Nous étions réunis en cette matinée pour le lancement de l'examen chunin international. Pour l'occasion, une grande tente avait été dressée et de nombreux genin attendaient tout comme moi les directives et recommandations. Les dirigeants des différentes nations étaient également présent tout comme plusieurs hauts gradés qui supervisaient l’événement et encadraient la sécurité.

Aburame Mizuki, que je connaissais pour être le bras droit de notre Hokage, montait sur l'estrade face à nous en compagnie d'un Sunajin dont j'ignorais tout. Elle commença son discours en nous expliquant que notre mise à l'épreuve concernerait surtout notre capacité à survivre en milieu hostile et je devais dire que je sentais ces paroles particulièrement malveillantes... N'étais-je pas déjà confronté à un environnement de cet acabit depuis que nous étions arrivés là où le soleil n'hésitait pas à mordre sans sommation ?

Je perdais quelque peu de ma confiance mais poursuivais tout de même avec attention mon écoute. Nous vivrions cela par groupe, lâchés dans le désert pour rejoindre la tour des mirages au Nord. Les conditions climatiques ne seraient pas les seules choses auxquelles nous serions confrontés... En effet, après un claquement de mains, des mercenaires à l'allure impressionnante apparurent devant nos yeux ébahis de genin alors que la plupart d'entre nous retenions notre souffle. Ils allaient nous poursuivre et j'imaginais aisément qu'ils n'allaient pas se contenter de nous courser, s'ils nous rattrapaient nous devrions sans doute les combattre pour les repousser tout en poursuivant notre course et ainsi de suite... Plusieurs facteurs étaient à prendre en compte.

Nous allions être appelé par groupe et l'épreuve ne commencerait alors qu'à ce moment là. Je ne savais guère dans combien de temps j'allais être affectée mais tout en restant attentive à l'appel de mon nom, je commençais a songer à des stratégies, misant d'avantage sur mes facultés de réflexions que sur ma condition d'élémentaire d'eau qui n'allait sûrement pas m'être d'une grande utilité lors de cette épreuve en plus de me conférer un désavantage face à la chaleur environnante et pesante.

Les heures défilèrent tout comme les différents groupes. Je vis Tetsui, mon ange gardien Sunajin qui faisait visiblement équipe avec un Shukaijin et... Kihran ! Parfaitement ! Mon meilleur ami d'enfance se retrouvait avec la personne qui s'était montrée si avenante avec moi lorsque j'avais été mise à mal par le soleil ! Je leur adressais un sourire lorsqu'ils prirent le chemin du désert pour leur souhaiter bonne chance.

L'Hayashi devait aussi souffrir de cet environnement désertique et je savais qu'il pourrait compter sur les facultés de Tetsui pour avancer dans le désert sans trop de difficulté... J'en étais presque jalouse... Aurais-je également la chance de me retrouver avec un Yamada dans mon équipe ? Il ne fallait pas rêver...

Au moins je n'allais pas tomber ni avec le Sunajin peu poli qui m'avait traité comme du bétail ni avec cet abruti de Strike que je n'aurais pas supporter ! Je préférais me confronter à mille soleils qu'à cette allumette sur patte !

La tente se vidait au fur et à mesure et le temps passait si bien que nous n'étions plus que deux groupes potentiels lorsque le nouveau dans lequel je n'étais pas fus appelé. J'observais alors les deux shinobis présents avec moi puisqu'ils allaient indéniablement se retrouver dans mon groupe. Il y avait une jeune femme Sunajin et un homme Kumojin arborant un drôle de maquillage sur le visage. Les deux semblaient très différents et contrastaient nettement. J'espérais que tout deux étaient enclin à travailler en équipe...

Nous fûmes finalement appelés. Ema et Hachi voilà leur identité et je ne savais rien de plus. La nuit commençait à poindre le bout de son nez et cela m'arrangeait fortement. La nuit, le désert était des plus frais mais je ne craignais pas autant le froid que cette chaleur intense. En revanche, nous nous y retrouverions bien moins dans l'obscurité pour atteindre notre objectif, sans compté que sans capacité sensorielles, ils nous seraient presque impossible de connaître la position des hommes en noirs nous poursuivant... Pour le moment cela ne nous affecterait pas mais lorsque la nuit serait bien en place en revanche...

Une fois notre groupe officiellement constitué, nous nous dirigeâmes tous les trois vers le désert tandis que je me présentais à mes camarades.

« Je m'appelle Yell. »

Trouvais-je bon de préciser puisque si nous ne pouvions pas nous tromper sur Hachi, nous étions deux femmes et ce dernier ne saurait pas forcément qui était qui.

« Quelle est votre spécialité ? »

Ce n'était pas par soucis de curiosité mais de façon bel et bien stratégique. Si nous avions a affronter les mercenaires, il fallait que nous apprenions a nous connaître et savoir qui était capable de quoi afin de mettre en place des plans d'actions. Je n'oubliais pas non plus qu'à l'issue de cette épreuve, mes alliés pouvaient devenir mes ennemis et je voulais également en savoir davantage sur eux pour ce genre de retournement de situation...

« Je suis une Gogyou d'eau et préfère le combat à distance. »

Commençais-je. Je n'étais pas particulièrement gênée de le dire bien que les Gogyou n'étaient pas les plus bien vu tant nous étions plus élémentaires que véritablement humains mais c'était surtout le fait de parler de ma maîtrise suiton, qui en plein désert n'était pas des plus utiles, hormis pour se désaltérer... Heureusement nous allions voyager pendant le déclin du soleil donc je possédais moi même ma propre utilité au sein du groupe.

« Nous devrons rester sur nos gardes. La nuit ne tardera pas à s'installer totalement et autant dire que l'obscurité totale ne jouera pas en notre faveur... L'un d'entre vous possèdent des capacités sensorielles ? Ema tu es Sunajin non ? Tes connaissances sur le désert nous serons utile pour parvenir à la tour des mirages ! »

La clé de la réussite était la cohésion et l'entraide. Nous ne pouvions pas nous permettre de jouer chacun pour soi...
Nous y étions, face au désert et pour le moment seuls... Cette vaste étendue sableuse dont nous aurions vite fait de nous perdre si nous perdions de vu notre objectif se trouvant au nord... Heureusement, les étoiles seraient toujours là pour nous guider si jamais cela devait être le cas...

Hachi était arrivé en même temps que tout le monde, le visage encore plissé des plis de son oreiller de voyage. Une brosse à dents dans la bouche et une main dans le pantalon pour se gratter les fesses. Chic, ou pas, mais cette fois il écoutait d’une oreille attentive, se n’était pas comme simplement écouter les paroles d’une ombre racontant les règles de bonne tenue, ici s’était la première épreuve de l’examen destiné à voir s’il était apte ou non à monter dans la hiérarchie de son village alors imaginer le, fébrile, il écoutait comme un enfant à qui on explique l’existence farfelue du père noël.

- Je vous souhaite à tous la bienvenue pour la première épreuve de votre examen Chûnin, qui va mettre à l'épreuve vos capacités à survivre dans un milieu hostile, avec des personnes que vous ne connaissez pas. Par groupe, vous allez être envoyés dans le désert dans un seul but : rallier la tour des mirages, à quelques kilomètres au Nord. Mais ne croyez pas que la traversée et les conditions désertiques seront les seuls dangers qui vous attendent.

Tout en donnant un petit coup de coude à l’un de ses collègues de Kumo, Hachi lui pointa la jolie demoiselle qui s’exprimait à l’avant.

- Ouhouhou t’a entendu, on s’en va dans le désert ! Tu as pensé à prendre de la crème solaire ? Ouhouhou !

Dit-il plus pour cacher son malaise, il serait donc jumelé à deux inconnus… Probablement des gens de village différent et s’il se fiait au bandeau qu’il voyait par si par là, plusieurs villages s’étaient décidé à faire passer l’examen à leur recrue. Les choses devenaient donc à la fois très intéressantes et très inquiétantes, mais son opinion n’était pas fermé pour l’instant, il attendait que les explications soient terminées pour finalement voir si le coup en valait la chandelle.

Puis l’apparition des hommes en noir se fit. Intéressant, humanoïde ou créature créés pour l’évènement ? Il n’en avait pas la moindre idée, peut-être que s’était l’endroit ou tout simplement ses sens mis au repos depuis son arrivé, mais il ne les aurait jamais senti arrivé et s’était l’effet escompter s’il se fiait au rictus de plaisirs sur le visage des annonceurs.

- Une fois l'équipe parvenue à la tour, les directives de la deuxième épreuve vous seront communiquées. Vous partirez de cette tente avec vos compagnons d’aventure dès qu’on vous appellera. Ça peut être dès maintenant comme dans plusieurs heures. Soyez attentifs et prêts : nous ne vous appellerons qu’une seule fois.

