Lentement mais sûrement, je me faisais à la nouvelle routine qu’était celle de chef de clan. Il y avait eu une petite période de transition où Motari-sama s’était occupé de régler les différents litiges dans lesquels il était impliqué, mais cette période venait tout juste de se terminer ce qui me laissait donc avec l’entièreté de la tâche de chef de clan. Bien sûr, je gardais Motari-sama non loin de moi en tant qu’inestimable conseiller – de bien meilleure qualité que pourrait l’être Kanjiro – mais c’était moi qui ultimement prenais la décision. Mine de rien, c’est beaucoup de pression avoir le sort de tant de personnes entre ses mains : la crainte de ne pas pouvoir plaire à tout le monde, l’impartialité dont je devrai faire preuve si jamais cela concerne des gens que je connais personnellement et surtout la réaction de tous les autres membres face à la moindre de mes décision; il y en avait assez pour faire reculer plus d’un. J’étais toutefois bien décider à ne pas me laisser abattre et à remplir mon rôle du mieux que je le pouvais.

Alors qu’une énième audience se terminait, j’en profitai pour me lever de mon siège et me masser le coccyx, qui était devenu engourdi à force d’être passé autant de temps assis. Je fis également quelques pas pour me dégourdir les jambes lorsque mes yeux tombèrent sur Seimori, qui somnolait comme son frère au pied du dais d’où je présidais les différentes audiences. Suivant la semaine de repos prescrite par Shizu-chan, j’avais mis les bouchées doubles pour leur faire reprendre la forme après leur hospitalisation et maintenant il n’avait pratiquement plus aucune trace de son combat. Enfin, il restait bien quelques places où le poil n’avait pas complètement repoussés et ce fut sur ces taches que je m’attardai. Certaines étaient dues aux brûlures, d’autres par les fragments de cristaux. Qu’étaient devenus ces cristaux, d’ailleurs? Je n’avais pas été là lorsque c’était arrivé, mais il me semblait me rappeler qu’ils venaient des cristaux de la sunajine qui nous avait interceptés lors de notre excursion plus tôt cette année. En tout logique ils étaient toujours à l’hôpital où ils avaient été extraits de mes ninkens, mais après cela? Je connais Mizuki-sama pour être – tout comme sa prédécesseure – une femme minutieuse qui ne laissait rien au hasard, un peu d’initiative ne serait probablement pas de refus.

Aussi vite que cela, mon horaire de la journée avait changé; un des avantages à être chef de clan. Et oui, maintenant il n’y avait pratiquement plus personne, mise à part l’Hokage bien entendu, pour me dire quoi faire; j’étais maître de mon emploi du temps. Informant mes conseillers que je quittais pour aller rendre visite à l’Hachidaime, je descendis du dais et quittai l’immense résidence dans laquelle j’habitais maintenant. Un autre aspect incroyable d’un chef de clan : les quartiers dans l’enceinte de la résidence Inuzuka. Cela me faisait drôle de ne plus dormir dans l’appartement dans lequel j’avais grandi depuis mes tout premiers débuts à Konoha, mais je m’étais rapidement fait au luxe de ma nouvelle chambre. Enfin, j’étais maintenant à l’extérieur et plissai les yeux tandis que le soleil me frappait de sa chaleur. Je me fis rapidement à la lumière et marchai d’un pas rapide en direction de l’hôpital vétérinaire du quartier Inuzuka. Par chance, celui-ci se trouvait non loin de la résidence et je fus rendu en l’espace de quelques minutes. Les Inuzuka présents dans la salle inclinèrent la tête à mon entrée et je me dirigeai sans attendre vers le comptoir de la réceptionniste. Je lui expliquai brièvement mon problème et elle alla s’enquérir si ma requête était possible. Patientant quelques minutes, elle revint finalement avec un petit contenant en verre dans lequel reposaient plusieurs morceaux de cristal. Je n’avais pas besoin de les compter pour savoir qu’ils étaient tous là, faisant d’avantage confiance à leur professionnalisme que ma mémoire des événements. Disons que lorsque cela arriva, mon attention était ailleurs qu’à compter le nombre de fragments. L’important était que j’avais mon butin en main et qu’il était temps d’aller voir Mizuki-sama.

