Trois coups de points résonnèrent sur la porte de ma chambre – ou plus précisément du placard à balai – m’extirpant des bras de Morphée, mon seul réconfort dans ce fardeau qu’était mon quotidien. Me relevant péniblement, le corps engourdi à force de dormir sur le sol avec pour seul protection un léger futon, je le pliai proprement et le plaça sur l’étagère à ma droite. Une fois la porte ouverte, je vis le fus ébloui par le soleil estivale. De toute évidence, je ne m’étais pas réveillé et je fus accueillis par une claque de ma mère qui termina de me sortir de mon sommeil.

« Tu as vu l’heure qu’il est ! Mets-toi tout de suite au travail ! »

« Oui mère. »

Disais-je sans broncher. J’étais habitué à ce genre de traitement, à peine avais-je sourciller lorsque je sentis sa main heurter ma joue. Cette main qui, aussi loin que je m’en souvienne, ne m’avait jamais donné de tendresse. Pas une seule fois je n’avais reçu de caresse ou d’amour. Pour tout vous dire, je ne me savais même pas de ce que la sensation que cela pouvait procurer. Un bonheur hors de ma portée, piégé dans cette qu’était la mienne. Ma chambre, qui était en fait le placard à balai, représentait bien ce que je vivais. J’étais un oiseau enfermé dans une cage dorée. De l’extérieur, on aurait cru que je menais une belle vie, mais en réalité, on m’avait démuni de ma liberté.

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Je me réveillai en sueur. Cela faisait plusieurs semaines, vois plusieurs mois que mes cauchemars avaient cessé de me tourmenter. Mes draps étaient trempés, de même que ma peau. Péniblement, je me redressais, posant un bras sur le matelas afin de garder l’équilibre. Me reculant, je calai mon dos contre le mur, ramenant ma main sur mon front. J’inspirai et expirai calmement en vue de me calmer, ce que je parvins à faire après une dizaine de minutes. Une bonne douche se trouvait être le meilleur remède à de telles nuits. Revivre de tels moments me faisait sentir faible, bien que je sache qu’il n’en était rien. Quand une journée commençait ainsi, je ne pouvais m’arrêter de réfléchir inutilement, et puisqu’il s’agissait d’un jour de repos, un petit entrainement se trouvait être une parfaite raison de sortir et de m’occuper l’esprit. Je pris deux beignets fourrés en guise de petit-déjeuner, puis sortit en direction du terrain d’entrainement le plus proche. Le soleil n’était pas encore levé, l’air frais caressant délicatement mon visage crispé.

Il y a un mois de cela, j’avais participé à un entrainement un peu spécial avec Snow, Batz, Akane et Reiichi. Ayant surpris les deux premiers à se battre sur un terrain d’entrainement, Batz m’avait invité à les rejoindre et Snow m’avait ensuite enseigné une technique d’mmobilisation en Genjutsu. A ce moment-là je me rendis compte que je devais également en posséder une en Kinton. Cette journée printanière s’annonçait donc parfaitement adaptée pour mon apprentissage, bien que j’eusse préféré ne pas m’y sentir contraint.

Une fois arrivé, je commençai par faire quelques exercices physiques pour m’échauffer. Quand les premiers rayons du soleil firent leur apparition, je me posais contre un arbre, réfléchissant à la manière dont je pourrai donner former à cette prison de métal. Une immobilisation me permettant à la fois de bloquer les mains de ma cible – lui supprimant ainsi toute possibilité d’effectuer des mudras – me serait d’une grande utilité. Voir même couvrir ses orifices respiratoires pour, après quelques minutes, le rendre inopérant. Au loin, je vis les premières silhouettes apparaître, signe qu’il était temps de commencer les tests. Ne disposant pas de cobaye, je commençai par m’exercer sur l’arbre qui se trouvait derrière moi. Manipuler le métal pour qu’il recouvre une surface n’était en soi pas très difficile, mais le garde consistant – puisque je devais m’en servir sous forme liquide pour recouvrir une surface – s’avérait bien plus difficile que prévu. Après plus d’une heure à tester différentes combinaisons, je parvins enfin à réussir la première étape de mon apprentissage. La suivante est pas des moindre consistait donc à tester ma technique sur une personne vivante. Seul, je ne pouvais compter sur personne d’autre que moi et je décidai donc de m’entrainer sur moi-même, comme j’en avais l’habitude. Mais alors que je fis mes signes et que le métal commençait à prendre forme sur mon corps en partant du sol, la pression qui s’exerça sur mon ma jambe droite s’avéra être bien trop importante et je ressentis une vive douleur qui me fit hurler à la mort. Les os de mon tibia se brisèrent littéralement en deux et je m’écroulais aussitôt sur le sol. Un échec et pas des moindres. Affalé sur le sol, je pris mon courage à deux mains et me fabriqua une canne de fortune en métal sur laquelle je pris appuis pour me relever. L’hôpital se trouvait à plus d’une dizaine de minute de marche, mais c’était ma seule et unique option.

