pouvoir. Encore trop peu d'influence. Kumo était en pleine métamorphose depuis la rébellion, et certes, sur ses propres conseils qui le firent gagner en influence, mais pas encore au point de décider à lui seul de la politique de Kaminari.

Le fameux thé aux épices fut apporté à Nuzuro, tel qu'il l'avait demandé et ce par Luka qui avait des manières d'une gouvernante de grande maison. Après avoir fréquenté les shinobis de renommée elle avait été dans une maison noble de Tetsu elle savait donc exactement comment se conduire pour satisfaire les invités. Mais cette petite anecdote n'avait aucune importance au milieu de la conversation déjà bien entamée. Ce qui importait, c'était que Snow découvrait l'extorsion de Konoha à Suna. La technologie Saibogu était l'une des cibles de Snow, mais il comptait la prendre à l'aide d'un accord profitable entre les deux parties. Là il s'agissait ni plus ni moins de vol.

La situation de Suna aux yeux de Snow était aussi claire qu'elle pouvait paraître désastreuse, et que Konoha cherchait à monter en puissance, bien au-delà de ce que l'équilibre entre les villages permettrait pour la paix lui était insupportable. Snow souriait quand Nuzuro terminait. Un sourire qui contrastait avec la situation et la teneur des nouvelles qu'il venait d'apprendre. Ce n'était pas que Snow ignorait la gravité de la situation, mais qu'il y voyait tout de suite les moult avantages à en tirer. Le sourire était également sincèrement compatissant, car il savait que Suna n'était probablement pas seule responsable de sa situation. En effet, quand bien même c'était Konoha qui imposait son dicta, prenant soin de négocier la paix alors qu'elle était en position de force (comme c'est malin), il n'oubliait pas que le précieux allié Shûkaï n'avait pas levé le petit doigt. Il trouvait d'ailleurs étonnant que Konoha ne soit jamais inquiété de se précieux allié de Suna qu'elle avait dans le dos, il y avait de quoi suspecter une sourde entente entre les deux nations.

Snow répondait donc, à la convaincu et bassement, pour que ne pas sembler agressif en paraissant pourtant assuré.

-Si j'étais à votre place, je ne saurais refuser cette paix avec Konoha. Mais pas sans intention. Je fournirais des technologies Saibogu, mais des technologies sabotées. Je laisserais Konoha m'avaler sans broncher. Parce que mes coups ne viendraient plus de l'extérieur, mais de l'intérieur. Et c'est beaucoup plus facile de frapper de l'intérieur, en grignotant patiemment la chaire de la bête qui aura voulu me dévorer. En somme je ferais la paix pour préparer la guerre.

Le sous-entendu de Snow étaient-ils assez claire. Il n'avait rien à faire dans la politique de Suna, mais que ce pays soit soumis au pays de du Feu le mécontentait sérieusement, et il espérait bien que ces futurs alliés ne deviennent pas une province d'empire au même titre que Kiri pour le Shûkaï. Ce qu'il proposait était assez claire, se laisser avaler en apparence pour les détruire de l'intérieur dans l'ombre.

-J'ai d'autres points de vue que les villages sur la conquête. Je crois que si une alliance réelle entre tous les villages il doit y avoir un jour, elle ne peut venir que de l'intérieur.

Snow fixait plus intensément encore Nuzuro, il s'agissait là d'un teste, de jauger la réaction du Sunajin. La proposition était à peine voilée et il était certain que son interlocuteur aurait pourtant parfaitement comprit ce qu'il venait de proposer en réalité.

