L'ambiance d'Odaichi est singulièrement différente de celle qui caractérise Suna. Rien d'étonnant à cela puisque la nature même de ces deux lieux semble les opposer. Mon regard vagabonde sur les civils qui composent cette énorme masse vivante. Certaine des discussions que je capte à la volée tournent autours d'Ichibi ou des rumeurs qui nimbent Suna son attaque. On ressent l'inquiétude mais la peur reste contenue. Comme si les événements qui frappent une partie du désert n'avaient aucune influence sur le reste du pays. Est-ce la cas?

Le prénom de Tsukiko ou le titre de Daimyo sont également sur beaucoup de lèvres. Certains désapprouvent, d'autres semble décidés à respecter la décision de Dastan. Il faudra que ma cousine fasse ses preuves. C'est indéniable. Le bénéfice du doute ne dure qu'un temps. Il faut du concret. Rapidement. Et alors le peuple se contentera d'endosser le rôle qui lui convient le mieux: celui de brebis qui ne demande qu'à être guidée par un berger compétent. Ou qu'il considère comme tel...

Ma main se pose sur mon ventre sans que je me rende vraiment compte et je me demande à quoi le Bijuu est en train de penser. À vrai dire j'en ai une vague idée: il rêve de revanche et de destruction. Nos buts sont communs et la manière pour y parvenir est plutôt semblable. Le seul soucis? Ichibi considère que les Kawaguchi devraient lui être soumis. Comme tous les autres êtres vivants qui foulent le sol du Yuukan. Ce qui est aussi déplacé qu’inacceptable, évidemment.

*Tu devras t'y faire... L'avenir appartient aux Manieurs de Sable!* j'effleure mon ventre brûlant. *Tu n'es rien de plus qu'une relique du passé. Ton nom sera oublié tandis que le mien perdurera à travers les siècles...*

Je ne sais pas vraiment ce que je cherche en provoquant ainsi le démon. J'ai l'impression qu'Il me connait bien mieux que je me connais moi-même. L'impression d'être un livre ouvert n'est pas seulement détestable. Elle est de nature à faire peur. D'autant plus que ses pensées me sont interdites. Je peux combattre ce que je vois. Mais comment lutter contre un ennemi qui se terre au fond de vous? Comment lutter contre l'invisible?

Le sceau devient incandescent et je prends appui contre un mur pour éviter de tomber au sol. Je ne prends même pas la peine de vérifier mon ventre. Je sais que la douleur est psychologique et non physique. Setsuna s'en est rendue compte bien assez tôt lors de ses examens. J'ai l'impression que mon corps va s'enflammer mais c'est une pure invention de mon esprit. Implantée par Shukaku. Il n'y a rien à faire sinon attendre que sa passe. D'après mon amie il faut que je me focalise sur autre chose pour atténuer la douleur. Les distractions, fort heureusement, ne manque pas à Odaichi.

Je fais connaissance plus intimement avec le mur lorsqu'une masse me percute avec violence. Mes yeux se posent sur un type qui se fraient un passage sans grande délicatesse parmi la foule puis sur les trois gardes qui lui courent après. Incapables... Le sable que les toits environnants ont accumulé au cours des derniers jours vient docilement former une boule dans ma main. Boule qui s'envole ensuite en direction du fuyard, le dépasse et s'écrase en plein milieu de son visage. Il s'arrête peu après et est maîtrisé par ses poursuivants.

"Quel est son crime?"

On m'indique qu'il s'agit d'un voleur à la sauvette et les quelques ryos éparpillés autours de l'homme allongé semblent en effet confirmer ce postulat. Je m'agenouille face à lui et lui relève la tête par les cheveux. Je l'observe avec un vague intérêt avant de le relâcher. Le manque de discipline... voilà exactement ce qui a causé la perte de Suna. Il est hors de question que ce genre de choses se reproduit dans une ville dominée par les Kawaguchi. Chaque crime mérite une punition. C'est l'essence même de l'ordre.

"Un voleur recommence à voler si on lui en laisse l'occasion..." je hausse la voix pour que les personnes présentes puissent m'entendre. "Il en est de même pour un tueur, un violeur ou même un menteur. Ces gens-là sont régis par leurs instincts. Tout comme les animaux le sont!"

Mon regard se pose sur les gardes. Ce voleur aura droit à un jugement équitable avant de passer les prochaines semaines ou années dans une cellule. Il ne sera rien de plus qu'un coût pour la communauté. Et lorsqu'il sortira il recommencera. Parce que la perspective de se faire de l'argent facile est séduisante. Ou peut-être parce que personne voudra l'embaucher à cause de son passé. Dans tous les cas il retombera dans la délinquance. Comment empêcher un serpent de se mordre la queue sinon en la lui coupant?

