Chronologie:

La nuit avait été mouvementée et je n'avais pas fermé un seul œil. Je réalisais à peine que Suna avait été repris. Le terme « reprendre » était à mes yeux approprié. Grâce à notre action conjointe avec la capitale, nous allions retrouver notre place. Ainsi nous pourrons continuer à défendre les valeurs de notre pays, de défendre les nôtres. Je ne tenais pas en place, je faisais les cents pas dans ce que je pouvais maintenant appeler mon bureau. Le Chambellan m'avait nommé régent, ce qui représentait beaucoup. Je pouvais enfin prendre des décisions et n'étais plus freiné par un supérieur qui n'avait que comme souhait de voir la tête d'Aburame Miko sur une pique. J'avais en effet en quelque sorte exilé mon maître, c'était simplement... dommage. Mais c'était la solution, l'unique solution qui n'impliquait pas de menacer sa vie. Malgré le fait que ça ne faisait que quelques heures, c'était déjà derrière moi et je ne voulais plus penser à mon maître en tant que Matsuno Yamuro, une ombre défaillante.

Si je ne tenais pas en place c'était aussi pour une autre raison, je devais m’adresser à une foule qui s'était rassemblée devant le palais du conseil souverain. La foule attendait des explications, des réponses et je devais leur apporter. Suna venait à peine de renaître et mon rôle était donc de rassurer les résidents, je devais leur expliquer les raisons qui m'avaient poussé à agir aux côtés de nombreux Sunajins révoltés. Un des gardes du palais tapa à ma porte quelques coups avant de me dire que tout était fin prêt. Je soufflai un bon coup avant d’acquiescer de la tête pour finalement le suivre à travers les couloirs. Nous rentrâmes dans une pièce et je pus voir le balcon, celui où de nombreux dirigeants avaient défilés pendant ces dernières années. Bien trop même-...

Toujours une expression sérieuse sur mon visage, j'avançai vers ce balcon. Chacun de mes pas étaient lourds, j'avais cette sensation étrange que je n'avais jamais ressenti auparavant. Aujourd'hui plus qu'hier, des personnes comptaient sur moi et je ne devais pas les décevoir. Ce poids était peut-être un peu lourd à porter mais je repensais à ma promesse, celle de faire en sorte que Suna renaisse de ses cendres. Celle-ci me donna la force de me présenter face à la foule. Je pus l'observer quelques instants, ils étaient nombreux et bien encadrés par nos forces. Le brouhaha général laissa place à un silence lorsqu'ils m’aperçurent.

«  Cette nuit, j'ai été nommé régent de Suna par le biais de l'intendant de la capitale. Le gouvernement a décidé de démettre se ses fonctions l'ancien Kazekage. Et dans cette optique, nous avons joint nos forces afin de reprendre Suna des mains d'un homme qui ne pouvait plus rien nous apporter. »

Je marquai une pause de quelques secondes, je pouvais lire sur les visages des miens une certaine peur. Ici même une dirigeante était morte, ici même des déserteurs et criminels s'étaient présentés à eux. Cette accumulation faisait qu'aujourd'hui, ils étaient plus méfiants que jamais.

«  Cette intervention n'avait pas pour but de blesser les nôtres, sachez qu'elle était nécessaire et justifiée. J'ai toujours promis de vous protéger et année après année j'ai pu vous le prouver. Sauf que pour moi, cette situation ne pouvait plus continuer. Une guerre a éclaté à cause d'actes irréfléchis qui nous mettent tous en péril aujourd'hui. Comment envisager un avenir, comment respecter son serment alors que l'organisation militaire se mourait de l'intérieur ? Nos frères, nos sœurs, vos enfants... Tous étaient menacés et cela en devenait insupportable.»

Je laissai quelques instants à la foule pour assimiler mes paroles, je ne faisais que mettre des mots le climat de peur qui régnait en ces temps troubles.

«  J'ai donc repris Suna des mains d'un homme qui n'était plus apte à prendre des décisions et je le revendique. Nous sommes le bouclier de Kaze no Kuni, nous défendons des valeurs et protégeons le pays. Nous devons donc œuvrer avec la capitale afin de vous offrir un avenir meilleur. En ces temps de crises, il ne nous reste plus qu'à nous unir comme nous aurions déjà dû le faire. Pendant ma régence, je vais poursuivre plusieurs objectifs mais sachez que pour moi vos vies comptent, que pour moi il est de mon devoir de vous protéger. Je vous prie de placer votre confiance entre mes mains, les dirigeants de Suna vous ont beaucoup déçu et j'en suis conscient... Cela dit faites-nous confiance une dernière fois et nous vous le rendrons puisque vous le méritez. »

Je levai ma main droite en direction du quartier Kawaguchi.

