De cette hauteur, je pouvais observer la beauté de mon village, Suna. Je n'y voyais pas là qu'une question d'esthétique, la forme était magnifique mais le fond l'était aussi. Mon discours avait sûrement touché, je voyais déjà quelques améliorations. Dans ma jeunesse j'étais rarement parvenu à toucher le cœur des autres, j'avais l'impression de m'être amélioré de ce côté là. De plus, j'avais un public difficile, un public trahit par de nombreux prédécesseurs-...Néanmoins, je restais un régent et mon poste n'était que temporaire. Cela ne m'empêchait pas de mettre toute mon énergie afin d'accomplir mes devoirs mais je devais garder un certain recul vis à vis de ce nouveau poste.

J'étais sur le toit du manoir Ketsueki et le soleil commençait à se coucher. Patiemment, j'attendais qu'il vienne à ma rencontre. La chose que j'attendais n'était nulle autre qu'un familier de Yami, je souhaitais avoir une entrevue avec lui ; Depuis son départ de Suna, il était devenu comme mon messager et me permettait de communiquer avec elle. Je n'avais que très peu confiance en sa qualité de « messager » mais étant mon seul moyen -ou presque-, je n'avais pas d'autre choix que de l'utiliser. Une vingtaine de minutes plus tard, je sentis comme une présence en mon dos. Je tournai légèrement la tête sur le côté pour l'apercevoir, finalement je me retournai entièrement et ne pus voir dans un premier temps que sa tête. Avec son apparence hideuse et son sourire sournois, il m'observait et peu à peu s'approchait de ma position. Ne le lâchant pas du regard, j'attendais qu'il soit assez proche. De mon expression très sérieuse, je pris la parole.

«  Méphisto... Tu en as mis du temps, souhaitais-tu me tester ? Peu m'importe, venons en au fait. J'ai besoin de voir Yami et le plus rapidement possible. Dans une semaine demande lui de rejoindre la ville où nous nous sommes rencontrés pour la dernière fois. Nul besoin de venir accompagner, je viendrai seul. Est-ce bien compris ? »

N'attendant même pas sa réponse, je lui tournai le dos et fis un saut afin de rejoindre le sol. Quelques pas plus tard je me retrouvais devant ce portail en fer que je connaissais bien, cela me rappelait des souvenirs. Sans même le comprendre le comment du pourquoi, mes pupilles dorées s'éveillèrent et je me vis quelques années auparavant en train de franchir l'enceinte du manoir. L'image était floue et il n'y avait que très peu de couleurs, cela dit je parvenais à percevoir ma silhouette. J'avais beau être jeune, j'étais quelque peu nostalgique. Qui aurait pu se douter que nous finirions tous séparés ? Dans mon entourage, le bilan était loin d'être satisfaisant. J'avais perdu de nombreux amis auxquels je tenais comme Shinji, Lina et puis le reste des mes proches eux avaient déserté. Il m'arrivait de temps en temps d'être triste en repensant à mon passé et les personnes qui en faisaient partie. Cela dit je n'avais pas à me plaindre, une partie du Mirorhato était toujours présente et mes élèves étaient là eux aussi.

Plus qu'un entourage, j'avais maintenant à ma charge un village entier. Ils se trouvaient être les miens et ma vie leur était dévouée. Je n'avais plus besoin de ressasser le passé puisque le futur lui, était juste devant moi.

Une semaine plus tard, comme prévu j'avais pris la route en direction d'Akenata pour retrouver celle que je considérais comme ma sœur. J'avais certes quelques informations à lui communiquer mais le fait de la retrouver était déjà amplement suffisant. Elle avait eu sûrement vent de la nouvelle mais je souhaitais aussi lui annoncer mon nouveau poste et ce que je prévoyais de faire-.. La Ketsueki restait tout de même un mystère pour moi, nous avions noués un lien presque indescriptible. À l'heure actuelle, nous mettions cette relation sur le dos de la fraternité mais c'était légèrement plus complexe. À sa désertion, j'avais même souhaité la mettre à genoux pour qu'elle expie ses péchés. Ma vision des choses avait bien changé et j'étais passé au-dessus de cela, elle pouvait non seulement m'apporter à moi mais aussi à mon village, j'en étais intimement convaincu. Je n'avais pas de raison de persévérer dans une voie qui nous mènerait à coup sûr à la mort de l'un de nous. De plus lui ôter la vie serait comme arracher une partie de moi même et au final je ne ferai plus de mal que de bien.

Une fois sur place, j'attendais avec impatience sa venue. Je ne doutais pas d'elle, si bien que je n'avais pas fait vérifier la présence d'individus non invités et aussi que j'étais venu seul à cette rencontre.

Je me trouvais a Kawa no kuni depuis quelques jours et n'étais sans doute pas prête de repartir avant un moment étant donné que j'avais plusieurs affaires à régler et que l'une d'elle concernait celle à la tête du plus vaste réseau commercial de cette époque : la Grande Grue.
Bon nombre de mes Ketsueki m'avaient accompagné pour mener a bien cette mission sur le long terme et nous étions sans cesse en mouvement, ne restant jamais au même endroit bien longtemps.

Je ne fus pas étonnée de voir Méphisto se présenter a moi dans ma planque du moment même si je ne l'attendais pas vraiment. Il rôdait encore bien souvent a Kaze et se prélassait tout aussi souvent dans le manoir désormais désert sous son camouflage : qui irait suspecter un chakra aussi dérisoire ? Les faits n'étaient d'ailleurs pas un mystère pour tout le monde puisque Ogami, désormais régent, en avait lui même connaissance et passait souvent par son biais pour me contacter depuis notre reprise de contact.

Mon félidé famélique a l'éternel sourire carnassier vissé sur la mâchoire ne tarda d'ailleurs pas a mentionné une nouvelle entrevue avec le Toshiro. Apparemment, ce dernier voulait me voir rapidement – dans une semaine pour être précis – et même si le charabia de Méphisto n 'était pas des plus aisé a déchiffrer, je finissais par comprendre qu'Ogami souhaitait que l'on se retrouve dans la ville où nous nous étions revus avec Oniri et ce détestable Kira : Akenata.

