Si affaiblie, si démunie... J'observais par la fenêtre depuis mon lit d'hôpital. Regardant le ciel changer au fil du temps et les grains de sable de passage éphémères. Cela faisait plusieurs jours que j'étais ici depuis mon retour de Yuki no Kuni.

Mes yeux écarlates se portèrent sur la poche d'hémoglobine qui se déversait dans mes veines pour me défaire de toute corruption. Hormis une fatigue harassante, je me sentais plutôt bien. Vêtue d'une simple chemise de nuit rubis, je m'endormais de temps à autre, parfois réveiller par le personnel qui, en d'autres circonstances, se trouvaient être mes collègues lorsque j'officiais en ce lieu.

Mon père venait me rendre visite en souriant. Etait-ce un rêve chimérique ou la réalité ? Son sourire un brin trop affectueux me faisait dire que ce n'était qu'illusion alors que celui-ci, se déformant dans un rictus emplit de moqueries ou ce regard assassin qui reflétait sa déception, me laissait prétendre au doute de la véracité des événements...

Le décor se déformait, devenait incohérent. Non ce n'était pas réel. J'étais simplement endormie. J'avais beau avoir les yeux fermés, je percevais la présence de Kioshi. Mon sang me le disait. Mon cœur le sentait... Sentir qu'il était là, non loin de moi, à veiller, suffisait à me plonger dans une profonde sérénité.

Il s'approchait, je le ressentais. J'espérais que cela en revanche ne soit pas un rêve... J'avais besoin de lui. Une fois de plus... N'était-ce pas égoïste que de me montrer si dépendante de lui alors même que j'avais failli à ma promesse, me retrouvant dans cet état, et que la colère devait gronder dans son cœur meurtri ?

Le contact chaleureux de sa main effleurant ma joue tout comme son souffle contre mon visage me firent étirer un fin sourire : cela ne pouvait qu'être vrai. Tout comme ce baiser qu'il déposait sur mes lèvres. Un contact doux, léger et pourtant empreint de tellement de choses... Sans doute de l'inquiétude mêlé à de la tendresse et de la colère teintée de tristesse...

Mes yeux papillonnèrent un instant avant de s'éveiller totalement sur la pièce immaculée et surtout sur le Yamada à mon chevet. Je me contentais de lui sourire affectueusement sans prononcer le moindre mot tandis qu'il rompait le silence et que je le faisais à mon tour, mes yeux écarlates plongés dans les siens.

« Si je te vole un baiser à mon tour, t'empareras tu du mien ? »

Lui disais-je tout en posant une main sur sa joue à mon tour.
Avait-il pris conscience de ses propres sentiments que j'avais perçu à travers la mémoire de son sang ? Etait-il tourmenté par ces derniers ?

Mon visage exprimait une moue de tristesse couplée d'inquiétude alors que je l'observais toujours.

« Tu m'en veux encore n'est-ce pas ? »

Je soupirais légèrement, connaissant déjà la réponse.

« Je n'ai pas souhaité être plongée au cœur de l'action... Mais il en a été ainsi et je n'avais pas d'autres choix que de m'y adapter et de faire au mieux, comme tout le monde. »

J'avais soigné les blessés et user de mes capacités pour venir à bout de Chura à mon échelle, comme toute notre escouade.

« Qu'as-tu sur le cœur Kioshi ? »

Dis le moi... Confie toi... Réprimande moi si tu le souhaites mais exprime le fond de ta pensée et tout ce qui te tourmente...

Evidemment il trouvait à redire de mes explications. Evidemment qu'il me disait que j'aurais pu m'enfuir ou ne pas user de ma maîtrise. J'avais fais en sorte de ne pas avoir a l'utiliser plus que de raison mais il y avait un moment où je n'avais plus eu à hésiter...

