Quand souffle le Glas de l'hiver [Feat Jisetsu Kotomi]

Le regard vague, et des mèches de cheveux s'échappant de ma capuche, j'observe le regard sombre, l'hiver et la tempête au loin s'abattre sur ce qui reste de Shoizaïshi.

De retour à la capitale depuis quelques heures seulement. Moi qui pensais pouvoir enfin m'occuper de mon clan, voilà que décidément, on ne me laissera pas ce loisir. Je suis malgré tout contente de les savoirs tous en sécurité au sein de notre forteresse de toute de glace et de neige, loin des remparts que nous pensions si solide de Shozaïshi.

Les frimas de l'hiver faisaient des leurs, mais s'était tout à fait supportable. Sans aucune comparaison possible avec ceux que nous devions affronter en temps normal là ou la glace était éternelle, en ma patrie. Je réajuste cependant le col en zibeline de ma cape autour de mon visage et je resserre cette dernière sur ma robe d'apparat. J'ai hâte de rejoindre mes appartements pour me changer et vêtir une tenue plus confortable, mais je ne peux pas encore me le permettre, pas tant que je n'aurais pas vérifié que toute ce passe bien en ce haut lieu de notre empire.

Je plissais des yeux et j'observais au loin la ronde des gardes qui marchaient de long en large sur l'ensemble des fortifications de la citadelle. Des feux allumés de ci, de là pour permettre aux vaillants soldats de se réchauffer de temps en temps.

Un maigre sourire illumina mon visage alors que finalement, je regardais en contrebat, m'avançant, sans peur dans le vide qui se dessinait devant moi et m'offrait une vision imaginaire du pays.
Je sautais et j'atterrissais souplement au milieu de la neige. Mes genoux se plier pour amortir la chute et mon dos se positionna vers l'avant alors que je regardais au loin. J'atterrissais dans l'un des nombreux parcs qui jonchaient la capitale. Parc tranquille où j'apercevais des chats se bagarrer entre deux puissants ou des amoureux mener une toute autre sorte de batailles, emmitouflée l'un contre l'autre sur un banc.

Mon regard se porta sur eux quelques secondes, puis finalement, je détournais le regard, préférant vaquer à des occupations plus professionnelles. Je marchais alors d'un pas rapide, passant de petites rues en petites rues pour finalement rejoindre l'artère principale de la ville, noire de monde en ce milieu d'après-midi.
Cela se comprenait. Les gens avaient besoin de se détendre, de rigoler et de s'amuser. Les fêtes approchées, mais moi, je n'étais pas rassurée. Pas le moins du monde en sachant que j'étais la seule garante de la sécurité de tout ce petit monde en l'absence des plus hauts gradés et de l'empereur lui-même de la capitale.
Je restais le visage dissimulé sous ma capuche et je me faufilais entre les civils pour rejoindre le nord de la cité, ou je pourrais voir les entraînements de nos jeunes recrues restaient sur place.
Ceux que nous n'avions pas jugés apte ou prés à entreprendre le voyage jusqu'au pays du sable. Il fallait veiller sur la nouvelle génération.
J'activais le pas, empruntant parfois des petites voies parallèles me permettant de gagner un temps précieux pour finalement arriver jusqu'à ma destination : Le terrain d'entraînement !

Nous l'avions conçus de telle sorte qu'ils soient un lieu de paix, mais surtout un lieu de culte de la puissance et de la pureté. L'endroit parfait ou corps et esprit pouvait s'unir pour permettre de forger des guerriers, des âmes prête à livrer combat : Des shinobis.
Je m'avance parmi les quelques présents. Certains s'inclinent avec respect devant moi, se a quoi je leur réponds par un hochement de tête positif et un geste de la main pour leur intimer de poursuivre leurs occupations.
Une jeune kunoïchi ne semble pas avoir remarqué ma présence. Je le vois dans l'ardeur qu'elle met à accomplir l'exercice qu'elle sait fixer. Je m'avance donc discrètement vers elle pour l'observer, sans la déranger.