Sirotant mon verre de vin – ou peut-être était-ce un autre liquide écarlate – j'arquais les sourcils une fois le message ainsi divulgué. Celui que j'aimais appeler mon petit frère souhaitait donc me voir ? Pourquoi ? C'était en effet ma première interrogation. Le côté urgent de la chose mis à part, il n'avait pas fait dans le détail et j'imaginais aisément qu'il avait fait concis pour éviter les oreilles indiscrètes.
Chose plus étonnante encore, il me demandait de venir non accompagnée tout comme il jurait de venir seul... Pouvais-je seulement encore lui faire confiance ? J'avais eu vent de sa nomination temporaire a la tête de Suna en remplacement de Kibo pour ces agissements douteux et je doutais que cette soudaine entrevue soit le fruit du hasard... J'étais toujours une déserteuse aux yeux du village qui m'avait vu grandir et je ne souhaitais pas prendre de risque.

Pourtant... J'ignorais pourquoi je possédais cette intuition... Peut-être que cela était régit par cette vérification de mes liens écarlates chaque jour pour m'assurer de la bonne santé de mes protégés, ou bien parce que je l'avais revu il y avait de cela peu et que nos retrouvailles m'avaient quelque peu rassuré sur notre relation intacte ou presque... Mais je lui faisais confiance. Cela était inconsidéré alors que ce n'était pas un facteur que beaucoup pouvait se vanter de posséder de ma part mais il en faisait justement parti et de toute-façon la vie était bien moins amusante sans aucune prise de risque...

Je gratifiais mon félin d'une caresse sur le sommet de son crâne squelettique pour son travail et poursuivais mon enivrante dégustation...

*****

Je m'étais mise en route la veille pour être certaine d'arriver à temps a notre rendez vous. Kawa no kuni avait le mérite d'être bien plus proche de Kaze que ne l'était Hai mais je ne prenais pas le risque de traverser les frontières et de m'aventurer dans le désert pour le traverser jusqu'à Akenata : prendre le bateau dans la ville portuaire de Higata au sud de la mégalopole m'avait semblé être une idée plus judicieuse. Ogami n'avait certainement informé personne a Kaze de notre entrevue et ce n'était pas utile d'être interceptée pour qu'il soit ensuite obligé de se complaire en explications : lui attirer des ennuis était bien la dernière chose que je souhaitais.

La traversée avait donc été tranquille et finalement assez rapide. Une fois a quai, je quittais le bateau, capuchon rabattu sur ma tête en cette belle journée de fin d'été. Il était bel et bien là et seul, tout comme moi qui n'avait même pas pris la peine d'invoquer avec moi l'un de mes kuchiyose après avoir tout de même hésité, je devais bien l'admettre. J'espérais qu'il remarquerait là la confiance que je lui accordais en cette période de trouble mais je supposais également qu'il avait bien plus besoin de moi comme d'une alliée que d'une ennemie...

Marchant a allure modéré comme les autres passagers pour ne pas attirer les regards sur moi, j'allais à la rencontre du Toshiro non sans un sourire et puisque les mots étaient parfois inutiles pour exprimer quoi que ce soit, j'allais le serrer dans mes bras, comme autrefois.
Ainsi contre lui, et après quelques instants a profiter pleinement de sa présence, je me reculais pour mieux observer son regard si singulier que j'étais satisfaite de retrouver.

« Tu voulais me voir, petit frère ? »

J'étais curieuse d'en connaître la raison...

Elle était là, face à moi. Ma sœur s'était faufilée et avait su être discrète. Sans même m'adresser un mot, elle vint dans mes bras comme elle en avait l'habitude. Posant ma tête au-dessus de la sienne, je l'enlaçai quelques secondes tout en gardant les yeux fermés. Je profitais de cet instant puisqu'il était plus rare pour moi d'avoir ce genre de geste d'affection de sa part, elle n'était plus une kunoïchi de Suna et ses décisions n'avaient fait que creuser une distance entre-nous. J'entendais par-là une distance physique puisqu'elle restait la même pour moi. Je ne pouvais le nier, j'avais eu des moments de doute vis-à-vis d'elle. Je m'étais cherché pendant quelques mois, je me demandais si je devais lui faire payer pour sa trahison, si je devais appliquer la justice-.. Aujourd'hui j'avais la réponse à mes sombres interrogations, je savais quoi faire afin de protéger Kaze no Kuni, mon futur et le sien. Mon ancienne Sunajin s'écarta de moi après être resté dans mes bras quelques instants... Elle me demandait la raison de ce rendez-vous et avait raison d'évoquer le sujet, malgré le plaisir que cela pouvait m'apporter ce n'était pas pour un câlin que je l'avais demandé. Je n'étais pas venu sans préparer ce rendez-vous, j'avais fait en sorte que cette zone ne soit plus surveillée pour une dizaine de minutes.

De plus, je pouvais noter le fait qu'elle était venue seule à première vue. Avait-elle confiance en moi ? Après tout ça ? J'en avais l'impression, ça n'avait pas du être facile de faire ce geste malgré le lien nous unissant.

«  Oui je t'ai demandé mais je ne pense pas que ça soit l'endroit approprié pour discuter... Qu'en dis-tu ? »

Dis-je en lui souriant avant de prendre sa main gauche dans la mienne pour ensuite poser ma main droite sur sa hanche. Aussitôt mon corps se chargeait en énergie Raïton et chacun de mes membres en était légèrement recouvert afin d’accélérer ma vitesse. Pour ne pas provoquer le moindre dommage au contact entre sa main et la mienne, j'avais réduit considérablement l'énergie qui l'entourait. Pour moi il n'était pas question de la blesser ne serait-ce qu'un petit peu.

Il était temps de partir d'ici et c'est ce que nous fîmes à toute vitesse en direction de la côte. Disons que pour être plus précis c'était une falaise et que la hauteur qui séparait celle-ci à la mer était plutôt importante d'après mes... souvenirs. Pour ne pas sauter trop en longueur et nous écraser contre les rochers se trouvant au versant, je ralentis légèrement avant de sauter dans le vide. Si j'avais pris cette précaution c'était aussi pour pouvoir me rattraper le long de la falaise à l'aide de mes capacités. Mon cœur battait à toute vitesse et pendant quelques secondes j'avais eu l'impression d'être figé en l'air comme si ne n'étions pas en train de tomber... C'était une sensation plaisante, l'impression de voler pendant quelques instants autrement que de par ma condition d'Akuma...

Pour ne pas nous blesser inutilement, je malaxai du chakra dans mes pieds afin de me rattraper le long de la falaise. Avec la vitesse que nous avions pris, ça mis quelques secondes à fonctionner tout en laissant une fumée de poussière derrière nous. Finalement je me servais de la vitesse pour sauter sur l'eau et courir pendant une centaine de mètres en faisant des petits bonds. Évidemment j'avais arrêté de malaxer du chakra Raïton dans mes membres pour éviter des problèmes inutiles. Je lâchai délicatement ma sœur pour lui laisser le temps de faire le nécessaire afin de pouvoir marcher sur l'eau.

