Assis calmement, tu te plais dans le silence environnant. Tu as choisi ce lieu par pur hasard, mais l’absence presque cruelle de fréquentation et le calme qui y règne te confortes dans ta décision. C’est rare de ta part de réaliser des rencontres en terrain neutre – extrêmement rare même, et tu en es pleinement conscient. Cependant, la question ne t’a même pas traversé l’esprit lorsque tu as décidé de le rencontrer : c’était une évidence qu’il fallait faire ainsi. Tu es orgueilleux et sûr de la force de tes mots, aussi aller vers l’avant et croiser les gens dans un territoire de confort pour eux ne t’a jamais perturbé. Pourtant… Tu ignores à quoi t’attendre avec le prodige de Kumo. Dentô Raito, l’une des, sinon LA plus phénoménale ascension au pouvoir dans ton village. Chûnin à un âge extrêmement jeune, conseiller dans l’année suivant sa nomination – il n’est pas quelqu’un que tu peux te permettre d’ignorer. C’est un enfant disposant d’un pouvoir bien trop important pour son âge et étant entièrement capable de le canaliser pour ne pas en abuser, du moins en apparence. Aucune rumeur à son sujet, sinon sur son côté relativement taciturne, ne t’es parvenue. C’est… Rare.

Tu dois bien lui admettre sa gloire et son exploit, mais l’absence d’amis à ses côtés t’a toujours, pour le moins, étonnée. Etait-ce vraiment aussi mystérieux ? Peut-être n’était-il pas seul mais cruellement bien entouré par des gens ayant les capacités nécessaires pour rester dans l’ombre. Tu refuses de croire que de telles choses puissent avoir lieu sous tes yeux, et pourtant l’évidence est là. Comment un enfant pourrait-il être nommé conseiller avec une facilité aussi déconcertante s’il n’avait pas un soutien à toute épreuve ? Caressant calmement ta main droite avec la gauche, tu essayes de t’imaginer les petits secrets de ton invité, mais tu renonces bien vite – s’il arrive à mettre de la poudre aux yeux à tout le monde, ce n’est pas pour que toi tu puisses tout deviner d’un coup. Tu soupires calmement, regrettant d’être arrivé tellement en avance. Le petit mot était extrêmement précis sur le lieu et le temps de la rencontre, et pourtant tu as laissé ton impatience te dévorer.

Quoi que fasse cet enfant, tu sais qu’il te le faut. En tant qu’allié. En tant que jouet. En tant qu’ami. Qu’importe. Sur cette entrevue, tu joues le futur de tes projets et le soutien de quelqu’un qui, s’il ne l’a pas encore, risque d’avoir le soutien de la majorité de la nation à une vitesse phénoménale. Et la nation, tu l’aimes. Kumo, les shinobis du village, Kaminari, les civils du pays. Tu ne veux que leur paix et leur bien-être de la façon la plus diplomatique possible. Jour après jour, tu t’abreuves de tes propres mensonges pour faire passer l’amertume de ton côté belliqueux, mais tu admets que couper une ou deux mauvaises herbes… Ou une forêt entière de parasites même… Ne serait pas de refus. Souriant délicatement, tu croises les jambes et appui ton corps contre le dossier de ton siège. Il ne devrait pas tarder à arriver.

- Alors, tu as appris quelque chose sur lui ?

Sans même regarder son interlocuteur, Raito continuait d'avancer en direction de son rendez-vous. Bakusho Dai l'intriguait, ce n'était pas la première fois que son travail de conseiller l'avait amené à rencontrer des gens, mais il n'avait jamais reçu une invitation. Surtout qu'il ne savait pas grand-chose à son sujet, ce qui était assez rare à Kumo. De plus, parmi la liste des conseillers, il n'était pas vraiment celui à qui on irait confier quelque chose d'important.

- Rien de plus que ce qu'il y avait dans son dossier, je n'ai pas eu le temps de trouver autre chose.