Aujourd'hui, j'ai le cœur lourd. J'adore les fêtes. J'adore ce temps magnifique, cette blancheur, la facilité qu'ont les gens à s'adresser les uns aux autres par les temps qui courent. J'aime l'ambiance qui découle de la neige, cette douce remémoration d'images d'enfance qui reviennent à tout les esprits. Et pourtant, tout mes noël sont gâchés, comme parasités. Pour moi, noël ne rime pas avec joie mais avec peine. C'est à cette période – à quelques jours près – que j'ai perdue ma mère. Enfin, qu'elle s'est immolé par le feu pour retrouver mon père aux cieux. Elle devenait un peu dingue, la pauvre.
Et même si mes parents adoptifs font tout pour faire de moi la jeune ninja la plus heureuse de ce monde, je ne peux m'empêcher d'être triste tout les noël.
Je marche dans la neige, traînant mes empreintes non loin d'une multitude d'autre. Apparemment, il y a foule qui se dirige vers ma destination. Le terrain d'entraînement. J'ai besoin de me dépenser, de me changer les idées. Je n'aime pas me retrouver triste alors que tout le monde s'en donne à cœur joie pour sourire. Je veux faire partie de la masse. Je dois expulser ma rage, mes craintes, mes ressentiments.

Alors je cours. Toujours plus loin, je cours en direction du terrain. J'arrive au milieu d'une dizaine de gamins de mon âge, en train de s'exercer à diverses activités. Là, j'aperçois un jeune garçon en train de faire fondre la neige autour de lui avec une technique Katon.
Vrrrrrr, le feu me fait peur mais tant qu'il n'est pas trop proche de moi ça va. Là-bas, je vois deux ninjas en train de se répondre à coups de poing dans le visage. Le sang autour d'eux se répand sur la neige. Mais c'est enfantin. Un curieux mélange de sympathie et de cocon hivernal se dégage de ce lieu.

Je m'avance en direction du projeteur de shurikens. Une astucieuse machine, délaissée lorsqu'on devient diplômé de l'académie en général. Par un mécanisme pas très complexe, cette machine vous envoi une salve de shurikens qu'il sera bon d'esquiver ou de dévier. Même si c'est simple comme entraînement, ça me permettra au moins d'oublier pour un temps ma mélancolie neigeuse.
Me faufilant comme une ombre, je m'approche de la machine incrustée dans un arbre. D'un geste, j'enlève ensuite l'élastique qui retient le mécanisme et me positionne à quelques mètres de distance. «5». Je fais le vide dans ma tête. Il faut que je reste concentrée. «4». Je décroche un kunai de ma ceinture et le maintient fermement au creux de ma main. «3». Je me positionne rapidement. Une posture défensive. «2». Mon cœur bat d'un rythme plus rapide, se préparant à une attaque imminente. «1». Je ne vois plus rien d'autre autour de moi. Je pénètre au plus profond de mon esprit, de ma concentration. «0».

La première salve vient me surprendre. Dix shurikens, projetés les uns à la suite des autres en file indienne, s'approchent à grande vitesse. Je dévie les quatre premiers à l'aide de mon kunai, me baisse pour esquiver le cinquième et le sixième. Accroupie au sol, je lève la jambe droite vers le ciel et frappe d'en dessous le septième. Puis je dévie encore le huitième et le neuvième. Enfin, c'est le septième shuriken, retombant après mon coup de pied, qui vient s'affaisser et faire poindre le dixième et dernier bout de métal.

Et ainsi de suite. Je recommence l'exercice, sans relâche. Jusqu'à ce que mon corps n'en peuvent plus, jusqu'à ce que je m'affaisse de fatigue. Toujours le même, toujours les mêmes gestes. Je veux m'efforcer de faire frémir mes muscles d'épuisement. Et cela, durant vingt minutes.

Je m'étale sur le sol, exténuée. Le contact avec la neige me donne un frisson. Dans ma tête, j'imagine ce que ma mère adoptive m'aurai dit si elle m'avait vu ainsi. «Relève-toi, tu vas attrapé froid ma puce !». Je sourie à cette pensée, avant de comprendre ce qui cloche. Étrangement, les cris des autres gamins en train de s'entraîner se font plus léger. Je pose un genou au sol afin de m'aider à me relever.
C'est là que je la vois. Elle est là, assise non loin de moi, enveloppée d'un étau de laine. Elle est magnifique, le genre de femme qu'on veut devenir en vieillissant. Ses yeux bleus, perçant et chaleureux à la fois, sont fixés dans ma direction. D'un simple contact visuel, je sais que cette femme est importante. Et c'est là que ça me revient. Je sais qui elle est. Je sais pourquoi les gens autour de moi s'entraîne désormais dans un silence presque respectueux. Cette femme, c'est la non moins célèbre Yuki, chef du Clan Samui et Seigneur de Guerre de Yuki no Kuni.
Je ne sais plus quoi faire. Je suis perdue tandis qu'elle me regarde. Est-ce que c'est impolie de beuguer comme ça devant une telle femme ? Moi, jeune fille frêle et sans envergure, qu'est-ce que je peux faire pour excuser mon irrévérence ?
Tremblante de fatigue et de peur, soudainement subjuguée, je m'approche à une distance raisonnable de la dame tout en courbant l'échine.