« J’espère que tu t'es amusée pendant ce vol... » Dis-je d'un air taquin avant de regarder sous nos pieds. « C'est vrai que pour discuter c'est mieux, la dernière fois ça avait plutôt bien fonctionné n'est-ce pas ? »

Marquant une pause de quelques secondes, je repris la parole.

«  Tout d'abord, tu as déjà dû entendre des bruits à ce sujet mais la capitale m'a nommée régent de Suna. Je t'avoue que j'ai été heureux d'obtenir ce rang ça et j'ai fait le nécessaire afin que ça arrive. Tu étais au courant, mon maître n'était plus apte et sa folie n'aurait qu'entraîner davantage de malheurs... J'ai donc décidé de l'exiler à Ki no Kuni pour pouvoir le faire soigner et qu'il puisse redevenir l'homme qu'il avait pu être. Il a accepté de se rendre au pays du bois et j'en ai donc profité pour travailler aux côtés de la capitale pour reprendre le pouvoir à Suna. À travers cet acte j'ai voulu montrer au villageois, militaires, aux Kazejins tout simplement qu'ils n'avaient plus à s'en faire. La capitale et son bouclier qu'est Suna sont de nouveau côte à côte et nous allons travailler ensemble pour le futur de notre pays. »

Certains peinaient à me comprendre, Ema par exemple avait eu du mal à me suivre dans mes actions. Elle avait beau être la femme de mon maître, sa folie était quelque chose de quotidien pour elle et elle aurait dû être la première à me soutenir. Cela dit je lui avais expliqué la réalité de la situation et elle semblait m'avoir compris. Seulement, aujourd'hui notre Nanadaime Kazekage était introuvable et ce malgré nous...

«  Malheureusement, mon maître est introuvable à l'heure actuelle et d'après les témoignages il se serait fait enlevé. Des investigations sont en cours et je trouverai les coupables, que ça soit demain ou dans un an... Je rendrai justice comme je l'ai toujours souhaité. »

Face à elle, je pouvais être moi-même et je ne me cachai pas de laisser transparaître une mine de dégoût. Mon maître n'était plus à ma portée, il ne pouvait plus être soigné... aujourd'hui nous étions sans nouvelle et cela m'était insupportable.

« Enfin ce n'est pas pour ça que j'ai demandé à te voir, tu dois t'en douter. Je veux te parler de quelque chose de très important. Ton... » Je cherchais mes mots pendant quelques instants, ne sachant trop comment le qualifier. «  Kioshi, oui Kioshi... Il a négocié une immunité pour ta personne afin que tu ne sois plus recherchée dans l'Empire. Pour les détails, nous pouvons nous en passer, il a apporté assistance à l'Empereur en échange de cette immunité qu'il souhaite t'offrir. Cette dernière pourrait même s'étendre sur le territoire de Kaze no Kuni, si tu as envie d'emprunter cette voie. »

Il y avait par contre une condition à cela, une rencontre devait avoir lieu et devaient être présents Yami, Kioshi, l'Empereur et moi-même.

« Pour officialiser cela, j'ai décidé de me porter garant de l'organisation d'une rencontre avec l'Empire, toi et Kioshi. Quand je dis me porter garant, cela inclus aussi la sécurité de chacun des participants. Toi plus que les autres, est-ce que tu me suis ? »

Ogami n'avait pas changé. Il était devenu le régent de Suna mais il restait toujours le même comme en témoignait l'affection qu'il continuait de me porter envers et contre tout.

L'endroit n'était pas propice a la discussion comme il le soulignait lui même dans un sourire. Je le laissais donc sans résistance attraper ma main et en poser une autre sur ma hanche. Je ne sourcillais pas plus quand je le voyais concentrer son chakra pour faire apparaître une aura de raiton tout autour de lui. Il aurait très bien pu me foudroyer et me montrer par la même occasion que ma venue en solitaire était stupide mais je lui faisais confiance, aussi idiot que cela pouvait paraître dans ma situation de nukenin.
Je lui adressais dès lors un fin sourire en constatant que j'avais effectivement eu raison d'y croire et de prendre le risque.

La foudre nous entourait et lui conférait une vélocité grandement accrue qui nous permettait de nous éclipser au loin en quelques foulées. Il semblait savoir où il se dirigeait tandis que je ne faisais que le suivre tout en maintenant fermement le contact de ma main dans la sienne. Cette adrénaline subite était grisante bien que je n'avais jamais été une adepte des sensations de vitesse notamment sur la véhicule d'Oniri, mais ici, puisque je me retrouvais seule à seule avec lui après autant de temps, je savais me délecter de la situation alors que le paysage défilait à vive allure sous nos yeux.

La falaise était pour le moins a pic mais cela n'effrayait aucun de nous deux, Ogami plongeait dans le vide avant de se réceptionner contre la paroi rocheuse en y enfonçant ses pieds pour s'y ancrer. L'espace d'un instant nous étions comme en suspension dans les airs, donnant une impression de vol enivrante. Finalement en contrebas, nous progressions sur l'eau jusqu'à ce qu'il me lâche pour que j'use de mon propre chakra pour me tenir debout sur la surface aqueuse. C'était donc là qu'il voulait aller. Se retrouver isoler sur la mer comme la dernière fois.

J'esquissais un sourire et acquiesçais a ses paroles avant qu'il ne commence son explication. Sa nouvelle position de régent dont j'avais effectivement entendu parler suite a la folie grandissante de Kibo devenu inapte au poste de Kazekage. En revanche, j'ignorais complètement qu'il avait été exilé a Ki no kuni pour tenter d'être soigné... J'écoutais ce qu'il avait à me dire avec attention, satisfaite de voir qu'il se confiait à moi comme autrefois.

Il m'expliquait ensuite un fait dont je n'avais pas connaissance et qui me faisait arquer un sourcil en plus de prendre une mine plus grave. Kibo avait été enlevé ?

« Il n'était pas placé sous surveillance ? Ema n'était pas avec lui ? »

Des questions légitimes tandis que les réflexions se bousculaient dans mon crâne. Qui aurait pu lui en vouloir ? Konoha ? Mais comment auraient-ils eu connaissance de cette mise en exil ? Je n'en avais pas été informée et j'imaginais aisément que c'était classé confidentiel pour justement éviter ce genre d'incident... Il s'agissait donc d'une personne susceptible d'avoir des reproches a faire a Kibo et qui disposait d'un réseau d'information suffisant pour avoir connaissance de sa mise a l'écart a Ki... Un profil se dressait peu à peu dans ma tête mais cela ne pouvait pas être possible...