« Je me suis davantage servie de mon affinité Fuuton mais lorsque Saïx m'a fait remarquer d'utiliser le sang synthétique que Satoshi m'avait confié je n'avais pas à tergiverser. Il fallait agir et j'avais cet atout dans ma manche : Chura s'est vu affaibli en parti grâce à cette substance étrange. »

Je me redressais, désormais assise sur le lit et marquais une pause, l'observant toujours dans les yeux alors que mon visage affichait une expression de repenti.

« J'avais en ma possession un moyen de vous sauver, de te sauver. Jamais je n'aurais pu fuir en te laissant derrière tout comme tu n'aurais pas pu le faire toi non plus même si je te l'avais demandé ou supplié. Inutile de parler d'ordre du Kazekage non discutable : mon cœur bat pour Kioshi et non pour son titre. »

Ta vie m'est précieuse. Plus que la mienne encore alors que jamais je n'aurais cru éprouver un sentiment si étrange laissant passer les autres avant moi et surtout toi...

« Ce n'est pas une question d'honneur. Je tiens certes à ma dignité mais plus encore à toi... »

Il semblait profondément ému alors qu'il me demandait ce qu'il ferait sans moi si j'étais morte là bas. Mon regard se baissa subitement sur le lit tandis que ma main s'écartait de sa joue. Mon ton était plus maussade.

« Sans doute serais-tu plus heureux... »

Je soupirais une nouvelle fois.

« Tu passes ton temps à t'inquiéter pour moi et tu en es malheureux. Si je n'étais plus là tu n'aurais plus à t'en soucier et tu n'aurais pas besoin de me réprimander ou d'éprouver toutes ces choses... »

Je n'aimais pas moi même les propos que je proférais : je ne voulais pas être un fardeau pour lui ni pour personne.

« Je ne me mets pas volontairement en danger Kioshi... J'agis de la façon que je juge la plus juste : je suis shinobi, je risque ma vie pour ceux que j'aime et mon village. Me reproches-tu donc d'agir comme je dois le faire en tant que Jônin ? »

Toi aussi tu te mets en danger...

« Je ne suis pas la seule à m'y exposer... »

Ajoutais-je tout en observant son bras manquant, détournant la tête et me mordant un coin de la lèvre, un brin énervée contre moi même.

« Je n'ai pas su empêcher cela. Je m'en veux de ne pas avoir été là à ce moment là. Et toi tu me reproches d'être venue... Comment aurais-je pu te laisser partir seule en patientant tranquillement à Suna pendant que je me serais rongée les sangs à me demander si tout se passait bien ?! »

Ma main se posa sur la sienne et mon regard chercha le sien.

« Je suis ton ombre, ne l'oublie pas. C'est toi même qui me l'a dit. »

Et en tant que telle je te suivrais partout pour veiller sur toi tout comme tu pourras garder un œil sur moi. S'il devait t'arriver quelque chose alors même que je t'écoutais en restant à l'écart je m'en voudrais et t'en voudrais le restant de mes jours. Je ne pouvais supporter cette idée et rester sagement à t'attendre.

Il parlait de sanctionner mon comportement tandis que je pestais intérieurement, m'offusquant même tandis que je vis une goutte se déposer sur les draps qui me recouvraient. Je restais coi devant ses paroles empreintes d'émotions, quelque peu sonnée par ce que j'entendais.
« châtier la personne aimée »... Mon cœur venait de manquer un battement et cela dû se lire sur mon expression abasourdie. Combien de fois avais-je espéré entendre quelque chose du genre ? Et voilà que tu l'exprimais ainsi ?

« Je ne suis pas mourante. Je me sens même plutôt bien. »

Etait-ce réellement le cas où seulement le poids de ses propos ? Mes yeux étaient larmoyants mais aucune perles salines ne s'écoulaient pour le moment. Je ne voulais pas insister sur la révélation qu'il se faisait peut-être également à lui même mais j'étais heureuse de l'entendre.