«E-Excusez-moi de... de pas vous avoir remarqué plus tôt... votre... votre.... Seigneurie ? Moi, c'est Jisetsu Kotomi, Heishi de l'Empire. C'est... C'est un honneur pour moi de vous voir en ces lieux...».

J'espère ne pas m'être montrée trop entreprenante. Après tout, peut-être ne me regardait-elle même pas. Peut-être que mon esprit me jouait des tours. Quoiqu'il en soit, la rencontre de ce jour venait de me faire totalement oublié la raison de ma tristesse passagère des fêtes de fin de d'année.

Le temps passe inexorablement et je continue de l'observer cillant rarement, fixant ses mouvements et analysant son attitude. Cela me remémore des temps qui me semblent si lointains. Ces moments d'insouciance ou moi-même, j'étais à sa place. Ces instants passés ou mes entraînements étaient aussi loin que les soirs d'hiver et aussi dur que la glace. On ne m'a jamais vraiment fait de cadeaux, mais c'est ça qui m'a emmené à être ce que je suis aujourd'hui.

La voilà donc qui continue à sauter, esquiver, dévier les shurikens avec toujours de la facilité, mais bien vite la fatigue prend le dessus. L'exercice est éprouvant, mais reste malgré tout intéressant.
À tiens, voilà qu'elle me remarque enfin. Elle semble gênée de ma présence et cela me fait rougir à mon tour. Là ou je voulais qu'elle profite de cet instant, voilà que je l'empêche de poursuivre. Je me redresse alors avec délicatesse et je retire la capuche de ma cape laissant ainsi librement mes cheveux se balader autour de mon visage avant de les rassembler d'un geste de la main d'un même coté de mon visage. Je continue de lui sourire avant de lever une main apaisante à son encontre :

"Ne t'excuse pas ! Je ne voulais pas perturber ton entraînement !"

Je me rapproche alors d'elle et je tends la main vers son front que j'effleure un bref instant de ma main avant de composer un unique mudra de l'autre main. Je lui rends une bonne partie de sa vitalité, essuyant la fatigue et les quelques blessures qu'elle a pu se faire sur les objets taillant avant de m'éloigner d'elle, telle une ombre pour me rapprocher de la machine qui lui a s'entraîner pour la réenclencher.
Il ne me faut pas que quelques secondes pour glisser à l'intérieur de ce dernier une vingtaine de petites étoiles en métal avant de revenir vers la jeune femme.

"Recommence s'il te plaît ! Et essaye de laisser tes mouvements fluides, naturels ! Tu te fatigues inutilement avec des accoups et tu ne laisses pas assez l'instant prendre le dessus !"

J'essaye de réfléchir à une formulation peut être un peu plus parlant dans ce que j'essaye de lui expliquer, puis je traduis le fond de ma pensée :

"C'est comme si tu étais un animal ! Peut-être un chat, peut être un loup, ou bien encore un aigle ! Comment ce dernier réagirait-il ? Comme tu réagirais si tu étais cet animal ?"

Ma respiration saccadée vient créer devant moi un nuage de fumée froide. La buée qui m'entoure fait que je suis à peine capable de parler, surtout devant la personne qui me fait face. Elle, cette grande dame, qui me parle ? Mais quel honneur ! Je ne cache pas ma joie en souriant à pleine dent à chacune de ses paroles, n'en comprenant le sens de certaines qu'à moitié.
Puis elle s'approche de moi, très proche. Mon cœur bat la chamade. Que fait-elle ? Peut-être me punir de m'être montrée irrévérencieuse ? Je ferme les yeux, incapable soutenir son regard. Soudain, je sens sa main qui m'effleure le front et m'apaise. C'est là que, quelques secondes plus tard, alors que je ré-ouvre les yeux, je me sens en pleine forme. Mon cœur rebat d'un rythme régulier, les perles de sang qui gouttaient sur mon avant-bras ne sont plus. Cette dame doit être une Eiseinin, une ninja qui peut soigner à l'aide de son chakra. Soudain revigorée, je la cherche des yeux mais elle n'est plus devant moi. Avec la grâce d'une ombre, je la voit qui s'approche de la machine à jeter des shurikens. Elle bouge vite, très vite.
En un rien de temps, elle a rechargée la machine et m'invite à recommencer l'exercice, en se concentrant cette fois sur la part animale qui est en moi afin d'éviter les gestes inutiles. Je ne peux qu'écouter – non, boire – ses paroles. Elle me subjugue.
De plus, je pense que c'est rare de pouvoir recevoir des conseils de la part d'une femme de son rang.

