Cette fois encore, je me réveillai en sursaut et en sueur, les pupilles dilatées par une terreur sans nom. J’aimerais vous dire que ce n’était qu’un cauchemar, mais même si parfois l’imagination peut prendre tellement d’ampleur qu’il semble réel, là ça n’avait rien de tout cela. C’était maintenant la troisième fois en une seule nuit que j’échappais aux bras de Morphée, et chaque fois pour la même raison. Je mourrais. Pas sur le temps comme pour une maladie, non je me faisais réellement assassiner. Chaque fois différemment, chaque fois par la main de quelqu’un d’autre, mais le résultat était le même. Je n’arrivais quasiment plus à dormir, je titubais en sortant de mon lit pour me rincer le visage et une douleur atroce au niveau du torse et des épaules, qui ne laissait pas beaucoup de doute à l’origine de ce mal.
J’avais tellement chaud que j’étais obligée de dormir nue, et pourtant ça ne suffisait pas. D’un regard plein de haine, j’observai le reflet de la marque bleue qui trônait dorénavant sur mon corps, cette patte griffue qui remontait sur ma gorge comme pour m’étrangler, cette créature que je devais à présent combattre à chaque instant pour garder le contrôle sur mon corps.

« Oh bordel, c’est quoi ces cernes ? Saloperie, pourquoi il a fallu que ça tombe sur moi ? »

Je serrais entre mes doigts les bords du lavabo si fort qu’il n’aurait pas fallu beaucoup plus pour qu’il explose. Ça aurait été emmerdant alors que tout ici était neuf, ou presque.
Je me laissai tomber comme une masse au sol, adossée au mur, le regard dans le vague. Le Konohajin de l’autre fois aurait été bien utile, car après tout il avait réussi à immobiliser et contenir cette chose à lui tout seul, sans me faire le moindre mal. Pourtant ses conseils, ou avertissements ça marche aussi, avaient été très clair. Il fallait que je me débrouille seule si je voulais survivre. Mais comment faire si je ne peux même plus me reposer ? Bon sang, un sceau. Il avait utilisé un sceau.
Je filai fouiller parmi les très rares parchemins de ma chambre personnelle, hélas non seulement je ne comprenais absolument rien au fuinjutsu, mais en plus aucun ne voulait fonctionner. Attendez, réfléchissons. Voilà, on souffle profondément et on expire. Voyons voir, à chaque problème il y a une solution. Red ! C’est une Saibogu comme Oniri, elle s’y connait donc forcément en sceau. Oui mais je ne peux pas aller la voir maintenant, vous avez vu l’heure ? A peine quatre heures du matin …
Une nouvelle douleur me paralysa un moment, m’obligeant à serrer les dents et à fermer les paupières. Non je ne peux pas attendre. Ou alors je vais voir l’autre grognasse de toubib ? Logiquement ce serait plutôt dans son domaine d’expertise … Nan elle ne fera rien à part s’amuser à me torturer un peu plus. Red saura quoi faire, elle.

C’est sans une difficulté évidente que je réussi à me remettre debout, puis à m’habiller à peu près convenablement et à me diriger jusqu’à la porte ciblé. C’est une impression d’ailleurs ou les bâtiments sont nettement plus grand qu’avant ? Pff, question stupide. En comptant les pauses douloureuses et l’absence du quelconque sens de l’orientation en ces lieux, il me fallut une bonne heure pour atteindre les appartements de la grande cheffe du Kyomu.
Je remis rapidement mes cheveux en place et me tapotai les joues, histoire de paraitre plus vivante qu’en réalité, et je frappai à la porte. Puis frappai encore, et encore, chaque fois un peu plus fort jusqu’à m’arrêter et m’écouler contre le mur adjacente. Tant pis, j’attendrais ici qu’elle sorte. Punaise c’est tellement misérable …

Ce n'était que durant les hivers les plus froids que l'on pouvait vraiment parler de nuit fraîche à Haï. Le restant de l'année ses habitants avaient apprit à composer avec un climat assez chaud et humide. Par chance les locaux du Kyomu se trouvaient en altitude et si l'on faisait abstraction de certaine zone aux relents de gaz mortel, les promenades nocturnes n'étaient pas ce qu'il y avait de plus désagréable. Et pourtant ce n'était certainement pas pour profiter du climat que Red était sortie par une heure si matinale. En effet en cette belle nuit étoilée la lune était gibbeuse si bien que son sang bouillonnant de démone lui interdisait toute forme de somnolence. Sans parler de cela ces deux dernières années de maladie lui avait apprit à se contenter de peu d'heures de sommeil.

Voilà pourquoi Milly ne trouva absolument personne après avoir enfoncé la porte pour entrer dans la pièce. Une chance pour elle que sa supérieur n'avait pas encore installé le système d'alarme sans quoi elle aurait provoqué un vacarme de tous les diables aux seins des dortoirs en plus de se trouver tenue en joug par les innombrables points rouges des viseurs des tourelles automatiques installées dans le plafond. Au lieu de cela elle tomba simplement sur une chambre vide et assez impersonnel dans la mesure où l'on voyait clairement que la Saibogu était du genre à ramener son travail jusque dans son lit.

Beaucoup de livres, des documents de comptabilités, des plans du repaire, ainsi qu'un petit bureau sur lequel reposait une arme à feu démontée, mais pas de trace de la chevelure écarlate si ne ce fut l'odeur planante du tabac fumé. Cette dernière se trouvait à plusieurs kilomètre de là au terrain d’entraînement là où un éclair vint brutalement fendre le flanc d'une falaise dans toute sa hauteur. A bout de souffle, la Kunoichi stabilisa son chakra raiton dans sa main droite avant de le modeler brusquement en une immense lame de foudre qu'elle utilisa pour de nouveau assaillir la roche. Cette dernière craquant dans un vacarme tonitruant accompagné par le son des milliers de piaillement d'oiseaux émit par sa technique. Elle qui s’entraînait depuis presque le couché du soleil finit par tomber à genou d'épuisement. Cela suffirait à calmer ses hardeurs meurtrières pour le restant de la nuit, tout du moins elle l'espérait. Dans tous les cas encore beaucoup de travail l'attendait en rentrant.

Elle attrapa sa veste qu'elle posa sur ses épaules avant d'effectuer le trajet retour. Ce ne fut qu'une fois parvenue à l'intérieur des quartiers résidentielles qu'elle fut interpellée par cette source de chakra familière non-loin de sa chambre. Que faisait-donc la Kaguya ici ? Le temps d'un froncement de sourcil elle trouva la Kirijin évanouie derrière le seuil de sa porte. Devant ce spectacle la cheffe se massa les tempes par dépit. Dans un léger soupir elle s'approcha tout en essayant de l'appeler. Aucune réponse. Son premier réflexe fut de vouloir l’emmener à Yami qui en l'état était la seule médecin réellement habilité dans l'organisation. Seulement cette dernière était récemment parti écumer les pays à la recherche du chef rebelle des Asshu. Ce faisant Red prit le pouls de sa compatriote et finit par s'assurer qu'elle était juste évanouie. Néanmoins quelque chose réussi à l'interpeller.

La dernière fois qu'elle l'avait croisé la Kaguya ne possédait pas encore cette étrange source de chakra dans son ventre. Réflexe oblige, l'hypothèse qu'il s'agisse d'un enfant lui traversa l'esprit et l'étonna. D'autant plus qu'elle était persuadée que celle-ci n'était pas du genre à s'intéresser aux hommes. En focalisant ses facultés sensorielles elle put cependant déterminer qu'il ne s'agissait pas d'un véritable « enfant ». Cette fois-ci ce fut un haussement de sourcil qui vint souligner ses questionnements. Curieuse d'en apprendre davantage et consciente que Milly n'était pas en danger elle se décida à la soulever en la faisant passer par-dessus son épaule comme s'il s'agissait d'un vulgaire sac à patate. D'un geste de la main elle déblaya le matelas de paperasse présent sur celui en tissu pour finalement l'allonger sur son lit.