« Et toi ? Comment te sens-tu ? Ton bras... c'est douloureux ? »

Le questionnais-je. Je voulais me rapprocher pour regarder par moi même mais quelque chose me disait qu'il n'y concéderait pas. J'observais la poche de sang reliée à mon poignet et déclarais alors.

« Je ne veux plus rester ici. »

Cela me démangeait d'arracher ce cathéter... Ne plus avoir cette entrave qui m'empêchait de nouer mes bras autour de sa nuque... Je commençais d'ailleurs à enlever le pansement qui le maintenait en place.

Il semblait ailleurs, comme focalisé par ses pensées. Qu'elles étaient donc ? … J'avais l'impression de parler à un mur tant il ne semblait pas enclin à m'écouter... Toutefois, je savais ce qui n'allait pas. C'était cette phrase, que j'avais moi même sortie sans en être fière, qui accaparait son attention.

Il s'était soudainement crispé et ne tentait pas de le dissimuler puisque ses paroles se montraient désormais amères. « Une ombre ne meurt pas » une fois de plus, ses propos relataient du danger de mort qui planaient au dessus de nos têtes et surtout de la mienne.

Ne parvenait-il plus à accepter que le trépas était éminemment présent au dessus de chacun d'entre nous ? Nous étions shinobis, la mort nous l'avions déjà côtoyé plus d'une fois et cela ne saurait s'arrêter... Ne parvenait-il pas à comprendre qu'il en était ainsi et qu'il nous fallait vivre avec cette idée, aussi douloureuse soit-elle ?!

Pourtant, je gardais le silence, nous avions déjà abordé ce sujet et il n'avait visiblement que faire de mon bon discernement : autant économiser ma salive donc plutôt que de répéter quelque chose dont il n'a que faire.

Je poursuivais ma besogne, ôtant l'un des bords du pansement qui maintenait le cathéter en place pour le retirer. Je ne voulais plus de cette aiguille intrusive dans mes veines : cela durait depuis déjà trois jours, c'était assez.
Cependant, je ne pus guère aller au bout de mon geste car, alors que mon attention s'était focalisé sur mon poignet entravé, la main du Yamada vint heurter violemment ma joue, me faisant quelque peu tourner la tête par le mouvement. Je portais ma propre main a ma joue rougie et échauffée tandis que mon regard se plantait dans le sien, interloquée, ne parvenant guère à comprendre son geste.

Visiblement, il ne souhaitait pas que je touche à mes branchements à moins que ce n'était mes mots qui m'avait valu cette gifle ? Peut-être était-ce les deux.... ?
Je n'eus de toute-façon pas le temps de m'en offusquer ou de réclamer des explications puisqu'il vint me donner un nouveau baiser.
Mes yeux s'écarquillèrent sous la surprise, plus abasourdie que jamais par sa réaction en chaîne si contradictoire. Pour autant je ne me dégageais pas et venais même enlacer sa nuque pour lui répondre à mon tour.

Tout cela paraissait bien confus mais une double réaction si contradictoire ne pouvait vouloir dire qu'une chose : cette gifle était un mélange d'inquiétude et d'agacement alors que le fait qu'il m'embrasse dans la foulée témoignait d son attachement... Avait-il fini par comprendre ce que j'avais vu en lui alors que nous étions à Yuki no Kuni ? Je le lui avais exprimé clairement et il s'était emporté en niant mes révélations tout en croyant à une conspiration pour nous réconcilier... Pourquoi devions nous passer notre temps à être en confrontation ? Toujours pour les mêmes raisons de surcroît...

Alors que nous rompions notre échange, je reculais mes lèvres, doucement, pour poser ma joue contre la sienne et lui murmurer au creux de l'oreille :

« Je t'aime... »

Il le savait. Je le lui avais déjà dit mais j'éprouvais le besoin de le lui rappeler après tout cela. Il restait pudique et sur la réserve, d'où le fait que je me positionne de la sorte pour ne pas le forcer à soutenir mon regard alors que je ne fais que lui exprimer mes sentiments.

