Un dernier discours ⌈Libre - Sunajins⌋

(#) Sujet: Un dernier discours ⌈Libre - Sunajins⌋ Ven 25 Mar 2016 - 19:22

Le bras droit du Kazekage faisait face aux villageois. Il se tenait sur une estrade, parchemin scellé en main. Ce rouleau lui avait été transmis plutôt dans la journée par son élève, Yamada Tetsui, qui était venu le trouver chez lui à l’aide de ses béquilles. Le sosie du Rokudaime s’écroula sur le palier, notre jeune héros dut le raccompagner à l’hôpital avant de se rendre sur la grande place centrale, Tetsui se fera reprendre par son maître plus tard, c'était sûr.

Kioshi avait prévu un discours pour l’ensemble du village, mais au dernier moment, il devait se rendre à la capitale pour une affaire urgente, voilà pourquoi Yamuro allait effectuer ce discours à sa place, mais le discours ne pouvait pas être fait par le Kazekage à son retour ? Le second du village se posait des questions, surtout en sachant qu’il possédait une deuxième lettres qui ne devait être lu qu’à la fin de ce discours et en voyant son élève se déplacer pour lui transmettre deux simples lettres, Kioshi ne pouvait pas passer chez son élève avant de partir ?

♦ Bonjour à toutes et à tous, si je vous ai réuni aujourd’hui, c’est pour vous faire part d’un discours préparé par notre Kazekage, mais qui malheureusement, à eux un contre temps à la capitale, je m’exprimerai donc en son nom.

Le Chasseur de Chimères déroula le parchemin en brisant le sceau. Il était prêt à la lecture, mais un silence se propagea sur toute la place centrale. Le Matsuno avait lu en tête la première phrase et il fut comme paralysé.

* Qu’est-ce que tu nous fais Kioshi !? *

Se demanda-t-il intérieurement. Il respira un bon coup et se lança, il allait découvrir cette lettre en même temps que les villageois, mais en aucun cas il se fera déstabiliser par les mots de son maître, il lira le rouleau du début jusqu’à la fin sans la moindre hésitation. Comme quoi, son entrainement avec Kakeshuou allait servir, en ce moment, Yamuro devait faire le vide et lire ce bout de papier sans transmettre la moindre émotion.

♦ Je vous salue mes camarades, mes amis, mes frères et sœurs peut-être pour la dernière fois comme il se doit.

Vous l’avez sans doute déjà remarqué, ou bien je vous l’apprends à présent, mais je ne me trouve plus au village. J’avais dit devoir me rendre à la capitale, mais ça n’était qu’une couverture. Inutile de la garder plus longtemps, elle tomberait bien assez vite et m’a déjà servi.

Veuillez m’écouter jusqu’au bout je vous prie. Comme vous le savez, je suis un homme de cœur. De raison certes, mais un humain avant tout. Ketsueki Yami a été kidnappée. Je ne pouvais décemment pas envoyer des troupes à sa recherche alors que le village a besoin de toute la main d’œuvre nécessaire pour se reconstruire. De mon côté, j’avais fourni toutes les directives qu’il fallait fournir, et j’étais même allé requérir les ressources nécessaires à notre résurrection auprès de la Seigneur du pays.

J’ai donc fait tout ce que je devais et pouvais faire pour aider le village à se reprendre en main, mais je ne pouvais laisser Yami dans cette situation sans lever le petit doigt. Après tout, vous savez très bien quel lien me lie à cette femme… Quitter le village dans ces circonstances me vaudra probablement la perte de mon titre et de mon rang, malgré que j’aie pu faire les choses comme il le fallait. Cela fait trois jours qu’elle a été kidnappée, et j’avais justement attendu le temps de mettre mes affaires un minimum en ordre ici. Vous vous relèverez, avec ou sans moi à présent, cela ne fait aucun doute.

Peut-être certains d’entre vous pensera que je ne suis véritablement pas digne d’être l’Ombre de Suna suite à ma décision. Et peut-être avez-vous également raison ? Mais pour moi, le rôle premier de l’Ombre est celui d’un père : le gardien qui vous protège. Or, comment pourrais-je en être un si je ne suis même pas capable de protéger la femme que j’aime ?

Je ne vous demande pas de me pardonner, uniquement de me comprendre. Je connais très bien nos lois et sais ce qu’il en est de ma décision et de ses conséquences. Sachez qu’avec ou sans le titre, c’est ce devoir que je continue en partant aujourd’hui porter secours à l’une des notre, à une Sunajin comme vous, comme moi.
Hélas, déchu pour déchu, autant tout vous avouer. Après tout, ma réputation se brisant suite à mon choix, il n’est plus nécessaire de continuer d’alimenter des mensonges qui vous empêchent d’avancer. Il s’agit des accusations portées à l’encontre de Saibogu Oniri. Elle n’est pas celle qui a tué Habashi Zanshi. Saibogu Shun est bien le meurtrier, mais pas le cerveau de l’opération, comme il était emprisonné à l’Ergastule juste avant que l’assassinat ne se produise…

J’ai tué Habashi Zanshi.

Et si vous prenez la peine d’y réfléchir quelques minutes, vous tomberez sur cette même conclusion. Après tout, qui d’autre que le chef du Kakumeigun de l’époque aurait pu faire s’évader un prisonnier sans que cela ne se remarque ? Pourquoi pensez-vous que cette enquête ait duré si longtemps ? Vous qui pensiez qu’il s’agissait de mon plus grand échec alors que j’étais en poste, il s’agissait en fait de ma réussite. Pourquoi pensez-vous que le procès à ce sujet ne s’est pas encore tenu malgré la tentative de Kawaguchi Tsukiko d’accélérer les choses ? A qui sa mort a le plus profiter, si ce n’est celui qui a repris son poste ? Son précieux conseil ? Voyez ce qu’il en est : plus rien, et il n’était complet à aucun moment. Vous faut-il encore d’autres preuves ?

