Spoiler:

Dormir dans un lit confortable avec un toit sur la tête et la chaleur baignant son corps, avait quelque chose de magique; surtout après avoir passé pas loin de deux mois sur les routes de ce pays froid et humide. La lumière filtrait déjà entre les persiennes de la petite chambre que j'occupais avec Tatsuki. Plus je passais du temps à ces côtés et plus j'appréciais cette jeune femme, elle était exactement comme je l'avais imaginée, à quelques détails prés. Discrètes, efficaces et loyale -tant que je la payais. Mais horriblement, terriblement bavarde. C'était sans doute son seul véritable défaut.

Les seuls moments où je n'avais pas à endurer ses longues phrases qui parfois n'avaient pas beaucoup de sens n'étaient autres que pendant son sommeil, et lors des repas. Lesquels j'avais pris l'habitude de ne pas manquer pour avoir un peu de tranquillité. Mais à part ça... Tout était pour le mieux.

Comme d'habitude, je m'étais levée en première, j'étais toujours debout avec les premiers rayons du soleil dépassant de l'horizon. Je ne pouvais dire pourquoi, mais le sommeil me gagnait et ne maintenait plus que très sommairement ou tout au moins plus autant qu'avant. Etait ce dû à la réincarnation ? Etait ce une habitude ? Un dérèglement de mon métabolisme ? Aucune idée. Mais ce côté matinal, pour une fois, me permit d'entendre quelques informations fortes intéressantes.

Alors que je m'étais installée à une table, que je feuilletais un livre que j'avais récupéré dans la sacoche de Tatsuki, mes oreilles captèrent une conversation. Au début je n'y prêtais pas attention puis, un nom résonna dans mon esprit. Sabakyô. J'en avais connu quelques uns. Des individus particulièrement méprisables se pensant la plupart du temps supérieurs aux autres. Heureusement, certains d'entre eux faisaient exceptions, mais ils étaient si rares... Qu'on pouvait les considérer comme négligeables. Je me souvenais plus particulièrement de l'un de ses chimistes, je ne me souvenais plus de son prénom, mais en revanche qu'il soit passé très proche de la mort, de mes mains, ne m'avait pas échappé.

Que ne faisais-je pas, à l'époque où j'étais Kazekage, pour sauver les apparences... Enfin.

Deux hommes discutaient donc d'un scientifique ayant créé un virus. C'était tellement étonnant... -ironie-. Encore qui veut se la raconter face aux grandes nations, me dis-je. Je me levais alors pour me rendre au bar derrière lequel se tenait un petit bonhomme barbue me rappelant de loin un de ces êtres vivant les montagnes que j'avais rencontré lors d'un voyage au pays de la pierre. Ces bons hommes étaient obsédés par l'or, les pierres précieuses... Ce tavernier leur ressemblait comme deux gouttes. Et la façon dont il lorgnait ma sacoche confirma l'hypothèse. Je le lâchai du regard pour observer les deux inconnus, discrètement bien sûr. Ils n'avaient pas le visage masqué, mais en revanche leurs capes noires étaient typiques de celles dont étaient équipés certains ninjas. De l'ANBU notamment.

Une nouvelle je quittai ma place pour aller cette fois m'accouder au côté d'un des deux hommes. Les deux me dévisagèrent, ils semblaient sur le point de me bondir dessus.

"Bonjour. Si vous savez où se trouve cet homme, et la façon dont est gardé son laboratoire, je pourrais m'occuper de votre affaire."
"Mais ?! que... Tu écoutais ?"
"Oui... Comment ne pas entendre... Les auberges ne sont pas les lieux les plus propices à ce genre de discussion, messieurs."

Gêné, celui en face fixa son collègue lui faisant signe des yeux de faire quelque chose.

"Aah... mêles toi de tes affaires gamine..."
"Les Sabakyo sont et seront toujours mon affaire.. D'où venez vous ? Konoha ? J'image que vous n'êtes pas du Shukai, sinon vous porteriez des bandeaux... Enfin, peu importe. Je vous propose notre aide."
"Votre aide ?"
"J'ai une... Amie plus que qualifiée pour accomplir votre mission. Une spécialiste du vole, du cambriolage..."
"Et comment vous faire confiance ? Qui êtes vous ?"
"Moi ? Je m'appelle Umi Ji. Bah, qu'avez vous à craindre d'une gamine ? Sourais-je."