Malgré tout cela je restais maussade... Que pouvais-je faire pour alléger sa conscience et sa souffrance ? Je ne pouvais pas lui faire la promesse de ne pas me mettre en danger puisque j'étais shinobi et tel était mon devoir. Il n'était pas uniquement question de ma maladie, une fois que je me serais débarrassée de celle-ci, je me doutais qu'il ne voudrait pas pour autant me voir risquer ma vie mais qu'y pouvais-je ? Lui aussi risquait la sienne chaque jour et même si cela ne me plaisait guère, je ne pouvais rien y faire.

« Kioshi... Tu parles de moi mais... sais-tu à quel point cela me fait mal de te voir mutiler ? J'étais sur place, par désobéissance, et pourtant je n'ai rien pu faire pour éviter cela... la culpabilité me ronge... Tu n'es pas le seul à ne pas apprécié voir l'autre souffrir... Mais que pouvons nous y changer ? Notre vie est sans cesse menacée... »

Je me reculais pour enfin l'observer dans les yeux.

« Pourquoi ne pas profiter des instants que nous avons la chance de passer ensemble plutôt que de se quereller sans cesse en vivants constamment avec la crainte de perdre l'autre ? »

Mes doigts vinrent se perdre dans ses cheveux dans un geste affectueux tandis que mon regard s'abaissa quelque peu avant de retrouver les siens.

« Voilà trois jours que je suis ici, dans ce lit, a subir divers traitements : je me sens mieux. Je veux rentrer et être avec toi... »

Passer du temps en ta compagnie valait toutes les médications du monde : car le sourire, je ne pouvais l'avoir qu'à tes côtés et non pas dans cet endroit que je côtoyais régulièrement...
Mes lèvres se posèrent fugacement sur les siennes, une nouvelle fois, tandis que ma tête venait se lover au creux de son épaule, profitant de sa présence et de sa chaleur apaisante.

Pouvais-je espérer qu'il me comprenne ou se bornerait-il à vouloir que je reste ici malgré tout ?

Music ♫:

Mes paroles l'avaient blessé bien plus que je ne l'aurais pensé. Cette gifle, cette recommandation de ne plus jamais rien dire de tel : tout convergeait à l'encontre de cette phrase que j'avais prononcé. J'esquissais un léger sourire, le regard plongé dans le sien pour lui intimer que c'était d'accord, je ne dirais plus cela.

Puis venait finalement l'explication de la perte de son bras : il avait fait confiance à la mauvaise personne et voilà le résultat... Je soupirais à ces mots tout en l'observant toujours plus intensément, la main effleurant sa joue.

« Et là est ton problème : tu fais confiance bien trop facilement... Cette fois c'était ton bras, et c'est déjà fort regrettable, mais la prochaine fois cela pourrait être ta vie... Promet moi de faire attention et de rester sur tes gardes, qu'importe si la personne en face de toi tu sembles la connaître : dans certaines situations tes amis d'hier peuvent devenir tes ennemis d'aujourd'hui... »

La méfiance était de mise. Toujours... Je ne faisais confiance qu'à très peu de personnes et même si je me montrais relativement sereine à leurs côtés, je n'oubliais pas que peut-être, un jour, ils voudront me planter un coup de poignard dans le dos. En tant que Kazekage et donc poste convoité, Kioshi devait d'autant plus se méfier...

Je plaquais mon front contre le sien et fermais les yeux.

« Tu ne peux pas imaginer à quel point je serais dévastée s'il t'arrivait quelque chose... Alors sois prudent. »

Non tu ne le pouvais pas. Si cela devait me frapper moi alors tu dépérirais comme pour l'Ecarlate. Tu voudrais sans doute mourir, ne plus avoir a subir toute cette souffrance. Si cela te concernait toi alors non seulement je serais ainsi mais je ne pourrais en plus pas retenir ma colère et mes pulsions meurtrières. Jamais plus je ne pourrais être la Yami d'aujourd'hui si cela devait se produire... Mon amour pour toi était infini et cela constituait désormais mon équilibre : si on me l'arrachait, je ne pourrais plus répondre de moi...