"Chaque crime commis sur ces terres est une insulte envers notre nation et notre Daimyo. Il fut un temps où ce pays était craint et respecté et où ses citoyens l'aimaient d'un amour sincère et absolu. Aujourd'hui..." je présume qu'il est inutile de terminer ma phrase? "Ce sont des gens comme cet homme qui bafouent notre histoire et crachent sur notre tradition. Ce sont des gens comme cet homme qui affaiblissent Kaze et menacent notre avenir. Oui... Il y a encore quelques années le peuple du désert était dur, fier et courageux. Pouvez-vous toujours en dire autant? Vous qui n'avez même pas esquissé le moindre geste pour arrêter ce fuyard et qui êtes maintenant agglutinés ici comme des mouches sur un paquet de merde?"

Je reporte mon attention sur le prisonnier et lâche un reniflement de dénis. Le temps de faire quelques signes et du sable recouvre ses bras et ses jambes. Le silicium se meut avec grâce sur les courbes de la chair puis se sépare pour former quatre serpents qui ne tardent pas à exercer une tension sur les membres visés. Il y a un craquement. Puis un second et un troisième. Les cris de douleur se mêlent au concerto des os brisés. Certaines personnes détournent le regard ou quittent l'endroit. D'autres expriment de l'approbation ou une neutralité feinte. Le sable termine son oeuvre et laisse une masse sanguinolente derrière lui. La mort ne tardera pas. Mais d'ici là...

"Le feu qui animait notre peuple a disparu. Il n'en reste que des braises qu'il ne tient qu'à vous de raviver..." je me tourne vers les gardes. "Exposez cet homme sur la place centrale d'Odaichi avec un écriteau qui stipulera ceci: "J'ai volé mes Frères et Sœurs de Kaze". Que personne ne le soigne ou ne lui donne à boire. Laissez-le là jusqu'à la prochaine lune et livrez ensuite sa dépouille au désert!"

L'un d'entre eux semble vouloir intervenir mais ses collègues le tempèrent. Oui, il y a encore certains gardes qui ne me connaissent pas malgré mon séjour au Palais. On va y remédier... Je reste sur place jusqu'à ce que la dépouille soit emportée puis Shukaku impose à nouveau sa présence via une nouvelle vague de souffrance. Et pour ne rien arranger je ne suis pas en avance...

Je forme un nuage de sable et prends de l'altitude pour rejoindre l'une des portes de la capitale et le convoi que j'ai promis à Tsukiko d'escorter. En soi c'est une mission des plus basiques. Mais passer quelques jours dans le désert me fera le plus grand bien. Même si je dois me coltiner une bande d'incapables. Je tourne autours de la caravane quelques instants pour m'en faire une idée approximative puis me stabilise en tête de colonne.

"J'imagine qu'il y en a certains d'entres vous qui ne me connaissent pas encore alors on va faire simple: je suis Kawaguchi Kira! Et accessoirement le chef de cette mission à moins que quelqu'un veuille prétendre le contraire et bouffer du sable!" je plisse les yeux. "Non? Personne?"

Quand j'exige quelque chose de quelqu'un je lui laisse toujours une occasion de refuser. Certains y verraient là une forme de courtoisie voir un certain esprit d'ouverture mais il n'en est rien. Je suis simplement un fervent adepte de la sélection naturelle et je lui donne un petit coup de main de temps à autre. Reste à voir si l'un des membres de ce convoi est d'humeur à jouer...

Mon regard se pose sur le jeune homme qui a osé contesté la place que je me suis - il est vrai - moi-même attribuée. Mes yeux glissent sur l'individu tandis qu'il continue sur sa lancée et me reproche mon acte citoyen de tout à l'heure. Lorsque je découvre le bandeau de Suna sur son bras je ne suis pas vraiment étonné. Je suis même plutôt satisfait. J'imagine déjà Tsukiko fulminer et me menacer. Elle ne va pas apprécier, ça c'est sûr. Mais pour sa défense il faut dire que mes actes lui portent souvent préjudice. J'en suis conscient, oui. Mais je ne vais certainement pas me laisser marcher dessus par un inférieur! Elle comprendra...

"Tu ne t'attends tout de même pas à ce que je me justifie devant toi?" l'idée me fait sourire tant elle est incongrue. "Ce... pauvre voleur? Quelle étrange association de mots..."

Pourquoi plaindre un criminel? La sympathie n'est-elle pas dévolue aux victimes? Ce gamin se permet de me faire la morale mais en plus il prend le parti d'une personne agissant dans l'illégalité. Que demande-t-il exactement? De la... compassion? C'est précisément la compassion et ce genre d’imbécillités qui ont mené Suna à la destruction. Toujours est-il que l'inquiétude de ce type pour l'homme que je viens de châtier est déplacée.

"Si j'étais toi je ne me ferais pas trop de soucis pour lui. Je m'inquiéterais plutôt pour moi..."

Cet inférieur a eu la délicatesse de se rapprocher de moi. Je n'en demandais pas tant. C'est tout juste s'il ne tend pas le bâton qui servira à le battre. Je bondis en une fraction de seconde vers mon adversaire qui a eu la bonté de se désigner comme tel et lui décoche un coup de poing. Mes phalanges se recouvre d'une couche de pierre beige juste avant l'impact. Puis je recule pour retrouver ma position initiale et croiser mes mains dans mon dos. Je l'observe en restant attentif à ses mouvements.

Il convient de ne pas y aller trop fort dès le début. L'éducation est un art subtil qui nécessite une bonne dose de pragmatisme. Ho bien sûr il y a d'autres moyens pour inculquer le respect à une personne. En le gagnant, par exemple. Mais cette méthode est bien trop lente. Et nécessite en outre de nombreuses concessions. Je n'accorderai rien à une personne qui me défie ouvertement. Si ce n'est une punition à la hauteur de son insolence. Le convoi ne se mettra pas en branle tant que ce type n'aura pas littéralement bouffé du sable...

Clik:

Cette « bagarre » - car tel était le mot le plus juste pour une affaire aussi enfantine – ne passa pas inaperçue dans la Capitale. Plusieurs Garde Tempête avaient averti le responsable de cette zone-ci. Ce dernier s’était déplacé et, surprise ou non, maîtrisait parfaitement les arts Shinobi. En un rien de temps, lui et un ou deux autres soldats Elites de son petit bataillon se retrouvèrent derrière les deux trouble-fêtes, les menottèrent avec des menottes anti-chakra – les déménagements massifs des Saibogu dans les parages avaient été un vrai plus dans certains dispositifs.

- Kawaguchi Kira, vous êtes en état d’arrestation pour trouble à l’ordre public et pour abus de pouvoir. Fujiwara Takeshi, vous êtes en état d’arrestation pour trouble à l’ordre public et pour dégradation de bien public, récita le capitaine. Une soirée dans nos cellules vous aidera à réfléchir, peut-être bien.

Sans plus un mot, les deux hommes furent conduits dans deux cellules à part, mais voisines.

- Il semblerait que la Daimyo vous a donné une mission. On va vous laisser ici la nuit, le temps que nous statuons sur la suite.

Spoiler:

Si cela faisait un moment qu'il avait été accueilli à Kaze no Kuni, Akihito n'avait jamais su rendre servcice à son tour. Il avait donc d'accepter une mission du Daimyo de Kaze qui consistait à organiser et protéger des convois de ressources importantes pour le village de Suna. Pour lui qui avait toujours admiré les shinobis, réaliser une véritable mission, malgré son manque de compétence était une chance, même s'il réalisait le danger qu'il encourait. Ce fut d'ailleurs pour cela qu'il avait demandé à Akio de participer également, puisqu'il n'était capable de rien dans le monde des shinobis sans l'un d'eux.

Akihito avait passé toute sa vie à apprendre comment diriger les affaires de sa famille et devenir le successeur de son père en bon héritier, mais tout cela lui était peu utile lorsqu'il s'agit de survivre en milieu hostile ou à traverser le désert de Kaze sans problème. Il savait que son garde allait à nouveau être capable de tout faire à sa place, mais il emporta quand même un sac contenant des provisions et de l'eau, beaucoup d'eau. L'idée de repartir dans le désert ne lui plaisait guère, mais pas beaucoup moins que celle de rester enfermé à Suna sans rien faire.

Le jeune Ishikawa se leva avant l'aurore pour partir avant qu'il ne fasse trop chaud. Il avait donné rendez-vous à son acolyte à l'entrée du village. Malgré la journée qui l'attendait, il était particulièrement excité à l'idée de partir enfin, même si c'était seulement temporaire. Il arriva donc en avance et se mit à atttendre.

Lorsqu'il vit Akio arriver, il lui fit signe, même s'il savait bien que ce dernier l'avait repéré bien avant lui.

- Bien le bonjour Akio, tu es prêt à partir ?

Évidement qu'il l'était, le duo se mit alors en route en direction du Sud. Ils devaient se rendre à Odaichi, une ville portuaire. Akio n'y était jamais allé, comme la plupart des villes et villages du pays d'ailleurs et s'il n'avait pas l'âme d'un explorateur, il était content de visiter un peu ce Pays.

Spoiler:

@Fujiwara Takeshi est libérée, et continue cette mission aux côtés de @Ishikawa Akihito et @Mamoru Akio.

@Kawaguchi Kira sera présumé rester en prison. Il est donc exclu.

N'hésitez pas à me contacter (@Kawaguchi Tsukiko) pour toute question (privilégiez le mp s'il vous plaît, je suis peu présente sur skype pour des raisons IRL ).