«Un chat ? Un loup ? Un aigle ? Non non non... Sans que vous ne le preniez mal, j'ai beaucoup plus d'ambition que ça. Je me dois d'être un animal à la hauteur de mon Nindo. Alors, je serai...»

La machine se déclenche et les premiers shurikens surgissent. Je souris, attendant qu'ils se rapprochent de moi. Un sourire de haine, un sourire ambitieux à la fois. Je repense à mon père, peut-être encore en vie par là. Je repense à ma mère, qui a tenue à m'entraîner avec elle dans les flammes de son Enfer. Enfin, je repense à ma courte vie. Je n'ai rien accomplie, je ne suis pas forte, je n'excelle dans aucun domaine en particulier. Je rage.
Non, je rugit !

«... Un lion».

Mes yeux s'illuminent. Je peux le sentir, le Kinnegan qui fait surface, changeant mes pupilles en douce clarté jaunâtre. Soudain, le temps me paraît légèrement ralenti. Je vois les shurikens qui me viennent dessus mais je peux facilement décaler mon corps pour les éviter. Contrairement à la fois précédente, je ne me baisse pas, ne joue pas à les dévier. Non, je laisse le souffle du vent me porter, me bercer et me faire danser lentement au milieu de la pluie de métal. Malgré le fait qu'il y en ait eu vingt de projeter en même temps, je ne me suis fait surprendre par aucun.
Je m'arrête alors de bouger et regarde durant quelques instants la Samui impériale avec mes yeux d'or. Puis, afin de ne pas m'épuiser inutilement, je les désactive d'une simple pensée, mes yeux retrouvant leur beauté brune.
Je sourie à mon interlocutrice mais j'ignore ce qu'elle a pensé de moi.

«Alors, vous avez trouvé que c'était mieux comme ça ? »

Le sourire aux lèvres, je vois la jeune femme sortir doucement de sa torpeur mutique, pour reprendre un semblant de vie normal. Cela me met du baume au cœur alors que je la vois doucement s'éloigner pour se positionner face à l'impressionnante machine et se remettre au travail. Voilà une attitude comme je les aimes, une attitude de fonceuse comme moi plus jeune. Je la regarde faire, puis subitement activer ses kinnegans, voilà une preuve de réflexion qui la pousse à aller de l'avant.

J'observe chacun de ses mouvements, mais également l'aisance naturelle que les Jisetsu portent à la manipulation de l'espace temps. Un acte pur, mais difficile, elle n'en est encore qu'à son premier niveau, mais je peux déjà percevoir en elle une envie d'apprendre, de découvrir et de se perfectionner. Je laisse donc la jeune femme finir son travail, tel le lion qu'elle a choisi comme emblème avant de la laisser sans revenir vers moi, sourire aux lèvres.
Je lui rends ce sourire et approuve silencieusement à sa question avant de me rapprocher une nouvelle fois :

"C'était mieux en effet ! Il faut que tu comprennes que l'art d'un shinobi, c'est de se concentrer sur ses points forts et ses maîtrises, mais aussi, l'art de connaître ses points faibles et de les combattre !"

Mon regard se fait plus intenses à son encontre. Pourra telle comprendre le fondement de mon interrogation et l'intérêt de ce dernier ? Peut être pas tout de suite, mais dans ce cas, il est de mon devoir de lui expliquer ce que j'ai voulu dire par cela et il va donc nous falloir un peu de temps. Je regarde autour de moi et finalement, d'un geste de la main, j'écarte le tapis de neige qui s'est couché sur le sol et je m'assois au milieu de cet espace invitant la jeune femme à en faire de même.

