Depuis la reconstruction de Kirigakure no Sato, des civils ne cessaient d’affluer aux portes du village. Certains ne venaient que temporairement - le temps de vendre leurs marchandises ou encore de rendre visite à des proches - alors que d’autres quémandaient l’asile donc l’autorisation de s’installer définitivement. En quelques mois seulement après sa renaissance, le Village Caché du Pays de l’Eau était devenu une ville aussi vivante si ce n’était la plus vivante du pays.

À l'image de certains endroits laissés en ruine ici et là au sein du village, certains habitants avaient gardé des séquelles du douloureux passé mais la plupart avaient tourné la page, préférant se tourner vers un avenir qu’ils espéraient meilleurs sous la direction du Rokudaime Mizukage. Homme dont la Natsumi était tombée amoureuse au point qu’elle avait décidé de le suivre alors qu’elle s’était résolue de ne plus servir aucun Village Caché.

L’amour change réellement un être, Mairu en était la preuve vivante lorsqu’on comparait ce qu’elle avait été avant sa rencontre avec Michiki et ce qu’elle était devenue aujourd’hui. Bien qu’elle s'était montrée réticente au début, à sa propre surprise, elle était devenue un « soldat de la Brume » presque aussi dévoué que les natifs du pays. Elle prenait plaisir à accomplir ses devoirs, à l’exception de certains, et avait pris en charge trois genin alors qu’au départ elle ne désirait rien de tel.

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Un nouveau jour se lève dans l’épaisse brume matinale. Une scène quotidienne et un peu glauque mais qui ne surprenait plus personne au Pays de l’Eau et encore moins su sein de son Village Caché où des nombreux shinobi avait même appris à exploiter la brume qui jamais ne désertait complètement pays à leur avantage.

Chargée de surveiller les entrées de ce matin qui s’annonçaient assez nombreuses, Mairu se retrouva très tôt à la sortie d'un des quatre tunnels qui servaient des portes d’accès aux Village Caché du Pays de l’Eau. N’étant pas en charge des fouilles ni de vérification des papiers des étrangers mais juste présente pour intervenir au cas d’incident, une main fermée sur le pommeau d’un de ses sabres accrochés à leur support au niveau de la ceinture et du côté de son flanc gauche, la samouraï se contenta de surveiller la cohue tout en restant en retrait

Une femme aux formes aussi - si ce n’étaient plus - généreuses que Mairu fut retenue bien plus longtemps que les autres à cause de ses marchandises qui n’étaient pas de plus banales. La plantureuse étrangère transportait des armes dans un petit charriot. Objets qui étaient assez difficiles à faire rentrer dans le village par mesure de sécurité. En période de tension, leur destination s'arrêterait même ici, à la sortie du tunnel, mais le calme régnait actuellement à Kiri et on ne pouvait priver les shinobi du village des outils utiles. Mairu elle-même s'y intéressait parfois. Elle convoitait surtout des sabres.

Lorsque les deux shinobi qui s'étaient chargés de vérifier que tout était en ordre du côté de la brune à forte poitrine en avaient terminé avec cette dernière, il ne restait plus qu'un couple et un vieillard à inspecter. Le sourire accueillant qu'affichait celui qui était chargé d'inspecter ces derniers indiqua à la samouraï que tout allait bien. Son devoir ici s'achevait donc alors la jeune femme tourna les talons pour regagner le village mais elle n'avait fait que quelques pas qu'une main se ferma sur l'un de ses bras. Par réflexe, la main libre de la samouraï dégaina rapidement le sabre tanto qui se trouvait dans un fourreau calé discrètement à l'horizontal au bas de son dos. En quelques secondes la lame se retrouva à effleurer le cou de celle qui l'avait retenue alors, qu'assistant à la scène, des gardes se précipitèrent vers les deux femmes.

- Que se passe-t-il Natsumi-san ? Demanda un des hommes en alerte.

Mairu capta le regard de la jeune femme qui la retenait. C'était la marchande d'armes. Celle-ci arborait des prunelles rubis comme elle. Des yeux héréditaires chez les Natsumi mais ils n'étaient pas les seuls à arborer celle couleur des yeux si singulière.

Mairu pouvait lire dans le regard de l'inconnue un trouble évident mais aucune agressivité.

- Ce n'est rien, fit la samouraï d'une voix bien sereine tout en rengainant le petit sabre alors qu'elle garda les yeux plongés dans ceux de la plantureuse brune qui ne semblait pas vouloir la lâcher. Quelque chose ne va pas ? Demanda ensuite la samouraï alors que les gardes regagnaient leurs postes respectifs.

Mairu ne chercha pas à se défaire de la main qui la retenait. Elle avait l'impression de connaitre "l'étrangère" mais elle avait beau explorer sa mémoire, elle ne parvenait pas à se souvenir d'un moment où elle aurait pu la croiser …

Elle qui habituellement arborait un visage imperturbable changea soudain d'expression. Son regard habituellement bien serein se voila d'une lueur de stupéfaction face aux révélations de la marchande d'armes. Mairu n'avait pas besoin de plus de détails pour croire cette dernière pour la simple raison que ce que la brune à forte poitrine racontait, sa mère lui en avait parlé avant sa mort.

Mairu n’avait que dix ans lorsque Haru avait quitté la maison familiale. Un départ qui avait créé un grand fossé entre les parents qui s’étaient accusés de la fugue de leur fils ainé. Comme pour oublier son problème conjugal, le père de Mairu était alors parti de plus en plus souvent en mission, délaissant sa femme et sa fille. Parfois il ne revenait au foyer qu'après plusieurs semaines puis un beau matin un homme était venu annoncer sa mort à sa famille. Une mauvaise nouvelle qui avait fait tomber la mère de Mairu dans une si profonde tristesse que la veuve en était tombée malade pour finir par rejoindre l’homme qu’elle avait aimé, délaissant sa fille qui n’avait alors que onze ans. Avant de s’éteindre elle avait confié à Mairu qu'elle n'était pas née seule mais avec une sœur jumelle mais que celle-ci avait été kidnappée quelques jours seulement après sa naissance et qu'ils n'avaient jamais réussi à trouver la trace de celui ou ceux qui avaient volé leur enfant. Sa mère lui avait certainement confié cette histoire afin que sa fille délaissée puisse tenter de retrouver sa jumelle mais Mairu avait préféré partir à la rechercher d'Haru qu'elle n'avait pas cessé d'aimer bien qu'il l'avait délaissé. Jamais elle n'avait pourtant réussi à retrouver son grand frère, pas même son corps maintenant qu'il n'était plus de ce monde.

Mairu se trouvait donc aujourd'hui face à sa jumelle dont elle avait presque oublié l'existence car elle était convaincue qu'elle n'était plus de ce monde. La culpabilité rongea soudain la samouraï alors qu'elle fixait les yeux humides de Kururi qui ne la quittait pas du regard. Mairu avait le sentiment de l'avoir abandonné durant ces vingt sept années. L'âge qu'elles avaient actuellement.

- Pardonne-moi ! Finit par lâcher la samouraï d'une voix tremblante d'émotion tout en étreignant fortement Kururi. Pardonne-moi de t'avoir abandonné !

Mairu garda sa jumelle serrée contre elle un moment, jusqu'à ce que la trop forte émotion retombât. Elle la libéra ensuite avant de captiver de nouveau le regard de Kururi avec le sien. Elle lui adressa un sourire avant de l'étreindre de nouveau.

- Je suis très heureuse de te rencontrer … ma sœur jumelle.

Les deux Natsumi s'étreignirent de nouveau un long moment sous les regards incrédules des gardes qui avaient suivi la scène dès le début puis Mairu se détacha.

- Allons chez moi ! Je voudrais tout savoir sur toi ! Fit Mairu d'une voix presque chantante.

La Natsumi aux lunettes aida sa sœur à tirer son charriot jusqu'à son domicile où elle fit entrer Kururi sans méfiance alors qu'habituellement elle n'y laissait pas entrer les gens facilement. Elle invita sa sœur à s'assoir sur un coussin autour d'une table basse avant de partir préparer le thé qu'elle servit quelques minutes plus tard accompagné des petits gâteaux traditionnels.

- Alors ceux qui t'ont kidnappé t'ont élevé ? Est-ce qu'ils étaient gentils avec toi ? Où se trouvent-ils ?

Mairu voulait tout savoir sur sa sœur mais elle ne lui en voudrait pas si elle ne désirait pas se confier …