Ces derniers jours, il semble que les autorités du centre hospitalier aient autorisé une certaine permission à l’amnésique – suite aux récents événements et son incapacité de rester en place, tout ceci n’était qu’une question de temps. Effectivement, après s’être assuré que le garçon est tout à fait inoffensif et ne représente guère une menace pour l’intégrité du village du sable, il lui est permit de s’aventurer dans les environs à condition de revenir à sa chambre à une quelconque heure déterminée, sûrement avant le coucher de l’astre solaire. Néanmoins, il est impossible de faire comprendre une telle chose à un garçon qui ne sait ni lire, ni écrire ; qui ne comprend pas la langue parlée et qui ne sait absolument rien du monde qui l’entoure. Sous ces conditions, une telle permission peut signifier la mort pour le concerné selon les circonstances qui suivront cette permission. La curiosité a déjà été la fin de plus d’un chat en ce bas monde. Il lui faut donc attribuer un gardien. Un baby-sitter, littéralement. Et qui donc est plus compétent pour accomplir cette tâche qu’un visage qui est familier au jeune homme pour lui donner un sentiment de sécurité ?

Hélas pour le Sunajin, dénommé Kawaguchi Kira, il est choisi pour surveiller l’adolescent. Son devoir, qui est de nature primordiale et sera certainement reconnu aux yeux de la nation, est de surveiller le borgne et éviter qu’il commette un acte pouvant nuire à la sécurité de la cité du vent et ses habitants. Et s’il représente à un quelconque moment, employer les mesures nécessaires pour le neutraliser. Si, bien sûr, il représente une menace. En quelles circonstances un jouvenceau ne sachant lire, écrire, parler et se battre peut-il devenir un ennemi public ? Certainement grâce une multitude d’événements malchanceux, oui. Prions que cela ne se produise point, car la possibilité, pourtant quasi inexistante au premier abord, pourrait être plus élevée qu’on puisse le croire initialement.

Ses ordres sont clairs. Pourtant, un boulot comme celui-ci n’est rien d’autre qu’une mauvaise blague. Qu’il y a-t-il d’important à observer un adolescent agissant comme un gamin en plein centre-ville ? Le moindre truc qu’il trouve intéressant, il s’en approche et l’inspecte sous tous les angles possibles. Ces intentions ne semblent pas être mauvaises, alors pourquoi s’obstiner à lui coller quelqu’un sur les pattes ? Néanmoins, le Sunajin n’a point le droit de contester son devoir. Il n’est qu’un Genin, le creux de la hiérarchie. En soi, une merde. Ainsi, il est obligé de RP avec moi pour me garder à l’œil. Voilà. Lmao.

Comme spécifié ci-dessus, le brun ne représente point une menace pour la populace. Il ne fait que regarder, toucher discrètement. Même les choses les plus simples l’émerveillent. Des fois, on le traite d’impolie. D’autres, on se demande d’où sort cet enfant sauvage qui ne semble rien connaître des normes sociales qu’il faut respecter. Un brin dérangeant et perturbant, mais guère dangereux. Heureusement qu’il ne vagabonde pas à l’extérieur en tenue d’hôpital comme la dernière fois. Cette fois, on lui a donné le luxe de porter la cape que Tsukiko lui a donnée, ainsi qu’un t-shirt sous le vêtement et un short lui arrivant légèrement sous les genoux. Il faut savoir être décent un minimum en publique tout en gardant le corps assez aéré pour ne pas qu’il subisse un épuisement par la chaleur sous un climat tel que celui du désert.

Les cloches de midi retentirent. L’étoile est désormais haute dans les cieux azurés. Son errance le mena par hasard jusqu’à l’un des nombreux terrains d’entraînement de la capitale. Le balafré observa cet espace vide. Ce n’est qu’une zone de sable avec quelques éléments en plus, comme des piliers, d’énormes rochers et autre. Le terrain parfait pour s’entraîner sans mettre en danger le village et ses habitants. Cependant, il ne peut comprendre que ce lieu ait un tel but. La première théorie qui traverse son esprit est qu’il s’agit d’un terrain de jeu, désigné pour se divertir – faire du sport, par exemple.