Je l'observe alors longuement sans dire un seul mort, puis finalement, je lui demande presque sur le ton de la confidence :

"Alors Kotomi ! Quels sont tes points forts et quels sont tes points faibles ?"

Oui, car avant de passer à la suite, il me semble important dans apprendre plus sur cette jeune femme et sur une façon de l'aider à grandir, mais surtout à se protéger du monde qui l'entoure. Je lui souris pour l'encourager à me dévoiler ce que l'on peu considérer comme un secret ?

Les compliments. Ses compliments me touchent et valent un peu l'or du monde. D'après Dame Yuki, mes mouvements étaient cette fois-ci beaucoup plus calmes et maîtrisés. Je rougis presque – non, je rougis en fait – devant elle tandis que je me rapproche de la machine près de laquelle elle se trouve. J'arrive à sa hauteur en même temps qu'elle finit de me poser sa question. La question qui tue, la question à laquelle je ne sais pas répondre.
Déjà à l'académie, on m'avait demandé ce qu'il en était au niveau de mes points forts et de mes points faibles. J'avais eus beau réfléchir, je n'en avais trouvé aucun pour les deux catégories. Il faut dire que je suis jeune aussi. Comment voulez-vous que j'ai une bonne analyse critique de mes compétences quand je ne sais même pas faire la différence entre un chameau et un dromadaire ?
Bref, là n'est pas question. A l'académie, je pouvais me permettre de ne pas répondre ou d'éviter les interrogations un peu trop ardues à ce sujet. Pourtant là, je me retrouve devant une supérieure hiérarchique qui dépasse de loin tous les niveaux que je rêverai d'atteindre un jour. Je ne peux pas lui donner une réponse aussi floue, aussi distendue de la réalité.
Je prends deux minutes pour réfléchir, regarde poliment la dame, et me lance.

«Eh ben mes négatifs déjà... Je pense que vu que je suis pyrophobe, j'aurai vraiment du mal à affronter un utilisateur du Katon. Ça vient de mon enfance, un traumatisme qui m'a plutôt marqué avec le feu...».

Je vais pas non plus essayer de la faire s’apitoyer sur mon sort en lui avouant que ma mère – dans un excès de folie – a tenté de me faire brûler avec elle pour rejoindre mon père au paradis. Je lui sourie et continue.

«Je... Je suis pas très douée en Genjutsu... En Taijutsu pas trop non plus. Non pas que je ne cherche pas à m'exercer mais c'est juste que ce sont des domaines dans lesquels je n'excelle pas plus que ça.»

Et là, c'est pas faux. Déjà, les Genjutsu, j'aime pas ça, mais alors pas du tout. Je déteste tellement être prise dedans que ça me donne même pas envie d'apprendre à en lancer. Et puis bon, en Taijutsu, je suis encore qu'une frêle jeune fille. Peut-être qu'avec le temps je réveillerai une part de combattante en béton qui sommeille en moi, qui sait.

«Par contre, je suis plutôt douée en Ninjutsu. Je m'entraîne depuis toute petite en même temps. Et après, en dernier recours, j'ai toujours mes yeux d'or. On dit qu'ils peuvent se révéler vraiment utile lorsqu'on sait s'en servir. Un jour peut-être que j'apprendrai. Mais je n'ai pas eut la chance d'être formé par des gens de mon clan vu que ma famille à coupé les ponts avec eux. J'ai donc du les éveiller toute seule et je sais pas toujours bien comment ils marchent. Mais bon, j'apprendrai.»

Je baisse la tête, soudain intimidée. Je me rends compte que j'ai livré quand même pas mal de secrets à cette ravissante dame et que j'ai parlé un long moment. Peut-être que je l'ai énervé, qui sait ? Ça m'impressionne et me ravie en même temps d'avoir une telle conversation avec cette kunoichi. J'espère cependant qu'elle n'ira pas révéler mes confidences à la planète entière.
Puis en même temps je me dis que si j'ai tant réussit à me confier si facilement, c'est certainement parce qu'au fond de moi, je sais que c'est une bonne personne.

La fragilité n'est pas toujours là où l'on croit l'être.

Je reste silencieuse lorsqu'elle semble prendre le temps de réfléchir à la question que je lui ai posée. En soit, il s'agit là d'une sage décision, car effectivement, je ne suis pas du genre à me contenter d'approximation, mais bel et bien de réponse franche et précise, quitte à creuser un peu pour obtenir les informations.
Pour l'heure cependant, je patiente calmement. Ce n'est qu'une enfant, elle a le droit de prendre son temps pour me répondre.

