Le grand ménage (Yunitto)

J'avais évoqué avec ma nouvelle élève une mission réunissant les trois damoiselles. Une mission permettant à celles-ci de faire connaissance et de commencer à travailler en équipe. J'avais réfléchi longuement à quel type d'entraînement je voulais les confronter. Une idée m'était alors subitement venue à l'esprit, une mission de nettoyage. Pas quelque chose d'officiel mais plutôt faire croire à de l'officiel, une subtilité plutôt amusante. Je concrétisais cette idée une fois à mon bureau au Kakumeigun, l'unité spéciale de Suna. Je pris plusieurs papiers afin d'y écrire la même chose sur chacun d'eux. Mon écriture était plutôt bien soignée et assez propre, j'avais l'habitude à force de rédiger des rapports. Quand un outil Saibogu était hors service, il fallait utiliser les anciens moyens. Le texte finalement rédigé, j'apposai un cachet du Kakumeigun. C'était pour bien faire croire à mes élèves que c'était une mission officielle.

Une fois les trois exemplaires rédigés, je pris congé après une bonne journée de travail. Avant ça, je m'étais rendu dans plusieurs lieux pour récolter des témoignages suite à un meurtre dans le bas quartier marchand. Je me dirigeai naturellement devant le domicile de chacun de mes élèves pour y déposer une lettre. J'avais leur adresse grâce à mes dossiers, des dossiers qui m'étaient parvenus dés leur affectation dans mon équipe. J'en savais des choses sur eux et pourtant je préférai apprendre à les connaître plus « naturellement ». Pour en revenir aux missives, l'équipe était conviée à me rejoindre demain matin devant l'appartement.

Citation :

Un appartement de fonction va être utile à accueillir un proche du Daimyo de Kaze no Kuni. Vous devez le nettoyer efficacement, le précèdent n'ayant pas pris soin de la demeure, c'est en piteux état. Il est important de donner une bonne image de notre village aux dirigeants du pays, veuillez le nettoyer parfaitement.
Le matériel pour le nettoyage vous sera fourni.

Participants : Yamada Asuka, Chikamatsu Ruri, Saibogu Takanashi
Rang de la mission : classée D

Je rentrai alors chez moi après avoir fait mon facteur pour manger, me doucher et ensuite me reposer quelques heures dans ma chambre. Le lendemain matin, je m'étais levé à l'aube pour préparer le terrain. Ils ne le savaient pas mais cet appartement n'était qu'autre que le mien, ils allaient devoir le nettoyer. Étant plutôt propre, il n'y avait rien à nettoyer et même si ça m'embêter de tout mettre en désordre, je devais le faire pour mon équipe.. Ma bonté me perdra à coup sûr. Je commençai alors à ouvrir le frigidaire pour mettre le tout à terre. Des bocaux se cassaient, des œufs. Je renversais des vases inutiles pour ensuite arracher les rideaux. N'étant pas dépensier, j'avais un peu d'argent de côté pour me refaire une décoration, c'était de toute façon dans mes projets. Je continuai alors en renversant mon lit, mes vêtements, une table. Le sol était entièrement glissant. J'avais pris soin de dissimuler tout objet prouvant mon appartenance à ce logement.

J'esquissai un sourire en voyant le résultat avant de me retourner pour fermer la porte.

Une vingtaine de minute plus tard, je vis mes élèves arriver un à un. Je les observais tous d'un air sérieux. Je m'avançai alors vers Ruri pour me mettre à ses côtés. Son petit mètre cinquante marquait clairement une différence entre nous deux.

« Voici Chikamatsu Ruri, votre nouvelle partenaire, l'ancienne ayant désertée son poste.. vous en avez une nouvelle. Je vais vous laisser la découvrir, sachez seulement une chose, elle ne parle pas. »

Je marquai une pause de quelques secondes avant d'indiquer à toute la fratrie de me suivre, je pris les devants pour ouvrir la porte de mon logement. Directement à gauche, une table retournée, un meuble à ses côtés dans le même état, devant nous après un petit escalier et quelques mètres se trouve un piano à queue recouvert d'un drap. Directement à droite la cuisine séparée par un comptoir et une chambre un peu plus au fond. C'était vraiment en pagaille, ça me chagrinait presque de voir ce désordre.

« Votre mission d'aujourd'hui est de nettoyer cet appartement, c'est une demande du Kakumeigun, soyez efficace. Je ne tolérerai aucune trace. Je dois vous laisser, je vous rejoins un peu plus tard. »

Je m'en allai de ce pas, laissant les damoiselles à leur tâche.

J’étais légèrement malade, rien de bien grave, un peu de fièvre sans plus. Ce jour-là, en recevant mon courrier, j’y observais un ordre de mission… Le gigolo nous avait donc trouvé une mission, mais ce n’était pas nécessairement un plus… Une mission de nettoyage, vraiment, cet homme était exécrable dans ses choix.

J’allais donc me reposer pour être en meilleur forme le lendemain, il faisait encore jour au moment de me coucher… Je me réveillais ensuite durant la nuit. La fraicheur nocturne m’encouragea à me balader, ce jusqu’au matin… Je me rendais compte que j’avais commis une erreur… Ma fièvre avait augmentée… Je retournais me coucher, essayant de stabiliser ma condition avant le nettoyage.