Lorsqu'elle se réveilla une demi-heure plus tard, la première chose qu'elle vit fut Red assise à la chaise de son bureau fumant une cigarette.

-Bonsoir ! Vous reprenez enfin vos esprits. Elle lui tendit un verre d'eau ainsi qu'une fiole contenant un des remèdes revitalisant (à diluer) que lui concoctait quotidiennement Yami. Buvez-donc cela devrait vous donner un petit coup de fouet.

Elle lui laissa le temps d'assimiler cette concoction hideuse mais efficace.

-Bien si vous me disiez ce que vous faites-là et ce qui vous arrive. Dit-elle tout reposant le verre et la fiole sur son bureau, la cigarette toujours coincée entre ses lèvres. Je ne sais pas ce que vous avez dans le ventre, mais cela ne me semble pas humain pour un sous.

Les minutes passèrent et toujours rien, j’eus beau frapper à nouveau, croyant qu’elle dormirait peut-être, mais rien. Ne me demandez pas pourquoi, mais je fini par y entrer et constatai qu’effectivement elle n’était pas là. La pièce était vide de la moindre forme de vie. Par contre, quel bordel ! Des papiers partout, des livres, des parchemins, des crayons, bref elle ramenait son boulot ici. Elle ne s’arrête jamais de bosser cette fille, c’est dingue ! Elle va se tuer à la tache … Je paris qu’avec tout ça elle ne prend même pas le temps de s’entrainer au taïjutsu …
Un violent maux de tête soudain m’obligea à me tenir à la poignée, puis à m’adosser au mur derrière la porte, pour finalement perdre connaissance à cause du manque d’énergie et de sommeil.

Cette fois encore, je n’étais plus dans mon corps, je ne maitrisais plus rien. Ce n’était pas un rêve, ce n’était pas non plus un cauchemar mais bien comme toutes les autres fois, les derniers instants d’un précédent hôte de cette créature. J’ignorais bien combien il avait pu y en avoir, mais à chaque fois le résultat était le même, la mort. Cette fois-ci j’étais une femme, en fin de grossesse vu la taille du ventre, et j’avais déjà deux autres très jeunes enfants. Hormis la scène quelque peu traumatisante, cela voulait signifier que ce démon, que cette salamandre n’influençait pas sur la possibilité de donner la vie. Ou du moins ça ne l’empêchait pas … Oh bordel, et si ça faisait l’inverse ? Oh saloperie …
Un soldat en armure de samouraï apparu soudainement dans l’entrebâillement de la porte, faisant voler celle-ci d’un coup de pied. Je sentais la terreur dans l’esprit de la femme, elle serait ses progénitures contre elle en implorant l’individu. Mais ce dernier avait déjà disparu de son champ de vision. Au lieu de ça, les têtes de ses deux filles roulèrent sur le sol, et elle eut le ventre entailler jusqu’à la moelle épinière. La régénération ne tarda pas, mais trop tard, le second coup trancha le corps en deux dans le sens de la hauteur.

Je me réveillai à nouveau avec le cœur battant, mais j’étais cette fois dans un lit qui n’était pas le mien. Et Red était là, assise sur une chaise en-face de moi, une cigarette entre les lèvres. Oh merde, qu’est-ce qui venait de se passer ? Qu’est-ce que je foutais là ?
La rousse me tendit un verre d’eau et une fiole à la couleur plus que douteuse, et m’assura que ça allait me requinquer. Je lui lançai un regard interrogateur, avant de tout de même lui faire confiance. Erk, rien qu’à la texture et l’odeur, c’est écœurant. Et plus encore une fois bue … ah bon sang c’est dégueulasse …

« Bien si vous me disiez ce que vous faites-là et ce qui vous arrive. » Demanda Red après avoir récupérer le verre et la fiole vide pour les poser sur le bureau. « Je ne sais pas ce que vous avez dans le ventre, mais cela ne me semble pas humain pour un sous. »

Machinalement je baissai les yeux vers l’endroit ciblée, avant de soupirer et m’assoir au bord du lit.

« C’est en majeur partie la raison de ma venue. Mais avant tout ça, je tiens sincèrement à m’excuser pour avoir forcé votre porte. Ça ne se reproduira plus. » Je marquai une petite pause, le temps de souffler et de me lever, puis retirai mon haut. « Ça, c’est de ça dont je voulais vous parler … »

Je tapotai délicatement du doigt le tatouage bleu qui passait entre mes seins, remontait sur mon épaule gauche, virait dans ma nuque pour réapparaitre sur l’épaule droite, en tentant au passage de m’étrangler. Le bout de la queue remua très légèrement, me provoquant une intense douleur. Obliger de me taire et de serrer les dents, j’attendis quelques secondes, le temps que ça se calme pour reprendre.

« Je vous prie de croire que je ne cherche nullement à vous faire perdre du temps, surtout à une heure aussi matinale. Il se peut que vous trouviez ça étrange d’ailleurs, enfin … c’est arrivé tout récemment. C’est aussi pourquoi Yami n’est pas au courant. C’était au cours d’une recherche dans les cavernes de l’île, je cherchais des pierres précieuses pour l’organisation, et au cours de l’expédition j’ai fait la rencontre d’une créature fantomatique … Attention ça peut faire très bizarre, mais la chose s’est incrustée en moi. Elle y est toujours d’ailleurs … c’est le chakra que vous avez sentit. Une sorte d’esprit, de démon, ou quelque chose dans le genre … Et depuis je ne peux plus dormir. Je n’y arrive plus. Au lieu d’atteindre les bras de Morphée, je me retrouve sur un champ de bataille, et je meurs. Je meurs à répétition. Chaque fois autrement … »

-Vous avez vraiment le don pour vous attirer des ennuis. Lança-t-elle dans un haussement de sourcil circonspect.

Entre son passé houleux dans le Shoraizen, ses déboires avec Michiki et Konoha et maintenant ce conte sans queue ni tête d'esprit venu posséder son corps. Red n'aurait su dire s'il s'agissait d'une histoire de mauvais Karma, autrement dit de malchance, ou si la Kaguya était aussi maladroite que ce qu'elle pouvait avoir l'air vis-à-vis de ses rapports avec le reste du monde. Quelque part cela l'amusa sans pour autant nier la gravité de la situation. Dans un sens en venant ici elle avait défoncé la bonne porte dans la mesure où la cheffe de l'organisation vivait avec des problèmes plus où moins similaire en relation sa propre nature démoniaque. La principale différence étant qu'elle n'avait pas de démon en elle, elle était le dit démon.

Fait étonnant, elle ne s'était jamais remise en question vis-à-vis de sa non appartenance au genre humain. Hors dans l'autre sens, elle n'avait pas choisi la bonne personne à qui s'adresser car à aucun moment Red ne cherchait à lutter contre ses instincts délétères, au contraire elle les accueillait à bras ouvert et se contentait de vivre avec, tout simplement. Cette façon de procéder lui plaisait. Elle ne s'était jamais senti aussi vivante depuis qu'elle avait franchi le pas. Naturellement il arrivait parfois qu'il y ait quelque dommage collatéraux, mais le fil conducteur reliant ses états d'âmes aux sentiments de culpabilité semblait s'être rompu à l'image de beaucoup d'autres. Cela n'empêchait pas la Kunoichi de rester lucide et terre à terre. Malgré son détachement envers ses propres méfaits, elle savait que le monde des humains n'était pas apte à l'accueillir de la même manière.

-Je suis navrée, mais tout ceci dépasse de loin mon domaine de compétence. J'aurai souhaité pouvoir vous aider sincèrement, mais je suis une Saibogu, pas une exorciste et encore moins un médecin. Je vous conseillerai de prendre rendez-vous avec Yami le plus rapidement possible. Si une personne au sein du Kyomu est en mesure de faire quelque chose pour vous c'est elle. Par la suite je vous conseillerai d'aller à la rencontre d'un Mamoru. Ce dernier pourrait effectivement être en mesure de vous exorciser afin d'apaiser vos maux. Dit-elle d'une voix pleine d'empathie.