Arrivé sur les lieux, j’entrais dans la salle d’accueil et expliqua à la personne qui s’y trouvait mon état. La femme appela aussitôt un médecin de garde et m’invita à m’assoir sur le banc. La douleur lancinant ne s’atténuait pas et un grognement de douleur se fit entendre lorsque je me baissai pour m’assoir.

« Y a plus qu’à attendre maintenant… »

Après quelques minutes d’attentes – durant lesquelles j’avais poussé quelques grognements de douleurs, malgré mes efforts pour me retenir – un médecin vint à moi avec un fauteuil roulant. Une fois dessus, il me porta jusqu’à une salle de consultation puis m’indiqua qu’un médecin avait été appelé et arriverait donc sous peu. Mon pantalon, imbibé de sang, ne pouvait plus contenir le saignement de ma plaie qui commençait à gouter sur le relève jambe. Le jeune homme devait avoir la vingtaine tout au plus, vêtu d’une blouse bleue et d’un pantalon de la même couleur. Un interne à n’en pas douter, qui partit aussitôt qu’il m’eut amené à bon port. Je bougeais sans cesse ma jambe fracturée, en quête d’une position qui soulagerait mes douleurs, sans grand succès. Fermant les yeux, je pris une profonde inspiration suivie d’une expiration. Répétant l’exercice jusqu’à ce qu’un médecin fasse son entrée. Le jeune homme, qui ressemblait plus à un adolescent à mon goût, se présenta sous le nom de Mizu Ikumo. Pour être devenu médecin à son âge, il devait sans aucun doute s’agir d’un prodige et je me fis la remarque que je devais être en de bonnes mains. Il s’agenouilla à la haute de mon tibia fracturé puis jeta un rapide coup d’œil pour déterminer de la gravité de la blessure. Il m’invita ensuite à enlever mon pantalon puis à m’allonger sur la table d’opération afin de m’ausculter. Les premières fois, je fus gêné d’ôter ainsi mes vêtements. Non pas par pudeur, mais à cause des cicatrices qui couvraient mes cuisses. Reliquats des mauvais traitements subis durant mon enfance. Mais avec le temps, j’avais appris à faire avec, ainsi qu’à ne pas faire ignorer le regard des médecins. Contrairement aux profanes, qui n’auraient vu là que de simples blessures, un œil aguerri n’aurait eu aucune difficulté à y voir la réelle origine de ces marques.

Mes deux mais posées sur les accoudoirs du fauteuil, en équilibre sur ma jambe gauche, je desserrai la ceinture de mon pantalon puis commençai à le faire délicatement glisser sur mes jambes, évitant si possible d’aggraver ma blessure qui avait déjà suffisamment mauvaise allure comme ça. Ikumo m’aida à ôter mon pantalon puis, en appui sur son épaule, je sautillai jusqu’à la table d’examen. Ma jambe maintenant stabilisée, il m’interrogea sur l’origine de ma double fracture tibias péroné en plus d’une plaie ouverte sur toute la longueur du muscle soléaire. Aucun doute, je ne m’étais pas loupé cette fois-ci, une de mes plus belles réussites lors d’un entrainement !

« Je m’entraine... sur une nouvelle technique, une prison en métal qui me permettrai d’immobiliser totalement ma cible... Je m’entraine seul... mmh... et après testé ma technique sur des rochers la prochaine étape est de la tester sur moi-même... Mais j’ai mal dosé la pression qu’exerçait le métal sur ma jambe, et voilà le résultat... »

Un grognement termina de conclure mes explications et Ikumo m’expliqua alors que la guérison allait provoquer une vive douleur.

