Calmement tu t’installes dans la petite pièce à attendre que la vieille peau trouve son temps pour venir te parler – elle pourrait faire un peu plus d’efforts, tu le conçois, en interrompant son thé solitaire, mais tu souris chaleureusement quand elle arrive avec la théière et la tasse supplémentaire. Cela doit signifier beaucoup pour elle et tu n’es pas une personne qui va s’opposer aux rites des autres pour le seul plaisir de s’y opposer. Surtout qu’en l’espace de ces quelques semaines, cette femme est devenue ton guide spirituel, ton interlocuteur privilégié – ton alliée pour remettre le clan à sa place. Tu souris calmement alors que te verse du thé et s’installe en face de toi à la petite table, paraissant si frêle et… Fragile. Ce n’est pas la vision que tu avais d’elle. Ce n’est pas la vision que qui que ce soit dans le clan a. Un rare spectacle que tu es le seul à contempler – n’est-ce pas magnifique ?

« Bonjour, Daï. Comment vont les choses ? »

Elle t’adresse un sourire de vieille peau bref avant de devenir on ne peut plus sérieuse. Tout comme toi, tu ne sais que trop bien qu’elle tient réellement au clan. Tu hoches délicatement la tête sur le côté.

« Bonjour, Mitsuhiro-sama. Comment les choses avancent ? »

Tu lèves tes paumes vers le ciel avec fierté, toujours recouvertes de tes gants blancs, et tu souris une fois de plus à la femme en face de toi. Tu ne te fais aucune illusion à ce propos. Tu n’es pas le plus puissant des Bakushô. Tu n’es pas même le plus gradé. Pourtant, c’est en toi qu’elle a décidé de placer sa confiance, aidée de tes cousins fidèles. Si tu peux réussir, c’est uniquement par la parole – tu n’es que ça, après tout, un beau parleur comme on n’en fait plus. L’âge te marquera-t-il un jour également comme elle ? Tu soupires calmement.

« Elles avancent dans le bon sens je pense. Nous nous sommes très bien fait voir par le village avec notre engagement majeur au niveau des patrouilles aériennes. Les Seki et Hakushi participent également, à l’évidence, mais nous n’avons clairement pas à rougir de notre contribution – je peux vous l’affirmer pour y avoir été en personne. De plus, je suis désormais l’un des deux apprentis du Raikage en personne, je pense que l’on peut difficilement jouer plus sur une amélioration des relations entre nos deux clans que ceci. Je ne lui en ai pas encore parlé de façon concrète et définie, mais il me semble partager cette envie d’arrêter la lutte intestine qui détruit Kumo. Le vrai ennemi, aujourd’hui, c’est le Shukai. Quant au reste… Vous êtes consciente tout comme moi qu’il s’agit de chantiers délicats. Je ne compte pas les abandonner, mais plutôt me lancer dans ces derniers quand ceux-là seront bien plus avancés. »

Tu inspires profondément à la fin de ta tirade. Rien de ta façon de parler ou de ton souffle, posé et méthodique avec une froideur presque cruelle, ne laissent à supposer que tu puisses échouer. Cette assurance. Ce témoignage indigne de ton orgueil. Te souriant une fois de plus, la vieille femme continue de te parler de diverses bagatelles et de l’histoire du clan – bien que tu l’écoutes, tu sens déjà ton esprit s’égarer calmement en prévision de la seconde réunion prévue aujourd’hui. Avec vos occupations continuelles à tous les deux, il est rare que vous puissiez vous voir avec Hak et – s’il a le temps, Shigeru. Pourtant, les choses avancent que ce soit à l’Institut ou à Kumo – la Senritsu et toi ne pouvez plus attendre avant d’entreprendre des mesures précises pour arriver à tes objectifs derrière lesquels elle s’est rangée pour… Des raisons que tu ignores. Reconcentrant ton regard sur la Bakushô, tu soulèves la tasse de thé si gracieusement offerte et la porte à ta bouche, laissant le délicat liquide couler le long de ton œsophage. Cette année, après tous les événements de l’année précédente, doit être la tienne. Plus que tout, tu veux y croire. Plus que tout, tu refuses de reculer devant même les plus gros obstacles. Qu’importe qui il faudra terminer et qui il faudra féliciter. La gentille politique s’arrête.