- Dis-moi juste que tu n'as rien, ne te cherche pas d'excuse. Maintenant, suis-moi jusqu'au lieu de rendez-vous et continue de me parler sur le chemin.

Raito n'était pas tendre avec son subalterne, tout comme ses propres supérieurs, mais cela ne dérangeait pas ce dernier qui était habitué depuis longtemps à cela. Le Dentô continua sa route sans prêter attention aux mots qu'il lui disait, ils n'avaient pas la moindre importance, ils n'étaient là que pour le faire paraître occupé aux yeux des passants. Sa présence même n'avait pas d'autre intérêt, il en était conscient et il ne lui venait même pas à l'idée de remettre cela en cause.

Lorsque le duo arriva au niveau de la porte d'entrée du lieu de la rencontre, Raito s'arrêta et afficha un grand sourire avant de se tourner vers l'autre.

- Et bien, ce fut un grand plaisir de discuter de cela avec vous, je vous souhaite une excellente fin de journée, en espérant que votre compagne aille mieux au plus vite.

- Je vous remercie, conseiller. Je vais lui annoncer la bonne nouvelle le plus vite possible. Bonne journée à vous et merci encore.

Une pointe d'hésitation chez son subalterne, Raito l'avait notée, ce n'était pas grand-chose, mais il l'avait remarqué et c'était suffisant. Il décida néanmoins de l'ignorer, il n'avait pas vraiment le choix de toutes façons. Il entra alors à l'intérieur pour rejoindre le fameux Dai. Avançant jusqu'à lui, il le salua respectueusement avant de s'assoir également.

- Je suis enchanté de vous rencontrer. Vous êtes resté assez vague dans votre demande de rendez-vous, alors je dois dire que je suis curieux d'en connaître la raison. Que puis-je faire pour vous ?

Raito paraissait amical et chaleureux, ce n'était le comportement qui lui venait le plus naturellement, mais il en était, au moins, habitué. S'il ne savait pas pourquoi Dai voulait le voir, il se demandait s'il n'était pas en train de perdre son temps. Après tout, si le Bakusho n'avait jamais été repéré par l'Institut, cela voulait très probablement dire qu'il ne valait pas grand-chose.

Tu souris discrètement à l’arrivée de ton invité, contemplant un bref instant sa puissance. Supérieure à la tienne, cela ne fait aucun doute – et si quelque part tu es attristé de devoir constater ça tu ne peux refuser de l’admettre. Que dire, certain ont un talent naturel tandis que d’autres obtiennent tout au travail acharné, et tu es fier d’appartenir à cette deuxième catégorie. Cela forge un caractère résistant à beaucoup d’épreuves qui te sert aujourd’hui encore. Quoi qu’il soit, tu apprécies la franchise de l’enfant, te disant quelque part qu’il persiste quelque chose d’étrange chez lui sans que tu ne puisses mettre la main dessus. Qu’importe les raisons, de toute façon – tu n’es pas ici pour prendre le thé de façon amicale. Tu as des objectifs et tu refuses de les mettre de côté, sa puissance ne t’en empêchera pas.

« Conseiller Raito ! Tout le plaisir est pour moi. Est-ce si aberrant que cela qu’un membre du département Diplomation et Economie souhaite vous rencontrer ? »

Tu lui adresse un sourire de plus, explicite dans la totalité des sous-entendus qu’il implique. Es-tu téméraire au point de jouer avec le feu ? Tu as beau le maîtriser, tu ne sais que trop bien qu’il demeure aisé de se brûler. Décroisant tes jambes et t’avançant délicatement pour être plus à son niveau, tu rives tes yeux dans les siens et inspire profondément.

« Conseiller à l’âge de treize ans, il s’agit là d’un exploit qui a été particulièrement remarqué dans le village et j’apprécie réellement que vous trouviez le temps dans toutes les occupations que le Régent doit vous imposer pour venir à ma rencontre. »

Tu te limites sur l’abord du Régent de façon particulièrement précautionneuse, même si ceux qui te connaissent le mieux peuvent aisément dire toute l’attention mauvaise que tu lui portes. S’il y a nécessité de désherber ce village, c’est certainement à commencer par cet animal incompétent – tu conviens néanmoins que commencer une discussion politique là-dessus est probablement la pire idée au monde, et tu restes bien trop rusé pour te laisser aller à ce jeu. Ne quittant pas l’enfant du regard sans pour autant le détaillé, tu te contentes de continuer sans que tes pensées ne parasitent la discussion.