La chambre était presque entièrement plongée dans la pénombre et seulement éclairée par une lampe de chevet,censée servir pour la lecture dont Red ne se servait jamais. Ainsi la silhouette assise de la Kunoichi était à peine perceptible et seul brillait au niveau de ses lèvres la braise iridescente de sa cigarette. Elle vint écraser le mégot dans un cendrier. Expulsant un fin nuage de fumée elle vint, après un instant de silence, poser une main compatissante sur l'épaule de la Kaguya.

-Je regrette de ne pouvoir faire davantage. Yami pourra certainement vous préparer quelques remèdes afin de soulager votre sommeil. Je sais qu'elle n'est pas toujours très sociable, mais vous pouvez lui faire confiance comme j'ai confiance en elle. Mais si cela vous pose problème je pourrais déjà commencer par aller lui en parler.

Ce monde était vraiment étrange. A l'époque où Oniri n'était qu'une petite Saibogu enfermée dans sa cage d'or, ignorante de tout de ce à quoi pouvait ressembler le monde au-delà de ces barreaux, elle n'aurait jamais cru que de telles créatures puisses exister à travers le monde. Quand les Gogyous se présentait à ses yeux comme des aberrations de la nature, elle était encore loin de se douter que démons, esprits et autre créatures immémoriales déambulaient sur terre tout en faisant en sorte de rester dans l'ombre du jour.

Aujourd'hui s'en était presque devenu son quotidien. Elle était la descendante d'une démone millénaire, son bras droit Nihilem était un monstre, Yami était une buveuse de sang immortelle et invulnérables et maintenant c'était au tour de Milly de se faire posséder par une quelconque esprit maléfique. Autant dire que l'organisation se transformait une véritable cirque où deux nombreux monstres, plus cruel et dangereux les uns que les autres, se rassemblaient alors qu'en face se trouvait un empire à défaire et un monde à conquérir. Red ne put alors s'empêcher de sourire intérieur, jugeant cela « particulièrement intéressant ».

-Si vous vous sentez mieux que diriez-vous de sortir un peu ? Regardez-vous, vous êtes en sueur, prendre le grand air vous fera le plus grand bien. C'est ce que je fais habituellement lorsque j'ai du mal à trouver le sommeil. J'ai pour habitude de m'entraîner assez tard également. Après il ne s'agit que d'une suggestion vous pouvez faire ce que vous voulez. Seulement, j'ai l'impression que vous n'arriver à rien ce soir tant que vous ne vous serez pas changée les idées.

La Saibogu n'était pas pressée. Lorsqu'on dormait aussi peu qu'elle les journées avaient tendance à se rallonger tant et si bien que cela bouleversait notre perception du temps. Ce faisant elle s'alluma une deuxième cigarette en attendant la réponse. L'espace d'un instant, la flamme de son briquet fit ressortir ses yeux d'émeraudes par-delà la pénombre : vides d'émotions ils resplendissaient d'une intensité sauvage.

Je m’étais dénudée devant ma cheffe sans la moindre once de honte ni de pudeur. Très probablement parce que j’étais trop épuisée pour tenir compte de ce genre de détail. Et puis nous étions entre femmes, ça y jouait aussi. Cependant je ne m’attendis pas à sa remarque, précisant que j’aurais un éventuel don pour m’attirer des ennuis. Un commentaire qui fut accueilli de la même manière des deux côtés, par un haussement de sourcil. Me serais-je trompée en pensant qu’elle seule parmi toutes les personnalités de l’équipe pourrait me comprendre ? Nan, nan c’est certainement à cause du fait qu’il fait encore nuit noir, que j’ai enfoncé sa porte et pénétrer en ces lieux sans son autorisation. Quoi que, elle prenait cette information particulièrement bien, étrange. A sa place j’aurais foutue les squatteurs dehors à grand coup de pied au cul, et je leur aurais demandé de réclamer mon pardon ensuite si jamais ils tenaient toujours à discuter.
Il faut croire que nous n’avons pas du tout eu la même éducation …

Red s’excusa ne pouvoir rien faire mon problème, expliquant que ça dépassait clairement ses compétences. A ce point-là ? Pourtant c’est une experte du fuinjutsu, comme le konohajin qui m’était venue en aide. Elle me conseillait d’aller voir Yami et de trouver un exorciste Mamoru pour le problème exposé.
Plus elle parlait, plus j’accélérais mes mouvements de tête négatifs, jusqu’à me tenir le crâne en me rasseyant sur le lit. Non, non, non. Je ne suis ni malade ni timbrée. Elle ne comprenait pas. Bon sang, pourquoi elle ne comprenait pas. Elle en rajoutait en disant que la vampire pourrait me faire des drogues sensées soulager mon sommeil. Non bordel, elle fait complètement fausse ! Oh merde mes mains redeviennent noires. Calmons-nous, calmons-nous. Il faut respirer profondément, lentement.

« Si vous vous sentez mieux que diriez-vous de sortir un peu ? » Continua la Saibogu, la première cigarette éteinte, et la seconde en voie d’allumage. « Regardez-vous, vous êtes en sueur, prendre le grand air vous fera le plus grand bien. C'est ce que je fais habituellement lorsque j'ai du mal à trouver le sommeil. J'ai pour habitude de m'entraîner assez tard également. Après il ne s'agit que d'une suggestion vous pouvez faire ce que vous voulez. Seulement, j'ai l'impression que vous n'arrivez à rien ce soir tant que vous ne vous serez pas changée les idées.

- Non vous ne comprenez pas … » Fis-je avec une voix tremblante, le visage encore enfouille dans mes mains dont les doigts s’allongeaient par craquement en de longues griffes.

Je me levai à nouveau et lui présenta ce début de métamorphose, pendant que le tint de ma peau noircirait comme du pourrissement.

« Vous ne voyez pas qu’il y a un problème ? Je ne suis pas débile ! Je n’ai pas besoin de voir votre copine psychopathe ni un manitou pour m’endormir ! Merde merde merde … » J’arrivais de moins en moins à ralentir la transformation, mon cœur battait la chamade de ma poitrine. « Vous êtes plus que talentueuse dans le maniement du fuinjutsu. Je le sais, je l’ai vue. Un type de Konoha m’a aidé quand j’ai reçu cette chose en moi. Il a posé un sceau ici, sur la tête et tout allait de suite mieux. » Mes yeux prenaient maintenant leur couleur dorée, apparaissant dans l’obscurité comme deux perles inquiétantes et étincelantes. « C’est dans vos capacités, je le sais. Vous êtes très forte, et c’est aussi pour ça que vous ais dit que vous me plaisiez, à Kawa no Kuni … » Je marquai une pause, la respiration saccadée. « Faites votre boulot de chef d’équipe et aidez-moi bordel de putain de merde ! »

Les nerfs lâchaient, mais ce n’était pas contre elle, malgré les apparences. C’était contre cette voix qui grognait de plus en plus fort dans ma tête. Cette même voix que dans la grotte devant la salamandre, mais prononçant des mots flous et incompréhensibles, comme dissimulés sous un voile.

Red restait de marbre devant le comportement complètement paniqué de la Kaguya. Les symptômes qu'elle éprouvait n'avaient totalement rien avoir avec ce qu'elle avait jadis ressenti lors de l'éveil de sa propre nature démoniaque. Elle comprit que les choses risquaient cependant de se compliquer essentiellement en raison du comportement de son hôte qui, lui, demeurait tout ce qu'il y avait de plus humain. Voici ou la peur et l'incertitude pouvaient mener une femme aussi forte que Milly. La Saibogu profita de l'instant où elle vit les griffes au bout de ces doigts pour sonder le chakra de la jeune femme. Il y avait bien une manifestation provenant du tatouage, seulement comme elle le pensait depuis le départ tout ceci dépassait de loin ses compétences en la matière. Même avec toute la volonté du monde elle aurait bien été incapable de sceller cette chose.

-C'est vous qui ne semblez pas comprendre Milly. J'ignore où est-ce que vous êtes allez chercher cette information mais je n'ai jamais été une experte en fuinjutsu, j'en maîtrise les bases uniquement et ce que vous me demandez est totalement hors de ma portée.