Plus loin sur le terrain, sa prunelle marron fut attirée par de nombreuses silhouettes. Il utilisa sa main comme visière pour éviter d’être ébloui par la lumière aveuglante du soleil. Il distingua des enfants escaladant ces hauts piliers en n’utilisant que leurs pieds. Certains atteignirent même le sommet de ces colonnes hautes de deux dizaines de mètres et lévitèrent à la verticale – ou plutôt, la semelle de leurs chaussures collent sur la surface de la stèle. Stupéfait d’un tel spectacle, son regard dériva sur un pilier voisin. Il s’en approcha et posa la semelle de sa sandale sur sa surface. Néanmoins, après de multiples essais, il comprit que cette méthode ne fonctionnera point. C’est sur cette conclusion qu’il recula de plusieurs pas avant de fuser vers la colonne, comme le faisait les aspirants ninjas. Il posa son premier pas, puis le deuxième. Le troisième vint également, mais la semelle glissa à cet instant. Résultat : l’amnésique tomba directement sur le dos, le sable amortissant sa chute. Il resta ainsi pendant plusieurs instants à fixer le ciel bleu, son esprit blanc.

Un véritable spectacle de clown pour le Kawaguchi.

Spoiler:

Pourquoi moi? Mais... pourquoi!!! Je devrais être en train de m'entraîner comme le font les autres genins qui participeront à l'examen. Et à la place je perds mon temps à suivre un espèce d'autiste dans les rues du village dans le seul but de m'assurer qu'il ne cause pas de problèmes. Ce qui vu son état relève presque de l'impossible. Je perds clairement mon temps. J'ai un village à reconquérir. Et le jeune homme représente clairement un obstacle pour objectifs. Les bras croisés et les dents serrées, je suis mon pupille au gré de ses pérégrinations. J'essaie tout d'abord de trouver un but à ses déplacements puis me résigne: il avance au hasard j'ai l'impression.

*Et en plus il se sent obligé de s'arrêter pour s'émerveiller sur tout ce qu'il croise!* je soupire. *Non mais sérieux qu'est-ce que cette horloge a d'intéressant, hein?*

Et ce n'est pas le seul objet auquel il s'intéresse. On dirait presque qu'il découvre toutes ces choses pour la première fois alors qu'elles sont plutôt courantes dans l'existence d'une personne civilisée. Et le pire c'est que je ne peux pas vraiment le frapper parce qu'il ne fait rien de répréhensible. Et pourtant croyez-moi: ce n'est pas l'envie qui manque. Je suis à l'affût du moindre faux pas qui me fournirait une justification pour le blesser sérieusement. Mais il ne m'en donne aucune. Et je suis obligé de subir... Est-ce qu'il est malin ou simplement déconnecté de la réalité comme certains médecins semblent le penser? Dans les deux cas il reste irritant, ça c'est sûr...

Finalement nous nous retrouvons au niveau des terrains d'entraînement et l'inconnu recueilli par le village semble porter un intérêt absolu à l'un des pylônes dont les jeunes se servent pour apprendre à marcher sur des surfaces verticales à l'aide de chakra infusé dans la plante de leurs pieds. Un exercice extrêmement simple avec le recul même si je dois reconnaître qu'à l'époque il ne m'avait pas semblé si évident que ça. Adossé contre l'un des murs qui flanquent les terrains, clope au bec, j'observe l'adolescent prendre de l'élan. J'hésite: va-t'il réussir ou lamentablement se planter? Finalement c'est la deuxième option qui prédomine...

Je soupire et m'approche de lui tandis qu'il gît sur le sol. Je m'arrange pour que l'ombre que je projette le recouvre et qu'il puisse ainsi m'observer de son seul oeil valide. Je vais devoir prendre les chose en main mais ça me dérange. Seulement voilà: tant que ce type ne sera pas capable de se débrouiller seul je devrai être constamment sur son dos. Il devra toujours prouver qu'il ne représente pas la moindre menace, c'est vrai. Mais plus vite il sera autonome et plus vite je peux espérer m'en débarrasser.

"Putain d'handicapé...!" je renifle de dédain. "Tu commences par traverser le désert en mode touriste et voilà que tu te mets à l'escalade acrobatique? Ce sera quoi la suite? La chute libre sans parachute?"

Je hoche tristement la tête de gauche à droite et pousse un énième soupire avant de prendre un peu de recul. J'imagine qu'il n'a pas compris un seul traître mot de ce que j'ai pu lui dire. C'est la cerise sur le gâteau, ça!

"Je sais même pas pourquoi je perds du temps à te parler! Tu captes que dalle de toute façon! Allez, debout!"

Je lui fais signe de se relever puis finalement l'agrippe par le col pour le forcer à me suivre. Je ne le lâche pas jusque ce qu'on soit à la bibliothèque de l'académie. J'arpente alors les rayons à la recherche d'un ouvrage de base bien précis et le balance à mon prisonnier-qui-ne-l'est-pas-vraiment-en-fait.

"Maîtrise du chakra, volume un!" je lui désigne le livre. "Tu vas me faire le plaisir de lire tout ça! Ou au moins de regarder les dessins qui illustrent ce livre puisque tu adores ça si je me souviens bien! Désolé mais cette fois il n'y a pas Jax pour t'en faire des personnalisés!"

Je l’assois de force sur l'une des chaises libres et prends place en face de lui, jambes croisées sur la table. Me voici réduit à de nouveau arpenter ces lieux que je n'ai plus fréquentés depuis l'académie. Super la promotion... En tout cas une chose est sûre: aucun de nous deux quittera ces lieux tant que l'inconnu n'aura pas réussi à marcher ne serait-ce que quelques pas sur l'un des murs. Comment il va s'y prendre? C'est pas mon problème! Qu'il improvise!

Le ciel complètement azuré resta figé, tout comme son seul œil valide qui observe sans grand intérêt l’infinité bleutée de cette vaste voûte céleste. Seul un maigre et fade nimbus traverse ce plafond astral, passant sur la même trajectoire que l’étoile lumineuse. Au même moment, une ombre le protégea de la lumière aveuglante du soleil, mais non causée par ce frêle nuage. Son observateur s’était approché de lui suite à cette vaine tentative. Après tout, il s’agit en quelque sorte de son gardien. Il doit bien s’assurer que son protégé n’est pas blessé ou, dans le pire et improbable des cas, mort – bien que cette dernière option puisse l’avantager en un sens. S’il recherchait l’attention de son protégé, il a merveilleusement réussit en lui cachant la magnifique vue de cet océan de safre. Malgré étant amnésique et un bon gros zéro dans les arts sociaux, le garçon sait reconnaître les émotions apparaissant sur le visage d’autrui : la joie, la colère, la honte, le dédain. Le blondinet ne chercha nullement à dissimuler son mépris. Envers quoi, exactement ? Le borgne ne peut mettre le doigt précisément sur quoi, mais il en déduit que c’est sûrement à cause de l’incompétence qu’il vient de faire preuve.

Puis il parla. Ses lèvres échappèrent divers sons – le langage verbal. Certes, le brun ne comprit pas grand-chose de ce charabia, mais identifia quelques mots tels que « désert » et « parler ». Bien que possédant un palmarès de mots très court, grâce aux livres que lui a donné Tsukiko, il réussit à apprendre chaque jour comme un bon élève ! Néanmoins, ses capacités actuelles sont comparables à celles d’un nourrisson. Et pourtant, malgré qu’il sache très bien que ses paroles entrent par une oreille avant de ressortir par une autre, le manipulateur de sable continue à parler dans le vide ! Lui-même en fait la remarque, à vrai dire ! Insultes et âneries passent sur Shu comme la pluie passe sur un manteau imperméable – à l’exception près que notre protagoniste est simplement incapable de comprendre ce que dit le larbin du Sable.

Suite à un monologue lamentablement inutile, le blond lui imita de se lever. Ce qu’il comprit rapidement et fit. Puis, il agrippa agressivement le col de la cape que lui a donné Tsukiko. N’appréciant point se faire malmené, il n’exprima cependant pas son mécontentement et se laissa traîner. Il ignore s’il a fait un acte quelconque qui puisse bouleverser le Kawaguchi. Révisant ses actions précédentes, il n’a pourtant pas commis un crime. Du moins, il ne pense guère.

Il se fit traîner tel un chien pendant une dizaine de minutes avant d’arriver à un certain bâtiment. Autant dire que la populace remarquant le duo ne dissimulait leur air confus face à ce cirque. Les deux jouvenceaux entrèrent à l’intérieur et ce que découvrit l’amnésique l’époustoufla. Des centaines – non, des milliers de bouquins ! Il imagina le nombre infini d’images qu’il pourrait voir à l’intérieur de ces bandes dessinés… Cependant, rien ne se produit tel qu’il l’avait imaginé. Son gardien le força à s’assoir à une table et à lire un bouquin en particulier alors que ce dernier prit place face à lui. Shu ouvrit le bouquin, avide de voir de nouvelles images… Mais ce n’était qu’un amas de mots empilés sur les autres avec quelques illustrations ennuyantes. Du texte et des dessins moches.

Rapidement, le Nukenin oublia l’intérêt qu’il portait initialement à ce bouquin. Il ne comprenait un traître mot de ce qui est écrit sur ces pages et les illustrations sont bizarres. Il passa le temps en tournant les pages nonchalamment et en jouant avec un crayon qu’il a ramassé sur le coin de la table, tournoyant dans sa main gauche. Il ne comprend absolument rien de ces silhouettes avec les flèches bleues sortant des pieds ou ces autres personnages faisant divers signes de main. Puis, le balafré arriva à une page ou l’une de ces silhouettes semble lancer quelque chose – une sorte d’étoile métallique – sur un tronc. La seconde et dernière image démontra l’objet logé dans le centre de la cible. Shu bascula la tête légèrement sur le côté. Est-ce si facile que cela ? Il chercha le premier objet pointu à portée de main. Évidemment, il s’agit du crayon à mine dans sa main. Délicatement, il se concentra et se positionna à lancer le projectile sur une poutre derrière le blond. Il catapulta le crayon, virevoltant dans les airs et passant à quelques centimètres au-dessus de la tête du Kawaguchi. Le stylomine heurta la poutre… et chuta piteusement au sol. Aussitôt, le brun attrapa le livre et tenta d’identifier son erreur en se fiant aux images et aux quelques mots en marge.

Il y a un célèbre dicton qui stipule avec poésie que si l'on montre la lune à un imbécile, ce dernier regard le doigt. C'est plutôt bien résumé je crois. J'en viens même à me demander si l'auteur de cette phrase n'aurait pas rencontré un type comme Shu. C'est fort probable. Si c'est le cas j'aimerais bien savoir comment il a réussi à supporter l'imbécile en question. D'un autre côté c'est plutôt réconfortant de se dire qu'un autre que moi a eu à porter ce genre de fardeau. Les mains dans les poches, les jambes croisées sur le coin de la table, j'observe le fardeau en question lire - observer serait sans doute un terme plus approprié - le livre que je lui ai dégoté. Pourquoi est-ce que je me suis lancé dans ce combat perdu d'avance? J'aurais simplement pu le balader dans le village jusqu'à ce que je sois libéré de mon devoir...

Je suis sérieusement en train de me demander si je ne vais pas l'embarquer avec moi pour aller fumer une cigarette à l'extérieur. Techniquement il ne risque pas de s'envoler. Mais cet énergumène pourrait très bien décider de faire un truc bizarre. Et dans le cas probable où il en viendrait à blesser quelqu'un ou à casser quelque chose, c'est moi qui en prendrait plein la tronche. J'en suis donc à me demander si je vais prendre la peine de lui expliquer qu'il faut me suivre ou simplement le prendre par le col et le tirer après moi quand le gamin décoche un crayon dans ma direction. Je me baisse par réflexe puis suis le projectile du regard jusqu'à ce qu'il retombe au sol. Le tout avant de reporter mon attention sur le lanceur fou.

"Ça va, tranquille la vie?" dites-moi que je rêve! "Tu me dis si je t'emmerde hein? D'ailleurs... Confisqués, les crayons! Et les gommes aussi tant qu'à faire!"

Je regroupe rapidement tous les objets qu'il pourrait utiliser comme projectiles et les glisse dans ma poche. Suite au regard désapprobateur de la vieille bibliothécaire - une des rares personnes à me faire peur! - me pousse à les reposer sur la table. Manquerait plus qu'elle me prenne pour un voleur cette psychopathe du bouquin! Le regard noir, j'observe l'aliéné Je dois reconnaître qu'il ne manque pas de volonté. Il ne se laisse pas abattre par son... heu... état et fait preuve de motivation. Si je me mets à sa place... Oui, ça ne doit pas être facile pour lui. Après tout il est prisonnier de son corps d'une certaine façon. Condamné à observer un monde avec lequel il ne peut interagir.

*Sortez les mouchoirs...*

Ouais, c'est pas le moment de tomber dans le sentimentalisme. Mais ce qui est sûr c'est que j'ai à peu près autant de chance que ce gamin comprenne ce qu'il y a marqué dans ces livres que de voir des kamis sortir du cul du Kazekage. La pratique vaut toutes les théories. Et puis l'idée de voir le jeune homme se casser la gueule constamment n'est pas pour me déplaire. Mais avec un peu de pratique il pourrait apprendre. L'avantage c'est que l'inconnu est malléable. Pour peu qu'il ne joue pas un rôle - dans ce cas je suis forcé d'admirer sa prestation - il pourrait devenir utile. Je peux lui inculquer certains principes moraux que l'académie ne lui enseignera jamais...

"Ok le gueux! On dégage!" je me lève et le tire par la manche. "Changement de programme! On retourne aux terrains d'entraînement!"

Terrains que nous atteignons un peu après. Au passage j'ai emprunté le livre de mon imbécile d'élève improvisé pour qu'il puisse le lire en soirée. Tant qu'il est occupé par les images il ne fera pas de conneries. Logique! Et malin, même! Les terrains sont bondés mais j'impose notre présence à une bande de gamins de l'académie. Respect aux anciens, bordel! Ils ne tardent pas à nous laisser la place et je désigne à l'adolescent une rangée de cibles un peu plus loin.

"Tu vois ça, l'autiste?" Même lui ne pourrait pas passer à côté! "C'est des ennemis, d'accord? Tu dois les buter! Et pour ça tu vas devoir leur lancer des trucs dessus! Et pas des crayons si possible!"

J'écarte deux doigts et du sable vient se loger dans l'espace ainsi libéré avant de former un shûriken. Je l'agite devant les yeux de mon pupille pour être certain que j'ai toute son attention. Putain, c'est pas gagné!

"Shûriken! Shû-ri-ken!" je fais semblant de le lancer. "Ça fait bobo, ça! Bo-bo! C'est parfait pour briser l'élan d'un ennemi ou tout simplement lui faire chier! Tu comprends ça, hein, faire chier?"

Dans le mesure où c'est un emmerdeur de première il doit sûrement saisir le truc. Je laisse passer quelques secondes avant de prendre une position de lancer. Oui bon, j'ai l'air con tant j'exagère les mouvements. Mais faut que l'autre ait une chance de capter, vous comprenez? Je lui mime tout le déroulement d'un lancer de shûriken - ouais rigolez pas, c'est plus compliqué qu'on peut le penser! èé - avant de finalement propulser le mien vers sa cible. Il se plante un brin à côté du centre et m'arrache un soupire d'exaspération.

"Voilà! Maintenant tu fais pareil!" je crée d'autres projectiles de sable que je lui tends. "Avec ça! Comme ça je suis certain que je ne vais pas m'en prendre un en pleine gueule!"

Et voilà! Maintenant il n'y a plus qu'à attendre qu'il me crée une catastrophe ou qu'il arrive finalement à toucher l'une des cibles. J'ai déjà une petite idée sur ce qui risque d'arriver mais on sait jamais: un miracle peut arriver! Et s'il se montre capable peut-être que je pourrais lui apprendre deux ou trois autres petites choses. Mais chaque choses en son temps...

Il semblerait que la démonstration n’ait guère plut au Genin l’accompagnant. Seul lui peut savoir exactement ce qu’il espérait en amenant un amnésique dans une grande bibliothèque, mais son esprit limité semble avoir omit un élément primordial : l’amnésique ne sait lire. Que diable peut-il donc faire avec ces bouquins si ce n’est qu’observer la couverture et les images ? Peut-être Kira espérait trouver un remède miracle en venant ici ? L’on voit déjà le titre en première page sur le quotidien, le lendemain : « Docteur Kawaguchi guéri un patient amnésique en lui faisant lire un livre ! L’adolescent, qui était analphabète, sait désormais lire de nouveau ! » Si seulement la vie était si facile. Malheureusement, la réalité est un jeu où le niveau de difficulté est figé à « extrêmement difficile ». Il faut se démerder pour se frayer un chemin à travers ce chaos.

Non-content de s’être fait balancé un stylo près de la tronche, le dénommé Kira proliféra de nouveaux des insultes à l’égard de son protégé, parce que c’est terriblement efficace. Parle-t-il uniquement pour entendre le son de sa propre voix ? Le blondinet attrape tous les objets susceptibles de devenir un possible projectile. En guise de réponse, Shu gonfla les joues. Désormais, il se demande bien ce qu’il est censé faire en ce lieu. Ce ne sont point les livres auxquels il est habitué de lire. Ou plutôt, il observe les images des livres qu’on lui prête. Son vocabulaire n’est point assez avancé pour comprendre un tel livre. Certes il reconnaît les pronoms et certains termes, mais cet amas de mots, tous réuni en de longues phrases, ne fait absolument aucun sens pour sa capacité mentale actuelle.

Comprenant finalement enfin que flâner à l’intérieur de cette bibliothèque est une mauvaise idée, le tuteur traîna son élève improvisé. De nouveau, ils se retrouvèrent sur les terrains d’entraînement. Le borgne inclina la tête légèrement sur le côté pour marquer sa confusion. Quel était donc le but de cette aventure ? Que ce soit lui-même ou l’individu en face de lui, aucun des deux protagonistes n’ont accompli quoi que ce soit au bout du compte. Une belle péripétie inutile.

Toutefois, il semblerait que le Kawaguchi ait une idée claire en tête cette fois-ci. Il réalisa un de ces fameux tours de magie : d’entre ses mains s’assemblèrent des grains de sable pour former une sorte d’étoile. Évidemment, toute démonstration de jutsu capte automatiquement l’attention du jouvenceau, mais Kira voulait s’assurer qu’il possédait bien toute sa concentration en agitant l’item dans son visage. Son unique iris vermillon examina le centre d’intérêt et les mouvements théâtraux de son gardien. Le Nukenin ne comprenait point le but d’une telle scène. Attirant certains gloussements de la part de quelques aspirants plus loin derrière. Néanmoins, le puzzle prit son sens lorsque le blond lança l’objet qu’il a nommé « Shûriken » sur un tronc de bois à une quinzaine de mètres. L’étoile se planta dans le bois comme si c’était de la pâte.

Créant d’autres Shûrikens, il les donna ensuite à Shu. Intéressant comme jeu ! Il analysa l’objet donné avant toute chose, apposant son index sur l’un des bouts. Oui, ce truc pique. Difficile de croire que le sable sous ses sandales puisse devenir quelque chose de dangereux tel quel. Il se positionna au même endroit que Kira et imita son cirque de plus tôt. Levant le bras, il se donna un élan et balança le Shûriken en direction de la cible. L’arme siffla dans l’air et… chuta piteusement trois mètres dans le sol avant d’atteindre la poutre. Mine nonchalante, il ne se laissa pourtant pas abattre par son échec. Il empoigna un nouveau projectile et répéta le processus. Cette fois-ci, il le lança suffisamment fort pour qu’il puisse toucher le tronc, mais trop à gauche. Après quatre tentatives à rectifier ses tirs, il atteignit finalement la cible. Puis encore et encore. Ce ne sont pas des tirs parfaits, mais c’est déjà un bon début. Bien que n’ayant jamais pratiqué cet exercice, le sentiment est familier. Suite à une dizaine de lancées, il se rendit compte qu’il ne possédait plus de Shûrikens. Il tendit la senestre en direction de son « maître », paume ouverte et mine joyeuse et excitée sur son faciès.

• Encore !

Tel un véritable gamin.