Spoiler:

Mmh, c’est grand, c’est blanc, c’est silencieux … on se fait chier dans une infirmerie, c’est dingue ça. Surtout quand on est toute seule, sans avoir le droit de sortir, sans magazine à feuiller pour attendre, rien. Je ne sais pas, ils auraient pu mettre un poste de musique, ou même des bandes dessinées. Mais nan, rien, niet. Voyons voir, la drogue a l’air de s’être dissipée, je peux bouger sans difficulté et sans me prendre un violent mal de tête. Yami ne devrait plus tarder du coup … punaise … cette femme je ne peux tellement pas l’encadrer, c’est dingue. Avec son air auto-suffisant, ses remarques gratuites, le ton narquois qu’elle prend pour se donner un genre, rah je la claquerais à ne plus en sentir mes mains si je le pouvais !
Et toi tu es bien silencieux maintenant. Plus de venin à répandre ?
Je constate que tu es assez intelligente pour saisir comment faire pour communiquer. Donc je me contente simplement de savourer. Les humains sont des créatures si surprenantes et intéressantes parfois.
Parle pour toi. Tes jours sont comptés ici.
Tes prédécesseurs disaient cela aussi, et ils ont tous fini par devenir mien.
C’est pour ça que tu les as laissé mourir ?
Leur faiblesse a eu raison d’eux, mais peut-être que toi tu sauras réussir où ils ont échoués. Je ressens une grande force en toi jeune humaine, une colère profonde et puissante. Je peux t’aider à t’en servir, à te rendre plus forte, plus impitoyable.
C’est une réplique de film ça …

Les minutes passèrent, s’additionnant en dizaine, puis en demi-heure. Mais merde quoi, elle glande quoi la garce ?! Bon fait chier, je vais aller la voir moi, ras-le-cul de rien glander !
Juste le temps de me rhabiller, de boire un grand verre d’eau et je sortis. Le garde posté de l’autre côté de la porte me barra la route, et il fallut être persuasive pour gagner le droit de passer. Vachement bien éduqué le bougre, même un coup d’œil dans le creux de ma poitrine ne lui a fait le moindre effet.
Enfin bref, sitôt arrivé devant le bureau de son altesse la vampire, je frappai deux fois, attendis quelques secondes et entrai, peu importe que j’eus reçu l’accord ou non.

« Yami, faut qu’on cause ! Parait que tu seras mieux quoi faire que Red dans le domaine de la démonologie. »

A l’intérieur, c’était propre, rangé. Un paravent à gauche qui cachait en partie le lit d’auscultation, à droite des étagères et tout le bazar nécessaire aux charlatans – pardon, aux médecins – de pratiquer. Et au fond, le bureau avec la ketsueki. Au moins on ne peut pas lui retirer le fait que ce soit nettement mieux entretenu que la chambre de la dirigeante du Kyomu.

Spoiler:

J'étais en plein élaboration d'un médicament aux propriétés antalgique capable de supprimer toute notion de douleur pour permettre à nos unités de continuer de combattre malgré leur blessures plus ou moins graves durant quelques instants avant de s'effondrer ou s'assurer une retraite.
Je n'en étais qu'à la phase expérimentale et la souris continuait d'émettre ses petits cris lorsque je la plantais avec un kunai après ingestion d'une dose de la solution médicamenteuse... Hum... je prenais des notes puis attrapais la souris suivante, ma nouvelle victime/cobaye sélectionnée parmi toutes ses copines qui connaîtraient à coup sûr un sort similaire si ce n'était pire.

Nihilem avait beau préférer opérer directement sur des humains, les rongeurs étaient bien moins contraignant a stocker et a attraper tout en possédant une meilleure éthique à être utilisé pour la société bien que je ne partageais pas cette notion : tout être inférieur pouvait bien être malmené que cela ne m'empêcherait pas de dormir. Un sacrifice utile pour l'avancé des autres.

Prenez la Kaguya par exemple. Elle n'aurait sans doute pas fait preuve d'autant de mauvaise manière en entrant sans ma permission et en déblatérant des paroles dont je n'avais que faire si j'étais en train de m'occuper du cas d'un être humain visiblement présent contre sa volonté. Elle s'en serait offusquée ou bien se serait terrée dans le mutisme : mais au moins elle ne m'aurait plus parlé de son cas personnel.

