Une mission m'avait été confié par le Kakumeigun, je devais seulement transmettre une missive à Odaichi. On pouvait classifier un document confidentiel sous plusieurs niveaux, le document que je transportais était loin d'être une priorité mais de sa provenance, ils avaient envoyé un membre du Kakumeigun pour la transporter. Ce n'était que des suppositions, je ne savais ce qu'elle contenait réellement, je n'en avais même pas la moindre idée. Si j'étais de naturel curieux, tout ce qui devait rester secret le restait réellement avec moi. Après certains conseils, je dus me vêtir d'une cape pour la traversée du désert. Les premières heures, le soleil allait être comme à son habitude accablant mais peu de temps après une tempête de sable était prévue. Ceci étant dit, les indicateurs Saibogu n'étaient pas toujours très fiables mais on préférait prévenir que guérir.

Cette capuche était de couleur sable et me permettait de plus ou moins me camoufler lors de ma marche, à travers les centaines de dunes il était difficile de discerner à l’œil nue une présence. Des capacités sensorielles étaient nécessaire dans ce cas là, chose dont je ne possédais pas. Même si je m'entraînais à mieux ressentir et anticiper ce qui se trouvait autour de moi, la sensorialité restait un art abstrait. J'étais bien plus attiré par le Fuînjutsu, une discipline qui pouvait nous être utile dans plusieurs cas. On pouvait tout autant sceller des objets, de la matière mais aussi dissiper des illusions. En combat c'était bien cette chose qui pouvait me faire défault : le Genjutsu. Je détestais cette discipline depuis le jour où j'eus l'honneur de combattre le Rokudaime Kazekage. Je m'y étais déjà confronté dans le passé mais ce n'était rien de comparable avec ses capacités-..

Enfin, après plusieurs heures de marche dans le désert, je sentis que le paysage n'allait pas tarder à montrer ses mauvais côtés. Par chance, j'étais à bien une demi-heure d'un petit village d'après mes souvenirs. J'avais effectué une mission et une enquête m'y avait mené dans le passé. Le climat ne m'attendit pas pour se déchaîner et les rafales de vent et de sable commençaient à torturer ma peau et mes mouvements. Tandis que je pénétrai dans le village, je pus voir que les rues étaient désertes et les volets fermés. Une pancarte m'indiquant une auberge me fit changer de direction, je poussai alors une première porte pour rentrer à l'intérieur de l'établissement. De ma main droite, j'ôtai la capuche de ma cape en soupirant. Une dame était devant un petit comptoir à l'entrée, elle me fit un sourire avant de me proposer leurs services.

«  Je vais sûrement vous prendre une chambre, réservez-la moi et je viens chercher plus tard la clef si ça ne vous dérange pas. »

Elle acquiesça avant de récupérer mon identité, je répondis seulement Ogami, c'était largement suffisant. Les tempêtes amenaient beaucoup de voyageurs à passer la nuit dans les auberges, je réservais seulement par précaution. La dame m'invita alors à profiter du bar et du restaurant, au final ce n'était que quelques tables et chaises en bois, un comptoir lui aussi en bois était présent. Je pus aussi entendre le vacarme, c'était très festif. J'esquissai un sourire en voyant les poivrots affalés sur les tables avant de me diriger vers le comptoir du bar qui me semblait plus calme. Je déposai mon sac à mes pieds avant de m'installer aux cotés d'un homme déjà assis sur un tabouret. La lettre étant scellée dans mon corps, je ne craignais pas de positionner mon sac à mes pieds. Un homme assez costaud approchant de la cinquantaine vint devant moi, il nettoyait un verre avec un chiffon pas très propre.

«  Qu'est-ce que j'te sers p'tit jeune ? »

Je le fixai pendant quelques secondes d'un air sérieux, ne sachant pas vraiment ce que je voulais finalement.

«  Hé, tu réponds ? »

Je n'étais pas habitué à boire de l'alcool après tout et je n'en voulais pas en mission, je ne le supportais de toute façon pas. Je regardai brièvement les bouteilles derrière lui avant de sourire, rien ne me plaisait réellement.