Après mon réveil et mes diverses préparations, je me rendais au rendez-vous. Mon état ne s’était pas améliorer, mais ce n’était pas grave, on devait simplement nettoyer un appartement, ça ne pouvait pas être une si grosse tache… Je notais ce jeu de mot quelque part dans un coin de mon cerveau.

J’arrivais en retard, probablement à cause de ma maladie, j’y rencontrais comme d’habitude Asuka et encore une fois, une nouvelle tête… Ma réflexion était obstruée par ma fièvre, mais je supposais quelque chose… Peut-être que le gigolo qui nous servait de sensei essayait de se monter son harem ? Après tout, après le premier roux, il a ajouté Asuka, puis il a viré le roux, pour le remplacer par une rousse, puis par une petite fille… Je ne savais pas s’il pouvait virer les gens, mais il était probablement celui qui les choisissait… Il avait donc des gouts très étranges… Etant donc pédophile en plus d’être un gigolo… Je n’avais pas de preuve pour l’incriminer… Je me préparais à faire attention.
A mon habitude, je gardais mes distances d’Asuka, ma fièvre me rendant vulnérable, je gardais une distance de sécurité avec elle… Malheureusement, dans l’appartement, je ne pourrais probablement pas grader cette marge. J’observais la nouvelle venue…

Chikamatsu Ruri… Elle n’attirait pas vraiment l’attention, peut-être était-ce un genre de manque de mouvement qui faisait que l’œil n’était pas attiré vers elle ? Mais en y prêtant un peu plus attention, Ruri me donnait l’impression d’être une poupée, une jolie poupée. Mes yeux brillaient en la voyant, ses vêtement étaient le seul problème, avec un peu de bon sens, elle serait vraiment extrêmement jolie… Je notais aussi cela dans un coin de mon cerveau, en faisant un de mes objectifs à l’avenir.

Suite aux explications de pédo sensei, je demandais sans vraiment attendre de réponse:

-Ne parle pas ? Est-ce qu’elle serait sourde et due à cela, refuse de parler car qu’elle évalue mal les sons qu’elle peut produire ? Ou est-ce qu’elle est muette et peut nous entendre ?

Mais bon, cela faisait du bien de voir une camarde du côté des sans poitrines. Pas que je n’en ai pas, mais que je n’en ai pas assez !

Suite à cela… Nous fûmes donc témoins de ce que voulait dire ne pas prendre soin… Ou du moins, je comprenais quelque chose… Il y a une différence entre, ne pas faire quelque chose et faire l’opposé de cette chose… Et clairement, ne pas prendre soin était ici un euphémisme. Les personnes ayant vécu ici avait clairement ruiné l’appartement… A ce titre-là, le propriétaire aurait probablement non seulement dû garder la caution, mais en plus demander des intérêts…
Et encore une fois, cette enflure nous laisse faire le sale boulot.

-Misogyne. Pensais-je à voix haute.

Je m’arrêtais ensuite à ma réflexion sur comment nous allions nettoyer l’endroit…

Quelques jours après la rencontre avec mon nouveau sensei , je recevais mon premier ordre de mission. J'ouvrais la lettre qui m'était adressée, très impatiente de partir en mission pour la première fois... Avant de tomber de haut. Du nettoyage ? C'était une blague ? Je commençais à avoir des doutes sur le sérieux de cette équipe. Je n'avais plus qu'à espérer que ce soit une mission "pour commencer" et que les "vraies" missions arriveraient en temps voulu.

Je me rendis sur les lieux. C'est aujourd'hui que j'allais rencontrer mes coéquipières, il fallait que je fasse bonne impression, même si c'était seulement en passant la serpillère. Nous avions pour tâche de nettoyer à fond un appartement destiné à accueillir quelqu'un de haut placé. Bah, ça n'allait pas être si difficile.

J'arrivais devant l'appartement. A partir de là, Ogami-sensei me présenta à mes nouvelles partenaires. La première était une grande fille rousse. Même si j'estimais avoir à peu près le même âge, nos allures étaient très différentes. Elle ressemblait vraiment à une femme. Elle avait l'air d'avoir beaucoup d'assurance et de force ; un physique pour se battre au corps à corps. J'en déduisis que c'était la Yamada.

La deuxième était par déduction la Saibogu. Je lui ressemblais davantage ; elle aussi avait un corps assez "enfantin", qui tranchait nettement avec la flamme rebelle que l'on pouvait voir dans ses yeux. Toutes deux avaient l'air d'être des femmes avec du caractère, ne se laissant pas marcher dessus. Tant mieux.

C'est en les observant qu'un détail me frappa : est-ce que notre sensei nous faisait faire la sale besogne parce qu'il estimait que le ménage était un travail de femme ? Non, sûrement que ces deux-là ne se seraient pas laissées maltraiter par un misogyne. Je les saluais toutes deux avec respect. Alors que mon sensei mentionnait mon mutisme, Saibogu Takanashi questionna mon audition. Je pris l'initiative de répondre par-moi même et sortis mon carnet. Je lui tendis la note suivante :

« Je suis très heureuse de vous rencontrer. Je ne peux pas parler, mais mon audition est parfaite. Je tiens à m'excuser pour ce désagrément. »

J'avais joint au geste un sourire, enfin de ce qu'il me semblait être un sourire. J'avais particulièrement fait attention de soigner mon écriture. Après ces rapides présentations, notre sensei nous montra l'appartement à nettoyer. Je n'en croyais pas mes yeux. Le logement était complètement dévasté.