« Puisque des mots ne peuvent pas tout prouver, je vous annonce le retour des Kawaguchi dans leurs quartiers. Autrefois ces derniers travaillaient en parfaite harmonie avec les Yamada afin d'assurer notre sécurité et aujourd'hui, ils reprennent leurs places à nos côtés. De plus, puisqu'un seul homme peut difficilement représenter tout un peuple, je vais aussi créer conseil qui sera composé de personnes qui vous ressemblent. Ce conseil nous permettra de prendre des décisions qui seront réfléchies et approuvées par les membres le composant.»

Un des sujets les plus important n'était autre que la guerre nous opposant aux Konohajins, je souhaitais agir et tenter de régler ce conflit. Ça paraissait bien difficile mais je ne renoncerai pas puisqu'une d'une manière ou d'une autre, j'agirai pour les miens.

« Je vais aussi engager une mission diplomatique afin de discuter avec nos ennemis de ce jour. Je ne vous promets pas de résoudre immédiatement le problème, ça reviendrait à vous mentir et on vous a menti déjà trop souvent. Cela dit, les négociations seront entamées avec pour objectif de résoudre les conflits. Travaillons main dans la main et nous pourrons redonner à Suna son éclat d'antan. »

Pendant quelques secondes, j'observai ceux que j'avais tenté de convaincre. Je pensais être parvenu à leur redonner une once d'espoir, cela me suffisait amplement et je ferai en sorte de l'utiliser à bon escient.

« Merci. »

Dis-je avant d'abaisser légèrement le haut de mon corps comme pour saluer avec respect la foule qui s'était présentée face à moi.

Le soleil commençait à se lever mais moi, j'étais réveillée depuis un petit moment déjà. Je courais dans les rues quasiment désertes, traversant à la hâte un quartier pour un autre. J'avais un petit pain à la main, que je mangeais de temps à autres, mon petit déjeuner prit à la sauvette. Un peu plus d'une heure auparavant, j'étais dans mon lit à dormir. Jusqu'à ce que quelqu'un tambourine à la porte de ma maison, réveilla ma mère en panique et aux bords des larmes. Son soulagement n'en fut que plus grand quand elle apprit qu'on venait me confier une mission en urgence. Sa peur panique qu'on découvre ce que j'étais, était sa plus grande hantise et apparemment, cette irruption nocturne avait réveillé en elle de vieilles craintes. Je m'étais donc présentée, en pyjama à ce ninja qui m'ordonna de me rendre tout de suite au palais du conseil. Une fois sur place un ninja de rang supérieur m'expliquerait de quoi il s'agirait et m'affecterait si besoin à une des équipes. Si besoin à quoi? Que se passait-il? Être une simple genin n'octroie aucun droit. J'étais une simple soldat et par ce statut, on attendait de moi que j'agisse et exécute les ordres sans poser de questions. Ce que je dis donc sans attendre.

J'avais donc enfilé rapidement une robe noir avec plusieurs poches pour y ranger couteaux, kunais et shurikens. Un short en dessous, par sécurité, oui, j'avais toujours peur qu'un incident pouvant me mettre très mal à l'aise se produise. S'en suivit des gants, de longues chaussettes et des chaussures montantes. Pas le temps de mettre de bijoux, déjà j'en mettais peu et là j'étais pressée. J'avais attrapé deux petits pains à l'épicier en sortant de chez moi, lui criant que je le payerai plus tard et me voilà partie pour me rendre à ma première vraie mission. Ou en tout cas ce qui semblait l'être.