Sans même me retourner de mon bureau, je m'adressais a elle dans un ton empli de sarcasme :

« Bonjour Milly. Comment vas tu ? Assis toi je t'en prie. »

Je terminais de marteler la souris qui ne broncha pas au début mais qui fut vite rattrapée par la douleur des blessures précédentes : le produit ne faisait plus effet. Ses cris stridents étaient probablement horribles mais ils avaient quelque chose de fascinant : comme si crier était un exutoire à la douleur alors que tout le monde savait que cela ne changeait rien. Restant une seconde de plus a l'observer agoniser, je lui plantais un dernier coup létal pour mettre fin à sa souffrance et me relevais pour aller me rincer les mains tâchées de carmin avant de finalement poser le regard sur la Kaguya.

« En effet, Red n'est pas médecin et... je suis plutôt une connaisseuse en la matière. »

Lui annonçais-je dans un sourire mauvais.
Il n'en était rien. Je n'étais pas une Mamoru ni même m'adonnais à la Nécromancie mais j'imaginais qu'elle me croirait aisément me connaissant un peu et grâce aux bruits de couloirs qui traînaient sur les miens. Les pentacles étaient bien réels et les rites satanistes parfois présents mais je n'avais encore jamais tenté d'invoquer un démon : bien que celui relié à ma famille avait dévoré mon cœur pour le remplacer par celui de mon père ayant appartenu à mon oncle puis encore avant a mon grand père et encore encore avant au Seigneur Noir lui même si on en croyait non légendes.

« Que ressens-tu comme symptômes exactement ? As-tu des manifestations de ton démon et/ou des troubles de la personnalité ? »

Tout en lui posant ces questions, je prenais plusieurs pots contenant divers herbes et produits médicinaux et en mélangeais certains entre eux avant d'en mettre une dose dans une minuscule enveloppe. Je connaissais par cœur cette composition pour en avoir fait pendant deux années pour la cheffe de l'organisation, chaque jour.

« Tiens. Tu viendras me voir chaque jour pour avoir une dose que tu devras prendre quotidiennement. Si tu dois partir en mission, préviens moi pour que je t'en prépare plusieurs. Les ingrédients se font rares et je ne peux t'en fournir qu'au compte goutte. »

Je lui tendais l'enveloppe tout en ajoutant :

« Cela ne bloquera pas le démon mais ça t'apaisera suffisamment pour que tu puisses réussir à dormir ou te concentrer sans qu'il vienne te perturber. Tu devrais remarquer une diminution de ses manifestations en prenant ce médicament.
Nous referons un contrôle lors de la visite mensuelle pour voir si la dose prescrite te convient ou s'il faut l'augmenter : la diminuer n'est pas en option pour ce genre de « phénomène ».

Il y avait une recrudescence de personnes affectées par des Akuma ces derniers temps... Cela ne pouvait pas être qu'une coïncidence et devait se propager d'une manière ou d'une autre. Il me fallait savoir si celui de la Kaguya était lié aux entités de Yorn comme Oniri ou si cela n'avait rien a voir : des informations précieuses pour mon enquête pour venir en aide à la Saibogu.

« As-tu côtoyé d'autres porteurs de démons ? Sais-tu le nom de celui pour lequel tu es devenue l'hôte ? »

A un détail près cependant, la vampire se trouvait être en pleine expérience aussi ignoble que désagréable. Je ne saurais pas vous décrire ce qu’elle faisait exactement. Mais à en juger par les hurlements de la sourie entre ses griffes, ça n’était certainement pas pour lui faire du bien. Pour autant elle m’invita tout de même à entrer et à m’installer. Notons au passage l’absence de regard dans ma direction, ni la moindre note accueillante dans la voix.
Egale à elle-même hein. Enfin de toute manière ce n’est pas comme si c’était la première fois. Et ce ne sera très certainement pas la dernière … Elle acquiesça sur ma question à propos du domaine d’expertise démoniste. Pourquoi est-ce que ça ne m’étonne pas ? Tout autour d’elle respirait le glauque et l’étrangeté. En plus elle avait le physique et l’attitude de ces gens-là. Elle aurait été une Mamoru que ça ne m’aurait même pas étonnée. Mmh, peut-être des membres de sa famille le sont et auraient déteins sur elle. Peut-être oui …
Elle acheva le rongeur d’un coup bien placé, mettant fin à ses souffrances inutiles, et m’obligeant du même coup à détourner le regard pour éviter les vomissements. Bon sang, comment une tarée pareille peut attirer autant la confiance de Red ? C’est incroyable …

« Que ressens-tu comme symptômes exactement ? As-tu des manifestations de ton démon et/ou des troubles de la personnalité ? » Questionna-t-elle en même temps que se laver les mains.

