Le glas de l'innocence [feat. Katano Yusuke]

(#) Sujet: Le glas de l'innocence [feat. Katano Yusuke] Ven 8 Nov 2013 - 22:09

Nous arrivions enfin au palais et je m'empressais de demander de l'aide pour faire descendre Yusuke de mon invocation qui se retira immédiatement dés que son fardeau eut disparu. Heureusement qu'elle avait été là, je ne la remercierais jamais assez pour toute l'aide qu'elle m'avait apportée, mais le plus important maintenant, c'était Yusuke. Comme je m'y attendais, aucune infirmière, aucun docteur dans cet endroit. Nous en manquions cruellement, j'allais devoir m'en charger moi-même avec mes faibles connaissances en la matière.
Je fis conduire le jeune homme jusqu'à la chambre que nous avions occupé le matin même en même temps que je demandais qu'on nous amènes quelques choses à manger. J'étais moi-même affamée et je me doutais que vu l'état de grande fatigue de Yusuke ça va devait être le cas aussi.
Alors qu'on l'allongeait dans le lit et qu'on quittait la pièce, je m'assis immédiatement sur le rebord de ce dernier et je soulevais délicatement son bras pour l'examiner de plus prêt. Immédiatement, les larmes se remirent à couler. Cette blessure était ma faute. Entièrement m'a faute.
La peau était superficiellement brulée du poignet jusqu'au coude et l'articulation avait l'air touché. J'espérais que cette dernière blessure ne serait pas irréversible et j'examinais la brulure plus en minutie. L'eau glacée avait eu au moins un effet bénéfique sur cette dernière et me servant dans le nécessaire qu'on m'avait apporté, j'enduisais son bras dans une épaisse couche de crème anti-brulure avant de l'enrouler dans une fine bande de gaze blanche pour la protéger.

"Je ne peux pas faire plus pour l'instant pour ton bras ..."

Les larmes continuaient à rouler à intervalles réguliers sur mes joues, mais je restais concentrée sur ma tâche alors que quelqu'un frappait à la porte pour nous apporter quelques choses à manger, je me levais précipitamment et malgré la douleur dans mon propre bras, je le ramenais vers le lit :

"Je vais t'aider à te redresser ! Il faut que tu manges quelques choses."

Sans attendre, je glissais doucement des oreillers dans son dos et m'installais à ses côtés tout en grignotant moi aussi un morceau. J'essayais de percevoir à travers son visage des signes de douleur ou autre. Soudain, je le vis crisser des dents alors qu'il avait fait un léger mouvement du torse. Je comprenais alors immédiatement le souci. Sans lui demander l'autorisation, je reposais ce que j'avais dans la main et je déboutonnais sa tunique avant de placer une main sur le côté de son torse bouillant. Une grimace, c'était dessiné sur mon visage en voyant l'impressionnante ecchymose qui était apparu et la palpation ne fit que me confirmer ce que je pensais :

"Oh non ... Tu as des côtés cassés !"

Je perdais cette fois-ci complètement contenance et je m'effondrais sur lui, prise de tremblement incontrôlable.

Montrer ses faiblesses à un proche n’est pas chose aisée. Je le sais, je l’ai déjà fait. C’était un jour peu banal d’ailleurs. Je ne me souviens plus très bien mais il me semblait bien que je marchais dans la neige, juste après mon combat contre un nukenin. Je m’étais pris une raclée incroyable ce jour là. Je n’avais encore jamais reçu de correction aussi violente. En même temps, tomber d’une falaise ne vous procure pas toujours de douces caresses dans le dos. Toujours est-il que je marchais dans la neige et que déjà, le palais du gouverneur de Yuki no kuni ou accessoirement l’oncle de Yuki était visible. Chaque pas était un vrai calvaire mais je devais continuer. Il n’y avait pas de place pour le défaitisme dans mon esprit. Un ninja se doit de ne jamais abandonner. C’est une règle d’or et le nindô de bien des shinobis.

Heureusement, je ne marche pas bien longtemps avant de retrouver la fille de ma vie. Elle arrive vers moi à dos d’ourson et me saute au cou. Le contact me fait un mal de chien mais je ne dis rien. Rapidement elle m’emmène au palais. En même temps, j’étais quand même en train de crever alors je suppose que c’était normal. Néanmoins je me souviens m’être demandé s’il y avait des médecins au palais. Je n’en avais pas souvenir. A ma connaissance il ne devait y avoir que des gardes et des soldats dans cette immense demeure diplomatique. Yuki m’emmène tout de même jusqu’à l’intérieur et me fais entrer dans une chambre. Elle m’allonge sur le lit, je ne suis pas en mesure de bouger. J’ai atrocement mal à l’intérieur de chacune de mes articulations et c’est un vrai calvaire. Je ne sais pas quoi dire alors je me tais.