« C’est d’ailleurs ce qui m’a étonné. Je pense que malgré votre âge vous demeurez une personne intelligente. Pour un conseiller élu à un âge si jeune, vous êtes particulièrement isolés et n’avez que peu d’entourage, politique notamment – ou plutôt, un entourage qui sait très bien rester dans l’ombre je suppose. »

Soudainement, tu t’interromps et rompant le contact visuel, tu rigoles mystérieusement, comme si tu venais de faire une blague que toi seul avait comprise. Tu ne comptes pas te laisser faire. Tu ne comptes pas perdre de temps. La politique lente et composée de multiples séries de mensonges est un jeu d’hommes âgés, et tu préfères largement être direct quand tu sens que cela peut être possible.

« C’est une théorie bien idiote, vous ne trouvez pas ? Plus sérieusement, j’aurais aimé discuter avec vous de votre vision du village, des projets que vous aviez pour ce dernier maintenant que vous siégez au conseil. Après tout, le travail des hommes de mon espèce est de se renseigner sur ce genre de choses… Et je suis certain que nous pourrons arriver à des arrangements qui nous seront profitables à tous les deux. »

Sur ces derniers mots, tu retournes coller ton dos à celui du siège, attendant patiemment la réaction du jeune enfant. Tu n’as proféré aucune menace, aucune accusation futile – sinon que tu as énoncé tes pensées. Admettra-t-il dans sa jeunesse ceci comme un affront ou aura-t-il la sagesse de voir en toi un potentiel allié ? Car après tout… Tu vendrais ton âme au diable pour le pouvoir, alors pourquoi ne pas la vendre à un enfant ?

Malgré le fait qu’il savait que la situation était à son avantage, Raito préféra garder le silence jusqu’à ce que Dai eut fini de parler. Il comprit assez rapidement que les motivations de son interlocuteur n’étaient pas des plus louables, il devait comprendre ce qu’il savait et ce qu’il croyait savoir avant de réagir. Heureusement pour lui, le Bakusho avait l’air particulièrement bavard, expliquant en détail ce qui l’avait amené à vouloir le rencontrer. Cela tournait surtout autour du fait qu’il avait réussi à se faire élire au poste de conseiller à l’âge de treize ans, et ce, sans être particulièrement connu au village. Le jeune Dentô ne put que reconnaître sa perspicacité à ce sujet, même s’il trouvait ses propos un peu accusateur compte tenu du peu d’information dont il disposait.

A près tout, même s’il n’en avait pas la preuve, Raito était persuadé que les élections n’avaient pas été truquées. Même si son élection était la volonté de l’Institut et que celle-ci avait tout fait pour qu’elle se réalise, cela n’avait probablement pas été plus loin que des intimidations ou du chantage d’une poignée de personnes. Ce qui étonnait le plus Raito, ce n’était pas tant que quelqu’un ait des soupçons, mais surtout la manière de le lui dire. Était-il trop téméraire ou trop stupide ? Était-il au courant que cela avait plus de chance de lui coûter la vie que de lui apporter quelque chose ? Si Raito souriait aux paroles du Bakushô, il ne le considérait pas moins comme un perturbateur dangereux. Il n’était probablement pas le seul à avoir des doutes sur ces élections, mais il était le premier à le lui en faire part.

- Je suis ravi de voir que quelqu’un partage mon sentiment vis à vis de tout cela. Je m’étais présenté à ces élections parce que je pensais que montrer que je voulais m’impliquer dans le village était une bonne chose, mais lorsque j’ai vu les résultats des élections, j’ai sûrement été le plus surpris de tous ! Vous avez peut-être raison, il doit y avoir un complot derrière tout ça !