Elle ne mentait pas, car si elle avait été capable d'une telle chose à l'époque, elle ne serait pas à ce jour un monstre sans cœur dévoré par ses instincts qui s'éprenait à chasser et hacher les humains qui croisaient sa route durant les nuits de pleine lune. Elle serait sans doute... Elle n'avait aucune idée de où est-ce qu'elle serait à dire vrai. Mais dans le fond cela lui importait peu, elle qui avait parfaitement apprit à vivre avec sa condition qui à présent ne lui posait aucun problème. De son point de vu il n'y avait plus que des avantages à être une non-humaine.

-C'est pour cette raison que je cherche à vous confier à d'autres personnes qui seraient réellement à mesure de vous aider. Je m'inquiète sincèrement de votre cas, mais je ne suis malheureusement pas une faiseuse de miracle. Sachez seulement que si vous voulez de l'aide il faut que vous acceptiez que d'autres personnes que moi interviennent.

Red comprenait parfaitement la réaction de la Kaguya qui, perdue au milieu de tant d'inconnues, cherchait désespéramment une bouée de sauvetage à laquelle s'accrocher, pensant que cette dernière saurait immédiatement la porter jusqu'à un rivage paisible. Seulement ce n'était pas aussi simple, la vie n'était malheureusement pas ainsi faite. Tapotant l'extrémité de sa cigarette pour en faire tomber les cendres la Saibogu se permit tout de même un instant de réflexion. Un début d'idée lui vint. Elle ignorait si cela fonctionnerait sur la Kaguya. Dans tous les cas tel était ce qu'elle faisait lorsque ses instincts tendaient à la submerger.

-J'ai éventuellement une solution pour vous aider ce soir, mais je vais vous demandez d'avoir une confiance aveugle en moi. Cela rejoint en parti ma proposition de tout à l'heure. Je vous invite à me suivre à l'extérieur. Cette fois-ci je ne vous laisse pas le choix. Soit vous me suivez et nous tentons quelque chose pour vous aider, soit vous retourner dans votre chambre et vous vous débrouillez seule. Cela peut paraître strict mais dites-vous que je fais cela uniquement pour votre bien.

C'était également vrai. En l'état Red n'avait pas grand chose à y gagner. Elle aurait tout aussi bien pu lui flanquer la porte au nez après lui avoir demandé de la remettre sur ses gonds, laissant ainsi seule la Kunoichi avec ses démons. Mais ce n'était pas le cas. Pourtant, si son côté démoniaque tendait à stimuler énormément de chose en elle, la patience n'en faisait absolument pas partie. Et ce fut ainsi qu'à ces mots la Saibogu se releva de sa chaise pour prendre la direction de la sortie. Elle qui n'était pas dupe l'avait clairement senti. Cette pulsion presque viscéral. La Kaguya était prête à éclater à tout instant. Il fallait se dépêcher.

Un mal de tête de plus en plus violent s’installait, comme si on m’enfonçait des clous de chaque côté du front. C’est en y passant les doigts, ou plutôt les griffes, que je compris qu’il s’agissait en fait de deux cornes qui grandissaient progressivement.

Et à côté de ça, Red insistait sur le fait qu’elle ne pouvait rien faire, qu’elle ne maitrisait rien de plus que les bases du fuinjutsu et que mon problème dépassait ses compétences … Non. Non elle ment forcement. Elle ne pourrait pas avoir fait tout ce qu’elle a fait jusqu’à maintenant sans un excellent niveau dans le domaine. Elle ment … elle ment … Elle continuait de vouloir me refourguer à sa sbire hypocrite suceuse de sang … elle veut se débarrasser de moi … elle est comme tous les autres en fait … Une nuisible, c’est une nuisible … Comment diable ai-je pu croire un instant qu’elle et moi … non, non !

Mon chakra bouillonnait en moi, ma peau terminait de virer au noir à une allure bien plus soutenue qu’au début. Mes pensées s’assombrissaient tout autant. La peur de la situation dans mes yeux se muait en haine, en rage. En insistait les sourcils froncés, les mimiques au coin des lèvres, sur les contours du nez. Je ne comprenais pas pourquoi. Red ne faisait qu’admettre son incapacité à régler ce problème. C’est possible, elle ne peut pas tout savoir faire non plus. Et pourtant non, je ne l’acceptais pas. Ce type de Konoha, il maitrisait le fuinjutsu aussi, il avait réussi. Si elle, elle refusait de prendre ses responsabilités, alors il fallait que je la force.
La transformation était complète à présent. Mes muscles stimulés au maximum ressortaient encore plus qu’à l’habitude. Mes poignets s’étaient vu équipés chacun de deux longues excroissances osseuses et tranchantes.

Ah voilà que Red se lève et m’ordonne de la suivre à l’extérieur. Elle me l’ordonne, elle me l’ordonne … Je l’observai passer l’encadrement de la porte, et ce fut ce dernier geste, cette dernière impression qu’elle donnait, comme si elle réclamait que je sois à ses pieds. Hors de question !
Mon chakra explosa littéralement. On aurait été dans une bande dessinée, j’aurais eu un halo sombre tout autour de moi. Bon c’est pas le cas mais l’image est assez parlante. Le plus perturbant et auquel je n’arrivais ni à me soustraire, ni même à faire opposition, c’était cette voix dans ma tête. À présent parfaitement claire elle répétait en boucle que Red était trop dangereuse pour rester en vie, et détournait chacun de ses arguments en une provocation évidente. La fatigue et les nerfs firent le reste.

Ce qu’on pourrait croire pour une chute alors que je me laissais tomber à quatre pattes, c’était uniquement pour planter mes griffes dans le sol et avoir une accroche optimale pour la charge qui suit. Totalement hors de raison, dans un si petit espace, je chargeais sur ma cheffe sans la moindre retenue. Totalement hors de moi. Les yeux écarquillés. Un hurlement strident et tout sauf humain s’échappant de ma gorge. Je lui sautais délibérément dessus dans l’unique but de lui faire du mal, beaucoup de mal, le plus de mal possible. Délaissant la moindre défense pour uniquement se concentrer sur l’attaque.

La pression dans l'air s'était soudainement intensifiée. L'atmosphère lugubre du repaire plongé dans la pénombre ne faisait que renforcer cette impression. Tout était parfaitement calme et seul résonnait dans les lieux les échos des pas de la cheffe de l'organisation. Son long manteau posé sur ses épaules, la cigarette coincée entre les lèvres, elle continuait d'avancer en faisant mine de ne pas se préoccuper du cas débordant de la Kaguya. Pourtant elle pouvait clairement le sentir, ses sens ne la trompaient jamais, sa collègue était en train de perdre pied et lentement se transformait en monstre emprunt de furie. La Saibogu de son côté semblait toujours aussi sereine mais encore une fois ce n'était que pure facétie. A l'image d'un animal pouvant ressentir la rage et la peur émaner d'autrui elle était tout aussi réceptif aux émanations néfastes qui se dégageait de Milly tant et si bien que cela tendait à influencer son propre état d'esprit. Elle lui tournait le dos, mais c'était comme si deux bêtes sauvages se rencontraient au détour d'un bosquet, chacune empreint de cette appétence charnière, prête qu'elles fussent à se jeter sur l'autre afin de la dévorer. Le cœur de Red tambourinait dans sa poitrine et ce malgré elle.