« Les antidouleurs prendraient trop de temps, allez-y comme ça, ce n’est pas la première fois que je me blesse ainsi, ni la dernière… »

Fermant les yeux, je m’imaginais être chez moi, tranquillement assis dans mon canapé en train de lire un livre. Dans un même temps, j’essayai tant bien que mal de décontracter mon corps afin de diminuer la douleur due à la tétanisation de mes muscles. Mais ces derniers, trop traumatisé par le choc de la blessure, refusaient de m’obéir. Des antidouleurs m’auraient probablement évité de souffrir, mais je voulais retourner au terrain d’entrainement aussi vite que possible. Ce n’est pas une fracture qui allait m’arrêter en si bon chemin !

Je vis le regard du jeune médecin se poser et aussitôt se détourner sur les marques des mauvais traitements subis durant mon enfance. Elles parlaient d’elles-mêmes et il m’était impossible de les cacher. Fut un temps où j’avais hésité à les faire disparaître grâce à l’Iroujutsu, mais ces marques avaient participé à forger la personne que j’étais alors et étaient logiquement devenu un symbole fort. Celui de ne jamais se soumettre, de se battre contre l’adversité. De ne jamais abandonner ses convictions et surtout, de changer ce monde afin que plus jamais ce genre de traitement ne puisse rester impuni. Mais avant de changer le monde, il me fallait commencer par mon propre clan. Et pour se faire il me fallait devenir plus puissant. Ikumo me plaça une intraveineuse qui, selon ses dires, allaient améliorer l’efficacité de sa technique de soin, accélérant le processus d’ossification et ainsi ma guérison. Les gestes du Mizu transparaissaient toute sa maîtrise et ses connaissances médicales. Malgré son jeune âge, Ikumo devait avoir une solide expérience en tant que médecin et pour sûr il pourrait devenir un jour un grand Iryô-nin (医療忍). Le moniteur allumé, réglant le flux de la perfusion dont il régla le dosage, l’opération pouvait enfin commencer. Ikumo m’avertit de ne pas interférer avec son chakra au risque de rallonger les soins voir d’aggraver ma blessure.

« Je sais. » Disais-je simplement en restant de marbre.

Je me concentrai pour entrer en méditation, ce qui m’aiderait à supporter la douleur que j’allais devoir subir. Ikumo commença à insérer son chakra dans ma jambe et je sentis les bouts d’os brisés se déplacer vers l’os central afin de fusionner avec lui. Ma jambe et plus généralement mon corps resta décontracté. Dans mon esprit, je me trouvais déjà sous la cascade qui composait mon rêve. Devant moi, un gouffre avec de chaque côté la terre. Face au vide, je restai calme, impassible. L’eau fraiche coulait sur mon corps et continuait son chemin plus bas dans le ravin. A ma gauche se trouvait ma maison, une petite bâtisse simple, composé de deux pièces dans laquelle je venais parfois pour méditer. Il ne s’agissait là pas d’une simple illusion, mais de mon illusion, mon sanctuaire intérieur. Celui dans lequel j’allais pour réfléchir et m’isoler. Celui dans lequel je trouvais du réconfort et de la tranquillité. La douleur me rappelait à l’ordre, ne cessant de m’attaquer et de tenter de m’extirper de mon monde. Mais je ne cédai pas et rester calme. Ma respiration était parfaitement contrôlée et mon corps léger. Je sentai bien évidemment la douleur, mais je parvenais ainsi à l’occulter, à la rendre supportable.

Après plus d’une demi-heure d’opération, j’entendis Ikumo m’avertir qu’il avait bientôt terminer. Il essaya de me distraire en m’invitant à parler de la technique sur laquelle je m’étais entrainé et qui avait causé ces blessures. Il me fallut deux bonnes minutes pour pleinement retrouver mes esprits, m’extirpant de mon illusion pour renouer avec la réalité. En pleine possession de mes moyens, je sentis alors toute la douleur revenir en moi. Plissant les yeux, serrant les dents, je veillai néanmoins à rester décontracté, déchainant toute la rage qui découlait de la douleur dans mes poings.