Raito se mit alors à rire gaiement, se demandant si son interlocuteur allait être dupe ou pas. Cela importait peu, un seul homme ne pouvait pas faire grand chose contre eux, mais il ne fallait quand même pas le conforter dans ses idées.

- Vous savez, je n’ai pas encore eu l’occasion de participer au premier conseil, tout ceci est encore nouveau pour moi et je n’ai pas vraiment d’idées pour le village. Cependant, je prends cela très au sérieux et je serais ravi d’écouter les vôtres si vous le souhaitez.

Que lui voulait-il réellement ? C’était la question que se répétait Raito, attendant de savoir s’il devait faire un rapport à l’Institut et ainsi probablement condamner cet homme.

Tu souris calmement devant la réponse de l’enfant, te demandant soigneusement qui de toi ou lui joue au plus dupe. Les hypothèses, tu les as travaillées, en long, en large et en travers. Tous les élus avaient une raison cohérente de l’être. Tous sauf lui. Un complot ? C’est une interprétation bien vulgaire de tes pensées, mais elle ne te sert qu’à confirmer tes doutes. De toute façon, tu es tellement orgueilleux que tu as du mal à te remettre en question, et tu es on ne peut plus conscient qu’un jour cela te perdra. Si seulement tu savais dans ce que tu t’engages à attaquer un enfant de la sorte… Tu t’abstiens de l’applaudir devant sa réponse, conscient que trop d’insolence risque de t’être délétère – tu ne cherches pas la guerre, tu ne cherches pas l’hostilité. Tu n’es là que dans l’intérêt du pays… Dans ton intérêt. Tu ne t’empêches, néanmoins, de penser qu’il y a quelque chose de charmant au spectacle d’innocence du jeune garçon – tout compte fait, tu as presque l’âge d’être son père n’est-ce pas ?

Toujours est-il que tu n’avances pas dans ton approche. Ses réponses sont évasives, enfantines : différentes de ce à quoi tu t’attendais devant l’un des prodiges fameux du village. As-tu pu te tromper à ce point ? Ton instinct t’hurle que non et tu choisis sciemment de le suivre. Tes idées… Par où commencer ? Tu te demandes ce qu’il peut bien avoir à en faire, mais d’un autre côté la question viens de toi et il t’est difficile de la fuir et recentrer le sujet sur ce qui t’intéresse singulièrement. Calmant ton petit sourire et reprenant une allure sérieuse, tu croises ses yeux avec la douceur des tiens, opposant l’adulte charmant à l’enfant mignon. Après tout…

« Mes idées ? Hahaha. Je vous en prie Conseiller. Je ne suis qu’un des membres de l’exécutif du village – on ne me demande pas d’avoir d’idées, seulement d’appliquer à la lettre celles des autres. »

Tu marques une petite pause consciente avant de rythmer la discussion à ton aise.

« Du moins, j’imagine que c’est ainsi que mon Cousin doit voir les choses. Comprenez bien qu’en tant que membre de sa famille, je me dois de le soutenir et d’être en accord avec ses principes. »

Comme si tu avais quelque chose à faire de cet animal immonde qui siège au plus haut des postes. Tu le hais. Tu le détestes. Tu crains qu’il ne soit le frein qui empêche toute ascension de ta part. Et quelque part… Tu te dis que ce sera certainement le cas. N’est-ce pas là la raison principale pour laquelle tu recherches divers amis de tous horizons pour te savoir soutenu dans ta lutte contre ce dernier ? Tu soupires calmement, espérant que l’enfant en face de toi ne s’est pas laissé berner par tes soigneuses allusions et qu’il a été capable de lire entre les lignes. Tu espères même que ce soit le cas, après tout.