C'est ainsi qu'après une course effrénée j'étais finalement arrivée devant le palais. L'endroit était facile à trouver: déjà, il était au centre du village caché du vent, ensuite, c'était probablement le plus gros bâtiment présent. A mon arrivé, je notais la présence de nombreux shinobis mais aussi de beaucoup de civils qui posaient des questions. Tout le monde semblait sur le qui-vive. Tout le monde semblait stressé et apeuré. Je m'autorisais alors à marcher pour souffler un peu alors que mon cœur battait la chamade dans ma poitrine. Quelque chose s'était produit cette nuit et cela avait fait du bruit ou alors, cela ne tarderait pas à en faire. Vu l'endroit, les risques d'un assassinat d'une personne haut placée n'était pas à exclure. Plusieurs également... Vu l'histoire du pays... Quelqu'un avait-il tué le Kazekage pour prendre sa place? Je me mordillais la lèvre inférieur: pourvu que non, pas encore un nouveau Kage avec de nouvelles idées. Quoique, l'actuel et ses envies de guerroyer avec Konoha ne nous arrangeait pas. J'avais vu mon nom sur une liste des prochains ninjas à partir pour le conflit. Et entre nous, l'idée de partir à la guerre, avec si peu d'expérience, ne me tentait pas spécialement. Ou alors faire ça dans les formes: avoir un mentor, une équipe que je connais, avoir prit le temps de travailler avec eux. Pas être jeté dans la fausse au lion avec des étrangers en me disant que ça sera surement eux ou moi. Oui, j'avais une idée plutôt tranchée sur la guerre, ou plutôt sur ce que la guerre peut nous pousser à faire.

Mais quelqu'un me sortit de mes pensées. Un civil prit la parole, disant qu'une annonce allait être faite. Quelques secondes après, un homme hurla de lever les yeux et j'en apercevais un autre à un balcon. Le fameux balcons des dirigeants voulant s'adresser à son peuple. Ou certaines vipères avaient déversé leur venin pour embobiner la foule, ou d'autres avaient montrer leurs gouts pour la tyrannie. Et là, alors que je m'attendais à voir le Kazekage Matsuno Yamuro mais ce ne fut pas le cas. Devait on accuser Konoha pour l'intervention de cet homme à ce balcon? Il était brun mais d'ici, je ne le voyais pas suffisamment bien pour donner des détails comme le reconnaitre. Dire que j'avais du mal à retenir le nom des dirigeants ne serait pas faux: il y en avait trop et n'étant affectée à aucun clan, je ne m'y intéressais pas trop. Surement une erreur de ma part que je tenterai de régler plus tard. Car il est vrai que si je m'y serai intéressée, je saurai qui est ce type. Par chance, quelqu'un dans la foule prononça son nom: Toshiro Ogami. Mon cerveau chercha rapidement, ce nom ne m'était pas inconnu mais je n'arrivais pas à m'en souvenir correctement.

Et là, le dénommé Toshiro Ogami prit la parole, m'obligeant à l'écouter et donc, d'arrêter ma réflexion. Il disait avoir été nommé dirigeant de Suna, être le nouveau régent. Que le Kazekage ne l'était plus, démit de ses fonctions. Et j'en comprenais qu'il lui avait reprit le trône, enfin lui, surement avec l'aide de diverses personnes. Avais-je été appelé sur ordre du Kage ou du nouveau régent? Surement une question qui n'aura jamais de réponse... Il enchainait en disant que cette intervention avait été nécessaire mais sans l'optique de blesser des gens. Oui et? Matsuno Yamuro était-il encore en vie? Ou sa mort était-elle nécessaire? Mais son discours disait vrai: il disait avoir agit pour protéger le peuple. Et quand on voyait que nous étions proche de la guerre pour ne pas dire que c'était déjà le cas.. Il parlait de défendre nos valeurs, des enfants, frères et sœurs que beaucoup avaient perdu avec ce conflit contre Konoha. Je n'avais perdu personne, mais... J'avais vu des gens ayant passé leurs diplômes en même temps que moi, être envoyés. Et je n'avais pas eu de nouvelles depuis. Comme la petite Sitey, une jeune marionnettiste qui malgré son caractère froid, était sympathique. Enfin je m'entendais bien avec elle: elle ne me posait pas de questions gênantes, me parlait de nos études, de nos entrainements. J'en avais même fait quelqu'un avec elle.

Toshiro-sama, car c'était ainsi qu'il faudrait le nommé dorénavant, parlait du retour des Kawaguchi dans leurs quartiers. Qui pourraient travailler avec les Yamada pour la sécurité du pays. Oui, c'était une bonne chose pensais-je alors. Il enchaina en disant qu'il y aurait rapidement un conseil pour nommer les prochains membres qui y résideront ensuite. Vint enfin une chose qui fut telle une bombe pour la foule. Une demande de négociation de paix avec Konoha. Beaucoup y réagirent, certains se couvraient le visage: apparemment soulagés de l'apprendre. Moi-même, j'avais affiché un sourire de soulagement. Il ne promettait pas que cela soit rapide, mais qu'il tenterait de ramener la paix. Il remercia alors la foule tout en la saluant.

"Et qu'en est-il du Kazekage? Il est mort? Des nouvelles de ceux envoyés à Konoha?
-ET QU'EN EST-IL DU KAZEKAGE? IL EST MORT?"

J'avais dis ces mots pour moi-même, les prononçant peut-être un peu trop fort car quelqu'un les avait reprit avec bien plus de force vu qu'il hurla suffisamment pour être entendu par Toshiro-Sama. Un peu mal à l'aise au début, cela me fit comme pousser des ailes: me donnant ainsi confiance en moi. Chose incroyablement rare. Et sous cette accès de folie, je pris une longue inspiration pour hurler à mon tour.

"ET CEUX ENVOYÉS A KONOHA?"

Ma voix résonna, l'instant suivant mon visage devint rouge cramoisie. J'étais couverte de ridicule et plus que mal à l'aise. Me cachant derrière des hommes dans la foule, j'espérais que jamais le régent ne me remarque ni ne cherche à savoir qui avait posé la question.

Matsuno Yamuro démis de ses fonctions…
Certains diront que c’était prévisible, d’autres penseront que c’était ce qui pouvait de mieux arriver à notre village. Personnellement, je ne savais pas vraiment quoi en penser, du moins pour le moment. J’attendrai alors de voir le prochain kazekage en personne et d’écouter son discours d’introduction de mes propres oreilles avant de me faire un avis sur la destitution de Yamuro. D’ailleurs, en parlant du prochain Kazekage, son introduction était imminente… En effet, elle allait avoir lieu dans moins d’une heure, d’où mon empressement vers le palais du conseil souverain.

Alors que je progresserais vers ma destination, une drôle de pensée me traversa l’esprit. En effet, pendant un court instant, j’imaginai Kawaguchi Kira en tant que Kazekage. Je secouais rapidement ma tête pour m’enlever cette idée de la tête. J’espérais que le conseil n’était pas assez « suicidaire » pour désigner une personne aussi « fermé » d’esprit en tant Kazekage. « Pas bien de juger, Kuzushi » me souffla ma petite voix intérieure. Elle n’avait pas tort. Je devais rapidement me changer les idées et ne pas être obnubilé par ce « personnage ». Certes, il était un cas assez intéressant à étudier mais il y avait d’autres priorités pour le moment…

Bref, traversant les quartiers résidentiels et le centre-ville, je n’aperçus pas la moindre personne, même pas un chat à fouetter comme le diraient certains. Cela ne pouvait signifier qu’une chose, tout le monde s’était déjà rendu sur la grande place publique, près du palais, afin « d’accueillir » leur nouveau Kazekage. Ne voulant pas raté le début de l’introduction, je décidai de sauter de toit en toit afin d’atteindre plus rapidement le palais.

Quelques minutes plus tard, j’arrivai à destination et devant moi se trouvait une foule immense. D’un côté, il m’était impossible, de ma position, de voir le nouveau Kazekage mais d’un autre côté, il m’était inconcevable de bousculer tout ce monde pour m’y trouver au devant de la foule. Je me mis à réfléchir quelques secondes, puis une petite idée me traversa l’esprit. En effet, j’aperçus ce qui semblerait être la première colonne d’un édifice en construction. Sans hésiter, je montais sur cette dernière et je m’installai sur sa surface, bien qu’elle ne soit guère confortable. Désormais à une hauteur non négligeable, je disposais d’une vue imprenable sur tout le palais, mais ce qui importait c’était surtout le nouveau Kazekage.

« Ogami … san ? » Fis-je, fronçant légèrement les sourcils.