-Je compte moi aussi profiter des aptitudes de vos clans, mais pas sans une contrepartie à balancer sur la table. Je me suis figurer qu'une collaboration entre nos deux villages permettrait la création d'une arme capable de contrebalancer la puissance Shinobi d'un village. Une arme que nous serions seul à posséder. Officiellement cette entente ne serait que technologique, et protégée par un pacte pour qu'elle ne puisse pas être donnée aux Konohajin où à qui que ce soit d'autre. Nos clans pourraient aller dans nos villages respectifs dans le cadre de cette collaboration. Je préconisais un traité commercial également. Plus officieusement, je vous propose une aide contre Konoha le moment venu, si tant est que vous en ayez le besoin et l'envie. Une alliance militaire est envisageable de toute façon, mais je crois que vous voudrez opposer vos termes.

Voilà qui était plus clair venant de la part de Snow. C'était bien moins subtile que les premières propositions voilées, mais c'était également ce pourquoi il devait officiellement négocier avec Suna. Le partenariat des clans des deux villages pour la création de la fameuse forteresse volante, "des" forteresses volantes même. Bruit de couloir que les Kadoria ont affirmés pouvoir réaliser s'ils avaient l'aide des Saibogu.

J’en avais bien assez dit à Mr Snow sur la situation de Suna vis-à-vis de Konoha pour le moment, il me semblait néanmoins que donner de l’information était un pas vers une relation stable. Comme cela, on se rendait compte que les choses étaient dites, et que l’on ne cachait pas les infos de manière grossière. C’était un peu comme imaginer deux amis de longue date qui se mentiraient sur certaines choses et verraient au fil du temps leur relation s’effondrer pour aller jusqu’à toucher le fond.
Je dégustais quelques gorgées de ce merveilleux thé épicé qui m’avait été servi par la jolie jeune femme que j’avais remercié. Ses saveurs explosaient en bouche, j’en fermais les yeux une bonne seconde avant de retourner en plein dans la conversation en cours avec le Consul Snow. Plusieurs sujets étaient donc abordés, et je m’efforçais de répondre d’abord à l’ébauche de plan concernant Konoha.

« Merci je prends note. Ronger Konoha de l’intérieur serait une belle idée ma foi. Mais je ne pense pas pouvoir prendre cette décision à la place de Suna. Qui plus est, si je devais m’en prendre à eux, je ciblerai seulement les têtes qui m’intéressent. Est-ce là mon but ? Notre but ? … »

L’enchaînement était perfecto, car Snow lançait une proposition à la fois claire et sous-jacente sur une alliance « vraie » entre tous les villages qui viendrait de l’intérieur de ces derniers. Ses yeux me fixaient sans gêne, je le fixais en retour, ne laissant rien paraître. À vrai dire, c’était même une proposition agréable à entendre plutôt qu’une mauvaise surprise. Pourtant, il passa bien vite à quelque chose d’autre, comme s’il semait là une graine parmi d’autres pour aiguiser mon attention au fur et à mesure.

« Je crois que nous nous entendons sur la collaboration entre nos deux villages. Il faut aller dans ce sens. Parler d’arme secrète est cependant légèrement précipité, le chemin à parcourir pour en parler aux concernés, et convaincre les représentants Saibogu de marcher pour un tel projet serait somme toute assez long. »

De plus je n’étais pas un partisan de la création d’armes destructrices. Ces dernières étaient faites pour enlever la vie à de nombreuses personnes, et n’était-ce pas ce que je combattais ?

« Parlez-vous d’une arme à grande puissance ? Si tel est le cas, Suna n’a pas pour but d’enlever la vie au plus grand nombre de ses ennemis. Rien qu’à mon échelle, je considère que l’ennemi n’est pas forcément notre semblable shinobi de l’autre côté des frontières, même si certains ne méritent pas la vie après leurs actes, mais plutôt celui qui s’en prendra au monde où nous vivons tous ainsi qu’à ceux qui le peuplent. »

Temps de pause.

« Je ne sais pas si cet ennemi existe déjà, mais telle est ma position pour le moment.
Si nous sommes d’accord sur une alliance morale, commerciale, et militaire entre nos deux villages et nations, nous aurons tout le temps de décider de projets en commun avec nos dirigeants. Je n’attends qu’une chose, c’est de rapporter cela à Suna, pour vous compter parmi nos alliés. Une fois cela fait, soyez assurés qu’au vu de la nature de notre alliance, vous serez un allié privilégié comparé au village de Konoha. »

Il y avait tout de même cette alliance avec le Shukaï qui posait problème car elle viendrait peut être gêner la présente proposition.