Une nuit dans une auberge ne ressemblant pas à un coupe gorge ou un hôtel de passe était tout ce que Tatsuki avait souhaité ses dernières semaines. Si ne plus avoir à s'en faire pour l'état de son porte monnaie la comblait de joie, retrouver un lit douillet, dormir au chaud lui semblait maintenant être la plus belle chose du monde. La jeune femme en profita jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'Umi Ji se lève tout au moins. Elle l'entendit quitter la chambre, discrètement; alors qu'elle, elle préférait continuer de profiter des draps propres et du calme qui régnait ici.

Son cerveau s'était mit en route, et de nouvelles questions l'assaillaient. Cette nouvelle situation lui était totalement bénéfique, cela ne faisait aucun doute mais malgré tout elle se demandait "pourquoi". Jusqu'ici Ji ne lui avait rien demandé de spécifiques, ne l'avait entrainé dans aucun combat, elle se contentait de la suivre et de lui obéir dans la mesure du possible. Même si sa jeune supérieure lui offrait un nouveau niveau de vie et lui permettait de penser à autre chose qu'au lendemain, Tatsuki conservait tout de même un esprit revêche, très contradictoire.

Finalement, une demie heure passa avant que la Senritsu ne se lève. Passant rapidement devant un miroir elle se recoiffa, profita de l'évier pour se débarbouiller et quitta à son tour la chambre dans laquelle elles avaient laissé leurs affaires. Ji avait payé pour plusieurs jours, alors elle s'imaginait bien qu'elles reviendraient ici tôt ou tard, quand bien même elles quitteraient l'auberge. Peut-être s'agissait il là de vacances ? Non, impossible. La Kunoichi du métal n'agissait pas pour rien, ce serait trop facile. Il y avait forcément une raison cachée. Tatsuki en devenait parano.

Elle descendit les marches menant à la salle commune et aussitôt son regard se riva sur Ji, assise à une table avec deux hommes. Ils parlaient. Elle continua sa descente tranquillement, Ji avait remarqué sa présence et s'était tue un instant en la voyant. Les deux inconnus se retournèrent et la dévisagèrent. La blonde avait l'étrange, et la désagréable impression qu'on l'attendait, et si on l'attendait c'était parce qu'on avait quelque chose à lui dire. Un sourire crispé inscrit sur ses lèvres, elle s'approcha, passa lentement à côté de l'homme aux cheveux hirsutes et s'installa à la table en bois brut. L'aubergiste déposa devant elle une tasse. Tout ceci sentait mauvais, et il ne s'agissait pas du thé.

Alors qu'elle prenait une première gorgée sans oser croiser le regard de l'homme assit face à elle, lequel s'exprima tout de suite.

-C'est elle, votre atout ? Elle a l'air... inoffensive.
-Deux gamines... Vous êtes deux gamines pensant tout connaître de nos affaires... C'est...

Tatsuki releva les yeux vers son homologue, c'était sans doute ninja. Prétentieux au possible... Elle leva la main au dessus de la table et lâcha une poignée d'objets de toutes sortes, des kunai, des shuriken et même un parchemin. Le ninja arbora une mine décomposée et ramassa rapidement ses accessoires tandis que la Senritsu continuait de boire sa boisson tranquillement son thé. Elle reposa la tasse encore fumante et jeta un œil à Ji.

-Je savais que c'était trop beau pour être vrai... Alors, c'est quoi le travail ?

Demanda-t-elle avec un grand sérieux. Ji et les deux ninjas lui expliquèrent donc.

-Vous connaissez déjà le système de sécurité ?

Nouvelle discussion. Les konohajin lui transmirent un plan qu'elle mémorisa en quelques dizaines de secondes. Ce que lui demandait de faire Ji était très loin du vol à la tire dont elle était experte, néanmoins elle s'était déjà introduite dans toutes sortes de bâtiments par le passé. Des maisons, des campements, des administrations... Mais jamais pour voler un tel objet, un virus. Elle se demandait dans quel genre d'affaire elle mettait les pieds... L'argent qu'elle gagnait en contrepartie ne justifiait pas non plus de faire n'importe quoi, Tatsuki voulait savoir.

-Qu'allez vous faire de cette chose ?
-La détruire, quoi d'autre ?

Ji acquiesça d'un mouvement de tête.

-Je veux être sûre de ce que vous ferez. Faudra me le montrer!
-Bien sûr... Mais, n'essayez pas de nous doubler.
-Vous payez combien ?