« Et bien c’est assez difficile à décrire … »

Je lui expliquai alors exactement la même chose qu’à la Leader de l’organisation, mais sans le pétage de câble. Je lui expliquai ma rencontre avec la créature, les circonstances, tout en omettant la partie avec le Konohajin. Vu les réactions la dernière fois que j’ai abordée le sujet, il était préférable de diluer les détails cette fois. Je lui présentai également la marque dans mon cou, qu’on pouvait d’ailleurs difficilement louper tellement la couleur dénotait avec mon grain de peau. Et pour finir, les voix dans ma tête. Sur ce dernier point j’avais, comme avec Red, terriblement peur d’être prise pour une folle. Heureusement, et de sa part ça avait même quelque chose de curieux, il n’en était rien.
En lieu et place d’une pourtant logique et attendue tirade cinglante, la Ketsueki rejoignit ses instruments et mélangea plusieurs fins morceaux d’herbes et de plantes contenus dans des bocaux pour me tendre ensuite le tout.

« Tiens. Tu viendras me voir chaque jour pour avoir une dose que tu devras prendre quotidiennement. Si tu dois partir en mission, préviens-moi pour que je t'en prépare plusieurs. Les ingrédients se font rares et je ne peux t'en fournir qu'au compte-goutte. »

Quelque peu surprise par cet élan de professionnalisme venant d’une femme que je considérais jusqu’à maintenant comme une charlatan doublée d’une psychopathe, je restai immobile une longue seconde avant de récupérer le sachet et jeter un œil au contenu. Qu’est-ce que c’est ? Est-ce que ça s’avale comme une salade, ou c’est plutôt dans le genre à infuser comme un thé ? Et puis qu’est-ce qu’il y a dedans exactement ? Toutes ces questions me brulaient les lèvres, mais je préférai attendre qu’elle ait fini ses explications pour demander, au cas où la réponse viendrait d’elle-même.

J’acquiesçai tout du long même si j’avais bien du mal à croire que de simples plantes pourraient influer sur une entité fantasmagorique. Encore moins diminuer les intrusions de la créature.
Elle demanda en guise de fin, si j’avais côtoyée d’autres porteurs de démons, et si je connaissais le nom de celui en moi. Encore une fois j’acquiesçai de la tête, tout en rangeant le petit sachet de plante dans une poche.

« Oui, il m’a dit son nom une fois. C’est Iki-machin-truc … Un nom à rallonge … Ikinokorimasu stupide humaine. »

Les derniers mots étaient sorti de ma bouche mais sans mon timbre de voix. Ou plutôt si, c’était bien ma voix mais celle que j’ai quand je viens tout juste de me réveiller. Une voix caverneuse, enrouée et grasse.
Par surprise je me plaquai les mains sur les lèvres, et restai ainsi plusieurs secondes. Merde alors ça n’était encore jamais arrivé, ça. J’émis plusieurs toux et raclement de gorge, suivit d’un grand verre d’eau prit sans attendre la moindre autorisation.

« Hum … là. Excuse-moi je … c’est la première fois que ça me fait ça. Oh bordel … Enfin voilà, il t’a donné son nom lui-même. Punaise ça fait vraiment bizarre, et ce n’est pas agréable. Pouah ! C’est cette voix que j’entends dans ma tête sitôt qu’il m’adresse la parole, en plus masculin. » Instant malaise bonjour. « Et pour l’autre question justement je voulais te demander. Est-ce que tu ne saurais pas quelque chose sur Red ? Parce que cette nuit on a eu l’occasion de discuter, si je puis dire, il y a un truc qui cloche avec elle. » Je cherchai un moment mes mots et comment les tourner pour au mieux présenter la chose. « Le démon en moi dit qu’elle n’est pas humaine. Et moi-même j’ai pu constater qu’elle a un côté qu’on ne pourrait pas franchement rattacher à l’humanité … Par exemple cette nuit, elle a eu les yeux totalement blancs au cours de notre discussion. Et plus tard ensuite, elle avait un réel côté bestiale … Sur le moment elle m’a fait penser à un félin enragé, affamé. Ou à un démon justement … Tu sais quelque chose ? »