Sur cette dernière explication, Hachi sourit à son tour, voilà donc l’enjeu. Une fois l’équipe parvenue à la tour… Il n’était donc pas question d’utiliser ses compagnons, il faudrait ainsi démontrer un esprit d’équipe, et ce même avec des compagnons dont on ne connaît rien. Intéressant, une fois de plus et maintenant qu’il avait toutes les cartes en main, il pouvait donner son rendu sur cette première épreuve. Heureusement pour lui, elle combinait sa force, mais malheureusement aussi sa faiblesse. D’un œil positif, la survie en milieu hostile était sa spécialité et il jugeait avoir vue bien pire qu’un désert. Ensuite, d’un côté plus négatif, il y avait ses faibles capacités à dialoguer adéquatement avec les autres, il avait encore du mal à aligner deux mots sensés avec ses propres compagnons alors, qu’en serait il avec de parfaites inconnues ?

Trois personnes restaient seulement sous la tente. Aucune surprise, donc, sur la composition du dernier groupe qui partirait s'aventurer dans le désert. La nuit commençait à tomber dans le désert quand la voix de l'homme retentit une dernière fois.

- Riba Yell, Zenzaburô Ema et Hachi sont attendus à la sortie de la tente pour le début de leur épreuve !

Putain, Hachi s’attendait à tout, sauf à tomber en équipe avec deux superbes femmes comme les deux kunoichi qui se tenait face à lui, s’était comme tomber sur le jackpot d’un coup ! Tout sourire, il regardait les deux femmes et chercha leurs bandeaux respectifs, heureusement elle semblait aussi inconnue l’une envers l’autre qu’il l’était envers eux…

Yell fut la première à se présenter, une jeune femme forte de caractère, mais qui pensait trop selon Hachi, spécialité… La sienne n’était pas très évidente, mais bon, il n’eut pas le temps de répondre qu’elle continua le détail de sa personne. Il se retrouvait donc avec une gogyou d’eau… Seulement, c’était quoi une gogyou d’eau ? Elle a besoin de boire plus souvent ? À cette pensée, Hachi prépara une gourde de plus au cas où.

« Nous devrons rester sur nos gardes. La nuit ne tardera pas à s'installer totalement et autant dire que l'obscurité totale ne jouera pas en notre faveur... L'un d'entre vous possèdent des capacités sensorielles ? Ema tu es Sunajin non ? Tes connaissances sur le désert nous serons utiles pour parvenir à la tour des mirages ! »

Il est vrai que dans une situation comme celle-ci, l’aide d’une personne connaissant les lieux serait utile, mais tout en apprenant à les connaitre, Hachi se demandait comment elle faisait pour paraître si naturelle, comme de jeune enfant prêt à jouer dehors avec de nouveaux amis.

- Je m'appelle Ema! Je suis heureuse de faire partie de votre équipe. Je suis manieuse de Shotôn et de Suitôn. Et oui, je connais bien Suna. J'ai la chance de connaître les moindres recoins de ce désert magnifique, j'adore m'y promener.

Puis les deux jeunes femmes se tournèrent vers le grand homme qui les accompagnait. À vue d’œil, il ne leur donnait pas plus d’une vingtaine d’années et elle semblait meilleure dans le relationnel que lui, ça c’était sûr.

D’un air étrange, il les regarda à tour de rôle et se gratta la tête frénétiquement.

- Ouhouhou, je ne vous fais pas d’effet ? C’est étrange ouhouhou. De plus, je n’ai aucune idée de ce qu’est un gogyou ou du Shotôn, mais nous devrions partir ! Ouhouhou.

Oui, car bon, en général son apparence fait un brin plus d’effet aux yeux des inconnus… Il faut avouer que ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre une personne aussi bien habillée et maquiller qu’Hachi, mais il n’en fit pas tout un cas. Malgré son allure clownesque, le Kumojin finit par sortir une corde qu’il tendit aux deux demoiselles.

- La nuit nous désavantage, ont devraient s’attacher pour ne pas se perdre ! Ouhouhou. Dites, ça vous dérange si je masque nos odeurs avec une mixture de ma création ? Ouhouhou, avec ça on sentirait l’animal et non le ninja en fuite !

Dit-il simplement en s’attachant, un flacon étrange à la main. Il faut comprendre qu’un chasseur ne part pas à la chasse sans apporter quelque chose pour masquer son odeur naturelle, les bêtes le sentiraient venir et le jeu ne serait pas aussi drôle.

Le briefing toucha à sa fin. Ou plutôt sa rediffusion, vu qu'il ne s'agissait que d'un document copier-coller d'une autre conversation que Mizuki lui avait transmit, comme c'était probablement le cas pour sept autres des accompagnateurs sélectionnés. Pas de quoi se sentir vexé cela dit, il pouvait comprendre l’économie d'efforts : devoir répéter huit fois les mêmes consignes et conseils qu'au premier parce que tout le monde n'avait pas été fichu de se signaler en même temps et de participer tous ensemble à la réunion pouvait être épuisant, surtout après tous ce qu'elle s'était investit dans cet événement international.

Il s'abstint donc de tout commentaire une fois le document lu, lequel lui demandait en gros de mettre une pression psychologique supplémentaire sur les genin qui participaient à l'examen – et physique si nécessaire. Il y avait quelques consignes, interdictions et mise en garde, mais la photocopieuse avait manqué d'encre avant de parvenir à tout imprimer visiblement, à en juger la dernière page blanche. Probablement sans importance.

Il s'intéressa ensuite à la boite fournie avec les documents. Une boite rectangulaire et encombrante, longue d'un mètre cinquante. Entièrement noir si ce n'était les arrêtes vertes, il ne s'attarda pas sur l'extérieur ouvragé et l'ouvrit. A l'intérieur se trouvait deux katanas, entièrement noirs du manche jusqu'au bout du fourreau. Même la lame était teintée, ce qui en faisait en arme à la discrétion meurtrière dans la nuit. Il étudia de près le tranchant et le poids de l'accessoire, soupesant l'un et l'autre dans sa main avant d'en détailler le fourreau. Il admit ensuite seulement qu'il n'y connaissait absolument rien en expertise de katana. Empoignant les lames en ambidextre, il s'essaya à deux ou trois coups dans le vide, laissant le tranchant siffler dans l'air sous ses assauts. Il coupa net le vase sur le table par mégarde, puis admit seulement ensuite qu'il n'y connaissait pas grand chose dans leur maniement non plus, et les reposa.

Il ne restait dans la boite plus qu'un tissu aux couleurs de la nuit, soigneusement plié et ceinturé en son centre par une bande d'un vert spectral. Natsuki l'extirpa et le déplia pour le tenir à bout de bras devant lui. Une très belle pièce. Les organisateurs avaient décidé d'y mettre les moyens dans la mise en scène. A lui de décider maintenant jusqu'où il poussera le réalisme...

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Kibo frappa des mains. Aussitôt, l'Organisation IX les neufs hommes en noirs apparurent sur l'estrade en retrait avec les autres figurants de moindre importance déguisés, dominant la foule de genin participants de leur air sombre et mystérieux. Certains avaient modifié les vêtements à leur image, d'autres préféré la métamorphose. Peu importait au final : ils étaient dans le thème, et leur entrée en scène en imposait. Les premiers signes d'inquiétude se reflétèrent dans les yeux des bas gradés.

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Les groupes partaient les uns après les autres, suffisamment espacés afin de ne pas pourvoir interagir entre eux. En théorie, le le premier devait avoir suffisamment d'avance pour que le second ne puissent pas le rattraper. Au fur et à mesure, les accompagnateurs chargés de jouer les croque-mitaines s'en allaient aussi pour prendre pas à l'événement à leur façon. Natsuki savait déjà qui étaient les genin composant le groupe dont il aura la charge, et quelles étaients brièvement leurs spécialités et histoires. Il avait prit connaissance de leur parcours dans le désert, s'était formé à ses dangers, et autant que possible, préparé à affronter le rude climat sans le moindre support extérieur. Il avait estimé à peu près à six heures le temps qu'auront besoin les genin pour rallier la tour – sans compter les incidents -, soit bien assez pour leur mettre suffisamment de bâtons dans les roues.

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Ils s'étaient finalement mit en route en toute fin de journée, après avoir moisi sous l'immense tente chauffée par le soleil, une fois amenés à leur point de départ. L'épreuve pouvait commencer, et les accidents qu'il aura peut-être du mal à justifier qui en découlaient aussi. Natsuki avait prit une large avance sur eux, et s'était assuré de rester discret jusqu'au moment voulu tout en les gardant à l’œil. Il les aperçu au loin grâce à une paire de jumelles, lorsqu'ils s'arrêtèrent auprès d'un gigantesque rocher émergeant du paysage comme un iceberg hors de l'océan du nord. Une unique phrase avait été grossièrement gravée dessus, vraisemblablement à l'aide d'un sabre acéré qui n'avait éprouvé aucune difficulté à trancher la pierre.