«  Du jus de cactus je vous prie. »

Il ne s'attendait sûrement pas à ça vu sa tête, il était habitué à ce qu'on prenne de l'alcool dans son bar. Vu la clientèle ça me semblait finalement plus des habitués que des voyageurs. Si je n'étais pas un expert dans le social, je me tentai tout de même à engager une conversation avec l'homme se trouvant à ma gauche.

«  Quelle tempête, elle risque de durer quelques heures celle-là. »

J'entendis du vacarme derrière moi mais rien d'inhabituel. Cela dit je sentis tout à coup un danger et je levai alors ma main gauche pour intercepter une bouteille jetée dans notre direction. J'étais de dos mais j'avais ressenti le danger. Je soupirai en voyant que celle-ci aurait pu blesser le barman, sa trajectoire était située entre l'homme à ma gauche et moi. Je déposai le projectile avant de voir l'homme costaud retrousser ses manches. Ça s'annonçait plutôt mal pour ceux de derrière.

Une fois la bouteille rattrapée, je pus voir le barman se diriger vers l'arrière de l'auberge, c'était mal parti pour les ivrognes. Sans même m'y attendre, j'entendis alors un homme indiquant clairement à l'assemblée que je me trouvai être un Shinobi. Dans un premier temps, je restais dos tourné à eux, peut-être allait-il se calmer ? Je sentis alors sa présence dérangeante derrière moi, je décidai de me retourner pour finalement voir un autre de ces poivrots, il me rappelait étrange un de mes anciens camarades. Shinji était lui aussi attiré par l'alcool et ça le changeait du tout au tout, ça devait être pareil pour eux tous. J'avais été ivre une fois dans le passé et ça m'avait amplement suffit, je ne voulais renouveler l'expérience. On pensait à des choses bien étranges et le lendemain on se retrouvait avec un mal de ventre affreux, sans parler de la tête. Je soupirai avant de me retourner pour le regarder sauter en criant « NINJA NINJA NINJA »-..

Je le fixai, il faisait son singe et finalement c'était plus que risible. J'esquissai même un sourire en le voyant se mouvoir de la sorte, il s'exprima cependant à voix basse, il avait senti mon chakra. On pouvait ressentir du chakra à petite dose sans de bonnes capacités sensorielles, avec de l'expérience. J'avais par exemple ressenti la puissance écrasante de l'homme masqué, c'était un fait. L'homme face à moi était sûrement lui aussi doté de capacités sensorielles. Il ne savait peut-être même pas comment les utiliser vu son état plus que pitoyable.

J'entendis alors Jashin-sama, je passai d'un sourire à une expression interrogative. J'avais bel et bien entendu Jashin, ce qui me ramenait à cette croyance bien spéciale. Dans le Yuukan, ils étaient beaucoup à pratiquer cette religion glauque, je ne les jugeais pas cependant. Chacun avait le droit d'avoir foi en des divinités et même si cette foi était dirigée vers quelque chose d'absurde et d'immoral. Le barman profita asséner un petit coup à l'ivrogne, spontanément je lâchai un petit rire en le voyant se faire martyriser de la sorte. Il me faisait réellement penser à Shinji, un ivrogne plus qu'amusent. Je me levai de mon tabouret avant de faire quelques pas vers lui. Si le coup porté était intéressant, il l'était beaucoup moins que l'autre information, il était lui aussi un Shinobi. Je ne l'avais jamais vu à Suna, peut-être était-il d'ailleurs mais cela m'étonnait vu son apparat et sa couleur de peau.

«  Un Shinobi aussi ? Alors en tant que confrère tu vas peut-être me dire ce que je dois boire ici pour ne pas recevoir les foudres des habitués ? »

J'étais en effet en mission, je pensais même qu'il n'était pas conseillé de boire en mission mais un verre n'allait sûrement pas me faire de mal. De plus s'il était réellement un Shinobi, j'allai pouvoir savoir d'où il pouvait bien venir. J'étais plutôt curieux depuis mon entrée au Kakumeigun, je m'intéressais au moindre détail, à la moindre chose qui pouvait m'instruire. Je n'allai sûrement pas m'instruire avec un homme imbibé d'alcool mais c'était tout de même une bonne chose de savoir d'où il pouvait bien venir.

«  Je me nomme Ogami, Toshiro Ogami. » Je n'utilisais pas de couverture, je faisais attention mais au final cet homme m'avait présenté à l'assemblée. « Et toi comment tu t’appelles ? »

La prochaine étape consistait seulement à offrir à boire à cet homme, c'était la meilleure façon d'atteindre les ivrognes dans son genre. Dans tous les cas je n'avais rien à perdre si ce n'était quelques ryos, la tempête faisait rage et je ne pouvais rien faire de plus que rester entre ces murs. Une chambre m'était réservée et les autres établissements étaient sûrement à cette heure-ci bondés. Je levai ma main droite pour faire comme les autres, en principe c'était de cette façon qu'on interpellait un barman pour lui demander quelque chose. Je fis un sourire avant de prendre la parole en regardant brièvement l'étal derrière lui.

«  J'offre à l'adorateur de Jashin la prochaine, c'est pour moi. »

Je pris place à nouveau sur le tabouret, je n'étais pas habitué à l'alcool comme dit et je m'attendais à quelques retombées sur mon organisme. La dernière fois, j'avais décapité la statue du Kazekage actuel en une attaque et ce, devant ses yeux. C'était bien sûr à la demande de mon maître mais c'était exprimer à quel point cette boisson pouvait changer un homme.

Finalement il semblerait que le jeune homme ait une langue, c'est bien, cela peut être utile. Sans langue je ne pourrais pas prier Jashin-sama comme je le souhaite. Même si une prière peut être pensée, j'ai tendance à croire qu'elle n'atteint pas le ciel si mes mots ne sont pas prononcés. Étrange n'est-ce pas ? Il me demanda quelle boisson lui permettrait de de ne pas attiser la colère des habitants de ce village, je me mettais à rire d'un rire franc. Il était bizarre ce jeune homme à vouloir à tout prix s'intégrer. Je répliquais donc ces quelques mots.


• « C'est intéressant cette manière que vous avez de vouloir vous intégrer à des gens que vous ne recroiserez plus ! Ouep, j'suis un shinobi aussi. Vous avez l'air d'un gaillard assez fort, votre chakra est impressionnant, il égale presque le mien... Hips ! J'imagine que vous venez de Suna, quel poste occupez vous là bas ? »


Je ne savais rien de plus que les grandes lignes sur Suna, la mort de Zanshi, le nouveau Kazekage est Kioshi et son bras droit est Kibo. Mais Toshiro Ogami ? Jamais entendu parlé de lui, même lorsque j'étais au Kakumeigun il y a de cela quelques années maintenant. Une ? Deux ? Je ne m'en rappelle plus. Ha mais oui, j'oubliais la réponse à sa question.


• « Vous voulez mon conseil, dîtes à Niji ce que vous voulez vraiment et demandez lui de dire qu'il s'agit d'un alcool fort, un que vous connaissez peu importe lequel et le tour est joué. Comme ça vous pouvez vous intégré parmi ces gens. Après si c'était une vraie question, demandez du Sake c'est classique et ça passe partout.  »


Ha j'oubliais encore quelque chose, décidément ma mémoire me jouait des tours, ou bien était-ce l'alcool, je ne sais plus.


• « Ha et on me nomme Ketsueki Isnajh, j'étais membre du Kakumeigun de Suna jusqu'à que l'on me retrouve mort. Mais ça reste sympathique de payer votre tournée ! »


Juste après ces mots je le fixais, plantant mes yeux rouge dans les siens avec un sourire sur le visage. J'avais un peu enrichi l'histoire puisque normalement sur place ils n'ont trouvé que beaucoup de sang et un bandeau. Deux ingrédients que j'avais moi-même laissé pour pouvoir m'échapper sereinement. Aare-sama aurait très bien pu laisser un cadavre à mon effigie sur place. Mais il était persuadé que le sang et le bandeau suffirait, rajouter un corps signifierait donner plus de chance de découvrir la supercherie.

Mais pourquoi je me dévoilais aujourd'hui alors ? Pourtant j'ai tout à gagner à rester cacher afin de passer sous les radars de Suna ? Et bien tout simplement car au final même si j'étais capturé pour x ou y raisons. Je n'ai pas trahi le village, je n'ai attenté aucune action contre lui et enfin, même si l'on voulait me faire dire quelque chose, j'avais un sceau sur la langue m'empêchant de dévoiler quoi que ce soit. En somme je serais d'une inutilité flagrante dans des geôles. Il était temps de s'amuser un peu plus en posant la question suivante.


• « Du coup selon vous, suis-je un mort-vivant donc en somme plus un humain. Quelqu'un qui a trouvé le moyen de ressusciter ? Ou bien ai-je simplement trompé les personnes venues à ma recherche. C'est une question qui se pose, non ? La seconde que vous devez vous poser, c'est que suis-je revenu faire à Kaze no kuni ? Ou bien peut-être que je me trompe et vous vous demandez seulement si vous devez me payer encore mon prochain verre ? »


Les jeux de ce style était réellement quelque chose que je savais apprécier. La question était, est-ce que le Sunajin savait les apprécier de la même manière que moi ?

Mon interlocuteur parlait d'intégration, chose que j'avais essayé de faire pendant de longues années et j'y étais parvenu selon moi,  à ma façon. Dans une communauté, il était nécessaire de réussir à vivre ensemble et pour ça il fallait de temps à autre s'adapter et composer avec les siens. Si j'étais plutôt de nature solitaire, je m'étais forcé à apprécier la compagnie de partenaire afin de former une équipe ; Le Midorhato m'avait grandement aidé et je ne le regrettais pas le moins du monde. Autre personne qui m'était proche pour ne pas dire la plus proche, Yami, je la considérais bien au-dessus de tout cela. C'était quelque chose que j'avais du mal à expliquer, tout simplement. L'homme ayant sûrement plus d'alcool dans son corps que de sang avait fait cette remarque pour ensuite me complimenter sur ma puissance. D'après lui, j'égalais presque son niveau. Ses paroles me firent hausser les sourcils, cela confirmait mes pensées, il était donc doté de capacités sensorielles. Ce n'était pas que des paroles en l'air, il devait le penser réellement. Il m'avait jaugé et je le pouvais aussi, en faisant abstraction de son taux d'alcoolémie je ressentais quelque chose face à lui.

Il me demanda ensuite quel rôle je pouvais bien occuper au sein de Suna, je n'eus pas la moindre hésitation.

«   Je suis actuellement Chûnin et je fais parti d'une modeste équipe, rien de très intéressant. »

J'omettais mon rôle en tant que membre du Kakumeigun et minimisait ce que pouvait représenter réellement l'équipe Midorhato. Il n'avait pas besoin, pour l'heure, de connaître avec précision mon poste. Si je le pensais complètement irrationnel du à l'alcool, je l'avais mal jaugé car la conversation n'était pas si déplaisante et il alignait les mots plutôt aisément. Il m'aida quant au choix de l'alcool et selon ses conseils, je fis signe à Niji de m'apporter un peu de Sake. J'en avais déjà goûté et même dégusté il y avait de ça quelques mois, c'était aux côtés de Genzai Hisoka, un genin avec de très bonnes capacités.

Il se présenta alors, mon interlocuteur se disait être un Ketsueki. Je fronçai les sourcils, il faisait donc parti du même clan que Yami, elle devait sûrement le connaître. Comme si ce n'était rien, il plaça dans ses paroles qu'il avait été retrouvé mort et qu'il faisait parti du Kakumeigun. Comment était-ce possible ? Je ne voyais que deux hypothèses, il me mentait ou n'était rien d'autre qu'un déserteur de Suna. Je respirai de plus en plus doucement et finalement, je ne touchai pas encore à mon verre pour me concentrer sur l'homme à mes côtés. Selon la vérité, il était fort possible que je sois contraint à utiliser la force et si je suivais ses dires, il se trouvait être un adversaire de qualité. Sous ses airs de poivrot, il était sûrement redoutable.  Finalement ce n'était pas deux mais des dizaines d'hypothèses auxquelles je réfléchissais tout en ne le lâchant pas du regard. Un regard bien plus sérieux et interrogateur, cette conversation n'était pas assurée de bien se terminer.

Il reprit alors la parole, voyant que la pente était glissante il m'exposait plusieurs possibilités que j'écoutai avec attention. Je ne croyais pas aux coïncidences et si le destin l'avait mis face à moi aujourd'hui, c'était pour une bonne raison. Les dieux ne laissaient rien au hasard. Un mort-vivant ? Un moyen de ressusciter ? Ces deux choses pouvaient se rejoindre d'une certaine façon, je n'écartai aucune piste car finalement le monde regorgeait de mystères et de puissances dont on avait même pas connaissance. Il était en effet probable qu'il avait mis en scène son « décès », un Ketsueki n'avait sûrement pas de mal à faire cela.

«  Pour la première question, je ne sais que vous dire-.. Un homme sensé vous dira que vous avez mis en scène votre mort, un homme moins sensé comme moi vous dira que tout est possible.  »

Je levai la main droite pour indiquer à Niji que je souhaitais à nouveau à boire pour le Ketsueki, il ne s'attendait peut-être pas à cela.

«  Pour ce qui est de la suite, je ne sais pas ce que vous faites à Kaze no Kuni mais quoi qu'il en soit, vous êtes une force armée de Suna. Vous avez dit être plus fort que moi, un homme sensé aurait peur de vous mais comme dit.. Je ne suis pas un homme sensé.  »

Je marquai une pause de quelques secondes et je l'observai minutieusement, certains pourraient prendre ça pour des menaces alors je m'attendais à tout de la part d'un ennemi.

«  Comme vous êtes vivant aujourd'hui, vous êtes un déserteur. Cela dit avant de faire quoi que ce soit, j'aimerai entendre ce que vous avez à dire. Vous avez parlé d'être ressuscité ? »

L'immortalité, la ressurection, j'en avais déjà entendu parler dans le passé et comme je le répétais souvent, je ne croyais pas au hasard.

Je n'avais pas été entièrement honnête avec lui, c'était un fait. Il m'avait cela dit cerné assez rapidement, il avait quantifié ma puissance et avait lu à travers moi. En effet, je m'entraînais régulièrement et sans relâche afin de devenir plus fort, mon corps s'était sculpté comme il se devait d'être. Du gâchis disait-il ? Que cela soit vrai ou faux, j'avais de toute façon prévu d'acquérir de la puissance et de montrer à Suna celle-ci, ensuite je pourrai imposer ma vision des choses. Je ne convoitais pas pour autant le rôle phare de la hiérarchie, je pouvais me contenter d'être conseiller. Absurde certains penseraient vu mon âge seulement j'avais fait en sorte de montrer ma valeur, j'avais combattu des dizaines de fois contre de valeureux adversaires au nom de Suna. Je ne considérais pourtant pas ma vie plus importante qu'une autre, si je devais mourir au nom de Suna, les dieux choisiront de la date. Je n'avais que faire d'être tué au nom de ma patrie, je ne me battais que pour elle.

La discussion devenait de plus en plus tendue et je ne souhaitais nullement me relâcher, j'étais prêt à intervenir et à n'importe quel moment. Mes muscles s'étaient mêmes quelques peu crispés, j'avais clairement exprimé le fond de mes pensées. Il était pour moi une ancienne force armée de Suna et devait y retourner, c'était plus que logique ; Il n'avait pas tort sur une chose, je souhaitais le mordre. Il me comparait à un louveteau, se considérait-il comme un loup ? Cela faisait plusieurs fois maintenant qu'il m'exprimait le fait que je sois moins fort, moins expérimenté que lui. Ça en devenait presque agaçant.

J'entendis alors une autre absurdité, il disait servir Suna et Kaze no Kuni même sans nos couleurs. Comment était-ce possible ? S'il voulait réellement nous servir, il n'avait qu'à rejoindre nos rangs et être jugé pour sa désertion. Le sort réservé aux déserteurs n'était pas des plus envieux mais au moins, il pouvait assumer les conséquences de ses actes. Il disait par contre que sa voie était différente, je le jugeais mais au final je ne pouvais le comprendre. J'avais du mal à comprendre les autres, une des nombreuses solutions pour y remédier se trouvait être celle la plus amusante, se comprendre en croisant le fer.

« Comment tu peux servir notre patrie de la sorte ? »

Je le trouvais ici, dans une auberge et bien imbibé d'alcool. Servait-il notre nation de cette façon ? J'avais quelques doutes quant à ses paroles.  Sans même m'y attendre, je le vis sortir sa langue et avec surprise je pus voir un sceau posé sur celle-ci. Je détournai mon regard pour croiser le sien, qu'est-ce que cela pouvait bien dire ? Il n'était pas facile d’apposer un sceau de silence et un sceau de silence était habituellement utilisé dans des organisations et unités spéciales. Il revint sur mon niveau, disant que j'allai essuyer un échec dans le cas où je souhaiterai l'appréhender.  Je voulais des réponses à mes questions mais apparemment je ne pouvais rien attendre de lui. Comme il le disait si bien, je bouillonnais de l'intérieur et j'étais prêt à utiliser ma force contre lui. Contre toute attente, il me proposa un jeux.

Si je perdais, je devais transmettre un message à « Kioshi-senpai ». L'avait-il fréquenté personnellement pour dire cela, ce n'était pas impossible, il avait dit être au Kakumeigun et le Rokudaime en faisait lui aussi parti fut un temps. Je n'avais rien à perdre et en même temps j'allai pouvoir jauger ses capacités, c'était une bonne chose. Dans le cas d'une défaite, je ne devrai sûrement pas engager un combat. Mon père m'avait transmis les valeurs les plus justes et m'avait appris à m'incliner, si je perdais j'allai évidemment accomplir son souhait pour ensuite retrouver le Ketsueki et le traduire en justice.

«  J'accepte. »

J'attendis quelques instants avant de le voir disparaître, j'écarquillai les yeux. Il était là, je le savais mais je ne pouvais le ressentir. Sa présence avait tout simplement disparue, aucune odeur, aucun bruit, aucune trace chakratique, rien ne pouvait m'indiquer sa présence. Il aurait très bien pu changer de position que je ne ressentais plus rien. C'était comme s'il s'était tout à coup téléporter. Je fronçai les sourcils et commençai même à m’énerver un tant soit peu. Je n'avais aucune réponse à lui apporter, avait-il laisser des indices pendant notre discussion ? C'était possible, il était moins bête qu'il en avait l'air après tout-..

Je tapotai du bout de mes doigts pendant une dizaine de secondes avant de serrer mon poing brusquement.

«  Quel message dois-je transmettre ? »

J'étais vaincu et je ne comptais pas user de tricherie, supercherie ou attaque pour découvrir la réponse. Il n'avait peut-être pas tort, nos puissances n'étaient pas équivalentes et ma faiblesse était encore prouvée en ce jour.

Le Ketsueki était fidèle à quelque chose qui n'existait plus, ce n'était qu'être honnête que de le reconnaître. Ce Suna dont il parlait, je n'avais pas souvenir d'y avoir vécu. Cela sonnait même comme un rêve, une utopie. Ses mots contaient pour moi un village idéal, je pensais que la défunte Godaime était dans la meilleure dans ce domaine mais finalement.. peut-être pas ? Seulement, je n'y pouvais rien à ce jour et je ne faisais que suivre les valeurs en lesquelles je croyais. Le peuple avait voté pour un dirigeant, Yamada Kioshi. Pour ma part mon vote s'était dirigé vers mon maître mais je devais reconnaître la puissance du Nomade, il était très fort. Dans le passé je l'avais apprécié et je l'avais même protégé, chose que je referai aujourd'hui si on m'en donnait l'ordre ; Pas de mon plein gré, c'était une évidence.

C'était aussi certain que le retour de mon interlocuteur à Suna, il me disait qu'un jour il servirait à nouvea u notre patrie. Pour ma part, je servirai toute ma vie ce village, jusqu'à que les dieux décident de me faire prendre un chemin différent.

