Bras croisés, un des index tapant sur son biceps opposé, Kanpeki patientait difficilement dans la salle d'attente de l'Hôpital de Sunagakure no Satô. C'est aujourd'hui que la Rebelle passait sa visite médicale annuelle. La galère. Surtout quand on savait qu'elle n'avait pas le droit de manger avant d'avoir passé ce maudit rendez-vous... Les minutes s'enchaînaient comme les personnes présentes qui allaient et venaient. Ses pupilles dorées posées sur les passants, elle n'arrivait pas à trouver d'autres occupations. Finalement, après un temps qui lui parut une éternité, son tour arriva.

— Ah ben c'pas trop tôt.

Soupirant, elle rangea ses mains dans les poches de son short et se dirigea d'une démarche posée en direction de la salle d'examen. A son arrivée, une femme, derrière un bureau, l'accueillit. Blouse blanche, cette dernière était accaparée à remplir un rapport en vitesse, profitant de l'intervalle entre le départ et l'arrivée d'un nouveau patient pour s'occuper de son travail en retard. Rangeant le document sous un dossier, la doctoresse leva les yeux en direction de la nouvelle arrivante. Mains jointes, coudes posés sur la table, elle entama la discussion :

— Saibogu Kanpeki...

Rebaissant son champ visuel sur sa paperasse, elle feuilleta rapidement ce qui semblait être le registre médical de la Saibogu. Se grattant d'un doigt l'un des côté de son crâne, elle reposa finalement le verre de ses lunettes sur la Rebelle.

— Bon, et bien c'est parti. Déchaussez vous et allez vous peser.

C'est une Kanpeki à l'agonie qui se leva. Pourquoi est-ce que les visites médicales étaient aussi ennuyeuse ? S'exécutant tout de même, elle se dirigea vers la balance. Montant sur le dispositif de pesée, elle se tourna vers la Médecin, boudeuse.

— Dîtes... On est vraiment obligé de repasser par tous ces trucs relous ? J'l'ai déjà fait l'année dernière, et j'suis quasi sûre que j'ai pas pris du bidon depuis. Sérieux, c'est pète-couille de toujours refaire le même truc chaque année !
— Vous m'en voyez navrée Kanpeki-san, mais c'est le règlement. Vous devriez vous estimer heureuse que le village s'occupe bien de ses habitants.
— Mouais...

C'est alors qu'un cliquetis mécanique retentit, marquant la fin de l'analyse de la pesée. Les deux paires d'yeux se posèrent sur le résultat instantanément : 65 Kg. C'est une Kanpeki à la limite de l'étouffement qui accueillit la nouvelle. C'était 5 kilos de plus que l'année dernière ! Pointant un doigt inquisiteur en direction de la machine, elle accusa directement un dysfonctionnement.

— Putain ! Mais ça fait combien de temps que vous avez pas fait réviser votre matos ? Nan mais attendez : 65 quoi ! C'pas possible !

Blasée, un sourcil haussé, la propriétaire de la pièce regarda la Brune avec exaspération.

— Pour tout vous dire on a changé la Balance pas plus tard qu'hier. Le résultat est tout ce qu'il y a de plus correct...

S'apprêtant à noter le résultat sur son bloc-note, elle fut interrompue par la main de sa patiente. Un regard défiant à celle qui lui empêchait de faire son boulot, elle garda tout de même le silence, attendant de voir ce que la Metal Beast avait à lui dire.

— Vous pouvez pas enlever deux-trois kilos ? J'vais m'faire traiter de boudin sinon... Allez soyez cool Doc'...
— Pour qui est-ce que vous me prenez Kanpeki-san ? Et puis arrêtez de dire n'importe quoi. Vous êtes ridicule.

Une veine se dessinant sur sa tempe, la Toubib commençait vraiment à s'énerver. Tout comme sa patiente. En effet, Kan' n'aimait pas qu'on lui dise non ! C'est donc bouillonnante, l'une comme l'autre que l'examen suivit son cours.

S'insurgeant à chaque données qui ne collaient pas au verdict de l'année précédente, Kanpeki se rendit compte qu'elle avait vraiment changée depuis. En seulement 365 jours, tout s'était modifié. Ce n'est que lorsqu'elle prit sa nouvelle photo d'identité qu'elle put voir la différence avec l'ancienne Saibogu de l'an 12 : Ses cheveux s'étaient allongés, ils étaient devenus plus gras, moins entretenus. Son visage s'était aiguisé, ses pupilles étaient devenues encore plus brillante. Toutes les parties de son corps s'étaient musclées et développées. En réalité, la Rebelle avait du mal à trouver des similarités avec son ancienne Elle. Et si on allait encore plus loin, elle n'avait plus rien à voir avec le garçon manqué qu'elle avait été durant sa jeunesse.

Désormais, Kanpeki Saibogu était devenue une vraie femme. Une Kunoichi de moyenne Catégorie du village caché du Sable.

Sur le plan physique en tout cas...

Essoufflée. Voilà comment se trouvait la Saibogu en cet instant précis. Alors que le verdict lors de son examen médical était tombé, la Mécanicienne avait foncé aux terrains d'entraînements pour essayer d'éliminer ses 5 kilos de trop. Elle n'avait pas envie de se faire traiter de boudin par Chishiki ! Le visage suant, accoudée sur le Pantin de bois qui lui servait de punching ball, Kan' essayait de récupérer son souffle du mieux qu'elle pouvait. Une fois qu'elle sentie l'Oxygène se déplacer à nouveau librement dans ses poumons, elle se redressa puis jeta un regard à sa montre : Il était beaucoup trop tard. Sans compter qu'elle devait préparer le dîner pour Aki et elle-même ! Maudissant ses calories en trop, elle épongea son front à l'aide d'une de ses mains et partie en direction de la Maison du Fujimi.

Arrivée à destination, elle poussa la porte du bâtiment et y pénétra. Se déchaussant, elle s'aventura dans la maisonnette à la recherche du Marionnettiste. C'est stupéfaite qu'elle le trouva dans la salle à manger, près d'une table toute prête. Des étoiles brillèrent dans ses yeux lorsqu'elle vit une assiette remplie de fine lamelle de poisson rouge... Un Sashimi de Thon jaune. Son plat favori. Décidément, le Rouquin avait fait d'énorme progrès ces derniers temps, à la grande satisfaction de la Brune, qui voyait ce dernier changer peu à peu. Bientôt, Aki serait une personne normale pleinement épanouie. Il était en pleine fleuraison et prochainement, il deviendrait comme cette fleur aux couleurs délicates qui se dressait fièrement sur la table. Toujours surprise, elle se tourna vers le Fujimi :

— Euuuh... Ouais, ouais...

Se grattant l'arrière du crâne, Kan' montrait bien qu'elle était à court de mot. Cette situation l'avait totalement prise à revers. C'était trop beau pour être vrai... Ses pupilles dorées allant de la table à son ami, elle cherchait quelque chose à dire.

— Bah merde alors. J'm'attendais pas à ça...

Finalement, un sourire se posa sur les lèvres de la Saibogu. Posant une main sur le crâne de son compagnon, elle commença à lui ébouriffer les cheveux.

— Dis donc Aki. T'as pensé à tout ! T'as quelque chose à te faire pardonner ou quoi ?

Riant à sa propre boutade, elle enleva finalement sa dextre de la tête du Fujimi puis prit le chemin de la douche. Puante de sueur comme elle était, elle ne pouvait pas laisser son rouquin d'ami subir ce supplice une seconde de plus.

— J'prends une douche et j'arrive !

S'emparant au passage de quelques vêtements de rechange, la Saibogu se hâta de se nettoyer. Elle ne voulait pas faire attendre Aki et encore moins son estomac qui criait famine. Essayant de combiner vitesse et travail bien fait, Kanpeki sortie de la douche en un temps record. A un point tel, qu'il lui restait du shampoing dans les cheveux. Habillée de son pyjama à savoir un tee-shirt trop grand pour elle, qui lui servait de robe de chambre, marqué du Symbole des Saibogu, elle rejoignit son colocataire en essorant sa chevelure à l'aide d'une serviette. S'asseillant lourdement sur sa chaise, elle bava presque à la vue du plat qui lui tendait les bras.

— Et moi qui m'attendait à bouffer des ramens instantanés. Franchement, j'sais pas où est-ce que t'as trouvé c'te merveille. Mais tu m'épates sur ce coup !

S'emparant des baguettes, elle attaqua. Assaisonnant le plat en Wasabi et en sauce soja, elle prit une grosse bouchée. Elle manqua de pleurer tellement ce goût exquis lui avait tant manqué...

Délicieux. Ce met était juste délicieux. Et Kan' ne se faisait pas prier pour le montrer. Mâchant en souhaitant profiter de ce goût splendide au maximum, la jeune femme était aux anges. Aki savait la prendre par les sentiments quand il le fallait, et encore une fois il ne se dérogea pas à cette règle ! Lorsque les mots du Fujimi lui parvinrent, elle leva les yeux en direction de son interlocuteur : Le Sashimi s'était invité ? Quoi ? En tout cas, c'est ce que la Rebelle crûe, alors qu'au final, le jeune homme avait juste voulu complimenter sa partenaire... N'ayant pas compris la signification mystérieuse de la phrase prononcée par son ami, Kan' resta silencieuse. Tâche facilement réalisable quand on savait que la Chuunin avait la bouche pleine de chair de poiscaille.

Finalement, le Rouquin continua et entra plus en détail sur le pourquoi de ce festin. Comprenant la Saibogu mieux que n'importe qui, le Marionnettiste avait saisi que cette journée allait être particulièrement chiante aux yeux de cette dernière. Et elle se serait sentie honorée par une telle attention. Cependant, la remarque sur ses kilos en trop eurent le don de stopper la mastication de la Mécanicienne. Regardant son interlocuteur d'un air blasée, les joues gonflées par la nourriture non avalée, la Brune posa ses pupilles dorées sur son ventre. Elle était grosse ! Son meilleur ami venait de dire qu'elle était grosse ! Maudit soient les calories !

Avalant la nourriture, elle posa les baguettes, croisa les bras et s'enfonça dans le dossier de sa chaise. La mine boudeuse, elle posa un regard plein de reproche à Aki. Pourquoi fallait-il qu'il soit aussi observateur ? Sans compter qu'il aurait pu se garder de le signaler... Voilà qu'il lui avait coupé l’appétit. Si elle continuait à se goinfrer de la sorte, elle finirait comme une Akimichi.

— Ouais, et au final tu veux m'engraisser encore plus avec ça ? Tu veux que j'ressemble à un putain de cachalot ? Ah bah bravo ! Elle est belle notre amitié !

S'enfonçant davantage dans son support, Kan' était partie pour faire la tête. Un comportement qu'elle n'avait pas abandonné malgré son âge. Elle avait beau avoir quasiment la vingtaine, au fond, ces caprices d'enfant gâtée n'avait pas changés... Elle avait de la chance d'avoir Aki devant elle plutôt que ses frères. Ces derniers n'auraient sans doute pas hésité à l'enfoncer davantage. Quoique... Peut-être que c'est ce que le Marionnettiste souhaitait ? Allez savoir...

Attendant des excuses, Kanpeki restait dans cette position, son regard détourné de celui qui l'avait offensé. Intérieurement, elle pensa qu'il était temps pour elle de s'attaquer à un régime. Si jamais son Père ou ses frères voyaient qu'elle avait prit du poids, elle serait bonne pour être la cible de railleries permanente...

Elle savait que le jeune homme n'allait pas rester de marbre face à la séance de "boudage" qu'elle lui faisait. Chose à peine pensée que son compagnon se leva et sans hésiter tenta de balayer les doutes de la Mécanicienne. Réticente à l'idée d'être enlacée alors qu'ils avaient établis une règle à ce sujet qui interdisait ce genre de contact chaleureux, la Saibogu tenta de résister un moment. Une faible tentative puisque finalement, elle laissa son ami coller son front sur sa chevelure. Aki était quelqu'un qui n'avait parfois pas d'autre solutions pour s'exprimer. Il était d'ailleurs la seule personne dans l'entourage de la Brune à ne pas se prendre un poing de sa part lorsqu'il se montrait câlin de cette manière. Les années avaient sues adoucir la Metal Beast lorsque le Marionnettiste était en cause. Mais il était l'exception. La seule.

Cependant, elle ne put s'empêcher d'être gênée et de rougir à l'extrême lorsqu'elle entendit les paroles de son partenaire. Jetant un regard bref à sa poitrine, elle essayait de d'imaginer la taille qu'elle avait eu quelques années plus tôt. Avait-elle prit de la masse au point que ça en devenait flagrant ? Comme quoi, les capacités d'observation de la Saibogu étaient loin d'être au point...

Continuant dans son discours, le Fujimi s'attaquait à des sujets qui auraient pu le faire passer pour un gros lubrique aux yeux de n'importe quel inconnu. Cependant, Kanpeki avait grandie à ses côtés. Ils connaissaient tout l'un de l'autre et avaient bien vus leurs propres changements morphologique. Ce n'était pas de la perversité pour Kan'. Non. C'était la vérité. Et elle ne pouvait pas le nier. Convaincue et complimentée, elle posa son regard doré boudeur sur son compagnon, qui l'avait désormais lâché.

— Mouais...

C'est alors qu'Aki l'invita à terminer son assiette. Reposant son champ de vision sur le plat quasiment fini, son appétit lui revint rapidement. Il lui fut donc difficile de refuser l'offre du Marionnettiste. Réattaquant le contenu de son assiette, elle entendit alors la dernière remarque de son colocataire. Avalant de travers, elle toussa rapidement, des larmes sortant timidement sous l'asphyxie éphémère. Une fois la crise passée, elle se tourna vers le Fujimi. Sourcils froncés, elle commença à beugler :

— Hey ! J't'ai dis d'arrêter de m'appeler comme ça, Aki ! " Belle Dragonne"... Ça pue ce blaze. Et puis, ça sonne tellement vieux jeu quoi ! J'préfèrerai encore que tu m'traites de Cachalot !

Se servant un verre d'eau, une veine se dessinant sur sa tempe, montrant son agacement, elle bue le liquide le plus calmement possible. S'essuyant les lèvres d'un revers de main, elle constata avec tristesse qu'il ne restait plus de Sashimi... Finalement, elle parla :

— Sinon, tu ne m'as pas raconté comment ça s'est passé ta réunion d'information avec ton Senseï. Il a été cool ?

En soit, Kan' avait beau ne pas aimer le terme que le Fujimi avait utilisé, il fallait avouer que ses comparaisons étaient loin d'être fausses... Se taisant donc face à la justesse des propos employés par le Marionnettiste, la Saibogu se contenta de faire la moue. C'est alors que le talent d'observation d'Aki frappa à nouveau. Remarquant l'air déçue de qu'avait arboré la Brune lorsque son assiette se montra vide, il sacrifia son propre repas pour le donner à cette dernière. Voyant la vaisselle en porcelaine glisser vers elle, la Chuunin s'en lécha les babines d'avance. Cependant, juste avant d'attaquer, elle leva la tête en direction de son ami. Le faisait-il pour lui faire plaisir ou n'avait-il vraiment plus faim ?

Aki était quelqu'un d'altruiste, il se préoccupait plus du bonheur des autres que du sien. Plutôt grand, sa maigreur était plus visible que la majorité des personnes. Hésitant à lui rendre son plat pour le forcer à manger, Kan' n'en eut pas le temps, puisque son colocataire lui annonça que son estomac était plein. Prenant les choses en main, à la grande surprise de la Rebelle, il planifia même un entraînement pour le lendemain afin d'aider cette dernière à supprimer son surplus de poids.

Finalement, la Mécanicienne hocha la tête lorsque la question du Fujimi arriva à ses oreilles. C'est vrai qu'il ne faisaient plus grand chose ensemble. En même temps, ils étaient tous deux pris dans leurs vies de Shinobi respectives. Ils avaient désormais des responsabilités, un travail à accomplir. Ils ne pouvaient plus flâner comme ils le faisaient étant gamin. Bah, demain serait une occasion pour rectifier le tir... Elle espérait juste qu'il savait ce qu'il faisait. Après tout, il était le premier à savoir que la Saibogu savait se servir de ses poings. Sans compter qu'elle n'y allait jamais de main morte. Et ce, même en entraînement !

C'est alors que son interlocuteur répondit à sa question. S'arrêtant de manger pour écouter attentivement ce que son ami allait dire, Kanpeki fut contente d'apprendre que le Genin avait été reçu. Une bonne chose de faite. Il lui parla alors de sa gêne par rapport au fait qu'il était le plus âgé du groupe, Senseï compris. Haussant un sourcil face à cette nouvelle, la Brune n'en fut pas surprise, mais amusée. La cause ? Ses élèves aussi étaient plus âgés qu'elle.

La discussion prit alors un tournant lorsque Aki commença à sombrer dans la déprime. Sentant que son ami était en train de s'attrister sur de profond stigmate, elle en fut elle aussi touchée. Ils étaient liés, et elle comprenait ses souffrances. Sur un ton doux que la Saibogu employait rarement, elle fit de son mieux pour apaiser l'esprit tourmenté du Fujimi.

— J't'abandonnerai jamais. On est pote. Et ça, c'est pas prêt de changer... Et puis j'te jure, qu'un jour, lorsque tu te seras épanoui comme cette fleur...

De son index elle pointa le végétal majestueux qui n'avait pas bougé depuis le début de la soirée.

—... On ira retrouver tes parents pour leur montrer l'homme génial que tu es devenu.

Lui souriant d'une manière fébrile, elle espérait que ses paroles le remettraient en confiance. Ce n'était pas la première fois qu'il doutait de lui même et qu'elle le consolait. Et c'était loin d'être les dernières promesses qu'elle allait vouloir respecter à tout prix.

Espérant que l'Orage du chagrin était passé, Kan' entendit son ami lui poser à nouveau une question. Souhaitant l'aider du mieux qu'elle pouvait, elle fit son possible pour trouver une réponse satisfaisante, tant que la vérité y était.

— J't'assure que tu le seras Aki. Tu as déjà énormément progressé depuis que j'vis ici avec toi et je compte bien continuer à t'aider ! Concernant une relation... Je voudrai pas que tu m'vois comme une enfoirée ou quoi, mais te préoccupe pas d'ça pour le moment. Sans compter qu'aux vues de mon expérience actuelle, j'te serai d'aucune aide.

Rigolant à sa dernière phrase, Kanpeki plaça ses mains entre le dossier de sa chaise et l'arrière de son crâne. Se posant confortablement dans son support, elle continua :

— 'Sérieux t'as que 20 ans. T'auras tout le temps de penser à ça plus tard. Et puis j'vois pas en quoi ce serait l'éclate d'avoir une meuf ou un mec... et encore moins un marmot. Tout ça c'est d'là merde. Des problèmes qui te ralentissent.

Levant les yeux au plafond, la jeune femme se fit pensive. Elle n'avait pas voulue se montrer agressive ou odieuse. Elle n'avait fait qu'expliquer à Aki son propre point de vue.

A croire que les dires de la Rebelle ne suffirent pas à calmer le chagrin de son ami. Certes, elle avait réussi à lui arracher un sourire, mais aux yeux de la Brune ce n'était pas suffisant. Elle sentait qu'il était encore triste. Maudissant ses compétences diplomatique, elle ne put qu'écouter les paroles rationnelles et troublantes du Fujimi. Finalement, ce dernier annonça qu'il ne souhaitait pas, pour le moment, retrouver ses géniteurs. De la peur ? Non. Encore une fois, c'était par pure compassion. Aki ne voulait plus tourmenter la vie de sa Mère et de son Père, comme il l'avait fait pendant de nombreuses années. Encore une fois la preuve du caractère altruiste de son compagnon. Et naturellement, Kanpeki ne lui força pas la main : C'était son choix.

— C'toi qui décide sur ce coup. Je n'ai en aucun cas envie de te forcer sur cette histoire. Tu les verras quand tu voudras.

Se redressant de sa posture détente, la Saibogu s'accouda à la table. Se penchant davantage vers le Marionnettiste, elle continua :

— Et puis, j'suis sûre que tu dois bien avoir deux trois photos d'eux qui traînent dans cette baraque... Non ?

Elle espérait qu'il comprenne où est-ce qu'elle voulait en venir. De toutes manières, ce n'était pas bien compliqué. Il voulait faire connaître ses propres parents à sa descendance ? Très bien. Et bien dans ce cas, il allait falloir qu'il se mette en quête de ces précieux morceaux de papier semblables à du plastique. Ces parents n'avaient pas pu partir sans rien omettre. Et puis ce genre d'objet discret pouvait facilement se glisser dans divers recoins et autres cachettes...

Finalement, la discussion se réorienta dans le droit chemin. Au soulagement de la Rebelle, qui était contente de voir que son colocataire savait qu'il n'était pas tout seul et qu'il pouvait compter sur elle. Se sentant encore coupable et responsable de la présence de Kan' en ces lieux, il se dénomma lui même comme étant un fardeau. Grimaçant, la Chuunin était à deux doigts de foutre un coup de poing dans la figure de son ami. Elle avait pris cette décision seule. Elle ne voulait pas qu'Aki se sente mal à l'aise. Sans compter qu'il savait que quand cette dernière ne souhaitait pas faire une chose, elle ne le faisait tout simplement pas. Il était son seul ami. Kan' n'aurait jamais pu l'abandonner à son sort !

Continuant sur un tout autre sujet, le Fujimi attaqua un domaine qui faisait sourire la Saibogu. A savoir : "Pourquoi n'était-elle pas casée ?" Poussant un soupir amusé, la jeune femme croisa les bras, pour finalement se reposer, à nouveau, sur le dossier de sa chaise.

— Et après ? On me passera l'alliance ? J'aurai des gosses qui beugleront à longueur de journée, pendant que j'me ferai chier, dans la cuisine, pour nourrir un mari incapable et tout ce beau p'tit monde ? Non merci ! Mère au foyer, c'est pas du tout mon avenir. J'suis une Kunoichi. J'vis de baston. Pas de rose et d'eau fraîche. Eeeet pour le moment ça me convient très bien. Mais t'inquiète, j'te ferai signe si jamais y'a du changement !

Clignant d'un oeil lors de sa dernière réplique. Elle montra bien au Fujimi que son mode de vie n'était pas prêt de changer. L'homme qui arriverait à conquérir son coeur, n'était pas encore tombé. Loin de là !

C'est alors que son colocataire se leva de son support et rejoignit notre protagoniste. Posant délicatement ses mains sur les épaules tendues de la Saibogu, le jeune homme entama une séance de massage. Expliquant la raison de son geste, Kanpeki ne put s'empêcher de répondre gênée :

— Non, mais t'es pas obligé...

Cependant, elle se tût rapidement. La sensation de décontraction devenait bien trop agréable pour qu'elle proteste de bon coeur. Profitant de cet instant, elle ferma les yeux, savourant chaque geste du Marionnettiste.

— Bon et bien si c'est inclus... J'vais pas refuser hein...

Ayant eu droit à une dizaine de minutes de pur bonheur et totalement claquée, Kanpeki était prête à s'enfoncer dans les abysses du Sommeil. Baillant à s'en casser la mâchoire et s'étirant de tout son long, elle commença à entasser les oreillers sur le canapé. S'allongeant et se recouvrant de sa couverture, elle posa, pour la dernière fois de la soirée, ses pupilles ambrées sur Aki. D'une voix fatiguée, faible et fermant les yeux, elle clôtura cette journée.

— Merci et bonne nuit Aki...

Le Soleil se levait, traversant l'horizon désertique de Kaze no Kuni. Suna sortait peu à peu de l'obscurité, la lumière céleste gagnant peu à peu du terrain. Kanpeki était endormie, lorsque elle commença à s'agiter dans sa couche. Ouvrant les yeux à demi, la jeune femme se rendit compte que cet endroit était loin d'être la pièce où elle avait sombré. Elle se trouvait dans une chambre classique. Chose étrange quand on savait qu'elle avait rejoint le monde des rêves dans le Salon. S'étirant, elle se redressa, la bouche pâteuse, paupières plissées, cheveux ébouriffés. Baillant, elle se rendit compte que cette place était la chambre de son colocataire. Une petite pièce sans aucune prétention. Tournant la tête, elle vit un morceau de papier posé sur la table de chevet. Une nouvelle règle.

Souriant face à ce geste d'attention de son ami, elle décida de se lever totalement afin de préparer le petit-déjeuner. D'une démarche traînante, elle se dirigea vers la cuisine. Se frottant l'oeil d'un geste de la main, elle ouvrit le frigo et regarda ce qu'il leur restait pour se remplir l'estomac. C'est déçue qu'elle se rendit compte qu'il ne restait que des ramens instantanés. Soupirant, elle prépara une casserole d'eau chaude. Là remplissant en prenant garde à ce qu'il y en ait assez pour Aki et elle, elle mit le tout sur la gazinière préalablement allumée.

Croisant les bras en attendant que l'eau puisse bouillir, la Saibogu jeta un regard discret à travers la fenêtre de la maisonnette. Les gens se pressaient déjà à l'extérieur, chacun s'affairant à leurs propres affaires et occupations : Les marchands avaient déjà ouverts leurs échoppes et accueillaient les premiers clients, les Genins partaient en mission ou allaient s'entraîner avec leur équipe aux terrains d'entraînement avec excitation... Et ce serait aussi leurs destination. Chose surprenante, ce ne fut pas elle qui avait proposé cette idée, mais bel et bien le Marionnettiste. Et tout ça dans le but d'aider Kan'. Un geste d'attention qu'elle ne pouvait pas refuser. Elle espérait juste qu'elle pourrait se contrôler. Plutôt bourrine en combat, elle avait tendance à se laisser aller, au fur et à mesure que l'affrontement se prolongeait. Son self-control était très loin d'être parfait même si ses débuts en tant que cheffe d'équipe avaient quelque peu calmer ses ardeurs de sauvage.

Les minutes passèrent quand finalement des bulles apparurent à foison à la surface de l'eau contenue dans son récipient métallique. Éteignant le feu, elle versa le liquide dans les deux bols, remplis de pâtes séchées. Refermant avec des couvercle les deux plats et ayant ajouté l'assaisonnement, elle s'assit, attendant avec impatience et divers gargouillement d'estomac que son plat soit complètement prêt. Aki n'était pas encore levé, mais ça ne saurait tarder.

Assise, jambes et bras croisés, la Saibogu, toujours dans sa pseudo robe de chambre, attendait toujours que son repas soit prêt. Sourcils froncés, une veine se dessinant sur sa tempe, la jeune femme était sur le point d'exploser ! Elle avait faim et n'aimait pas quand son ventre criait famine. Ce qui, accessoirement, se produisait ! Cédant finalement, elle s'apprêta à arracher le couvercle de son propre bol de ramen, lorsqu'elle entendit une voix masculine. Levant les yeux en direction du nouvel arrivant, elle ne se lança pas dans sa future sauvagerie. Cependant, le gargouillis de son estomac hurlant à la mort lui fit l'impression de n'avoir plus aucune force. Grimaçante, un filet de bave sur le coin des lèvres, la Rebelle parla sur un ton monotone, presque sans vie. Elle avait la dalle ! Il fallait la comprendre.

— Vite fait... Mais j'ai faaaaaiiiim...

C'est alors qu'elle vit son ami approcher. Rougissant lorsqu'elle sentit le contact froid de la main du Fujimi sur sa joue, les traits zombifiant de son visage ne s'en allèrent, pourtant, pas... Chose amusante à constater alors que son colocataire lui fit le premier compliment de la journée sur son look, d'après lui, engageant. N'étant pas complètement idiote, la Saibogu savait à quoi elle ressemblait lorsqu'elle venait de se lever. Sans compter que ses besoins nutritifs n'avaient pas été satisfaits, ce qui renforçait son expression de quasi-mourante. Approchant son visage un peu plus dans la direction d'Aki, un sourcil haussé et tentant de le dévisager, elle lui montra bien qu'elle ne pétait clairement pas la forme. Le moment venu, elle n'hésiterait pas à se venger de ce probable mensonge, une fois sur les terrains d'entraînement...

Se délivrant de la paume du Marionnettiste, en se préparant à lui faire la tête, elle souleva le couvercle de son petit déjeuner. Ses yeux ambrées s'illuminèrent soudainement, alors qu'elle put voir son plat fin prêt à travers la vapeur qui s'échappait de ce dernier. C'est une Kan' aux anges qui amena les nouilles à sa bouche. Savourant sa soupe, elle retrouva rapidement des couleurs et son visage se transforma immédiatement afin de reprendre une allure... normale. En tout cas, à part sa coupe broussailleuse, elle avait l'air totalement rétablie désormais. En tout cas, pour cette étape "Réveil".

Tendant l'oreille alors qu'elle était affairée à manger sans laisser la moindre miette, la Saibogu put entendre les paroles de son ami. Avalant les dernières nouilles et buvant le jus assaisonné qu'il restait dans le bol, elle s'essuya la bouche d'un geste, puis se tourna vers le Marionnettiste, un sourire mesquin sur le visage.

— C'comme tu veux. Je ne te ferai pas de cadeau. Mais tu ne viendras pas pleurer après !

Riant pour finalement lâcher un petit rôt involontaire, elle se leva et partie en direction de la douche afin de se préparer.

Les minutes passèrent, quand finalement la Mécanicienne regagna le salon, prête à partir. Vêtue de son fidèle débardeur et de son short en jean, elle attacha son bandeau de Kunoichi sur son bras droit comme à son habitude et attendit Aki. Il ne restait plus que lui et ils pourraient s'en aller en direction des terrains d'entrainement.