Le tour de passe passe employé par Tatsuki fit grande impression auprès de nos interlocuteurs. Ceux-ci avaient remis en doute notre sérieux et au delà, nos compétences mais semblaient maintenant nous prêter davantage de crédibilité. Après de brèves explications et le règlement de quelques menus détails, nous quittâmes l'auberge accompagnées des ninja de la feuille. Ils nous conduisirent à travers le pays et quelques forêts jusqu'à une entrée à peine visible, camouflée dans la végétation environnante. Sur le chemin ils nous avaient expliqué qu'ils ne disposaient ni l'un ni l'autre de connaissances dans le domaine de l'infiltration pour pénétrer dans un tel endroit. Je me demandais donc pourquoi on les avait envoyé ici, leurs informations de départ avaient elle évolué à leur arrivée sur place ? Aucune idée. Puis, je me demandais aussi pourquoi ils n'avaient simplement pas détruis l'installation... Enfin, la réponse je l'avais déjà. Risque de répandre le virus, risque de se faire repérer, risque de déclencher un grave incident diplomatique avec l'empire du Shukai...

A quelques mètres de l'entrée, je scrutais les alentours, observais la porte. Il y avait fort à parier qu'un dispositif de surveillance couvrait l'entrée du laboratoire. Moi même, je ne disposais que de techniques trop voyantes pour m'infiltrer. J'aurais pu simplement arracher la trappe en métal à l'aide de ma maitrise du kinton, mais cela aurait été trop simple et surtout cela pouvait laisser le temps aux occupants de se préparer, de réagir à l'assaut. Tatsuki, à mes côtés, observait tout comme moi. Je posai ma main sur son épaule et lui demandait de continuer sa surveillance le temps que je précise certains points avec les Konohajin.

"Couvrez notre entrée, surveillait que personne n'y pénètre."

Le premier acquiesça tandis que l'autre me tendait une oreillette. Cela faisait un bon bout de temps que je n'avais pas porté ce genre de dispositif, mais j'avais compris la raison de ce geste; afin de nous prévenir rapidement. J'installais l'oreillette et le micro et rejoignis Tatsuki. Les deux ninjas s'étaient dispersés, guettant maintenant depuis les hauteurs qu'offraient les arbres. Il était maintenant temps pour la Senritsu de mettre en oeuvre son don naturel au maniement du son. Cela ne devait lui poser aucun problème, il ne s'agissait pas de s'en prendre à un personne, juste à camoufler notre intrusion.

"Dès que tu es prête, tu me fais signe et on y va. Je compte sur toi Tatsuki."

Finis-je par dire.

Tatsuki avait bien analysé la scène qui se présentait à elle. En quelques secondes elle put affirmer que personne d'autre qu'eux quatre ne se trouvait dans parages. Un instant de réflexion, contente de la confiance que plaçait en elle Umi Ji, et elle extirpa de sa sacoche comme un petit triangle en métal brossé. De l'autre main elle fit un signe et fit tinter le morceau de métal d'un coup sec et rapide d'ongle. L'oreille affûtée, elle reconnu le bruit distinctif d'un appareil électronique hors de fonction. D'un acquiescement de la tête elle confirma à Ji qu'elles pouvaient y aller. L'instant suivant, elle se trouvait devant la porte noire cadrée de rivet. Elle posa la main dessus, tâta en divers endroits. L'habitude des portes, des coffres et de tout autre obstacle destiné à la protection des biens lui rapidement comprendre qu'il s'agissait là d'une œuvre de qualité. Elle localisa ensuite la serrure et sorti de sa manche deux petites plaques métalliques un peu pliées, un kit de crochetage un peu usé démontrant une utilisation récurrente.

-Je shuis habituée à ce genre de mécanisme. Je vais faire vite, le brouillage fréquence que j'ai utilisé ne durera pas longtemps...

Elle inséra les deux tiges dans le mécanisme et colla son oreille sur le métal froid. Fermant les yeux, elle pivota à droite, à gauche, en haut et en bas les fines baguettes métalliques. Après quelques secondes elle rouvrit les yeux et le cliquetis typique du déverrouillage se fit entendre. Elle se redressa et, aidée de Ji, tira la lourde trappe noire qui dévoila un escalier plongeant sous la terre, il y faisait sombre et au bout la seule lueur était émise par une ampoule rouge. Sans y être encore entrée, Tatsuki sentit l'oppression qui émanait de cet endroit. Tout ceci l'inquiétait déjà. Si elle avait déjà forcé un nombre incalculable de serrures par le passé, ce fut bel et bien la première fois qu'une porte tombée sous sa main experte ouvrait sur une atmosphère aussi pesante. Ji était déjà entrée elle, et après quelques marches descendues, elle se retourna vers Tatsuki. Celle-ci la regarda, l'inquiétude était maintenant clairement lisible sur son visage. Puis...