« Avez vous une idée de ce a quoi ressemble le ravisseur ? »

Un indice, n'importe quoi qui pourrait me faire écarter cette piste...
Le Toshiro semblait profondément affecté par cette fatalité. Si je pouvais l'aider à retrouver le coupable je le ferais volontiers. Je ne considérais pas Kibo comme un ami mais il était un shinobi loyal malgré ses idéaux stupides de paix... qu'il avait autrefois.

« Et concernant son état ? Quand est-ce que tout cela a véritablement commencé ? Avez vous des pistes sur ce changement radical de comportement ? J'imagine que l'hypothèse de l'illusion a déjà été vérifié ? Et si c'était un contrôle plus direct sur l'esprit ? A travers un pouvoir Yamanaka ou quelque chose du même genre ? »

Je ne mettais pas Konoha en cause dans ce changement radical surtout qu'il aurait été stupide de provoquer cette guerre. Toutefois, je devais avouer que ce changement soudain de comportement me rappelait quelque peu celui dont La avait été la victime il y avait de cela quelque temps, a moindre échelle.

« La était sous l'emprise de quelque chose du genre qui lui brouillait l'esprit... Cela n'a peut être rien a voir mais c'est une piste a explorer. On va le retrouver.»

Je posais une main réconfortante sur son épaule. Même si Kibo avait changé il avait toujours été un battant et il disposait du hiraishin : a la moindre ouverture il lui serait aisée de s'enfuir.

Si seulement je disposais d'une quantité non négligeable de son sang il me serait peut être possible de remonter sa piste mais ce n'était malheureusement pas le cas. Il faudrait faire autrement et ses précisions pourraient peut-être m'y aider.

La discussion tournait ensuite sur tout autre chose à laquelle je ne m'attendais pas le moins du monde comme le témoignait l'expression de mon visage a la fois surpris et interdite.

« Il a fait quoi ?! »

Avais-je bien entendu ? Kioshi avait négocié mon immunité sur les terres de l'Empire que j'avais attaqué ? Pardon ?! Que lui était-il encore passé par la tête ?! Qu'avait-il fait en échange pour obtenir cette rédemption ?
Je venais frapper mon visage de ma paume, exaspérée par ses fantaisies. M'avait-il seulement demandé si j'en avais quelque chose à faire plutôt que d'aller braver le danger inutilement ? Bien sûr que non !

Je soupirais avant de reporter le regard sur Ogami qui évoquait une extension de cette immunité a Kaze si cela me disait.

« Je suis a Kaze en ce moment non ? Je suis même en face de l'actuel Régent de Suna a discuter de faits aussi importants les uns que les autres à la surface d'une mer calme, loin de tout regard et oreille indiscrète. »

Je comprenais bien ce qu'il me proposait mais lui faisait remarquer que ce que j'avais pour l'heure me suffisait. D'autant plus que...

« J'ai beau être partie de Suna, je continue d’œuvrer pour le bien de Kaze. Les choses prennent du temps mais tu en bénéficieras sans doute prochainement. Je ne suis simplement plus limitée au code du village pour y parvenir mais ma loyauté elle, n'a pas changé. Je suis née a Kaze et je compte bien le protéger. »

Bien que mes propres intérêts passaient avant tout le reste, je n'avais pas pour objectif de causer du tord a Kaze dans cette quête.
Il évoquait ensuite un autre point tout aussi surprenant que les autres : l'Empereur souhaitait me rencontrer avec Kioshi devant Ogami ? J'esquissais un sourire mesquin.

« Parce qu'il pense réellement que je vais me présenter devant lui après m'être enfuie de ses geôles sous couvert d'une pseudo immunité qu'il pourrait envoyer aux oubliettes au moment qu'il jugerait opportun ? »

Le Toshiro avait beau vouloir garantir la sécurité de tous comment pouvait-il être certain que le Kamui ne romprait pas sa parole ?

« Ne me dis pas que Suna dispose d'accords avec l'Empire ? »

Je le regardais, interloquée. Mieux valait les avoir de son côté mais pour combien de temps ? Je soupirais.

« Ne te rends-tu pas compte qu'ils ont le monopole sur les voies maritimes et qu'ils pourraient envahir le port d'Odaichi quant ils le souhaitent avec Mizu comme avant poste si peu éloigné de Kaze ? »

Je n'étais plus une Sunajin et n'avais pas mon mot a dire sur la question mais il s'agissait là bien plus d'une mise en garde et d'un conseil.

« Ne te laisse pas aveugler par les belles paroles d'un Empereur ayant fait assassiner tous ses Daimyos... »

Même un religieux vénéré pouvait être en réalité le pire des pécheurs, coupable d'hérésie au mètre carré. 
Un bon orateur se révélait particulièrement dangereux : j'étais bien placée pour le savoir...

« Le ravisseur portait un masque blanc et nous a paru très à l'aise avec le Raïton. De plus il a su se faufiler dans la résidence malgré les nombreux gardes. Nous sommes encore en train d'enquêter et nous n'avons que peu d'informations... »

Avec un regard plein de détermination, je plantai mes yeux dans les siens.

«  Je sais juste qu'un jour, je me trouverai face à cette personne et qu'elle devra répondre de ses actes devant la justice que je représente. »

Cela pouvait sembler étrange puisque il y avait un peu moins d'un an, je souhaitais la mort de mon maître. Nous étions tellement embourbés que je croyais que c'était la solution, choisir la facilité afin de rendre au peuple son éclat me paraissait être la bonne voie à suivre ; Finalement je m'étais remis en question et aux côtés de nombreux Sunajins, j'avais fait face à mon prédécesseur en lui priant de rejoindre Ki no Kuni. La finalité ne devait pas être la même et pourtant aujourd'hui il était porté disparu. Mais je n'avais aucun regrets, je ne devais pas en avoir puisque j'avais agi pour l'intérêt de mon peuple. Beaucoup avaient utilisé cette excuse afin de faire des actes atroces, j'en étais conscient. Pour ma part je ne voyais pas ça comme une excuse, je voyais ça comme une raison de vivre. Certains m'avaient compris, d'autres non, est-ce que je m'en souciais ? Oui. Si un temps je me fichais de l'avis des autres, ça devait en être autrement aujourd'hui. Il ne me restait plus qu'une chose à faire, convaincre les Kazejins, convaincre le monde que Suna pouvait retrouver sa force d'antan.