Ce n'était pas de la peur, ni de l'inquiétude, mais de l'excitation. Elle pouvait sentir son sang bouillant remonter jusqu'à ses tempes. Ses pupilles aveugles se dilatèrent avant de finir par se gorger de chakra. Ses lèvres retenaient d'un sourire pincé la clope dont l'extrémité laissa choir quelques braises qui brillèrent telle des lucioles ardentes dans la nuit avant de s'écraser au sol. De premiers grognements commencèrent à s'élever dans le couloir. Red pouvait sans mal percevoir chacun des mouvements de la Kaguya. Elle savait que cette dernière s'apprêtait à attaquer et pour tout dire, elle n'attendait que cela. Toujours dont à la créature la Saibogu fit machinalement craquer sa nuque, signe qu'un début de transformation s'était amorcé dans son propre corps. Ce fut en quelque sorte le signal qui donna départ à l'assaut lorsque Milly fondit brutalement sur elle tel un boulet de canon. La démone lunaire se retourna alors brusquement. Sers yeux n'étaient plus que d'eux orbites pâles noyés dans une lueur fantomatiques. Une aura de foudre enveloppa son corps lorsqu'elle s'apprêta à riposter.

Vu de l'extérieur, le couloir donnant sur l'air libre fut en parti arraché par l'impact de l'attaque. De multiples arcs électriques parcouraient les débris métalliques tout autour. Cet affrontement aurait sans doute pu très mal finir si des gardes n'étaient pas intervenir pour rapidement maîtriser la Kaguya. En effet, l'influence malsaine qu’exerçait l'astre lunaire sur Red l'aurait certainement poussé à massacrer son homologue démoniaque avant d'éparpiller ses restes aux quatre coins de l'Ootoke. Heureusement elle parvint néanmoins à se ressaisir en voyant les soldats arriver. Sa conscience de cheffe ayant prit le pas sur la bestialité quasi viscéral qui lui rongeait les entrailles. Ainsi à leur arrivé, Milly fut la seule à être identifié comme une non humaine et fut rapidement maîtrisé. Red se chargea personnellement de son cas et demanda à ce que l'on fasse usage de drogue afin de stabiliser son état. La Kaguya put alors se réveiller le lendemain passablement endormie mais aussi et surtout harnachée à un des lits du centre médical. La Saibogu fut averti de son réveil et vint la retrouver en fin de journée dans la chambre où elle était maintenue captive. Entre temps médecins et gardes avaient expliqué à l'Impétueuse, les raisons de sa détention. Si elle se trouvait dans une pareille situation c'était uniquement afin d'assurer la sécurité des autres membres de l'organisation.

-Navrée pour cette situation. J'espérai que nous n'aurions pas à en arriver là. Furent les premières paroles de Red en entrant dans la pièce. Elle tira une chaise près du lit et s'installa en croisant les jambes. Pas de cigarette cette fois-ci. Comment vous sentez-vous Milly ? Sentez-vous encore la présence de votre démon ? Sur une échelle de un à dix quelle influence exerce-t-il sur vous en ce moment-même ?

Pour sa part Red en était environ à six dans son quotidien, preuve étant quel luttait en permanence pour ne pas laisser ses pulsions ravager tout se qui se trouvait sur son chemin. Le salut ne se trouvait que lorsqu'elle était seule au milieu de la nature, loin de tout cadre professionnel, alors là elle pouvait laisser exprimer sa véritable nature. Que les civiles locaux en fassent les frais lui importait peu.

-Sentez-vous une quelconque différence depuis que vous avez cédé à vos pulsions ? Plus légère ? Mieux? Ou alors est-ce encore pire ? Dans tous les cas, comme je vous le disais la nuit précédent seul Yami sera en mesure de faire quelques choses pour vous. Je pourrais également demander aux experts en fuinjutsu de l'organisation de se pencher sur votre cas. Seulement vous allez devoir faire preuve d'encore un peu de patience le temps que tout ceci se débloque.

Elle aurait sincèrement souhaité pouvoir l'aider. Seulement à défaut de l'adage : « succomber à ses pulsions pour mieux s'en libérer », elle ne pouvait absolument rien faire pour elle dans le cas présent.

Pour un spectateur extérieur à tout ce remue-ménage, cela pouvait s’apparenter à un combat de bêtes sauvages. Le son, l’ambiance, même les apparences y étaient. D’un côté, un monstre révélant sans gêne sa nature et son apparence, de l’autre une personnalité dont la puissance ne connait sans doute pas de limite. Dans un certain sens, elle aussi était un monstre. Et cela semble se confirmer quant au moment de la percuter, Red s’est retournée en arborant des yeux blancs sans plus la moindre pupille, et des arcs de foudre éclatant tout autour d’elle.
Le choc du contact si cela dit si violent qu’il arracha le mur d’en-face, nous faisant tomber à l’étage d’en-dessous. Bon sang, je pensais que ce serait plus solide que ça, cette bâtisse flambant neuve. La réception fut particulièrement hasardeuse, et plus encore avec les coups d’électricité reçus. Le mélange des deux m’immobilisa un moment. Un instant de trop, au court duquel je me retrouvai immobilisée au sol par de multiples gardes, pendant que Red reculait tout en reprenant son calme.
Folle de rage je me débattis de toutes mes forces, mais non seulement je n’étais plus moi-même, mais en plus il ne s’agissait pas de pauvres et misérables pécores.Ils étaient entrainés ceux-là. Je fus forcée d’avaler des gélules, puis c’est le trou noir.

Pas le moindre rêve, ni le moindre cauchemar d’ailleurs. Absolument rien. Un sommeil de mort, sans aucun ressentit ni sensation. Et pourtant cela me fit un bien fou. Ce n’était pas optimale bien entendu, mais après les multiples heures de somnolences accumulées, même un sommeil provoquée par une dose abusive de médicaments apparaissaient comme une bénédiction. Mes paupières furent cependant lourdes à rouvrir, comme si mes yeux refusaient d’affronter encore la lumière du jour, ou en l’occurrence la lumière des néons fixés au plafond. En essayant de me gratter le front je constatai avec une mauvaise surprise que mes poignets et mes chevilles étaient cadenassés au lit. Et même en forçant dessus, ça ne bougeait pas. Solide cette connerie … ça ne m’étonnerait pas qu’il y ait de la technologie Saibogu là-dedans.
Tss, pourquoi ? Bon sang, pourquoi ?
Parce que tu as échouée humaine, tu n’as pas été capable de la tuer, alors elle te maintient prisonnière ici.
C’est toi le reptile ? Attend c’était toi la voix hier soir ? C’est à cause de toi que j’ai attaquée Red au lieu de lui demander de l’aide ?
Tu ne faisais que te voiler la face. Cette femme te manipule. Tu ne le vois donc pas ? Elle n’est pas humaine. C’est un monstre.
J’en connais un autre de monstre, qui ferait bien de la fermer s’il veut rester en vie.
Tu ne me tueras pas. Tu n’as ni la puissance nécessaire, ni le courage.
Compte là-dessus … Red est sans doute ce qui m’ait arrivée de mieux au cours de cette dernière année. Donc je ne te permets pas de l’insulter.
A ta guise humaine, tu es prévenue.

Une horloge sur le mur d’en-face indiquait dix douze du matin. Si peu ? J’ai dormis si peu ? Pourtant j’aurais été certaine d’avoir roupillé plus longtemps que ça. Mmh, et il n’y a personne dans les parages en plus. Visiblement je suis dans les locaux de l’infirmerie de l’organisation, et ça sent le neuf. Le neuf et le propre, un mélange étrange qui pique un peu le nez. C’est con, je ne peux même pas me gratter …

« Il y a quelqu’un ? Je suis calmée c’est bon ! Vous pouvez me libérer ! » Mais aucune réponse. « Ouhou, s’il vous plait ? Je voudrais aller aux toilettes ! » Toujours rien, pas un bruit, pas un signe de vie. « Yoh bande de con ! Vous allez ramener vos culs en vitesse sinon je vous jure que plus jamais vous ne pourrez vous assoir ! »

Mais malheureusement la menace tomba dans l’oreille d’un sourd. J’eus beau m’excitée sur les menottes, forçant dessus elles en bougeaient pas. J’aurais cependant certainement pu les briser en y allant à fond, mais si je suis ainsi attachée, c’est pour une bonne raison normalement … Les médicaments n’ont pas totalement terminés leurs effets, je vais en profiter pour continuer de me reposer. De toute manière ce n’est pas comme si j’avais d’autres choix.
Ils veulent te manipuler humaine, ils veulent te rendre docile.
Ferme ta gueule bordel, mais ferme ta gueule … laisses-moi dormir.