Asuka dormait bien confortablement dans son lit via même le sol. Avec les nombreuses procédures d’intégration au village et évènements amenant sa place au sein d’une unité de Genin, elle avait eu peu d’occasion de dormir en paix. La précédente nuit fut enfin le cas. Elle récupéra ses forces de sa trop longue marche en dehors du pays, de ses moments festifs avec une famille retrouvée. Elle se réveilla à une heure matinale. La tête sortie de la tente son regard trouva un courrier dans sa boîte Ce système pour recevoir des messages, ou plutôt des missives, lui attisait sa curiosité. En voyage personne ne savait où la trouver. Alors devoir s’adapter graduellement à ce mode sédentaire testait sa patience et son adaptation. Mais le message qu’elle lisait la fit s’habiller en catastrophe. C’était aujourd’hui que le groupe se réunissait pour une mission. Une tâche banale que la jeune rousse oublia de prendre en compte alors que l’heure de la rencontre arrivait dans une bonne trentaine de minutes. Comme quoi elle avait de simples mais nombreuses routines à assimiler.

Elle trouva alors l’adresse indiquée sur le courrier. D’un sourire rassuré elle vit sa tendre amie Kotori arrivée avec son humeur aussi sobre. En fait, la jeune adolescente s’était présentée dans un état malheureux. De la fièvre et du manque de sommeil fort probablement. Asuka se sentit aussitôt triste et en grand désarroi. Sans la présence du Senseï, elle serait déjà aux petits soins de la brunette. Son imagination du moment ne lui donnait pas bonne impression alors qu’elle gloussa par inadvertance. Son regard se posa alors sur une présence moins familière qui coupa tout son de sa gorge.

Chikamatsu Ruri était devenue en l’espace de quelques secondes leur nouvelle partenaire d’équipe. Une autre demoiselle après que le disciple féminin précédent aie abandonné pour un motif personnel. Il était désagréable et gênant de voir cette équipe se comporter en moulin sans pouvoir maintenir un troisième membre en place. Asuka se devait d’être courtoise mais loin de s’attendre à la garder pour plus longtemps que quelques heures ou quelques jours. La tenue de Ruri se distinguait sans éveiller aucune réaction. L’habit ne voulait rien dire ou presque. Asuka s’habillait plus comme un garçon mais il fallait la découvrir comme le faisait Kotori chaque jour. D’ailleurs, celle-ci répondit à son habitude avec des questions qui voulait plus critiquer qu’avoir une interrogation sérieuse.

Leur Senseï expliqua la mission du jour : un grand nettoyage d’été dans une petite maison dans le pays éternel de la chaleur estivale. Une mission de rang D était destinée aux débutants bien entendue. Toutefois, ce genre de tâche était, comment dire, inappropriée pour une Yamada. Entrer dans ce qui s’apparente à un champ de bataille entre gamins réveillait un sentiment d’inconfort. De plus, il était étrange de trouver ce capharnaüm comme un incident naturel, comme quelque chose d’involontaire. Elle évita de répliquer et inspecta les lieux d’un œil contrarié.

- Dit Takanashi, tu ne sens pas une odeur familière en marchant dans ce foutoir ? C’est suspect. Mais bon, il faut bien travailler nos doigts d’anges maintenant. Je commence à ramasser les objets plus ou moins lourds.

À ce moment précis le professeur se retira et partit glander où bon il lui semblait. Comme à son habitude, comme un mystérieux individu cachant ses secrets. Asuka ferma la porte avant de prêter attention au message de Ruri. Muette, elle écrivait bien ses réponses sur papier. La rouquine hocha la tête avant de venir la saluer d’une poignée de main. Elle se présenta et incita Kotori à faire de même en la « menaçant » de lui tenir compagnie de près sinon.

- Ne t’en fait pas Ruri, c’est que moi et Takanashi avons une relation unique. En vérité, nous nous entendons très bien. Bref, tu veux te charger d’épousseter la saleté ? Remettre les trucs en ordre ?

Sentir ? Mais de quoi elle parlait ? J’essayais de comprendre ce qu’elle voulait dire, mais peut-être à cause de mon état, je n’arrivais pas à sentir la moindre odeur… Je lisais ensuite la note de Ruri avant de sourire légèrement sous mon écharpe.

-Ce n’est pas grave, Chikamatsu-ch… san.

Merde, j’avais presque pas fait attention à son âge éventuel… Et j’allais me fier à son apparence. Hum, c’était étrange ? Aurais-je fais attention à une telle chose en temps normal ?

Asuka me força indirectement à saluer correctement Ruri.

-Ah… Excusez-moi, je me présente à nouveau, Saibogu Ko… Takanashi, appelez-moi comme vous voulez~

J’avais failli commettre une erreur irréparable, surtout en présence d’Asuka… Je paniquais légèrement, détournant mon regard de celle de mes équipières…

Je serrais alors mon écharpe devant ma bouche pour ne pas respirer de poussière… Je me rappelais alors de l’état de mon atelier et de ma chambre… J’étais définitivement du côté de ceux qui n’étaient pas ordonnés… J’allais alors demander quelque chose…

Lorsqu’Asuka exprima son point de vue sur notre relation…

-Alors, déjà il est impoli de parler de soi, puis de autres, dans le cas présent, utilise Takanashi et moi et ensuite, je n’étais pas au courant de ce genre de relation, si j’avais le choix, je préférerais bien m’entendre avec Chikamatsu…san plutôt qu’avec toi. Disais-je en la mitraillant des yeux.

