Une très longue journée s'annonçait. Malgré le temps plus que sublime, je n'aurais pas le temps d'en profiter. Le ciel n'était couvert d'aucun nuage, laissant clairement paraître le soleil qui illuminait l'entièreté du village. Malheureusement je ne pouvais l'entrevoir qu'au travers d'une vite et je ne pouvais pas profiter de la légère brise qu'il semblait y avoir. Un si beau jour, gâché par le travail. Comme quoi, être ninja n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais. Loin de là. Moi qui pensais que cela allait rendre ma vie plus intéressante, plus palpitante, c'était bien le contraire. Même si parfois j'étais bien satisfait, la plupart du temps je me retrouvais dans des situations absurdes avec des problèmes. Heureusement que ce boulot à la bibliothèque me permettait de m'amuser tout en me reposant. Et j'aurais bien aimé continuer toute la journée à ranger les livres et en lire quelques-uns. Mais un travail des plus importants m'attendait. Je ne pouvais le refuser puisqu'il consistait au bien-être et à la défense de Konoha. On m'avait réquisitionné pour la fin de la matinée ainsi que le reste de la journée. Et c'était loin d'être la dernière fois que je devrais faire ça : on m'avait placé ce genre d'heure dans toute la semaine.

Peut-être faut-il que je vous éclaire un peu sur la nature de ce travail. Comme tout Konohajin se tenant au courant sur l'actualité de son village, vous êtes surement au courant de la passation de pouvoir qu'il y a eu. Le Kage n'était plus Myakudou Onpu, mais Aburame Miko. Cette même personne qui avait mené l'assaut, si on pouvait parler d'assaut, sur la base du Shoraizen pour mettre un terme à ses agissements. Et dans sa générosité extrême, notre chère nouvelle Hokage avait offert l'immunité et l'hospitalité à ceux souhaitant se rendre. Ainsi depuis le retour de l'expédition à Yu, de nombreux ex-membres du Shoraizen vagabondaient dans les rues du village. Pour le plaisir et le malheur de la population. À vrai dire cela ne me dérangeait pas que l'on offre une seconde chance à ces personnes. Le problème étant que des traîtres pouvaient être parmi eux. Pour cette raison, plusieurs personnes avaient été chargées de surveiller et interroger les rescapés. Notre travail : juger s'ils sont une menace pour le village. C'est bien beau de leur ouvrir les portes, mais qui ne nous dit pas qu'ils vont faire imploser Konoha de l'intérieur ? Comme les deux pyromanes qui avaient tué des innocents dans la base lors de notre assaut. Il fallait s'en méfier, tout en leur accordant le bénéfice du doute.

Quittant la bibliothèque, je rejoignais le lieu où je devais interroger une dénommée Kaguya Milly. Je n'eus même pas le temps de profiter de l'atmosphère. Je ne préférais pas savoir ce qui m'arriverait si je ne me présentais pas là-bas. Après tout, ce travail était intimement lié à la Racine. Mais ça, personne ne le savait bien évidemment. On m'avait prévenu du déroulement de l'interrogatoire. Je serais accompagné d'un Yamanaka pour m'assister et confirmer les dires de l'interrogée. Quant à cette dernière, elle sera libre de ses mouvements. Pas question de la placer dans un environnement non-favorable et non-propice à la discussion. En revanche, ses yeux seront bandés jusqu'à qu'elle prenne place dans la pièce.
Debout, accoudé contre le mur, j'attendais sa venue. Tout était près, il ne manquait plus qu'elle. Elle ne tarda pas à être amenée. L'interrogatoire pouvait à présent commencer. Je n'avais jamais eu l'occasion d'en mener un, c'était ma première fois. J'espérais être à la hauteur, car après tout il y avait un grand enjeu.