On en vint alors au sujet du mal tourmentant l'ancien Kazekage. J'avais prévu de quérir l'aide de ma sœur et même si les choses ne s'étaient pas passées comme elles auraient dû l'être, je souhaitais entendre ses hypothèses. Nous avions exploité bien des domaines afin d'obtenir des réponses et comme elle le disait, l'hypothèse de l'illusion avait été vérifiée. L'ancienne cheffe du Kakumeigun me parla alors du contrôle de l'esprit, j'écarquillai les yeux en entendant cela. C'était sûrement une piste à suivre. En exemple elle me donna Yamanaka, ce n'était pas impossible après tout. J'avais remonté les événements tournant autour de mon maître et je pouvais affirmer avec certitude que l’élément déclencheur n'était qu'autre que l'examen Chûnin. Ses soit-disant « parents » s'étaient montrés avant de « mourir ». On avait cru à cette histoire jusqu'à que l'enquête approfondie nous donne des preuves ; Les deux cadavres retrouvés les visages brûlés n'avaient aucun lien de parenté avec l'ancien Rêveur. Cette information était vérifiée et donc très pertinente. Lorsqu'elle posa sa main sur moi, automatiquement de ma main opposée, je vins rejoindre celle qui se trouvait sur mon épaule.

Le sujet était plus ou moins clos mais lorsque je lui avais parlé de Kioshi, elle changea soudainement d'expression. Elle s'était comme énervée, très rapidement. Ma sœur ne s'attendait pas à cette nouvelle et je pouvais le concevoir. Cet homme avait beau être un traître, un déserteur, un lâche, il avait l'air de tenir énormément à elle. Dans un sens ça me rassurait tout autant, je savais de quoi il était capable et s'il pouvait aider Yami, ça ne pouvait qu'être bon pour elle. Elle n'avait pas l'air d'apprécier la nouvelle mais il faisait ça pour son bien. Je lui avais aussi proposé par extension de pouvoir être immunisée à Kaze no Kuni. Comme elle le disait, bien sûr qu'elle se trouvait en nos terres mais ce n'était pas pareil. Je ne pouvais plus la voir fouler le sable librement comme avant, c'était un fait.

La Ketsueki ne concevait pas le fait de se présenter face à l'Empereur après s'être enfuie de ses prisons. Je pouvais aussi comprendre cela mais aujourd'hui elle avait l'opportunité d'être blanchie aux yeux de tous. Pour sa sécurité ça me semblait préférable, j'appréciais l'idée de la voir libre. Seulement comme je le pensais, elle voyait encore l'Empire comme un ennemi. Nous étions selon elle vulnérable par les voies maritimes. Militairement parlant, elle n'avait pas tort et ça aussi c'était un fait. Par contre, une alliance nous unissait aujourd'hui et je croyais en celle-ci. Je ne voyais pas ça tout rose, je ne voyais pas ça comme un lien fraternel. Je voyais ça plutôt comme une alliance se basant sur des valeurs que nos peuples partageaient. Bien sûr, il avait acquis son pouvoir en éliminant de nombreux dirigeants. J'étais au courant de ces histoires et j'en avais longuement discuté avec lui.

«  Nous sommes dorénavant alliés avec l'Empire Yami, avec leurs forces nous pourront contrer les menaces actuelles et celles à venir. Le village de la feuille n'est qu'un problème parmi tant d'autres. Sans m'avancer, je peux dire que dans le futur on aura à se battre face à quelque chose de bien plus puissant. Des démons du passée, des organisations criminelles, qui sait ? Ce jour-là, je veux pouvoir compter sur des personnes et l'Empire correspond à mes attentes. »

Je marquai une pause tout en plaçant mes mains sur chacun de ses bras.

«  C'est une chance qui se présente à toi. J'ai beau mépriser l'homme qui t'a octroyé cette possibilité, il t'apprécie vraiment et fait ça pour ton bien. Je vois ça comme une opportunité qui ne pourrait que t'aider dans le futur. Je suis au courant de tes réticences, je sais que tu ne portes pas l'Empire dans ton cœur puisque tu as agi contre cette entité. Je sais aussi que tu as intégré une organisation criminelle, j'en ai l'intime conviction. Je veux juste que tu penses à notre avenir. »

Les voies maritimes ne nous faisaient plus autant peur qu'avant, certes ils pouvaient nous attaquer de plusieurs fronts mais avec Ki no Kuni, on détenait assez de matières premières pour nous construire une flotte.

«  Maintenant c'est à toi de voir. Je me suis engagé à que tu sois présente à cette rencontre, tout comme Kioshi. Je veux tenir parole et te demande donc d'accepter cette entrevue avec l'Empereur. Elle se passera à Ki no Kuni dans un espace sécurisé où Suna pourra contrôler les entrées et les sorties à des kilomètres à la ronde. De plus, tu peux compter sur moi et sur ton prince charmant, n'est-ce pas ? »

Lui dis-je en souriant histoire de détendre l'atmosphère. Comme dit, je pensais au bien de mon pays mais aussi au sien. Il était très important pour moi de la savoir en sécurité, de la savoir en bonne santé. Si de par cette action je pouvais contribuer à son avenir, je ne voyais aucune raison de ne pas le faire.

Le ravisseur portait un masque blanc et semblait à l'aise avec le raiton. Je faisais de mon mieux pour cacher ma surprise ou en tout cas trahir l'idée que j'avais compris de qui il s'agissait : la vie de nukenin imposait un faciès imperturbable.
Le masque... je me souvenais de cet élément alors que je dirigeais l'enquête du Kakumeigun concernant la mort de la Godaime : un fragment de masque blanc avait été retrouvé dans un sous sol et j'avais finalement fini par apprendre que la commanditaire n'avait été autre qu'Oniri même s'il s'agissait du souhait de l'Ecarlate elle même. Et la maîtrise du raiton... Oniri la possédait comme affinité. Si mes soupçons concernant cette faculté de discrétion ainsi que du large réseau d'informations pour avoir connaissance de l'exil de Kibo m'avaient déjà poussé a croire que la Saibogu y était pour quelque chose je n'avais désormais plus aucun doute là dessus.