Je vous épargne les longues heures de grognement et de coup de gueule, tout autant que les agitations inutiles. Il fallut attendre le début de soirée pour qu’enfin quelqu’un arrive. Et pas n’importe qui, c’était Red en personne. D’abord heureuse de la voir, j’effaçai rapidement mon sourire pour une expression plus neutre. Ne sachant pas trop si je devais lui en vouloir ou chercher à me faire pardonner pour mon action nocturne.
Ce fut elle qui engagea la conversation la première, m’épargnant de ce fait le choix du ton à employer. Elle s’excusait dans un premier temps pour la situation, faisant référence à ma momentanée captivité. Puis venant s’assoir sur une chaise tirée jusqu’à proximité du lit, elle me questionna sur ma santé et sur la chose en moi.

« Et bien … disons que ça va. Hormis que j’ai terriblement besoin d’aller aux toilettes, je me sens plutôt bien. Et j’ai réussi à dormir, chose qui ne m’étais pas arrivée depuis ma rencontre avec cette créature … Je l’entends toujours, là dans ma tête. Il me souffle que vous ayez de très mauvais projets pour moi. Aie ! » Un soudain choc, comme un maux de tête fulgurant, m’interrompit un moment. « Vous commencez à me connaitre, et même sans aucune arrière-pensée, je veux croire que ce n’est pas le cas. Depuis la chute du Shoraizen, vous êtes la meilleure chose qui me soit arrivée, sincèrement. Ma … hum … ce que je vous ais dis à Kawa, après l’entrainement, c’était la pure vérité. Mais beaucoup trop de personne arrivent à jouer de ma naïveté, et avec ce chose, ce démon comme vous dites, qui me répète en boucle que vous êtes une mauvaise personne … Je ne vous cache pas qu’à force, le doute grandit. »

Elle demandait une échelle d’estimation sur l’influence de l’esprit sur mon mental. Une chose difficile à fixer.

« Je ne sais pas trop. Ça dépend de mon énergie en fait. Quand je suis venue vous voir cette nuit, j’étais épuisée, j’avais les nerfs à fleur de peau et je n’ai pas … pu … je … j’ai été faible, je le reconnais. Mais ce truc, ce squatteur, c’est totalement nouveau pour moi et j’ai peur qu’il n’y a aucun moyen de m’en débarrasser sans que je meure au passage. Ce qui, je ne vous le cache pas, m’embêterait quelque peu. »

Je haussai les épaules, notant cette petite touche d’humour malgré la situation. Red répéta qu’elle ne pouvait rien faire et que seule Yami en avait le pouvoir. Je fis non de la tête, agitant également une main comme pour balayer la proposition.

« Je vous remercie pour votre quiétude mais si vous, vous n’y pouvez rien, alors il faudra que je me débrouille par moi-même. Cette Ketsueki m’exaspère au plus haut point, et je ne suis pas en état de supporter ses blagues vaseuses ni ses provocations … Pour répondre à votre question, je pense que tant que je suis suffisamment en forme pour maintenir le démon, je dois tourner autour des trois sur dix. Mais ça peut monter à beaucoup plus, comme vous avez pu le constater … Je vous présente mes excuses pour ça d’ailleurs, j’espère ne pas vous avoir blessée. »

Je me tue un moment, comme pour chercher mes mots. En temps normal j’aurais même tourné mes doigts avec leurs semblables, mais les menottes empêchaient tout contact.

« Dites-moi, c’était quoi ces yeux blancs au moment où je vous ai attaqué ? Est-ce que vous aussi vous avez ce genre de truc en vous ? Quand ça m’ais arrivée, je vous ai expliquée, j’ai eu la chance de croiser un ninja doué en fuinjutsu et suffisamment fort pour me maitriser. A vrai dire je n’avais jamais rencontré quiconque d’aussi puissant. Et savoir qu’une telle personne traine à Haï no Kuni, un Konohajin en plus alors qu’à quelques kilomètres le chantier du Kyomu avançait … Rassurez-vous, je ne lui ai rien révélée du tout et je doute qu’il se soit aperçu de ce qui se tramait ici. Il était venu pour prier je crois, pour des proches disparus, ou morts, ou les deux … J’ai oublié son nom d’ailleurs mais de toute manière c’était un faux … Dites, vous pouvez me détacher, que j’aille aux toilettes, ça devient vraiment urgent là. »

Red ne s'étonna qu'à moitié de retrouver une Milly en aussi bonne forme après tout ce qui venait de se passer. Elle savait la Kaguya forte, mais il restait surprenant de la voir jouer de son entrain naturel malgré la situation assez délicate dans laquelle cette dernière se trouvait. Suite à quoi commença un court résumé sur sa situation, ressassant les dernières paroles échangées lors de leur entraînement à Kawa il y avait plus d'un an de cela. Sur le coup la Saibogu en avait beaucoup rit avant d'en pleurer quelques heures plus tard. Cette déclaration soudaine et plus qu'incongrue avait eut pour effet de lui rappeler celui qu'elle avait sciemment abandonné en devenant Nukenin. Aujourd’hui les choses étaient bien différentes. Cela ne lui faisait plus rien d'être seule. A dire vrai toute forme de relation l'indifférait. Non pas qu'elle était devenue frigide et sans émotions, loin-delà. Disons seulement qu'elle avait découvert quelque chose de beaucoup plus intenses que l'amour et le sexe pour satisfaire ses besoins primaires. Aussi préférait-elle ne pas s'encombrer du reste. Seulement voici que les sentiments que la Kaguya était mit en doute par l'entité innommable et tyrannique qui avait trouvé refuge en elle. Cette chose était donc dotée de conscience en plus d'un penchant malsain, mais certain, à vouloir propager l'ombre de la dissidence dans le cœur de son ôte. Malheureusement pour cette chose,Red avait toujours une longueur d'avance sur tout et cette fois-ci ne faisait pas exception.

-Dans un sens ce n'est pas totalement faux. Je me sers de vous pour vaincre le Shukai, tout comme vous vous servez de moi pour libérer Mizu de la présence impériale. Il s'agit en quelque sorte du postulat de base qui nous a fait nous rencontrer et œuvrer côte à côte. En cela nous ne pouvons le nier, nous sommes à la base ensemble parce que nous y voyons notre intérêt. Mais heureusement que les choses ne sont pas toujours aussi platonique. Personnellement je trouve que cela suis le même schéma que des collègues de travailles. D'abord forcés de travailler ensemble suite au aléa de la vie. Puis nous avons finit par apprendre à nous connaître et à apprécier l'autre à sa juste valeur.

Il était vrai que Red considérait sa comparse avec davantage d'estime qu'un simple outil de travail ou moyen de parvenir à ses fins. Seulement sa propre nature démoniaque mu par l'animalité tendait à rompre tout lien affectif avec son entourage. La Saibogu ne s'en rendait pas réellement compte, mais cette dernière année avait vu croître le faille, désormais transformée en gouffre, qui la séparait de Yami. Le monde, l'humain tant dans son individualité que dans sa collectivité ne représentait plus grand chose à ses yeux aveugles. Peut-être qu'au final son esprit l'était également devenu ce qui justifiait ainsi cette part de détachement fasse au cas de Milly, souhaitant ardemment que cette dernière se porte aux mieux sans pour autant craindre qu'il lui arrive malheur. Pour autant son froncement de sourcil vis-à-vis de non-intention de la Kaguya à coopérer avec la Ketsueki était on ne peut plus sincère.

-Il n'est pas uniquement question de vous Milly, mais également des autres, de leurs sécurités et notamment de celle de vos semblables. Je sais que Ketsueki Yami n'est pas la personne la plus sociable qui soit sur terre, elle possède ses nombreux défauts, mais en l’occurrence il n'est pas question de vous entendre ou non avec, mais plutôt de savoir combien de temps il lui faudra pour trouver remède à vos maux. C'est un médecin compétent en qui j'ai la plus grande confiance. Et si vous me dites que je suis certaine la meilleur chose qui vous soit arriver, alors faite moi également confiance en acceptant de lui donner sa chance, car en l'état, elle est également la meilleur chose qui puis vous arriver, étant la plus à même de vous aider à combattre cet esprit.

