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Beaucoup de choses s'étaient passées depuis la dernière fois que j'avais vu Ema. Après la disparition de son mari, elle s'était elle aussi subitement envolée avec son fils. Il se disait également que Matsuno Yamuro avait été soigné de sa folie, qui plus est par nos ennemis du Pays du Feu. Mais l'opportunité de faire le point sur cette affaire arriva bien assez tôt, les Matsuno ayant informé Suna qu'ils rentraient d'eux-mêmes et le plus vite possible. Dès la réception de cette missive, le Régent avait mis en place toute une organisation pour accueillir - ou intercepter, selon le point de vue - les deux Shinobis. Leur chakra fut repéré par nos tourelles Saibogu dès leur entrée sur le territoire. Mais contrairement à ce qui avait été annoncé, seul le couple foula le sable de Kaze no Kuni ; leur enfant n'était pas avec eux.

Quant à moi, je n'avais pas été réquisitionnée pour faire partie de l'équipe qui attendrait le Kazekage déchu aux portes de la Capitale, mais pour m'occuper de sa femme qui devait rentrer directement à Suna. Je ne savais pour quelle raison, mais Ogami avait pensé que j'étais la plus apte à remplir cette mission. Je n'avais jamais mené d'interrogatoire auparavant, et même si cela n'en était pas vraiment un dans les règles, j'étais quand même censée poser quelques questions à Ema. Et pour éviter qu'elle soit traitée comme une déserteuse ou comme une criminelle, il valait mieux, en effet, que je m'en charge.

Auparavant, j'aurais condamné n'importe quel déserteur de la même façon, qu'importe ses raisons ou son statut. Aujourd'hui, je me trouvais dans des situations qui m'amenaient à revoir ma façon de penser. Tout d'abord avec le jugement de Yamada Kioshi, qui avait déserté par amour, et maintenant Ema... pour la même raison. Je savais bien que ma relation avec Kazushi y était pour quelque chose. Ma propre vie privée modifiait mes directives de Shinobi, même si je m'étais promis que cela n'arriverait jamais. Les lois des hommes ne signifiaient plus rien devant les lois du coeur.

Quand je fus informée de l'arrivée d'Ema au village, je pris d'abord le temps de préparer quelques affaires avant de me rendre dans la pièce sécurisée où elle se trouvait. Puis une fois sur place, je pénétrais dans la pièce les bras chargés de deux sacs et d'une bassine d'eau chaude. Je posais le tout sur la table se trouvant au centre de la pièce, puis congédia les gardes qui étaient entrés, fermant la porte derrière eux. Je me tournais ensuite vers la kunoichi et la salua avec respect. Je sortis du premier sac du savon, une serviette ainsi que des vêtements propres que je posais délicatement à côté de la bassine, prête à détourner pudiquement les yeux si Ema décidait de s'en servir. Je vidais ensuite le deuxième sachet, qui contenait de quoi boire et se restaurer. Mais avant toute chose, il y avait une chose que je devais lui demander ; je sortis mon habituel carnet et écrivis le message suivant :

« Êtes-vous blessée ou avez-vous besoin de voir un médecin immédiatement ? »

Ruri hocha la tête en réponse aux remerciements d'Ema. Mais il ne fallait pas que la Kunoichi se méprenne sur sa condition ; aux yeux de la loi, elle était bien considérée comme une déserteuse. Même si son sort n'était pas encore connu, elle devrait assurément répondre de ses actions et en accepter les conséquences, et les états d'esprits de Ruri n'entreraient certainement pas en compte au moment du jugement.

« Je suis désolée, mais ces "attentions" sont seulement de ma part. Je ne sais pas comment le Régent compte juger ces évènements, mais vous pourrez aller le voir très prochainement. En attendant, vous allez être obligée de rester dans cette cellule... »

Ruri afficha un air navré alors qu'elle tendait le carnet à Ema. C'était étrange de se retrouver dans cette situation alors que quelques mois auparavant, les deux jeunes femmes se trouvaient sur un terrain d'entraînement : l'une apprenant à l'autre à développer sa sensorialité. Mais la marionnettiste ne refusait jamais une mission qui lui était confiée, qu'importe la difficulté ou le malaise de la situation.

« Bien, avant de passer l'habituel contrôle d'entrée, je suis chargée de vous poser quelques questions sur ce qu'il s'est passé. Je vais devoir utiliser la sensorialité pour confirmer vos propos et établir un rapport. »

« Vous êtes partie de votre propre gré de Ki no Kuni pour rejoindre le pays du Feu, est-ce exact ? Comment avez-vous été informée que votre mari se trouvait là-bas ? Est-ce Konoha qui a fait enlever Matsuno Yamuro ? »

Ruri écoutait attentivement les réponses d'Ema, tout en malaxant son chakra pour être sûre d'entendre la vérité.

« Vous dites qu'Aburame Miko et Aburame Mizuki sont les commanditaires de cette purification. Quel est leur intérêt à faire cela ? Avez-vous assisté à la purification ? Pouvez-vous assurer que le Nanadaime Kazekage est guéri ? »

La Marionnettiste se chargeait d'écrire les réponses de la Kunoichi à côté de chaque question afin de rendre un rapport le plus complet possible.

« Pensez-vous qu'un Yamanaka aurait pu modifier vos souvenirs ou vous manipuler ? Avez-vous livré des secrets confidentiels sur Suna ou Kaze à Konoha, que ce soit sous la pression ou délibérément ? »

La question qui suivait, Ruri n'était pas sûre de vouloir la poser. Pourtant, elle y était obligée. Tapotant distraitement du bout des doigts sur la table, la jeune femme savait que la réponse ne serait pas plaisante et elle imaginait déjà le pire.

« Vous êtes partie rejoindre le Pays du Feu avec votre fils. Où se trouve Matsuno Satomu ? »