« J'ai peut-être une idée... Je vais me renseigner et te tiendrais au courant de ce que je trouverais. »

Tsss... Oniri. Dans quelle histoire s'était-elle encore aventurée et surtout dans quel but ? Capturer Kibo pour en faire quoi ? Voulait-elle lui remettre les idées en place ? Ou bien s'en servir d'une manière ou d'une autre pour faire cesser la guerre ? Elle allait devoir me fournir des explications à son retour.

La discussion se montrait bien plus véhémente au sujet de l'Empire : ainsi ils étaient désormais alliés. Je soupirais face à son discours. Il semblait faire bien trop confiance au Samui... Ses mains venaient se poser sur mes bras alors qu'il semblait véritablement penser que cette immunité était une chance pour moi et quelque part cela me touchait qu'il s'en souciait mais l'entendre évoquer « notre avenir »... Les choses bougeaient et évoluaient bien vite un peu partout et ce n'était pas impossible que dans un futur proche je sois de nouveau à même de prêter main forte a Suna de manière officielle sans pour autant rejoindre de nouveau leur rang. Il fallait avant tout terminer cette guerre sans fondement contre Konoha avant que tout n'aille trop loin. Le village caché du sable avait essuyé plusieurs attaques dévastatrices durant ces dernières années si ce n'était même depuis toujours et cela par l'action même de ses Kazekage : c'était un village qui avait de la peine à se reconstruire et le conflit avec la Feuille n'arrangerait ça en rien, bien au contraire.

« Dois-je comprendre que je serais sous la protection de Suna le temps de l'entrevue ? »

Puisque le territoire de Ki serait contrôlé par le village sur des kilomètres comme il le disait lui même.

« Très bien, je viendrais. J'espère que tu te rends compte de la confiance que je t'accorde. En revanche, à la moindre menace de l'Empereur je veux que tu interviennes, sans quoi c'est moi qui le ferait et comme nous le savons tous les deux, contrairement a toi, je ne vois aucunement l'Empire comme un allié. »

Je lui laissais donc librement imaginer de la manière dont j'interviendrais. Il n'était pas question que je m'y rende sans aucune garantie de sécurité et puisque je n'étais pas vraiment appréciée des Sunajins je ne voyais pas pourquoi eux non plus ne tenteraient rien me concernant : j'attendais donc sa parole d'honneur que je savais sans faille.

« Concernant Konoha, Kibo est le seul instigateur de cette guerre non ? J'imagine que tu vas avoir a faire avec les dirigeants de Hi pour négocier la fin de cet affrontement qui n'a plus lieu d'être maintenant que tu as pris les rênes temporaires du village ? »

J'espérais qu'il ne ferait rien d’insensé. J'allais sûrement devoir coopérer avec l'un de leur shinobi influent prochainement : peut être que ce rapprochement pourrait être utile pour faire taire la guerre d'une quelconque façon.

Une idée disait-elle ? Je ne lui avais donné que très peu et pourtant ça suffisait, elle éveilla grandement mes soupçons. Nous parlions tout de même d'un criminel tout de même, une personne ayant eu recours à ses dons pour enlever l'ancien Kazekage. Si elle avait une idée c'était grâce à ses activités, elle aussi était finalement une criminelle. Elle était passée d'une vie de Kunoïchi exemplaire à une vie de criminelle, servant une cause à peine défendable. Ma sœur me disait faire ça pour le bien de Kaze et je la croyais mais à mes yeux, il n'y avait pas pire façon de le faire. S'attaquer à l'Empire n'était en rien quelque chose qui pouvait profiter à Kaze no Kuni-... Elle justifiait ça en disant que l'Empire était une menace pour nous. Pourtant ce n'était pas le cas, c'était loin de l'être. Cette histoire de voies maritimes ne justifiait pas ces actes... Je réfutais cette justification et cette nouvelle vie, aujourd'hui elle avait la possibilité d'être immunisée dans l'Empire et possiblement dans Kaze. Cette occasion, elle ne devait pas la rater. La Ketsueki demanda confirmation concernant sa protection, elle avait raison de le demander et bien sûr elle allait avoir toute notre attention.

«  Oui, nous te protégerons. Je vais mettre un dispositif en place pour que nous ne soyons pas dérangés. Pour ce qui est de ta protection, tu n'as pas à t'en faire. Je ne laisserai pas l'Empereur te faire du mal. Il m'a lui aussi donné sa parole après tout, s'il ne peut las tenir alors il sera un dirigeant sans honneur de plus en ce monde. On ne les compte plus... »

Pour la suite de ses paroles, elle avait raison et j'avais en effet proposé un rendez-vous à la dirigeante de l'organisation militaire de Hi no Kuni. Bien sûr si je l'avais fait ce n'était pour rien d'autre que par souhait de mettre fin à cette guerre. Cette guerre était absurde après tout, je ne voyais pas les raisons qui nous pousseraient à continuer dans ce sens. Mis à part un nouvel acte de stupidité et de déshonneur, rien à mes yeux pouvait empêcher cette paix de voir le jour.

«  J'ai engagé les négociations avec Konoha et un rendez-vous est prévu, j’espère que tout se passera bien afin que nous puissions aller de l'avant. Ce n'est que la première étape, une fois que mon peuple sera à l'abri, je pourrais m'intéresser à la paix internationale. Sans parler d'utopie, j’espère pouvoir unifier les pays afin d’œuvrer pour le Yuukan ; Je m'en pense capable et j'y mettrai toute la détermination nécessaire.  Cela dit je vais être honnête avec toi... »

Je marquai une pause de quelques secondes et plantai mes yeux dans les siens. D'une expression très sérieuse, je repris la parole.

«  L'opportunité d'être immunisée est la meilleure chose qui puisse t'arriver. Tu t'es engagée sur une pente glissante en t'alliant au groupe criminel dénommé le Kyomu. Comme dit c'est une organisation criminelle et elle sera vouée tôt ou tard à disparaître. Tandis qu'aujourd'hui, tu as la possibilité de reprendre une vie normale et de te remettre officiellement à œuvrer pour Kaze no Kuni. Tu as choisi d'emprunter une voie sans avenir, une voie qui te conduira à une mort inéluctable. Permets moi d'être franc et de te dire que la voie que je te propose aujourd'hui est bien plus avantageuse. Tu pourrais fouler les terres de Kaze avec les tiens, librement. Oniri et toi, vous courez à votre perte. Vous pensez œuvrer pour le bien et je ne remets pas en cause vos convictions mais à mes yeux, tout cela ne servira à rien. Je n'ai pas envie un jour de me retrouver face à toi, tu me comprends ? Tu dois rentrer à la maison. »