Ma patience est récompensée quelques minutes plus tard lorsque la jeune femme s'exprime enfin, sans langue de bois et avec une grande sincérité, du moins c'est ce que je pense percevoir. Quel intérêt aurait-elle à me mentir après tout ?

Ses réponses sont sages et timides, mais elles montrent surtout le peu d'expérience que la jeune fille a du terrain, et des vrais combats. Cela me rend presque triste de savoir qu'un jour peut être, nous l'enverrons à la mort pour protéger les civils.

Je baisse les yeux et je reste silencieuse quelques secondes avant de lui demander d'une petite voix :

"Quel âge as-tu Kotomi ?"

À vue d'œil, je ne lui donne pas plus de douze ans, mais je n'ai jamais eut le compas bien placé pour ce genre de chose ? J'attends sa réponse, puis je reste une nouvelle fois pensive durant de longue seconde comme pour analyser ce qu'elle m'a dit juste avant :

"Tu n'es jamais allée sur un champ de bataille, je suppose non ?"

Mon visage devient mélancolique lorsque j'évoque cela :

"Lorsque tu es confronté aux dangers, tu te découvres souvent de nouveaux ennemis, de nouveau défaut ... Mes deux plus grands points faibles restent sans équivoque possible, ma compassion et mes sentiments !"

Je la regardais alors presque avec timidité :

"Ce ne sont pas des choses que l'ont peu combattre avec du ninjutsu, ou du taijutsu ! C'est un travail de l'esprit difficile à réaliser ! Mais pour ton problème, nous pouvons aisément le résoudre !"

Je la regarde, cette fois-ci avec beaucoup plus de profondeur dans le regard avant de lui poser une ultime question dont j'ignore fermement la réponse :

"As-tu déjà testé l'affinité de ton chakra ?"

Les yeux rivés sur la dame, j'absorbe chacune de ses paroles. Elle est magnifique, surtout au milieu de cette neige. J'ai eu vent du fait que les Samui – le clan auquel elle appartient – sont des adeptes des techniques glaciales dont j'ai oublié le nom. Si près de cet élément de clarté et de pureté, je suis sûre que la dame qui se présente à moi doit se sentir totalement à son aise, contrairement à moi qui commence à frissonner maintenant que l'effort est passé et que mon corps se repose.
Elle me pose alors une question, simple. Mon âge. On dit toujours que je fais légèrement plus jeune. Cela m'énerve assez, déjà que je ne suis pas trop âgée. Dans le monde ninja, on ne caractérise pas forcément la valeur d'un ninja à sa date de naissance, pourtant, ça apporte beaucoup en crédibilité.
Un peu de honte s'affiche sur mon visage tandis que, d'une voix fluette, j'annonce mon âge.

«J...J'ai 13 ans, madame.»

Je remarque qu'elle analyse ma réponse avant de me poser une autre question. Peut-être va-t'elle me trouver trop jeune ? Peut-être va-t'elle soudainement arrêté de me parler et s'en détourner vers quelqu'un de plus mature et adulte.
Mais alors, quand je pensais qu'elle allait afficher une moue, elle se contenta de sourire et de me poser une nouvelle question. Une question – cette fois-ci – beaucoup plus complexe que mon simple âge.

«Un champ de bataille... Euh... Non. Pas vraiment. Je n'ai jamais combattu réellement. Mais je connais le danger. Je sais ce que ça fait d'avoir peur pour sa vie et celles de ses camarades. J'ai faillit mourir dans mon enfance. Et ce jour-là, j'ai du faire un choix qui me hante encore, chaque nuit. Je n'ai pas peur de la mort, loin de là d'ailleurs.»

Et c'est alors qu'elle se livre. Dame Yuki se met soudain à me raconter son expérience sur le champ de bataille et... me dévoile ses défauts. Les sentiments et la compassion. Je suis émue et touchée à la fois qu'elle ose se livrer à moi ainsi. Je suis jeune, très jeune pour lui faire une remarque. Pourtant, je me doute que cette dame n'aimerai pas que je ne lui dise pas le fond de ma pensée. Je me lance alors, continuant sur la voie qu'elle m'a lancé.

«Si je puis me permettre, Dame Yuki, les sentiments et la compassion, ce ne sont pas des défauts. Au contraire, moi je trouve que ça vous rend humaine. Nous, les ninjas de grade inférieur, on est souvent impressionné par l'aura que vous tous dégagé. Savoir que vous ressentez les mêmes émotions que nous vous humanise aux yeux du monde et ne fait plus de vous qu'une créature de pouvoir.»

J'espère ne pas avoir été nonchalante. Quoiqu'il en soit, elle continue à me poser des questions, sans faire fit de ma réponse. Peut-être y reviendra t'elle plus tard. Elle me demande soudainement mon affinité de chakra. Oui, je la connais. Depuis l'enfance à vrai dire, puisque c'est également celle de mon père.

«Euh... je maîtrise un peu le Raiton, d'après ce que j'ai compris»

Et je fais la moue. J'espère vraiment ne pas l'avoir vexée avec mes interventions un peu prétentieuses.

J'écoutais toujours dans le silence lorsqu'elle prenait la parole, la jeune kunoïchi qui me faisait face. Ainsi donc elle n'avait que treize ans. Si jeune et pourtant, déjà confronté à notre monde si cruel soit-il. Mais moi aussi, j'étais jeune quand j'ai débuté. Voir même plus jeune qu'elle, mais j'avais grandi désormais. Je ne lui souhaitais pourtant pas d'avoir le même parcours que moi, aussi remplie d'épreuve et de souffrance. J'avais besoin de me rassurer et de la rassurer, alors je me contentais de sourire lorsqu'elle résumé mes défauts en les présentant comme quelques choses qui me rendaient plus humaine. Trop humaine peut-être. Elle n'avait pas conscience encore de ce que je voulais dire quand je parlais de compassion. Elle ne comprenait pas qu'un shinobi n'a pas le droit à ce genre de sentiment et doit se contenter de répondre aux ordres et uniquement à cela.
Je baissais les yeux, fuyant presque son regard alors qu'un léger rire m'échappait :

"Tu es mignonne Kotomi. Mais sans doute encore un peu trop jeune pour comprendre le sens caché de mes paroles ... Un jour, tu comprendras et j'espère pour toi que ce jour arrivera le plus tard possible, car tu as le temps de découvrir le côté sombre de notre profession !"

Je soupire. Un nuage de fumée s'échappe d'entre mes lèvres et je remarque que la jeune fille grelotte sur place. Je me redresse donc et lui tends la main pour l'aider à se remettre sur pied avant de retirer ma cape et de la poser sur ses épaules. Ma longue robe est bien assez chaude pour me permettre d'affronter le temps de cette soirée.

"Nous devrions rentrer, il fait froid et il serait bien dommage que tu attrapes un rhume ! De plus, cela nous permettra de discuter encore un peu si tu veux bien, ainsi, j'en apprendrais plus sur toi !"

Je suis engageante dans la conversation, je l'encourage par des petites mimiques et bientôt, je l'entraîne vers les bâtiments adjacents aux terrains d'entraînement. Sans aucun doute vit-elle dans l'un d'entre eux d'ailleurs. Nous allons à la cafétéria. Elle est toujours ouverte, c'est l'un des avantages de ce pôle d'entraînement :

"Tu veux manger quelques choses ?" Lui proposais-je gentiment en me commandant pour moi-même un chocolat chaud avant de m'installer à l'une des tables vides.

"Parle-moi un peu plus de toi !"

Nous marchons tranquillement en direction de la cantine. Les paroles de Dame Yuki résonnent encore dans ma tête. Elle a raison. Je n'ai que treize ans. Je ne connais pas encore toutes les subtilités et les douleurs que peuvent engendrer les guerres, les combats acharnés, les luttes fratricides. Un jour, j'aurai sûrement l'occasion de prendre part à ces conflits. Un jour proche si l'on en croit les rumeurs qui courent. Ce jour-là, je comprendrai. Ce jour-là, je serai devant le drame.
Alors que nous arrivons à la cafétéria, Dame Yuki prend commande et me demande si quelque chose m'intéresse. Je suis un peu gênée, moi qui n'aime déjà pas me faire inviter en temps normal mais encore moins par une supérieure.
Toutefois, je grelotte encore et je ne peux m'empêcher de lui demander poliment un bon chocolat chaud.

Mes mains se réchauffent légèrement au contact de la tasse bouillante tandis que je suis la Dame en direction d'une table vide. En ce temps, il n'y a pas grand monde à la cafétéria. En même temps, peu de gens sont assez fous pour oser sortir avec le froid hivernal qui court dans les rues.
Nous papotons quelques instants de banalités quand Dame Yuki me demande alors de lui parler de ma vie. Je bois une gorgée de chocolat chaud pour me donner du courage – et me réchauffer au passage – avant de passer à l'action. J'essaie de me remémorer mon passé, sans forcément m'attarder sur les passages un peu trop dramatique.
Il y a des secrets qu'on n'avoue que sous une confiance mutuelle extrême. Et d'autre qu'on ne dit jamais.
J'y vais.

«Je suis né à Kiri. Juste avant le... enfin, vous devez être au courant, évidemment. Mes parents sont décédés et j'ai été recueillit dans un orphelinat à mes huit ans, avant d'être adopté par de gentilles personnes. Avec eux, on a vécut comme des nomades durant quelques années avant de s'installer ici, au Sozaichi il y a deux ans. J'ai... Si je suis devenue ninja, c'est pour plusieurs raisons. Tout d'abord, j'ai des affaires à régler avec mon p... avec une certaine personne, à Kumo. Une vieille histoire dont je dois éclaircir certains points. De plus, maintenant que j'ai prêté allégeance à l'Empire, je me dois également de le protéger ainsi que ses habitants. C'est... C'est mon nindo.»

Et je souris faiblement de mettre de nouveau confiée à cette femme. Je lui ai obscurci des événements dont je ne peux parler. Pas encore. Pas sans pleurer. Pas sans m'effondrer.
Mais Dame Yuki n'est pas là pour être psychologue ou quelconque pédagogue.

Je bois une nouvelle gorgée du chocolat, histoire de ne pas gaspiller. Et puis, sentir le liquide lacté courir au fond de ma gorge, ça fait vraiment du bien. Je me mets fixement à regarder la Dame avant de continuer la conversation.

«Et vous, Dame Yuki, vous souhaitez m'en dire plus sur vous ? Enfin, si ce n'est pas indiscret bien sûr...»

Elle venait de me raconter une histoire. Ou plutôt son histoire comme je lui avais demandé plus tôt. Cependant, sa façon de parler me laissa pensive. Elle oubliait volontairement des passages de son histoire, ou bien le faisait-elle volontairement dans le but de ne pas rendre la conversation trop lourde, trop émouvante à son égard ? C'est une interrogation qui resterait malheureusement sans réponse pour moi, car je ne souhaitais pas l'interrompre dans son discours.

Je plongeais régulièrement mes lèvres dans le liquide chaud sans pour autant l'interrompre quand enfin, elle aussi me retourna la question que je lui avais posée. Il n'était que politesse de lui répondre :

"Je suis née et j'ai passé mon enfance à Yuki no Kuni. Lorsque le pays a été conquis par Mizu no Kuni, nous avons immigré vers la capitale, Kirigakure ou nous nous y sommes établis. Mes parents avaient une situation confortable de par leur profession et j'ai toujours vécu dans la complaisance, entouré des miens. Je n'ai jamais manqué de rien. Je suis rentrée à l'académie shinobi de Kiri où j'ai rapidement fait mes preuves et acquis de l'expérience en réalisant une multitude de missions. J'ai eu un apprentissage qui s'est étalé en tout et pour tout sur cinq ans, mais les évènements ont fait que j'ai surtout dû me former toutes seules. Les furyous, la guerre, c'est tout ça qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui !"

Quel long discours pour au final ne résumer qu'une petite partie de ma vie ? Je poussais un profond soupir avant de regarder la jeune femme :

"J'espère que ta vie sera moins mouvementée que la mienne pour ton plus grand bien ! Et maintenant, si tu me parlais de tes ambitions ! Je sais que tu veux protéger les habitants du Shozaïchi ! Mais comment comptes, tu y parvenir ? Tu as des projets ? Des envies ? Peut-être une direction vers laquelle te diriger pour y parvenir plus facilement ? Dis-moi tout !"

C'était peut-être rapide d'entrer dans le vif du sujet comme ça directement, mais je ne souhaitais pas que la conversation reste trop longtemps sur un blanc. Et puis aider les jeunes pousses à se trouver faisait aussi partie de mes attributions, c'était une évidence pour moi tout du moins.

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