Hélas, une nouvelle Ombre de Suna vous a encore fourvoyé. Saibogu Oniri avait tenté de remonter jusqu’à moi, mais elle pensait qu’il s’agissait de Kawaguchi Tsukiko, d’où son coup de bluff sur son kidnapping lors de son enquête afin d’en apprendre davantage. Ketsueki Yami n’a également rien à voir là-dedans. Je suis le seul responsable, mais vous ne me croirez probablement pas si je vous disais que c’était nécessaire. Encore une fois, j’avais agi avec le cœur en mettant fin à la vie d’Habashi Zanshi, mais j’en tairais les raisons publics afin de ne pas entacher sa mémoire.

A présent, seule la mort m’attendra probablement à Suna. Aussi, je vous fais mes adieux. Cependant, vous avez encore de la chance : il reste des hommes valeureux et loyaux parmi vous qui pourront redorer le blason des Sunajins. Je pense notamment au liseur de cette lettre en ce moment-même qui est bien trop imbu du devoir pour que j’aurais pu le convaincre de me suivre dans mon périple…
Je vous ai pris Habashi Zanshi, vous me prenez mon élève, on est quitte.

Signé : Yamada Kioshi.

Le bras droit du Kazekage plia la lettre, alors que le peuple huait, insultait, se faisait entendre. Il était parti, comme tous les autres. Le village n’avait pas besoin de ça maintenant, mais Kioshi avait ses raisons que certaines personnes ne pouvaient comprendre.

♦ SILENCE !

S’exclama Yamuro, du haut de son estrade improvisé, en utilisant son pouvoir spécial afin de décupler le volume de sa voix et risquer de briser les tympans du public.

♦ Nous avons un village à reconstruire, retournez à vos occupations, vous serez informé sur l’évolution de la situation, mais pour le moment, concentrez-vous sur les travaux !

Froid, dur, il montrait qu'il ne fallait pas s'abattre ou se distraire, pas en ces temps troubles. Le Chasseur de Chimères tourna le dos aux villageois qui se dispersait gentiment. Yamuro allait retourner à sa demeure et lire le deuxième parchemin que Tetsui lui avait confié, dieu sait quelle surprise lui réservait encore Kioshi…

« SILENCE ! Nous avons un village à reconstruire, retournez à vos occupations, vous serez informé sur l’évolution de la situation, mais pour le moment, concentrez-vous sur les travaux ! »

La population regarda le bras droit d’un air ahuri pendant quelques instants avant de commencer, doucement, prudemment, comme s’ils pouvaient marcher sur une bombe à chaque instant, en parlant à voix basse, de crainte d’être entendu après les propos du Second de Suna. Parce qu’une bombe, son discours en avait été une. Quelques minutes avaient suffi pour qu’on annonce au peuple de Suna qu’il n’avait plus de maitre, que son ancien maitre s’était barré pour retrouver sa copine, qu’il nous laisser dans la merde sans directives réelles et qu’il était l’assassin du précédent Kazekage.

Tu m’étonnes que ça ait du mal à passer…

Waow. Le regard des ninjas de Suna avait évolué en quelques instants. D’un air fatigué ou énervé, au vu de la situation et du travail actuel, la majorité était désormais résignée. De ce que j’ai compris, notre ancien Kazekage et la communication, ça n’a jamais été une grande histoire d’amour, mais là il met la barre sacrément haute. Je ne suis pas sûr qu’il fût possible de faire pire comme discours à l’heure actuelle. Le peuple est à bout, il a subit une attaque lourde et dévastatrice et les quelques âmes encore un minimum volontaire peine à motiver le reste pour restaurer le village. Et là, il se passe quoi ? Un discours écrit de la plume du maitre des lieux capable d’annihiler purement et simplement la foi de ceux qui restent ? Mais il pensait à quoi notre amoureux transit quand il écrivit ça ? Bref…

La colère passa en moi mais demeura vivace. Je n’étais pas réveillé depuis longtemps mais j’avais tout fait pour jouer la carte de Suna, motiver les troupes et éviter que des informations sapant le moral du village filtre ou soit avérée. Et j’avais travaillé dans ce sens pour rien. Merci à ce bon Ex-kazekage…

Frustré, blasé, énervé et outré mes pas d’abord lent puis de plus en plus rapide me firent remonter le courant des personnes quittant, moroses, la place des lamentations, afin de retrouver le fameux lecteur. Il me fallait plus d’informations. Il me fallait plus d’explications.

Avec cette optique de rattraper Yamuro-dono je finis par arriver derrière lui, je courrais presque et il se rendait visiblement vers les quartiers sécurisés du village. Furieux, je dépassais ma cible et me plaça devant lui. Mais ce que je vis me bloqua. Un regard triste et un visage crispé. Nous avions perdu un maitre, il avait perdu un mentor et un ami. Nous avions besoin de directives, il n’avait plus ce qui se rapprochait de sa famille… Je me sentis, une fois de plus, un peu con…

Et les seuls mots que je pu dire en le laissant partir furent

« Yamuro-dono, nous sommes… enfin je suis avec vous. J’ai foi en vous. Si vous avez besoin… »

C'était ridicule, c'était enfantin, mais c'était le seul truc que j'avais en tête... Je baissais la tête, un poil perdu. J’avais besoin de réfléchir, à tête reposée…

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