'' Souvenez-vous, le désert ne sera pas votre seul ennemi ici.''

Le soleil tutoyait l'horizon embrasé, et les étoiles apparaissaient déjà par centaines à l'autre bout du ciel. La silhouette de l'homme en noir se découpait à bonne distance sur le fond rougeoyant au sommet d'une dune, observant le jeune groupe d'un regard impassible. Une mise en scène que probablement d'autres avaient choisit pour commencer, mais il doutait que ces fameux autres aient assez de cran pour autant lier la réalité à l'épreuve que lui l'avait prévu. Une réalité cruelle pour une épreuve sanglante.

Il tira sur les rênes de son chameau pour le faire tourner, et disparut de la vue des genin en passant derrière la dune. Il n'avait plus qu'à attendre de voir si son groupe aura l'intelligence de profiter de la nuit glaciale pour avancer, ou s'ils auront la sottise de se perdre dans les ténèbres. Sa toile était tendue, il ne tenait plus qu'à eux de s'en sortir avec le moins de séquelles possible...

N'importe comment, ils ne feront pas plus deux kilomètres s'ils décident d'avancer, jusqu'à la crevasse du canyon qu'ils devront obligatoirement traverser.

Ema maniait le shôton. C'était un pouvoir que je n'avais jamais eu l'occasion de voir à l'oeuvre bien que j'en avais déjà entendu parler. Cela me paraissait abstrait mais le maniement du cristal devait se révéler être une arme redoutable aussi bien de manière offensive que défensive. Un bon point donc qui équilibrait déjà notre team. Elle savait également manier le suiton ce qui pouvait être intéressant mais pas nécessairement étant donné que je ne savais faire pour ma part que cela : j'étais littéralement l'eau.
La Sunajin serait également notre guide dans le désert jusqu'à la tour.

Hachi semblait... plus étrange. Je ne m'étais pas attardée sur son « maquillage » ou même son accoutrement en général parce que j'estimais que chacun était libre d'être celui qu'il voulait et ne portais pas de jugement personnel sur les personnes se distinguant des autres : j'aurais été mal placée pour le faire. Cependant, outre sa façon très étrange de parler, il ne semblait visiblement pas très à l'aise avec la communication et ne semblait guère avoir compris ce que Ema ou moi étions capables de faire.

« Il faut dire que ce n'est pas très courant. »

Le rassurais-je.

« Les manieurs du shôton maîtrise le cristal et les Gogyou sont des élémentaires. Je suis pour ma part une élémentaire d'eau. »

Je n'avais pas envie de gaspiller mon chakra à lui montrer ma forme aqueuse mais il aurait sûrement l'occasion de le constater incessamment sous peu, lorsque nous serions pris en chasse par l'Homme en Noir.

Je m'apprêtais à lui demander des précisions sur ce que lui même savait faire lorsqu'il sorti une corde de sa sacoche, me faisant arquer un sourcil alors qu'il proposait non seulement de nous détacher mais aussi de nous enduire d'une décoction de son cru pour masquer notre odeur... Eh bien pour certaines personnes il fallait croire que le look excentrique correspondait parfaitement à leur conception des choses...

« Euh... Ce ne sera pas nécessaire. Ema et moi sommes des combattantes à distance principalement et je n'ai encore aucune idée de ce qu'il en est pour toi mais nous aurons besoin de toute notre mobilité face à notre poursuivant : nous ne pourrons guère rester groupés de façon rapprochée sans quoi il sera aisé pour notre adversaire de nous avoir. Alors oui la nuit va tomber mais... Je suppose que tu ne dispose ni d'une affinité Katon ni d'une affinité Raiton, Hachi ? »

Nous aurions pu en effet créer des torches pour avancer si la nuit se montrait trop dense. Cela indiquerait aussi notre position mais nous serions plus à même de voir le danger survenir plutôt que de nous enfoncer aveuglément dans l'obscurité.

« Quant à ta mixture... Personnellement je suis bien plus élémentaire qu'humaine alors je ne possède pas vraiment d'odeur propre à un humain... Et puis je doute que notre assaillant se servira de notre odeur pour nous pister... A moins qu'il s'agit d'un Inuzuka par exemple. »

Nous pouvions désormais commencer véritablement notre route après avoir mis les choses au point sur nos différentes aptitudes en combat.
Nous marchions un moment en direction du nord avant de tomber sur un imposant rocher comme dressé là au milieu de nul part alors qu'il n'y avait rien d'autres à perte de vue, hormis des cactus, des dunes et … du sable. Le soleil était sur le déclin mais la nuit ne s'était pas encore installée si bien qu'il ne fut pas difficile de voir que quelque chose avait été gravée dans la pierre.
Nous étions restés sur nos gardes depuis le début de notre périple mais aucun d'entre nous ne semblait être doté de sensorialité ce qui compliquait un peu les choses.

« Souvenez vous, le désert ne sera pas votre seul ennemi ici... »

Lisais-je sur la pierre taillée. Une arme contondante aurait pu faire cela aisément, ce qui pouvait sans doute correspondre à ne pas douté avec les katanas dont disposaient nos poursuivants que j'avais pris le temps d'observer sur la scène malgré leur maigre apparition, tentant d'en savoir plus à leur sujet ou sur leurs aptitudes. Ce que je ne savais pas en revanche, c'était si ces hommes n'étaient que des créations pour l'examen où si de véritables shinobis ayant leurs propres spécificités se cachaient sous ce masque...

« Un avertissement pour témoigner de sa présence. Nous savons qu'il doit rôder de toute façon non loin d'ici. Peut-être même qu'il nous observe en ce moment même. Je serais d'avis pour poursuivre notre route, autant faire le maximum de route sans la contrainte de la nuit qui nous posera probablement quelques difficultés supplémentaires. Le désert ne sera en effet pas notre seul ennemi, notre poursuivant forcément, mais aussi la température qui se rafraîchit grandement lorsque le soleil décline, l'obscurité, la faune et la flore locale... Tout un tas de paramètres que nous devons prendre en compte. Ema, c'est toi qui connaît le mieux le désert. N'hésite pas à nous prévenir si tu reconnais quelque chose qui pourrait nous nuire et que nous ne verrions pas forcément. »

Il n'y avait pas de chef dans notre équipe, chacun possédait ses idées et ses spécificités propres qui le rendait utile dans un domaine plutôt qu'un autre. Je savais que ma condition d'élémentaire d'eau ne serait pas ma plus grande force durant cette épreuve, c'était sans nul doute ma réflexion naturelle et mon sens de la stratégie qui allait me servir pour nous guider jusqu'à la tour.

Après deux kilomètres à poursuivre notre route, nous tombions face à face avec l'immense crevasse d'un canyon. La nuit s'annonçait de plus en plus meurtrière, si nous ne pouvions pas voir plus loin que le bout de notre nez ce genre de piège pourrait nous occasionner bien des problèmes... Pour le moment cette dernière n'était pas tombée mais lorsqu'elle serait bien installée, il nous faudrait nous reposer et sans doute reprendre notre route aux premières lueurs de l'aube car sans senseur cela était bien trop dangereux de s'aventurer dans le désert de nuit.

Il nous fallait donc traverser en prenant en compte notre possible assaillant qui pouvait surgir n'importe quand et n'importe où ou bien même nous mettre des bâtons dans les roues...

« Des suggestions pour traverser ? »

Même en plaçant du chakra sous mes pieds contre la paroi du canyon je n'étais pas certaine de pouvoir sauter assez loin pour me réceptionner de la même manière sur l'autre côté. Je ne pouvais donc rien faire avec mes capacités mais Ema pouvait sans doute modeler une sorte de pont de cristal pour nous permettre de traverser ? Ou bien Hachi possédait-il d'autres cordes ou autre éléments utiles dans sa sacoche ?

Plus le trio avançait, moins l’ainé du groupe se sentait intéresser par les deux jeunes femmes d’un point de vue professionnel, il avait donc affaire à un élémentaire d’eau et une autre capable de créée des cristaux, s’était trop étrange pour lui. Elles étaient certes intéressantes, chacune à leur façon, mais son expérience de la vie était bien plus poussée et longue que la leur, il se sentit donc un peut vexer qu’elles ne refusent ses idées, dissimuler son odeur est toujours bon lors d’une traque, sans oublier que le but de l’épreuve n’est pas de combattre, mais bien d’atteindre le point B, l’idée de s’attacher était donc une bonne façon de ne pas avoir à toujours regarder derrière, mais soit, il ne pouvait pas les attacher de force. D’un autre côté, tout n’était pas noir ici. Il était venu dans l’espoir d’être mis dans des positions qui le surprendraient et le désarmerait. Sur ce point, il était servi, se surprit-il à penser en regardant les deux jeunes adolescentes qui l’accompagnaient.