La Kaguya me faisait donc part de l'origine de son démon. Visiblement, elle en était devenue l'hôte après avoir été à son « contact » : ce qui était différent d'Oniri puisque cela faisait partie intégrante d'elle depuis sa naissance mais ne s'était éveillé qu'en des circonstances particulières. J'apprenais par la même occasion que ce que je prenais pour un tatouage à la dernière visite médicale sur son corps était en fait la marque de son démon : là aussi c'était différent de la possession démoniaque de la Saibogu ou encore d'Ogami qui n'avaient aucune trace apparente si ce n'était une métamorphose physique.
Il était également question pour elle de composer avec une voix dans son crâne : délicate expérience que j'avais moi même vécu même si, dans mon cas, il ne s'agissait pas d'un démon mais de ma mère défunte s'accrochant à la vie à travers mon enveloppe, ce qui, finalement, n'était pas si différent.

Le mélange terminé et tendu, j'attendais la suite des réponses à mes questions, la toisant du regard avec un sourcil arqué alors qu'elle tardait à récupérer le médicament. Elle était bien venue me déranger pour avoir une solution à son problème non ? Je m'apprêtais à reprendre ma création lorsqu'elle daignait finalement la prendre : ce n'était pas trop tôt.

Je ne m'attendais cela dit pas du tout à la suite. Alors qu'elle blasphémait le nom de son démon, ce dernier le rectifia à travers les cordes vocales de la Kaguya dans une voix caverneuse. Sans lâcher son regard, je restais de marbre tout en croisant les bras.

« Intéressant. »

Clamais-je dans un calme olympien, ce qui ne semblait pas être le cas de la principale intéressée qui se complaisait en excuse.
Ikinokorimasu... Quel nom à rallonge. Comment voulait-il que ce ne soit pas écorché ? Au moins, cela me confirmait qu'il n'avait rien à voir avec Yorn et ses quatre parties, comme c'était le cas pour Oniri.

D'ailleurs, en parlant de la Saibogu, j'arquais un nouveau sourcil lorsque la Kaguya me demandait des informations sur elle. Son démon semblait ressentir qu'elle n'était pas humaine, ce qui m'étirait un sourire malsain :

« Il y a bien longtemps que Red a dépassé le commun des mortels. »

Lui assurais-je.

« Penses-tu seulement que je me rangerais au service d'une personne lambda ? J'ai beau me trouver ici pour mes propres intérêts comme tout le monde, il aurait été hors de question de recevoir des commandements de la part d'une infériorité : il me fallait au moins un égal. »

Peut-être avait-elle assisté à mon affrontement dans l'arène contre Red et qu'elle avait pu voir à quel point notre match s'était avéré serré bien que j'avais finalement remporté la manche.

« Red est plus terrifiante que tu ne l'imagines et elle est l'une des rares personnes que je parviens à tenir en respect. »

Un discours méticuleusement amené pour ancrer à la Kaguya l'idée qu'il était plutôt dans son intérêt de ne jamais trahir la cheffe de l'organisation, ni moi par la même occasion...

La Ketsueki se contenta de noter le côté intéressant de la situation, comme une scientifique devant son sujet de laboratoire. Quel désagréable personnage. Méprisant au possible, irascible et détestable. Le sourire qu’elle laissa apparaitre ensuite n’arrangeait pas la chose, ni son commentaire prétextant que Red avait dépassé le stade d’humaine depuis déjà un bon moment. Si ça ce n’est pas la preuve d’un sentiment mégalomane évident … Pourtant, les sourcils quelques peu froncés, je continuai de l’écouter, espérant qu’elle apporterait des informations plus utiles.

« Penses-tu seulement que je me rangerais au service d'une personne lambda ? » Continua-t-elle. « J'ai beau me trouver ici pour mes propres intérêts comme tout le monde, il aurait été hors de question de recevoir des commandements de la part d'une infériorité : il me fallait au moins un égal. Red est plus terrifiante que tu ne l'imagines et elle est l'une des rares personnes que je parviens à tenir en respect. »

Une tirade qui méritait au moins un sourire. Je fis mieux, un rire purement sarcastique :

« Ahahah, toi je ne t’aimes pas beaucoup, ahah. Tu croyais quoi ? Que j’allais me retourner contre Red ? Pff, quelle est bien bonne cette blague. Et pourtant si nulle … Tu ne cesse de parler de toi, de me menacer, de t’élever toi avec Red à des strates que nous autres simples mortels ne pourrions qu’espérer entrevoir. Mais personne dans l’organisation ne sait d’où toi tu viens. T’arrive avec tes gros sabots et ton regard méprisant. Sache que peu importe à quelle hauteur tu t’estimes au-dessus des autres, tu n’en restes pas moins assise que sur ton cul. Alors cesse de vouloir sans arrêt me rabaisser. »