Il était vrai que je préférerais largement que l'on passe plus d'instants à profiter de la présence de l'autre plutôt que de partir dans des débats conflictuels mais Kioshi semblait affirmer que cela n'était pas possible parce que mon corps criait à l'agonie et qu'il ne voulait donc prendre aucun risque supplémentaire pour ma santé déjà remise en question. Ses paroles me firent esquisser un sourire tandis que je gardais les yeux fermés.

« Et lorsque je guérirais ? Tu m'interdiras toujours de m'exposer au danger comme n'importe quel shinobi le fait ? »

Mon regard s'ouvrait sur le sien pour obtenir des réponses. Les yeux étaient bien meilleurs indicateurs que les mots : eux ne pouvaient mentir. Parce que oui, j'allais guérir, j'en étais convaincue.

Il n'avait pas éviter mon baiser mais pour autant il ne semblait pas enclin à coopérer dans mon sens concernant ma sortie de l'hôpital... Je devais rester ici car j'en avais « besoin »... Je n'avais pas la moindre envie de rester reliée à une poche d'hémoglobine chaque jour de ma vie ! Mes blessures allaient beaucoup mieux et mon sang avait été assaini durant ce séjour de trois jours.

J'étais prête a protester à sa pseudo menace de m'attacher pour me contraindre à rester ici mais je refermais la bouche sans un mot en l'écoutant plutôt poursuivre lorsqu'il me laissa comprendre qu'il allait dire quelque chose qui me ferait plaisir. Je retenais presque ma respiration, me demandant s'il allait vraiment dire ce que je croyais qu'il allait dire et puis finalement c'est ce qu'il exprima ouvertement pour la première fois... Il disait le croire, ne pas en être persuadée mais je connaissais déjà la réponse pour l'avoir ressenti clairement en lui au manoir de Hélios à travers notre lien de sang.

« Je le sais... »

Me contentais-je de lui répondre dans un sourire sincère et les yeux brillants d'émotions. Il n'était pas à l'aise sur ce genre de conversation et il dévia le sujet comme à son habitude. Toutefois cela ne me gênait pas et je ne cherchais pas à le relancer là dessus. Il l'avait dit et je l'avais entendu : c'était là tout ce qui comptait...

C'était quelque part frustrant de ne pas éclater de joie et de l'étreindre plus fortement encore de bonheur pour cette réciprocité avouée et tellement attendue mais c'était ainsi : une fois de plus je ne voulais pas le brusquer ni même le gêner avec des sentiments et un domaine avec lequel il n'était pas vraiment à l'aise.

Je l'écoutais donc changer de sujet, se déportant sur ma propre blessure dont il voulait voir l'évolution en soulevant le drap qui me recouvrait les jambes. Je relevais la tenue d'hôpital qui m'arrivait à mi cuisse pour dévoiler la dite marque présente sur ma hanche gauche. Ne subsistait qu'une cicatrice, la plaie s'était parfaitement refermée mais elle n'était pas très jolie... Dans la mesure ou une cicatrice pouvait l'être. Elle était longue d'environ cinq centimètres pour deux centimètres de large pas non plus énorme donc mais suffisamment éloquente pour deviner qu'une lame s'y était nichée. Ma peau diaphane était plus violacée à cette endroit alors qu'elle présentait des irrégularités.

J'avais moi même jetée un œil dessus avant d'observer la réaction de Kioshi sur cette dernière. Je garderais en effet une marque à vie de ma « désobéissance » comme il semblait l'appeler mais je gardais ma motricité et l'usage de ma jambe, ce qui n'était pas le cas pour son bras disparu...

« Ce n'est pas très beau à voir mais cela reste une blessure superficielle dont je ne garde aucune séquelle... »

Je marquais une pause avant de reprendre.

« Et ton bras ? Tu comptes user d'un procédé pour en obtenir un de substitution ? »

Je m'apprêtais à ajouter : « je suis sûre que les Saibogu seraient capable de te façonner quelque chose » mais je me retenais in extremis me rappelant qu'il s'agissait là du clan suspect numéro un pour la mort de la Godaime et que jamais il ne concéderait à obtenir l'une de leur fabrication...

« Peut-être qu'une greffe est possible... Même si l'idée d'avoir le bras de quelqu'un d'autre est en soit étrange... »

Nous étions tous les deux médecins alors oui nous savions que cela était possible pour peu que son corps ne rejette pas le greffon. Je pourrais également rétablir la circulation sanguine de ce bras pour le rendre utilisable mais... le voulait-il ? Ou bien voulait-il garder une certaine trace de son sacrifice pour être venu en aide à Oniri et d'avoir eu trop confiance en une personne pour laquelle il n'aurait pas dû, lui servant d'exemple et d'erreur à ne plus commettre ? Kioshi se culpabilisait sur beaucoup de choses et un tel raisonnement de sa part ne m'étonnerait pas vraiment...

Guéris. Trahis une promesse. Guéris... Il n'avait que cela à la bouche. Il était bien gentil mais je ne demandais que cela de guérir ! Toutefois mon père tardait à revenir et si je commençais à croire qu'il ne viendrait pas m'aider, l'idée qu'il ait pu trépasser durant son périple pour réunir ce dont il avait besoin pour accomplir le rituel me traversa aussi l'esprit.

Je n'avais pas non plus trahis quoi que ce soit à mon sens : j'avais agis comme cela me semblait le plus juste et il avait beau avoir mis les formes en faisant passer cela pour un ordre, il n'en restait pas moins que l'affaire consistait à aller sauver ma meilleure amie alors même que j'avais l'appuie de son père pour tenter de la sauver ! Ordre ou pas, je n'aurais pas pu abandonner de la sorte une personne chère à mon cœur : il y avait des choix qui était indiscutable et cela en faisait partie. Je ne regrettais pas d'y être allée une seule seconde mais cela était inutile de le lui dire car il devait l'avoir compris. D'autant plus que jamais nous ne serions d'accord sur la question...

« J'aurais très bien pu recevoir un coup similaire me laissant une marque au cours d'une mission... »

Ajoutais-je néanmoins. Pour lui cette cicatrice rappelait ma parole non tenue mais pour moi il s'agissait plus d'une erreur lors du combat qui m'avait valut d'être touchée. Cela aurait très bien pu survenir dans un cadre « officiel ». Me blâmerait-il pour une nouvelle cicatrice à l'avenir si celle ci devait m'être faite durant mes fonctions de shinobi ?

Le ton qu'il employa pour signifier qu'il allait suivre mon conseil ne me laissait rien présager de bon... C'est moi où encore une fois il déformait mes propos pour les servir à son avantage ?

« Tu as donc si peu confiance en moi ? »

Lui demandais-je dans un fin sourire amer.

« Il est vrai qu'il ne faut pas donner sa confiance trop aisément et qu'il faut savoir garder une part de méfiance même vis à vis des personnes qui nous sont chères mais pour elles ce n'est pas ce qui doit prédominer. Sans confiance il ne peut y avoir d'attachement. »

Pourtant je t'avais prouvé plus d'une fois mon affection à ton égard : en déduire que je te faisais confiance n'était dès lors pas difficile à comprendre.
Je repensais aux instants passés chaque jour à ses côtés alors qu'il n'était plus que l'ombre de lui même, dépérissant, sous alimenté et à bout de forces... Je n'avais pas été la seule à ses côtés mais j'en faisais partie. Ne disait-on pas que l'on voyait les personnes qui tenaient véritablement à nous lorsque les choses étaient au plus mal ?! Voilà un indicateur des personnes auxquelles il pouvait faire confiance.