« Je cherche à créer une technique d’immobilisation en Kinton. Enfin, j’en ai déjà une mais comme vous pouvez le voir il s’agit également d’une technique visant à blesser voire tuer ma cible. Hors j’aimerai simplement me contenter de bloquer ma cible en occultant l’aspect offensif. »

Je sentis alors mes os brisés ne faire qu’un et la douleur s’évaporer peu à peu.

« Merci pour tes soins, je sais que techniquement je devrai me reposer mais… J’aimerai que tu me permettes de repartir directement. »

Malgré ma position hiérarchique par rapport au Genin – ou Chunin – il s’agissait là d’un sujet médical sur lequel il avait toute autorité sur moi et je ne pouvais donc logiquement lui forcer la main. En vérité, j'aurai pu insister et passer outre ses recommandations, en usant de mon grade et de mon autorité, mais j’avais trop de respect pour m’y abaisser.

Le jeune homme prit quelques secondes pour réfléchir. Saisissant le porte document sur lequel était inscrit mes informations, il le relu rapidement puis hésita quelques instants sur la marche à suivre. Un silence s’installa. Toujours allongé, je me tenais sur mes deux coudes, relevé pour mieux observer celui qui venait de me soigner. Une vingtaine de seconde s’écoulèrent avant qu’il n’attrape le stylo dans la poche de sa blouse et ne commence à écrire sur un papier d’ordonnance. Ikumo me prescrivit des médicaments qui aideraient mes os à complètement se rétablir. Bien que guéri, je devais surement avoir encore quelques fêlures qui, si on ne faisait rien, pourrait recasser si je continuais à m’entraîner ainsi. J’avais donc interdiction de partir en mission avant la fin du traitement, même si cela n’était pas indiqué sur l’ordonnance, un geste de la part du Mizu que j’appréciai et dont je me souviendrai. Il apposa sa signature en bas de la page puis me tendit la feuille que je pliai et plaçai quelques instants plus tard dans la poche de ma veste. Mon pantalon retourné sur mes jambes, je me levai et me rhabillai. Le Shinobi me proposa de l’attendre une dizaine de minute – durée après laquelle il aurait terminé son service – pour m’aider à réaliser ma technique. Ainsi il possédait une prison aqueuse et dans un même temps s’entraîner. Sans hésiter, je lui adressai un sourire et lui répondis.

« Ce serait avec plaisir. Que dirais-tu de faire un combat une fois ma technique peaufinée ? Bien-sûr, je ferai attention à ma jambe. Je t’attendrai à l’acceuil. »

Ikumo acquiesça puis sortit de la pièce. Une fois ma veste sur mes épaules, je sortis à mon tour et me dirigeai vers l’accueil où je trouvai un banc sur lequel m’assoir. Ma jambe ne me faisait plus trop souffrir, bien qu’une légère douleur – sûrement due au traumatisme que mon corps venait de subir – continuait à me lancer. Cependant, ce n’était pas suffisant pour me faire boiter et je souris à l’idée que je pourrai continuer mon entrainement, qui plus est avec un nouveau maître. La différence d’âge ne me dérangeait aucunement, comme il en avait été avec Akane, jeune femme talentueuse qui fut mon maître et à laquelle j’appris à mon tour une technique. La bataille pour Shimo no Kuni approchait à grand pas et il fallait que je sois prêt pour cet événement qui, je le savais, allait changer ma vie. Impatiente et crainte se mêlait donnant une excitation que je peinais parfois à dissimuler. Comment était mon pays après tout ce temps ? Parviendrons-nous à défaire la Daimyo ? Combien de victime y aurait-il ? Autant de questions qui se répétaient dans mon esprit sans trouver de réponse.


Après une quinzaine de minute, je vis le jeune homme apparaître de derrière un couleur. Ayant troqué sa bouse pour une tenue plus décontractée, il m’invita à ouvrir le chemin. Ainsi nous nous dirigeâmes vers le terrain d’entrainement, avec l’espoir cette fois-ci de réussir à mettre au point ma technique.

Ikumo, en plus d’avoir changé de tenue avait également changé de posture. Arborant un grand sourire, ses mains sur la nuque il me confia avoir vu sur mon dossier mon rang. Etant plus tourné vers le soutien, en plus d’avoir un rang inférieur, le Mizu craignait de ne pas avoir à m’opposer de grande résistance. Quant à moi, je ne comptais pas le combattre aujourd’hui, s’aurait été inconscient de ma part avec un jambe dans cet état. Mais je saurai m’en souvenir pour un jour prochain. Dans ma vie de shinobi, j’avais eu peu d’occasion de combattre des Irou-nin. Affronter Ikumo serait ainsi une expérience bénéfique, autant pour moi que pour lui.

La fraîcheur du matin était palpable et l’on pouvait voir la rosée printanière sur les arbustes nous entourant. Le soleil se levait à peine, ses rayons caressant notre peau encore endormi. Le village était encore bercé dans la pénombre matinale, lui donnant une saveur toute particulière. Ikumo s’éloigna quelques instants puis commença à s’échauffer. Je fis de même et nous nous retrouvâmes quelques instants plus tard afin d’attaquer les hostilités. Le jeune homme prit les devant et décida de me montrer sa prison aqueuse. Un brin surpris – agréablement surpris – par tant d’élan, je m’écartai et me plaçai légèrement sur le côté pour mieux observer la scène. Saisissant un rouleau de sa sacoche, le Mizu l’ouvrit et en sortit un épouvantail en bois. Particulièrement usé, ce dernier devait lui servir depuis longtemps. Jamais je n’avais vu de spécialiste de ninjutsu s’en servir, étant plutôt destinés aux entrainements au corps à corps ou aux armes. Après quelques mudras, il approcha sa main du pantin de laquelle sortit une vague qui entoura en instant le mannequin. Aussitôt formée, il la conserva quelques instants puis retira sa main ce qui la fit exploser. Ikumo répéta l’opération une seconde fois puis m’expliqua que le secret résidait dans l’adaptation de sa prison à son adversaire. Il fallait également la faire suffisamment grande pour ne pas broyer la cible, ce qui bien qu’évidemment n’était pas facile.

« Concernant la sphère, c’est mal adapté à mon élément qui est le métal, je fais en sorte de rendre le métal liquide pour qu’il recouvre la cible, ainsi que ses mains et sa bouche – afin d’empêcher toute action de sa part et au final de l’asphyxié. Je possède déjà une technique d’immobilisation, mais comme tu as pu le voir elle n’a pas la même finalité. »

J’effectuai aussitôt quelques mudras et du métal apparu du sol et recouvrit le mannequin du Mizu. Le mannequin fut aussitôt broyé et lacéré de toute part au fur et à mesure que le métal gagnait du terrain. Les craquements du bois s’enchainèrent jusqu’à l’épouvantail se brise littéralement en deux. Aussitôt, j’effectuai d’autre signes et frappa le sol de mon pied. Un épouvantail de métal remplaça celui qui se trouvait maintenant au sol en deux parties.

« Si celui-ci ne te conviendrait pas, je te rachèterai un épouvantail en bois. Mais au moins, tu risques de mettre plus de temps à l’abimer. »

Je n’avais même pas pensé au fait que cela puisse déranger le Mizu, maladresse de ma part qui me définissait parfaitement. Je repris ma concentration puis fit les signes pour effectuer une simple immobilisation, en essayant de ne pas appliquer trop de pression à ma cible. Le métal coulant partit une nouvelle fois du sol et recouvra peu à peu le mannequin, les bruits de frottement et de pression pouvaient se faire entendre, signe que la technique était encore trop violente. Bien qu’utile, je ne pouvais savoir quelle pression j’appliquais à ma prison de métal et donc je devais obligatoirement passer par des tests sur moi-même. Je réitérai l’opération, encore et encore ajustant constamment la pression en la réduisant au minimum sans pour autant la rendre nulle. Ma maîtrise du métal s’était particulièrement amélioré ces derniers mois. Tous ces entrainements, jours après jours commençaient par payer. Plus je m’entrainais, plus je prenais plaisir à contrôler ainsi mon Kekkei Genkai, ne faisant que renforcer le doute que je nourrissais depuis quelques semaines.

Après une dizaine d’essai – en veillant à appliquer le deuxième conseil du Mizu – j’estimai qu’un test plus concret s’imposait et j’indiquai à Ikumo que j’allais effectuer la technique sur moi-même.

«Il se peut que tu doives encore une fois me réparer. » Disais-je sur un ton léger.

Les yeux fermés, prenant ma concentration, j’effectuai les signes correspondants à la technique et fit apparaître du métal qui vint aussitôt recouvrir ma jambe gauche, histoire de ne pas blesser deux fois la même jambe. La pression qui s’y appliquait était trop importante, mais pas assez pour gravement me blesser. Relâchant ma prise, le métal laissa apparaître mon pantalon en lambeau ainsi qu’un bleu recouvrant une bonne partie de ma cheville et de mon tibia.

Une blessure de plus n’allait pas changer la donne. J’étais plutôt fier d’être parvenu ainsi à limiter l’étreinte de ma technique, bien qu’elle soit encore trop forte. Le Mizu s’abaissa au niveau de ma jambe et y appliquer de léger soin afin de résorber l’hématome. Tout en s’effectuant, il m’expliqua que je devais bien visualiser la forme de ma prison en la calquant si celle de ma cible et en l’agrandissant légèrement afin que cette dernière rentre dans ma technique comme dans un moule.

« Laissé dépasser la tête dépend de la situation. Si c’est un adversaire que j’ai besoin de battre, l’asphyxié pour le faire tomber dans le coma peut s’avérer être un atout. Au contraire si je veux juste l’immobiliser mieux vaut le laisser pouvoir respirer comme tu l’as suggéré. »

Le Mizu acquiesça puis créa un clone aqueux de ma personne, mais légèrement plus grande pour que je puisse y rentrer. Ne me restait plus qu’à continuer tout en gardant ses conseils en tête jusqu’à ce que je parvienne à mon objectif. Ikumo partit s’entrainer de son côté et je continuai à répéter ma technique sur mon pantin de métal. Mes premiers essais étaient dans la continuation du dernier, légèrement trop serré. Mais après une dizaine de fois, je parvins enfin à un mélange entre résistance et constriction acceptable. Le Mizu m’avait proposé de tester la technique sur lui, mais je préférai dans un premier le faire sur moi-même. Moins de risque, et surtout il était plus « sage » de me blesser moi-même que de briser un jeune Genin ou Chûnin en mille morceaux. Mes signes de mains effectués, le métal jaillit du sol et commença progressivement à recouvrir mes jambes jusqu’à parvenir à mes hanches et vint s’arrêter au milieu de mon torse. La pression était plutôt équilibrée, un brin trop important par endroit mais rien de grave. L’adversaire serait dans l’incapacité totale de bouger sans pour autant se retrouver blessé et c’est tout ce qui comptait. Le deuxième test fut tout aussi concluant et je décidai donc de me diriger vers le Mizu pour tester ma nouvelle technique sur lui, laissant mon pantin de métal sur les lieux, où Ikumo pourrait le sceller et le conserver.

Debout au milieu d’un lac, il s’entrainait à modeler des bâtiments à l’aide de sa maîtrise de l’eau. Le plus dur résident non pas dans le contrôle de l’eau en soi, mais en la conservation de la forme prise, puisque étant un élément instable, il était difficile de laisser l’eau sous une forme précise. Un simple mudras suffit et je concentrai du chakra sous mes semelles puis m’avançai sur l’eau.

« Je pense que c’est bon. Tu peux rester là mais je pense qu’il est plus prudent de tester ça sur la terre ferme. »

Le Mizu me rejoignit puis nous nous dirigeâmes vers le bord du lac où nous prirent position. Je lui fis signe puis commença mes mudras. Le métal sortit du sol et recouvrit rapidement le Mizu jusqu’à ne laisser que sa bouche et son nez d’apparent. On aurait dit un homme emprisonné dans un moule de métal. Sous la surprise, son visage déformé donnait une sensation malsaine et je ne tardai pas à relâcher ma technique, satisfait du résultat.

« Merci pour ton aide, je vais encore avoir besoin de pratique mais j’ai saisis le principal. Que dirais-tu de nous revoir un jour pour nous entrainer ? J’aimerai bien voir ce dont tu es capable en combat. Bien qu’en tant que ninja médecin, tu doives rester en arrière tu seras tôt ou tard confronté à un ennemi. »

Sur ces mots et la réponse du Mizu, je me courbai légèrement en signe de respect puis tourna les talons et partit du terrain. Mes jambes me faisaient souffrir et je boitais légèrement, mais j’étais satisfait de cette matinée bien remplie.