C’était bel et bien lui, ce cher Ogami en personne. Cela faisait d’ailleurs un petit moment que je ne l’avais pas croisé. Notre dernière rencontre devait remonter facilement à plusieurs mois, dans la taverne de Okashi. Ne soyez guère surpris, après tout je n’ai pas connu cet homme en tant que shinobi, mais plutôt en tant qu'homme et citoyen. Nous avons, à plusieurs reprises, bu quelques verres et échangé sur des sujets de la vie. Notre rencontre à cette époque à certainement dû nous être bénéfique, tous les deux. Sachez aussi que c’était à un moment où n’avions pas vraiment les idées clairs, du moins me concernant. Bref, voir que ce cher Ogami qui allait être le prochain Kazekage me rassurait un peu, du moins sur le plan humain. Il ferait un excellent Kazekage, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute. En revanche, sur le plan militaire, avait-il réellement la force et les compétences nécessaires pour être qualifié à ce poste ? Je ne pouvais réellement me prononcer étant donné que je ne le connaissais pas réellement sur ce plan-là.

« Voyons voir comment tu vas convaincre ton peuple .. » Murmurai-je, du haut de ma colonne.

Soudain, Ogami rompu le silence en prononçant une partie de son discours. La chose qui attira particulièrement mon attention dans ses premiers mots, c’était la partie où il qualifia Yamuro d’un homme qui ne pouvait plus rien apporter au village. Ce n’était pas totalement faux, mais lui que pourrait-il apporter à Suna ? C’était la question que je me posais et que d’autres se posaient certainement. Attendant la suite de son discours, je sortis mon calepin et je notais tout ce qui me paraissait important de noter.

« Tu marques un point » Commentai-je, la suite de son discours.

En effet, il souligna quelque chose qui me paraissait très importante. Notre village avait connu bien de meaux et ce souvent à cause d’actes et décisions irréfléchis de nos dirigeants, le plus récent n’était autre que cette guerre absurde contre Konoha… Oga poursuivit, montrant dans sa posture, dans ses gestes et dans ses mots, à quel point il avait confiance en lui mais surtout à quel point il était l’homme de la situation. Il dégageait d’ailleurs un certain charisme que je n’avais pas vu auparavant chez-lui, montrant ainsi qu’il pouvait rapidement faire oublier Yamuro.

Au moment précis où il demanda au peuple de lui accorder confiance, j’estimais que la destitution de Yamuro était plutôt une bonne chose. Si je devais voir les choses objectivement, je dirais qu’en terme de puissance Yamuro surpasse Ogami mais que ce dernier était à mes yeux plus qualifié que Yamuro pour le poste de Kazekage. Bien sûr, cela ne restait que mon humble avis. En tout cas, chez Ogami, je voyais une sincère volonté de faire les choses bien et pacifiquement. Il pensait avant tout à la sécurité de la population qu'à mener des guerres qui ne nous apporteraient que de la désolation. Quoi qu’il en soit, j’avais hâte de voir comment il allait s’y prendre pour régler les « erreurs » de Yamuro… Ogami poursuivit son discours en annonçant une nouvelle qui semblait ravir la foule. En effet, il annonça le retour des Kawaguchis au sein du village et il précisa qu’ils allaient veiller, comme autre fois, à la sécurité du village.

« Je ne sais pas comment tu as fait, mais bien joué. » Murmurai-je, une fois de plus.

Je ne pensais pas qu’ils reviendraient un jour au sein du village, donc forcément comme les autres je voyais cela comme une bonne nouvelle. Cela n’allait que faciliter la mission que je m’étais fixé vis à vis des Kawaguchi. Certes, pour le moment je n’étais rien d’autre qu’un « vulgaire » genin au pied de l’arbre. Mais un jour … Un jour .. Vous verrez !

Ogami poursuivit en annonçant qu’il allait créer un conseil afin que les décisions importantes soient discutées et prises par les membres du conseil. Encore une initiative que je ne pouvais que saluer. Il acheva son discours en promettant qu’il allait engager des missions diplomatiques afin de discuter et de résoudre les conflits avec nos ennemis, notamment et surtout cette guerre contre Konoha, je supposais. Ayant désormais terminé son discours, il remercia sincèrement son public de l’avoir écouté. Je pris, ou du moins je tentais, aussitôt de prendre l’initiative d’applaudir du haut de ma colonne en espérant que tout le public suivrait, s’il n’avait pas déjà commencé à applaudir. Si jamais, je pus attiré d’une quelconque manière l’attention des autres, ou même du Kazekage Ogami, j’espérais qu’ils ne me verraient pas en tant genin de suna… mais plutôt en tant que citoyen convaincu par le discours de son nouveau Kage. Cependant, les chances que je puisse attirer l’attention de ma position étaient très minces ; « tant mieux » me souffla ma voix intérieure.