« Cela vous poserait – il un problème si l’alliance de Suna et du Shukaï perdure malgré vos différents avec eux ? Je pose la question maintenant, sachant que nous la poserons aussi aux concernés bientôt. »

C’est aussi à ce moment que je répondis au genin Sumasu qui n’avait pu s’empêcher de poser une question et qui portait un discours qui ressemblait presque à celui de Tetsui de son vivant.

« Je te l’accorde tu dis vrai. Mais un examen entre villages cause moins de morts qu’une guerre longue de plusieurs mois, ou années. En tout cas quand il se déroule au mieux. L’exemple de celui à Suna n’est pas le meilleur, je le sais, j’ai repoussé moi-même les forces du Kahio-Sha avec mes kuchiyoses pour protéger certains genins peu importe leur village d’appartenance. »

Je laissais mes deux interlocuteurs réagir à leurs tours.

Collé contre le dossier de son fauteuil, Snow se trouvait cette fois dans la posture de l'écoutant et du contemplatif. Il y eut d'abord l'intervention de Sumasu qu'il ne refrénait pas, car quelque soit son opinion sur les sujets et les propositions qu'il évoquait, il trouvait dans le dialogue encore plus de matière à analyser. Une matière qui concernait la moralité et la mentalité du Sunajin avec qui il devait traiter.
On pouvait dire que le courant passait bien entre les deux hommes, qui ne manquaient ni l'un ni l'autre de lucidité et d'habileté. Snow restait très à l'aise et portait sans cesse ce regard avenant et sondeur à son interlocuteur. Il traduisait l'attirance qu'il avait pour le village de Suna et la séduction jumelle de son charme qui se voilait derrière ce regard aux yeux bleus remplit d'innocence. Le paradoxal était alors plus flagrant sans doute pour un regard extérieur. Car Snow, même alors qu'il était coupé par Sumasu, avait décelé chez Nuzuro l'envie de satisfaire certains projets et certaines ambitions. Un échange de sourire s'opérait, tandis que l'un et l'autre se parlaiten du regard comme l'auraient fait deux vieux amis.

Ce n'était pas pour autant acté dans tous les sens du terme. Premièrement concernant l'examen Chunin, une tradition de Shinobis et de villages cachés qui Snow n'appréciait que de loin et très moyennement. Samouraï qu'il était, c'était sur le champ de bataille qu'il avait obtenu son rang et non par le soin d'examinateurs parfois moins talentueux que les élèves qu'ils jugent. Préférant les faits et le pragmatisme, Snow n'était pas contre l'idée d'un examen pour des raisons de pertes ou de traditions tribales et bancales, mais simplement par prévision d'un terme qui échant, pourrait éveiller de malencontreux soupçons dont aucun des partis n'avaient alors besoin. La voix toujours mélodieuse, qu'il mêlait à l'aura pleine de bienveillance et de chaleur humaine faisait la réponse de son pragmatisme et de la vision qu'il avait de la situation, du moins sur la question de cet examen.

-Un examen inter-village entre Suna et Kumo éveillerait les soupçons de Konoha et du Shûkaï. Je préfère que nous nous abstenions de leur donner quelques doutes sur nos relations pour le moment. Ce qui se passe ici, ce qui se dit, pour notre bonne entente et la réussite de tous nos projets, ne doit pas sortir des sphères compétentes de nos villages respectifs. Quant à un examen avec le Shûkaï et Kumo, c'est tout bonnement impossible. J'en suis navré mais cette tradition est vouée à disparaître un jour. De même que je préfère éviter de montrer les talents de nos hommes à un village qui n'attends que le moment de nous broyer.