La maison, je parlais évidemment de Kaze, Suna et son manoir. Il était temps qu'elle rentre et qu'elle abandonne ses activités illégales. Je repensais alors à nos moments passés et je pouvais honnêtement dire qu'ils se trouvaient parmi les meilleurs de toute ma vie. Nous étions heureux à cette époque, nous étions tout deux des Shinobi du village du sable et tout allait bien. Un jour, je me souvenais avoir quitté le village sans même avoir pris la peine de prévenir ma sœur. Chose que j'avais regretté et je m'étais donc excusé à cette dernière. Aujourd'hui nos rôles étaient inversés et la situation était d'ailleurs bien plus grave. Je ne comprenais tout simplement pas cette nouvelle vie, le comment du pourquoi. Elle ne pouvait être plus utile à Kaze que dans Kaze même, pourquoi choisir une situation peu pérenne et très dangereuse qui lui coûtera la vie ? Bien sûr être militaire nous met tous les jours en danger mais être criminel est bien pire. Mes paroles n'allaient peut-être pas avoir la portée escomptée mais j’espérai tout de même être l’élément déclencheur qui permettrait de tout arranger.

Le Toshiro me certifiait mettre tout en œuvre pour assurer ma protection le moment venu : pouvais-je simplement le croire sur parole ? Il fut un temps oui, assurément, mais ce temps était révolu et je n'étais pas stupide au point de me laisser berner par des belles paroles masquant un piège se refermant autour de moi. Je prendrais mes propres dispositions de mon côté quant à cette rencontre pour assurer mes arrières.

Comme je le pensais, Ogami avait entamé des négociations avec Hi pour tenter de cesser cette guerre sans fondement : c'était une bonne chose. Suna était une nouvelle fois en pleine reconstruction et plus largement tout Kaze, ils n'avaient pas besoin d'un conflit nécessitant de déployer des ressources importantes en plus de cela.
En revanche, l'entendre parler de « son peuple » me faisait étirer un sourire amusée qui se renforçait lorsqu'il évoquait une unification des pays.

« Tu devrais pourtant savoir que l'Homme est bien trop égoïste pour parvenir a œuvrer dans le sens du bien commun. Il y aura toujours quelqu'un qui voudra tirer son épingle du jeu et qui fera ses petites combines dans le dos des autres à un moment donné. »

Moi la première et je n'étais de loin pas la seule. C'était une vision bien trop chimérique et je lui souhaitais bien du courage pour y parvenir : ceux en quête de puissance avaient toujours un coup d'avance et passaient en revue toutes les possibilités de manœuvre des nuisibles pour y faire face.

Le regard du Toshiro laissait ensuite transparaître son sérieux tout en évoquant une nouvelle fois cette opportunité d'immunité et la rédemption que je devais choisir. Le Sunajin avait connaissance du nom de l'organisation : un fait qu'avait dû lui communiquer l'Empereur l'ayant lui même appris de la bouche un peu trop bavarde des captifs.

« Pourquoi penses-tu que j'en fais partie ? »

Je plongeais mon regard écarlate amusée dans le sien.

« Pourquoi crois-tu que je ne suis toujours pas rentrée ? »

S'était-il seulement posée la question ?

« Tu parles d'une voie sans avenir qui ne mène qu'à la mort mais un shinobi ne risque-t-il pas lui aussi toujours sa vie ? Tu sais où se situe la différence ? S'être affranchie d'un village ne nous confère plus sa protection certes, mais notre champ d'action est beaucoup plus vaste et libre. »

Nous n'étions pas cantonnés au règlement d'un village pour atteindre nos propres objectifs.

« J'ai des projets pour les miens Ogami. Des projets que les murs du village ne me permettraient pas d'atteindre. Alors que le Kyomu oui. »

C'était là la simple et bonne raison de mon choix. J’œuvrais pour l'organisation et en échange elle aidait ses membres a atteindre leurs objectifs en usant des ressources qu'elle avait emmagasiné. La plupart des membres du Kyomu n'y agissaient que pour servir leurs propres intérêts.

« Je comprends ton point de vue et te remercie de cette confiance que tu m'accordes toujours petit frère, mais essai de comprendre le mien. En dehors du village je peux l'aider de mon côté tout en réalisant mes projets. En quoi revenir au village serait plus avantageux ? J'en aurais la protection mais je ne pourrais jamais atteindre les objectifs que je me suis fixée pour les miens. »

Mon sang avant tout... C'était aussi ce que je me tuais a répéter à Kioshi qui n'avait de cesse de me suivre pour me demander de mener une vie paisible rien que tous les deux : ce n'était pas ce a quoi j'aspirais.

Je venais toutefois poser une main sur son épaule, étirant un sourire cette fois plein de sincérité :

« Cela dit je réfléchirais à un compromis. Crois moi bien lorsque je te dis que tu ne seras jamais mon ennemi. Aucun Kazejin ne le sera jamais : à moins peut-être ce Kira qui en voulait visiblement après ma vie. »

Arguais-je en plaisantant sur ma dernière phrase. Quoi que...

« Tu sais... Je n'ai de cesse de veiller sur les personnes avec lesquelles j'ai noué des liens écarlates. Chaque jour je les passe en revue pour m'assurer que mes protégés se portent bien. »

Mon regard se montrait un peu moins assuré en sachant ce que je m'apprêtais a dire et que je n'avais pas souvent énoncé au cours de mon existence :

« Bien des choses ont changé, c'est vrai, mais certaines ne changeront jamais... »

Mes yeux cherchaient de nouveaux les siens pour le lui affirmer :

« Je t'aime petit frère... »

Les personnes que je considérais comme telles se comptaient véritablement sur les doigts d'une main mais mon amour pour eux lui n'avait pas de limite : tout comme mes actes si leur vie venait à être en danger ou prise...

Peut-être n'avait-elle plus confiance en l'homme, moi c'était tout le contraire. Nous avions beau être la pire espèce sur cette terre qu'il y avait encore un espoir, un espoir qu'on se relève tous ensemble. Cela ne voulait pourtant pas dire que j'étais naïf, que je croyais en tout ceux qui me promettaient monts et merveilles-.. Non, ce n'était pas le cas. J'avais pourtant donné ma confiance à un Empereur, un homme ayant fait assassiner de nombreux dirigeants. Est-ce que j'approuvais ces actes ? Non, pas le moindre instant et pourtant cela ne voulait pas dire qu'il était mon ennemi. Il pouvait apporter à mon peuple et je le savais pertinemment. Le Kamui n'était par contre qu'un homme comme un autre, s'il se mettait en travers de la paix que je souhaite apporter à mon peuple, il rejoindrait assurément ses aïeux. Enfin je voyais où elle voulait en venir, ma sœur n'avait pas tort et pourtant je ne partageais pas entièrement son point de vu.

