Rang B - Le Shinobi Persistant & l'Aveugle [Setsuko]

Après quelques secondes il y eut l'écoulement de l'eau, s'installant derrière les bruissements, là où le souffle du vent le portait à son oreille. Alors que sa propagation se clarifiait peu importe où allait l'air, quelques battements... des battements d'ailes. Peut-être qu'il y aurait les coups de griffes parcourant le bois ? ... Si, mais il fallait rester concentrer dessus. Qu'est-ce qu'il faisait ? Difficile à imaginer, il n'avait pas l'air de gratter le tronc. Le vent s'éteignit en emportant avec lui les bruissements de feuilles. Pourtant... il y en avait encore qui s'agitaient. Il secouait une branchette ? La chute d'un petit objet sur la terre froide, écrasant le coin d'une feuille morte lui fit penser que ce pourrait être...

Une vibration très aiguë l'interrompit, et d'un geste vif de la main il écrasa le moustique qui se posa sur son cou.

* Il faudrait encore que je les élimine avant qu'ils me touchent... *

Les battements d'ailes reprirent. Il allait frôler sa tête, peut-être même la toucher. Ce serait sans conséquence, alors pourquoi bouger ? Ce serait comme un test. Il vola effectivement au-dessus de son crâne et secoua même ses cheveux, le laissant seul avec la rivière. Il n'était pas passé si loin, et devait être de petit envergure. Mikami avait clairement entendu la différence progressive qu'il y avait eu de sa face à son dos.

Il rouvrit les yeux.

L'eau sembla s'éloigner. Son esprit ne pouvait-il vraiment pas se concentrer sur plusieurs sens ? Y avait-il une répartition dont la totalité ne pouvait être surpassée ? À voir, avec le temps. Il s'immobilisa tout de même pour le localiser à nouveau.

* Il y a deux types d'écoulements non ? *

Comme quoi, deux étapes différentes entre deux strates de couche terrestre ? Comme un levé de rideau sur la question, les derniers feuillage lui dévoilèrent la réponse : un rapide haut comme son tibia et long comme sa jambe avant que le ruisseau ne se heurte à un rocher proéminent que le flot surplombait. Le jeune homme éprouva une certaine satisfaction à avoir déceler ces variations à l'aide de son seul ouïe. Il progressait. Ses paupières se refermèrent, ignorant à nouveau le clair de lune, pour que ses oreilles n'attrapent à nouveau l'écoulement. Ha... ceci dit, il n'avait pas déceler les quelques clapotis de la voie normale que suivait l'eau. Mais d'aussi près ils étaient très distinctement perceptibles... De petites notes cristallines brisant la monotonie plus cadencée des rapides et l'essoufflement de la pierre en pleine érosion. Comme un chant mettant en scène l'urgence et la violence d'une masse qui se placardait au premier obstacle et des éclosions brèves et imprévisible tant leur interdépendance faisait leur discontinuité.

Sympathique. Cette musique, la voûte céleste, quelques substances et la voie lactée s'animait sous vos yeux. Le Yorurai en profita pour boire quelques gorgées. D'ici, il devait continuait vers le Nord. La sentence tomberait alors sur la prochaine personne qu'il croiserait, il était assez proche maintenant... Il reprit la route, calmement, persistant à retrouver de part ses oreilles les décors latéraux qu'ils venaient de croiser. Une colline supplémentaire passée et les lueurs de ce qui pourrait être un village se dévoilèrent dans la nuit. Les rumeurs disaient vraies, les clairs de lunes avaient vraiment quelque chose de spéciale à Taki. Le territoire de Van, des Mamorus, de ses habitants. Et oui, bien sûr. Allez savoir comment se passait la cohabitation...

Mikami rejoignit la route. Ce devait être dans le coin que le shûkaijin devait retrouver celle qui était censée répondre avec lui à cet ordre de mission. Une attaque d'animaux sauvages supposés invoqués sur un village au pays des rizières. Prenant le chemin inverse, deux personnes allaient croiser le shinobi. L'une d'elle était armée. Mais il y avait une différence, sans que ça ne le rende plus prétentieux. Simplement plus confiant, conscient de la symbiose qu'il entretenait avec Raigetsu, redoutable compagnon pendant à sa ceinture, katana investi de l'esprit d'un de ses ancêtres. Ancêtres qui ne connaîtraient pas le repos éternel quel qu'il puisse être tant que le propriétaire du sabre ne serait pas mort.

Et bien sûr, l'esprit d'un Yorurai ne peut investir un autre katana que ceux forgés par les Yorurai. Précipiter la mort de son propriétaire, que des forces qui dépassent toutes imaginations ont pourtant choisi ? Ils n'étaient plus vraiment en état de se mouvoir d'eux-même. Alors leur détermination combative se mêle à celle du vivant, protégeant ainsi ceux qu'ils avaient durement formés dès leur plus tendre enfance. Telle était la malédiction qui marquaient ce clan, continuer de faire couler le sang même après sa propre mort.

- Eh, bonsoir messieurs... dames ? Vous sauriez où je peux trouver une certaine Setsuko Mamoru ?

Mon garde me décrit la pleine lune et je tente d'imaginer sa beauté tout en refrénant la tristesse qui menace de m'assaillir. Je ne souffre pas vraiment de ma cécité. J'ai toujours été privée de ma vue et je m'y suis habituée. Mais je regrette de ne pas pouvoir contempler comme les autres les merveilles que la nature met à notre portée. Je ne peux que les imaginer. Et m'en contenter... Je me perds un instant dans mes rêves éveillés et savoure les senteurs de la flore et les cris de la faune. Le bruit du vent qui souffle dans les branches dénudés des arbres. Ou encore la morsure du froid sur ma peau et mes pieds nus qui s'enfoncent dans la neige.
"Quelqu'un s'approche Setsuko-chan."
"Oui, je les ai perçus. Deux personnes." le silence qui s'installe me pousse à demander confirmation. "Non?"
"Une seule à vrai dire."
"C'est étrange..."
Je suis pourtant certaine d'avoir senti deux présences distinctes. Je fronce les sourcils et me focalise sur les nouveaux-arrivants. Et je suis bien forcée de constater qu'il n'y a en effet qu'une signature chakratique. Peut-être que le froid engourdit mes sens. Mes épaules s'élèvent un bref instant alors que j'accepte mon erreur.
"S'agit-il de Mikami?"
"Je l'ignore. Je ne l'ai jamais vu de ma vie. Il est rare que je quitte les environs du Temple d'Ao."
"Nous n'allons pas tarder à le savoir de toute façon."
Je joints mes doigts au niveau de mon bras-ventre, en position d'attente. Je sais qu'il n'est pas loin même s'il se montre de plus en plus distant depuis que Van-sama m'a prise sous son aile. Peut-être qu'il tient à ce que je me concentre sur mon entraînement et juge donc préférable de limiter ses visites. Ou alors il se contente de m'évaluer. Difficile à dire. Personne ne peut dire ce qui se trame dans l'esprit d'un démon. Pas même un Mamoru.

Je reste silencieuse aux côtés de l'homme que mon senseï m'a imposé. Je reconnais qu'il m'est plus difficile de trouver mon chemin seule dans un pays que je n'ai pas encore mémorisé. Et puis j'apprécie l'attention. C'est toujours rassurant de savoir que quelqu'un veille sur vous avec nulle autre idée derrière la tête que de vous protéger en cas de nécessité. Mais j'ai tout de même un peu protesté. Pour la forme. Histoire de souligner ma capacité à être indépendante.