Ce n’était pas parce que j’étais en mauvais état que j’allais laisser passer ça. J’avais l’impression cependant d’avoir perdu, car elle avait visiblement dit ça pour que je réagisse. Je me demandais même si elle pouvait garder le secret sur ce qu’il s’était passé alors qu’elle disait aussi ouvertement qu’elle pense qu’on s’entend bien alors que tout montre le contraire.

Cette… A cause d’elle j’avais perdu le moment idéal où demander ce que je devais faire… Depuis toute petite j’écoutais ce que disaient mes parents pour nettoyer, depuis qu’ils sont plus là, je nettoie seulement lorsque c’est vraiment nécessaire… Et encore, si on peut appeler ça nettoyé…

J’avais alors deux choix… Enfin, deux personnes vers qui m’adresser et vu mes préférences, je n’avais qu’un choix… Je m’approchais alors de Ruri pour lui demander en chuchotant après lui avoir fait signe de la main de s’approcher un peu :

-Euh… Comment dire… Je sais absolument pas comment nettoyer alors si t… Vous pouviez me dire ce que je dois faire. Je veux éviter qu’A… de demander à Yamada, alors je ne peux que compter sur vous…

L'état de l'appartement était tel que je ne savais même pas par où commencer. De plus, il régnait une ambiance assez étrange. La Yamada avait décrit leur relation comme "unique", mais ça m'avait l'air plus compliqué que cela. La grande rousse semblait très proche de la Saibogu - ou du moins souhaitait l'être -, alors que cette dernière la repoussait. Une histoire d'amour à sens unique ? Enfin, ce n'était pas mes affaires, puis je ne comptais pas leur poser de questions. J'analysais, c'est tout.

La plus jeune de mes coéquipières semblait en mauvais état, sans pour autant que ce soit alarmant. Elle ne devrait pas respirer la poussière ou fournir trop d'efforts, au risque d'aggraver son état de santé. Lorsque Yamada Asuka me proposa de faire la poussière, c'est tout naturellement que je partis en quête d'un chiffon en lui faisant un signe "oui" de la tête. Pas que faire la poussière soit une tâche très passionnante, mais il fallait que je montre que je pouvais avoir l'esprit d'équipe.

J'avais trouvé le placard où demeuraient les produits de nettoyage lorsque je sentis une présence derrière moi. Saibogu Takanashi se trouvait là, et me chuchota discrètement :

« Je sais absolument pas comment nettoyer alors si vous pouviez me dire ce que je dois faire... »

Elle voulait également que Yamada ne soit pas au courant. Décidément, leur relation était loin d'être facile. Elle était sûrement plus jeune que moi. J'étais enfant unique, mais j'aimais penser que j'allais pouvoir me comporter comme une grande soeur, bien que ma coéquipière soit plus grande que moi...

Je lui proposais alors qu'on aille nettoyer la cuisine, de sorte à ce que je puisse lui montrer les tâches à faire sans éveiller les soupçons d'Asuka. Ne connaissant pas tout à fait leur relation, j'espérais que la rouquine ne vit pas en cela quelconques histoires de rivalité. Je lui présentais mon plan par écrit, et cela sembla lui convenir.

En arrivant dans la cuisine, c'est une immense pile de vaisselle qui nous accueillit. Je ne sais pas combien de temps était resté l'ancien locataire, mais une chose est sûre : il n'avait pas dû faire la vaisselle bien souvent. Lors de l'attaque sur les assiettes et autres ustensiles sales, une routine se mit en place. Je lavais les plats, et Takanashi les essuyait. J'espérais que le silence ne soit pas trop pesant.

(#) Sujet: Re: Le grand ménage (Yunitto) Ven 1 Jan 2016 - 19:37

Asuka rigola de plaisir. Sa menace ayant été une réussite, son amie se contraint à se présenter. Elle imaginait alors toutes les opportunités où elle pourrait mettre Kotori dans des situations fort probablement gênantes, mais nécessaire pour le développement de l’adolescente. Elle connaissait la Saibogu assez pour connaître des qualités mais aussi sa plus grande faiblesse. Ce n’était pas dans un but malveillant que la Yamada poussait la brunette dans une direction ou dans l’autre, juste sa façon d’extérioriser une camarade qui en avait sérieusement de besoin. Un pas à la fois, un jour à la fois, cette jeune deviendra une femme magnifique. La rousse resterait jusqu’à ce jour sa voix de la raison, celle lui murmurant doucement dans son oreille. De plus, la réaction de Kotori se rangeait dans son comportement habituel. Aucune grippe ou rhume ne changerait les répliques foudroyantes et mignonnes de celle-ci.

- Chikamatsu se sentira bien et en sécurité avec nous deux. Ogami le ecchi sera incapable de poser un doigt sur son kimono. Je peux te faire confiance là-dessus.