Son ton avait été plus sec, plus autoritaire, mais aussi mesuré de façon à laisser paraître un côté maternel.

-Si vous ne le faite pas pour vous, faite le pour le Kyomu. Nous... Non... J'ai besoin de vous pour avancer dans tous ces projets. Et soyons claire, je n'oserai compter sur vous en vous sachant dans un tel état, pas plus que je ne vous ferais prendre de risque en vous autorisant à partir en mission.

Cette fois-ci il s'agissait de l'aspect cheffe d'organisation qui ressortait. Elle ne tenait en effet pas à envoyer ses nukenin en mission périlleuse tout en les sachant en proie à de sérieux maux quelles qu'en fussent la nature, d'autant plus si ces derniers devaient compromettre le déroulement des opérations. Suite à cela Milly s'excusa au sujet des précédents événements, espérant n'avoir fait aucun mal à Red. Cette dernière balaya ces propos d'un revers de la main.

-Ho, ne vous inquiétez pas. Je suis plutôt solide et j'ai eu un bon professeur. Dit-elle en lui adressant un sourire complice.

Néanmoins celui-ci s'effaça sitôt qu'elle eut fait mention du regard opalescent dans la nuit issu de la démone qu'elle était. Heureusement pour elle la Kaguya ne sembla pas s'y attarder pour soulever cette fois-ci un nouveau problème. A cette occasion ce fut le sourcil droit de la Saibogu qui, interpellée, se souleva à l'image des questionnements dans son esprit.

-Un Konohajin ? A Haï ? Pourquoi ne pas avoir signalé cette information plus tôt ? Êtes-vous vraiment certaine de ce que vous avancez ? Je veux dire par-là, êtes vous sures qu'il n'était pas en mission d'espionnage et cherchait à vous duper par ce prétexte ?

Voici le genre de contretemps déplaisant fortement à la chasseresse qui souhaitait, autant qu'elle le pouvait, mettre de la distance entre le Kyomu et les autres grandes nations. Hors à ses yeux le village caché de la feuille n'avait actuellement aucun moyen de remonter jusqu'ici. Voyons, ce n'était pas comme si une certaine Konohajin aurait arrangé une capture anticipée avec un défunt Ketsueki afin qu'il révèle toutes les informations qu'il avait à sa disposition de manière à pouvoir coordonner, en même temps et à l'insu du Kyomu, un assaut sur le Shukai de manière à s'emparer de Kusa et ce dans le dos de tous. Non, personne n'oserait faire une chose pareil. Ce serait vraiment trop meta. Les yeux levés vers le plafonds, Red sortie de sa rêverie.

-Que pouvez-vous me dire sur cet individu ? Il faudrait que nous puissions en sortir un portrait de manière à pouvoir le reconnaître si d'aventure il revenait de nouveau afin de « prier » ses proches disparu.

Autant dire qu'elle ne croyait pas une seule seconde à ce prétexte. Tout en réfléchissant à la situation elle se leva près du lit de manière à défaire les liens qui maintenaient la Kaguya.

-Promettez-moi de ne pas me sauter à la gorge. Fit-elle en hésitant un instant à retirer la dernière lanière.

Ainsi put-elle retrouver son chakra en plus de son libre arbitre.

Red vint me libérer tout en me demandant de promettre que je ne lui sauterais pas à la gorge. Je lui répondis par un sourire et un hochement de tête, puis sitôt libre je sautai hors du lit, titubai un moment à cause du soudain changement d’orientation corporelle et filai jusqu’aux toilettes. Ah punaise, ça fait du bien. Vous allez trouver ça crade sans doute, mais cette sensation d’apaisement, c’est magique. Et ça libérait l’esprit. Ainsi je pouvais écouter pleinement les interrogations de la Saibogu sur ce Konohajin, son besoin d’une description pour un portrait et des détails sur sa présence sur l’île.
Je soupirai de soulagement quand elle ajouta que notre petite escarmouche ne lui avait rien fait de mal, qu’elle était solide et qu’elle avait eu un bon prof. Si jamais elle parle de moi, c’est flatteur, bien qu’on n’ait pas énormément échangé sur ce point depuis Kawa no Kuni.

« A propos du ninja de la feuille … » Dis-je en sortant, direction le lavabo. « Je peux vous faire mieux qu’un portrait-robot, mais je ne suis pas certaine que ça mène à quelque chose de probant. Les techniques de changement d’apparence, c’est courant dans notre milieu. Vous-même vous avez certainement dû y être confrontée. »

Je me séchai les mains et vins faire face à ma cheffe, joignant mes mains pour les écarter ensuite et faire naitre entre elles des os sortis de mes paumes, je fabriquais un portrait de l’inconnu à partir de mes derniers souvenirs.

« Je ne promets pas que ça ressemble parfaitement à la personne, d’ordinaire quand ça concerne des êtres vivants, je les caricature volontairement pour cacher les erreurs … Voilà il ressemble à peu près à ça, avec un nez un peu moins long peut-être, attendez. Hop, là c’est mieux. Et des sourcils … ouais là ça devrait être bon … »

Je n’étais pas du tout satisfaite de mon œuvre, mais c’était sans doute simplement la même chose pour tous les artistes et artisans. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je me mordais un coin de lèvre, comme pour m’empêcher d’apporter de nouvelles corrections potentiellement inutiles.

« Il est un peu plus grande que moi, plutôt beau garçon, autoritaire et assuré. Dans le genre à savoir ce qu’il fait même quand il pose des questions, il vous plairait héhé. Enfin il a une aura, je suis certaine qu’en cas de combat, même en étant au mieux de ma forme je n’aurais rien pu faire contre lui … Mais ça allait, même s’il m’a énervé à la fin à force de fuir mes questions, je pense qu’on s’est quitter en bon terme … Je veux dire par là qu’il n’est pas retourné à Konoha pour ramener l’armée. Je sais, et il le sait, que je suis interdite de séjour au village de la feuille et tous les pays alentours. Il a été très clair, tant que je ne veux aucun mal à son petit village de feuillu, il n’y a aucun risque d’escalade. »

Cherchant à lire dans son regard, j’essayai d’interpréter ce qu’elle pouvait penser. Chose particulièrement difficile du fait de son talent à rester totalement impassible. Une capacité qui s’emblait s’être accrue encore depuis notre entrainement au taïjutsu à la Mégalopole.

« Il vous rappelle quelqu’un ? »

-Absolument pas...Red laissa planer un instant de silence avant de reprendre, détournant son attention de la statuette pour s'adresser à la Kaguya. J'ajouterai ce portrait à nos registres bien que je doute que cela ne nous soit d'une quelconque utilité un jour mais sait-on jamais.

Ce faisant elle récupéra la miniature du Konohajin avec autant de considération que s'il s'agissait d'un presse papier. Comme à son habitude elle ne laissait rien paraître. Par le moindre haussement de sourcil ou stupeur dans le regard. Si une quelconque émotion avait traversé son esprit à ce moment-là il n'y eut rien pour la trahir.

-Bien, vous devriez rester ici et prendre un peu de repos. Je donnerais les mots aux gardes pour qu'ils vous autorises à sortir lorsque vous vous sentirez mieux. Cela risque de prendre quelques heures le temps que les drogues que l'on vous à inoculées ne fassent plus effet. De mon côté je demanderai à Yami de vous contacter pour un examen et m'assurai du bon comportement de cette dernière. En attentant si je puis me permette un conseil, faite autant de sport que possible. Ne lésinez pas sur l'entraînement. Cela peut paraître bête à dire, mais votre corps démoniaque ne pourra pas faire grand dégât si vous êtes épuisés, d'autant plus que cela pourrait vous aider à dormir. Il vous sera également prescrit un remède et... ne m'en veuillez pas, mais je vais assigner un garde afin qu'il assure votre surveillance dans l'attente des premier résultats de notre médecin. Vous êtes également exemptée de mission jusqu'à nouvelle ordre. Profitez de ce temps pour vous occuper de vos et des membres de votre clan. Je vous conseillerai également d'éviter les lieux publiques pour des raisons évidentes.

Rangeant la petite statuette d'ivoire dans sa poche, elle se redressa et ne se fit pas prier pour s'allumer une cigarette malgré le cadre inapproprié de cette chambre de soin. Elle recracha un épais filet de fumée par les lèvres avant de reprendre la parole.

-A présent que tout a été dit, il est temps pour moi de m'éclipser. J'ai encore beaucoup de travail qui m'attend. Si vous avez besoin de moi, vous saurez où me trouver.

Sous-entendu dans son bureau. A ces mots elle ne perdit pas de temps pour rejoindre la sortie, mais s'attarda un bref instant sur le seuil de la porte.

-En vous souhaitant une bonne journée et un bon rétablissement Milly. Lança-t-elle dans un sourire qui se voulait complice.

Puis elle disparue en fermant à la suite de ses pas, ceux-là même qui l’emmenèrent dans le dédale de couloir de l'Ootoke. Après quelques minutes de marche elle parvint jusqu'à la tour centrale lovée à même la façade du volcan. Les quelques Kyomujin qu'elle croisa sur sa route la saluèrent avec respect. Habituellement enfermée dans son rôle de cheffe exigeante, la Nukenin aurait prit soin d'inspecter l’avancement des travaux en cours du personnel, mais pas cette fois-ci ce qui sembla en étonner plus d'un. Non, au lieu de cela elle emprunta l'escalier de service, un amas de ferraille troué et chantant en colimaçon qui descendait dans les profondeurs de la montagne. Plus bas se trouvait la fonderie, lieu quasiment délaissé par toute forme de vie humaine au profit de l'infernale et dantesque machinerie créée par le génie du clan Saibogu.

Le long couloir sous-terrain menant jusqu'au centra de contrôle était plongé dans l'obscurité la plus totale. Ce fut à cet instant précis que Red abattit avec une violence inouïe son poing contre le mur qui fut marqué par l'impact. La pierre craquela et un mini cratère se forma autour de ses phalanges. Le son émit par le choc se perdit en écho dans la cavité. Un râle s'échappa de sa gorge, à mi chemin entre la peine, la colère et la bestialité. Quelque chose s'était passé dans sa tête au moment où elle avait reconnu ce visage gravé dans l'ivoire. Quelque chose qu'elle ne comprenait pas. Ce fut comme un électrochoc, une réaction tant psychologique que physiologique, comme si deux informations contradictoires s'étaient entrechoquées dans son cerveau. Les convictions de son présent venaient d'être ébranlé par d'étranges souvenirs passés. Et pour la première fois depuis deux ans Oniri se senti perdue. Elle avait l'impression de ne pas aller bien. Tout ne semblait plus aussi beau, aussi parfait dans ses plans et la mécanique bien huilé qui régissait son univers voyait désormais l'une de ses pièces s'enrayer.

Elle plongea sa main dans sa poche pour en ressortir la statuette. L'obscurité aurait empêché une personne normale de la voir, mais cela lui importait peu à elle étant donnée qu'elle était aveugle. Faisant claquer sa langue entre ses crocs, la démone émit un léger son qui permit à ses sens sur-développés de transmettre à son cerveau une image détaillé de l'objet entre ses doigts et à nouveau il y eut conflit interne. Ce fut beaucoup moins violent cette fois-ci, seulement Milly n'était plus-là et Red ne se fit pas prier pour l'extérioriser en broyant la sculpture entre ses griffes. Dans un léger spasme elle se mordit la lèvre inférieur jusqu'à se faire saigner. Son poing fracassa une nouvelle fois le mur mit à mal. Ne pas comprendre ce qui lui arrivait l'énervait au plus au point. Néanmoins ces années à endurer les maux de l'existence lui permirent de relativiser la situation et ce en dépit de sa transformation avancée en démone.

-Et bien... Que t'arrive-t-il ma petite ? Quelque chose ne va pas n'est-ce pas ?

Son visage se fendit d'un sourire carnassier, l'on aurait put le rattacher à celui d'un monstre issu des pires cauchemars d'un esprit tourmenté. Adossé contre le mur elle rejeta la tête en arrière avant d'émettre un petit rire étrangement comparable au sifflement d'un serpent.

-Ce n'est pas grave... Sa langue effleura le bord de sa lèvre pour en récupérer le sang. Tu n'as cas t'en débarrasser...

- Absolument pas … » Répondit-elle en récupérant la sculpture pour l’ajouter aux registres et archives de l’organisation.

Dommage, elle aurait éventuellement pu me renseigner sur son véritable nom, ou même plus globalement sur qui il était. Après tout, lui savait qui j’étais, ce que je faisais, ce que je savais faire et où je me trouvais. Beaucoup d’info pour presque rien en retour. Pourtant j’avais essayée de lui faire cracher le morceau hein. Mais nan, beaucoup trop têtu, et trop puissant aussi pour insister au point d’utiliser la force. Ça n’aurait rien apporté de positif de toute manière, et puis je n’étais pas en état non plus … Enfin c’était quand même dommage, je l’aurais bien remerciée, mine de rien pour tout ce qu’il a fait alors qu’on ne se connaissait – et connait toujours – pas.
Red poursuivit en concluant sur un briefing de ce qui allait se passer. J’étais consignée ici jusqu’à la fin des drogues injectées dans mon organisme, puis Yami me contactera pour une osculation. Un coin de mes lèvres tressauta de mécontentement à cette idée, mais pas plus. Sa dernière directive me fit cependant sourire. Elle insistait pour que je fasse du sport. Bah ça alors, c’est les rôles qui s’inversent. Je lui avais donné exactement le même à l’époque où nous étions encore à Kawa no Kuni.

« … Et ne m'en veuillez pas, mais je vais assigner un garde afin qu'il assure votre surveillance dans l'attente des premier résultats de notre médecin. » Poursuit-elle.

J’en fronçai les sourcils, perdant du même coup le sourire tout juste naissance face à la situation plutôt cocasse. Pourquoi vouloir m’isoler ? Je comprends qu’elle veuille éviter tout problème qui provoquerait des évènements fâcheux en cascade, mais là j’avais bien plus l’impression qu’elle me collait une laisse et une muselière.
Je l’avais dit …
Puis-je encore avoir réellement confiance en Red ? Il le faut pourtant.
Réfléchit humaine, repense à ce Seito. Cette femme en face de toi ne rappelle pas ce que tu as déjà vécu ?
C’est vrai mais ce n’est pas comparable. Seito était devenu fou. Red ne l’est pas, sinon elle ne prendrait pas autant de précaution.
En es-tu réellement certaine ? J’ai accès à ta mémoire humaine, ne l’oublie pas. Et cette femme n’est clairement pas celle que tu crois. Je le sens, elle n’est pas plus humaine que moi.
Ferme-la tu veux ? J’ai déjà vécue ça avec le Shoraizen, ce n’est clairement pas dans mes projets de recommencer.
A ta guise, mais tu viendras m’implorer quand tu t’apercevras de la vérité. Et à ce moment-là tu seras à moi.

Putain il arrive à me faire douter cet enfoiré … J’approuvai d’un mouvement de tête les derniers mots de la cheffe du Kyomu, et retournai me coucher sitôt qu’elle eut refermé la porte de l’infirmerie. Est-ce qu’il n’y aurait tout de même pas une petite once de vérité dans tout ça ? Après tout je l’ai vue de mes propres yeux, quand ses paupières sont devenues blanches, et ça ce n’est certainement pas l’effet d’un gadget Saibogu. Hors à ma connaissance elle n’a pas de pupille Jisestu, qui pourrait expliquer vaguement ce changement … Il faut que j’en parle à la vampire. Si cette garce a toute la confiance de Red, elle sera très probablement de meilleur conseil qu’un échafaudage de supposition monté par mon imagination.

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