« Et bien ! C’est que tu en as mis du temps Daï. »

Je passe lascivement mon doigt sur la bordure de mon verre en soutenant le regard du Bakushô qui décide enfin de venir. SI nous n’avions pas prévu d’heure vraiment précise, il n’en reste qu’il a mis énormément de temps chez cette putain de mégère de son Clan, et j’espère que les informations qu’il a à la suite de cette visite possèdent ne serait-ce qu’un peu de positif afin de continuer. Même si je suis loin d’être suffisamment conne pour croire qu’il est devenu chef de son clan là, en l’espace d’un claquement de doigt et d’une petite entrevue. Je ne sais que trop bien à quel point les petites missions qui lui ont été données sont exténuantes à achever et je dois avouer que son clan s’en sort plutôt bien. Toutes les tâches ingrates ou prenant du temps. Toutes les choses qui devraient être faites depuis longtemps. Ils exigent de lui qu’il nettoie la merde dans laquelle ils se sont soigneusement enfoncé au fil des ans. Et c’est moi la vilaine de Kumo dans l’histoire après. Génial quoi.

« Comment vas-tu ? »

Je lui adresse un petit sourire mielleux. Le petit restaurant dans lequel nous sommes souffle le vide, pas même les serveurs ne s’approchent vraiment de nous – pourtant, je suis consciente de ce qui va être discuté et alors même qu’il s’installe, j’établis un lien télépathique entre nous. La discussion à haute voix n’est qu’une vulgaire couverture pour ne pas paraître suspect à se regarder comme deux débiles profonds jusqu’à ce que nous terminions de parler. Même si je me garde de penser que c’est un zèle d’assurance de ma part, je ne sais que trop bien qu’avec la réputation croissante dont nous faisons preuve tous les trois, le risque d’avoir des rats qui croulent nos pieds est importante. Et qui sait où ces derniers se nourrissent-ils – même si le temps m’attache de plus en plus ici, ce n’est qu’une raison valable pour être plus vigilante encore. Nous risquerions de perdre beaucoup sur de simples erreurs, et ce n’est pas une option qui entre potentiellement en jeu.

*Shigeru a dit qu’il viendrait certainement un peu plus tard. Quand est-ce que tu comptes arrêter de feindre que tu ne vois pas la façon dont il te regarde ?*

Ou prétendre que je ne l’ai pas remarqué, connard. Qu’importe la façon dont j’y pense, c’est presque une évidence pour moi – et il est arrangeant également que Shigeru ne vienne que plus tard. S’il nous connait tous les deux très bien, il est avantageux pour nous d’avoir des secrets devant lui. Surtout que mou comme il est, il préfère jouer à l’idiot comme s’il ne se rendait compte de rien – comme si ce genre de chose pouvait fonctionner contre moi. C’est rare qu’il sorte de son bureau moisi et je sais que la présence de Daï à cette petite réunion est un argument majeur pour le faire venir, et cela m’arrange bien. J’ai une faveur à lui demander. Sans la moindre gêne, je croise délicatement les jambes sur mon petit siège en attendant qu’il se décide enfin à parler. S’il n’y a pas de putain de liste de sujet à aborder, c’est lui qui voulait que l’on se rencontre et à la détermination que je lis sur son visage, j’ai l’assurance que des pas bien précis ne vont certainement pas tarder à être entrepris. Il est enfin temps que je sorte du placard et fasse jouer de mes soigneuses ficelles, après presque un an à rester comme la pire des pétasses au sein de ce village. Déterminée, je croise son regard en attendant sa réponse à mes bagatelles tout autant que le lancement de la vraie conversation. En espérant qu’il ait eu l’idée du siècle, parce que si nous faisons une réunion mondaine pour le plaisir d’en faire une, autant que j’aille vomir tout de suite.