J'avais clairement évoqué son organisation criminelle, le Kyomu. D'un air amusé, elle me répondit aussitôt. Je n'avais pas répondu à cet élan d'humour, j'étais même resté stoïque. Cela ne m'amusait guère de savoir que ma sœur se trouvait aux côtés de criminels sillonnant le Yuukan. Nous étions séparés par une certaine distance, elle avait beau être trop importante qu'elle n'était rien comparé à ce que cela pouvait devenir si elle venait à être entraînée dans la mort ; Oui bien sûr qu'elle n'avait pas tort, un Shinobi était aussi voué à mourir pour son village. Il pouvait être éliminé dans une mission, éliminé dans une guerre. Un Shinobi se battait pour ses convictions et la Ketsueki le faisait aussi, très certainement.

Être une déserteuse lui laissait plus de libertés d'après elle, elle me disait même que le Kyomu pouvait lui permettre d'atteindre ses objectifs. J'y croyais et je me trouvais bien loin du discours d'antan. Mais un regard autour de nous suffisait à constater que nous n'étions plus les mêmes. Elle était aux côtés d'Oniri et dans des affaires douteuses, elle avait tournée le dos à son village. Mon maître n'était plus lui même et n'était plus à nos côtés, son prédécesseur avait lui aussi agit égoïstement. Et la grande Godaime Kazekage, celle que je prenais pour exemple avait feinté sa mort. Shinji était mort, Lina aussi, Tetsui n'était peut-être plus à l'heure actuelle.

Le monde avait changé et les gens avec, tout simplement.

À vrai dire, j'étais triste de me remémorer tout ça. Ses paroles me bouleversèrent, je n'étais pas du genre à être touché aussi facilement mais avec Yami c'était... différent. Mon interlocutrice termina par une preuve d'affection, en réponse à cela je plaçai mes mains en son dos avant de la plaquer contre moi pour l'enlacer.

En réalité, j'étais déçu de moi. J'avais même espéré un instant pouvoir la récupérer, j'avais espéré la convaincre de rentrer à mes côtés. Ce n'était apparemment qu'un doux rêve, j'étais légèrement en colère contre moi même. Je n'avais su parvenir à fins avec ma sœur alors comment le pourrais-je avec un peuple ? Même si cela était bien plus complexe comme relation, je me posais des questions. Toujours dans ses bras, j'en vins à une conclusion. Celle qu'un jour elle reviendrait à Suna de gré ou de force. J'allai lui faire confiance dans un premier temps, lui laisser réaliser ses projets et même l'aider dans sa quête si tel était son souhait. Mais si un jour si elle viendrait à être en réel danger de mort à cause de son organisation criminelle et ce jour viendra; En plus de la ramener de force je traduirai en justice -si ce n'est pas déjà fait- tous les membres la composant, surpassant tous les obstacles si nécessaire. En plus de sauver celle que j'aime, j'apporterai justice. L'air déterminé, je regardais loin derrière elle et réfléchissais déjà à cette idée. C'était décidé.

J'esquissai un sourire en me reculant d'elle, je posai même pendant quelques secondes ma main sur sa tête. J'étais dorénavant apaisé, elle ne se doutait sûrement pas de ma décision et peu importe son accord ou pas ; Je m’exécuterai sans reproduire les erreurs de mes prédécesseurs.

«  Bien, tu as peut-être quelque chose à me confier ou à me dire ? N'hésite surtout pas, je pense que c'est le moment. »

Dis-je avec un grand sourire.

Ogami avait l'air touché par ma déclaration et cela me rassurait : il savait que j'étais sincère avec lui. Il aurait très bien pu mal prendre mes paroles quant à sa proposition de reddition mais je ne craignais pas un retour de bâton : s'il m'avait menti et avait voulu me faire captive, il l'aurait déjà fait.

Je le laissais donc me prendre dans ses bras sans aucune appréhension, détendue, comme autrefois malgré les circonstances. Pourtant je sondais notre lien pour m'assurer qu'il ne se sentait pas attristé par mon discours. Je percevais une certaine frustration mais le calme s'immisçait de nouveau bien vite ce qui me réconfortait. Je ne lui demandais pas de comprendre mes choix mais de les accepter, du moins pour l'heure. Les choses évolueraient sans doute rapidement et j'espérais être en mesure de lui apporter mon soutien prochainement s'il en avait besoin.

Finalement, il s'écarta, posant une main sur le sommet de mon crâne comme il en avait l'habitude, me faisant esquisser un sourire affectueux. Il était proche du départ et moi avec, chacun de notre côté, toutefois il me demandait si j'avais quelque chose a lui confier ou a lui dire de plus.
Je réfléchissais un instant avant de sortir la chaîne argentée qui trônait à mon cou pour en révéler le pendentif qui l'ornait : du cristal bleu représentant un croc qui lui rappellerait assurément quelque chose.

« Tu me l'as offert il y a bien longtemps. Prends le en souvenir de ton cristal. Tu me le rendras la prochaine fois que je viendrais à Suna. »

Sans pour autant pouvoir lui dire de quelle manière... mais j'y retournerais un jour.
Je lui tendais alors le collier dans un fin sourire en attendant qu'il l'accepte ou non et poursuivais la discussion.

« Je n'ai rien à te dire davantage petit frère, si ce n'est de faire attention à toi. Les dirigeants de Suna ont mal tourné ou mal fini : ne me laisse pas penser que tu finiras de la même manière. »

C'était tout ce que je demandais.

« Nous nous reverrons sans doute bien plus vite que tu ne le penses. »

Lui assurais-je.
J'aurais sans doute des affaires à régler dans le désert qui lui serait à lui aussi profitables.

Nous rejoignons peu a peu la rive tout en parlant de ces dernières choses et de celles qu'il voulait éventuellement rajouter puis, une fois sur la terre ferme, je l'enlaçais une dernière fois avant de composer des mudras pour défaire un morceau de roche de la falaise que nous avions descendu a notre arrivée, sautant sur celle-ci qui lévitait et me servait de plate forme volante et lui adressais un dernier sourire avant de sillonner le ciel de cette manière, retournant pour l'heure a la Mégalopole où plusieurs tâches m'attendaient, en le laissant derrière moi.