« Bonjour, Kaguya Milly c'est bien cela ? Prenez place. » dis-je en désignant la chaise devant elle. « Je me présente, Kakugyo. Désolé de cette situation, mais c'est nécessaire. Avant de commencer confirmez-vous votre identité ainsi que votre allégeance au Shoraizen, aujourd'hui démantelé ? »

Je m'assis à mon tour à la table, face à elle. D'ores et déjà je l'observais pour l'analyser. Si je me trompais, cela pourrait engendre de nombreux problèmes. Je ne voulais pas lui pourrir la vie en décidant qu'elle est une menace pour le village, mais je ne voulais pas non plus prendre le risque de l'innocenter alors qu'en vérité elle pourrait tuer des civils. Une lourde décision nous appartenait, à ce Yamanaka et moi. Dire qu'il faudrait faire cela pour tous les membres de l'ancienne organisation...Quel bordel.

Spoiler:

C’était certainement stupide mais j’y tenais. Pour tout un tas de raison, mais surtout sentimental. Et la réaction de chacun représenta bien leur mentalité. D’un côté Tsukiko qui paru presque choquée, abasourdie mais heureuse. Un peu comme une enfant devant un cadeau d’anniversaire qu’elle a toujours rêver sans jamais imaginer pouvoir l’obtenir un jour.
Et de l’autre côté ça soupire, l’air de dire que justement il a passé l’âge de ce genre de chose. Tu me déçois Yusei, sincèrement tu me déçois … Pour autant, ils prirent tous les deux leur présent, sans pour autant recevoir quelconque remerciement en retour. Pour la demoiselle, son comportement, son air si surprise et son sourire suffirent mais rien de la part du Konohajin. Il était temps de se quitter. Je fis un gros câlin à Tsukiko, lui glissant à l’oreille qu’on se reverra sans aucun doute, puis suivis le guide aux cheveux noirs et aux yeux rouges, tout en restant derrière lui.

« Merci … Et désolé … » Énonça-t-il soudainement alors qu’on s’approchait à grand pas des portes du village.

« Tu n’étais pas obligé de me foutre la honte devant elle … »

C’est tout ce qu’il eut pour réponse. Déjà parce que si j’en rajoutais, j’allais être méchante, et puis je préférais observer ce nouveau décor totalement inconnu. Le dernier village que j’ai connue c’était Kiri, ça date énormément. J’avais quoi, dix ans, voir moins. Et puis je me souviens pas qu’il y avait de si grandes portes à l’entrée là-bas. C’est peut-être spécifique à Konoha. Attendez, à Suna aussi y avait des immensités comme celles-ci. Mmh, curieux.
Quoi qu’il en soit, je continuai à suivre le ninja alors que l’on s’éloignait du convoi. L’interrogatoire se passera à l’écart, dans un bâtiment quelconque et de ce je comprenais, on allait tous y passer tour à tour.

« Hein ? Oh attendez c’est quoi cette connerie ?! Yusei ! » Criai-je au moment où quelqu’un derrière me passa un ruban opaque devant les yeux.

« Calmez-vous mademoiselle. » Répondit une voix masculine à ma gauche alors que je me débattais pour me libérer, jusqu’à m’immobiliser. « C’est uniquement à titre de sécurité, nous ne vous ferons aucun mal. Sauf si vous ne vous tenez pas tranquille. »

Le ton était donné. Et inutile d’essayer de voir par les petits espaces du tissu laissés à proximité du nez, ils savent ce qu’ils font et dès la première tentative, je sentis un doigt m’appuyer derrière le crâne, intimant l’ordre - ou le conseil c’est selon - de ne pas essayer, ni de recommencer. En plus on est dans le camp ennemi maintenant, à moins d’être suicidaire et/ou stupide, il ne serait pas très sage de jouer les fortes têtes.
En silence donc, le petit peloton entra dans un bâtiment, enchaina les virages afin de brouiller les pistes, et un bruit de porte qui s’ouvre devant marqua la fin du voyage. On me poussa à l’intérieur en me retirant le bandage et la pièce fut de nouveau clause.

Pas très lumineuse, le soleil tentait tant bien que mal s’incruster malgré la petite fenêtre en hauteur, verrouillée par des barreaux. Est-ce qu’on serait sous terre ? La salle n’était pas bien grande, une table avait été disposée en son centre, avec une chaise de chaque côté. Et en face, deux hommes. L’un se tenait contre le mur et m’observait avec insistance, l’autre me demanda de m’assoir. Ce que je fis après tout de même une longue seconde d’hésitation.

« Je me présente, Kakugyo. » Fit-il en s’installant à son tour. « Désolé de cette situation, mais c'est nécessaire. Avant de commencer confirmez-vous votre identité ainsi que votre allégeance au Shoraizen, aujourd'hui démantelé ?

- Peut-être … » Répondis-je en le toisant du regard, les mains jointes. « Je m’appelle bien Milly, du clan Kaguya, ou du moins ce qu’il en reste. Concernant le Shoraizen, je les considère comme ma famille et non comme une organisation. Donc j’en fais partie oui, mais pas comme vous l’entendez. »

Je jetai un coup d’œil à l’homme derrière lui, toujours immobile. C’était terriblement stressant de sentir son regard encore et encore. Ça avait presque quelque chose de malsain. Et essayer de le soutenir c’était encore pire.

« Et lui c’est qui ? »

Tous les évènements liés au Shoraizen étaient loin de se terminer. Je croyais qu'après avoir aidé les civils et arrêter les véritables criminels, ceux ayant décidé de ne pas se rendre, tout serait terminé et l'on pourrait rayer cette organisation de nos esprits. Mais ça, c'était sans compter ce qui nous attendait aux portes de Konoha. J'avais été mis au courant sur le chemin du retour des interrogatoires qu'il faudra faire sur tous les membres du Shoraizen. J'avais été une des personnes sélectionnées pour mener à bien ces interventions, pour ma plus grande joie. Et voilà qu'à peine rentré au village, je fus expédie dans des tentes et bâtiments non-loin des remparts. Je n'étais pas le seul et on m'avait même assigné un coéquipier : Yamanaka Iroshi. Un allié de choix pour un interrogatoire si on pouvait en croire son nom de famille. Je pris rapidement connaissance de la personne qui allait entrer sous peu dans la pièce. Kaguya Milly, membre du Shoraizen. Peu d'informations sur elle, mais elle aurait participé aux négociations avec Miko alors que nous attendions à l'extérieur de la base. Elle devait donc savoir à quoi elle s'était engagée en se rendant et en venant à Konoha. Il ne restait plus qu'à déterminer si elle était une menace ou non.

Elle rejoint la salle peu de temps après s'installant comme je lui avais demandé, bien qu'elle marquât une certaine hésitation. Je ne pouvais pas lui en vouloir, à sa place j'aurais le même ressenti. Se faire amener dans un endroit inconnu, les yeux bandés. Pas très amical. Cela me rappelait l'interrogatoire que j'avais subi pour rentrer dans la Racine. Et encore, on en était bien loin : elle était libre de ses mouvements et la scène ne se passait pas dans le noir complet. Je commençais sans plus attendre en posant quelques questions basiques, histoire de se plonger dans le bain. Car il ne fallait pas oublier que c'était une première pour moi d'être de l'autre côté de la table. Elle répondit immédiatement, confirmant son identité et son appartenance au Shoraizen. Elle rajouta tout de même une nuance, appelant famille ce que j'avais nommé organisation. La Kaguya me fit remarquer un élément que j'avais oublié : mon collègue. En effet, je ne l'avais pas présenté et il n'avait pas donné son nom de lui-même.

« Effectivement, je m'excuse de ne pas l'avoir présenté en premier lieu : Yamanaka Iroshi, mon collègue qui va m'assister pour cet interrogatoire. Pas besoin de vous expliquer la raison de sa présence je suppose. Donc à présent je réfèrerais au Shôraizen comme votre famille et non comme une organisation si c'est ce que vous souhaitez. N'hésitez pas à demander si vous avez besoin de quelque chose durant cet interrogatoire, comme de l'eau. »

Je m'efforçais de la mettre à l'aise. On lui avait fait une offre qui consistait à rejoindre le village et je ne voulais pas la rebuter. Un interrogatoire à peine arrivé pouvait être dérangeant et pourrait changer son envie de se joindre à nous. Surtout que tout ceci ne se voulait pas punitif, il était juste question de vérifier sa fiabilité. Ce n'était pas un interrogatoire dans le sens que beaucoup l'entende, avec torture et ce qui s'en suit. Et puis de toute façon, peu importe la façon dont laquelle j'appelais le Shôraizen. Il en valait de même pour Konoha, elle le voyait comme un village mais pour moi c'est ma famille. Tant que cela la mettait dans de bonnes conditions.

« On m'a informé que vous étiez présente lors des négocations de Aburame Miko, vous avez donc pleines connaissances de la seconde chance que nous vous offrons. C'est aussi pour cela que Iroshi et moi sommes présents ici. De même que vous considérez le Shoraizen comme votre famille, Konoha représente la même chose pour moi. Je m'efforce donc de la protéger, comme aujourd'hui. Il pourrait y avoir des traitres parmi vos rangs. Pour que nous cohabitions il faudra de la confiance, mais aussi de la loyauté. Konoha pourrait devenir votre nouvelle famille si vous le souhaitez, vos amis du Shoraizen vous ont suivi jusqu'ici donc vous ne serez pas seule j'imagine ? »

Avant de se lancer dans les réelles questions, je préférais en apprendre plus sur elle. J'avais de même évoqué les négociations avec Miko, peut-être pourrais-je apprendre ce qu'elle en pensait. Il fallait garder à l'esprit que l'Aburame était membre du Shoraizen et en avait tué le Chef. Si Milly considérait l'organisation comme sa famille...Seito devait être une figure importante pour elle. Cela pourrait poser problème. Mais si elle était là, à Konoha, peut-être voulait-elle de ce nouveau départ.

- Effectivement, je m'excuse de ne pas l'avoir présenté en premier lieu : Yamanaka Iroshi, mon collègue qui va m'assister pour cet interrogatoire »

Yamanaka … D’accord il est aussi de ce clan-là. C’est le genre de type qui peut détecter les mensonges avec une facilité déconcertante. Il y avait une personne comme ça aussi au Shoraizen, et j’ai jamais pu comprendre comment ils faisaient. Les pouvoirs héréditaires, c’est toujours une plaie à déchiffrer. En tout cas c’est parfait pour ce genre d’évènement. Comme on dit, ils ont la gueule de l’emploi ! Ahah !
J’esquissai un sourire à son attention mais il resta impassible. Pas drôle ce mec … Son collègue ajouta que j’avais le droit de demander de l’eau si jamais l’envie m’en disait. Chose que j’approuvai d’un signe de tête afin de ne pas lui couper la parole.

« On m'a informé que vous étiez présente lors des négociations de Aburame Miko. » continua-t-il après une petite pause. « Vous avez donc pleinement connaissance de la seconde chance que nous vous offrons. C'est aussi pour cela que Iroshi et moi sommes présents ici. De même que vous considérez le Shoraizen comme votre famille, Konoha représente la même chose pour moi. Je m'efforce donc de la protéger, comme aujourd'hui. Il pourrait y avoir des traitres parmi vos rangs. Pour que nous cohabitions il faudra de la confiance, mais aussi de la loyauté. Konoha pourrait devenir votre nouvelle famille si vous le souhaitez, vos amis du Shoraizen vous ont suivi jusqu'ici donc vous ne serez pas seule j'imagine ? »

Je m’adossai à la chaise, fixai un moment chacun d’eux tout en me grattant le nez. Comment expliquer, voir simplement répondre, sans être agressive ? Il n’y avait rien de méchant dans son monologue, certes. Mais vous me connaissez, je m’emportes assez vite et bien souvent pour pas grand-chose. Hors là on ne rigole pas. C’est plus le Shoraizen, où je pouvais piquer ma crise et repartir en boudant juste parce que c’est marrant. Là c’est la prison en cas de bavure, ou la mort … naaaaaan … Ils iraient pas jusqu’à nous condamner à mort après tout ça !