Un brin d'avertissement subtilement suggéré là. Le secret était de mise, et quoi que la confiance réciproque était sur une très bonne voie, il était admissible que l'un et l'autre se méfie tant que rien de concret n'aurait opéré. Les réponses qui suivirent furent un mélange d'accord et de prudence aux oreilles de Snow. Le Sunajin était en effet en train de couvrir ses arrières tout en laissant une grande porte ouverte à Kumo, sans compter qu'il se déchargeait d'une capacité décisionnaire que Snow aurait beaucoup aimé le voir posséder. Quoi qu'il y avait certaines décisions qui lui appartenait et il en avait d'ailleurs comprit une lourde partie.
Il y avait Sumasu de présent, qui empêchait Snow de parler tout à fait librement. Cependant il remarquait que Nuzuro savait capter absolument tous les messages sous-jacents de son discours jusque-là et Snow décidait de se servir de cela dans la réponse qui viendrait.

-Je ne suis pas présent ici pour vous forcer la main dans vos relations avec le Shûkaï. Votre situation est problématique et conserver un allié de poids sur les arrières de Konoha est pour vous une nécessité que je ne saurais vous blâmer de vouloir conserver. Une alliance de tous les villages ne peut venir de toute façon des hautes sphères de la hiérarchie militaire, nous le savons tous les deux. Je ne faisais qu'une suggestion concernant votre situation, mais vous savez, cela vaut pour de bien nombreux problèmes. L'ennemi de l'intérieur qu'on ne voit pas est très, très, dangereux.

Un sourire s'esquissait sur le visage de Snow, le rendait plus radieux encore qu'il ne le paraissait naturellement. Il perçait du regard celui de Nuzuro, qui le supportait sans difficulté, probablement parce que comme Snow le faisait, il trouvait dans ces pupilles un discours bien plus clair que ce que les mots voulaient bien avouer.

-Une arme ultime, cela n'existe pas. La forteresse volante est un moyen de déplacement que nous aurons le loisir d'élaborer si le traité d'alliance acté le permet. La collaboration des clans en vue d'écraser la suprématie d'un belligérant doit devenir la priorité des villages, et ce, que l'initiative viennent des hauteurs ou... des bases. L'équilibre des nations ne peut venir que d'en bas. Tous les esprits, ne sont pas tournés vers la conquête, certains idéaux étouffés par la guerre réclament justice. Nous nous entendons parfaitement je crois, et il me parait très claire que non seulement nos villages, mais nous-mêmes, savons vers quoi nous nous tournons. Pour vous répondre Nuzuro, mon ennemi n'est pas une personne, mon ennemi c'est une idée que je ne peux hélas décapiter d'un coup d'épée. Les armes que je m'emploie à utiliser sont bien plus subtiles et requièrent l'entente de personnages lucides et discrets à la fois.

Très clairement, l'idée de l'organisation secrète et sous-jacente à cette alliance était en cause dans le discours que Snow venait de tenir. Il dévoilait là l'une de ses ambitions les plus secrète et les plus irrépressible de ses projets. L'ennemi n'étant plus les villages en eux-mêmes, mais leurs actes. La paix était-elle la pointe visée ? Pas tellement, la paix ne saurait exister dans un monde où l'économie de guerre prévaut. Cependant il n'était pas impossible d'y inclure une certaine dignité. La perfection selon ce que Snow s'était fait d'idée. Mêlée la lumière et l'obscurité étant une métaphore bien difficile à saisir mais qui pourtant trouvait un sens concret entre ses mains. Il prenait un risque, calculé certes, mais un risque tout de même. Déjà il se figurait devoir aider Suna à se libérer de l'emprise de Konoha et Kiri de celle de Shûkaï. Que de projets bien difficiles à mettre en oeuvre, mais il était semblait-il sur le bon chemin.