Lorsque je le vis se lever et sortir une fine chaîne je levais les yeux au ciel tout en poussant un soupir tirant sur le ricanement de surprise. Il comptait vraiment m'attacher à ce lit ? N'était-il pas au courant que je travaillais ici et que mes collègues, en plus de me charrier, me délivreraient ?!
Voilà qu'il me demandait de l'aider à m'entraver en plus ! J'arquais les sourcils comme étonnée qu'il puisse attendre une réponse qu'il devait pourtant connaître.

« Non... »

Disais-je dans un sourire espiègle.

« Si tu veux m'entraver débrouille toi mais il est hors de question que je te facilite la tâche. »

Je n'allais pas rester là à le laisser faire non plus. Toutefois, puisqu'il était du côté de la poche de sang à laquelle j'étais reliée, si je voulais m'échapper de son courroux, il me faudrait détruire ce lien gênant pour basculer du côté opposé du lit où il se trouvait... Ne m'oblige pas à faire cela Kioshi...

« Et pour aller me doucher je ferais comment ? Et si j'ai envie d'aller soulager ma vessie ? »

L'interrogeais-je avec un mélange d'indignation et d'amusement tant la situation était ridicule.

« A force de vouloir me protéger de tout tu ne me protèges de rien... »

Parce que ces entraves m'étouffaient et me donnaient l'impression de ne pas être libre de mes mouvements et de mes choix. Ce qui avait tendance à me donner envie d'enfreindre les « règles » imposées juste pour me sentir plus libre... N'avait-il pas compris, depuis le temps, qu'il ne fallait pas toucher à la liberté des Ketsueki ? …

« C'est ridicule. T'en rends-tu compte au moins ? Tu ne peux pas me dicter ma conduite et choisir à ma place de rester dans cet hôpital. Je sais que rester ici est inutile. Mes plaies sont guéries et mon sang a été renouvelé et il n'aura besoin de l'être de nouveau que d'ici la fin de semaine où je reviendrais ici, comme d'habitude. Restée ici à ne rien faire jusqu'à ce que je me guérisses de ma maladie, car c'est visiblement cela que tu veux, me fera juste devenir folle. »

J'avais horreur de me sentir diminuée, cela aussi il le savait. Il n'était pas question que je reste alitée un jour de plus alors que je me sentais mieux ! Qu'il se plaigne ensuite que je défie ses obligations mais comment pouvait-il en être autrement alors qu'il m'enchaînait et me bridait dans mes actions.

« Toi étant nomade, tu sais très bien qu'elle sensation cela fait de se sentir libre : dans le désert entouré des tiens. Plus que quiconque tu devrais comprendre à quel point cela est important et pourtant voilà que tu me restreins ?! Eh bien... Je me demande ce que penseraient tes parents de cela... »

Mon regard était emplit d'agacement tandis que je fronçais les sourcils.
Un Yamada bridant la liberté, une notion si chère à son cœur... J'aurais décidément tout vu...

Music ♫:

Il était agacé et nous étions deux ! La réflexion sur ses parents ne lui avait visiblement pas plu pour qu'il place ma mère à son tour dans la conversation.

« Parle en si cela te chantes ! Non seulement elle n'est plus de ce monde mais en plus elle était une pourriture alors rien que tu ne pourrais dire sur son cas ne parviendra à me blesser ! Toi tu as une famille qui t'aime et qui possède respect et fierté à ton égard. N'oublie jamais la chance que tu as à ce sujet. »

Je ne pouvais pas en dire autant mais surtout, ses parents lui avaient inculquer des valeurs propre à leur clan nomade et la liberté devait bien en faire partie pourtant il continuait à m'entraver comme plaçant une lionne en cage pour sa propre sécurité... Comment croyait-il que cela allait se finir ? Il n'y avait pas besoin d'être Kazekage pour le savoir...