Alors que t’installes rapidement, ignorant allègrement la remarque sur ton heure d’arrivée adressée par ton alliée, tu la laisse mettre le lien télépathique en place, bien conscient qu’elle compte le faire. Après tout, elle passe son temps à le faire à la moindre occasion, et plus encore lorsque les discussions méritent de n’être entendues par personne. En lui adressant un petit sourire, tu réponds à sa discussion mondaine comme si de rien n’était et qu’il s’agissait là seulement de deux amis n’ayant guère eu le temps de se voir dernièrement. N’est-ce pas ce que vous êtes, après tout ? Que ce soit aux yeux du village ou aux vôtres même – il y a une part de vérité tellement cruelle dans votre petit jeu que tu n’as point d’effort à fournir pour qu’il passe avec un réalisme parfait. Tu te permets une courte moue lorsque la remarque sur le médecin tombe, bien que tu te doutais qu’elle avancerait ce sujet.

*Penses-tu réellement que … ? Je n’ai juste pas envie de… De toute façon tu ne comprendrais pas.*

Tu ne veux pas t’étendre sur ce sujet car c’est épineux – pour toi plus que quiconque. Ta femme. Elle est l’incarnation de tes objectifs, de tes désirs, des projets que tu essayes tant bien que mal de faire avancer. Accepter les sentiments du médecin serait une trahison envers elle – et tu souffres. Tous les jours un peu plus. Tous les jours un peu plus fort. Sans jamais t’arrêter dans la spirale infernale, tu te refuses, inconscient, le bonheur que tu pourrais trouver à ses côtés au prix d’une défunte. Et si tu te posais ? Si tu réfléchissais quelques instants ? Après tout, elle aurait voulu ton bonheur. Peux-tu le concevoir ? Ou bien est-ce trop aigre pour toi de savoir que ta femme même aurait préconisé que tu choisisses un vivant au prix de sa mémoire ? A quand remonte la dernière fois que tu l’as pleurée ? La dernière fois que tu es allé à sa tombe, pas même une larme – mais il était là à t’accompagner, à te montrer le soutien dont tu avais si douloureusement besoin pendant tout ce temps. Tu soupires calmement tout en continuant le mondain de vos discussions orales innocentes auxquelles vous ne prêtez même pas attention. Après tout, à quoi bon ?

*Les choses avancent calmement au niveau du clan Bakushô. Mes actes commencent déjà à se faire délicatement connaître, et je ne suis plus considéré comme un paria. A croire que toute cette intrigue menée par mes propres cousins aura fait le plus grand bien, même si je garde l’amertume de ne pas avoir été prévenu en avance. Je soupçonne fortement la vieille Mitsuhiro d’avoir demandé de m’exclure de cette discussion afin que je ne monte pas sur mes grands chevaux... Toujours est-il que je vais probablement avoir besoin de ton aide. Yoh doit avoir des informations sur ceux qui l’ont soutenu, et j’ai besoin de… Régler ce problème.*

Tu le sais. Eperdument même. Il y a quelque chose de malsain à l’intérêt que la bleutée porte à ton clan et ton semblant de quête pour en prendre la tête. Pourtant, et c’est bien là le pire de ta prison : tu ne peux rien lui dire. Pour la simple et bonne raison que c’est toi le responsable qui l’a faite intervenir en premier lieu dans les premières discussions, ignorant quel en serait le dénouement. Te voilà prisonnier de son soutien, même si l’importante réputation qu’elle a développée à Kumo saura certainement te rendre service. Et si quelqu’un est capable de tenir tête au caractère explosif de ton prédécesseur… C’est bien elle. Même si tu ne doutes pas que cette rencontre générera des étincelles dont probablement tout Kumo entendra parler.

*Et concernant Shimo… Les dernières informations semblent se confirmer. Nous devrions bientôt débuter des préparatifs de mission afin d’arriver à fragiliser le pays pour le prendre plus facilement. Et il ne fait nul doute que c’est Kinzoku Oni qui en deviendra la dirigeante une fois l’actuelle effacée. Du moins selon les informations que j’ai obtenu, et je pense avoir été suffisamment engagé dans les discussions diplomatiques avec les rebelles pour être l’un des plus informé.*

Toujours cet orgueil qui t’est tellement propre… C’est pourtant une juste issue pour le pays du Givre. Et avant même que la jeune femme ne puisse te répondre, tu adresses un large sourire avant de te tourner sur ta droite, saluant d’un grand geste de la main ton Médecin.