PNJ, Yamada Shunza (membre du clan)

Le vie était une longue route route semée d'embûches, faite d'adaptations et de changements. Il nous fallait composer avec ou nous écraser. Il était un clan à Suna qui devait choisir entre ces deux choses. Les Yamada connaissaient des situations difficiles ces derniers temps. Un chef-Kazekage qui avait fui en « traître ». Un nouveau chef, oncle de l'ancien, pris en otage par Konoha. Et un dénommé Tetsui qui n'était toujours pas là pour décider quoi faire alors que la confiance des siens s'était tourné vers lui pour prendre des décisions. Devant tant de bouleversements, Yamada Shunza voyait qu'il fallait redresser la barre et ne plus regarder vers le passé. À un moment...

À vingt quatre ans, et issu de parents Yamada beaucoup plus modernistes que la branche qui dirigeait actuellement, le shinobi du sable Shunza voulait un avenir pour les siens. Sans jouer les grands « dieux » il avait profité d'un moment à saisir en voyant son clan se questionner sur la décision à prendre quant à la prise de pouvoir qui s'était jouée cette nuit dans Suna.
Membre émérite du Kakumeigun à qui on allait prochainement donné à une équipe à s'occuper, Shunza s'était imposé comme le faisaient ses supérieurs. La discorde n'étant pas possible, il avait fait preuve d'un leadership à couper le souffle. En à peine cinq minutes les Yamada en proie à l'hésitation l'avaient écouté et avaient décidé de suivre ses conseils, ou plutôt ses « ordres » : Rester neutre.
Jamais le clan maîtrisant la chaleur ne prendrait part à une prise de pouvoir, même appuyée par une instance nationale. Mieux valait se positionner en observateurs du renouveau de Suna. Aussi, la totalité des membres du clan, sans exception aucune, s'étaient rassemblés dans leurs quartiers pour ne pas agir. Ils avaient écouté, attendu et laissé faire jusqu'au matin où Suna était redevenu calme.

« Si vous m'autorisez à parler et agir au nom de notre clan, encore une fois, restons neutres et impassibles. Nous subsisterons car les mauvaises actions ne seront pas les nôtres. »

Rien n'était dit clairement quant à sa position dans le clan, mais une chose était claire : en l'absence de Yamada Arashi et de son fils Tetsui, quelqu'un devait mener la danse. Pourtant il appréciait ces deux là, mais la vie était une longue route sur laquelle il fallait s'adapter. C'était le cas pour tout le monde.

« Le rassemblement qui a lieu après chaque bouleversement à Suna ne devrait pas tarder maintenant... Allons prendre connaissance de la situation. »

Ainsi plusieurs membres du clan Yamada, dont Shunza, se dirigèrent là où Toshiro Ogami prit la parole pour la première fois au nom de Suna.
Celui là, qui était son chef au Kakumeigun et qu'il connaissait par ce biais, avait un bon leadership. Plus véritable que les anciens. Cela se sentait. Le temps était à l'unification, les Kawaguchi revenaient dans leurs quartiers. Tandis que les Yamada, eux, allaient servir Suna comme ils l'avaient toujours fait. Neutre de visage, Shunza n'applaudit pas, ne montra rien, et s'en alla une fois le discours terminé. L'avenir de son clan était à déterminer dans les prochains jours. Et les nouvelles concernant Arashi et Tetsui se faisaient attendre mais seraient décisives.

Deux semaines, c'est le temps qu'il a fallu à Suna pour changer. Je suis parti à Nami avec un Kazekage au pouvoir, j'y reviens avec un ami, Régent. Je suis content pour Ogami, il ne méritait rien d'autre que ceci. Il a travaillé dur et longuement depuis sa nomination au poste de Chef du Kakumeigun et en tant que Bras-Droit du Nanadaime. Et, qu'on se le dise, le travail d'un Bras-droit n'est-il pas d'aider son mentor ? Alors, quand celui-ci va droit dans le mur, quoi de mieux que de lui enlever son moyen de locomotion ? J'approuve les faits de cette nuit, Keisuke a parfaitement su diriger les miens pendant ma convalescence. Nous avons marié nos forces à celles de bien d'autres clans du village afin de redonner à Suna ce qu'il lui revenait de droit.

Sans vraiment le sentir, je le savais. Je connais Ogami, je sais ce qu'il veut, je connais ses buts. Il m'en a déjà parlé lors de mon affectation à son équipe. C'est accompagné de Keisuke que je me rendais sur la place du Palais du Conseil Souverain afin d'assister au discours de prise de pouvoir du Toshiro. La foule était présente et très bien encadrées par les forces de sécurités.

Ogami fit son apparition sur l'estrade, celle-là même ou Yamuro avait fait son discours il y a un peu plus d'une année. Il contemplait la foule avant de prendre la parole. J'écoutais avec attention chaque mot qu'il employait. J'étais déjà convaincu, il n'avait pas besoin de me convaincre, mais je voulais quand même assister à ce discours. Tout en écoutant attentivement les paroles du nouveau Régent, je contemplais moi aussi la foule. Cherchant du regard la moindre personnes suspectes, cherchant à comprendre les réactions des personnes ici présentent. Le discours se termina, certains étaient satisfait, d'autres non. On ne peut jamais satisfaire tout le monde, mais comme Ogami l'a très bien dit, donnez encore une chance aux dirigeants de Suna.

Je me tournais vers Keisuke, qui lui aussi devait certainement penser comme moi.

"Alors ? T'en penses quoi ?"

"Prometteur."

Un léger rictus se dessina sur mon visage. Il ne me manque plus qu'à savoir ce que le reste du clan pense de ce discour, et s'il le faut, je prêcherais pour son église devant les miens. J'invitais Keisuke à venir boire un verre chez moi, avant de prendre la direction de mon appartement, laissant la place du Conseil Souverain vide de sa foule. C'est presque mieux lorsque celle-ci est vide, je ne l'ai rarement vu remplie, et à chaque fois, c'était la même chose. Cela veut donc dire... La prochaine fois que cette place sera remplie, Ogami sera mort ?

La foule était rassemblée sur la place du Palais. Résultat de ce qu'il s'était passé la veille : Toshiro Ogami avait réussi à s'emparer du pouvoir. Assis sur un toit, adossé contre le mur de la maison voisine, Kensei écoutait le discours du nouveau Régent. Des mots, encore des mots. Il tira une longue bouffée sur sa cigarette. L'ancien Kage avait promis lui aussi une renaissance de Suna, qu'il serait une meilleure personne que celui qui l'a précédé, et bla bla bla. Et celui d'avant avait promis les mêmes choses.

Tant de dirigeants s'étaient succédé ces dernières années, et aucun n'avait tenu ses promesses. Le dernier en date allait-il briller là où ses aînés avaient échoué ? Kensei n'y croyait pas.

« De belles paroles... Je me demande combien de temps tiendra celui-là. Et pour quelle raison un autre lui succèdera. À cause d'une femme ? De la démence ? Ou trouvera-t-il quelque chose de plus original...? » Murmura le manieur de pantins, un sourire cynique encadrant sa cigarette presque éteinte.

Il ne voyait pas comment un gamin pouvait avoir les épaules pour ce poste, contrairement à ce que soutenait la jeune Chikamatsu. C'était elle qui était venue solliciter l'aide du Maître, de le convaincre d'apporter l'aide des Marionnettistes à cette grande mascarade. Et elle avait réussi. C'était normal, le Toshiro était son sensei depuis sa sortie de l'Académie. Le Marionnettiste respectait cela. Il connaissait mieux que quiconque les sentiments qu'inspiraient un maître à son élève. Il serait mort des milliers de fois, si son sensei lui en avait donné l'ordre.

Ogami souhaitait éteindre le conflit avec Konoha, et pourtant il avait envoyé Ruri et d'autres en territoire ennemi. Ce n'était qu'une des nombreuses raisons qui le poussaient à ne pas avoir confiance dans le beau discours de ce type.

Le Nishimura avait souvent suggéré à son maître de prendre le poste de Kazekage. Qui était plus propice qu'un homme d'expérience, ayant unifié un clan, ayant pris sa tête et le dirigeant sans failles depuis des années - à diriger un Village de Shinobis ? Mais cela n'intéressait pas le Souffleur. Son clan lui suffisait.

Écrasant sa cigarette sous son pied, il se releva et se retourna, pour faire face au nouveau Régent qui continuait son discours. Fermant un oeil, il entoura la tête du parolier avec ses doigts. Il lui aurait été horriblement facile d'éteindre sa vie, grâce à ses pistolets Saibogu qu'il portait constamment sous son manteau. Disparaissant aussitôt dans l'ombre, personne n'aurait retrouvé le coupable. Mais il n'en fit rien. Son Maître ne lui avait pas demandé ça.

Il lui avait demandé de mener leurs plus puissants shinobis à l'aide du Toshiro, le soir du renversement. Et c'est ce qu'il avait fait. Même si ce ne lui plaisait pas, il n'avait jamais refusé un ordre.

Mes lèvres entre en contact avec le breuvage frais. Ce dernier coule délicatement dans ma bouche puis ma gorge tandis que ma langue en saisit les subtilités gustatives. Je ferme un instant les yeux comme pour prolonger la dégustation avant de finalement lâcher un soupire de satisfaction. Ce vin est l'un des plus chers du pays mais il vaut indéniablement son prix. Et dans tous les cas rien n'est trop beau pour agrémenter cette soirée qui, je l'espère, sera tout à fait profitable à mon ego. Ce n'est pas tous les jours que l'on me rend un vibrant hommage après tout...

Je ne me suis pas mêlé à la foule des inférieurs. La survoler serait déjà un supplice en soi malgré ma position dominante. Et puis je ne souhaite pas faire de l'ombre à Ogami. Je me suis donc installé au sommet du Hall du Sable où j'ai fait apporter victuailles, musiciens et danseuses. Ma garde rapprochée se contente de monter dans la garde tandis que je me prélasse sur mon trône, jambes allongées sur le dos d'un membre de mon clan ayant eu la malheureuse idée de s'opposer à ma politique. L'humiliation est parfois plus puissante que le plus fort des coups de fouet n'est-ce pas?

"Le discours va commencer Kira-sama!" m'indique un senseur.
"Mieux vaut tard que jamais..."

Je rouspète par principe, encore une fois. Je n'aime pas montrer mon contentement même lorsqu'il est justifié. Je préfère largement endosser le rôle de la personne constamment insatisfaite pour pousser les miens à se dépasser. Toujours est-il que je perçois une silhouette s'avancer sur le balcon du Palais et j'en déduis qu'il s'agit d'Ogami. Quelques instants plus tard le discours commence et le senseur se charge de me répéter les mots prononcés. Et plus le temps passe et plus mes mouvements indiquent de la désapprobation.

Cela commence par le verre de cristal que j'explose dans ma main et qui lacère ma paume. Puis un coup de poing rageur sur l'appui-coude de mon trône qui se fissure. Je termine en faisant les cent pas autours de ce dernier, oscillant entre le désir de laisser ma colère s'exprimer totalement et le besoin de comprendre ce qu'il s'est passé. Est-ce une manœuvre politique de la part du Toshiro? Une manière de m'annoncer que je n'étais qu'un simple outil entre ses mains? Un outil qui, aujourd'hui, ne se révèle plus utile? Mais ce n'est pas ça qui attise ma colère pour autant!

"Il n'a même pas parlé de moi!" dis-je, choqué. "Je l'ai épaulé face à Kibo et il n'a pas prononcé ne serait-ce qu'une seule fois mon prénom..."

Les gardes échangent des regards mais se gardent bien d'exprimer leurs avis. Après tout ils ont compris qu'il vaut mieux observer le silence lorsque je suis en colère. Ça va passer! Il suffit simplement que je détruise un nombre suffisant d'objets pour retrouver mon calme. Un coup de pied rageur envoie mon trône s'écraser contre la muraille de roche naturelle qui ceinture le village. Ce dernier retombe en une pluie dorée sur le sol alors que quelques membres de mon clan lèvent les yeux pour voir ce qu'il se passe.

"Où est mon hommage, hein?" pure rhétorique, évidemment. "OÙ EST MON PUTAIN D'HOMMAGE?!"

Je m'avance vers le bord du toit qui se prolonge pour former une plateforme à chacun de mes pas. Grâce à cet escalier improvisé je retrouve rapidement le plancher des chameaux et me dirige vers la salle d'entraînement du quartier Kawaguchi. Il faut que je me passe mes nerfs! Et vite! Sans quoi je ne réponds plus de rien! Une fois sur place j'élève un bloc de roche sur lequel je me mets à taper avec rage. Frustré, moi? Vous croyez?