« Il ne se passera pas forcément quoi que ce soit. Comment ais-je toujours fait jusqu'à présent ? »

Lui répondais-je quant à son interrogation sur ce qui allait se passer s'il ne me protégeait de rien. J'étais assez grande pour me débrouiller et n'avais guère besoin d'un chaperon même si cela partait d'une bonne intention. Il évoquait souvent Zanshi mais je doutais qu'elle aurait suivi ses recommandations aveuglément également ! Peut-être n'avait-il rien osé lui dire car c'était elle la dirigeante de Suna et qu'il profitait désormais de son statut pour imposer cela à moi ou peut-être qu'il ne voulait justement pas que le même schéma se reproduise et qu'il espérait que me maintenir à l'abri de tout préserverait ma vie... Ce n'était peut-être pas faux mais cela ne préserverait en rien mon équilibre mental... Entraver une Ketsueki était la pire des décisions à prendre...

Pourtant, enfin, il déposa la chaîne sur le lit, résigné à m'écouter pour une fois et me faire confiance en arborant toutefois un ton amer.

« Merci bien. »

Lui répondais-je d'un air résigné. Non mais encore heureux ! Finir enchaînée dans cet hôpital ne faisait sûrement pas partie de ma conception de liberté et de respect de l'autre !
Et voilà qu'il commençait à s'éloigner... Je poussais un soupir non dissimulé. Pourquoi fallait-il toujours que cela se passe ainsi ? Pourquoi restait-il aussi borné sur ma protection ?! Il ne voulait que me préserver, je le savais, mais je n'en éprouvais ni le besoin ni l'envie. Vivement que ma guérison soit accomplie qu'il ne juge plus utile de me couver de la sorte ou bien j'étoufferais sans doute sous le poids de sa crainte.

Il prenait la décision de me mettre à pieds une semaine : si cela pouvait lui faire plaisir... Il ne fallait pas non plus que je m'approche du QG de l'unité spéciale sans quoi la « punition » serait étendue dans le temps. Il me tournait le dos et j'en profitais pour lever les yeux au ciel mais m'y pliais tout de même pour lui montrer que je savais écouter des ordres censés.

« Très bien, Kazekage-sama. »

Me contentais-je de lui répondre pour lui prouver que j'avais bien compris que c'était le dirigeant du village qui s'adressait à moi et non Kioshi.
Juste avant qu'il ne disparaisse dans les couloirs, je m'adressais d'ailleurs à ce dernier d'un ton sincère :

« Je t'aime. »

Eh oui... Peut-être avais-je tords mais aussi têtu était cette tête de mule et nos querelles éreintantes, je ne pouvais faire abstraction de mes sentiments. Malgré nos paroles échangées parfois difficiles, je voulais lui souligner que cela n'altérait en rien mes sentiments à son égard.
Il ne m'avait finalement pas attachée, il ne m'empêchait pas de partir : je savais que cela lui coûtait mais il avait décidé de me faire confiance tout de même. C'était là également une façon de le remercier pour cela. J'allais profiter de cette semaine de vacances pour tenter d'en savoir plus sur l'avancement de mon père : il fallait que le rituel opère, cette situation n'était guère plus possible...

Alors même que cette pensée effleura mon esprit, je fus prise d'une nouvelle douleur fulgurante irradiant mes veines bouillantes et me faisant toussoter ardemment, laissant une gerbe de sang s'échouer sur mes draps immaculés. La crise passée, je souriais amèrement devant ce spectacle et remerciais mon corps d'être parvenu à ne s'exprimer qu'en cet instant alors que Kioshi était parti, sans quoi mon discours aurait certainement perdu en crédibilité en plus de l'inquiéter davantage. Cela était définitivement mieux ainsi...