Finalement l'inconnu arrive à portée de voix et prends la parole en premier. Il se montre courtois et c'est agréable. Peu de gens jugent utile de se montrer respectueux envers une aveugle crasseuse. Mais peut-être que c'est l'homme à mes côtés qui le pousse à la prudence. Hypothèse qui s'efface dès qu'il prononce mon nom. Il est à ma recherche. Ça ne peut être que mon coéquipier. Je l'espère en tout cas. Car sinon ça voudrait sans doute dire que j'ai affaire à un assassin. Ou quelque chose de pire encore.
"C'est moi..." le ton mêle jeunesse et neutralité. "Ce qui doit faire de toi le Taichou Yorurai Mikami? Enchantée."
J'accentue mon dernier en m'inclinant respectueusement selon nos coutumes. Et losque je me redresse mon regard se rive sur la taille du jeune homme. Je ressens à nouveau cette seconde présence sans toutefois parvenir à en expliquer l'origine? Le Taichou est vivant, j'en suis certaine. Mais la nature de cette deuxième aura est bien plus vague. Je décide de garder mes interrogations pour moi car il ne convient pas de se montrer irrespectueuse dès le premier échange. Je garde pourtant mon regard terne rivé sur le flanc de mon probable allié.
"Tu peux nous laisser Shinji. Retournes au Temple et au chaud."
"Vous êtes sûre?" il transpire le scepticisme. "Van-sama m'a recommandé de rester à vos côtés."
"Tout à fait sûre, oui. Je te remercie pour ton intérêt mais je vais me débrouiller à partir de maintenant. Et puis je ne suis pas seule."
C'est peut-être le fait de me laisser en compagnie de Taichou inconnu qui l'ennuie. En fait je suis plus ou moins certaine que c'est le cas. Mais il est là pour veiller sur moi si jamais les choses venaient à dégénérer. Mais il n'y a aucune raison que ça arrive, non? Jusqu'à présent les missions - officielles ou non - que j'ai remplies pour l'Empire ou mon Senseï se sont toujours bien passées. Pourquoi cela changerait maintenant?
"Oui, je suis aveugle." un léger sourire s'installe au coin de mes lèvres. "Je suppose qu'ils ne t'ont pas mis au courant? Rassures-toi: ça me rend un peu maladroite mais tu n'auras pas besoin de m'assister à longueur de temps."
Je marque une pause et retrouve un air neutre. Le temps de tendre la main devant moi comme une invitation à ce qu'il la saisisse. Je ne sais pas si je lui insuffle de la pitié, de l'empathie ou même autre chose. Mais en réalité ça m'importe peu. Tout ce qui m'intéresse c'est que notre duo soit efficace. Seul compte l'objectif et la réussite de notre mission. L'ego ou les opinions personnelles ne doivent pas interférer avec notre but.
"Ceci dit... Un peu d'aide ne serait pas de refus!" le ton est malicieux. "Je suppose que ma cécité fait de toi le chef navigateur. À ce propos... La Géographie m'est un peu obscure mais j'ai cru comprendre que pour rejoindre Ta par voie terrestre il fallait traverser des territoires contrôlés par d'autres nations. Je suppose que ce serait un peu... mal perçu de leur part?"
La Foudre ne serait évidemment pas ravie de voir des soldats du Shûkai sur ses terres. Pareil pour le Feu. Mikami doit avoir envisagé la traversé en bateau. Et c'est bien ce qui m'inquiète...

Aveugle ? Une Mamoru ?

- T'es la sœur à Ando ?

Si la réaction du Yorurai se fit plutôt instinctive, c'était néanmoins sa tolérance vis-à-vis de la cécité de la jeune femme qui ressortait de l'inclinaison interrogatrice de sa boîte crânienne. Son ancien camarade Mamoru était aussi aveugle, et s'en sortait très bien. Au point que si plus rien n'étonnait le jeune homme dans le monde shinobi, ce clan cristallisait plutôt bien ce principe. En d'autres termes, Setsuko aurait pu être une femme-tronc en lévitation aléatoire que Mikami y aurait trouvé des utilisations en combat avant d'y voir un handicape.

Il sourit en coin en assistant à la séparation du binôme qu'il venait de rencontrer, imaginant ce Shinji demander à Van s'il connaissait ce « Taichou Mikami Yorurai » et se retrouver déchiré entre le soulagement et une toute nouvelle forme d'inquiétude, puis salua son départ en contenant un sourire pernicieux qui ne manqua sûrement pas de créer de nouveaux ulcères. Sourire qui se marqua de sympathie en écoutant les paroles de la kunoichi.

- Je ne vois pas pourquoi ils auraient eu besoin de me prévenir, si tu es là c'est que tu en as les capacités non ?

Et puis il ne croyait pas Van du genre à faire ses choix par seule charité. Même si son niveau s'avérait trop bas pour cette mission, alors son affectation visait à la faire progresser. Dans tous les cas, elle lui avait dit tout ce qu'il avait besoin de savoir – à moins qu'elle n'ait une sorte d'antique démon chèvre/vache-qui-parle qui ne squatte son esprit et ne risque de se déchaîner en plein pays des rizières, comme dans ces histoires qui visent à effrayer les enfants. Amusé, l'amnésique se retourna dans le sens de la marche.

- Ceci dit... un peu d'aide ne serait pas de refus !

Mikami saisit sa main et la tira doucement devant lui en s'écartant pour lui indiquer le côté par lequel continuait la route.

Je suppose que ma cécité fait de toi le chef navigateur. À ce propos… La géographie m'est un peu obscure mais j'ai cru comprendre que pour rejoindre Ta par voie terrestre il va falloir traverser des territoires contrôlés par d'autres nations. Je suppose que ce serait un peu… mal perçu de leur part ?

Le pas du capitaine s'arrêta, ce que la jeune femme dut sûrement entendre. Elle faisait sûrement référence au pays du fer des samouraï, à la solde du village caché des nuages. Car au final, n'importe qui pouvait revendiquer un territoire à ne pas traverser, par la force des poings ou de la paperasse. Partant de ce principe et comptant tous les ennemis du Shûkai, combien de régions devraient-ils éviter ?

- Qu'est-ce qu'il faudrait qu'on fasse alors ? Qu'on prenne le bateau, au risque que le ralentissement ne laisse le temps au village que l'on doit rejoindre de subir une nouvelle attaque ?

Son soupire se mua facilement en un souffle d'agacement.

Ce que je perçois mal, c'est d'avoir à se tenir à l'écart de certaines populations parce que nos institutions respectives sont entrées en conflits.

Surtout lorsqu'on connaît le cheminement qui avait conduit à ce conflit. Mais s'il fallait traduire ce qu'il venait de dire : ils allaient passer par la voie terrestre. D'ailleurs, il avait déjà repris la route. Sûrement allaient-ils avoir à faire face à d'autres ralentissements mais au moins ils pourraient les gérer, et étaient sûr de partir de suite. Et puis le sabreur ne comptait pas se priver du pays des samouraï pour une poignée d'énervés.

- T'en fais pas, si jamais tu n'as pas envie de te battre je pourrai m'en occuper, je ne suis pas seul non plus. Tiens d'ailleurs, voici l'ordre de mission, je ne sais pas si tu as eu l'occasion de le consulter.

Après avoir posé un coude sur le manche du katana il sortit de son autre main l'ordre de mission qu'il tendit à l'aveugle.

- … … Putain, j'oubliais ! Scuse. Voilà ce que ça dit : Un village perdu à Ta No Kuni demande de l'aide. En effet, il y a quelques jours, des animaux, vraisemblablement (selon leurs dires) des Kuchiyose, ont attaqué leurs demeures, et mis le hameau à feu et à sang. A vous d'enquêter et de retrouver la source, afin de maintenir un lien avec cette nation.

Les témoignages leur en apprendraient sûrement davantage… Sans quoi ils auraient vraiment besoin d'espérer une nouvelle attaque pour en apprendre plus.

- Du coup on prend vers l'Est. Tu connais bien Taki c'est ça ?

C'est à ce moment là qu'il eut l'idée qu'il considéra de suite comme la plus stupide et la plus humaine qu'il n'eut jamais. Ses yeux étaient déjà fermés quand retentit le tintement du bandeau frontal qui fut extirpé de sa sacoche. La plaque métallique recouvrit son regard et le tissu fut resserré au milieu de sa nuque. Sur son visage, entre son front découvert à sa bouche close, les symboles de l'empire lui obstruaient la vue et se substituaient à son regard.

- Il faut que j'apprenne à me repérer en utilisant principalement mon ouïe. Surtout que j'arrive à déterminer ce qui m'entoure grâce à ça. Alors à partir de maintenant… tu es notre guide.

Pouvait-elle sentir le grand sourire qui s'affichait sur son visage ? Mikami était dans le noir complet, et petit à petit se dessinaient vaguement leurs respirations et les végétations alentours quand la brise sifflait entre les branches dégarnies.

Jusqu'à ce que tu en aies marre, qu'on arrive vers la frontière, ou que l'on se retrouve dans une sérieuse situation de danger. Je suivrai tes pas à l'oreille… je vous en prie mademoiselle, passez devant. Je vous fais une confiance aveugle.