Yuki m’étale une crème étrange sur le bras brûlé au combat. L’odeur me rappelle étrangement certaines contrées sauvages que j’ai visitées. Je continue d’observer sans dire un mot ma petite amie jouer de ses compétences. Elle semble particulièrement douée dans les techniques médicales alors que je ne lui connaissais pas cet atout. Elle n’a jamais cessé de m’impressionner et de me surprendre. Soudain on frappe à la porte, c’est la bouffe. Je suis perplexe car je ne pense pas pouvoir manger dans cette situation. Lorsque Yuki souleva le plateau, je remarquai tout de suite qu’elle avait des difficultés. Elle était donc elle aussi blessée. Elle se rapproche du lit et me pose le repas sur son pied. Elle essaye ensuite de me redresser mais une douleur atroce me lance alors dans le torse. J’ai si mal que je réprime difficilement un cri. Elle m’enlève ensuite directement ma chemise et se lamente devant mes côtes cassées. Mais il était hors de question de la laisser souffrir alors qu’elle s’occupait de moi.

-Occupe toi d’abord de tes membres avant de vouloir me sauver. Si tu ne le fais pas, je n’accepterais pas de faire soigner !

Je suis très sérieux et je suis certain qu’elle comprenait ce que je voulais dire par là. Je ne l’aurais pas laissé souffrir par ma faute alors qu’elle pourrait se reposer comme une vraie souffrante. Ah, si je tenais le sale nukenin qui nous a mis dans cet état.

Lorsqu'il s'aperçoit finalement de ma blessure et me demande de me soigner moi-même avant de continuer à m'occuper de lui, je fais preuve d'une force de caractère absolument inexistante. Je n'ai pas la force de protester tellement je suis atterrée de l'avoir mis dans une telle situation. Pourtant, j'ai envie de prendre soin de lui avant de m'occuper de moi-même, comme si la douleur pouvait me rappeler de façon incessante ma faute. Mais je m'exécute après avoir croisé son regard. Un regard dans lequel je retrouve toute sa force de persuasion, toute la détermination dont-il à fait preuve dans le combat que nous avons menés. Je hoche rapidement de la tête en reniflant et je retire mon pull et mon sous-pull jusqu'à me retrouver en débardeur.
Le froid de la chambre happe immédiatement ma peau et me fait frissonner, mais je n'ai pas le temps de penser à cela et je tends délicatement le bras pour découvrir l'ecchymose provoquée par le choc avec le Nukenin. Une légère palpation et les mouvements bien que saccadé que je pus exécuter me font comprendre qu'il n'y a aucune cassure au niveau des os. Il faudra juste le temps que le choc se résorbe et que la douleur s'apaise pour disparaitre. Il n'y a vraisemblablement rien à faire aussi, je tourne mon visage encore sale vers Yusuke pour lui répondre :

"Je ne peux rien faire pour cette blessure ! Seul le temps la guérira ! Laisse-moi t'occuper de toi à présent !"

Ce coup-ci, c'est moi qui me suis exprimée distinctement et je ne lui laisse pas le temps de répliquer que j'ai déjà posé mes mains froides sur son torse pour tâter les os comme je le peux et distinguer le problème. Rapidement, je détermine a peu prêt l'endroit ou les os brisés se trouvent. Une grimace se dessine sur mon corps alors que je l'aide à se rasseoir correctement dans le lit :

"Les côtes cassées ... Je ne peux rien faire sans compétence médicale ... Il faut juste du temps et de la patience !"

Je me saisis alors d'une petite seringue dans ma sacoche que j'applique sur sa cuisse à travers le tissu et que j'active lorsque l'aiguille entre en contact avec sa peau :

"C'est des antidouleurs ... C'est malheureusement tout ce que je peux faire pour le moment !"

Et cela me remplit d'une profonde tristesse. Si seulement j'avais décidé de suivre l'enseignement des médic-nin quand j'étais à l'académie shinobi. Ça aurait pu m'être tellement utile dans cette situation. Au lieu de cela, je me cantonnai à réparer des blessures avec ce que je pouvais et je me trouvais des plus pitoyable. Le chagrin m'envahit à nouveau alors que je grelottais doucement. J'avais besoin de me changer les idées. De faire partir toute cette culpabilité dont j'étais à présent envahie. Sans prononcer le moindre mot, je me suis levée et je me suis dirigée vers la salle de bains pour prendre une douche bouillante. J'avais besoin de chasser toute cette saleté de mon âme. J'étais vraiment indigne de confiance, à l'instant, c'est tout ce que je ressentais, c'était de la haine et du mépris envers ma propre personne.
Je ressortis de la douche une dizaine de minutes plus tard enroulée dans une grande serviette blanche. Le visage plus fermé que d'habitude, je retournais sans plus attendre auprès du jeune homme de mes pensées et je m'installais à ses côtés sans rien dire. J'avais juste besoin pour l'instant de me rassurer. De contempler son visage et de me rassurer. Mais rien à faire, l'horreur de la situation me revenait sans arrêt en mémoire et je me remis à pleurer tout en me confondant en excuses.