-Tu sais, je suis un peu claustrophobe... Alors descendre sous terre... ça ne m'enchante pas vraiment. Je peux aussi bien t'attendre ici...

Mais, les caméras dissimulées un peu partout redeviendrait fonctionnelle dans très peu de temps. Alors, la seconde suivante elle se ravisa et pénétra dans l'antre de la bête. Les deux femmes descendirent le long escalier en faisant bien attention à ce qui les entourait, il y avait peut-être des pièges... Finalement, elles arrivèrent sous la loupiote rouge qui grésillait de temps en temps. Le couloir continuait sur la gauche et était interrompu par une autre porte. Celle ci comportait un carreau en verre, ou tout au moins transparent. Cette porte ci, du même alliage que la précédente mais avec, à première vue, un système de serrure bien plus banal. Une nouvelle elle introduit ses outils de crochetage, et une nouvelle fois le porte s'ouvrit

J'observais le savoir faire de la jeune Senritsu avec attention, je devais bien admettre que ses talents étaient impressionnants. Entre sa vitesse d'exécution et sa dextérité, j'avais vraiment bien fait de la recruter. Ainsi, très rapidement, la première sécurité fut déjouée et ils pénétrèrent dans le complexe. L'endroit était lugubre, il ressemblait un peu à l'Ergastule en fait. Alors que je descendais, je m'aperçu que Tatsuki ne suivait pas, je me retournai et l'observais à nouveau. Claustrophobe ? Je soupirai intérieurement et repris la descente. Peu de temps après la Senritsu me rejoignis. Il ne avait pas fallu beaucoup de temps pour surmonter sa phobie, c'était assez drôle.

Comme la première porte, la seconde ne posa pas plus de problème. Nous pénétrâmes donc dans un premier couloir, humide et mal éclairé. C'était le lieu rêvé pour mener des expériences à l'insu de tout le monde, et encore plus pour développer un virus mortel. Les quelques néons accrochés ici et là fonctionnaient à moitié, donnant à cet endroit encore un nouveau cachet, encore plus sombre et inquiétant. Au bout de ce couloir, deux autres longs corridors. Je me souvenais encore des plans mais je réalisai que cela ne m'aidait pas vraiment. Nous devions trouver un prototype, une fiole logiquement. Et détruire le laboratoire. Si au passage je pouvais mettre aussi la main sur le Sabakyo...

J'aurais aimé que nous nous séparerions pour augmenter nos chances de trouver le labo, mais je doutais que la blondinette soit de cet avis, puis si elle tombait sur un Sabakyo ou tout autre sbire, je doutais qu'elle puisse se battre efficacement. En effet, Tatsuki ne voulait pas tuer... Un comble pour une Kunoichi... Mais bon, c'était une condition à notre contrat alors... Je ne pouvais que la respecter. Par chance, nous fûmes du même quant au chemin à prendre. A droite donc. Nous progressions au pas, lentement, nous assurant de ne déclencher aucun piège ou alarme. Puis soudainement, la Senritsu stoppa sa progression et me retint.

Je la soupçonnais d'avoir entendu ou ressenti quelque chose approcher. Aussitôt elle me tira sur le côté, ouvrit une porte et la referma derrière nous. Des pas raisonnaient sur le sol bétonné.

"J'aurais pu l'éliminer sans problème..."

Un homme passa derrière la porte. Le pas lent, assuré. Elle le regarda par l'entrebâillement de la porte; il portait une blouse blanche, de petite lunette et avait un air... Aussi lugubre que ce couloir qu'il traversait. Ji lui confia qu'elle aurait pu l'éliminer. Sans aucun doute. Mais dans cette affaire il n'était pas question de tuer un scientifique, mais juste de lui subtiliser un objet et de l'empêcher de recommencer, dans l'idéal. Ce donc la première fois que Tatsuki s'opposait à Ji. Elle comprenait maintenant ce qui les opposait et commençait à toucher du bout des doigts l'idéologie de la jeune femme. Malgré tout, sa supérieure resta silencieuse, c'était plutôt étrange mais qu'à cela ne tienne.

Une fois que le supposé scientifique quitta le couloir, Tatsuki rouvrit la porte et elles purent reprendre leur exploration avant toujours autant de précaution. Marchant vers le bout du long couloir, la Senritsu adressa quelques mots à sa coéquipière.

-Tu n'es pas obligée de tuer tous ceux qui te barrent la route... On est là pour voler quelque chose... pas pour assassiner quelqu'un... Soupirait-elle. Tien une nouvelle porte. Ajoutait-elle en pointant la porte du doigt.

Elle s'était approchée et commençait déjà à bidouiller la serrure. Elle se redressa et se gratta le crâne.

-C'est bizarre, je n'arrive pas à la dévérouiller...

Ji approcha, et tourna la poignée. La porte s'ouvrit alors comme par enchantement. Tatsuki esquissa un sourire gêné. Passer pour une idiote lui arrivait malheureusement assez régulièrement, puis habituée; elle se reprit rapidement. Elles s'introduisirent donc non pas dans un nouveau couloir, mais une pièce cette fois. Des dizaines de cages étaient alignées le long des murs grisâtres. Certaines d'entre elles emprisonnaient encore des animaux, des rats, des chiens et des primates. Tatsuki s'approcha et observa de plus prés, certains d'entre eux étaient mal en point, d'autres presque morts...

-C'est ignoble... Dit-elle en se retournant face à Ji.

Son regard se déporta alors sur la porte dans le dos de la brune. Quelqu'un se trouvait derrière, la porte s'entrouvrit. Voyant son regard surprit, Ji se retourna à son tour. Et un homme en blouse blanche, le même que celui qui était passé dans le couloir quelques minutes plus tôt; leur fit face.

-Des visiteurs ? Parfait. J'avais besoin de cobaye humain.

Taksuki sentait venir le "je t'avais prévenu".

Une salle où l'on mené des expériences sur les animaux. Tatsuki avait raison, c'était ignoble. Qu'on se serve d’êtres humains, cela pouvait passer, l'homme était fait pour asservir l'homme après tout, mais les animaux... Eux qui ne comprennent pas grand chose à ce qu'on leur, tout au moins pas dans le détail. Des âmes sans défenses...

Non, en fait je m'en fichais pas mal, cependant dans ce cas c'était dérangeant. Avec cet attirail, le Sabakyô devait déjà détenir quelques échantillons du virons que nous étions venus chercher. Puis un instant après, j'entendis la porte s'ouvrir, je me retournai et vis un homme au visage émacié, le crâne à moitié dégarni et un masque à gaz couvrant sa bouche et son nez.

Ses premières paroles annonçaient clairement la couleur. Un combat. Visible il ne savait pas à qui il avait affaire, quoi de plus normal ? Je tournai les yeux vers Tatsuki, quatre mots exactement me démangeaient les lèvres. Lui prouver que dans ce monde rien n'était possible sans avoir à se battre et à éliminer ses adversaires s'avéraient jouissif.

"Je te l'avais dit... Tu es le Sabakyô je suppose ?"
"Yudokou Himatsou. Le jet toxique."

Prononça-t-il en guise de réponse en formant des signes avec ses doigts. Aussitôt, une jet ressemblant à de l'eau jailli de sa bouche. Ne voulant pas savoir ce que cela pouvait être -je m'en doutais un peu- je déroulais un parchemin et plaquai une main à son dos. Le liquide nauséabond fut totalement absorbé.

"Je ne vais pas le tuer tout de suite, Tatsuki... Et je le remettrai peut être aux Konohajin, si tu veux."
"Vous ne vous laissez pas faire aussi facilement que ça à ce que je vois... On va passer au niveau supérieur. Kontami no Jutsu."

Il glissa sa main sur son autre main et l'engloba d'une aura verdâtre, loin de celle des eisei nin. Quelque chose de malsain émanait de cet homme, il semblait bien plus dangereux que Seito. Il parlait moins, et allait droit au but. Tout à coup, il s'élança vers nous, plus rapidement que ce à quoi je m'étais attendue. Je n'eus pas le temps de d'esquiver. Sa main auréolée entra en contact avec mon bras, enfin, avec ma cape qui se désagrégea. La seconde suivante je sentis sa main empoignée mon bras et le relâcher aussi rapidement.

Ma réaction ne tarda plus et tout le métal présent dans la salle, cage vide ou habitée, instruments et autres meubles s'abattirent sur lui. Je décrochai ma cape et observai mon bras, de grosses cloques suintantes s'étaient formées sur zone touchée et aux alentours. La douleur provoquée était aussi atroce que l'aspect de la chose. Et peu à peu, je sentais mon bras s'engourdir, de seconde en seconde de nouvelles boursouflures apparaissaient...