« Mmmh, je vois que vous n’avez pas eu droit à tout le rapport. Comme c’est dommage, héhé. Mais je ne vous en veux pas, je vais plutôt simplement vous répéter ce que j’ai répondu à Miko quand elle posait la question. » Marquant une pause, je mis de l’ordre dans ma tête avant de continuer. « Sache je ne rejoindrais jamais Konoha. Purement et simplement. Vous dites considérer ce village comme votre famille, je ne déblatérais donc pas toutes les méchancetés possible dessus. Je tiens à ma peau quand même … Mais pour votre gouverne, oubliez de suite l’idée que je fasse partie un jour de cette famille. Le Shoraizen était la mienne, et ce serait une insulte envers chacun d’eux si je venais à rejoindre ceux qui nous ont exterminé. »

Mon regard était froid, fielleux alors qu’il était planté dans celui de Kakugyo. J’étais parfaitement sérieuse et je soutenais chacun des mots prononcés. Même l’accusation sous-entendue.
Un rapide coup d’œil sur le Yamaka toujours immobile.

« J’aimerai un verre d’eau maintenant, si possible sans drogue ou poison. Merci. »

Là aussi, sérieuse autant que possible. Les bras croisés à présent, hors de question de se laisser abattre ou dominer. Ça me rappelle ce que racontait ma mère à propos des Kaguya, qu’on était le genre de clan a ne jamais se laisser marcher sur les pieds, des guerriers arrogants au possible avec un talent certain pour faire enrager les autres. Même si bien souvent on n’en mesure pas les conséquences. C’est exactement ce qui se passait là, mais que voulez-vous, je suis comme ça ! Et c’est ainsi que Tsubaki m’aime ! Et toc !

« De plus, si j’ai acceptée de venir faire cet interrogatoire ; ce n’est en aucun cas par peur de mourir d’un affrontement avec les forces de ce village. Mais justement parce que je n’ai rien à me reprocher. Je n’ai rien fais de mal, pas de meurtre arbitraire, rien qui puisse faire du tord au moindre au village caché, et ça vaut même pour avant mon intégration au Shoraizen ! Demandez-lui, à votre détecteur de mensonge sur pattes, si je mens ou pas ! »

Sans m’en rendre compte, j’avais rapidement hausser le ton, jusqu’à pratiquement crier, pointant du doigt le dénommé Iroshi, debout alors que la chaise était à présent couchée au sol.
Instant de gène, avant que je ne me réinstalle :

« Pardon … »

Elle n'était peut-être pas de Konoha, mais cela ne signifiait pas qu'elle était ignorante. Elle réagit brièvement au fait qu'il était un Yamanaka, et tenta même de le détendre en lui souriant. Mais connaissant Iroshi, je savais qu'il ne bougerait pas d'un poil. Cet homme était d'un sérieux déconcertant, on pouvait jamais déconner avec lui. D'un autre côté, je pouvais être sûr que cet interrogatoire sera mené parfaitement avec lui à mes côtés. Et maintenant que l'ancien membre du Shôraizen avait pris connaissance de son identité, elle devait savoir que mentir était inutile à moins d'être un véritable expert en la matière. Cela me faisait moi-même peur, imaginez un peu la vie de couple des Yamanaka. Un membre du clan se mariant avec un autre - consanguinité bonjour -, les deux sont des machines à détecter les mensonges. Je n'avais jamais réellement comprit comment leur pouvoir marchait, fallait-il un contact physique ? Ou le simple fait d'être dans une même pièce pouvait permettre d'au moins savoir si ce qu'une personne dit est la vérité ? Je n'avais pas vraiment envie de le savoir, tant que cela marchait et l'on expédiait ce travail vite.
La jeune femme marqua une pause après mon discours, comme si elle cherchait ses mots. Son regard se balada entre Iroshi et moi. À mon avis, elle n'était pas du tout d'accord avec ce que j'avais dit, pas besoin d'être un Yamanaka pour le savoir. Elle marqua un point en disant que nous n'avions pas toutes les informations des négociations. Après tout, c'était un évènement relativement récent, et le temps que l'information arrive de Miko jusqu'à nous...Surtout qu'on ne savait toujours pas si elle était des nôtres ou non. Encore un mystère à éclaircir.

Le reste de son discours fut dit avec franchise et dureté. Jamais elle ne fera de Konoha sa famille, ni même rejoindre le village. Alors pourquoi était-elle ici, car cela signifiait qu'elle avait accepté l'offre. Mais ce qui me choqua surtout, ce fut la fin : « ceux qui nous ont exterminés ». Je m'efforçais de me retenir, mais un soupir s'échappa de ma bouche. Elle croyait vraiment que Konoha avait exterminé le Shoraizen ? Certes, nous étions de deux camps différents, donc nos avis pouvaient diverger. Mais de là à dire que nous avions anéanti son organisation. On était loin de la réalité. Elle demanda quelques secondes plus tard un verre d'eau, en ajoutant qu'elle le préférait sans drogue ou poison. Drôle d'humour. Je fis un signe à Iroshi qui ouvrit la porte pour demander à quelqu'un de répondre à la requête de la Kaguya. Bien évidemment le Yamanaka ne quitta pas son poste, cela aurait été trop facile. Comment aurais-je pu savoir si elle disait la vérité ou non dans ce laps de temps ?
J'attendis l'arrivée du verre d'eau pour répondre à la femme. Une bouteille arriva rapidement, celle-ci était encore fermée. De cette façon, aucun poison aurait pu y être administré. Les plus paranoïaques diront qu'avec une aiguille, on aurait pu y insérer quelques choses. Mais ce n'était pas le cas. La boisson fut donc posée juste devant elle, et je pus continuer.

« Voici votre eau, comme vous pouvez le voir une bouteille fermée. Donc pas de poisons ou autres. » puis, je posais les mains sur la table pour adopter une attitude plus sérieuse : « Pour en revenir à ce que vous avez dit tout à l'heure...Ce n'est que mon point de vue, divergeant du vôtre, mais voilà. Vous croyez vraiment que Konoha a exterminé le Shôraizen ? Je veux dire, cela aurait pu finir en bain de sang si on avait laissé Kumo trouver votre base. Or, on vous a laissé à tous une chance alors que vous aviez des criminels avec vous. On vous a aidé à évacuer les lieux, civils compris. On vous a même protégé. Je tiens juste à dire que tous les morts que j'ai vus durant cette "extermination", c'étaient des criminels du Shôraizen tuant des innocents du Shôraizen. Alors je ne crois pas avoir anéanti le Shoraizen, alors que je les ai protégés d'eux-mêmes. Et j'aurais très bien pu tuer ces criminels, mais je les ai capturés pour qu'ils soient jugés. Donc non, je ne crois pas que Konoha ait exterminé le Shôraizen. Je conçois que vous ne pourriez jamais reconnaître Konoha, mais ne mettez pas tout le blâme sur nous. »

Par la suite, elle éleva le ton se faisant emporter par ses propres mots. Peut-être qu'elle était effectivement innocente, mais ce n'était pas le cas de tous les siens. Comme je l'avais dit, certains avaient tué les leurs dans la base. D'autres étaient déjà recherché bien avant de rejoindre le Shôraizen. Bien que cette organisation pût être un havre de paix pour rayer son passé, vivre librement, c'était aussi un regroupement de personnes dangereuses. Konoha n'a fait sauver le tout en offrant une deuxième chance. Mais la Kaguya ne semblait pas voir ça du même œil. Le village de la Feuille était le méchant de l'histoire pour elle. Peut-être était-ce le point de vue de tous les membres du Shôraizen. Après tout les criminels que j'avais arrêtés avec Oka avaient tué des civils parce qu'ils avaient accepté l'offre de Konoha. Milly ne semblait pas être comme cela, du moins d'après ses dires et ce que Iroshi pouvait confirmer. Au fond, c'était une personne. Et gâcher sa chance de rejoindre le village alors qu'elle pourrait y avoir sa place...Peut-être pourrais-je la convaincre ?

« Vous semblez plus que décider à ne pas nous rejoindre. Vous êtes libre de toute façon, tant que vous ne faites rien qui puisse aller à l'encontre de Konoha. Mais pourquoi ne pas saisir votre chance ? Qui sait, vous allez peut-être vous plaire ici. Vous n'avez encore rien vu du village. Je ne peux pas vous obliger à rester, c'est votre choix. » je marquais un léger temps d'arrêt, pour lui laisser assimiler toutes les informations avant de reprendre : « Vous êtes une errante et innocente, donc vous pourrez partir après cela. Mais sachez que notre porte est ouverte. »

La bouteille d’eau arriva peu après, et à ce sujet le dirigeant de cet interrogatoire se sentit obligé de bien préciser qu’elle était fermée et pure de toute substance néfaste. Je ne relevai même pas le ton légèrement narquois, ça n’en valait pas le coup.
Il expliqua son point de vue sur l’extermination ou non, comme quoi ce n’était pas du tout eux les méchants, mais bien plus Kumo. Qu’ils ont offert une porte de sortie aux innocents, qu’ils nous ont escorté jusqu’ici et qu’ils nous auraient même protéger de nous-mêmes. Je laissai un petit rictus s’échapper :

« En attendant, Kumo on les a pas vu hein … Donc soit ils avaient rien dans le slip, soit c’est uniquement une énorme supercherie et franchement si c’est ça, c’est réellement bien jouer. »

Une petite gorgée d’eau fraiche pour faire passer le tout, pendant qu’il avançait les arguments pour un éventuel recrutement. Et il n’avait pas tord, un village c’est toujours plus sécurisant que n’importe quel autre système. Ça offre aussi un avenir relativement stable, la possibilité de se poser, de fonder une famille, d’arrêter de courir sans arrêt et de se demander ce qu’il va se passer le lendemain. C’est aussi ce que disait mes parents, avant que Kiri ne soit détruite. A partir de là, il n’y eu plus aucune discussion là-dessus. Déjà parce que ma mère est morte en même temps que la ville, et ensuite parce que mon lâche de père s’est barré dieu sait où. Pas simple pour un débat quand on est toute seule et à peine majeur, non ?

« Vous êtes une errante, et innocente, donc vous pourrez partir après cela. Mais sachez que notre porte est ouverte. » Termina-t-il.

« Non merci. Pour l’heure, je veux simplement partir d’ici, retrouver ma bien-aimée et qu’on disparaisse très loin de ce village qui m’a réellement déçue. Il y a une bonne décennie de ça, je venais par moment avec mes parents, en simple touriste, pour s’offrir un petit restaurant un soir, ou simplement se balader parce qu’ici ils n’étaient pas pourchassés comme à Mizu no Kuni. »

Je marquai une pause avant de me lever, il avait dit que je pouvais partir donc je m’approchai de la porte sans vraiment craindre quoi que ce soit. Le Yamanaka se mit en travers, un pied contre le métal de façon à la condamner momentanément, et un bras face à moi en cas de riposte. Mais rien, je m’immobilisai juste, pour après un échange de regard, me tourner de nouveau face à Kakugyo.

« Je peux sortir là, nan ? J’ai plus rien à dire et non je ne veux toujours pas intégrer Konoha … » J’en profitai pour récupérer la bouteille d’eau. « Ah si, un dernier détail. Méfiez-vous de Miko. Au Shoraizen, tout le monde lui faisait confiance, jusqu’à presque lui confier notre vie, pour qu’au final voilà. C’est dire son talent pour la manipulation. Il ne serait pas étonnant du tout que d’ici quelques mois, après que vous soyez tous tomber dans le panneau, qu’elle vous la fasse à l’envers. »

Une nouvelle pause silencieuse avant que je fasse quelques rapides mudras, tout en précisant à Iroshi de ne pas paniquer. De mes paumes sortirent des fils osseux plus ou moins fin en fonction du besoin, jusqu’à former après quelques manipulations, une chaine relativement longue et une plaque environ deux fois plus imposante que la première phalange de mes pouces. Un collier entièrement constitué d’os Kaguya, que je déposai sur la table d’interrogatoire.

« Cadeau. Je compte monter un petit commerce de babioles dans ce genre-là pour gagner un peu ma vie, du coup j’en offre quelqu’une à tout ceux que je croise, histoire de faire de la pub. Sur ce, bonne journée à vous deux. »

C’est fini ! On sort ! Oui ! Bon, il fallut bien sûr m’escorter à nouveau en me bandant les yeux jusqu’à l’extérieur. Mais une fois à l’air libre, la valise récupérée et Tsubaki retrouvée, nous n’avions plus qu’à partir loin, très loin d’ici.

Spoiler: