Je venais de prendre mes fonctions au sein du Kyomu, et j’avais directement été envoyé au pays de la cendre afin d’y rejoindre le repère de l’organisation. Le pays était en réalité une île où faune sauvage et flore tendaient à disparaître, et plus généralement toute forme de vie. A vrai dire, il était difficile de se sentir en communion avec quoi que ce soit dans un tel environnement. La chaleur y était de plus étouffante, et à peine arrivé je rêvais déjà de retourner sur le continent. Néanmoins, un peu d’action allait venir à moi et ce n’était pas pour me déplaire. J’avais besoin de remettre la machine en marche, et à plein régime, car j’allais devoir faire mes preuves envers l’organisation que je venais de rejoindre. Je pouvais aller loin avec eux, très loin même, mais nous devions y aller par étapes. Tout d’abord, Haï no Kuni étant un territoire assez peu prisé, s’en emparer et avoir la mainmise sur toutes les activités s’y déroulant serait d’une précieuse aide, aussi bien économiquement que politiquement. Enfin, si nos activités pouvaient s’apparenter à de la politique…

Le Kyomu avait déjà le contrôle d’une centrale hydro-thermique, une aubaine sur une telle île. L'énergie qu’elle devait pouvoir fournir était considérable et du bon fonctionnement de celle-ci découlait certainement le bon fonctionnement d’une grande partie des autres installations mises en place. Un point aussi stratégique nécessitait une vigilance de tous les instants, et c’était la raison pour laquelle ma première mission au sein du groupe était une surveillance du bâtiment. A vrai dire, je pouvais m’attendre à mieux que passer mon temps à faire de la surveillance, potentiellement sans aucune action, mais je pouvais comprendre que j’étais toujours dans une période d’observation. C’était plutôt cocasse à mon âge et compte tenu de mes antécédents de mercenaire, mais je pouvais le comprendre.

Pour le moment, ma mission consistait simplement à surveiller les alentours de la centrale, et agir rapidement, nettement et sans bavure si jamais un quelconque danger se présentait. Même si l’endroit paraissait désert, négliger la sécurité n’était pas envisageable. Et puis si on m’envoyait là, ce n’était pas sans raison. Je me postais à quelques mètres de l’entrée principale, les bras croisés. J’aurais pu en intimider plus d’un avec mon envergure, mais je me doutais bien qu’il existait des têtes brûlées qui seraient quand même prêt à me rentrer dedans, tout comme des types un peu plus futés qui ne passerai pas par la grande porte pour s’infiltrer. Malgré tout, je n’étais pas si mal placé, et puis surtout j’étais seul. Enfin seul, je n’en savais rien. On m’avait chargé de la surveillance sur ce flanc, mais peut-être avait-t-on affecté quelqu’un d’autre ailleurs, ou bien même à l’intérieur. Pour le moment je n’avais pas encore la totale confiance de mes nouveaux partenaires, et je pouvais ressentir un léger flou dans les informations que je recevais. Encore une fois, c’était compréhensible.

Je restais imperturbable, aux aguets et prêt à intervenir à la moindre suspicion. La chaleur faisait perler quelques gouttes de sueur sur mon front, mais la nuit commençant à tomber rendait l’atmosphère plus supportable. Je suis resté planté là plusieurs heures, avant qu’enfin quelque chose ne se passe...

J’entendais quelqu’un arriver, d’un pas léger et sans particulièrement chercher à se dissimuler. Sur mes gardes, prêt à réagir à tout moment, je vis se profiler une fine silhouette, celle d’une jeune femme à coup sûr. La nuit commençait à tomber, mais ce n’était en rien un obstacle à ma vision, mon don héréditaire repoussant cette limite. L’individu approcha assez rapidement, elle connaissait les lieux j’en étais convaincu. Deux possibilités s’offraient alors à moi : c’était une membre du Kyomu, une garde ou quelqu’un envoyé en renfort, ou bien alors c’était une kunoïchi hostile qui savait où elle allait pour une tout autre raison. J’avais un moyen d’en être certain.

Lorsqu’elle arriva face à moi, je savais pertinemment où poser mon regard en premier : sa main. Elle portait la même pierre que moi, accrochée à une bague. Un signe distinctif d’appartenance au Kyomu. Seuls les membres assez importants en disposaient, et elle comme moi l’avions. Je pouvais déjà en déduire qu’elle disposait d’une puissance au moins équivalente à la mienne, ou au moins un poste à haute responsabilité au sein de l’organisation. Je relachais un peu ma vigilance lorsqu’elle sortit une bouteille de saké en se présentant. Elle parlait déjà beaucoup, après tout c’était une femme…

« Enchanté, Toru. »

Je laissais une petite pause se marquer, le temps qu’elle nous serve un verre chacun et me tende le mien. Je n’aimais pas trop en dévoiler sur moi, question d’habitude peut-être, mais je pouvais bien lui échanger un peu plus que mon nom, elle devenait un de mes équipiers après tout.

« J’ai rejoins le Kyomu il y a peu de temps, en effet. C’est une de mes premières missions sur le territoire de Haï, c’est certainement pour ça qu’on ne s’est jamais croisé avant, Azuko. »

Bien que d’ordinaire assez froid, une présence féminine m’incitait souvent à être plus avenant, par simple réflexe commun à bien des hommes. Je levais mon verre après elle, comme pour trinquer, puis j’avalais le tout d’une seule traite. La situation n’était finalement pas si déplaisante, jusqu’à ce qu’Azuko m’alerte sur un point : les autres gardes n’étaient d’après elle pas à leur poste, ni même en salle de pause. Cela signifiait que l’intérieur du bâtiment n’était plus surveillé ? Avaient-ils abandonné leur poste ? Si je me retrouvais seul et que quelque chose était arrivé aux autres, la situation pouvait vite dégénérée, et ne pas tourner à mon avantage. J’imaginais déjà une telle station être sabotée, prendre feu, et pourquoi pas exploser. Impensable…

« J’aime pas beaucoup savoir que les types censés couvrir mes arrières sont introuvables je t’avouerai. Tu connais l’intérieur ? Rentrons et allons voir où ils sont, je te suis si tu le veux bien. »

C’était certainement le mieux que j’avais à faire, et si Azuko pouvait me guider à l’intérieur de la centrale, qui ressemblait à un labyrinthe, c’était une occasion à saisir pour régler tout ça.

En quelques minutes à peine, le feeling était bien passé. La kunoichi m’avait vraiment l’air sympathique, et me resservir un verre en sa compagnie n’aurait pas été de refus. Son saké avait un goût délicieux, et la bouteille n’aurait certainement pas fait plus d’une heure si nos obligations ne nous rappelaient pas à l’ordre. Dans ces moments là, la vie de shinobi pouvait être cruelle.

Azuko acceptait de me guider vers les quelques points stratégiques qu’elle connaissait, et plus particulièrement vers le poste de contrôle, où auraient dû se trouver au moins quelques gardes. En y arrivant, personne. C’était étrange mais je ne fus pas plus étonné que ça. Je m’attendais à ce que la pièce soit vide, et le fait que tout soit parfaitement ordonné dans le bureau m’intriguait bien plus. Pas une trace de sang, pas une tasse renversée, pas même un papier en vrac. Simplement un registre, ouvert sur la page du jour et parfaitement en ordre. Je laissais Azuko y jeter un oeil, tandis que j'inspectais le reste de la pièce. Il y avait une radio parfaitement rangée à sa place elle aussi, mais je prenais la décision de ne pas m’en servir. Tout me paraissait louche, et je me méfiais de plus en plus de ce qui pouvait se passer, surtout lorsque tout à l’air un peu trop organisé, comme ici.

« Je n’aime pas ça… Je vais plutôt essayer de détecter combien de personnes sont ici, et nous iront à leur rencontre suivant ce que l’on trouve. »

Il n’y avait pas beaucoup d’autres solutions. Mis à part mes capacités sensorielles, je ne voyais pas trop comment avancer dans cette enquête, sans perdre un temps éventuellement précieux. Et plus les minutes passaient, plus je me demandais si c’était vraiment une bonne chose que je retrouve les gardes en train de jouer aux cartes dans une remise. Avec la pression qui montait, bien que j’étais capable de la gérer avec l’expérience, si je tombais sur une équipe de gardes en train de glander, je pense qu’ils prendraient un peu plus au sérieux leurs prochaines missions.

Les veines autour de mes pupilles blanches se mirent à devenir apparentes, et mes Byakugan s’activèrent. Une tout autre vision s’offrait à moi et me permettait d’utiliser des techniques de sensorialité d’un niveau élevé, assez efficaces pour détecter toute forme de présence chakratique. Juste avant, je glissais quelques mots à mon acolyte du jour.

« Je vais essayer de repérer et dénombrer toutes les présences dans le complexe. De ton côté tu es capable de me dire combien ils devraient être, par rapport au registre ? »

Chroniqueur a écrit:

"En fouillant le complexe avec son Byakugan, Toru constate que tous les hommes sont effectivements en post. Seulement en fouillant plus en détail il constate qu'un cadavre nu se trouve dans un placard. A son allure il doit s'agir d'un civil, mais vous ne trouvez rien qui permette de l'identifier en l'état"