Comprenant alors ce qu'il venait de faire, je m'approchai de lui, ou de ce qu'il en restait sous l'amoncellement de pièce métallique. Je m'accroupis devant le corps brisé en plusieurs points.

"C'est le virus que tu as créé n'est ce pas ?"
"C'... C'est mon chef d’œuvre, et vous le transmettrez au monde. Quelqu'un finira par venir ici, et sera contaminé à son tour..."
"Les Sabakyô sont tous les mêmes... Il y a un antidote quelque part, et nous le trouverons."
"S'il y en a un..."

Expira-t-il dans un dernier souffle. Je me relevai et fis face à Tatsuki.

"Et bien... Je crois qu'il est mort. Bon. Je ne peux pas sortir. Évites tout contact avec moi. On doit trouver les autres échantillons, et un antidote, s'il y en a un. Si on ne trouve pas, tu devras me tuer et demander aux Konohajin dehors de détruire ce complexe. Allé, on y va.

Je fis le tour de la pièce à la recherche de quelque chose. Je trouvai un carnet. Je l'ouvris et lus quelques lignes sur différentes pages. De précieuses informations y étaient inscrites. Je n'allais pas les dévoiler à ma jeune comparse, éviter de la faire paniquer était ma priorité pour le moment, quoique... J'aurais dû y penser avant... Je pris donc la direction du couloir qui nous mènerait vers l'autre partie du complexe. Et me retournai vers Tatsuki.

"On a pas de temps à perdre."

Mourir ne me faisait pas peur, forcément. Mais je voulais surtout éviter que ma mort ne contamine Tatsuki, ou qu'un accident survienne...

La situation était critique. Ji avait été touchée par le scientifique et souffrait d'un mal odieux et apparemment très contagieux. La Senritsu devait néanmoins reconnaître l'efficacité de sa supérieure, sa maîtrise du métal était redoutable; il n'y avait qu'à voir l'état du tortionnaire, devenu un meuble en kit. Elle avait compris les ordres de la kunoichi et n'attendit pas plus longtemps pour la suivre hors de cette salle. Alors qu'elles arpentaient le long et toujours aussi lugubre couloir, Tatsuki observait le bras de la brunette; son état avait encore empiré et donnait l'impression de ne plus réagir. Tatsuki se demandait si elle pouvait encore le bouger. Comment feraient elles si un autre scientifique les attaquait ? Non, en fait la question ne se posait pas, Tatsuki devrait surmonter la mort.

Le couloir touchait enfin à son bout, une nouvelle porte se dressait devant elles, Tatsuki passa devant Ji et actionna la poignée. Elle aussi était ouverte. Devant elle il y avait trois grandes paillasses et des dizaines de fioles et autres tubes à essai. Des appareils sophistiqués étaient disposé dans le fond de la pièce. Cet univers était totalement étranger à la jeune femme. Tout était très calme ici, pas un bruit ne perturbait l'atmosphère pesante. Jusqu'à ce qu' à ce bruit sourd, quelque chose qui tombait lourdement sur le sol bétonné. Tatsuki se retourna et vit la jeune femme assise, adossée au mur blanc. La Senritsu se précipita auprès d'elle. Son teint était pâle, presque blafard. Elle devait absolument trouver l'antidote, mais ne savait pas à quoi il pouvait ressembler, ni même s'il existait...

-Je t'ai vu lire un livre toute à l'heure, où est il ?

Ji l'extirpa de sa sacoche et le lui donna sans poser de question, elle n'en avait sans doute plus la force. Tatsuki feuilleta le carnet noir, par chance tout était répertorié à l'intérieur. Elle s'attarda un instant sur le partie "virale". Une part d'incompréhension s'insinua dans son esprit, pourquoi lui avait elle dit qu'elle devrait la tuer ? Une autre partie sur les symptômes détaillait toute une liste d'effets secondaires : inconscience, folie, schizophrénie, incohérences. Le cheminent, la progression du virus dans l'organisme était tout aussi précis. Il progressait lentement dans le sang lorsque ses germes étaient respirées et se développait rapidement lorsqu'il était en contact direct avec la peau. Le temps d'incubation dépendant donc du mode de transmission.

Ce virus, élégamment nommé Hennix, n'avait que peu de points faibles : la chaleur et... L'eau salée ? Un virus pouvant tuer aussi rapidement, et à la fois contaminer aussi facilement, pouvait être contré avec une simplement solution saline ? Tatsuki posa le bouquin.