Ha bon, d'accord! Il veut carrément couper en territoire étranger pour rejoindre notre destination. L'idée, en soit, est logique. Mais j'en sais assez sur la politique pour savoir que ça risque de poser problèmes. Et puis je suis aveugle... Si nous venions à être incriminés je peux parier sur mes chances de bien m'en sortir. En prétextant que Mikami m'a entraîné dans cette folle affaire et que je ne savais pas que nous nous trouvions dans un territoire de la Foudre? L'idée ne me dérange pas. L'homme n'est rien pour moi. Je viens à peine de le rencontrer. Et le principe de sacrifier un camarade pour obtenir la vie sauve a toute ma sympathie.
"Ben... Ouais, on devrait prendre le bateau logiquement..." je hausse les épaules. "Je ne crois pas que les autorités apprécieraient de savoir qu'on a franchi la frontière sans ordre ni autorisation. Mais d'un autre côté ce que les responsables du Shûkai ignorent ne peut pas leur faire de tort. Reste à s'assurer qu'il en soit de même pour leurs homologues kumojins..."
En d'autres termes, évitons de nous faire attraper. J'approuve donc son plan parce que de toute façon je suis forcée de le suivre. L'autre option? Me retrouver à déambuler à l'aveuglette. Littéralement! Et ça ne me botte pas vraiment. Pas du tout, en fait. Et puis je devrais invoquer continuellement des esprits pour me servir de guides. Leur présence n'est pas toujours agréable.
"Et je ne sais pas qui est cet Ando..."
Une phrase lâchée à la légère dont je viens à peine de me souvenir. Peut-être un autre Mamoru? Je ne vais pas lui expliquer que je suis une dissidente dealant avec les esprits, certes, mais également les démons. Ce n'est pas bien vu en règle générale. Et puis ça ne le regarde pas de toute façon... Mikami me tend l'ordre de mission et je tente de lui dire que c'est déjà fait, que j'arrive à discerner l'encre du papier au toucher et que ça me permet de lire grossièrement les lettres. Mais il me prends de vitesse et je l'écoute patiemment. Je le gratifie même d'un vague "Merci!" lorsqu'il en a terminé. Il me demande ensuite si je connais bien Taki.
"Bien? C'est un peu exagéré. J'arrive à m'y repérer tout au plus. Et j'ai mémorisé les principaux chemins. Mais au-delà de ça. Je ne crois pas être déjà allée si loin à l'est." un mince sourire éclaire mon visage. "En général on évite de me demander son chemin..."
Sans vraiment vouloir insister sur ma cécité, il me semblait que mon handicap était clair. Alors quand je comprends que mon partenaire de mission s'est bandé les yeux pour entraîner ses talents sensoriels, je refuse tout d'abord d'y croire. Mais je comprends qu'il est sérieux au ton de sa voix même si j'y perçois aussi une lueur d'amusement. Et le voilà qui veut que je devienne sa guide... Ce n'est pas... drôle!
"Ha non! Ça c'est une vraie fausse bonne idée!" je le cherche de mon regard absent. "On va se retrouver dans un ravin ou je-ne-sais-quoi d'autre. On aura l'air fins en territoire kumojin.. Une aveugle et un voyant avec les yeux bandés. Non seulement ils vont croire que tu te moques de moi. Mais aussi d'eux quand tu leur expliqueras ton délire!"
Je lâche sa main et croise les bras, boudeuse. Je n'ai pas peur de la mort. On peut même dire que je l'attends. Mais je ne tiens pas à mourir bêtement et dans des circonstances aussi stupides que l'infiltration qu'il propose. Traverser le territoire d'un pays avec lequel le Shûkai était ouvertement en conflit, soit. Mais certainement pas comme deux clowns qui veulent se suicider. Ho ça non! Mais je peux jouer le jeu quelques temps. Quand on sera à la frontière je forcerai alors Mikami à endosser les fonctions de guide.
"Bon allez, ok!" je lui tends à nouveau la main. "Ce sera un défi et puis nous ne risquons pas grand chose tant que nous sommes sur un territoire impérial de toute façon. J'espère juste que tu n'avais pas une réputation à Taki parce qu'elle risque bien de disparaître lorsque nous croiserons des voyageurs..."
Les yeux bandés, j'te jure... Tss... Peut-être qu'il se moque vraiment de moi en fait? Toujours est-il que me voici promue cheffe navigatrice. Et que c'est donc moi qui le mène à travers la neige et le vent vers notre destination. Nous marchons longuement. Mikami ne semble pas dérangé par la mauvaise odeur de crasse que je dégage. Et malgré le froid nos discussions rendent presque le voyage agréable. Je me fie à ma seule mémoire pour tracer notre route. Et je n'aurais sans doute pas du...

Le lendemain, lorsque j'estime que nous sommes arrivés à la frontière avec le territoire kumojin, je demande alors à Mikami de retirer son bandeau. Un air satisfait sur le visage, je croise les bras et attends ses impressions. Voir des félicitations. Je suis pratiquement sûre de moi. Mais je ne me doute pas un seul instant que si nous nous trouvons bien le long d'une frontière, oui, il s'agit en réalité de celle séparant Taki de Tsuchi...

Spoiler:

Ce qu'avait pu penser les voyageurs qu'ils croiseraient... n'avait pas grande importance. Mikami profitait du fait d'être en territoire shûkaijin pour désarmer sa co-équipière en lui remettant de surcroît la responsabilité de la navigation sur les épaules. Ainsi seule guide elle se retrouverait confrontée à tout ce qu'impliquerait l'indépendance et le taichou avait espéré que ça ne lui permette de dépasser son handicape, ne serait-ce que d'un petit pas. De ceci relevait le caractère humain de sa décision.
Il avait néanmoins pris cette dernière sans trop sonder l'étendue de la cécité de la jeune fille, influencer par sa rencontre avec Ando où au final, la même configuration d'équipe au départ de la mission avait porté ses fruits. Certainement influencé par la fréquentation de son ancien camarade, le Yorurai considérait le monde parallèle où vaquaient âmes perdues et esprits douteux comme une seconde dimension superposée à celle connue avec qui les Mamoru pouvait interagir comme avec le premier des manants. De ceci relevait le caractère stupide de sa décision.

Il l'avait senti à la réaction de la kunoichi, peu enchantée d'avoir à tenir les rennes, craignant naturellement d'être confrontée à un obstacle qui ferait des deux shinobis deux poids morts soumis aux lois de la gravité. Pour parer à ceci comme à une racine trop proéminente, le jeune homme avait marché proche d'elle, prêt à la rattraper au moindre signe de chute ou d'accident qu'il entendrait. Ce fut de cette manière qu'il se rendit compte que l'odeur désagréable sentie au point de départ les avait suivis. Alors ça ne provenait pas d'un champs de purin... mais d'eux ? Mikami s'était reniflé quelques fois et avait souvent trainé ses semelles dans l'herbe pour y enlever toute trace de matière suspicieuse qui aurait pu y trouver refuge avant de comprendre que ce parfum trop délicat pour des narines non habituées provenait de Setsuko, faisant ainsi du mode de vie de cette dernière un mystère grandissant.

Tandis que les effets des premiers rayons du soleil commençait à se faire ressentir, elle lui demanda de retirer le bandeau. D'abord ébloui, son visage fut à la suite marqué d'un grand sourire quand il décela les signes d'une frontières en contre-bas, dans la vallée. Mais plus loin, vers l'horizon, se détachait le paysage bien connue de la chaîne montagneuse où avait était établie Shozaichi. Et puis... la direction du soleil ne laissait aucune place à l’ambiguïté. Ceci dit, même s'ils n'étaient pas arrivés à bon port, le trajet s'était bien déroulé et les embûches avaient été évitées. Mais bon... ils avaient fait demi-tour quoi. Sa main alla frotter sa nuque, cherchant une façon d'exprimer la réussite et l'échec sans lui incomber celui-ci.

- Et bien... à part partir dans le mauvais sens, tu as été super. Non, je me moque pas de toi, c'est suivre tes bruits de pas qui m'a permis de me repérer dans le noir complet.

Son regard passa de l'horizon à ses yeux dans le vide, les doigts toujours cachés dans l'arrière de sa chevelure.

Peu importe que nous ayons fait un détour, tu peux être fière du chemin que t'as parcouru.

* Mais bon, j'ai bon dos moi maintenant avec mon argument de ne pas prendre le bateau pour ne pas risquer de perdre du temps. *

- Il faut qu'on rattrape le temps perdu maintenant. Si ça ne te dérange pas... je vais te prendre sur mon dos pour qu'on file vite dans l'autre sens. Tu pourrais te reposer...

Sans imaginer qu'elle soit la faible kunoichi qu'elle laissait paraître. Mikami restait convaincu que peu importe l'avancée de sa formation, elle n'avait pas intégrée les rangs sans raison. Et puis Van l'avait assignée à une mission de rang B... qu'ils avaient de plus à replacer au centre des priorités maintenant qu'ils avaient pris du retard. Alors même s'il lui proposait de la porter comme une contre-partie pour les avoir livrée à elle-même, il n'y avait pas vraiment d'autre alternative.

- Je suis là...

Lui dit-il en s'accroupissant devant elle. Quand ils furent prêt il bondit en direction du soleil levant, sautant de branche en branche ou courant sur les sentiers pour gagner en vitesse. S'il faisait abstraction de l'odeur, il remonta cependant le col de sa veste sur son nez.

- Oui, on se dirige quand même vers Tetsu. Même si chacune de nos autorités sont en conflit, libre à nous d'agir indépendamment. Si nos dirigeants de peuvent dissiper les frictions d'un claquement de doigts, nos agissements peuvent toutefois les atténuer.