« S’il m’était permis d’avoir un idéal… Je dirais que ce serait de redorer le blason de Kaminari et de Kumo à l’international. Depuis notre échec à Mizu… Notre réputation n’est point des meilleures, et je trouve que c’est là un réel potentiel caché. Vous dîtes vouloir vous impliquer pour le village en participant à son conseil, mais qu’en est-il du reste ? Du Pays de la Foudre ? Du Pays du Fer ? Pensez-vous que ce conseil puisse n’avoir aucun impact sur ces derniers ? Nous restons la force militaire de ce pays, malgré le dénigrement que nous subissons ailleurs. Il paraît inconcevable que les choses soient laissées faites au seul bon vouloir du Village. »

C’est une évidence, n’est-il pas ? Après tout, si vous étiez tous laissés au bon… Amour… De vos dirigeants… Ce pourrait être la fin de la Foudre. Qu’est ce qui empêche le conseil de réaliser une rébellion et prendre le pouvoir dans le pays ? Bien peu de choses selon toi, surtout que tu connais le côté belliqueux des tiens. Cela serait fort dommageable à tes projets et tes lubies, après tout, mais une fois de plus tu n’es qu’en train de lancer un bel appât au Dentô devant toi. A quel point mordra-t-il ce dernier ?

« N’avez-vous aucun retour de votre Clan ? Ce dernier doit être bien heureux de vous voir siéger j’imagine, et je ne doute aucunement que, si comme vous le dites complot il y a eu… C’est là-bas que doivent se trouver vos amis. »

Si Raito se demandait toujours pourquoi son interlocuteur avait commencé ainsi la conversation, prenant tous les risques sans garanti de résultat, il était ravi de voir qu’il allait enfin aller droit au but et discuter de ce qui l’intéressait réellement. Il commença tout d’abord par insinuer discrètement qu’il n’approuvait pas le comportement du régent, même s’il s’agissait d’un membre de son clan. Ce n’était pas vraiment étonnant, comme Raito avait pu s’en rendre compte, Aomine n’était pas des plus appréciés, surtout auprès de ceux qui préfèrent réfléchir avant d’agir.

Continuant de l’écouter, le jeune Dentô commençait à comprendre les réelles intentions de Dai. Il ne s’agissait que d’un individu de plus cherchant à devenir quelqu’un d’important, c’était plutôt évident. Il se demanda alors tout naturellement si le Bakushô était un obstacle ou un potentiel allié. Il évoqua alors le clan Dentô comme potentiel soutien du Conseiller.

- Il faudrait que j’ai une discussion avec un membre du clan Dentô à l’avenir pour savoir ce qu’ils pensent de moi et de ma position. Vous l’ignoriez probablement, mais je n’ai pas été élevé par ce clan, j’ai porte juste le nom pour honorer les capacités incroyables de mon héritage.

Raito n’allait pas rentrer dans les détails de son enfance, cela n’avait aucune importance dans la situation.

- Je comprends ce que vous voulez dire, malheureusement, j’ignore si le conseil aura un véritable impact sur la politique nationale et internationale de Kumo. L'histoire compte bien des simulacres de conseils ne servant qu'à justifier les décisions de ceux qui les présidaient. Ce dont je suis sûr en revanche, c’est que la question de Shimo et de Tetsu est véritablement important pour le village. Si le régent refuse de lancer la moindre initiative, nous n’aurions pas d’autre choix que d’attendre sans rien faire.

Un sourire, très léger, vint ponctuer ses paroles, sous-entendant à qui le comprendrait le sarcasme de ces mots. Raito avait comprit deux choses à propos de Dai, la première était qu’il ne portait pas Aomine ni ses décisions dans son coeur, et la deuxième, était que ses ambitions n’allaient pas en contradiction avec son allégeance pour Kumo. Restait à savoir s’il allait être allié, et surtout, s’il allait être utile.

- Je comprends parfaitement vos doutes actuels, moi-même, je me pose des questions sur l’avenir du Pays en ces temps troublés. Il est évident qu’avoir du soutien est très intéressant pour s’assurer que le village prospère, si certains en manquent, ce n’est pas le cas de tout le monde. Personnellement, je ne suis qu’un chuunin bien jeune, mais l’aide de personnes qui me seraient utiles est toujours la bienvenue. Je suis persuadé que l’entraide est la clé de la réussite.

Beaucoup de sous-entendus à nouveau, assez inutile pour la conversation, mais ils n’étaient pas seuls dans cet endroit et il ne voulait pas que des mots finissent par inadvertance sur un rapport fait au régent.

Tu souries doucement à entendre le petit enfant en face de toi répondre sur son clan, pensant que tu termines enfin par le piéger sur une boucle de discours afin de pouvoir charger de façon plus précise concernant tes réels soupçons. Alors que tu étais prêt à bondir de ta chaise pour faire valoir ton du, il enchaine sans la moindre hésitation sur des tergiversations politiques qui… Te donnent raison ? Intérieurement, tu soupires d’une certaine déception qui va à l’encontre de ton orgueil. Tu voulais arguer, manipuler, mentir et l’enrouler autour de ton doigt alors que ce dernier cède d’une façon presque déshonorable bien trop vite. Calmement, tu hoches ta tête pour ne pas vendre tes pensées lorsqu’il parle du conseil – tu cherches à te les rallier, c’est bien pour montrer qu’après tout, ce n’est qu’un jouet de plus qui ne sera pas exploité si tu n’y mets pas ta main. Agir avant l’aval d’Aomine ? Tu souris délicatement à ton interlocuteur, certain que vous allez désormais dans la même direction. Après tout, c’est tellement l’une de tes idées principales…

Quelque chose semble ne pas tourner rond dans la discussion. Trop de précipitation. Trop de… Ce quelque chose que tu ne peux pas comprendre. Que tu ne veux pas comprendre. Ce serait te couper l’herbe sous les pieds avant même qu’elle ne commence à pousser de façon convenable – tu n’es pas idiot à ce point. Croisant de ton regard sévère celui du petit enfant, tu refuses toute marche arrière. Ses sous-entendus vulgaires à peine cachés ne sont que le signe qu’il admet que tu as assez de valeur pour qu’on te les fasse. Qu’il voit en toi ce quelque chose qui lui fait croire qu’il pourra t’exploiter pour ses objectifs par le biais d’une alliance étrange – c’est bien à ça que tu t’attendais dès le début, n’est ce pas ? Un sourire de plus et tu t’avances le long de ton siège, comme t’approchant pour mieux saisir l’occasion. Ridicule. Tu es tout aussi ridicule que lui.

« J’ai quelque peu de mal à croire en l’inexpérience que vous avancez compte tenu de votre réputation et des discours que vous tenez, mais vous pouvez considéré que vos idées – tout comme votre tacite proposition – me conviennent parfaitement, Conseiller Raito. »

Calmement, tu te lèves sans quitter l’enfant de tes yeux, toujours prêt à réagir à la moindre menace de sa part qui pourtant n’arrive pas. Est-ce vraiment si simple que ça ? Ta façon de parler évolue en permanence, et dire qu’elle est arrivée jusque-là est dans les plus grandes de tes satisfactions. Aveugle à ce qui se joue derrière ton dos, une fois de plus tu laisses ton orgueil prendre le dessus, mais jusqu’à quel degré ? Tu te le demandes bien.

« Je pense que cette entrevue est terminée, à moins que vous n’ayez quoi que ce soit à rajouter ? »

Tu lui tends la main à travers ton gant, attendant patiemment qu’il ne te la serre. Tu n’as pas eu à répondre à la majorité de tes sous-entendus devant les tiens, et c’est un partiel bluff qui aura fini par payé. Satisfait. Oui tu es satisfait. Cette satisfaction insipide qui ne laisse qu’un arrière-goût amer devant ce qu’il risque de se produire derrière ses raisons, mais une satisfaction pour autant. Saluant poliment l’enfant sacré, tu t’éloignes de ton pas assuré. Tu sais bien que tu ne manqueras pas de trouver et donner quelque chose qui puisse faire valoir votre alliance de façon précise – car dans le fond des fonds, cette dernière reste ta requête…

HRP: