J'étais dans l'attente. Maintenant que je savais que le Yamada était confiné à Suna dans une cellule d'Ergastule, en attente de son jugement comme me l'avait appris Ogami, je patientais. Me rendre au village n'aurait certainement pas amélioré son cas – ni le mien – et puisqu'il avait fait en sorte de me protéger d'un accord avec l'Empire, je n'avais pour ainsi dire pas le désir de me jeter dans la gueule du loup. Non. Il me fallait attendre de voir comment les choses évoluaient.
Je n'avais jamais voulu causer de tord à Suna et plus largement Kaze, nous aspirions même a leur prêter assistance d'une certaine manière avec Oniri depuis l'extérieur, mais si des décisions fâcheuses venaient à être prises concernant la sentence de Kioshi, ils devraient composer avec des retombées et c'était pourtant bien de la dernière chose dont ils avaient besoin.

Le nomade risquait-il réellement quelque chose ? La Suna implacable que je connaissais semblait avoir disparu d'une certaine manière et le Yamada avait contribué a leur rapporter un chef de clan en la personne du père de Tetsui : ce dernier dont ils n'avaient pas été capable d'éviter la mort...
Certes, Kioshi avait agit, une fois de plus, en laissant parler son cœur, portant secours à un membre de sa famille plutôt que pour vraiment rendre service à Suna mais avait-il véritablement nuit au village par son départ ? Même s'il était resté en son sein, aurait-il réellement fait beaucoup plus qu'auparavant ?
Kioshi n'était pas fait pour diriger et se laissait bien trop aveugler par ses propres sentiments : il n'avait pas voulu lui même de cette nomination, n'étant, en cette période, que l'ombre de lui même qu'il était pourtant désigné a devenir.
Suna avait donc perdu un puissant shinobi à son départ mais pas un Kazekage : puisqu'il n'en avait jamais été réellement un.

C'était sur cette réflexion que je perdais mes pensées, assise devant mon bureau dans l'infirmerie du Kyomu sur Haï. J'espérais bien en apprendre davantage rapidement sur le déroulement des événements le concernant et aviserais en fonction.
S'il y avait bel et bien un point sur lequel j'étais perdu c'était celui là. Que faire de lui ? ...
Si je le retrouvais d'une manière ou d'une autre il serait bien capable de me séquestrer dans une cave pour le restant de mes jours – ce qui était sacrément long lorsque l'immortalité vous appartenait – sous seul prétexte de me garder saine et sauve loin de tout danger. J'aspirais en un homme n'ayant de considération que pour moi seule, me couvrant d'attentions et en cela Kioshi était l'amant parfait, au détail près qu'il était fou a lier avec une logique en décalage perpétuel avec autrui.

J'étais néanmoins tirée de mes pensées lorsque l'on frappait à la porte pour m'informer que « Red-sama » souhaitait me voir. Je me mettais en route sans plus tarder après un sourire moqueur non dissimulé sur cette formulation que je me répétais dans un murmure tout en congédiant mon messager.

Il ne me fallut pas longtemps pour rejoindre la dite pièce dans laquelle je pénétrais sans même frapper, m'adossant dans l'encadrement de la porte en croisant les bras tout en avisant la Saibogu, amusée :

« Tu voulais me voir ? Qu'est-ce qui peut être si important pour que tu daignes m'appeler au beau milieu de la nuit ? »

Pourtant je ne m'étais pas encore couchée. Le sommeil était peu présent dans mon existence depuis déjà bien longtemps mais pour Oniri il était pratiquement inexistant. La nuit portait conseil et se montrait bien plus efficace pour nous deux sans gaspiller du temps a fermer les yeux.

Un frottement sur une feuille et Red acheva de remplir le dernier dossier de la journée, où plutôt de la nuit si l'on s'en tenait aux paysages chaotiques de Haï enveloppé dans son linceul nocturne, visible depuis la grande baie vitrée du bureau de la Saibogu. En projetant ses capacités sensorielles vers les cieux étoilée elle devina une lune en croissant, à la courbe si tranchante qu'on l'aurait cru prête à fuir vers le lointain horizon. Il lui arrivait parfois d'entendre le volcan rugir au sommet de la montagne tandis que d'infimes secousses, qu'elle était la seule à ressentir, faisait imperceptiblement trembler la tour semi-souterraine.

L'atmosphère dans la pièce était on ne peut plus pesant. Pas un bruit, si ce n'était les vrombissement constant du néon placé au plafond et qui diffusait une lumière pâle d'un blanc presque mortuaire dans la pièce. Pour le reste, il ne restait en effet que ce silence empreint d'un certain mal-être. que la jeune femme ne partageait avec personne étant donné qu'elle était seule ici. L'ambiance n'était pas sans rappeler celle que l'on trouvait dans les hôpitaux de nuit. Pour autant Red ne semblait nullement perturbée par ce cadre de travail passablement anxiogène. Émettant un léger soupir la Kunoichi écarta la pile de document d'un revers de la main. S'il y avait une chose que ses penchants démoniaques n'avaient pas altéré, c'était bel et bien sa nature désordonnée.

Nombreux étaient les dossiers éparpillés dans les étagères et sur son pupitre. Dans un coin reposait un petit cendrier servant de cercueil aux cadavres de cigarettes consumées durant la journée. Machinalement la Chasseresse en alluma une nouvelle. Alors, tandis qu'elle fumait avec une certaine nonchalance, mut d'une fatigue provoquée par l'absence lunaire, la démone s'attarda à passer en revu l'intégralité du repère. Elle était toujours là, présente physiquement dans son bureau, mais son acuité sensorielle laissait vagabonder ses sens dans le dédale de l'Ootoke ainsi que jusque dans les quartiers résidentielles de l'organisation situés quelque kilomètre plus loin. Tout semblait aller pour le mieux une fois de plus. Elle put par ailleurs ressentir la présence de Yami, cette dernière arriva finalement derrière la porte qu'elle ouvrit sans frapper.

A ce moment là Red était toujours installée dans son fauteuil. Cigarette coincée entre les lèvres, l'air grave en réponse au propos amusée de la Ketsueki elle passa une main dans sa chevelure afin de repousser les quelques mèches écarlates qui retombaient devant son visage, effort vint s'il en fut car ces dernières retrouvèrent aussitôt leur place, de façon éparses, devant ses yeux d'émeraudes aveugles. Elle jaugea un instant son homologue sunajin avant de finalement se dresser de son siège pour d'adopter une posture plus affirmée.

-Te souviens-tu lorsque tu m'as demandé si je comptais recommencer à prendre de nouveaux contrats aux près des villages cachés et plus particulièrement de Konoha ? Le ton de sa voix était dur, froid, dénué d'émotions. Ils m'en ont fait parvenir un tout récemment. Quelqu'un que tu connais bien. Elle marqua une pause, les mains jointes en une pyramide parfaite. Les coudes posés sur le bureau, elle leva les yeux vers la Ketsueki dans un léger haussement de sourcils. A sa manière elle donnait toujours l'illusion qu'elle était parfaitement en mesure de voir ce qui se trouvait devant elle. J'imagine que tu as déjà deviné...

Elle tira d'un de ses tiroirs le document placé sur la pile qu'elle envoya sur le bureau précisément sous les yeux de la Ketsueki, comme s'il était question d'une corvée administrative de plus. La feuille en question contenait des informations provenant du databook de Konoha est relative au dénommé Yamada Kioshi. Une photo de lui était même agrafé dessus et était certainement la première chose que Yami vit.

-Il a visiblement fait désordre une fois de plus et à présent Hi souhaite sa mort. On ma confié pour mission de le faire disparaître, mais je n'ai pas encore accepté ce contrat. Je tenais à t'en parler avant.

Pour ce qui restait d'humanité dans l'esprit belliqueux de Red, on ne pouvait plus parler de considération ou de bonté, mais d'intérêts. Comme toujours elle ne faisait jamais rien au hasard et si cette conversation avait lieu en ce moment même c'était dans un but bien précis. Ce faisant, après ses dires, elle laissa planer un nouveau moment de silence avec de laisser à l'ex-sunajin le temps de digérer cette information.

-Je compte bel et bien l'éliminer. Tu me connais. Si je te dis cela c'est que j'en ai les moyens et en suis parfaitement capable. Seulement il se pourrait que plusieurs autres alternatives soient envisageable pour lui.

Elle tira une dernière latte sur sa cigarette avant de venir écraser le mégot au côté de ses quelques consoeurs refroidit par les heures.

-Mais cela va dépendre entièrement de toi. A savoir ce que tu es prête à faire et à ne pas faire pour lui.

La Kunoichi se tut alors, attendant la réponse de son immortelle et meilleure amie. Le cas Kioshi avait toujours été un traitement a part dans la vie de Yami. Et même si elle n'avait jamais considéré leur relation autrement que pernicieuse pour la Ketsueki elle savait que cette dernière ne l'avait jamais considéré comme telle. Restait à voir quelles seraient ses réponses.

La façon dont elle se redressait, me regardant fixement à travers ses yeux pourtant aveugles, étiolait mon sourire. Ce qu'elle s'apprêtait à me dire était des plus sérieux et décisif.
J'adoptais dès lors une expression bien contraire à la première. L'air décontracté laissait place à un froncement de sourcil tandis que je m'écartais de l’embrasure de la porte dans l'attente qu'elle en vienne au fait.

Konoha lui avait envoyé une nouvelle demande sur la tête de quelqu'un que je connaissais bien... Mes premières pensées s'arrêtèrent à Ogami à la vue du contexte actuel entre les deux nations mais puisque je savais par ce dernier que Kioshi avait eu a faire avec le village caché de la Feuille pour libérer un membre de sa famille...

Je la toisais, plantant mon regard écarlate dans le sien que j'aurais voulu ambré, comme autrefois, mais qui était désormais émeraude. Elle avait beau ne plus voir grand chose, sa perception n'avait jamais été si développée et je savais qu'elle sentirait mes yeux rivés sur elle.

Alors c'était ainsi ?
Je savais qu'un conflit ancré les liais tout deux et que l'affrontement serait inévitable lorsque son heure sonnerait. L'acceptais-je ? Deux des rares personnes que j'affectionnais qui se battaient pour prendre la vie de l'autre... Bien sûr que je ne le pouvais pas. Il n'en resterait pas même un puisque le vainqueur de ce duel funeste rejoindrait l'autre par mes soins.

Sans montrer le moindre affect, j'avançais de quelques pas pour observer le dossier ouvert qu'elle avait déposé face à moi tout en conservant mon air taciturne.
Des faits d'armes, certains de ses choix et prise de postes : j'avais affaire aux informations que détenaient Konoha sur le Yamada. La première chose que je voyais étant la photographie du concerné que je n'avais pas revu depuis près de deux ans.
Ma mâchoire se serra en même temps que mes poings invisibles sous mes bras croisés.

Mes yeux retrouvaient cependant les siens lorsqu'elle mentionnait ne pas avoir accepté pour le moment, souhaitant m'en parler en premier lieu. J'arquais un sourcil circonspect à cette révélation. Je la connaissais suffisamment pour savoir que cela ne changerait pas sa décision finale et qu'elle ne m'en parlait pas pour avoir mon avis sur la question : elle m'en informait simplement pour ne pas me laisser l'apprendre par moi même une fois le fait accompli. Quelle délicate attention...

Ce que je pensais était d'ailleurs confirmé par la Saibogu qui me faisait toutefois part d'alternatives.
Je venais m'asseoir sur son bureau, posant mes mains sur le bois brut du mobilier tout en tournant ma tête dans sa direction, à la fois pensive et intriguée.

«  A quoi songes-tu ? Je doute que son sort te préoccupe. Ta proposition d'alternatives tient-elle donc de la seule considération que je lui porte ? »

Pensait-elle réellement à moi à travers cette décision ou bien conservait-elle un quelconque attachement pour le Yamada ? Les deux cas de figure laissaient entrevoir une facette encore humaine de la démone me rassurant intérieurement.

« Je suis prête à beaucoup si cela peut garantir sa sécurité et sa survie. »

Elle le savait plus que quiconque. Les personnes que j'affectionnais se comptaient sur les doigts d'une main mais mon attachement pour elles était sans égal. Elles étaient celles qui tenaient à moi et qui me permettaient de ne pas arpenter une fois de plus le chemin vers les limbes que représentait la solitude...

Yami venait de lui poser une question. En retour Red soutint son regard avec une certaine intensité. Si ce genre de mise en scène avait perdu son sens depuis que la Saibogu avait perdu la vue, elle s'y appliqua malgré-tout avec ferveur par pu respect pour la Ketsueki. A cela vint s'ajouter un silence pesant qu'elle maintint un long instant de sorte à donner tout le poids du monde à cet unique mot.