-Ce n'est pas aujourd'hui que tu mourras Ji!

De l'eau salée... Cela pouvait paraître simple, mais en y réfléchissant un peu; il n'y en avait pas partout. Et encore moins dans cette partie du monde. Finalement le stratagème était simple. Tatsuki n'avait aucune connaissances très poussées en biologie, virologie et les autres domaines scientifiques; elle imaginait alors que pour sa force dévastatrice tout corps avait un point faible à la même hauteur!... Après une courte fouille, elle trouva de l'eau, et du sel. Elle fit bouillir de l'eau et versa le sel dedans. L'instant suivant, la solution était prête, enfin... l'eau salée... Le temps qu'elle refroidisse, et apporta le mélange à la brunette entrain de dépérir.

Rien n'était indiquait sur le mode d'administration. Devait elle lui faire avaler ? Lui injecter ? Elle tenta les deux. La première ne fut pas la bonne. Ji avait avalé la mixture mais en avait recraché une grande partie. Mais le peu qu'elle avait ingéré ne changea pas grand chose à son état. Pourtant, dans le carnet du scientifique, il était bien précisé qu'une solution saline venait à bout du virus en quelques secondes... Etait ce un mensonge destiné aux personnes qui voudraient essayer de trouver un remède ? Ce serait tellement vicieux... Ensuite, elle lui injecta. Le bras sous garrot, l'aiguille sous la peau, le liquide s'infiltrait dans les veines de la jeune femme. Mais une nouvelle fois, rien...

Qu'avait elle fait de travers ? De sel dans de l'eau, ce n'était pourtant pas compliqué, si ? Elle fixa Ji, le regard de celle ci était comme éteint, posé dans le vide. Elle ferma les yeux et réfléchit, tentant de trouver une solution. Elle sentit alors quelque chose la toucher, qui la fit sursauter. C'était Ji, sa main avait attrapé son avant bras. Dans le mouvement, Tatsuki lui avait renversé le liquide salin dessus. En contact, less plaies les cloques, le liquide saturé dégagèrent une fine fumée. Et en quelques secondes la peau de kunoichi redevint normale, un peu rougie; mais toutes les traces du passage de la maladie avaient été effacées, comme par magie!

La réaction de sa coéquipière fut immédiate. Elle prit une profonde respiration, comme revivant, retrouvant son souffle après une longue apnée...

-De l'eau salée. Souriait elle.

Le virus qu'avait créé le Sabakyô était redoutable, je devais bien lui reconnaître cette qualité. La douleur qu'il provoquait était insoutenable si bien qu'à chaque seconde passant je ne sentais plus rien, comme si les muscles, les nerfs et les chaires étaient morts. Dans le laboratoire, j'observais tant bien que mal Tatsuki en train de s'affairer. Elle vint me demander quelque chose, un livre. Je ne lui répondis pas, espérant qu'elle ne trouverait pas. Mais après une courte fouille, elle finit par mettre la main dessus. Si j'en avais eu la force je le lui aurais repris en affirmant qu'aucunes informations de ce livret ne pourraient l'aider. J'aurais aussi joué de sa crédulité, la même qui l'animait en moment.

Ainsi, très rapidement la Senritsu comprit qu'elle pouvait me "sauver". Et oui, le remède à ce terrible mal était aussi simple qu'il était mortel. Les plus grandes puissances étaient aussi celles infligées des plus grandes faiblesses, même si elles étaient souvent dissimulées. Quelques minutes après, elle revint vers moi et versa un mélange sur les plaies purulentes qu'avait provoqué le virus. Une intense sensation de soulagement se propagea dès la première goutte versée depuis le bas de bras vers le reste de mon corps. La réaction des divers furoncles à la surface de ma peau fut étonnante, les lésions se dispersèrent dans un crépitement et une fumée blanche à l'odeur un peu âcre.

Rapidement les sensations dans les mains et les bras me revinrent et ma respiration se fluidifia. Après quelques instants je pus enfin me relever, je titubai et me rattrapai à une poignée en observant la jeune femme.

"Merci, Tatsuki... Ce virus ne sortira pas d'ici, tant pis pour les Konohajin. J'apposerai des sceaux explosifs et une fois que nous serons sortis, je les déclencherai. C'est ce que j'aurais dû faire depuis le début."

Je fis donc ce que j'avais dit. Traçant des sceaux sur chacun des quatre murs du laboratoire, puis, rejoignant la sortie du complexe, je déposai un peu partout des parchemins et autres sceaux. Puis, enfin; nous sortîmes du bunker pour rejoindre les deux ninjas qui nous attendaient. Nous approchâmes et l'un des deux demanda.

"Vous avez le virus ?"
"Non, il est trop dangereux pour finir entre les mains de qui que ce soit. Personne ne l'aura."
"Hum... Donc vous ne nous donnerez rien... Les mercenaires comme vous... N'ont aucune parole..."
"Et moi, je ne suis pas certaine que vous l'auriez vraiment détruis..."

L'autre, un peu en retrait, venait de plonger sa main dans sa sacoche latérale, sûrement prêt à nous attaquer... Et moi, j'étais loin d'être en état pour mener un combat face à deux shinobi aguéris.

Tatsuki acquiesça lorsque sa supérieure lui présenta son projet. Détruire le complexe sans rien en laisser sortir. La première pensée qui lui vint fut pour les Konohajin, comment réagiraient ils lorsque qu'elles leur annoncerait que l'objet de leur entraide et de leur présence ici avait fini en poussière avec le bunker ? Alors, avant de partir; la Senritsu avait prit une fiole sur l'un des paillasses et l'avait rempli de la solution saline dont elle s'était servie pour soigner Ji. Peut-être le mélange pourrait faire illusion le temps qu'elles s'éloignent, qu'elles prennent de l'avance avant qu'ils ne se rendent compte du subterfuge ? Oui, cela pourrait fonctionner. Ji avait donc piégé les locaux, et les deux femmes avaient ensuite rejoint l'air frais du dehors. Malgré son appréhension quant à la réaction des deux ninjas de la feuille, Tatsuki ne pouvait s'empêcher de penser à ce qui allait s'en suivre. Une explosion monumentale ? Ou quelque chose de plus discret ? C'était une facette des compétences de la brunette qu'elle n'avait pas encore eu l'occasion de voir. Le contraste entre elles deux se faisait alors plus visible, Umi Ji était douée pour l'élimination et la destruction de masse, alors qu'elle même était bien plus subtile ou tout au moins plus douée pour ce qui était de la discrétion.

Elle écouta et observa le comportement des Konohajin. Les dires de acolytes ne laissaient de place à aucune interprétation; Ji ne faisait absolument pas confiance en ces deux hommes. Et ces derniers n'étaient pas plus implicites. La Senritsu sentait que l'issue de cette rencontre ne serait pas dommage, ni sang versé. Heureusement, elle avait sa fiole factice avec elle! Elle s'apprêtait à leur tendre le récipient en verre, mais Ji, à ses côtés, retint son bras. Tatsuki ne comprenait pas, sa cheffe savait elle ce qu'elle avait prévu ? Pourquoi l'en empêcher ? Voulait elle vraiment se battre, dans son état ? C'était de la folie. Le konohajin face à elles reprit sans vraiment prêter attention au geste de la Nukenin.

-Bien... Ne nous énervons pas. Si vous êtes entrées et ressorties, c'est qu'il ne doit plus y avoir de danger là-dedans. Ce à quoi Ji acquiesça.
-Le scientifique est mort... Oui. Répondit Tatsuki.
-Nous irons donc chercher ce virus nous même. Partez, et priez pour qu'on ne recroise pas votre chemin.
"Ne vous inquiétez pas pour ça. Affirma Ji."

Tatsuki regarda les deux hommes se diriger vers le bunker et s'y enfoncer. Devant elle, Ji avait déjà fait quelques pas, elle lui fit signe de la main, comme pour lui dire de la suivre. Après quelques minutes de marche dans la forêt, Tatsuki demanda.

-Mais si ils trouvent le virus... On aura fait tout ça pour rien ?

Ji lui lança un regard froid et fit un mouvement de main, et de doigts. Quelques signes simples comme ceux qu'elle avait déjà employé auparavant pour simplement déplacer des objets en métal. Puis, une détonation retentit derrière elles, le sol trembla et des dizaines d'oiseaux s'envolèrent. Tatsuki se retourna et observa une épaisse colonne de fumée noire s'élever au dessus de la forêt. Elle comprit alors quel avait été le plan de Ji, depuis le début.

-Tu... Tu les as tué ?!
"Personne, c'est personne; Tatsuki. Ils auraient dû être plus méfiants."

Une nouvelle fois, Tatsuki se rendait un peu plus compte de qui était cette avec qui elle avait conclu un marché...