Les bras croisés, le regard planté dans le sien, on pouvait sans mal y lire l’absence de compassion pour la femme manieuse de sang. Certes de son clan et par ceux qu’elle a amené avec elle, on pouvait sans mal deviner qu’elle venait de Suna. Mais quoi de plus ? Quelle relation entretient-elle avec Red pour que cette dernière la tienne en si haute estime ? Voilà quelque chose qui m’échappe totalement …
Mais bref, le sujet actuel ce n’est pas elle, c’est moi ! Et comme pour tirer un trait sur ce petit écart, le tu se changeas en vous.

« A vrai dire, je n’en ai rien à cirer de votre histoire. La raison de ma visite, c’est non seulement si vous pouvez me débarrasser de cette créature, et pas simplement me filer de l’aspirine … » Dis-je en lui montrant le petit paquet d’herbe qu’elle avait concoctée. « Mais également savoir si vous avez des informations sur Red. D’où elle vient, son passé, ce qui lui arrive et cette histoire de démon. Elle, elle vous apprécie grandement, ça se voit, ça se sent. Mais sans chercher à savoir ce qu’il y a eu entre vous deux, je souhaiterais lui venir en aide. »

Cette fin de phrase menait très souvent à une crise de fou rire et de moquerie de la part d’audimat, il fallait donc enchainer sans attendre, sans laisser le temps à cette détestable femme d’en placer une.

« J’ai eu l’occasion de m’entrainer avec Red quand nous étions encore à la mégalopole. Elle voulait apprendre le taïjutsu. Hors si je compare cette époque avec maintenant, ça n’a plus grand-chose à voir. Elle est clairement différente, et ces yeux totalement blancs dans la nuit … Qu’est-ce qu’il s’est passé ? J’ai vécue ça déjà … Si vous avez entendu parler du Shoraizen, vous avez dû connaitre au moins de nom Sabakyo Seito. Et la façon dont il a fini … Il avait perdu la tête et en venait à s’en prendre à ses propres amis … J’ai peur qu’il n’arrive la même chose à Red, et c’est pour quoi si vous savez quelque chose pouvant éviter cela, je tiens à en faire partit. »

Franche, sérieuse, même le démon en moi restait silencieux mais ça ne m’étonnerait pas qu’il approuve le déroulement de la situation pour une toute autre raison.

J'écoutais la Kaguya sans me départir de ma pointe de sourire malgré son discours pleins de reproches et de condescendance.
Le fait qu'elle ne souhaitait pas se retourner contre Red était une bonne chose quoiqu'une simple parole valant ce que ça valait autrement dit pas grand chose, mais c'était toujours bon à entendre : pour son bien a elle. En cas de trahison je ne me faisais pas le moindre soucis concernant la Saibogu qui avait affronté bien pire qu'une manieuse d'os un peu trop bourrue.

La concernée me toisait avec une lueur de défiance à laquelle je ne répondais pas, me contentant de démontrer au contraire un calme olympien sous ses piques qui ne m'atteignaient pas le moins du monde :

« En effet, personne ne sait d'où je viens, ce que j'ai vécu ou entrepris. Red a connaissance de la plupart de ces faits et c'est sans doute pour cela qu'elle se montre « intéressée » comme tu le soulignes. J'ai croisé des entités que tu n'oserais pas imaginer dans ton pire cauchemar, composé avec des fou a lier ayant soif de meurtrissures, participé à divers expériences peu orthodoxes, mis tout un village à feu et à sang pour seulement quelques cibles s'y cachant... »

Ah... la belle époque...
Je laissais planer une longue seconde de silence avant de reprendre, un sourire malsain s'étirant sur mes lèvres :

« Je cesserais de te considérer de la plus basse des façons lorsque tu m'en diras tant. Tout ce que je vois face à moi ce n'est qu'une pleurnicharde cherchant de l'aide auprès d'autrui, allant même jusqu'à déranger Red pour un problème qui ne la concerne en rien. Commence donc par affronter ton propre démon avant de t'agiter en paroles.»

Mais puisqu'elle « n'en avait rien a cirer » alors même qu'elle soulevait des propos méritant réponse, je continuais de l'écouter malgré tout avant de répliquer :

« Qu'est-ce qui te garantie que cet « aspirine » ne soit pas une dose létale ? »

Ajoutais-je dans un nouveau sourire amusé :

« Parce qu'il ne s'agit, en partie, que de plantes tu penses que son effet est moindre ?
Non je ne pourrais pas te débarrasser de ce démon, seulement diminuer les effets négatifs qu'il peut avoir sur ton organisme. Le fuinjutsu ne change rien face à ce genre de possession ni aucune technique à disposition du plus grand nombre. »

Je reculais légèrement pour m'asseoir partiellement sur mon bureau, les bras croisés, tout en dévisageant la Kaguya :

« Tu vas devoir faire avec ou trouver une solution à travers les origines de ton démon. Tu peux toujours essayer de le lui demander poliment cela dit. »

Finissais-je en toute ironie.

« Concernant Red, tu n'as pas a t'en faire. Elle a gagné en puissance, voilà tout. »

Et il valait mieux pour elle qu'elle ne fouine pas trop près dans les affaires de la Saibogu. Si elle parvenait encore a contenir son démon en ma compagnie rien était moins sûr avec la Kaguya...

« Tu peux maintenant disposer, j'ai du travail. »

Lui indiquais-je dans un signe de tête désignant la porte tout en retournant sur ma chaise devant mon bureau pourvu d'un dossier ouvert pour lequel il me fallait encore faire un rapport.

La Kaguya avait obtenu de quoi soulager ses pleurs pour son problème et celui d'Oniri n'était aucunement le sien.

Je n’échappais cependant pas à cette attitude dédaigneuse qui avait don de me mettre hors de moi. Yami avait beau m’assurer que tout allait bien avec la dirigeante du groupe, qu’elle avait simplement gagné en puissance, je n’y croyais pas. En quoi devenir plus fort vous rendrait forcement plus antipathique ? Certes ça arrivait assez souvent, on appelle ça prendre le melon m’enfin ça prouvait aussi qu’il y avait un problème.
A l’époque Red était déjà autoritaire, mais elle avait un côté attirant, une touche de féminité au milieu d’un monde impitoyable. Une touche d’humanité même, et c’est ce qui me plaisait énormément chez elle. Alors que maintenant … Non vraiment il y a un pépin.
La Ketsueki continua en expliquant pourquoi elle me dénigrait autant. Et son excuse était aussi stupide que son comportement était puéril. Selon elle, pour mériter du crédit à ses yeux il fallait avoir vécu l’enfer, avoir affronté ses pires cauchemars, avoir exterminé la totalité d’un village juste pour une poignée de cible.

« Ahah, c’est là que tu te trompes. Ne confond pas l’efficacité d’une recherche intensive et une élimination discrète précise et efficace, avec la solution de facilité consistant à éliminer tout le monde, peu importe la quantité d’innocent dans le lot. On appelle ça être humain. » A travers mes yeux, le dégout s’installait un peu plus à chaque regard sur cette femme. « Se soutenir et s’entraider, ça te dit quelque chose ? Non ? Alors va te faire foutre. Clairement, va te faire foutre. Et ton petit médoc végan, tu peux te le carrer où je pense. »

D’un geste vif je lui jetai le sachet au visage, et peu importe que ça en éparpille le contenu partout. Si j’ai survécus sans l’aide d’un quelconque médecin jusqu’à maintenant, autant continuer. Surtout si c’est pour donner du crédit à une telle plaie.

« Tu sais quoi ? Même plus la peine qu’on se revoit, une égoïste hypocrite dans ton genre ne mérite rien de plus que du dédain. Retourne donc à tes expériences macabres, je continuerai mes investigations sans ton aide. »

Tournant les talons je saisis la poignée de la porte avec sans doute un tout petit peu trop de force, car celle-ci se brisa en même temps qu’ouvrir le passage. Tant pis.

« Et pour Red, tu ne vaux pas mieux que moi, car toi tu la suis partout tel un bon toutou depuis bien plus longtemps. Continue ça te va bien, je t’offrirais un collier et une belle laisse pour ton anniversaire. »

Et vlan, la porte claqua sur ses gonds, vibrant dans l’entrebâillement avant de s’immobiliser totalement. Cela ne m’aurait pas étonnée que quelques fissures naissent au milieu du plâtre des murs, mais oh, qu’est-ce qu’on en a à foutre hein ? Sérieusement ? Je règlerais ce problème toute seule.
Hâte de voir ça humaine, huhu.
Ferme ta gueule toi, tu es la cause de tout ce bordel.
Et j’en suis très heureux.

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