-Oui. Dit-elle avec une certaine gravité.

Elle plongea la main dans la poche intérieur de son gilet pour en ressortir un paquet de cigarette, en faisant sortir une en tapotant le fond avant de la déloger de son petit socle cartonné en la coinçant entre la commissure de ses lèvres. Elle l'alluma ensuite, tira dessus, puis expira lentement un fin filet de fumée.

-Dans ce cas je pars du principe que tu es prête à tout a condition de préserver sa sécurité et sa survie. Voilà qui est parfait car c'est exactement ce que j'allais te proposer, mais pour cela Yamada Kioshi va devoir disparaître de la surface du monde.

Ce qu'elle s'apprêtait à dire ne serait pas facile à attendre ni à assimiler, même si en l'état Red n'éprouvait plus suffisamment d'empathie envers le genre humain pour se mettre à la place d'autrui. Autrement dit si elle savait que cette révélation serait pénible pour Yami, elle aurait bien été incapable de comprendre à quel point et à quel degré.

-Si nous partons du principes que nous parvenons à le capturer nous ferons en sorte de faire disparaître tout ce qui le définit en tant que tel. Tout du moins pour un temps. Hors malgré-cela une partie de lui sera définitivement perdue et ce à jamais. Comprends-tu ? Une fois que cela aura commencé il ne sera plus possible de revenir en arrière.

C'était une simple mise en garde. Si Yami était prête à la suivre sur cette voie-là ce serait jusqu'au bout.

-Nous commencerons par lui supprimer... Non... Nous commencerons par lui retirer son chakra. Cette partie-là sera totalement irrémédiablement. Nihilem en a la capacité. Une fois qu'il se sera occupé de lui Kioshi ne sera plus jamais en mesure d'utiliser son chakra. Il redeviendra alors un simple civile incapable de se défendre, mais également incapable de causer le moindre mal.

Ceux connaissant très personnellement Kioshi savait qu'il avait fait la plus grande erreurs de sa vie en devenant Shinobi. Non pas en raison de son incompétence et de son individualisme, mais bel et bien parce qu'il n'était pas fait pour cela tant et si bien qu'il lui arrivait de mal vivre sa condition. Il était fort probable que lui-même ne s'en soit jamais rendu compte. Ainsi lui retirer ce fardeau était certainement la meilleur chose pouvant lui arriver car cela l'obligerait à vivre la vie paisible de nomade dont il avait toujours rêver. Yami en avait assurément conscience et c'était pourquoi Red lui suggérait cette option qui était la seule possible en dehors de la mort.

-Ensuite nous nous occuperons de son esprit. Car le brider ne suffirait pas à l'arrêter. Il est bien trop têtu et enfermé dans son monde. C'est pourquoi nos experts apposerons un sceau directement dans son cerveau afin de bloquer sa mémoire. Ainsi il ne pourra plus poser de problème, que ce soit envers les autres ou envers lui-même.

Venait enfin la dernière étape.

-Pour finir, nous allons l'exiler loin hors du Yuukan au de-là des mers sur un continent voisin. Nous nous assurerons de lui trouver un refuge où il pourra vivre heureux et en paix sans craindre de représailles de la part de Konoha. Le sceau dans son cerveau servira de balise. Ainsi, si tu le souhaites encore, il te sera possible de le retrouver lorsque tout cette histoire sera terminée.

Afin que continue de perdurer un semblant d'espoir.

Mon regard ne quitta pas le sien, cherchant à desceller un indice sur ses intentions à travers alors qu'il n'exprimait plus rien.
Assise sur son bureau, ma tête se tourna finalement pour fixer un point invisible dans l'horizon tandis que j'écoutais ses propos et sa « solution » pour le Yamada.
Le faire disparaître de la surface du monde ? Qu'entendait-elle par là si elle ne comptait pas le supprimer ? Il était aussi question de prendre conscience qu'une fois l'engrenage amorcé il ne serait plus possible de revenir en arrière.