-Il me semble à moi également que nous sommes d'accord en tout point et vous m'en voyez ravis. Je transmettrais au conseil régent les projets et les accords de cette entrevue pour que nos supérieurs puissent y donner des formes concrètes. Soyez certains que vos épreuves seront partagés par Kumo et que nous ne laisserons pas nos alliés devenir une annexe de la politique de suprématie Konohajin.

Un dernier mot, qui voulait tout dire. Le sort en était jeté.

Bon, il était clair que l'option que j'avais envisagé à propos d'un examen inter-village n'était pas la meilleure, ni la bonne à adopter. Mais elle avait ses points positifs comme ses points négatifs. Dans les derniers, le simple fait de pouvoir éveiller des soupçons avait coupé court à mon idée.

« Mmhm, vous avez parfaitement raison. Et soyez sûrs que n'irai pas parler de cette entrevue à quelqu'un que ça ne regarde pas. Ce qui est normal. »

Petite précision pour répondre à une inquiétude qui me semblait être là de manière sous-jacente. La conversation suivait son cours, les réponses étaient données, qu'elles soient miennes ou de la part des kumojins...

« Je crois voir où vous voulez en venir Snow. Vous combattez une idée, j'en combats une aussi. À mon sens, les idées peuvent toutefois s'incarner dans des hommes qui décident de les porter ou de les incarner. Dans n'importe quelle entité d'ailleurs. Destruction, haine, pour ne citer que les plus basiques... »

Je ne répondis rien concernant la nécessité d'user de moyens subtiles et de s'entendre avec des personnages lucides et discrets à la fois. C'était sans doute une description brève du type de personnes dont il voulait composer cette « alliance » souterraine qu'il me semblait déceler dans ses propos depuis le début de notre discussion.
La fin de notre entrevue diplomatique arriva enfin quand Snow disait qu'il était ravis que nous soyons d'accord sur plusieurs points. Il allait transmettre les informations à son conseil régent, et il allait de soi que j'en ferai de même. En bonus, il m'assurait oralement qu'ils ne nous laisseraient pas devenir une annexe de la politique de suprématie konohajin.

« Perfecto. Je tiendrai informer mes supérieurs et mes collègues compétents moi aussi de mon côté. Entre ce qui a été dit et souhaité, et ce qui en résultera, il pourra y avoir des différences et des changements, nous le savons tous les deux. »

Mais je le lui rappelais tout de même, et ça meublait la conversation parfaitement.

« Soyez-sûrs que Suna ne se laissera pas avalé par Konoha. » dis-je de manière détendue.

La conclusion était donc faite. Ruri n'était pas intervenue, tout comme Doku de son côté. Ils étaient témoins et donc au courant, mais au courant de quoi ? Des mots n'étaient que des mots, ils ne laissaient pas de traces et rien n'était de toute façon signé. Le Kumojin décida quant à lui de se faire remarquer par rapport à ça. Je l'appréciais bien, il m'amusait.

« Il est vrai... que l'Empire n'est pas l'ennemi le plus loyal qui soit. » dis-je avec le sourire léger. « Un examen ne désamorce pas un conflit militaire oui, en faites il peut soit le retarder et le faire évoluer dans le bon sens, c'est-à-dire jusqu'à sa fin la plus heureuse. Ou alors l'accélérer de manière bien négative. C'est un coup de poker si on veut. ».

Je le laissais avec ça pour seule réponse de ma part. Je ne trouvais pas nécessaire d'en dire plus, ni de m'expliquer. Il comprendrait sans doute. Et puis je n'étais pas du genre à me formaliser pendant des heures sur un même sujet.

« Eh mon gars, ce que tu as entendu ici t'appartient. La raison de ta présence ne me regarde pas vraiment... »

Je me levais de mon fauteuil dans le même temps, puis avisais les kumojins du regard avec amabilité.

« Je crois qu'il est temps de se quitter. Si vous nous le permettez nous prenons congé messieurs. Ce fut un plaisir. »

Quittant la pièce, je rajoutais ceci :

« À bientôt. »