Jetant sa cigarette au sol, le brun souleva la tête et croisa immédiatement le large sourire de Daï. Ah, combien de temps se connaissaient-ils réellement ? Cela devait faire un peu plus d’un an, tout au plus. Pourtant, le temps semblait passer tellement vite en la compagnie de l’explosif… Ils étaient semblables, après tout. Chacun avait eu son drame. Chacun son traumatisme. Chacun son défunt également. C’est l’amour de Kumo, voire de Kaminari tout entier même, qui animait vos idées à tous les deux. Inspirant profondément à travers les cernes marquées de son visage – le Médecin retourna la salutation de son ami avant de s’installer à la petite table, prenant le parti de ne se mettre face à personne. C’était plus équitable ainsi et, combien même c’était la Senritsu qu’il connaissait depuis le plus longtemps, il ne pouvait nier la force de l’affinité qui le liait au diplomate. Une affection qui était bien plus qu’il n’acceptait de l’admettre, choisissant toujours de ne pas brusquer, forcer ou froisser son aîné. A tenir compte des regards que les deux s’échangeaient, il était certain pour Shigeru qu’un lien télépathique de grande ampleur avait été mis en place entre ses deux partenaires – sûrement qu’ils échangeaient des informations sur Shimo ou le clan Bakushô. Il n’en avait que faire, en quelques sortes : celles sur Shimo lui étaient déjà connues, et il savait qu’il serait également informé des informations concernant le clan de son béguin, ou plutôt de l’évolution certainement maigre qui s’était produite dans les suites de sa réunion avec Mitsuhiro-sama.

« Bonjour vous deux… »

Traînante et manquant quelque peu d’expressivité, sa voix était le reflet de la fatigue qui rongeait le corps du Médecin. Encore une guerre. Encore des blessés. Malgré toutes ses tentatives, il ne pouvait rien faire pour arrêter le désastre. Les conflits avec le Shukai étaient un abcès qu’il fallait crever depuis longtemps, et que cela se fasse dans le sang… Non. Ce n’était pas quelque chose qui l’enchantait. Mais il savait que c’était nécessaire. Son côté pacifiste pourrait supporter cette nécessité, et c’était une opportunité – bien que très triste – d’avoir les arguments nécessaires à développer la Médecine à Kumo. Une chose qui manquait cruellement. Voyant rapidement que les deux autres membres de la réunion avaient cessés leurs discussions mentales pour se focaliser sur lui, il leur adressa un sourire fatigué, conscient que ce dernier leur fendrait le cœur. Ce fut Hak qui lui adressa la parole en premier, s’enquérant de son état de santé – comme s’il avait le loisir de ne pas bien se sentir en ces temps sombres. Evasif, il hocha la tête avant de changer de sujet.

« Ha… »

Il se ravisa rapidement, se rappelant du désagréable que provoquait chez la jeune femme le fait d’entendre son prénom prononcé. Dire qu’il ne pouvait pas regarder Dai ou même compter sur lui, car cette dernière comprendrait certainement que quelque chose se passait. S’il avait assez de talent pour savoir cacher son stratagème derrière sa dépression, ce n’était pas le cas quand il regardait le Bakushô, et pourtant tous deux savaient que c’était primordial.

« Tu vis seule non ? Est-ce que cela te dérangerait de partager ta maison avec une amie à moi ? Elle a été mise dehors par son fiancé et chercher de l’aide pour une petite vengeance, ainsi qu’un toit… Je me suis dit que… Vous pourriez bien vous entendre. »

Rin. Plus qu’une amie, c’était aussi une ancienne apprentie de Shigeru qui partageait son amour du village. Aussi lorsqu’elle se trouva dans cette situation, il ne pouvait s’empêcher d’en profiter, même s’il se sentait légèrement coupable. Dai et lui avaient remarqué que Hak était de plus en plus instable. Dangereuses peut-être. Et connaissant les capacités destructrices de la manieuse du son lorsqu’elle choisissait de combattre à pleine force, il était beaucoup plus sage de laisser quelqu’un d’infiltré chez elle. Il n’y aurait même rien de louche à ce que la brunette observe ou se pose des questions sur la Senritsu, la découvrant à peine. Une idée certes bancale, mais une idée tout de même. Une idée que la porteuse de la Foi s’empressa d’accepter, croyant trouver là une distraction intéressante pour un petit moment au moins…