Montant sur les toits pour mon trajet jusqu’au Palais, méthode beaucoup plus efficace que par les rues, je sautai de toit en toit jusqu’à ce que j’atteigne la base du mont Hokage où le Palais reposait. J’entrai et montai sans m’arrêter les escaliers jusqu’au dernier étage, celui du bureau de l’Hokage. J’avais été appelé ici à quelques reprises dans ma carrière de shinobi, mais jamais lors du règne de l’Hachidaime. Je me calmai quelques instants derrière la porte, cachant mon initiative derrière moi, puis cognai à la porte. J’attendis quelques secondes et devant le manque de réponse j’ouvris la porte et glissai la tête dans le bureau.

- Bonjour, Hokage-sama. Puis-je prendre eu peu de votre temps?

Une fois cela demandé, je passai le restant de mon corps par l’embrasure et refermai la porte derrière moi. Dans un cas comme dans l’autre, c’était non seulement plus professionnel, mais également beaucoup plus confortable d’attendre de cette manière. Puisque j’ignorais à quel instant l’Aburame allait lever le regard vers moi – elle n’avait toujours pas fait attention à mon entrée et ce depuis que j’étais entré dans son bureau – je restais droit comme un piquet devant la porte de l’Hokage et attendais la moindre réaction de sa part. Si seulement elle savait la raison de ma venue, j’avais l’impression que je pouvais peut-être piquer sa curiosité avec ce que je lui amenais. Chaque chose en son temps, Takeo, chaque chose en son temps.

Spoiler:

Une… Deux… Trois… Quatre… J’ouvris les yeux, fixant désormais le nombre de personnes qui se trouvaient bel et bien aux portes du magasin. Sept. Loin du compte. Soupirant, assise sur les rambardes du balcon de mon bureau et adossée au mur, je claquai légèrement ma tête contre ce dernier. Plusieurs heures que j’entraînais mes oiseaux et autres bestioles à ne plus voir ou écouter mais à ressentir. Ma récente acquisition de nouvelles capacités m’obligeait à m’entraîner de nouveau intensément, non seulement pour moi mais aussi pour perfectionner mon moyen de surveillance sur le territoire du feu, un peu trop devenu un moulin à mon goût depuis quelques temps. Guerre ou non, certains se permettaient trop de choses en se croyant invincible : il était temps d’arrêter la mascarade. C’était mon rôle et mon job de protéger Hi et ses habitants. Alors, je refermai les yeux. Au loin derrière, un oiseau s’envola de nouveau.

Un… Deux… J’ouvris les yeux. Six. Serrant le poing et frappant le mur, je regardai ces six personnes sortir du restaurant sur la place principale du village. Bon, un couple et quatre enfants. Ca compte comme une moitié de réussite, non ? Refermant les yeux – peut-être pour la cinquantième fois aujourd’hui – un nouveau volatile prit la direction du ciel. Activant la sensorialité de mon oiseau pour cette fois-ci ressentir le nombre de personnes dans une petite rue adjacente. Mais à la place, je sentis une immense dose de chakra affluait en ma direction. Haussant un sourcil, je cherchais du regard cette dose de chakra et crut apercevoir vaguement Takeo arriver au palais. J’avais encore quelques secondes avant qu’il ne vienne se présenter dans mon bureau, alors je décidai de retenter un entraînement.

Un… Deux… Trois… Quatre… Cinq… Six… Sept… J’ouvris les yeux. Une, deux, trois, quatre, cinq… cinq… cinq… Bon, cette fois-ci j’en avais compté de trop. Sautant de la rambarde et me redirigeant vers le bureau, je m’assis dans le grand siège en regardant dans une grimace tous les dossiers que j’avais négligés pour me consacrer à un entraînement infructueux. Ouvrant le premier de la pile, j’en regardais le titre : un dossier Ô combien passionnant sur la préservation d’une partie de la forêt de Hi qui commence petit à petit à dépérir sous l’impulsion des usines d’Ame. Je soufflai, continuant à lire vaguement cette chose sans même prêter attention à l’Inuzuka qui était déjà face à moi. Levant finalement les yeux, je lui adressai un large sourire.

- Excusez-moi, j’étais en train de… me passionner pour ce dossier… très important... Je vous en prie, asseyez-vous.

Laissant le chef de clan récemment promu s’installer, je m’adossai à mon propre fauteuil, tapotant les accoudoirs avec les doigts.

- Vos Ninkens sont au repos ?

Cherchant du regard ses chiens qui n’étaient apparemment pas présents, je lui adressai un sourire.

- Que puis-je faire pour vous ?

Quelques secondes passèrent alors que j’attendais dans cette position pour la moins farfelue – une tête surgissant de nulle part et flottant dans les airs – pour un signe de la part e l’Hokage pour faire entrer, mais ce dernier venait à tarder. Les yeux toujours rivés vers le bas, cette dernière semblait absorbée par un dossier qui était ouvert devant elle. Quand il devint évident qu’elle ne me répondrait pas, je me raclai faiblement la gorge, un peu embarrassé, et entrai dans le bureau afin de me diriger vers son bureau. Ce n’est qu’en m’approchant d’elle qu’elle sembla finalement s’apercevoir de ma présence et elle leva finalement les yeux vers moi au moment où j’arrivais devant elle, m’adressant par le fait même un large sourire. Elle s’excusa aussitôt pour son manque de convenance puisqu’elle tentait, sans grand succès de ce que je pouvais en déduire, de s’intéresser au dossier à l’importance discutable. J’acceptai volontiers son offre prendre place et m’installai sur l’une des deux chaises qui faisaient face au bureau pendant que nous discutions. Après tout, ce n’était pas parce que j’étais venu avec une raison précise en tête que je ne pouvais pas le temps de converser avec l’Aburame. Ce n’est qu’après s’être enquise de la santé de mes compagnons qui brillaient par leur absence que nous en vînmes au sujet qui expliquait ma raison ici.

- En effet, même si ces derniers sont sortis de l’hôpital ils doivent tout de même prendre beaucoup de repos. Merci de vous en soucier.

Rares étaient ceux qui regardaient mes compagnons avec la même considération qu’un confrère et j’étais toujours reconnaissant envers ceux qui prenaient cette peine, inclinant la tête en signe de remerciement. Car les liens qui m’unissaient avec Akamori et Seimori allaient beaucoup plus loin que celui d’un simple animal de compagnie et se rapprochaient beaucoup plus de la fraternité que plusieurs se doutaient. Personne ne m’avait vu a quotidien avec ces deux-là, qui sont parfois pires que des colocataires – enfin de ce que j’avais entendu parler. Alors que la plupart des gens avaient une certaine retenue sur leur désir, ces derniers n’en avaient aucune et ne se gênaient pas pour me déranger pour un rien. Cela dit, ils pouvaient tout autant me déranger sans même que je sois impliquer dans leur singerie, mais c’était un sujet pour une autre fois. Pour l’instant, je devais expliquer en quoi l’Hokage pouvait m’aider, même si c’était plus en quoi je pouvais l’aider. Je me retins de le lui dire de cette façon et sortis plutôt le petit contenant dans lequel contenait quelques éclats de cristaux, le déposant sur son bureau. Devant son regard interrogateur, je m’expliquai sans plus attendre.

- Les fragments que vous voyez ont été récoltés lors de notre récente… expédition. Même si nous avons dus les récolter de la manière forte, je suis néanmoins convaincu que nous avons été chanceux dans notre malchance et que nous pourrons leur trouver une utilité. Une des deux personnes faisant partie du comité d'accueil sunajin maniait le Shôton et comme ce n'est pas une habileté que l'on rencontre couramment...

Je n'avais pas besoin de terminer ma phrase, je devinais que Mizuki-sama la terminait elle-même dans sa tête. Maintenant qu’elle savait à quoi elle avait affaire, je m’accotai sur mon dossier et l’observai en quête de réactions. Les chances que je sois tombé sur une importante trouvaille étaient relativement faibles, mais je ne perdais rien à espérer. De toute façon, même si ce n’était pas l’information la plus importante du siècle, c’était toujours mieux que rien. Le plus d’informations nous avions sur nos ennemis, le mieux c’était; nous serions ainsi capables de mieux anticiper leurs prochains mouvements. Qui plus est, j’étais sûr que quelqu’un d’important avait dit un jour quelque chose à propos de connaître son ennemi.