Ou souffler sur les braises selon leurs comportements et leur maîtrise de la situation...

Il appartient à chacun de nous de lutter contre ses propres démons.

Encore une fois il parlait sans connaître la réalité à laquelle Setsuko était confrontée au quotidien. Peut-être s'emparerait-elle de cette dernière phrase, ou alors considérait-elle ça comme une nouvelle idiotie fruit de son ignorance. Ignorance qui de toute façon devait finir par être mise à mal.

- Dis moi, Setsuko-chan. Comment as-tu fais pour survivre jusque là ? Cet Ando dont je t'ai parlé tout à l'heure, c'était aussi un Mamoru, aveugle. Il interagissait avec ce monde auquel vous avez accès pour se repérer, mais ça a l'air d'être plus difficile pour toi. Tu as toujours été accompagnée ? Je pensais que tu aurais au moins quelques facultés en sensorialité. En fait, j'ai besoin que tu m'expliques. Même si c'est pour le bien de la mission, ma curiosité demande aussi à être assouvie. Je trouve ça cruel que tu ais à toujours attendre après quelqu'un pour te rendre quelque part...

Et plus loin au-delà de la cime des arbres se profilait l'illustre pays des samourais...

Spoiler:

Personnage:

Des bruits de katanas frottant les armures retentissaient près des frontières de Tetsu no Kuni. Un groupe de cinq personnes armées se dirigeait à vive à l’allure. Un homme se distingué de ses semblables. Il portait une grande et lourde armure d’un noir terrifiant. Son visage n’était pas apparent puisqu’il portait le traditionnel menpō, masque des samouraïs rendant leur visage à l’image de leur talent à l’épée, démoniaque. Cet homme semblait être le chef de cette équipe qui longeait la frontière entre le pays du fer et le pays des rizières. On ne pouvait que constater les talents du leader qui courrait à une vitesse incroyable, sachant qu’il portait l’armure se nommant ō-yoroi, l’armure traditionnel des samouraïs de hauts rangs, pesant non loin de 30 kilogrammes.

Les hommes arrivèrent finalement près d’un petit post en bois, assez discret. Les troupes du Seigneur de Tetsu no Kuni s’arrêtèrent devant l’entrée, mettant directement une main sur la garde de leur katana. Le samouraï à l’armure noire entra dans ce qui ressemblait à un poste de surveillance. Dans ce dernier, trois hommes vêtus d’une tenue légère et d’un katana se courbèrent pour saluer respectueusement leur aîné dans la hiérarchie. Les surveillants se relevèrent avant que le plus vieux prenne la parole.

« Merci d’être venu si rapidement Genzaemon-sama. Des postes de surveillances plus lointain nous on transmit l’information pour vous la remettre directement. D’après nos hommes, deux Shûkaijin vont bientôt passer la frontière entre Ta no Kuni et notre pays. Les deux inconnus seraient un homme aux cheveux longs noirs portant un sabre noir. La femme serait assez jeune avec de longs cheveux noirs. Nos homologues ont insisté sur le fait que ce sont des shibobis potentiellement puissant et que nous devons intervenir d’urgence. »

« Ce sera tout Ukon-san ? »

« Non en effet. Nous avons indiqué sur une carte où nous les avons vus pour la dernière fois et les destinations possibles. »

« Très bien. Je pars pour le palais afin de transmettre ces informations à Kira-dono. »

Les deux hommes se saluèrent et Genzaemon sortit alors du poste de surveillance. Il indiqua à ses hommes qu’il fallait rentrer au Palais du Daimyo le plus vite possible.

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Dans une salle recluse du Palais du Seigneur de Tetsu no Kuni se déroulait une réunion importante. Kira Musashi ainsi que Kira Junkei étaient autour d’une grande carte de Tetsu no Kuni. Des généraux se trouvaient aussi dans la pièce. Les hommes parlaient stratégie et positionnement des hommes. Suite aux tensions entre Kumo et l’Empire, il fallait renforcer l’ouest du Pays pour éviter tout débordement de Taki no Kuni. Les discussions étaient mouvementées, mais le calme s’installa brusquement lorsqu’une porte s’ouvrit avec Genzaemon un genou à terre saluant ses homologues samouraïs. Musashi se leva, demandant de lui accorder quelques minutes. Il se retira dans son bureau avec Gen’. Le samouraï à l’armure noire lui expliqua la situation et disposa. Le Seigneur prit sa plume et du papier afin de rédiger une lettre dont le destinataire était Kadoria Koüga, Jônin de Kumo et chef d'une mission que le Daimyo lui avait confié.

Mes hommages,

Nous venons d’apprendre que deux Shûkaijins vont entrer dans le pays du Fer. Connaissant vos relations, je m’adresse à vous pour régler ce problème. Au vue de notre alliance, je n’aimerai pas intervenir précipitamment sans vous laisser, au préalable, la chance de gérer cette situation. D’après mes hommes, les deux Shûkaijins sont un homme et une femme aux cheveux noirs. L’homme en question porterait un sabre noir. Si vous désirez intervenir, mes hommes vous escorteront et vous fourniront toutes les informations que nous possédons sur la localisation de ces Shûkaijins. Je me vois dans l'obligation d'interrompe votre mission pour vous en confier une bien plus importante. Interceptez les deux Shukaîjin et apprenez quel raisons les amènent ici. Je vous fait confiance Koüg-san.

Cordialement.
Kira Musashi

Le Daimyo de Tetsu no Kuni referma se parchemin afin de l’attacher. Il demanda à un de ses hommes de venir pour envoyer tout de suite un oiseau avec le message en direction du chef des Kadoria. L’homme s’appliqua et dans la minute, un oiseau partit du palais en direction de l'emplacement de l'équipe Kumojin au sein de Tetsu. Il fallait maintenant attendre.. Dans tous les cas, Musashi repartit assister à la réunion qu’il présidait.

**Invité** Informations

Cela faisait déjà quelques jours que le Jônin de la Foudre et son équipe arpentaient la frontière Ouest du Pays des nobles samouraïs pour en répertorier les différents points forts et faibles en matière de surveillance. Une mission pour laquelle ils avaient été spécialement mandatés par le Daimyo du Fer en personne. En effet avec les tensions grandissantes qu'a commencé à entretenir son principal allié avec l'Empire de Samui Kakeshuou, il avait jugé bon d'employer des kumojins pour l'aider à faire face à une possible invasion shinobi. Et bien que leur travail dans la région accaparait d'ores et déjà tout leur temps, Kira Musashi comptait bien leur donner un peu d'action.

En effet alors que les quatre étrangers avaient établi leur campement aux abords de la grande forêt qui recouvrait le sud du pays, Kadoria Koüga eut le plaisir de recevoir un oiseau messager en provenance directe de Bukeyashiki, la cité d'où le Daimyo dirigeait sa Nation. Le colis portant son sceau en étant la preuve, le manipulateur de la gravité ne mit pas longtemps à le briser pour découvrir ce que contenait cette fameuse lettre. Et il lui apparut très vite clair que ses ordres avaient été modifiés au profit d'un contact direct avec une petite unité impériale qui devait déjà être en train d'arpenter les terres enneigées de Tetsu no Kuni.

Pourtant il n'était à aucun moment fait mention d'une quelconque localisation géographique, même si par chance ses coéquipiers et lui-même se trouvaient non loin d'un poste frontalier où ils pourraient selon toute vraisemblance obtenir davantage de précisions. Le temps étant compté, Koüga alors tranquillement assis au coin du feu s'employa à prévenir les autres pour leur faire lever le camp en vitesse.

"Kô, Pika, Döko ! Le seigneur Kira nous demande d'intercepter deux shûkajins qui ont récemment passé la frontière."

Avec ces simples paroles il avait dû faire naître bien des hypothèses dans l'esprit de ces trois Genins. Et quoi de plus normal étant donné la tâche qui leur avait été initialement confiée.

"Vous avez cinq minutes pour ranger vos affaires avant qu'on ne parte pour le fortin samouraï le plus proche."

Une directive qu'il mit lui-même à exécution en commençant par éteindre les flammes qui devaient les réchauffer cette nuit-là. La suite du programme ayant déjà été annoncée, il ne fallut pas longtemps au petit groupe pour atteindre leur première destination et obtenir à l'aide de la lettre en leur possession bon nombre de renseignements cruciaux. Comme par exemple la trajectoire de leurs cibles qui leur faisait traverser en ce moment même la vaste étendue boisée voisine. Ne laissant alors d'autre choix au quatuor que celui de se rendre en toute hâte sur place.

Spoiler:

Les jours s'allongent et la mission pour laquelle nous avons été mandaté touchera bientôt à sa fin. Le village est désormais loin de nous et la frontière Ouest de la nation acquise de Kumo voyait depuis presque une semaine notre escouade parcourir ses lieux. Un à un, nous devions visiter les points de contrôle faisant de Tetsu no Kuni, une contrée toujours propre à la paix qui y régnait. Mais cela n'allait sûrement pas continuer ainsi.

Au coin d'un feu réchauffant nos corps respectifs, chacun rêvasse à sa manière tandis que le chef d'équipe, Kadoria Koüga, vient tout juste de recevoir une missive. Origine du message ? Aucune idée, seul le leader est en droit de connaitre le sujet de ce dernier. Alors que pendant ce temps là, Ko,Döko et moi même restons près des braises, au chaud durant cette nuit glacière. Nuit des plus froides dont le ciel s'éternisait par de vaste cumulus grisâtre, doré par les lueurs transmises par l'astre lunaire.

Étendus sur une corde à quelques pas du brasier, mon accoutrement sèche, mouiller par une flaque de neige fondu plus tôt dans la journée. Mon pied a eu la malchance de rencontrer une plaque de glace lorsque nous écumions les bois du pays, pour faire terminer mon corps tout entier sur ce lit de flocons. Cruel destin ... Mais pour le bien de mon corps et pour un peu plus chaque jour, tonifier mon esprit, me voilà donc près du bûcher, nu face aux autres, avec pour seul vêtement, mon slip. Tous me regarde comme le maladroit du groupe, mais savent-ils au moins quel héros se dresse devant eux. Ou peut être regardent-ils mon paquet, non moins des plus petits.

«C'est parce que j'ai froid ça. Sinon hum ... attention à la bête hein ...»

Mais le silence reste d'or. Sans doute parce qu'aucun d'entre eux ne souhaite dénier décrocher le moindre éclat de rire. Même d'un côté, cet accident prêtait à la rigolade.

Quand soudain, le leader se lève et nous demande de faire notre paquetage dans les cinq prochaines minutes. Une nouvelle mission vient de nous être commander et ce n'est pas un autre vulgaire contrôle de la frontière. Nan, désormais, la tâche vient à se compliquer. D'après une lettre écrite par la Daimyô du pays lui même, deux shûkajins sont en route par la frontière. Les seuls informations personnelles que je possède sur eux, c'est que Kumo et l'empire Shuka ne s'apprécie pas des moindre.

Ni une, ni deux, chacun d'entre nous s'apprête à sa tâche. Et une combinaison puis une cape plus tard, nous voilà désormais entrain d'arpenter les bois du pays en direction du fortin samouraï le plus proche.

«Tiens il commence à neiger de nouveau ...»

Est-ce un signe de chance ? Je ressert donc mes gants, me parant à toute éventualité. Le conflit peut être plus proche que ce que l'on croit ...

Quel étrange personnage que ce Mikami... Son optimisme semble intarissable et ce qui doit être sa philosophie de vie lui octroie un stoïcisme dont beaucoup pourraient s'inspirer. Moi compris. Je ne comprends pas sa réaction placide et mon étonnement se traduit par un long silence et un froncement de sourcil. Il a voulu tenter l'expérience de la cécité et on peut dire que c'est en partie de sa faute si nous nous retrouvons le long de la mauvaise frontière. Mais de là à me féliciter pour ce qu'il juge être un exploit ou peu s'en faut...
"Tu es un bien étrange shinobi, Yorurai Mikami!" je ne sais pas moi-même si c'est un compliment ou un reproche. "Enfin... J'imagine qu'il faut de tout pour faire un monde..."
Ma perplexité s'accentue lorsqu'il me propose de monter sur ses épaules. J'accepte presque immédiatement, n'ayant rien contre un repos que j'estime presque mérité. Je glisse mes jambes autours de sa taille et mes bras autours de son cou, la tête posée contre son épaule. J'essaie de dormir mais comprends rapidement qu'être trimbalée comme un sac à dos ne favorise guère le sommeil. Et lorsque Mikami m'indique que nous nous dirigeons tout de même vers Tetsu, je me contente d'un léger soupire résigné. Indiquant par là que je désapprouve mais que j'accepte sa décision d'officier. Advienne que pourra...

Je ne peux m'empêcher de m'interroger sur mon partenaire. Mais la réciproque est vraie puisqu'il me parle d'Ando et semble curieux de savoir pourquoi j'ai de la peine à me repérer. Un autre Mamoru? Aveugle qui plus est? Un sourire se dessine ensuite sur mes lèvres lorsqu'il m'annonce qu'il trouve mon handicap cruel, notamment parce qu'il implique constamment qu'on m'apporte de l'aide. Pour le coup il n'a pas tout à fait tord. Mais l'obscurité est ma demeure depuis ma naissance ou presque. J'ai appris à composer avec...
"Je dois sûrement te donner l'impression d'être un poids mort, hein? J'ai de la peine à me déplacer et te voici forcé de me porter pour rattraper le temps perdu..." mon sourire s'accentue. "En fait je suis plutôt douée en sensorialité même si ça peut surprendre. Mais j'ai recours à cet art uniquement lorsque les circonstances l'exigent vraiment. Pareil pour les arts Mamoru. Le reste du temps j'essaie de composer avec mon handicap comme une personne normale le ferait. Pour économiser mon chakra, entre autres... Mais rassures-toi: tu peux compter sur moi si jamais nous devions nous battre."
Je crois que les gens "normaux" ressentent de la pitié pour les gens comme moi. Certains nous voient comme des parasites dont ils doivent s'occuper et d'autres comme des personnes inoffensives dont il n'est pas nécessaire de se méfier. Il est facile d'ignorer les premiers et d'abuser des deuxièmes. Avec le temps j'ai appris à faire de ma cécité une force. Mais ceux qui pourraient le comprendre sont malheureusement peu nombreux. Mikami est-il de ceux-ci?
"Et puis tu sais, je ne suis jamais vraiment seule... Ma survie ne doit rien au hasard."
Il rôde toujours autours de moi. Il avance à côté de mon partenaire, épousant son rythme de course. Le démon a saisit la subtilité de mon message. Et j'imagine que le Taichou croit que je fais référence au monde des esprits. C'est bien ainsi. Je ne lui mens pas et me contente d'occulter une vérité qu'il n'a pas à connaître. Le jeune homme m'est sympathique mais quelques heures de marche et une erreur d'orientation ne suffisent pas à rapprocher suffisamment deux êtres pour qu'ils en viennent à échanger leurs secrets...
"Maintenant on ferait mieux d'économiser nos forces et les garder pour la traversée de Tetsu..."
Une invitation au silence, entre autre. Invitation qui peut sembler un brin déplacée alors qu'il me fait la gentillesse de me servir de monture. Mais je n'ai guère envie de parler et puis il faut véritablement qu'on soit aussi frais que possible pour traverser un pays étranger. Si nous devions combattre, il vaut mieux que ce soit en étant en pleine forme. Aussi après quelques heures de route, nous décidons de camper un peu en retrait de la frontière avec le Fer histoire de reprendre des forces et appréhender au mieux la suite du voyage.

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Cela fait maintenant un peu moins d'une heure que nous avons traversé la frontière et tout se déroule bien. Si nous avons été repérés, les autorités du coin ne semblent pas vouloir nous intercepter maintenant. Ce qui est plutôt une bonne chose dans le fond. Une fois que nous aurons quitté ces terres le danger aura bien moins d'occasions de surgir. Le tout est d'y parvenir...

Curieusement mon attention ne se porte pas sur les environs mais plutôt sur l'aura étrange qui semble émaner du flanc de Mikami. La veille j'ai pu me rendre compte qu'il portait un katana lorsque je me trouvais sur son dos. Et j'en suis venue à la conclusion que c'est de cette arme qu'émanait cette présence que je n'arrive pas encore à qualifier. J'ai envie de le questionner. Mais le silence est de mise pour l'instant.

Nous progressons aussi vite que la prudence et le terrain nous le permet. Ces montagnes ne sont guère pratiques à appréhender sans le recours à la sensorialité. Mais je peux compter sur Mikami et lui pour me guider efficacement. Ne reste plus qu'à espérer que le reste du voyage se révèle aussi calme qu'il l'a été jusqu'à maintenant...
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L'heure tournait et cela faisait sans doute plusieurs jours que nous parcourions la frontière Ouest de Testu no kuni avec pour chef de groupe Kadoria Koüga, Jônin de Kumo. Notre présence en ce lieu glacial m'intriguait. Nous ne parlions que très peu pour le moment et je ne connaissais pas encore le but de notre mission, ni même qui pouvait nous l'avoir confié. Afin de profiter du décor neigeux, les habits que je portais pour cette mission étaient différents de ceux que j'avais au village. Le blanc était la seule couleur que j'avais choisi et je ne regrettais pas.

Une tenue entièrement blanche, la cravate et le pantalon, même les chaussures. Pour me réchauffer, un grand imperméable couleur coton recouvrait mon corps squelettique muni d'un capuchon que j'avais sur la tête et sur mon bras gauche le bandeau du village. Je me demandais même si un shinobi sensoriel aurait été capable de me repérer, car à vrai dire je n'en avais pas encore rencontré un. J'ignorais encore beaucoup de choses, même sur ce que j'étais.

Cette nuit était différente de toutes les autres. Le froid, je tentais encore de m'y habituer à ce climat. Comment les samouraïs faisaient pour vivre dans un endroit pareil ? Il y neigeait tout le temps et je devais l'avouer, je détestais la neige. Je priais pour ne pas être enrhumé, pour ne pas avoir à renifler ou tousser toutes les secondes. Par chance un feu venait de naître à l'endroit même où nous avions décidé de camper. Le chef avait constamment cet air impassible sur le visage et devait sans doute songer à de nombreuses choses à la fois. Ko avait toujours ce visage angélique, non loin de moi et Pika quant à lui était plus résistant au froid avec pour simple vêtement un caleçon.

«C'est parce que j'ai froid ça. Sinon hum ... attention à la bête hein ...»

* J'imagine un loup l'attraper par derrière pour le tirer dans la neige.* Enfin quelqu'un qui avait le sens de l'humour.

J'essayais de ne pas rire, mais un sourire s'afficha sur mon visage tandis que je baissais la tête, les traits faciaux plongés dans le noir. La pause ne dura que très peu de temps, car un oiseau s'était subitement rapproché de nous pour déposer au creux des mains de notre chef ce qui ressemblait à une enveloppe. Nous avions enfin eu plus d'informations sur la mission,

"Kô, Pika, Döko ! Le seigneur Kira nous demande d'intercepter deux shûkajins qui ont récemment passé la frontière."

Le Seigneur Kira ? Deux shûkajins ? Je ne savais pas grand chose sur ces gens, si ce n'était que nous ne nous entendions pas très bien.

«Quelle poisse, soufflais-je avec paresse...»

Pourquoi le Boss des Samouraïs nous confiait-il cette mission ? Peut-être n'avait-il pas assez de samouraïs pour s'occuper de ce problème ou qu'il préférait sacrifier des genins de Kumo ? Néanmoins je ressentais de la fierté en étant au Pays du Fer. Nous devions une fois de plus reprendre la route. Notre nouvel objectif était d'atteindre le fortin samouraï le plus proche. Nous séparer aurait sans doute été plus efficace, mais nous n'étions que des genins avec pour seul guide le Kadoria. Je pouvais donc supposer que les shûkajins étaient forts, ou peut-être me faisais-je des idées.

Pika avait remarqué le rideau de neige qui s'était à nouveau formé sous nos yeux. Sans même m'apercevoir de ce qui se produisait autour de nous, je passais mon temps à mettre ma main sous mon nez afin de ne pas éternuer. J'avais sans doute commencé à attraper une grippe.

« Rah, je crève d'envie de voir à quoi ils ressemblent ces shûkajins, pensais-je à voix haute. Encore faut-il réussir à les trouver, hum...»

J'avais ressenti au creux de ma main droite le katana que j'avais apporté, même si elle ne me servirait pas à grand chose. C’était après tout le Pays des samouraïs et l’avoir avec moi me porterait peut-être chance. Avec sur le cœur un mauvais pressentiment. Allions-nous finalement mourir aujourd'hui ? Je n’avais pas de réponse à cette question et préférais être optimiste...

Spoiler:

Le village des nuages était déjà bien loin, les jours passés à suivre la frontière pouvaient en témoigner. La petite kumojin était étendue à même le sol et comptait les nuages. Il est vrai que la chaleur émanant des flammes, à quelques mètres d'elle, devait être plus agréable que la terre froide, recouverte d'une fine pellicule de neige. Mais son activité, bien que des plus enfantines, lui procurait plus d'apaisement que tout les feux de camps réunis.

Après une trentaine de seconde à regarder le ciel, son ventre décida qu'il était temps de bouger. Son sac était près de deux autres genin et ses trois dernières pommes à l'intérieur. Ko lâcha un soupir et redressa son dos à la verticale, avant de rejoindre la buche enflammée. Laissant retomber son corps près de ce qui lui servait de sac, elle tendit l'oreille aux maigres paroles prononcées autour du bout de bois. Rien de bien intéressant n'en ressortit.

A peine avait-elle glisser son bras à l'intérieur du sac que leurs chef d'une mission les appelait. Elle grogna, enfin ils avaient une pause dans leurs journées déjà ils devaient repartir. Malgré l'importance qui semblait émaner de la première phrase prononcée par le Jônin, elle aurait préférer ne pas entendre la seconde. Elle suivit tout de même les ordres, refermant son sac, à peine ouvert, pour le jeter sur son dos.

La neige commença à tomber un peu après que le groupe ne soit reparti. Pika le fit remarquer, ce qui était inutile aux yeux de la jeune fille. Malgré sa vision floutée et décolorée, aucun flocon de neige ne lui avait jamais échapper. Elle aurait souhaité s'arrêter, prendre le temps d'observer les bouts minuscules de glaces sculptés par le vent, mais la situation l'en empêcha. On lui avait ordonné de suivre le Jônin jusqu'à la fin de cette mission, elle le ferait ; même si cette dernière venait à changer.

Spoiler:

- Je ne me sens pas forcé en fait...

...lui avait-il répondu alors qu'ils filaient à cacavalo (j'vous jure que c'est le mot approprié) plein Est. Traversée plutôt simple et pas vraiment moins rapide vue la légèreté de la jeune fille. Ses quelques mots lui avaient laissé à penser tandis qu'ils se rapprochaient du pays du fer. Pendant un moment Mikami en était revenu à penser que la Mamoru ne pouvait composer qu'avec les quatre sens restant et un peu d'aide extérieure. Mais même malgré leur échec, il n'avait pas remis en cause sa capacité à être autonome. Finalement, la sensoralité s'était bien éveillée chez elle pour combler le manque et malgré tout, Setsuko continuait de faire en sorte d'avancer sans la plupart des pouvoirs que le chakra avait mis à sa disposition. Les mystères enveloppant sa survie s'éclaircissaient tout en restant toujours aussi épais aux yeux du Yorurai. Il se voyait rassurer de savoir qu'elle pourrait utiliser ses facultés en cas de problème quelconque tout en sachant que ce genre de don était à double tranchant pour un Mamoru. Il revoyait encore les deux petits démons qui pouvaient venir déranger Ando de leurs âneries à tout moment de la journée. Un sourire en coin avait point quand elle lui dit qu'elle avait toute sa place dans les affrontements et l'amnésique avait bien l'intention de compter sur elle, sans oublier que si elle n'avait jamais été vraiment seule, il était cette fois-ci la personne sur qui elle devrait se reposer quand les soucis viendraient à poindre.

- Alors le takijin qui t'a accompagné tout à l'heure est avec toi depuis le début ? C'est quoi, un tuteur ? Vous devez être vachement proche alors...

Puis ils finirent par s'arrêter à proximité de la frontière, prenant soin de rester en territoire shûkaijin. C'est sûrement à ce moment qu'ils échangèrent le plus l'un sur l'autre. Mikami lui avait parlé de son amnésie et des choses qu'il était venu chercher dans l'alliance des pays neutres. Un environnement pour renouer avec ses capacités, la compagnie de shinobi ayant aussi tout perdu, quelques espoirs de changement mis à mal par l'avènement de l'empire. Il n'avait dormi que d'une oreille tandis que la seconde restait accrochée aux bruissements de feuilles, aux vols des insectes et oiseaux, aux pas de n'importe lequel des animaux comme un spectacle saisissable par l'ouïe seule, qui le berçait et le maintenait éveillé.

Ce fut comme un ours qu'il se leva et comme deux renards qu'ils reprirent la route. Si le jeune homme recevait tous les éléments qui se jetaient dans son champs de vision, son regard pourtant vif se sentit passif tant il entendait à 360°. Les quelques animaux qui les observaient avec précaution, soigneusement dissimulés, avaient dévoilés leur position avant même de s'approcher derrière leurs cachettes aussi humbles qu'efficaces. Et petit à petit la faune s'amenuisait quand ils se rapprochaient d'une zone plus urbaine. Ce fut un bon indicateur pour savoir quel niveau de précaution adopter au fur et à mesure de leur trajet. Il fallait être aussi méfiant que les animaux sauvages, savoir s'abstenir de s'approcher quand les colonnes de fumées s'élevaient des cheminées du village qu'il pouvait contempler depuis la colline qui le surplombait. Certains bruits d'agitation parvenaient à ses oreilles. Mais ce n'étaient que des voix indescriptibles, les paroles fantomatiques d'un paysage figé dans un tableau qu'ils ne pouvaient se permettre de pénétrer.

Setsuko n'était pas la seule aveugle face à cette situation. Le Yorurai se remémorait les jours où il avait redécouvert l'origine de ses racines à Kaminari, songeait que pour sûrement peu de chose, il aurait pu être en faction dans ce village ou simplement en train de prendre du repos, d'échanger avec ceux qui ne tarderaient pas à se lancer à leur poursuite en découvrant leur présence ici. Les shûkaijin étaient quasiment arrivés à la moitié du chemin et personne ne s'était encore montré, et la Mamoru n'avait jusqu'ici jamais fait signe de faire particulièrement attention. Difficile de croire qu'ils passeraient à la trappe... même en connaissant pertinemment les risques et les dangers de se retrouver "clandestinement" en territoire dit ennemi, jurant presque qu'il n'y aurait aucun accroc, il espérait tomber sur un groupe de kumojin. Justement pour continuer d'avancer sans accroc.

Je vous l'accorde, il était quelque peu fou. Mais ce brin de folie, il s'appliquait souvent à le cultiver.

- Toujours personne. Je vais finir par croire qu'on peut même aller manger dans un de ces villages... Au pire, on ira au retour. On va quand même faire en sorte de bien accueillir ceux qui pourraient venir à notre rencontre.

Un mudra pour un henge. Physiquement, Mikami n'avait absolument pas changé. En revanche, sa tenue difficilement rattachable à une quelconque instance shinobi venait de se voir troquée contre le parfait uniforme du shinobi de Kumo. Un certain vague à l'âme lui saisit l'estomac et l'amnésique fut incapable d'en déterminer l'origine.

- Détrompe-toi, je ne cherche pas à les tromper. Allez... reprenons la route.

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La partie Sud du pays étant relativement étroite et surtout enneigée plus que jamais en cette saison, Koüga savait pertinemment que son équipe avait de fortes chances de rattraper ses deux cibles. Pourtant la probabilité de les manquer serait tout aussi élevée si le quatuor s'y prenait n'importe comment. Ainsi malgré l'absence de senseur à ses côtés, il mit à profit des techniques de traque plus classiques. En se servant par exemple de leur dernière localisation connue, de leur trajectoire, et enfin des traces qu'ils avaient laissé dans la neige. Ce qui ne fut pas si simple étant donné les précipitations qui s’abattaient sur la région en ce moment-même.

Pourtant avec de la persévérance et un peu de chance, le quatuor kumojin ne tarda pas à atteindre son objectif. En effet se fut en pleine zone boisée qu'ils interceptèrent une femme dont la tenue la rendait difficilement identifiable ainsi qu'un jeune homme portant la tenue caractéristique des shinobi de la Foudre. Un détail qui titilla l'esprit du Kadoria qui n'avait jamais vu cet individu à Kumogakure si ce n'est dans le Data Book du village. A l'inverse le duo dont ils avaient stoppé la course en se dressant physiquement sur son passage n'aurait certainement aucun doute concernant l'identité des nouveaux arrivants.

En effet le chef du clan Kadoria placé en tête de file n'avait rien fait pour dissimuler le bandeau kumojin enroulé autour de son biceps gauche. Et c'est donc bien en tant que représentant des autorités locales qu'il prit la parole en premier.

"Madame, Monsieur; en vertu des pouvoirs qui m'ont été conférés par le Seigneur Kira Musashi et le Rokudaime Raikage, je suis dans l'obligation d'interrompre votre voyage pour vous soumettre à un contrôle douanier."

Une introduction prononcée sur un ton neutre et à aucun moment marqué par une quelconque hostilité, exactement comme le voulait la législation en vigueur depuis l'arrivée au pouvoir du Législateur que le Jônin n'avait pas manqué de rappeler aux jeunes pousses peu avant son intervention. Suivie de deux questions qui tombaient sous le sens dès lors qu'on avait en sa possession les mêmes informations que Koüga.

"En commençant par vous demander ce que font deux shûkajins sur la terre des samuraïs et pourquoi l'un d'entre eux a revêtu un uniforme kumojin."

Car si aucun élément visuel ne permettait de déclarer avec certitude leur affiliation à l'Empire de Samui Kakeshuou. Les traces qu'ils avaient suivi étaient incontestablement les leurs et l'un d'entre eux portait selon toute vraisemblance une tenue qui n'était pas vraiment la sienne. En effet ce dernier se nommait Yorurai Mikami, un shinobi d'ores et déjà fiché par les renseignements kumojins.

Les ennuis n'ont pas tardé à se manifester. Quelque part Setsuko avait espéré que les kumojins se montreraient moins efficaces pour surveiller leurs frontières que ne l'est le Shûkai. Et force et de constater qu'il n'en est rien. La noiraude tourne son regard absent vers Mikami avec l'envie de lui rappeler qu'ils n'en seraient pas là s'ils avaient pris le bateau. Comme elle le préconisait. Mais il est désormais trop tard pour les reproches. Et ils seraient de toute façon malavisés vu les circonstances. L'adolescente se contente donc d'un soupire et reporte son attention sur les shinobis qui leur font désormais face.

Que faire? Setsuko sait qu'il sera difficile de justifier sa présence. Et qu'elle est en tort. Après tout Mikami et elles n'ont rien à faire sur ces terres. Ils ont joué à un jeu dangereux et ils ont perdu. Une bataille, pas la guerre. Mais les choses pourraient se présenter nettement mieux. La noiraude écarte une mèche de cheveux sales de son visage tout en persistant dans le silence. S'ils se rendent, ils finiront sûrement emprisonnés et torturés. Kumo pourrait même justifier une guerre d'agression envers le Shûkai en se servant de leur présence comme d'un prétexte. Mais s'il n'y a personne pour prouver qu'ils étaient là...
"Le problème, voyez-vous, c'est que nous ne reconnaissons pas l'autorité de ce Kira Musashi. Et encore moins celle de votre Rokudaime!" réplique-t'elle sur un ton neutre. "Néanmoins je suis admirablement surprise: pour des kumojins vous êtes plutôt polis..."
Il faut bien reconnaître que celui qui a pris la parole s'est montré courtois. C'est tout à son honneur. Et ça brise quelque peu l'image que l'adolescente s'était faite de ses homologues de la Foudre. En revanche elle n'a guère d'explications à fournir quant à son collègue costumé. Mais maintenant il sera difficile de faire croire aux kumojins que le duo n'avait aucune intention de les tromper. Ou qu'il s'est simplement trompé de route. C'est une infiltration volontaire. Et toutes les personnes présentes en sont désormais conscientes. De mieux en mieux...
"Quant aux raisons de notre présence... Nous rejoignons le territoire impérial de Ta no Kuni. Et il se trouve que le chemin le plus rapide pour y parvenir passe à travers ces terres." explique-t'elle avec détachement. "Avouez que c'est plutôt ennuyant..."
L'adolescente s'autorise un léger sourire qui disparaît peu à peu de son visage. Elle en a peut-être trop fait et devrait laisser Mikami, son supérieur, s'exprimer. Après tout c'est à lui de traiter avec la Foudre. Et puis il pourra ainsi leur expliquer pourquoi il porte leur uniforme. Malgré la situation Setsuko est plutôt pressée d'entendre ça. Avec un peu de chance le Taichou parviendra à faire rire les kumojins...
mea culpa:

Spoiler:

Comme s'ils ne s'y étaient jamais attendus, les shûkaijin virent leur route subitement barrée par un quatuor kumojin qui les obligèrent à stopper leur course aussitôt. Les obligèrent ? Vraiment ? Restait toujours l'option "Fonçons dans le tas, on est pressés !" Mais la vérité était que Mikami avait bien plus de respect pour ses homologues étrangers qu'il n'en avait pour les frontières qu'ils s'étaient un jour mutuellement dressés. Son accoutrement ne laissa quant à lui planer aucun doute, que ce fut sur la véritable origine de leur binôme comme de la possibilité que le Yorurai aurait très bien pu, à un ou deux choix près dans son passé, en porter les couleurs sans que ce ne soit le fruit d'un simulacre. Cependant tout amnésique qu'il était, le jeune homme attribuaient ces choix, ces carrefours dans l'histoire passée du Yuukan tout entier, comme relevant de l'histoire écrite par certains Hommes pour leur descendant ainsi que de ceux qui n'avaient jamais tenu la plume. Dès lors, le simple fait d'arborer un uniforme mettant en valeur l'union sacré d'un quelconque pays simplement destiné à aller se confronter à des insignes définis différemment, de son point de vue... était déjà un simulacre.

Il avait bien assez vagabondé de contrées en contrées pour que son service auprès d'une nation ne soit un prétexte pour alors se détourner de ses voisins, comme de leur faire concurrence pour que seule l'une d'entre elle ne se soit élevée. En d'autres termes, soit cet intervenant du village caché des nuages coopérait, soit il les plongerait tous dans cet engrenage qui ne les conduirait qu'à satisfaire l'égo de leur blason au détriment de l'intégrité de leur humanité. Setsuko avait en fait plutôt bien résumé les choses en reniant de but en blanc l'autorité des instances du territoire qu'ils traversaient. Dans ce contexte, l'humilité de leur chef d'équipe était une bénédiction...

- Tenez, voici notre ordre de mission. Il complète et confirme les paroles de ma coéquipière. Un village du pays des rizières a demandé de l'aide aux forces de l'empire et face aux risques d'une nouvelle attaque, j'ai préféré prendre le chemin le plus cours... celui-ci.

Mikami s'était approché d'un pas naturel et avait tendu le parchemin au Kadoria. Si son faciès exprimait toute la neutralité et la bienveillance du monde, il fut tout juste perceptiblement marqué d'un rictus de contrariété lorsqu'il s'approcha du kumojin. Son odeur, il l'avait déjà sentie. De près, et il n'y avait pas si longtemps. Difficile de remettre le doigts dessus, mais les sentiments associés étaient relatifs à une profonde frustration ainsi qu'un sentiment d'hostilité qui contrastait réellement avec l'atmosphère actuelle. Comme s'il y avait déjà eu de telles négociations... et qu'elles avaient mal tournées. Ce fut d'un ton tout aussi neutre mais entaché de cette incertitude qui avait remplacé la précédente bienveillance qu'il reprit la parole.

- Je vous mentirais si je disais que je n'ai pas fait ce choix en connaissance de cause de la méfiance et de l'hostilité qui lient nos deux nations, ainsi que de ce qui est censé en découler. Je compte en fait sur votre compréhension, maintenant que vous êtes au courant des véritables tenants de cette histoire, pour agir au mieux pour tous les partis.

Que ce soit Kumogakure, le pays des Samourai, le Shûkai, ainsi que les villages du pays des rizières et de leurs relations avec le système shinobi. L'amnésique était un des premiers conscients que contrôler tous les facteurs d'une situation était illusoire ; pourtant il espérait, en remettant naturellement, ou naïvement, un partie de ses facteurs aux mains d'inconnus qui pourraient facilement se montrer hostiles, de ne pas entraîner Setsuko dans une situation plus délicate que ce qu'elle ne l'était déjà. Et comme ci ça ne suffisait pas...

- Sinon, je n'ai pas vraiment de raison à vous donner pour cette tenue. Ça m'a pris, spontanément. ... En fait... je crois que je me demande si ça vous gêne. Est-ce le cas ?

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En écoutant parler les deux shûkajins, Koüga put constater qu'il avait affaire à une bien piète diplomate accompagnée d'un compagnon un peu plus subtil. Cette kunaïchi qui refusait clairement de reconnaitre le Seigneur du pays qu'elle tentait de traverser en toute impunité malgré le fait qu'elle ait tout de même fourni une brève explication concernant les raisons de sa présence dans la région. Ainsi que ce shinobi qui lui remit en mains propres son ordre de mission avant de lui demander d'un air presque provocant si sa tenue les gênait vraiment.

Bref de quoi constituer deux motifs d'arrestation aux yeux de la petite unité leur barrant la route. En effet soit ces derniers cherchaient véritablement à les offenser, soit ils étaient un peu stupides de croire qu'en ces lieux refuser de se plier aux lois de l'autorité souveraine ou encore se faire passer pour un shinobi de la Foudre ne constituaient pas en eux-mêmes des délits. Sans oublier que le document qui avait été remis au Kadoria pouvait très bien avoir été falsifié dans le but de couvrir une éventuelle mission d'infiltration. De quoi plonger le gradé kumojin dans une courte réflexion avant qu'il ne reprenne la parole, non pas pour s'adresser aux deux étrangers mais bien à ses propres hommes.

"Vous trois, retournez au fortin samouraï pour les avertir qu'on a bien retrouvé l'équipe shûkajin. A partir de maintenant je prends personnellement la situation en mains."

Et si opérer en solitaire pouvait paraitre présomptueux de sa part, les genins n'avaient sans doute pas conscience que dans l'hypothèse où un combat venait à avoir lieu, il ne pourrait pas déployer toute sa force s'il devait en même temps faire en sorte qu'ils ne soient pas blessés par les techniques adverses et surtout, surtout, les siennes. Ainsi lorsque leur départ fut bel et bien effectif, il s'en retourna auprès de ses deux interlocuteurs "privilégiés" après avoir discrètement apposé un petit sceau au creux de sa main droite qui était dans tous les cas parsemée d'écritures en permanence.

"Malheureusement pour vous jeune fille, il existe une très grande différence entre reconnaitre une autorité et la subir."

Une mise en garde s'adressant surtout à la kunoïchi aveugle dans le cas où elle venait à se croire avec un peu trop de sérieux en territoire conquis.

"Je suis désolé pour vous si par le passé vous avez connus une expérience malencontreuse avec l'un de mes compatriotes, mais sachez que se sont nos lois elles-mêmes qui nous demandent d'accueillir n'importe quel étranger avec le respect qui lui est dû."

Suivi d'une petite parenthèse sensée leur rappeler qu'en temps normal, ils ne risquaient pas de perdre leurs têtes s'ils ne franchissaient pas les frontières de Tetsu no Kuni avec des intentions hostiles. Vous comprendrez donc que dans ce schéma quoi qu'on dise, tenter d'usurper l'identité des forces alliés à ce pays n'avait rien de très louable. Et en abordant ce sujet il pensait bien évidemment à la figure masculine du duo à qui il ne tarda pas à s'adresser également.

"Ces lois interdisant également aux non-kumojins de revêtir notre uniforme, mais je suppose qu'à ce niveau on ne diffère pas beaucoup des autres villages cachés ou même de votre Empire non ?"

Le sarcasme était palpable mais en même temps amplement mérité du point de vue de Koüga.

"Par conséquent il va tout simplement falloir vous en débarrassez sur le champ, après quoi je vous escorterez moi-même jusqu'au Pays des Rizières pour vous permettre de poursuivre tranquillement votre mission."

Aux impériaux de voir s'ils étaient prêt à se plier à ces simples consignes ou s'ils préféraient jouer les fortes têtes quoi qu'ils leur coûtent.

Spoiler:

PNJ: Mamoru Setsuko

Et bien! Quelle étrange situation que voilà... Je ne sais pas si celui qui est vraisemblablement le chef des kumojins nous sous-estime ou s'il s'agit d'un indécrottable optimiste. À sa place je n'aurais pas pris le risque de me départir de mes hommes pour rester avec deux étrangers qui ne semblent pas vouloir collaborer plus que de raison. Je hausse un sourcil tandis que mon regard absent reste rivé sur l'homme en face de nous. Ou du moins à l'endroit où j'estime qu'il se trouve...
"Vous nous laisseriez passer?"
Quelle... générosité. Pour être honnête c'est la dernière chose à laquelle je m'attendais venant d'un shinobi de la Foudre. Mais les règles sont faites pour souffrir de certaines exceptions. On dirait bien que nous en avons une en face de nous. Pourtant je reste partagée: ne devrions-nous pas nous débarrasser de cet homme puis donner la chasse à ses élèves pour les empêcher d'avertir ce fortin samouraï? La prudence semble en effet favoriser ce choix.

D'un autre côté nous devrions peut-être profiter de cette occasion qui nous est donnée de ne pas égratigner un peu plus les relations difficiles entre l'Empire et ses voisins. Quel est l'intérêt réel de priver Kumo de quatre shinobis? Le risque en vaut-il la chandelle? Après tout notre interlocuteur nous offre rien de moins qu'un sauf conduit jusqu'au pays des rizières. N'est-ce pas... inespéré? D'autant plus que Mikami leur a fait l'affront de porter l'un de leurs uniformes. Si la situation était inversée et que les kumojins se trouvaient en plein territoire impérial avec des uniformes appartenant aux nôtres, les choses se seraient évidemment passées autrement.

Finalement je ne peux pas exclure qu'il s'agit d'un piège. L'homme est en infériorité numérique et pourrait jouer la carte de la coopération dans le seul but de gagner du temps. Et qui sait si ses subordonnés ne ramèneront pas des renforts avec eux? Je déteste cette situation. Car c'est bien à l'instinct qu'il faut se fier quand la logique vous offre différente opportunités. Mais l'avantage d'être une simple Heishi, c'est qu'on a pas toujours à prendre des décisions...
"Mikami?"
C'est bien son avis que je demande. Ou plutôt un ordre que je quémande. Il suffit d'un seul mot en réponse pour que le sort de ce shinobi de la Foudre soit scellé...

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