Rassurée par la réaction anticipée, Asuka tint parole et la laissa nettoyer par elle-même tout de suite après une tape sur l’épaule de sa camarade d’équipe. Elle se tourna alors vers la saleté, vers ces objets devenus inutilisables pour cet appartement. En tant que Yamada, le matérialisme ne serait jamais un idéal très populaire. Malgré sa tolérance, elle commençait à ressentir cette nervosité que sa famille ressentirait si jamais ils se trouvaient aussi à l’intérieur. L’envie de crier sa frustration était séduisante, une tentation quasi irrésistible. À la main, les détritus se firent ramasser et jeter dans un sac poubelle. Même son clan devait faire le ménage dans les tentes et après des festins. D’un grognement faible, elle jeta le sac de déchets dehors sur le côté du seuil de porte avant qu’elle puisse soupirer de soulagement. Ce n’était qu’un premier sac mais agréable défoulement de faire disparaître ce bazar un aller-retour à la fois. Surtout que les pièces devinrent plus espacées au fil du temps.

D’un coup d’œil vers a cuisine, elle voyait Kotori et Chikamatsu au nettoyage des vaisselles sales de la cuisine. Silence un peu gênant entre les trois demoiselles de la team Yunitto mais compréhensible. Ne cherchez pas le jacassement entre une muette et une adolescente malade et timide. La rousse se gratta l’arrière de la tête. D’un geste elle se trouva un balai pour balayer les miettes sur le plancher. Puis elle hocha la tête pour soi-même. Retournant voir ses deux camarades, elle leur demanda de l’eau dans un seau, du savon et un chiffon pour rendre le plancher aussi luisant qu’une oasis.

- Au fait, Chikamatsu-chan, comment tu as été recruté par le senseï ? Si tu veux, prend une petite pause pour tout décrire sur toi. Personnellement, tu sembles mysétrieuse et avoir long à nous dire.

(#) Sujet: Re: Le grand ménage (Yunitto) Mer 13 Jan 2016 - 18:20

La vaisselle s'était finie comme elle avait commencée : dans le silence. Je savais pertinemment que c'était dû à ma nouvelle présence dans l'équipe, mais surtout à cause de mon mutisme. Toutes deux avaient l'air encore plus mal à l'aise que moi, si ce n'est plus. Décidément, j'avais de grosses lacunes en socialisation.

Au moment où je récurais la dernière casserole de la maison, Yamada Asuka vint nous demander de l'eau et du savon pour récurer le sol. Elle m'invita au passage à me présenter plus amplement, chose que j'allais faire et qui allait prendre un petit moment. Après tout, une pause ne nous feraient pas de mal. Je sortis donc mon calepin d'une poche intérieure de mon habit.

J'avais acheté ce petit bloc-note et son mini-stylo assorti au marché de Suna, le jour avant ma rencontre avec le sensei. Il était dans les couleurs pastels avec des fleurs sur la couverture. Cela ne me ressemblait pas trop mais bizarrement, je l'aimais bien. Les couleurs douces étaient apaisantes, et c'était pour moi un accessoire indispensable.

« Comme vous l'avez peut-être deviné, je suis Marionnettiste. J'aimerais beaucoup vous présenter ma marionnette pour commencer. »

Je leur montrai le mot directement sur le calepin sans arracher la page, car j'allais devoir de toute façon réécrire dans quelques instants. Au bout de quelques secondes, après m'être assurée qu'elles avaient eu le temps de lire la note, je me mis au travail. J'invoquais ma marionnette juste sous leurs yeux. Je ne sais pas si c'était la première fois qu'elles en voyaient une, mais je savais que c'était assez impressionnant au début.

« Je l'ai nommé Tarō. »

Deuxième note. Je le fis avancer jusqu'à elles et faire une révérence. Cela m'amusait assez, et un sourire était dessiné sur mes lèvres. J'aimais être Marionnettiste.
Puis je poursuivis ma présentation. Cette fois-ci, j'écrivis tout d'un coup.

« J'ai eu 18 ans il n'y a pas très longtemps et je suis Genin. J'ai été élevée dans la pure tradition des Chikamatsu. Je ne suis pas née muette, je le suis devenue vers mes 10 ans, petit à petit. »

Inutile de s'attarder sur le sujet.

« Je suis fille unique. J'aime beaucoup lire et améliorer ma marionnette, la réparer. J'aime aussi observer les insectes, surtout les chenilles et les fourmis. »

Ça y est. Si elles ne me trouvaient pas bizarre avant cela, c'était désormais le cas.

« Un peu avant mes 18 ans, j'ai fait une demande pour intégrer une équipe. Et c'est Toshiro Ogami qui y a répondu. Je serai très heureuse de bien m'entendre avec vous, pour l'équipe mais aussi pour devenir amies si vous le souhaitez. J'aimerais bien en savoir un peu plus sur vous. Ah et au fait, est-ce que l'on pourrait se tutoyer ? »

(#) Sujet: Re: Le grand ménage (Yunitto) Sam 16 Jan 2016 - 18:20

Assis derrière mon bureau, je laissais légèrement pencher ma tête en arrière en posant ma main droite sur mon front. Je réfléchissais quelques instants, en imaginant ce qu'elles pouvaient bien faire-... Plus intéressant encore, avaient-elles trouvé quelque chose de compromettant à mon égard ? Peut-être que j'avais oublié un objet pouvant les ramener à moi ? Je n'en savais trop rien à vrai dire. Je n'avais pas fait ça comme un professionnel, ce ne serait pas vraiment étonnant dans ce cas. Peu m'importait à vrai dire, le but n'était pas de nettoyer un logement non, c'était surtout de leur permettre de faire connaissance et d'en apprendre plus les unes sur les autres. Le travail d'équipe pouvait servir dans ces cas, c'était prouvé.

Pour ma part, je n'étais pas sociable il y avait encore plus d'une année, le temps, mes proches et mon équipe nommée Midorhato m'avaient permis de passer au-dessus de cela. Je restais quelqu'un de plutôt « inexpérimenté » dans la matière, mes élèves en savaient peut-être plus sur moi. Ce n'était pas à exclure, enfin...

Non pas que je m'inquiétais mais je pensais à Ruri, son mutisme rendait la tâche un peu plus compliquée mais je ne doutais pas de ses partenaires ; Elles allaient à coup sûr l'épauler dans la tâche et découvrir des choses sur la damoiselle. En apprendre sur sa vie était déjà un bon début, Asuka et Takanashi se connaissaient déjà, un lien s'était sûrement formé entre les deux Kunoïchis. Cela ne devait pas poser de problème pour la suite, enfin, je pensais à ça mais ce n'était peut-être pas sûr. J'avais déjà du mal à comprendre Takanashi avec ses réflexions et pensées étranges, alors supposer un « lien » entre deux de mes élèves..

Quelle histoire, je préférai de loin combattre des adversaires que réfléchir à ces choses-là. Je jetai un coup d’œil sur le côté, l'heure avait tourné. Elle avoisinait les midi, l'heure de la pause. Je pris un peu d'avance sur mes tâches pour me dépêcher. J'enfilai ma veste posée sur le dossier de ma chaise avant de sortir du quartier général du Kakumeigun.

Après quelques minutes de marche, je me retrouvai devant un petit étal. Un homme proposait sa cuisine, il la faisait même devant nous. On pouvait sentir la fraîcheur de ses aliments, on pouvait même le voir. N'étant pas un piètre cuisiner, je comprenais et arrivais à discerner le bon du mauvais. Sa femme vint alors devant moi après avoir servie les autres clients, j'exprimai alors mes souhaits en faisant des signes de la main.

Le prix final ne m'étonna guère, le poisson venait directement d'Odaichi, la capitale. Il était non seulement exporté mais avait traversé le désert. Le coût influé à cause de ça, ce n'était pas dérangeant. J'économisais depuis un moment et en tant que Chûnin et membre du Kakumeigun, ma paye était plutôt confortable. Je pris le sac plastique en tendant en même temps l'argent à mon interlocutrice, je me dirigeai de ce pas vers mon appartement pour y retrouver mes élèves.

Une fois arrivé, je pénétrai dans ma demeure. Je vis aussitôt le travail accompli, les heures étaient passées et elles s'y étaient mise sérieusement. C'était une bonne chose, vraiment. L'air sérieux, j'examinai un peu le tout sans dire un mot.

« Vous avez déjà fait du bon boulot à ce que je vois, venez dehors, c'est l'heure de la pause. »

J'attendis devant un muret en face de chez moi mes élèves. À côté de ce muret se trouvait un petit banc, suffisamment grand pour les membres de l'équipe Yunitto. Je tendis le sac de nourriture à Asuka que je voyais étrangement comme la personne la plus mure de cette équipe. Cela dit, je n'avais encore que très peu discuté avec l'arrivante.

« Je vous ai acheté à manger, normalement c'est de la bonne qualité. Vous êtes fatiguées peut-être ? »

Le sac de nourriture contenait diverses denrées ; Il y avait des brochettes à la viande, chameau, bœuf, poulet ainsi que du riz et des sushis. Des sauces dans de petits sachets étaient aussi à disposition. Il était l'heure de discuter, j'avais enfin la chance d'avoir trois élèves en même temps. Je devais parler sérieusement. Je repris mon expression habituelle, laissant mon regard presque vide et froid.

« Comme vous devez le penser, cette mission est loin d'être glorieuse. C'est plus un prétexte pour une rencontre qu'une réelle mission, je veux instaurer une once de travail d'équipe avant de nous lancer dans quelque chose de plus important. »

Je marquai une pause de quelques secondes, récupérant ce qu'il restait de nourriture pour me nourrir après m'être exprimé.

« La prochaine fois, je demanderai une mission classifiée B. Les risques sont plus importants mais c'est sur le terrain que vous allez le plus apprendre. Je veux que cette équipe grandisse, je veux vous donner les outils pour atteindre vos objectifs. »

Il y avait peut-être une différence, à quelques mots près mais le discorus que j'allai présenter était le même que celui de mon senseï. À mon entrée dans le Midorhato, c'était de cette façon qu'il s'était exprimé, il m'avait donné une motivation, un support que j'avais réellement apprécié.

« Nous allons nous entraider, comprenez-vous où je veux en venir ? Chacun d'entre vous aidera chacune des personnes présentes dans l'équipe pour accomplir ses rêves, pour atteindre ses objectifs comme dit. C'est peut-être abstrait, peut-être utopique mais le bras droit du Kazekage, Kibo m'a aidé de cette façon il y a de ça quelques temps. J’espère faire de même avec vous. »

D’un sourire convaincant, elle se servit elle-même de l’eau et du savon, donnant à la muette demoiselle le temps d’utiliser un note bloc pour présenter en bonne et due forme. Une fois son seau prêt, Asuka commença à lire les mots du cahier. Une marionnette fut invoquée, éclaircissant bien les pouvoirs de la nouvelle venue. Le pouvoir de contrôler une arme à distance avec toutes sortes de pièges mortels mais avec un corps bien vulnérable. Sa nature de Yamada lui faisait questionner cette tradition alors qu’il était décevant de la voir ouverte à de multitude de failles dans sa défense. En fait, elle craignait l’idée que Ruri puisse être une proie facile. Asuka détourna le regard vers son seau afin de ne pas montrer ses doutes. Quoi de plus déroutant que de découvrir par la suite que la demoiselle était muette par choix. Les pensées se chamboulaient dans la tête de la rouquine, acquiesçant aux mots du cahier. Asuka Balbutia, craignant de dire quelque chose de vexant si sa pensée s’emportait.