Un choix irréversible donc qui consistait à le capturer, faire disparaître toute trace de son existence et puis finalement lui retirer son chakra... Il ne causerait plus le moindre mal mais serait alors à la merci des autres.
Toutefois, ces quelques paroles me faisaient comprendre où la Saibogu voulait en venir. Ce fardeau que représentait la vie shinobi pour lui qui me l'avait confié : il n'aurait plus à y être confronté. Il pourrait retrouver la vie nomade qu'il chérissait tant, sans se soucier du reste, loin de tout conflit.

Cette perspective me convenait car je savais que c'était également ce qu'il y avait de mieux pour lui et sa survie. En revanche, mon expression se ternit lorsque j'entendai que son esprit serait aussi altéré. Les arguments annoncées par Oniri étaient valables : il était certain qu'il ne s'arrêterait pas même dépourvu de chakra et exilé dans des terres lointaines.
Toutefois... un sceau pour bloquer sa mémoire ? … Il ne se souviendrait plus de rien. Pas même de celui qu'il était ni de ses actes, de ses erreurs, de ses pertes, de sa famille et des noms autrefois gravés sur son pendentif. Mais plus que tout cela : il ne se souviendrait plus de moi.

Mon visage demeura impassible tout autant que je restai silencieuse, confrontant mes réflexions sur cette situation qui semblait être la mieux pour lui mais qui n'était certainement pas la meilleure pour moi.
Il allait m'oublier... Je serrais les poings et la mâchoire à cette pensée. Kioshi était bien trop possessif pour me permettre d'aller le trouver car il était certain qu'il nuirait à l'organisation ou qu'il chercherait à m'en extirper. J'avais des choses à accomplir avant de le laisser investir ma vie qu'il voudrait mener à sa façon, autrement dit dans une vision contraire à la mienne. Adieu les manoirs sinistres conférant un certain apaisement par leur calme et bonjour la vie sous une tente posée à même le sable. Au revoir les quêtes de pouvoir et de reconnaissance et bienvenue la vie de famille au coin du feu... Une philosophie de vie à laquelle je n'aspirais pas le moins du monde mais qui ne ternissait toutefois pas l'attachement et même l'amour que je portais à son égard.

Je déglutissais. Etais-je réellement prête à concéder à ce sacrifice ? L'une des personnes me portant le plus d'amour et de considération en ce monde qui n'en aurait plus le moindre souvenir... J'étais tiraillée par ma pensée égoïste et ce qui était véritablement le mieux pour lui.
La Saibogu avait beau parler du sceau servant de balise pour le retrouver et le lever une fois tout cela terminé cela ne m'apaisait guère.

« Je n'aurais pas besoin du sceau pour le retrouver. L'odeur de son sang que j'ai goûté à mainte reprise et le lien écarlate que je possède avec lui me suffiront. Le retrouver n'est pas le problème... »

Elle me connaissait suffisamment pour comprendre ce qui me poussait à l'hésitation, j'en étais convaincue.

« Ôter le sceau lorsque toute cette histoire sera terminée, mmh ? Penses-tu vraiment qu'un jour ce sera le cas ? Je ne peux me reposer sur cette chimère : si Kioshi est exilé hors du Yuukan, sans chakra et sans mémoire, cela sera pour le restant de sa vie. »

Je resserrais mes poings davantage fermant les yeux quelques instant avant de les ré-ouvrir dans une lueur de détermination.

« Très bien. Nous ferrons cela. »

Si le cœur tambourinant dans ma poitrine m'avait appartenu j'aurais probablement ressenti un pincement mais il n'en était rien. Cela signifiait-il pour autant que je ne ressentais pas le moindre émoi ?

« Attendons de voir ce qui ressortira de son procès et de la peine qu'il recevra.
Que comptes-tu faire s'il est déclaré prisonnier à vie ? L'extirper d'Ergastule en causant inévitablement des dégâts sur Suna qui n'a pas besoin de davantage de problèmes ? »

Ma tête tourna une nouvelle fois dans sa direction, les sourcils froncés et le regard brillant de conviction qu'elle ne pouvait voir.

« Je ne compte personnellement pas me retenir s'il est condamné à mort. »

Je voulais la protection de Kaze et de Suna. Je ne voulais pas nuire d'une quelconque façon à mon village, pas plus que je ne voulais causer du tord à Ogami. Cependant, il n'était pas question que je reste les bras croisés à l'annonce de cette sentence...

La Saibogu comprit à quel point la situation était difficile pour la Ketsueki, tant par le timbre de sa voix que par son rythme cardiaque au-dessus de la moyenne. Elle de son côté faisait preuve d'une gravité sans borne. Dans le fond toute cette histoire ne la concernant pas, il s'agissait avant tout d'un concours de circonstance. A ce jour elle était bien incapable de se rappeler tous ce que le Yamada avait jadis fait pour elle, car à une époque pas si lointain, tous deux avaient été ami. Aujourd'hui et malgré-elle, elle en venait à le considérer comme une pierre sur son chemin qu'elle s'apprêtait à écarter d'un revers du pieds. Si son plan semblait renfermer un semblant d'empathie et d'humanité à l'encontre de l'ancien Kazekage, c'était uniquement en raison de Yami. aussi accueillit-elle son approbation avec considération. En retour elle l'a questionna au sujet de ses intentions qu'à en l'éventualité où Kioshi finirait enfermé par Suna.

-Si une telle chose devait arriver alors le contrat ne serait certainement plus valable. Tout du moins tant qu'il resterait en prison. Hors je doute que Suna... Ou disons plutôt ce qu'est devenu Suna, soit à même de le juger.

Le réseau d'information de l'organisation allait de bon train. Red était au courant des derniers événements majeurs à travers le Yuukan. Suna était stupidement entré en guerre contre Hi. Personne dans le village n'avait été capable d'arrêter Kibo l'obligeant ainsi à s'en charger elle-même. Personne dans le village n'avait été en mesure de sauver Harashi obligeant Kioshi à s'en charger lui-même. De belles défaites cuisantes suites à quelques escarmouches contre la feuille. Et pour finir le village trouvait pour régent un Ogami complètement à côté de la plaque, en dehors des réalités. Le temps où Suna était craint et respecté semblait si lointain... Et pour couronner le tout la pseudo-daimyo censée régir le pays étaient portée disparue.

Celle-ci avait au moins le mérite de ne plus briller par son incompétence à l'instar de ses homologues haut placé. Néanmoins voilà où tout ce monde en était rendu. Kaze n'était plus que l'ombre de ce qu'il fut. Incompétents. Des incompétents. Encore et toujours des incompétents. Ce constat pesait énormément pour la Saibogu qui parfois avait l'impression d'avoir tout abandonné, œuvrant ainsi à l'autre bout du monde, pour rien. Et comme en réponse à ces pensées la Ketsueki lança cette petite remarque au ton empreint de détermination. Ce n'était pas sans dire que cette idée trottait dans la tête de la Saibogu depuis un moment déjà.

-Ô je peux te l'assurer... Dit-elle dans sourire en coin qui n'en était pas vraiment un. Un jour nous ferons un retour en force à Kaze afin d'y remettre un peu d'ordre et pour ce qui de cette éventualité concernant Kioshi attendons de voir ce qu'il en retourne, nous agirons ensuite. Néanmoins je te le redis, je doute sincèrement qu'il lui arrive quoique ce soit. Kioshi est d'un naturel tenace lorsqu'il est question de donner raison à son comportement insensé et le nouveau Suna semble tout aussi insensé que lui. Enfin pour l'heure contentons-nous d'attendre.

Rien n'était joué et d'un point de vu fondamental, le cas de Kioshi était loin de faire partie des priorités sur l'emploi du temps déjà surchargée de la Saibogu.

-Je suis cependant heureuse de constater que tu as pris la bonne décision. Une fois cette affaire réglée tu pourras enfin vivre en ayant la conscience tranquille et pour ce qui de te relier un jour à lui... C'est à toi et toi seule qu'incombera le choix du moment venu.

Ses doigts effleurèrent la surface de la table pour se saisir du dossier avant de le ranger dans un tiroirs.

-Je te recontacterai le moment venu afin que nous commencions ensemble les préparatifs. Pour l'heure nous avons d'autres priorités. Notre assaut sur Yuki est pour bientôt. Je prendrais personnellement part aux combats. J'aimerais que tu restes pendant ce temps à la mégalopole afin de stabiliser la situation. Les vestiges des triades que nous avons démantelé tendent à se regrouper dans l'espoir de nous déchoir. Tu es certainement la plus à même de calmer leurs ardeurs.