Curieusement, allez savoir pourquoi je ne suis pas vraiment à l’aise lorsqu’il s’agit de faire part de mes émotions. Ce n’est pas que je sois quelqu’un de réservé non… En fait je pense surtout que c’est la peur de me montrer vulnérable vis à vis d’une autre personne. C’est un peu con mais comme le disait un grand philosophe : nous naissons tous avec des traits de caractère différents et il faut bien faire avec pour nous créer un monde digne d’intérêt. Toujours est-il que ce jour là, à Yuki no kuni, je me sentais particulièrement vulnérable. Ne plus être le superman de sa petite amie n’est pas toujours facile à gérer.

Ainsi, lorsque j’ordonnai à Yuki de se montrer moins absorbée par mon état pour mieux s’occuper d’elle même, elle ne trouva pas la force de me résister. Je la voyais alors comme la fille que j’avais connue jadis, quelques mois plus tôt. La jeune fille frêle, fragile et douce que j’avais admirée devant cette fameuse boulangerie qui s’est faite témoin de notre rencontre. Ah, tant de chose s’était produite depuis…

Yuki s’occupa de son bras et, comme je le pensais aussi, il n’y avait pas grand chose à faire. Les médecins ne vous le diront jamais mais en médecine, la pratique la plus courante est de ne rien faire et d’attendre longtemps que le corps fasse tout seul le travail. La médecine ne m’intéressait pas à l’époque mais je devais bien avouer que la présence d’un maitre des justu médical ne pouvait que m’être favorable, à moi et à ma future unité.

Yuki revint vers moi et s’occupa de mon tore. Elle le soigna comme elle le pu mais une fois encore, il était clair qu’il fallait laisser faire le temps. Elle repartit ensuite vers la salle de bain et j’entendis l’eau couler. Ah comme j’aimerais moi aussi prendre une douche, me disais-je alors que j’imaginais l’eau ruisselante sur ma peau. Yuki sortit peu après et vint se blottir contre moi. Je savais qu’elle n’était pas bien, je le voyais dans ses yeux et dans ses gestes. Elle était hésitante et moins assurée qu’au paravent.

Je sentais bien qu’elle s’en voulait même si je ne saisissais pas vraiment pourquoi. Je ne pouvais pas la laisser dans cet état. Je la pris dans mes bras et l’appuya contre moi. Je voulais qu’elle sente ma présence, le fait que je sois là. Je lui susurrais ensuite quelques mots de réconfort à l’oreille.

-Ce n’est pas de ta faute. Rien de tout cela n’est de ta faute. Au contraire, je voulais ce combat et j’ai appris bien des choses au cour de cet affrontement. Des choses qui me seront très utile.

Je laissais ma voix se fondre dans les bruits de fond qui nous entouraient : les chants des oiseaux de neige, les craquement de bois et le vent qui chantait contre les fenêtre. C’était un beau moment. Et bien sûr je ne pus m’empêcher de le gâcher comme il se devait. Je pris donc une nouvelle fois la parole, d’un ton plus grave cette fois-ci.

-Et le nukenin, où est il à présent ?

Yusuke me serra dans ses bras pour me réconforter et l'air de rien, je fermais les yeux tout en me nichant au creux de son cou pour profiter de cette étreinte rassurante, réconfortante. J'avais tellement besoin qu'il me pardonne, qu'il me câline. Je fermais les yeux et respirais dès lors beaucoup plus calmement, beaucoup plus sereinement. La fatigue commençait à me prendre, mais j'avais encore beaucoup de choses à faire avant de pouvoir regagner la chaleur réconfortante de mes draps. Je me redressais donc, sans lâcher des yeux le jeune homme lorsqu'il me demanda pour le nukenin.

"Il ... Il est dans l'une des cellules du palais !"

J'hésitais un peu à lui dire ce que j'allais faire et finalement, je me redressais pour aller m'habiller. Passant un kimono d'un blanc éclatant orné de quelques petites fleurs noires, je revins vers lui et dans un instant de folie, j'accrochais son visage de mes lèvres comme pour vérifier qu'il était bien vivant. Sa réponse venant naturellement, un petit soupir l'échappa et enfin ... Un sourire. Je restais toute proche de lui en lui caressant négligemment la pommette, mes yeux bleus fixés dans les siens :

"Je voulais prendre soin de toi avant d'aller le voir !"

J'avais dit ça avec une tendresse non dissimulé et puis baissant un peu les yeux et en rougissant, je dis :

"Je t'ai fait couler un bain ! Je t'accompagne jusqu'à la salle de bains et je te laisserai un peu te détendre ! L'eau chaude te fera du bien !"

N'attendant pas son accord, je le tirais déjà avec d'infinies précautions vers la salle de bain avant de l'abandonner sur le pas de la porte, collant une dernière fois mes lèvres contre les siennes :

"Je reviens vite promit ! Juste le temps de mettre quelques petites choses au point !"

Puis sans rien ajouter, recevant une dernière attention de ma part, je m'en allais vers mes autres missions et alors que la porte de la chambre se refermait, je pris la direction des escaliers afin de descendre dans les profondeurs du château vers les cellules des prisonniers. J'avais pris mon kit médical avec moi car vu l'état dans lequel j'avais laissé le nukenin, je savais que j'en aurais besoin. Laisser les gens souffrir n'était décidément pas dans ma nature.

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