Yell semblait négliger son humanité au détriment de son pouvoir aquatique, c’était aux yeux du chasseur une idée bien grotesque puisqu’elle était comme tout le monde parfumé des odeurs caractéristiques, les vêtements, les parfums et les odeurs plus subtiles encore, que se soit les siennes ou ceux des gens qu’elle avait côtoyés, tous avaient eu chaud durant cette longue journée d’attente au soleil, mais tant pis pour eux, s’était leur choix après tout. D’un mouvement, Hachi s’était imprégné de sa substance avant de se rouler dans le sable, créant ainsi un petit camouflage artisanal. Il valait mieux mettre toutes les chances de son côté.

Il n’avait même pas répondu, il leur avait simplement lancé un petit regard de curiosité en haussant les épaules et les avait suivis jusqu’au rocher, ou Yell s’était d’abord permis de lire à voix haute et d’exprimer son point de vue, suivi de celui d’Ema. Déjà, il suspectait que la jeune kunoichi ne prenne la grosse tête, elle semblait agir en chef, mais lui il trouvait sa drôle, se n’était probablement pas intentionnel, elle voulait faire de son mieux et s’était normal dans une telle situation. Un peu plus tôt, elle lui avait demandé s’il pouvait faire de la lumière, or s’était probablement le meilleur moyen de se faire repérer, mais également de perdre l’incroyable vision que la voie céleste allait leur offrir cette nuit, car le désert avait bien beau ne pas être éclairer, la lune et les étoiles eux rendaient le périple très facile d’accès à son sens. C’était donc la première erreur d’expérience de la jeune fille, mais ensuite, en lisant la phrase, elle était tombée dans le piège tout comme Ema, mais encore là, il ne leur expliquerait pas sa façon de voir les choses tout de suite. Trop amuser par la façon de réfléchir de la jeune Konohajin et de la jeune Sunajin, Hachi gloussait en silence sans se faire remarquer.

Un peu plus loin, en arrivant à la crevasse, Yell repris parole, démontrant sans avoir besoin d’en rajouter qu’elle se fiait à ses collègues pour trouver un moyen de traverser.

« Des suggestions pour traverser ? »

« J'ai peut-être une idée, à moins qu'Hachi ait une technique plus appropriée. Yell, serais-tu capable de créer un filet d'eau d'un bout à l'autre de la crevasse ou au moins jusqu'à son centre? Je serai en mesure du coup, de cristalliser ce filet qui pourrait ainsi faire office de pont. Je peux aussi matérialiser des disques de diamant qui pourraient servir de plateforme. Cependant, je ne peux pas les faire léviter, il faudra être extrêmement rapide et coordonné pour sauter sur ces disques de diamant lorsque je les créerai. J'espère que tu as une meilleure idée Hachi... »

Il était donc temps pour Hachi de leur expliquer son point de vue. Étant donnée la situation, le temps était adéquat. C’était ça ou sauter dans le vide alors au moins, il était certain d’avoir leur attention. Il avait mâché ses mots durant tout le trajet pour formuler la chose afin de ne pas les blesser, alors c’est en se massant chaleureusement la nuque qu’il capta l’attention des deux jeunes femmes et débuta ses explications sur ce qui selon lui semblait être le plus logique et devait être clarifié.

- Ouhouhou. Bon, maintenant que nous arrivons à notre première impasse, je me permets de vous faire remarquer que vous êtes tous deux tombés dans le piège de nos ennemis. Ouhouhou, l’apparition des ninjas noirs sur scène et ensuite le rocher qui parle d’ennemi, le tout n’est que distraction pour nous ralentir, nous stresser et nous éloigner de notre but premier, atteindre l’endroit qui se trouve dans cette direction. Ouhouhou.

Dit-il simplement en pointant l’horizon.

- Donc, Ouhouhou, pour reprendre Ema, Ouhouhou. Non, le combat ne peut pas commencer. À vous de rallier la tour par groupe, peu importe le moyen, voilà les mots qui doivent être pris au sérieux. Ouhouhou. Notre but est simplement d’arriver tous ensemble de l’autre côté, nous devons nous aider et n’abandonner personne. Ouhouhou. L’ennemi est certes présent, d’ailleurs j’ai senti sa présence écrasante proche du rocher, mais pour l’instant, il nous observe alors dépêchons-nous et traversons. Ouhouhou.

Sans en rajouter plus, il leur tira un sourire démesuré pour leur montrer qu’il n’était pas en colère contre eux, au contraire, il aimait bien les laisser résonner par eux même, mais le temps n’était plus à la réflexion.

- Ouhouhou, ne le prenez pas mal, mais économiser votre énergie, construire un véritable pont serait bien trop long et couteux en chakra. Ouhouhou.

Dit-il en sortant son arc sur lequel, il plaça sa première flèche rattacher à la corde qu’elles avaient refusé d’utiliser un peu plus tôt. Tout en bandant ses muscles, il visa, puis laissa le projectile se figer dans la proie adjacente. Hachi recommença la manœuvre encore et finalement une dernière fois avant de tendre une corde à chacune des demoiselles.

- Ouhouhou. Mon arc est spécial, il faut la force de deux hommes pour l’utiliser alors n’ayez pas peur, les flèches qui sont également plus résistantes devaient supporter notre poids ! Ouhouhou, les choses deviennent excitantes n’est-ce pas ! Ouhouhou, les dames d’abord et faite attention a l’atterrissage !

Finit-il par dire tout sourire en regardant le fond de la crevasse.

Ils firent leur choix d'avancer, constata Natsuki. Il éperonna alors son chameau, et caché par les dunes, conforta son avance malgré l'animal qui peinait avec son nouveau corps. Il arriva à la crevasse bien avant son groupe dans les dernières lueurs du jour mourant, et sauta de sa monture. Cette dernière, privée du chakra qui alimentait sa métamorphose combinée, reprit sa forme initiale, à savoir un petit caméléon qu'il ramassa et rangea dans un gros bocal de verre aéré sous sa cape. Nozomi le lui avait confié pour passer l'épreuve tranquillement, mais c'était sans se douter que lui-même sera présent. Et maintenant qu'il l'avait, impossible de refiler le bébé à un autre... L'animal lui lança un regard mauvais – probablement peu habitué à l'enfermement -, que le Nara tatoué ignora parfaitement. C'était de la faute de Haru s'il se retrouvait prisonnier de toute façon. Natsuki avait bien tenté de le porter à l'épaule comme sa propriétaire légitime, mais la créature passait son temps à lui griffer le visage quand elle ne lui fourrait pas sa langue dans l'oreille.

Enfin passons, c'était juste pour la petite histoire.

Natsuki rangea donc son compagnon infortuné, canalisa son chakra dans ses pieds, et traversa d'un bond extraordinaire le gouffre. Ses genoux encaissèrent la réception sans se plaindre, tandis que ses yeux se tournaient déjà vers le bord qu'il venait de quitter. Au loin, l'horizon était dépourvu des silhouettes de Hachi, Yell et Ema. Il avait donc encore le temps de se mettre en position et s'y cacher. Il adhéra à la parois du fossé, et descendit sur trois ou quatre mètres avant d'atteindre la cavité qu'il avait creusé quelques jours plus tôt. Celle-ci avait de quoi l'accueillir s'il s'y tenait en tailleur, et avait l'avantage dans sa disposition d'être à l'abri de toute lumière. L'horizon avala totalement les restes du soleil : le Nara tatoué était maintenant dans son élément, invisible parmi les ombres.

Le trio arriva finalement devant la crevasse peu de temps après, et commença à évaluer leur obstacle. Natsuki ne pouvait pas entendre ce qu'ils se disaient, mais c'était sans importance. Il porta à ses lèvres un sifflet à ultrason, et envoya dedans une puissante expiration : le chronomètre s'enclencha pour les genin. La plupart des animaux du désert vivaient la nuit, dont une meute de prédateurs avec une tanière non loin du groupe de shinobis. Si elle n'était pas déjà en chasse, l'appel du sifflet allait immanquablement les faire rappliquer. La petite troupe donc avait intérêt à trouver vite une solution. Et Natsuki veillait au grain. Feront-ils le tour de leurs capacités ? Se décideront-ils assez rapidement ? Et surtout, parviendront-ils à faire le bon choix sous la pression d'un ennemi invisible sur leurs traces ?

Ils décidèrent finalement de s'en remettre au Kumojin, lequel avait préparé pour ses équipières et lui-même trois cordes plantées sur l'autre bord du gouffre à l'aide de flèches qu'il venait de tirer à l'arc. Ainsi donc ils comptaient s'élancer dans le vide, puis escalader la parois une fois les pieds posés dessus. Une idée plutôt bonne, avec des risques limités : seulement se briser les jambes en cas de mauvaise réception, ou choir dans le vide si leur grappin lâchait prise. Ils n'avaient plus le choix de toute façon : porté par le vent, le cri de la meute résonna dans le désert nocturne. Les prédateurs se rapprochaient.

Afin d'avancer dans sa rédaction, Natsuki en déduisit que le trio sauta dans le ravin, chacun fermement accroché à son lien respectif. Ils exécutèrent un mouvement de balancier, et filèrent dans le vent. Le Nara regarda les cordes se tendre sous le poids des personnes qu'elles soutenaient, puis rester tendu une fois en position verticale. Parfait donc, personne n'avait lâché prise. Les trois genins étaient encore là, une vingtaine de mètres plus bas, sur le point de commencer leur ascension. Le plus proche de lui passera à trois mètres de sa cachette, ce qui lui garantissait plus ou moins de rester invisible tant qu'il se tenait tranquille. Et il n'avait pas besoin de bouger pour titiller la corde sensible de son groupe, littéralement.

Il composa une série de mudras, lesquels donnèrent vie à son ombre qui commença à se mouvoir comme un serpent parmi ses semblables. L'obscurité jouait à son avantage. Elle remonta la parois, et rampa jusqu'à la première flèche plantée à porté. Celle de Ema. Hachi était le plus près d'elle, les deux pouvaient s'atteindre en tendant le bras. Auront-ils le réflexe de le faire ? L'ombre se changea en main, et attrapa la hampe du projectile. La première tentative pour l'extraire ne fit qu'affaiblir la prise de cette dernière dans la roche : La corde qui y était rattachée dégringola d'une poignée de centimètres, mais tint bon. Juste le temps pour la Sunajin de mettre en doute la solidité de la prise de son grappin : la deuxième tentative arracha la flèche, ouvrant le vide à la jeune femme que plus rien ne retenait.

Bien évidemment, Natsuki ne laissera pas chuter indéfiniment sa victime s'il voyait que cette dernière ne parvenait pas à se rattraper. Il avait les moyens de forcer un peu le destin, et de prodiguer un coup de pouce inaperçu au besoin... D'un autre côté, si Hachi ou elle se montrait assez vif, pourquoi ne pas semer davantage encore la zizanie dans le groupe ? La main d'ombre ondula jusqu'à la flèche la plus éloignée, et la délogea de la roche de la même façon, en deux étapes. Elle empoigna ensuite fermement la dernière encore en place, et s'assura que celle-ci reste au contraire bien ancrée dans sa position : trois individus à soutenir, cela devait commencer à faire beaucoup pour le pauvre projectile...

Il les laissa remonter sans autre incident, et se remettre de leurs émotions. La route s'ouvrait devant eux, avec dans un ou deux kilomètres, d'anciennes ruines à demi éventrée, à demi-ensevelie. Pas le genre d'endroit que l'on s'amuserait à visiter pendant une épreuve d'examen, mais il ne leur laissera pas le choix. Dès qu'ils se seront éloignés, il remontera à son tour, et lèvera une tempête de sables dans leur dos. Il ne maîtrisait peut-être pas l'élément des Kawaguchi, mais son affinité avec le vent pouvait très bien reproduire des effets similaires à la perfection. Il avait juste à leur laisser un peu d'avance, pour que le sable avide de lacérer leur chair ne soit pas trop vite sur eux.

Et s'ils courraient assez rapidement, peut-être même qu'ils parviendront à s'abriter sans se faire ensevelir.

Spoiler:

D'un œil avisé, Hachi planta trois flèches serties de cordes dans la paroi face à nous, au dessus du vide. Nous n'avions plus qu'à nous balancer pour atterrir sur la roche et laisser notre chakra circuler dans nos pieds pour nous extirper de là.

Seulement voilà, rien ne voulait se passer comme prévu si bien que les flèches censées être plus résistantes, comme nous l'avait affirmé Hachi, se décrochèrent une à une. D'abord celle d'Ema qui bascula dans le vide, tout juste rattrapé par le chaman hystérique avant que ma propre flèche ne se décoche du mur. J'avais senti une force s'abattre dessus ce qui me faisait dire qu'elles ne s'étaient pas ôtées d'elle même... Quoi qu'il en soit, et sans que je comprenne vraiment comment cela était possible en plus de ne rien voir dans les ténèbres du ravin, Hachi me rattrapa également tout en maintenant toujours Ema... Ainsi stabilisés, nous escaladions la dernière corde pour nous retrouver sur la terre ferme le plus vite possible avant que le dernier projectile ne cède.

« Merci Hachi. »

Lui exprimais-je pleine de gratitude, lorsque nous étions saufs pour le moment. J'observais les alentours avec intérêt et méfiance, la nuit avait gagné le désert et notre seule source de lumière se trouvait être les astres. Autant dire une lumière suffisante pour avancer mais aussi sacrément tamisée. Nous ne pouvions de toute façon pas rester sur place, les prédateurs que nous avions entendu un peu plus tôt, devaient sans doute encore rôder dans le coin : il nous fallait poursuivre et continuer notre avancée dans la nuit éthérée. La route allait être véritablement longue avant d'atteindre notre objectif...

Je vérifiais les constellations pour être certaine de me diriger vers le nord, par réflexe, bien qu'Ema, qui connaissait le désert comme sa poche en tant que Sunajin, ne tardait pas a confirmer la direction à prendre.
Toujours sur nos gardes, nous progressions doucement en silence pour ne pas attirer l'attention sur nous. Rien ne servait de se presser. Il n'était précisé nul part que nous devions atteindre la tour dans un temps impartie et puisque les groupes n'étaient pas partis en même temps, cela ne pouvait être possible qu'un tel facteur soit pris en compte pour la réussite de l'épreuve.

Après environ deux kilomètres de marche tranquille, nous apercevions au loin ce qui semblait être des ruines, bien que cela ne semblait pas très clair du fait de la maigre vision de l'environnement que nous octroyait le ciel nocturne. La température avait également drastiquement diminuée et si je supportais bien mieux le froid que la chaleur intense, j'espérais que mes coéquipiers n'en souffrent pas de trop.

Cependant, la morsure du froid ne fit que croître lorsque le vent sembla se soulever tandis que l'on pouvait entendre son sifflement. Lorsque je le compris, j'en enquérais au plus vite mes alliés.

« Le vent se lève ! Il ne faudrait pas que cela se transforme en véritable tempête de sable ! Je n'ai vraiment pas envie de m'aventurer dans ces ruines dont on ne sait rien et qui sont sans doute truffées de piège puisqu'elle se trouve sur notre itinéraire d'examen mais je doute que nous fassions long feu si nous laissons la tempête nous rattraper ! »

Les alcôves, même à moitié détruites, du vestige, nous laisseraient l'occasion de nous protéger du sable qui ne demanderait qu'à flageller nos corps. Nous nous mettions donc à courir pour nous réfugier avant d'être totalement à la merci des éléments déchaînés...

« Ema, les tempêtes de sable peuvent durer un moment non ? »

Questionnais-je la native.

« Nous ne pourrons pas nous permettre de rester ici si longtemps surtout que les dangers rôdent peut-être également entre ces murs a moitié ensevelis... Il nous faut avancer à couvert tout en restant sur nos gardes. Avec un peu de chance, les ruines feront barrage à la bourrasque et nous pourrons progresser de l'autre côté sans nous en soucier. »

Plus le sable soulevé rencontrerait d'obstacles dans son sillage et plus il en serait ralenti dans sa course pernicieuse. Il y avait peu de chance que cette tempête qui se soulevait juste au moment où nous franchissions un obstacle, soit naturelle... Je doutais que notre homme masqué reste en planque des heures à cracher son sable pendant que nous nous abriterions dans les ruines : il nous forcerait forcément à en sortir.

« Vous avez une autre idée ? »

Demandais-je tout de même à mes coéquipiers.

Natsuki n'avait pas perdu une miette du sauvetage in-extremis d'Hachi sur son alliée. Un bras venait littéralement de lui sortir de la paume, offrant la rallonge suffisante pour empêcher Ema de sombrer dans les profondeurs obscures du gouffre. Mécaniquement, le Nara tatoué porta sa main à son propre bras, mais non, ce n'était pas cela. Il en doutait. Tout s'était passé rapidement, très rapidement, mais pas assez pour qu'il en rate l'essentiel. Ce devait être autre chose, et il avait une vague idée de quoi... Rien à ce sujet ne figurait dans le dossier de Hachi qu'il avait dû lire pour l'examen. Intéressant, vraiment très intéressant. Que cachait-il donc d'autre dans ses manches ? Avec Yell et lui-même, le groupe numéro neuf formait décidément une belle foire aux monstres...

Mais trêve de considération, il était temps de passer à l'action pour Natsuki, il avait laissé assez d'avance au trio hétéroclite. Il traça devant lui un quart de cercle avec son pied pour se mettre en position, et souffla. La première vague de sable se leva, signe avant-coureur pour les genin qu'une violente tempête se préparait. Il se concentra, laissant son énergie se canaliser dans ses bras, glisser le long de ses mains, puis enfin filer vers l'avant en violentes bourrasques à travers ses doigts. L'intensité augmentait à chaque vague, les quantités de sable soulevées décuplées à chaque pas vers l'avant. Bientôt, le ciel et la terre furent liés par le nuage dense qu'il avait construit, lequel roula vers l'avant, indifférent aux obstacles, créatures et humains présents sur sa route. Tout sera balayé sans distinction. Sans pitié.

Un peu plus loin, le groupe avait choisi d'affronter l'inconnu des ruines antiques plutôt que la certitude d'une tempête lacérante. Un choix avisé, mais davantage guidé par la contrainte plutôt que l'optimisme d'y trouver un véritable refuge, il en était certain. Tout du moins, il leur souhaitait sincèrement, car le cas échéant, ils allaient au devant d'une amère surprise... Les ruines avaient été préparées par ses soins après tout. Alors, même si les murs à demi écroulé de l'ancienne citadelle les protègeront de sa tempête, rien ne les gardera des pièges qui y étaient disséminés, sinon leur sang-froid, leur attention, et leur capacité de se décider au bon moment.

Comme attendu, Natsuki perdit le contrôle sur sa tempête. Le mélange des rafales cinglantes qu'il avait crée et de l'air chaud du désert avait donné naissance à une tornade animée par les seules lois naturelles de la physique. Elle aura besoin de plusieurs heures avant de s'essouffler et mourir, ce qui était parfait : le Nara Tatoué pouvait maintenant s'occuper pleinement de son groupe prit au piège dans les vestiges du passé sans avoir les mains prises avec la raison de leur refuge.

Il tira de sa poche un petit appareil prêté par le clan Saibogu en forme de demi-sphère pourvu d'un écran vert, et le consulta après pression d'un bouton. Celui-ci s'alluma, et un petit point s'afficha dessus en clignotant : la direction dans laquelle se trouvait l'émetteur qu'il avait placé. La direction des ruines. La tempête lui bloquait peut-être autant la vue que le passage, mais s'il avait bien apprit une leçon dans sa vie, c'était qu'il était toujours possible de forcer son chemin. Il dégaina ses deux sabres de leurs fourreaux dans un doux chuintement, et les gorgea de son affinité élémentaire. Les lames vibrèrent légèrement sous l'afflux de chakra, qu'elles relâchèrent soudainement lorsqu'il trancha l'air avec. Le coup en croix donna naissance à deux ondes de vent que rien n'arrêta. Elles percèrent le nuage de sable et dégagèrent un tracé éphémère pour le shinobi qui couru à leur suite. Haru fermement tenu sous le bras pour lui éviter de connaître le même destin qu'un œuf secoué dans une boite, il offrit au caméléon la plus grande pointe de vitesse qu'il connaîtra dans sa vie de saurien.

Natsuki pénétra à l'intérieur des ruines par un mur éventré, et s'avança immédiatement pour se mettre à l'abri lui aussi. Il avait beau être un shinobi à l'expérience certaine, il n'en restait pas moins vulnérable : même s'il avait davantage de ressources que les genins ici présents quelque part, la nature pouvait le blesser aussi certainement qu'un poignard dans le cœur.

« Cela va, Haru ? » demanda-t-il à l'animal - qui se contenta de cligner des yeux – avant de le ranger.

Il commença par repérer son environnement, afin de se localiser par rapport au plan mental des lieux qu'il s'était établit et mémorisé pendant sa préparation. Les chemins qui rapprochaient de la Tour des Mirages n'étaient pas foule, pour peu que l'on ne se risquait pas à braver la tempête extérieur en des raccourcis à découvert. Il en avait dénombré trois, mais le parcours dépendait fortement de par où les genins étaient eux-même entrés. Qu'importe, il les retrouvera bien assez vite, lui avait l'avantage de connaître les lieux, et surtout, où étaient les traquenards... Celui qu'il avait le plus disséminé était un simple sceau, appliqué à même le sol ou certaines parois. Cette marque avait pour particularité de s'enclencher en subissant une certaine pression dessus, comme celle d'un rocher lancé, ou d'un pied. En résultait alors une explosion plus impressionnante que réellement meurtrière : la déflagration brûlait à peine, tandis que le souffle lui repoussait violemment la victime dans le sens opposé. En d'autres termes, il s'agissait juste d'amuse-bouche destinés davantage à leur supprimer tout sentiment de sécurité illusoire plutôt que de leur faire démarrer la seconde épreuve en pièces détachées. Ce type de piège avait deux autres avantages : le premier était qu'il en avait déjà fait détonner plusieurs plus tôt dans la journée pour faire croire à son groupe au passage de quelqu'un avant eux, et le second qu'il était bruyant. S'il ne retrouvait pas les genins à la trace, il les repérera au son.

Et assurément, il leur tombera dessus avant qu'ils n'aient l'occasion quitter les ruines.

Finalement, le groupe était d'accord pour franchir les ruines même si, de toute façon, ce n'était pas comme si nous avions le choix... Entre s'aventurer en terrain inconnu ou essuyer une violente tempête de sable qui se transformait peut à peut en tornade, il n'y avait pas photo quant au choix à faire...

Dissimulés derrière les parois rocheuses du vestige du passé, nous progressions ainsi à couvert pour ne pas subir le courroux du sable déchaîné.
Plus tôt, nous avions entendu des explosions et ces dernières provenaient peut-être des ruines et avaient été subies par les précédents candidats... Il nous fallait redoubler de prudence car des pièges y étaient sans doute dissimulés et la pénombre n'aidait en rien notre visibilité.

Nous progressions donc doucement, à tâtons, rien ne nous servait de nous précipiter comme des dératés dans ce labyrinthe ancien, il nous fallait plutôt faire preuve de prudence.

« Je propose d'ouvrir la marche. Ma condition me permettra d'encaisser des explosions sans trop de problèmes si jamais l'une d'elle devait s'enclencher. »

Avais-je dit au moment où nous étions entrés dans les ruines.
C'était effectivement ce que je faisais, je marchais en tête et, alors que le sol n'était de toute façon pas régulier car jonché de gravas ou d'amas de sable ici et là, je sentis quelque chose s'enfoncer sous mon pieds et je compris...

Mes yeux s'écarquillèrent de stupeur tandis que je demandais au groupe de faire attention et qu'au même moment, une flèche fut tirée depuis le mur en face et projetée dans notre direction. Le projectile transcendait l'air à toute vitesse et l'éclat de l'astre lunaire me permit de voir celui de sa pointe aiguisée qui fonçait en direction de mon genou si bien que je dématérialisais ma jambe en forme aqueuse, laissant la flèche la traverser et ressortir derrière tout en ayant perdu en vélocité dans sa course.

Je déglutissais et ré-matérialisais ma jambe tout en m'enquérant de l'état de mes compagnons qui avaient très bien pu se la prendre ensuite.

« ça va ? »

Une fois constaté que tout allait bien je poursuivais :

« Bon et bien les explosions ne sont visiblement pas les seuls types de pièges auxquels nous auront à faire face... Cette flèche s'est enclenchée via le mécanisme d'une dalle pression : il va falloir faire attention où nous mettons les pieds... Éviter aussi de toucher les parois faisant office de murs, sait-on jamais... »

Nous aurions également pu nous séparer dans les trois chemins qui s'offraient à nous mais nous n'étions pas sûr que tous débouchaient sur quelque chose et il valait mieux que l'on reste groupé pour combiner nos spécificités pour progresser.

J'attrapais alors plusieurs cailloux issus de l'érosion de la roche et les faisaient rouler au sol face à moi et au loin pour nous guider sans risquer d'endurer le supplice de tous les pièges présents. Je n'étais apte qu'au suiton et je doutais que des billes d'eau aient un poids suffisant pour actionner les mécanismes sans quoi il me suffirait de faire progresser une flaque d'eau devant moi jusqu'à ce qu'elle rencontre des dalles mais puisque cela ne marchait pas et que je ne voulais guère utiliser une trop grande quantité de ma réserve de chakra en me matérialisant entièrement sous ma forme aqueuse pour progresser sans danger, alors je me servais de mon environnement pour aider notre groupe dans notre progression. Parvenir à m'en sortir était une bonne chose mais le faire tout en aidant aussi mes compagnons était plus important encore.

L'un de mes cailloux fit mouche et une détonation retentit, envoyant une vague de chaleur brûlante, qui, bien qu'elle nous épargna du fait de notre position éloignée, nous gratifia de ce puissant souffle qui nous fit reculer violemment dans le sens opposé. Je fus projetée contre l'un des murets mais m'en sortie sans trop de peine et j'espérais qu'il en allait de même pour mes camarades. Visiblement nous étions en parfaite insécurité dans ces ruines tapies dans les ténèbres de la nuit...

Spoiler:

Les ruines étaient silencieuses, en dehors du vent nocturne qui hurlait à l'extérieur. Chaque pas résonnait sur les murs, laissant planer une atmosphère oppressante dans l'obscurité des anciens couloirs. Ici, pas d'étoiles pour guider les pas, pas de lune vers qui se tourner pour trouver un peu de réconfort. Seulement une faible lumière, et les ténèbres dansantes qu'elle créait autour d'elle.

Natsuki savait parfaitement où il était. Il connaissait la disposition des lieux, l'emplacement de ses pièges, et la localisation des sorties. Ayant apprit à grandir dans l'obscurité des ombres pour les faire siennes, il s'élança sans appréhension dans le dédale. Puis une explosion retentit, légère vibration dans la pierre qu'il capta : la carte se précisa dans son esprit, les genins n'étaient pas loin. Il tira l'un de ses sabres au clair, et fila les rejoindre.

* Crrrrrrrrrr *

Sa lame frottait contre le sol, seul bruit qu'il autorisait à son corps d'émettre. Le son se répercuta à travers les ruines, étendu et déformé par les longs corridors, mais bien présent. Bientôt, le trio de participants à l'examen l'entendra lui aussi. D'abord faiblement, comme un parasite en arrière fond, puis il se précisera, jusqu'à ce que chacun prennent conscience de ce murmure, que l'incertitude de ce qu'ils perçoivent se meut en conviction. L'écho deviendra un bourdonnement, et le bourdonnement une intuition que le danger était tout proche, tapis dans l'ombre à attendre. La véritable peur ne venait du danger présent, celui que la personne pouvait contempler et affronter, elle avait pour origine celui que l'esprit emballé parvenait à imaginer devant ce qu'il ne pouvait modéliser. Il suffisait d'une étincelle de crainte dans le cœur pour alimenter ce brasier : une fois attisé, la perspective d'une menace invisible mais bien présente suffisait au reste. Les trois genins cèderont-ils à la panique ? Leur survie en dépendait, car il n'y avait personne pour les aider ici. Ils étaient seuls, mais pas totalement. Là était leur problème : ils étaient à sa merci.

* Crrrrrrrrrr *

L'Homme en Noir savait précisément où étaient ses proies maintenant. Ils les entendaient. Il était tout proche, son sabre aussi. Une fois juste dans la pièce d'à côté, une autre sur le couloir du dessus. Toujours invisible dans son élément, il ne se laissait pas voir, mais son katana lui, résonnait toujours, raclant la pierre dans ses déplacements. Il connaissait leur parcours, et anticipait leurs avancées. Ils avaient formé deux groupes, il avait repéré la faille.

* Crrrrrrrrrr *

Puis il les attendit, au bout d'un corridor. Il n'était pour eux que deux lueurs pâles, reflet de la flamme lointaine de Hachi. Ils étaient à une centaine de mètres, ils l'avaient vu – ou du moins, ils avaient cru voir quelque chose. Il était temps de cesser de jouer, de donner vie à leurs peurs. La peur de leur vie, peut-être la dernière.

* Crrrrrrrrrr *

Ses deux katana teintés en main, il chargea les genins. Le tranchant acéré de ses sabres dévorait les dalles en chemin, traçant des sillons dans des gerbes d'étincelles qui ne laissaient qu'entrevoir à ses victimes ce qui leur fondait dessus. Il était paré pour accomplir non pas ce qui était attendu de lui pour l'examen, mais ce que lui avait à faire. Il releva ses armes, presque à porté, prêt à frapper, mais un événement imprévu le stoppa dans son élan.

Un des sceaux placé au plafond détonna soudainement sans raison apparente, juste entre l'Homme en Noir et ses victimes. Chacun fut repoussé d'un côté par le souffle de la déflagration, juste avant que le plafond ne s'écroule. De lourds nuages de poussière se soulevèrent alors que les débris s'accumulaient jusqu'à former une épaisse barricade obstruant tout le passage. Ils n'avaient plus les moyens d'avancer, et lui de les atteindre. Sans attendre davantage, il rebroussa chemin au pas de course, ayant un long détour à faire pour les retrouver. Les clones d'Ema qu'il avait laissé passer avait eux aussi fait demi-tour. Il les décapita sans même prendre la peine de s'arrêter. La dernière image qu’eut la jeune femme originelle de la part de ses doubles à leur destruction fut celle d'éclats de cristaux lacérants le dos de l'Homme qui était sur leurs traces.

Pour les genins, les choix étaient limités aussi. Face au cul de sac, ils ne pouvaient plus avancer. Il y avait juste un embranchement un peu plus tôt dans leur partie du couloir, qui menait en quelques minutes à la sortie la plus proche de la Tour des Mirages s'ils le suivaient. Il s'agissait en vérité davantage d'un mur partiellement détruit dans une pièce qui donnait sur l'extérieur.

L'Homme en Noir doutait d'être capable de les rattraper avant qu'il ne quitte les ruines, surtout avec la tempête de sables que les vestiges avaient grandement atténué depuis l'autre côté. Peu importait, les genins ne manqueront pas son dernier avertissement.

La dernière pièce avait probablement été le théâtre d'une bataille, en témoignaient des marques dans le sol et du sang sur les murs qui n'avaient rien d'ancien. Et surtout, à demi-ensevelie sous des décombres, un corps lacéré et inerte.

Heureusement pour notre groupe, Ema possédait des clones de shoton qui s'avéraient bien utile pour parcourir les dédales des ruines tout en nous évitant les pièges. Après le souffle, tout le monde semblait allait bien, excepté Hachi qui nous fit peur une fraction de seconde en jouant la comédie avant d'éclater de rire tandis que je levais les yeux au ciel après la panique de l'instant passé.
Je devais tout de même avouer que j'esquissais un sourire après coup, il avait voulu détendre l'atmosphère alors que nous étions tous sur les nerfs, cette seconde de répit fit du bien mais il nous fallait vite reprendre notre concentration.

Hachi retrouvait son sérieux et suggérait que l'on presse le pas pour quitter ces ruines. Il était vrai que non seulement on ne voyait pas grand chose mais en plus, le terrain était escarpé et truffé de piège : un endroit tout bonnement pas recommandé pour faire face aux assauts de l'Homme en Noir. Je hochais la tête pour confirmé à mon camarade que nous étions effectivement plus spécialisées sur le combat a distance. Ce qui ne faisait qu'ajouter au côté pas pratique de se retrouver dans ces vestiges.

Soudainement, il y eut une sorte de crissement très lointain et à peine audible qui semblait pourtant se rapprocher bien que nous ne pouvions vraiment déterminer de quelle direction il était issue.

« Vous entendez ? »

Murmurais-je a mon groupe.
Nulle doute que cela annonçait de nouveaux ennuis... Nous étions coincés entre pièges, pénombre et ruines escarpés et voilà que nous entendions un bruit pas du tout rassurant... Je mentirais si je disais que la crainte ne s'emparait pas de moi... Pourtant je tâchais d'en faire fit : ce n'était pas le moment de céder à la panique, bien au contraire, car dans cet état d'esprit, il était certain que nous ferions des erreurs or celles-ci n'étaient pas permises...

Notre progression se faisait sous le mugissement de ce crissement de plus en plus assourdissants. Nous pouvions désormais percevoir son origine : on aurait dit une lame frottant la pierre. Bientôt, devant nous, deux éclats se manifestèrent sous la faible lueur de lumière dont nous disposions. Chacun de nous se mettait en position, se tenant prêt à encaisser l'assaut de cette chose.
Elle ne tarda pas a le faire, laissant entrevoir des gerbes d'étincelles sous sa célérité tandis que les lames léchaient toujours la roche.

Je m'apprêtais à riposter tandis que le plafond céda dans une explosion assourdissante, nous repoussant expressément en arrière. L'issue dont venait l'homme en noir était désormais bloquée : il ne nous serait pas possible de progresser de ce côté. Je vérifiais que tout le monde allait bien tout en me demandant si cette action était prévue, telle une feinte, ou si même notre assaillant avait été pris de cours... Cela était très étrange mais nul doute qu'il chercherait un moyen de nous tomber dessus à nouveau : il ne nous fallait pas traîner ici davantage. Cette hypothèse se confirmait lorsque Ema nous affirmait que ses clones avaient été détruit et avaient touché l'homme qui poursuivait son chemin.

Nous rebroussions notre avancée pour opter pour une nouvelle issue plus en arrière. Cela nous conduisait dans une « pièce » ouverte : le désert nous tendait de nouveau les bras ! Nous approchions de la sortie de ces ruines et nous avions échappé à la tempête de sable ! Le soulagement s'inscrivait sur mon visage avant de progresser et de voir un corps inerte au sol et des traces de sang visiblement assez récents. J'écarquillais les yeux de surprise en reconnaissant l'évanoui blessé :

« Strike... »

Que faisait-il là, ainsi séparé de son groupe et dans cet état ? Il était Gogyou lui aussi... Il aurait pu aisément encaisser certaines attaques s'il les avaient vu venir.

J'étais méfiante. Cela pouvait très bien être un nouveau piège... Placer un autre camarade genin mal en point sur notre passage et finalement faire exploser cet être factice pour nous causer du tord... Seulement, il s'agissait de Strike et a vrai dire cela ne m'étonnait même pas de le retrouver en brebis galeuse et solitaire : il avait encore dû jouer la flambe et avait sans doute voulu prendre les choses en main avec son assurance habituelle... Quel idiot.

Je m'approchais donc du corps, restant tout de même sur la défense et a bonne distance tout en intimant à mes camarades de ne pas trop s'approcher : sait-on jamais.
Je possédais un bon moyen pour savoir s'il s'agissait vraiment de lui... Après tout, cet imbécile était un grand phobique de l'eau même si personne ne le savait : hormis ses parents et moi peut-être ?
Je tendais dès lors ma paume et envoyais un jet d'eau bien fourni sur son visage pour le réveiller. S'il paniquait : c'était bien lui. S'il explosait : ce n'était pas le cas. Et si rien ne se passait... cela voulait dire qu'il était probablement mort... ou en tout cas inconscient.
Je levais les yeux au ciel à cette réflexion : si c'était bien lui, il avait intérêt à se lever, il était hors de question que l'on se le coltine jusque sur la fin du trajet, comme un poids mort et un handicap supplémentaire...

L’effondrement du plafond avait donné un répit bienvenu aux genins. Un seul semblait avoir été vraiment prêt à réceptionner la charge de l'Homme en Noir – à défaut d'en être capable – et c'était Hachi. Rien n'avait entravé sa course jusqu'à eux, ce qui démontrait bien que la peur qu'il avait cherché à insuffler dans leur cœur avait commencé à croître jusqu'à se montrer oppressante, et perturber leurs réactions. L'esprit s'emballait, les muscles se paralysaient, les erreurs survenaient. L'éboulement n'était pas de leur mérite, mais c'était sans importance : ils étaient à point.

Tant à point qu'il avait fait lui-même preuve de négligence : il ne s'était pas attendu à ce que les clones d'Ema libèrent une tempête de shrapnels en éclatant. C'est ce qui expliquait pourquoi elle leur avait laissé tant d'avance. C'était moins pour éviter d'être touché son groupe ou elle par les pièges qu'ils déclencheront que par les éclats de cristaux que leur destruction provoquait. Quelle idée d'avoir utiliser une version offensive du clonage plutôt que la basique... A moins qu'elle en était juste incapable ? L'un dans l'autre, l'erreur lui avait coûté plusieurs plaies dans le dos, tout juste limitées par sa carapace qui s'était formée instinctivement un instant trop tard.

Il avala les couloirs au pas de course modéré. Il savait où il était, où il devait aller, et comment s'y rendre. Le chemin se dessinait dans sa carte mentale, il avait besoin d'environ sept minutes pour atteindre le point de sortie où le trio de genin avait le plus de probabilités de se rendre compte tenu de l'endroit où il avait bien failli leur tomber dessus. S'ils prenaient effectivement cette direction, alors lui allait pouvoir profiter de son coup d'avance, grâce au corps qu'il avait préparé et laissé sur place.

Les moins expérimentés, que le métier n'avait pas encore endurcies, ont tendance à trop s'inquiéter de facteurs qui n'ont rien à voir avec leur mission. Ici, les règles étaient claires, et posées dès le départ : ils sont un groupe de trois, et doivent franchirent la ligne d'arrivée à trois, rien d'autre. Rien de plus à retenir ou faire, un shinobi devait savoir se limiter à son seul objectif, tracer la ligne la plus directe entre le point A et le point B. Personne n'attendait de Yell, Ema ou Hachi de ramasser le rouquin avant de poursuivre leur route, ni même de s'assurer qu'il était encore vivant : il n'avait aucun rapport avec leur objectif actuel. Le mieux serait simplement qu'ils le laissent, et poursuivent leur route.

Mais l'Homme en Noir comptait précisément sur cela pour les rattraper. Chaque seconde qu'ils passeront à débattre sera un écart entre eux et lui qu'Il comblera. Chaque pas où ils seront ralentit par le poids de leur charge inerte sera une distance qu'Il réduira. Et s'ils abandonnent le quatrième genin à son sort, s'ils le laissent derrière eux pour poursuivre leur première épreuve d'examen sans s'encombrer de son corps, alors Il s'assurera que leur choix soit pleinement assumé. Ainsi que les conséquences qui en découleront... N'importe comment, qu'importe la distance qu'ils parviendront à parcourir, Il les retrouvera bien avant qu'ils atteignent la Tour des Mirages située sur un plan rocheux deux kilomètres plus loin.

Plus que cinq minutes.

* crrrrrrrrrr *

Strike ne réagissait pas au jet d'eau : ce qui m'étonna et me mis le doute... Cet idiot avait une peur panique de l'eau. Le fait qu'il ne réagisse pas ne pouvait signifier que deux choses... Soit il était tombé dans une inconscience profonde, soit ce n'était pas vraiment lui...

Je portais un regard suspicieux au corps tandis que Ema s'approchait de moi pour le dresser sur une civière improvisée.

« Oui, je le connais. Tu as raison, avançons et poursuivons notre route vers notre objectif... Je n'ai pas non plus envie de m'attarder là... »

Lui disais-je avant de lui chuchoter :

« Ema... Pourrais-tu développer la civière pour en faire plus un cercueil qu'un brancard ? … Cela peu paraître bizarre mais... Si ce n'est pas vraiment Strike, j'aimerais que l'on prenne les dispositions nécessaire pour le ralentir dans sa tentative d'embuscade... »

En effet... Ce corps... c'était peu être notre examinateur lui même se faisant passer pour l'un de nos camarades. Je ne voulais pas prendre le risque de nous exposer inutilement au danger. S'il était enfermé au moins, nous gagnerions de précieuses secondes pour qu'il s'en libère en plus d'être avertie de la présence de l'usurpateur...

Hachi, quant à lui, préférait qu'on oubli le konohajin ici pour atteindre notre objectif. Je lui répondais après être sûre qu'Ema avait enfermé « Strike ».

« Je suis d'accord avec toi Hachi mais je n'abandonne pas un camarade en route, aussi stupide soit-il. J'ai conscience du danger et du piège potentiel que cela représente mais je préfère tout de même prendre le risque et potentiellement sauver un camarade. Je prends la responsabilité de mon choix et en assumerais les conséquences si d'aventures cela nous posait soucis. »

C'était pour cela que je m'étais assurée du confinement du rouquin. J'étais méfiante à l'égard de ce corps endormi et restais sur mes gardes tout en suivant mes coéquipiers.

« Personne n'est supposé mourir pendant l'épreuve, il est vrai mais nous devons faire comme en situation réelle et en pleine mission, si je trouve un camarade inconscient, je lui porterais secours même si je resterais méfiante. »

Ajoutais-je à l'intention de Hachi.

« Allons y maintenant, nous avons suffisamment perdu de temps comme tu l'as dis toi même. »

Disais-je sérieusement.
Hachi prit son arc et nous reprenions notre route avec notre paquet imprévu. Nous pouvions apercevoir la tour au loin bien qu'il semblait nous rester encore quelques kilomètres à effectuer pour y parvenir, si toutefois il s'agissait bien de cette dernière. Elle brillait comme un phare dans la nuit, comme pour nous indiquer sa position tandis que nous affrontions la nuit du désert. Le fait de ne pas bouger avait aussi abaissé notre température bien que l'adrénaline avait tendance à la maintenir correctement. Le fait que l'on se remette en mouvement, nous permettait de gagner quelques degrés non négligeable. Au moins Tetsui n'avait pas ce genre de soucis en tant que Yamada...

Les ruines étaient maintenant derrière nous, nous nous trouvions de nouveau dans l'espace découvert du désert. En théorie, plus aucun piège activable ne se dresserait sur notre route mais notre homme en noir nous retrouverait probablement bientôt... En rejoignant notre position ou en se manifestant alors qu'il se trouvait déjà à nos côtés... Pensais-je tout en observant le corps enfermé de Strike visible à travers la sculpture de diamant.