- Je ne comprends pas cette tradition. Elles sont faites pour donner un compas moral pour le bien d’un clan. Parler est un acte si naturel, comme un animal qui grogne ou lâche des sons. Pourquoi vous priver de cela, d’un pont qui relie aux autres ?

Asuka fit signe à Ruri de ne pas répondre tout de suite. Un débat idéologique ne l’intéressait pas, encore moins de montrer de la distance quelconque pour un être doux qui méritait sa chance d’être accepté. Elle alla s’occuper du plancher de l’appartement. Elle le rendit si propre que la lumière s’y reflétait dessus. De sa main elle ouvrit une fenêtre pour laisser le souffle du vent, soupirant de réconfort.

- Je suis Yamada Asuka. J’ai vécu avec mes parents pendant de nombreuses années à travers les pays du continent. C’était le rêve de mes parents de faire ce long périple et revenir chez les nôtres. Mais la guerre a éclaté et je les ai perdus. Nous les Yamada sommes attachés à la nature, pour faire simple.

Des heures s’étaient écoulées depuis le début du ménage. Les déchets dehors et l’appartement immaculé, Asuka s’écroula sur le plancher en lâchant des expirations. Elle se sentait mal à l’aise de montrer de l’épuisement pour un boulot de rang D, vraiment. Voulant se remettre sur les pieds, elle remarqua une enveloppe perdue en-dessous d’un meuble du salon. Le nom inscrit dessus la fit froisser des sourcils. Étonnement, choc, mécontentement, ses émotions plongea l’appartement dans une forte chaleur. Avec de la chance, elle ne transformerait pas la résidence en fournaise pour ses amies. Elle rangea l’enveloppe dans sa poche quand le Senseï fit son apparition. Heureusement, tout le monde sortit dehors pour ce qui serait une collation plus que méritée pour le boulot de bonne. On lui présenta le sac de victuailles qu’elle prit avec un regard inquisiteur et un sourire forcé. En même temps que le repas, elle avala l’annonce d’Ogami.

- C’est une bonne idée de nous présenter à Chikamatsu-chan. Toutefois le ménage et une mission de rang B, ce n’est pas le même monde. Nos pouvoirs ont encore besoin de grandir.

Asuka apprécia les brochettes de viande avec un appétit vorace, oubliant la mauvaise surprise de l’enveloppe révélateur. Elle partagea le reste du sac avec les deux autres demoiselles en échangeant une expression douce envers Ruri. Ça lui faisait maintenant mal de l’avoir critiqué sur son mutisme volontaire. Quoi que, comme Ogami le disait, il y avait une première once d’esprit d’équipe forgeant le trio féminin.

- Ça me fera plaisir d’aider mes amies. Je n’ai aucun intérêt économique ou matérialiste. Je vais donner ma force pour les défendre et toucher à leurs rêves. Je connais à peine Chikamatsu, mais je l’aime tout comme Takanashi-chan.

La "mission" était terminée. L'appartement était resplendissant. Il n'avait jamais dû être aussi propre que depuis sa création. Asuka s'était présentée elle aussi, mais elle se méprenait sur mon mutisme. Je voulais attendre que toute l'équipe soit réunie pour expliquer plus en détail.

Comme s'il nous observait, notre sensei fit son apparition dès la besogne terminée. Il avait apporté le repas et nous invitait à le prendre ensemble dehors. Installés sur un banc, nous prenions le soleil. Il ne brûlait pas encore et c'était agréable.

C'est lorsque qu'Asuka me fit passer le sac de nourriture que je réalisais que j'avais faim. Je n'avais aucune idée de l'heure, mais d'après le soleil, midi était déjà passé. Je me servis des sushis et d'une brochette de poulet, en remerciant notre sensei. Bizarrement, j'avais la sensation que mes coéquipières ne l'appréciaient pas plus que ça.

Ogami avait commencé un discours portant sur les valeurs et les objectifs d'une équipe. Asuka l'avait interrompu une fois. Elle ne digérait pas le fait qu'on ait du nettoyer un appartement. Elle se sentait sûrement moquée et je la comprenais au fond, aussi bien que je comprenais les motivations d'Ogami-sensei à propos de cette mission.

J'attendis la fin du repas pour entrer dans les explications. Il fallait que je fasse attention aux mots que je choisissais. Je ne voulais pas encore d'une fausse interprétation. Dans tous les cas, j'espérais que l'équipe serait compréhensive et ouverte d'esprit. Il faudrait beaucoup d'ouverture d'esprit pour comprendre ma situation. Même sans la comprendre, j'espérais qu'ils accepteraient. Beaucoup de gens se fermaient ou me regardaient comme si j'étais stupide quand ils apprenaient que j'étais muette.

« Je souhaite approfondir les explications à propos de mon mutisme. »

Je donnais ce premier papier à mon sensei, qui le fit suivre à mes coéquipières. Je leur laissais le temps de se préparer à ce qui allait suivre le temps d'écrire. Le silence s'était abattu sur le groupe.

« Je ne suis pas née muette. Je le suis devenue avec le temps. Seulement, ce n'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeler un choix. Ou alors un choix qui m'a été imposé. J'ai été obligée de me réfugier dans le mutisme, car c'était le seul moyen de me protéger de la folie. »

Ce dernier mot avait été le plus dur à écrire. Ces souvenirs faisaient mal comme un fer chauffé à blanc dans mon esprit.

« Depuis, j'ai tout simplement oublié. Je ne sais plus comment on fait. Et d'un côté, ça me rassure. C'est réconfortant. »

« Mais je veux essayer et faire des efforts, pour l'équipe. C'est difficile à comprendre, mais ce n'est pas une chose aisée pour moi. J'espère que vous pourrez comprendre et m'accepter malgré tout. »

Le dernier billet avait été transmis. Je guettais la réaction de mon équipe.

Prendre un déjeuner avec mes élèves me semblait être une bonne idée, ça pouvait sûrement renforcer nos liens. J'avais déjà mangé de nombreuses fois avec mon maître, lors d'un repas on pouvait parler plus facilement et sûrement maintenir une discussion intéressante ; Enfin, ce dont j'étais presque sûr c'était que faire le ménage pouvait ouvrir l'appétit. Si ce n'était pas pour fortifier, créer des liens, cela serait pour assouvir leur faim. J'avais donc confié un petit sac de nourriture à celle que je pensais être la plus mûre de l'équipe. C'était ce que je pensais mais je n'avais pas encore eu le temps de faire plus ample connaissance avec la dernière arrivée. Une fois le conteneur prit, la descendante du clan des Nomades prit la parole. C'était selon elle une bonne idée de présenter Ruri. Elle l'appelait Chikamatsu-chan. J'écarquillai légèrement les yeux après l'entente de ce suffixe, étaient-elle déjà si liées ?

Mais n'étant pas si important que cela, je passai pour écouter la suite. Elle parlait de la mission disant que leurs pouvoirs avaient encore besoin de grandir. Sur le fond, la Yamada n'avait pas tort du tout, bien au contraire. La réalité était tout autre pour moi, une mission sous pression allait peut-être faire ressortir le bon comme le mauvais de notre équipe. De ce fait, c'était pour moi presque indispensable. Je pouvais assurer une quasi sécurité, le risque zéro n'existait pas mais je pensais pouvoir protéger mon équipe en cas de problème. Je pris un air sérieux comme à mon habitude pour répondre à sa question.

« Ce n'est pas en effet le même monde Asuka. J'ai fait ce choix pour plusieurs raisons. Je veux voir comment vous vous débrouillez en situation de crise, je veux voir ressortir vos meilleures qualités et vos plus grands défauts. »

Une mission de rang B n'était pas chose aisée, elle pouvait mener à des combats féroces. Ce n'était pas comparable à une mission classifiée A mais le danger était tout de même présenter. Si elle était inquiète, je ne pouvais que la comprendre. La damoiselle aux cheveux écarlate reprit la parole, une nouvelle fois. Elle était prête à aider ses partenaires et utiliser à nouveau un suffixe familier, finalement c'était sûrement sa façon d'être. Cela ne pouvait qu'être une bonne chose. Je fermai les yeux quelques secondes en baissant la tête pour approuver les dires de la Kunoïchi. C'était bien, très bien même. C'était maintenant au tour de la petite dernière de « prendre la parole », elle me tendit un morceau de papier. Je pris soin de le lire avant de le passer à mes autres élèves, elle souhaitait simplement s'expliquer sur son mutisme.

C'était un choix et j'avais déjà eu vent de cette information lors d'un entraînement. Un entraînement où elle s'était parfaitement débrouillée, elle disposait de capacités intéressantes. Ruri parlait de folie, j'avais du mal à comprendre où elle voulait en venir-.. J'avais beau réfléchir, sans indice je ne pouvais obtenir des réponses à mes nombreuses interrogations. Je n'étais pas assez indiscret pour lui demander de quoi il en ressortait. Petit à petit elle écrivait et je faisais passer à Asuka et Kotori. Elle s'était ouvert à nous, l'équipe avait fait un petit pas en avant.

Je décidai donc de prendre la parole en premier.

« Tu es acceptée Ruri et ce avant même notre affrontement. Tu t'es exprimée sur un sujet sûrement sensible et c'est une bonne chose je pense. Je n'exige pas le pourquoi du comment, fais comme bon te semble. »

Elle l'était et c'était une certitude, elle se trouvait être une membre à part entière du Yunitto et elle le resterait jusqu'à sa démission ou sa mort ; Préférant tout de même la première option à la deuxième. Je finissais une brochette de viande pour faire un sourire à la manieuse de pantins. Je me frottai les mains quelques instants tout en réfléchissant à la suite. Je pouvais rejoindre les bureaux du Kakumeigun ou simplement m'occuper de la « mission » à leurs côtés. Ce n'était que fictif après tout et puis elles ne tarderaient pas à l'apprendre.

« Je me joins à vous pour cette mission, allons-y. » Dis-je avec un air sérieux..

Après tout j'étais chez moi et personne d'autre que moi ne pouvait ordonner ma demeure.

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