Mon échec ne faisait que démontrer ma faiblesse, je sentis un peu de compassion dans les mots du Ketsueki, je ne pouvais le nier, il semblait être honnête. En plus de cela, il m'avait cerné. Je repoussais mes limites afin de combler mes faiblesses, je faisais de mon mieux afin de parvenir à mon idéal. Je m'étais promis de dépasser mon maître, un long chemin m'attendait encore mais je pensais pouvoir y parvenir. En un an et demi, je me retrouvais maintenant à son niveau qu'il avait à notre première rencontre. J'optai pour un style de combat similaire au sien, il m'avait même appris la plupart des mouvements, Kibo était un homme bon.

Pour répondre à cette « compassion », je ne fis qu'un signe de la tête. Je ne comptais pas le remercier, j'étais comme partagé vis à vis de lui. D'un côté il était déserteur et d'un autre il me paraissait être un homme sensé, s'exprimant justement. Il était important de ne pas juger l'apparence, si je l'avais fait aujourd'hui j'aurais eu simplement pitié de lui.

Ce que j'attendis arriva finalement, il me donnait le message à transmettre. Je fronçai les sourcils à l'entente de celui-ci, ça sonnait comme une plaisanterie et en même temps-.. Cette plaisanterie mena à une discussion bien plus profonde et même personnelle, y répondre serait comme signer mon arrêt et ma destitution.

*Ôter la vie de mon Kazekage ? Quelle question.. Il est indirectement mon senseï et pourtant ça ne m'empêche pas d'avoir de mauvaises pensées. Si je voyais en lui un bon dirigeant, finalement il n'est rien de cela. Le Nomade a beau avoir de bonnes capacités, ça ne fait pas de lui un meneur, il ne l'est tout simplement pas. Son inaction et ses méthodes nous le prouvent.

Il a aussi attaqué une personne m'étant très proche. En l’apprenant j'ai tout simplement eu l'envie de l'égorger, ces émotions négatives étaient sûrement amplifiées à cause de mon Henka Akuma. Cependant, un homme de valeur ne devrait-il pas répondre d'un tel acte ? Un Kazekage devrait-il agir de la sorte ? Est-il l'homme qui doit diriger notre peuple ? J'ai beaucoup de doutes quant à ces questions.

Une seule chose me retient, c'est mon engagement envers Suna. J'ai promis de protéger ce que défend l'institution et la démocratie est une valeur qu'elle clame haut et fort. Le peuple a voté et je dois respecter cela. Sans ça..*

Cela aurait été sûrement mon discours si j'avais plus confiance en cet homme. Aucun alcool ne pouvait me mener à ça, je devais simplement avoir confiance en mon interlocuteur et ce n'était pas le cas. L'air pensif, je l'avais fixé pendant quelques secondes sans lui donner de réponse. Aurais-je du partager mes pensées avec lui ? J'en doutais fortement, je ne pouvais le faire. Je l'avais pas fait avec mon entourage, Kibo n'était pas au courant de cette haine que je portais à l'égard de son maître. Il y avait encore quelques semaines de cela, je considérais encore Yamada Kioshi comme un homme digne et fort, aujourd'hui il n'était plus rien pour moi.

«  Ôter la vie de mon Kazekage ? Quelle question... »

La suite n'était sûrement pas bonne à dire. J'écoutais alors les paroles du Ketsueki, il m'indiquait cette fois-ci le vrai message à transmettre. Un sceau de silence comme j'avais précédemment eu l'occasion de voir était apposé sur sa langue, il s'exprimait quant à son retour et aux modalités. J'avais retenu ses paroles et je comptais transmettre le message, je l'avais « promis ».

«  Vous avez ma parole, je transmettrai le message mot pour mot et donnerai votre nom Ketsueki Isnajh. Mais ensuite... ? Que croyez-vous qu'il répondra à cela ? Je ne pense pas remplir mon rôle si je ne vous arrête pas ici et maintenant, est-ce que je me trompe ? Même si vous semblez lié de près ou de loin avec le Rokudaime Kazekage, ingurgiter de l'alcool n'est peut-être pas la meilleure chose à faire. »

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