Shigeru jouait son rôle à merveille, et tu t’efforçais de jouer le tien également. Ne rien laisser paraître sur la notion que vous aviez d’une nécessité de surveillance augmentée de la Senritsu. Etait-ce quelque chose que l’on pouvait faire en toute impunité à une amie ? Non. Tu le sais pertinemment. Et bien sûr, tu sais également qu’elle ne risquerait même pas de mal le prendre si jamais cela devait arriver. Non. Tu secoues brièvement la tête en profitant du fait qu’elle soit occupée à étudier la proposition du médecin. La guerre contre l’Empire était déjà en place et les affrontements n’allaient tarder – il était inconcevable de laisser un atout aussi important pour le village sans surveillance, surtout compte tenu de l’instabilité de ce dernier. Si cela paraît cruel à dire, tu ne sais que trop bien à quel point elle peut se montrer… Folle. Shigeru et toi avez déjà eu un aperçu de la folie qui sommeillait dans la jeune fille, et la voir se retourner en plein combat pour attaquer alliés come ennemis, admettant que ses adversaires seuls sont trop faibles pour la distraire… Non. C’était un scénario qu’il fallait absolument que tu évites. Que vous évitiez.

« D’accord. Mais tu me revaudras ça. »

Le petite sourire qu’elle adresse t’étonnes un peu – te laisse supposer même qu’il y a quelque chose de caché dans cette intention un peu trop simple de sa part. Aucune lutte. Aucun marchandage. Aurait-elle compris ? Impossible. Que voulait-elle donc préparer ? Quelque part en toi, à la connaître aussi bien, tu te dis que tu as hâte de le découvrir – tout en espérant qu’il ne s’agisse de rien de néfaste pour le pays. En arriver jusque-là…

« Je… Pardon ? »
« Je suis claire pourtant non ? Je te dois la vie à bien des reprises, je peux bien caser quelqu’un chez moi en échange. »

Tu caches tant bien que mal le soulagement qui envahit ton visage devant l’acceptation si brutale et simple de la jeune femme, conscient qu’il sera nécessaire d’abréger cette entrevue au plus vite afin d’éviter qu’elle ne pose trop de question ou comprenne quelque chose. Elle est son fichu talent – c’est bien quelqu’un à craindre par ce dernier seulement. Sans la moindre hésitation, tu émets une interjection comique avant de changer de sujet en douceur, ignorant soigneusement le regard presque interrogateur de la jeune femme. Il est primordial qu’elle ne puisse pas comprendre votre implication à tous les deux derrière la personne de Rin afin qu’elle ne soit pas sur ses gardes et se laisse à la folie ambiante que la jeune fille devrait, théoriquement, être plus à même d’éponger que n’importe qui d’autre. Selon Shigeru du moins, et tu espères sincèrement qu’il ne s’est pas trompé avec son jugement.

Pas un échange de regard. Tu ne te permets pas même un échange de regard avec le Médecin pour éviter de te faire percer à jour. Et le meilleur dans tout ça, c’est que tu n’as qu’à flatter ton orgueil de ton inventivité – Hak elle-même a donné les principes d’une potentielle gêne entre vous, et tu comptes bien t’y accrocher désespérément, jusqu’à la fin de la conversation. Après tout… N’est-ce pas la plus belle des choses de voir la piégeuse tomber dans des filets ? De voir que ses griffes et sens, aussi aiguisés soient-ils, ne lui permettent pas l’omniscience ? Un renseignement précieux que tu ranges soigneusement dans tout ce qui constitue ta personne. Après tout, les meilleurs amis savent faire les pires ennemis, et si tu n’as guère cette crainte vis-à-vis du médecine – peut-être est-ce masqué par l’incapacité que tu connais à éprouver tes sentiments ? – tu ne sais que trop bien qu’il serait utopique de faire confiance aveugle à la jeune femme. Tout comme, selon toi, elle sait qu’il serait malsain de te faire pleine confiance. Une relation bien étrange, n’est-il pas ? Un jeu bien risqué également, sur la verge de ton orgueil.

HRP: