Passer l’entrée du Shozaichi fut plus facile qu’elle l’avait espérée. En vérité, elle croyait devoir passer un contrôle à la sortie. Elle ne sait pratiquement rien de son opposant, donc elle peut difficilement déclarer aux gardes les raisons de son départ sans établir de mensonge. Par chance, le chemin vers l’extérieur fut plus aisé que l’infiltration à l’intérieur. À vrai dire, les gardes avait porté peu d’attention au jeune homme possédé par la jouvencelle, lui permettant donc de quitter les lieux sans attirer l’attention et surtout, sans conséquence. Bien qu’hésitante et anxieuse, d’un moyen ou d’un autre, les nerfs d’Aoi n’ont pas lâché prise et elle sut miraculeusement préserver son sang-froid. Elle s’apprête à kidnapper un individu en plein cœur d’un village militaire. Pour une première fois et surtout, pour un plan improvisé tel que celui-ci, comment ne pas être nerveuse ? Heureusement, aucun malentendu ne s’éleva et elle put quitter l’enceinte du bercail de l’ancienne Alliance librement. Une fois hors du périmètre de sécurité et hors de vue de tous, Shinobi tout comme paysan, la blonde entreprit une course contre la montre. Combien de temps elle détient ? Elle ne sait guère elle-même, n’ayant jamais poussé cette capacité à son maximum.

Certes, ce corps est totalement étranger pour l’adolescente. Il fallut un certain temps pour s’accommoder à ces nouvelles sensations. L’organisme du Jisetsu est effectivement plus grand et plus costaud que le sien, ce qui perturbe les repères sensoriels de la jeune fille. Néanmoins, un membre du clan Yamanaka est entraîné pour vite étouffer ces symptômes. Une fois habitué à ce nouveau corps, la physiologie du dénommé Demon tourna à son avantage : l’homme possède un bon physique, un adepte du combat rapproché. Cet élément tourne à l’avantage de la Konohajin qui doit rejoindre les siens le plus rapidement possible. Les mollets du Nukenin sont puissant, elle fuse sur le terrain telle une roquette. Son parcours est le même que le binôme a emprunté lors de leur venu au pays de la Terre. Sur le chemin, près de la frontière plus précisément, l’Inuzuka a laissé derrière son compagnon quadrupède en possession d’un message écrit pour qu’il puisse préparer une sortie de secours en cas de pépin – il était impossible de prévoir que le duo devait entrer en territoire impérial. Le chien a donc été renvoyé au village de la Feuille pour ramener des renforts. Elle n’espérait uniquement que l’équipe de sauvetage soit là, car elle ne pourra tenir longtemps.

Du Shozaichi à la frontière, quelques kilomètres séparent ces deux points. Il faut normalement une journée au minimum pour parcourir cette distance à pied. En courant avec ce corps ? La nuit, tout au plus. Quelques heures est le maximum qu’elle pourra tenir la transposition. Si elle parvient à la frontière de Tsuchi no Kuni et personne y est pour la recevoir, alors le brun sera lâché dans la nature et la mission aura échouée. Et pour sa défense, elle pourra dire que c’est la faute de son supérieur pour avoir établi une stratégie aussi instable que celle-ci ! Elle n’est qu’une Genin, un pion. Les larbins – quoi que ce ça lui fait mal de parler ainsi d’elle-même – ne sont là que pour suivre les ordres.

• Huff… Huff…

Les heures coulèrent, sa destination de plus en plus proche. Les cieux sont immergés dans les ténèbres, peu éclairés par l’astre lunaire et les étoiles lointaines. C’est néanmoins un magnifique spectacle céleste, comme toujours. Cependant, elle n’a guère le temps de focaliser son intérêt sur un tel élément superflu. Elle doit à tout prix arriver au point de rendez-vous – où Takeo a laissé Akamori. La fatigue commence à l’affecter gravement, elle sent son énergie être à bout. Elle a arrêté de courir depuis un moment déjà, marchant nonchalamment vers sa destination. Son esprit est embrouillé, elle sent qu’elle peut lâcher à tout moment. Puis, de nulle part, une silhouette émergea de l’obscurité. La panique germa aussitôt, mais elle se calma rapidement, apercevant le bandeau frontal de Konoha sur le bras droit de l’homme en face. Elle ignorait son identité et franchement, elle s’en fiche royalement. Pour l’instant, tout ce qui lui compte, c’est de donner ce corps à cet envoyé.

• N’attaquez pas… Je suis de Konoha également. J’espère que vous êtes ici pour récupérer cet homme car je ne peux tenir la transposition plus longtemps…

À court de souffle, il ne fallait plus grand signe pour que l’homme déduise que la Yamanaka ne peut tenir que quelques minutes tout au plus. Espérons qu’il a un plan pour neutraliser la cible, car lorsque sa conscience quittera cet organisme, il sera seul face à cette tête brûlée.

Spoiler:

Tout s'était enchainé très vite, si rapidement que Natsuki n'avait pas eu le temps de saisir immédiatement tous les tenants et aboutissants de la situation. Ce n'était pas nécessaire, lui avait-on dit, tant qu'il menait à bien ce qui lui était demandé. Il retrouvait là son métier de ninja dans toute sa splendeur : obéit, et ne pose pas de question.

Ce qu'il apprendra plus tard, c'est que tout avait commencé par un chien. Un ninken répondant au nom d'Akamori. Animal faisant habituellement la paire avec son maître Takeo s'il se souvenait bien, le canidé avait débarqué tout seul à Konoha en portant un message avec lui : la raison pour laquelle le Nara tatoué avait prit la route. Il n'avait même pas été convoqué au final, ce sont les messagers qui avaient afflué directement chez lui. C'est dire si c'était un chronomètre serré qui s'annonçait. L'on lui en avait expliqué très peu, et cela ne comprenait ni comment ni pourquoi. Tout ce qui importait, c'était qu'il ramène sans son consentement nécessaire un homme nommé Demon Jijetsu à Konoha. Ce dernier n'était d'ailleurs pas à retrouver : une autre équipe travaillait déjà là-dessus. Le problème était que l'action se passait de l'autre côté de la frontière du Pays de la Terre. Le territoire impérial donc, un endroit où il valait mieux ne pas faire de vague lorsque l'on n'était pas un fervent défenseur de l'Empire... Cela expliquait entre autre pourquoi l'Inuzuka et la Yamanaka avait besoin d'assistance : ils devaient magouiller à la frontière pour faire passer le colis, mais auront besoin de quelqu'un de l'autre côté pour le récupérer, et achever de l'acheminer jusqu'à bon port.

Natsuki n'avait eu besoin que de sept minutes pour se préparer, ayant l'avantage d'être chez lui lorsque les missionnaires ont débarqué. Il connaissait son armurerie personnelle comme sa poche, et l'avait depuis toujours organisé de sorte à savoir exactement où était quoi sans même avoir à ouvrir les yeux. Tout était à porté de bras, entretenu et prêt à servir en cas de départ précipité comme c'était le cas aujourd'hui. Comme à priori, il n'aurait pas à se battre contre une armée, et avait un sacré paquet de kilomètres à avaler en peu de temps, il avait opté pour son ensemble d'éclaireur, le même que durant la dernière guerre. Suffisamment équipé pour assurer des escarmouches, et assez léger pour lui permettre de se déplacer sans encombre. Des manches longues pour couvrir tout son corps, quelques pièces d'armures légères pour se protéger, et surtout, une cagoule noir assortie au reste de la tenue pour dissimuler son visage. Ne restait visible que ses yeux, grâce à une large fente allant de l'arrête de son nez à ses sourcils. Pour seul signe distinctif, il avait dû garder sur lui son bandeau de Konohajin, symbole exigé pour être identifié et reconnu comme l'heureux destinataire de son colissimo à remettre contre signature. Un dernier regard sur la photo de l'homme qu'il devait ramener pour mémoriser son visage, et il était partit.

La route fut longue lorsqu'il quitta Konoha au pas de course, mais comme elle fut passablement monotone, et qu'il n'y avait rien à en dire, Natsuki arriva finalement à proximité de l'endroit indiqué à la frontière. La nuit était tombée depuis un moment, ce qui en soi était une bonne chose : cela voulait dire qu'il aura moins de passage. Si la première équipe n'avait pas encore effectué sa livraison, ce sera plus simple pour lui de les repérer. Caché à une distance respectable, et armée de sa paire de jumelle, il observa : il suffisait d'un changement d'apparence pour se rapprocher au besoin sans éveiller trop de soupçon, et de s'assurer de l'identité de ceux qui traversait la frontière dans le sens Pays de la Terre - Pays du Feu.

Il n'eu a attendre que quelques heures au final, avant qu'une silhouette n'arrive au loin sous l'éclat de la nouvelle lune. Pas de doute, c'était sa cible. Mais elle était seule. Rapidement, il fondit sur Demon, prêt à l'intercepter, mais ce que lui annonça le personnage répondit à toutes ses questions. Pour faire partie d'un clan allié aux Yamanaka depuis bien avant la création du Village de Konoha, et sachant qu'il y en avait un dans l'équipe chargé de débusqué l'individu, il comprit qu'il n'y avait pas qu'un seul esprit dans ce corps. Il hocha alors la tête, et se mit tout de suite au travail.

Il composa une succession de mudra qui animèrent son ombre dans la nuit. Comme un serpent, elle le rua immédiatement avant de prendre substance dans la réalité, s'effilocher, et le ligoter des pieds à la tête par de nombreux câbles à l'air aussi immatériel que solide.

« C'est bon, relâchez-le. » ordonna-t-il d'une voix froide.

La Yamanaka avait fait son travail : elle lui avait acheminé et permit de capturer Demon sans problème. Et maintenant qu'il était entravé les bras le long du corps et les pieds joints, il ne risquait pas d'aller bien loin sans la contrainte mentale de l'esprit parasite. Tout au mieux il se blesserait en forçant sur ses liens, conçu pour couper tout ce qui se débat. Et dans le doute, Natsuki préférait ne pas lui laisser l'occasion d'essayer. Il suffisait d'une droite pour lui assurer le sommeil du juste pendant quelques heures.

Enfin, en théorie, cela devrait se passer ainsi.

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Sa cible changea d'expression en un instant, signe que l'emprise mentale de la Yamanaka était terminée. Rapidement, il analysa sa nouvelle situation, et ce qu'il y trouva ne fut visiblement pas à son goût – ce qu'il ne manqua pas de faire remarquer sous le renfort généreux de grands airs. Natsuki détestait ces gens qui parlaient plus que lui. Surtout pour ne rien dire.

Les provocations lui passèrent bien au-dessus de la tête, comme à peu près tout ce qui n'avait pas une incidence directe sur sa mission. Lorsqu'il était sur le terrain, le Nara tatoué avait cette particularité de focaliser son esprit uniquement sur son assignation, et tout ce qui pouvait lui permettre de la mener à bien. Il ne laissait plus rien entraver son jugement et sa réflexion : ni la peur, ni le doute, ni la colère. Il analysait tout avec une logique froide et détachée, qui ne s'encombrait plus des détails tant que l'objectif était atteint. Ses yeux dénués de vie, à l'éclat soufflé comme la flammèche d'une bougie agonisante derrière une fenêtre prise dans le givre de l'hiver, suffisaient à rappeler qu'il ne s'agissait dès lors plus d'un homme, mais d'un soldat en mission.

Il ramènera le jeune homme, de gré ou force. Ce dernier avait d'ailleurs choisi.

L'imbécile. Sa tactique aurait pu marcher si Natsuki ignorait à qui il avait affaire. Malheureusement, les patronymes avaient trop souvent tendance à trahir l'éventail de techniques d'un individu – c'est pourquoi le Nara tatoué dissimulait toujours la sienne. Et par la connaissance de l'identité de sa cible, le shinobi de la Feuille savait à quoi s'en tenir lorsque Demon fit disparaître son bras.

Les gens avaient trop souvent tendance à croire que parce qu'une attaque ne se voit pas, elle ne s'esquive pas non plus. C'est pourquoi ils privilégiaient toujours trois angles d'attaque par défaut : depuis le ciel, par le sol, et dans le dos. Il suffisait d'avoir conscience que l'adversaire attaquait pour s'y soustraire de la façon la plus naturelle qui soit. Vers l'avant.

Les sens de Natsuki se mirent en alerte, et les informations captées passèrent directement dans les muscles sans se donner la peine de faire la déviation habituelle par le cerveau pour interprétation. Avec la rapidité sauvage du ressort en acier, il se propulsa d'un bond vers l'avant, puis composa les célèbres signes de son clan sans perdre de temps. Une technique simple, connue, et cruelle lorsque combinée à son Étreinte Funèbre : l'Emprise des Ombres forçait sa cible à imiter ses mouvements. Et même si l'inverse pouvait se valoir aussi dans des cas de déploiement de force physique impressionnante, même si Natsuki se retrouvait pour ainsi dire bloqué par imitation via sa propre technique d'immobilisation sur Demon, lui n'était pas soumit à la lacération de ses liens d'ombre.

Alors il leva simplement son visage vers les étoiles pour se soustraire au regard de son adversaire, et commença à se débattre de sa prison fictive avec force, laissant ses fils d'ombre acérés creuser leurs sillons et se nourrir de la chair de leur prisonnier jusqu'à ce qu'il le sente céder.

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La punition qu'infligeait Natsuki à sa cible grâce à sa maîtrise des ombres était son deuxième avertissement. Les blessures causées par les liens acérés n'avaient pour seul but que de lui intimer le calme afin que son kidnapping se passe de la meilleure façon pour tous, maintenant que sa situation était désespérée. Malheureusement, rares étaient ceux qui se laissaient obligeamment enlever, et Demon faisait partie de la race des indomptables. Et cela, Natsuki ne le comprit pas uniquement en cessant de forcer sa victime à se mutiler lorsqu'il la sentit arrêter de lutter contre son emprise : il l'enregistra lorsqu'en posant à nouveau ses yeux Demon, il vit la rage de vaincre dans ses pupilles dorées. Et surtout, l'orage crépitant qui se préparait à éclater dans l'instant.

Un arc électrique sombra fusa, suivit d'un autre, et d'une centaine dans un grésillement assourdissant. Le Nara tatoué dû relâcher toutes ses techniques pour protéger à temps au vue de la distance qui les séparait. Son chakra s'enflamma sous sa peau, puis explosa à travers tout son être pour former un dôme de vent autour de lui. Les bourrasques se levèrent en un instant, et créèrent une barrière immatérielle sur laquelle ricochèrent les décharges foudroyantes. La foudre se déchaîna durant de longues secondes autour de l'épicentre humain, creusant de larges sillons dans la terre meule et ravageant les environs proches. La végétation frappée n'avait même pas le temps de brûler, elle se calcinait instantanément avant de tomber en cendres. Seul un cercle de verdure balayé par les vents restait indemne. Natsuki, lui, continuait de laisser couler son chakra à travers lui pour assurer sa seule défense face à l'orage.

La tempête fini par se calmer, et les éclairs, après quelques gerbes isolées, achevèrent de grésiller dans l'atmosphère. Les deux adversaires s'observèrent un instant après l'effort, évaluant l'état de l'autre après la passe de technique. L'un avait les yeux dorés, brillant dans la nuit de cette volonté de l'emporter, l'autre les gardaient sombres, éteints. Mais dans les deux regards se lisaient la même idée : ce petit jeu avait suffisamment durée, il était temps d'en finir.

Natsuki en avait assez des surprises, et la contrariété bourdonnait sous sa peau. Demon se montrait coriace, et sa force incita le Nara tatoué à ne plus retenir la sienne. Il devait ramener sa cible de gré ou contrainte à Konoha, et ce vivant, mais pas forcément en bon état. Le moment était venu de tester l'efficacité du traitement de Nozomi et Oniri. Une flamme – métaphorique - s'alluma dans ses yeux.

Le tissu de sa tunique ondula et se déforma sur tout son corps. Les contours lisses et bien dessinés des bras et des jambes devinrent irréguliers, passablement déformés, mais surtout plus volumineux. Seule la peau visible sur le visage de Natsuki, entre l'arête de son nez et ses sourcils, révélait la métamorphose qu'elle subissait. Le rose de la chair devint sombre, son aspect d'épiderme rocailleux.

La colère devint forte, tambourinant à ses temps avec bien plus d'intensité que son sang. Le besoin de sentir le cou de Demon entre ses doigts serrés ne devenait plus une option, mais une nécessité. Il s'exauça à demi, ses sceaux n'étant pas encore tous rompu. La nuit lui appartenait, et si son adversaire n'avait pas encore apprit comment se défendre contre un Nara dans cette situation extrêmement délicate, la trêve dans les hostilités arrivait.

Une trêve imposée par le vainqueur sur le perdant.

Des signes coururent sur ses doigts, animant son ombre dans la nuit au potentiel virtuellement illimité, pour la faire ruer vers Demon. De nouveaux mudras se traçait déjà une fois qu'il l'aura ferré à nouveau. Et cette fois, il ne lui laissera pas d'échappatoire. Une main désincarnée, sans consistance réelle mais dont la prise elle était formelle, grimpera en s'enroulant autour du corps de sa victime comme un serpent, et trouvera son chemin jusqu'à la gorge de cette dernière. Alors seulement, les doigts d'ombre prouveront la force de leur poigne, et se refermeront dessus, bloquant tout apport d'air possible.

Il n'y aura plus qu'à attendre qu'il s'étouffe, que ses yeux se révulsent frénétiquement jusqu'à tourner complètement, et que sa conscience le quitte pour permettre au cerveau de répartir le précieux oxygène restant sur les fonctions les plus vitales du corps.

L'état idéal pour transporter un Demon jusqu'à son destinataire.

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Natsuki doutait que ce soit un coup de chance cette fois-ci. Demon avait comprit l'astuce avec sa foudre, les attaques par les ombres ne fonctionneraient plus. Avec sa technique d'étranglement rompu par la lumière, il ne servait à plus rien de supporter stoïquement les éclairs qui allaient le frapper sans rien faire : il fallait qu'il profite de son armure pour porter une contre-attaque décisive dans l'assaut.

L'orage ne sembla pas cesser. Pire encore, les éclaires étaient irrémédiablement attirés par lui, le visant spécifiquement plutôt que de tomber aléatoirement. Des squames de carapace éclataient par morceau à chaque impact en déchirant ses vêtements, tandis qu'il s'élançait vers son adversaire. Ce dernier en avait fait de même. Le Nara tatoué ne pouvait plus compter sur sa protection, cela allait être à celui qui cogne le plus fort, et surtout, en premier. Et Demon était plus rapide sur ce point là : il passa sous le poing qui lui était destiné quand ils se croisèrent. Natsuki serra les dents en prévision du coup à venir, mais celui-ci n'arriva jamais.

Il se réceptionna d'une acrobatie pour faire face à sa cible, mais celle-ci tombait à quatre pattes, crachant sa bile – littéralement cette fois – par jets successifs. Prudent, il s'immobilisa et l'observa jusqu'à ce qu'elle s'écroule, visiblement inconsciente. Il jeta un caillou sur le corps à titre d’essai, mais aucune réaction ni déclenchement de technique, à croire que Demon venait soudainement de succomber à une maladie – ou à ses propres limites.

Natsuki chassa l'électricité restante dans ses doigts, puis inspira grandement pour essayer de faire redescendre l'adrénaline. L'air de la nuit entra dans ses poumons, et lui fit le même effet qu'un verre d'eau renversé sur un incendie. Super, il commençait à pleuvoir en prime... S'approchant du corps avec précaution, il commença par s'assurer qu'un petit cœur battait toujours dans tout cela puis une fois certain, fit ce qu'il savait faire de mieux : déboiter les articulations à problèmes, chevilles et poignets afin de prévenir toute tentative de fuite pendant qu'il le ramènera. Tout le monde savait qu'il ne servait à rien de ligoter un shinobi, cela avait à peu près autant d'efficacité que de s'essayer à enfermer la lumière du soleil dans une bouteille.

L'acte avait le mérite d'être fait proprement – quoi qu'emprunt de férocité non justifiée - , si bien qu'aucune des capsules osseuses ne s'étaient cassées, pas plus que les ligaments déchirés : Demon pourra être remonté en quasi-parfait état plus rapidement qu'un meuble suédois une fois déposé à destination. Ne lui manquait plus que le timbre, que Natsuki compensa à l'aide d'un sceau apposé au milieu du front : un ultime garde-fou si la situation devait se compliquer suite à un sordide jeu du destin. Il chargea le corps sur son épaule de la même manière et avec la même délicatesse que s'il s'agissait d'un sac de pomme de terre, et se remit en route. Après une journée à courir, il ne lui restait plus que le retour à avaler. En étant plus chargé, plus fatigué, et surtout, plus suspect.

Les enlèvements, qu'importe les époques, cela restait mal vu.

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